Heya ! Navrée pour le léger retard, je voulais poster ce chapitre le 15 mais j'ai été occupée x)
Grand merci à uzzoikulamaday pour le follow et à Hikary279 pour le fav !
Sur ce, vu que je n'ai pas grand-chose à dire, je vous laisse !
Bonne lecture~~
Après quatre jours coincée à l'infirmerie, Emerald était plus que soulagée de pouvoir enfin sortir le mardi suivant. Quatre jours alitée, à prendre des potions pour aider son corps à rattraper les heures de sommeil dont elle avait cruellement besoin, à juste manger et dormir sans autorisation de travailler. Il était temps qu'elle puisse s'y remettre.
La plupart des élèves étaient en train de prendre leur petit déjeuner, lui laissant les couloirs presque vides pour rejoindre le dortoir et récupérer les affaires pour ses cours de la journée. Pourtant, elle ne put s'empêcher de noter que Potter était sur toutes les lèvres.
Qu'est-ce que ce garçon avait bien pu faire pour être de nouveau le centre de toutes les attentions ? Avait-on découvert qu'ils étaient entrés dans le couloir interdit ? Avait-il été assez idiot pour le crier sur les toits dans le but de faire parler de lui ? Si c'était le cas, elle allait avoir une discussion avec le Gryffondor…
À l'heure du déjeuner, à la plus grande surprise de ses camarades, Emerald repéra Potter et ses amis et vint s'installer à côté du jeune garçon, le saluant lui et Granger d'un bref hochement de tête. Le rouquin n'y eut pas le droit, comme il lui lança de nouveau un regard suspicieux. Le garçon aux cheveux noirs semblait perplexe alors que la fillette commençait à se servir dans un plat de brocoli vapeur sans s'en inquiéter.
- Navrée du dérangement, mais nous devons discuter vous et moi, lui dit-elle. Étant donné nos différences d'emploi du temps, c'était le moyen le plus rapide de pouvoir le faire.
- Euh, oui, d'accord, accorda-t-il, toujours étonné. Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai passé quatre jours à l'infirmerie, et quand j'en ressors, j'entends votre nom sur toutes les lèvres. Ma question est donc : "qu'est-ce que vous avez encore fait ?", déclara-t-elle, avant de baisser la voix. Est-ce que ça a un rapport avec notre petite infraction de l'autre soir ?
Potter cligna des yeux, un peu surpris.
- Euh, non, c'est par rapport à ce qu'il s'est passé à Halloween… répondit-il.
- Ce qui veut dire ?
- Harry et Ron m'ont sauvé la vie, répondit Granger à la place du garçon.
Emerald tourna son regard vers la brunette, lui intimant silencieusement de continuer.
- U-un troll des montagnes est entré dans le château, on ne sait pas comment… commença la demoiselle. Il est entré dans les toilettes des filles où je m'étais enfermée et il a commencé à tout détruire… Je serais morte si Harry et Ron n'étaient pas arrivés pour me sauver.
- Hm, je vois.
La Serpentard tendit la main vers un autre plat, pour manger quelque chose d'autre que ses légumes, et posa le regard sur un plat de viande. Elle reposa sa main et commença à manger ce qu'elle avait dans son assiette.
- Tu es végétarienne ? demanda timidement Granger.
Emerald préféra ne pas répondre. Elle avait dû se battre avec madame Pomfresh pour ne pas manger de viande lors de ses repas à l'infirmerie.
- Hermione t'a posé une question ! lança le jeune Weasley avec un air de reproche.
- Et cette question me concerne, ce qui veut dire que j'ai parfaitement le droit de ne pas y répondre, Weasley, répondit-elle calmement.
Le trio de Gryffondor garda le silence alors que du coin de l'œil, Emerald remarqua un garçon d'une ou deux années plus vieux qui afficha un sourire amusé en les regardant, avant de revenir à une conversation avec ses amis.
Le samedi suivant, alors que toute l'école ou presque se rendait au terrain de Quidditch pour voir le premier match de l'année, Emerald resta au château, peu intéressée par ce sport alors qu'elle avait encore un devoir à terminer. Une fois qu'elle en aurait fini avec ce travail, elle aurait le reste du week-end libre.
Autrement dit, elle allait le passer à la bibliothèque pour lire, n'ayant littéralement rien d'autre à faire lorsqu'elle n'avait pas de cours ou de devoirs. Penchée sur sa rédaction de Défense Contre les Forces du Mal, elle entendait les échos étouffés de la foule en provenance du terrain de Quidditch. La voix du commentateur, elle, était par contre parfaitement claire, si bien qu'elle était capable de suivre le match tout en prenant des notes dans son manuel.
