Chapitre 22:

Le matin s'annonçait sombre, comme si même le ciel partageait la tension qui pesait dans l'air. Brittany s'installait à la table du bureau de Dumbledore, un carnet ouvert devant elle, prête à prendre des notes. Rogue était debout à côté d'elle, le regard sombre et distant.

Bien, commençons, dit Dumbledore, d'un ton étonnamment léger compte tenu de la gravité de la situation. Brittany, prenez note.

Elle hocha la tête, ses doigts serrant nerveusement sa plume, alors que Dumbledore fit apparaître un plateau d'images flottantes au-dessus de son bureau. Chaque photo montrait un visage qui semblait sortir tout droit d'un cauchemar : des expressions sévères, des regards glacés, des sourires cruels.

Nous allons passer en revue les Mangemorts susceptibles d'être présents ce soir.

Rogue, dont l'impatience était palpable, entrouvrit la bouche pour prendre la parole, mais Dumbledore le coupa d'un geste de la main.

Severus, je préfère m'en charger. Vous complèterez si nécessaire.

Un éclair de contrariété traversa les yeux noirs de Rogue, mais il se contenta de serrer les lèvres, ses mains crispées derrière son dos.

Dumbledore pointa la première photo, celle d'un homme au visage pâle et aux cheveux blonds impeccablement coiffés.

Lucius Malefoy, annonça-t-il. Stratège, calculateur, mais… prévisible. Restez polie, distante. Il ne vous posera pas de problème si vous respectez les règles.

Narcissa sera également là, ajouta Rogue d'un ton sec. Elle observera tout avec attention, mais ne cherchera pas la confrontation. Ce sont les parents du fouineur qui nous a rendu visite l'autre soir, et nos hôtes pour cette soirée …

Brittany nota rapidement leurs remarques, essayant de masquer l'appréhension qui grandissait en elle.

Dumbledore passa à la photo suivante, celle d'un homme au visage émacié, ses traits marqués par des années de servitude et de cruauté.

Yaxley. Il pourrait tenter de vous tester, Brittany. Si cela arrive, restez impassible. C'est un homme fier, mais pas très imaginatif.

Il fit apparaître plusieurs autres photos, énumérant leurs noms et décrivant brièvement leurs personnalités : Dolohov, Macnair, les Carrow… Brittany prenait note frénétiquement, absorbant ces informations comme une éponge, bien qu'une partie d'elle tremblât à l'idée de se retrouver face à ces individus.

Puis vint une photo qui la fit relever la tête : une femme aux cheveux noirs en bataille, le sourire déformé par une folie évidente.

Bellatrix Lestrange, dit Dumbledore, son ton se faisant plus grave. Impitoyable, imprévisible, et très proche de Voldemort. Il faut l'éviter à tout prix, Brittany.

Un silence pesant s'installa. Brittany détourna les yeux, mais une pointe de jalousie lui serra la poitrine. Ce nom revenait trop souvent pour être anodin. Elle jeta un coup d'œil furtif à Rogue. Il avait les yeux fixés sur la table, sa mâchoire serrée. Ce silence de sa part en disait long. Trop long. Était-ce… une amie de son mari ? Non. Elle ne pouvait pas être simplement une amie. Elle baissa les yeux sur son carnet, mais ses pensées tourbillonnaient. Pourquoi cela l'affectait-il autant ? Ce mariage n'était qu'un arrangement. Et pourtant… Brittany serra les poings sur ses genoux, essayant de masquer son trouble.

Elle cherchera probablement à vous provoquer, ajouta Dumbledore, son regard se posant brièvement sur Rogue comme s'il cherchait à évaluer sa réaction. Ignorez-la. Cela ne vaut pas la peine d'entrer dans son jeu. Brittany? Vous avez noté? demanda Dumbledore, ramenant son attention à l'instant présent.

Oui, répondit-elle d'un ton neutre, bien qu'elle sentit ses joues chauffer légèrement. Alors si… elle m'adresse la parole? Je fais comme si je ne l'avais pas entendu, c'est ça ?

Elle sentit Rogue bouger légèrement à côté d'elle, mais ce fut la réponse de Dumbledore qu'elle attendit. Pourtant, avant que le directeur ne puisse ouvrir la bouche, Rogue intervint, son ton acéré tranchant l'air comme une lame.

C'est une excellente question, Madame Rogue. Alors, Albus, que doit faire Brittany si Bellatrix lui adresse la parole ?

Il avait machinalement posé ses mains sur les épaules de sa femme, et affichait maintenant un sourire carnassier. Brittany tourna la tête vers lui, surprise par la véhémence teintée de sarcasme dans sa voix. Dumbledore posa un regard calme, mais légèrement réprobateur, sur Rogue, avant de répondre avec douceur :

Si Bellatrix vous adresse la parole, Brittany, ne montrez ni peur, ni hésitation. Elle se nourrit de la faiblesse des autres. La meilleure stratégie avec elle est de faire ce que vous faites actuellement … Un sourire apparu sur ses lèvres tandis qu'il fixait les mains de Rogue sur les épaules de la jeune femme. Front commun.

Rogue ricana doucement, un son dépourvu de véritable amusement. Brittany fronça légèrement les sourcils, son regard oscillant entre les deux hommes. Il était évident que Bellatrix n'était pas simplement une Mangemort parmi d'autres. Elle représentait bien plus.

Bellatrix est une sorcière d'une grande puissance et d'une loyauté aveugle envers Vous-savez-qui. Cela la rend imprévisible et, potentiellement plus dangereuse. Mais si vous suivez mes conseils, vous n'aurez pas à vous inquiéter d'elle.

Rogue se détourna légèrement, fixant un point sur le mur avec une expression sombre.

C'est tout à fait rassurant, murmura-t-il, le ton lourd de sarcasme.

Dumbledore, sentant la tension croissante, passa rapidement à une autre image.

Fenrir Greyback, dit-il, rompant le silence. Un homme bestial, cruel, avec une certaine tendance à mépriser la gente féminine. Ne vous retrouvez pas seule avec lui.

Brittany nota distraitement, mais son esprit était ailleurs, hanté par la photo de Bellatrix et la tension qu'elle avait provoqué. Une fois la réunion terminée, Brittany quitta la pièce rapidement, prétextant avoir besoin d'un moment seule pour relire ses notes. Mais en vérité, elle cherchait à comprendre ce qui la troublait tant.

oOoOo

Plus tard, Rogue la retrouva dans leurs appartements. Elle était assise sur le canapé, son carnet posé à côté d'elle, mais ses pensées semblaient ailleurs.

Vous êtes prête pour ce soir? demanda-t-il sans préambule.

Elle leva les yeux vers lui, son visage trahissant une fatigue émotionnelle qu'elle ne parvenait plus à cacher.

Non, répondit-elle honnêtement.

Il haussa un sourcil, surpris par sa franchise.

Je ne vais pas y arriver, murmura-t-elle, sa voix brisée. Ils vont me regarder. Ils vont savoir que je ne suis pas comme eux. Je vais vous mettre en danger.

Rogue se dirigea vers une armoire.

Ils ne sauront rien si vous suivez mes conseils, dit-il d'un ton ferme. Tenez-vous droite, ne parlez pas, et observez. Vous êtes intelligente, Brittany. Vous n'avez aucune raison d'échouer. Et je serai là.

Elle se retourna vers lui, les larmes aux yeux.

Et si je fais une erreur? Si je fais quelque chose qui les met en colère? Si Vous-savez-qui décide que je suis inutile?

Il attrapa une fiole et referma le meuble. Il s'approcha d'elle, ses traits adoucis par une rare note de compassion.

Ce philtre vous aidera à garder votre calme, dit-il en lui tendant une petite fiole remplie d'un liquide d'un bleu pâle. Mais Brittany, vous devez garder la tête froide. Vous êtes plus forte que vous ne le pensez.

Elle prit la fiole, mais ses mains tremblaient toujours.

Qu'est-ce que je risque de devoir faire? demanda-t-elle, sa voix montant légèrement sous l'effet de la panique.

Rogue prit une inspiration, cherchant ses mots.

Vous serez probablement confrontée à des scènes désagréables. Peut-être des interrogations, des provocations… Comme vous êtes sensée être muette, cela simplifie les choses. Faites un sourire, ou détournez le regard, et cela devrait aller. Je me chargerai de répondre à votre place.

Des provocations? l'interrompit-elle, une lueur de colère dans le regard. Vous me jetez dans la gueule du loup, Severus, et vous attendez de moi que je reste impassible?

Il fronça les sourcils, agacé par son ton, mais ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de la fixer, jusqu'à ce que son souffle se calme légèrement.

Oui, Brittany, finit-il par dire d'une voix froide. C'est exactement ce que j'attends de vous. Parce que si vous échouez, ce n'est pas seulement votre vie qui est en jeu, mais la mienne aussi. Et peut-être bien plus que cela.

Elle détourna les yeux, incertaine de si elle ressentait de la peur, de la colère, de la tristesse, ou de la détermination.

Nous allons reprendre les entrainements d'occlumencie, et vous irez vous détendre ensuite. Je ne veux pas une boule de nerfs à mes côtés ce soir. Vous allez à une fête, vous allez retrouver des gens qui partagent vos idéaux, vous venez de vous marier et êtes folle amoureuse de votre mari Mangemort, mari qui sera à vos côtés et vous défendra s'il se passe quoi que ce soit, suis-je clair?

Quelques heures plus tard, Brittany était assise sur le canapé du salon, immobile. Le feu dans l'âtre projetait des ombres dansantes sur les murs sombres, illuminant son visage tendu.

Elle portait une robe d'un vert sombre, simple mais élégante, choisie plus par nécessité que par goût. Le tissu tombait droit sur sa silhouette trop maigre, ne faisant qu'accentuer la dureté de ses traits. Ses épaules étroites semblaient encore plus frêles sans la protection d'un châle ou d'un manteau, et ses clavicules saillantes ajoutaient une touche de fragilité à son allure.

Ses cheveux, qu'elle avait tenté de coiffer en un chignon, restaient ternes malgré ses efforts, quelques mèches rebelles s'échappant déjà. Elle avait renoncé à ses lunettes pour la soirée, et si cela aurait pu adoucir ses traits, cela ne faisait qu'exposer un regard où la peur l'emportait sur la beauté.

Elle avait appliqué un peu de maquillage, maladroitement, pour masquer les cernes sous ses yeux. Une teinte discrète sur ses lèvres et un soupçon de fard sur ses paupières lui donnaient l'air d'avoir voulu essayer, mais sans parvenir à véritablement se transformer. Tout dans son apparence révélait une tentative désespérée d'être à la hauteur des exigences de la soirée, sans grande conviction ni réel succès.

Elle serrait la fiole que son mari lui avait donné quelques heures plus tôt, ses doigts maigres crispés autour du verre froid. La potion calmante qu'elle contenait captait les reflets du feu, projetant de légers éclats scintillants sur ses mains tremblantes. Brittany la fixait comme si elle tenait un talisman, une bouée de sauvetage à laquelle elle s'agrippait désespérément pour ne pas sombrer dans l'anxiété qui l'assaillait.

La porte s'ouvrit, et Rogue entra dans la pièce, ses pas résonnant faiblement sur le parquet. Il était impeccablement vêtu d'une robe de sorcier noire, d'une coupe austère mais raffinée, qui lui conférait une allure à la fois intimidante et élégante. Son regard sombre balaya la pièce avant de s'arrêter sur elle.

Il s'immobilisa, ses yeux la scrutant avec une intensité qui fit monter une vague de chaleur dans le cou de Brittany. Pendant un instant, il sembla vouloir dire quelque chose, mais il se contenta de rester là, une expression indéchiffrable sur le visage.

Y allons-nous ? demanda-t-il.

Elle leva les yeux vers lui, et malgré sa colère et sa peur, elle hocha la tête.

Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas? murmura-t-elle.

Rogue ne répondit pas. Il tendit simplement une main pour l'aider à se lever.

Non, vous ne l'avez pas, dit-il finalement, sa voix adoucie par une nuance qu'il ne maîtrisait pas totalement.

Elle accepta sa main, et ils quittèrent la pièce ensemble, prêts à affronter la nuit qui les attendait.