Quand elle entendit des commentaires sur le balai de Harry Potter qui avait un comportement étrange, elle haussa un sourcil. Encore ce gamin ? Pourquoi avait-elle la forte impression que tout lui tombait dessus ? Était-il victime d'une malédiction ?
La prochaine fois qu'elle en aurait l'occasion, elle lui poserait la question. La demoiselle mit le point final à sa rédaction et secoua quelques instants son parchemin pour faire sécher l'encre, avant de l'enrouler et le ranger dans son sac, prêt à être rendu pour son prochain cours de Défense.
À l'approche des vacances de Noël, le château se transformait petit à petit. Des décorations apparurent dans la Grande Salle et dans les couloirs, la neige tombait de plus en plus fréquemment, épaisse et tenace, et la température tomba drastiquement. Les salles étaient chauffées à l'aide de cheminées, mais à chaque passage dans un couloir, les élèves remettaient leurs manteaux, frigorifiés.
Le professeur McGonagall était passée dans les classes pour faire la liste des élèves qui resteraient à Poudlard pendant les deux semaines de vide, et Emerald s'était inscrite sur la liste. Elle avait beau réalisé qu'elle s'ennuierait ferme pendant ces deux semaines à ne rien faire, elle savait que ce ne serait pas différent, voire pire, si elle rentrait à l'orphelinat. Comme cela revenait du pareil au même, mais qu'à Poudlard il restait la magie pour rendre les choses moins monotones, elle avait pris sa décision et avait envoyé une lettre à madame Duke pour l'informer qu'elle resterait au château. L'éducatrice avait demandé qu'elle lui envoie des nouvelles, alors chaque mois elle lui faisait un rapide compte-rendu de sa vie à l'internat, éludant bien sûr tout ce qui avait trait à la magie. En échange elle avait reçu des lettres disant que l'orphelinat était ravi de voir que tout semblait bien se passer pour elle et qu'ils avaient hâte qu'elle revienne. Des mensonges, bien évidemment, mais elle n'allait pas leur reprocher, ils ne faisaient que leur travail.
Le matin de Noël, lorsqu'elle ouvrit les yeux, Emerald eut droit à une surprise. Il y avait deux paquets emballés et déposés soigneusement sur sa table de chevet. La demoiselle s'attendait à tout sauf à cela. Elle se leva du lit et s'étira tranquillement, profitant avec délice du fait qu'elle était la seule Serpentard de première année à être restée pour les vacances et avait donc la grande pièce à elle toute seule. Si on lui demandait, elle dirait sans hésiter que le calme ambiant était le plus beau cadeau qu'elle puisse recevoir à cet instant.
La fillette passa par la salle de bain pour se préparer pour la journée, avant de revenir s'asseoir sur son lit. Elle saisit l'un des deux paquets pour l'ouvrir, curieuse, et haussa les sourcils en voyant la carte qui avait été laissée avec.
Madame Duke lui offrait un roman horrifique adapté aux enfants de son âge. C'était surprenant, et bien qu'elle aurait préféré un livre d'étude, le fait que ce soit une histoire d'horreur lui fit plaisir. Tellement éloigné des romans d'aventures simplettes ou de romance niaise qui étaient tout ce qu'on lui laissait lire à l'orphelinat. Avec le livre, elle trouva une boîte de bonbons à la menthe, ce qui n'allait pas pour lui déplaire. Elle reposa ses cadeaux tout en se faisant une note mentale d'envoyer un remerciement à madame Duke.
L'autre paquet qui attendait sur son lit avait une forme bombée. Elle défit l'emballage, se demandant de qui ce cadeau pouvait provenir, avant de se figer en voyant ce dont il s'agissait. Une peluche en forme de poussin. Il n'y avait aucune carte pour indiquer qui en était l'expéditeur, mais pour elle, il n'y avait aucun doute. Emerald resserra ses mains sur l'oiseau pelucheux et pinça les lèvres en voyant la couture grossière qui refermait le dos de l'animal. Il lui suffit de tirer sur l'extrémité du fil pour qu'il glisse et laisse entrevoir une petite boîte métallique.
Lorsqu'elle ouvrit la boîte, la demoiselle afficha un sourire nerveux. Il y avait un scalpel neuf et de bonne facture avec des lames de rechange. Voilà quelque chose qu'elle allait devoir cacher si elle ne voulait pas s'attirer d'ennuis… et pas seulement à elle, d'ailleurs.
Bien que pour les autres, Noël soit un jour de fête, pour Emerald, c'était un jour ordinaire. Essayant de garder loin de son esprit le cadeau reçu le matin même, elle se dirigea vers la bibliothèque, comme à son habitude, avant de constater qu'elle était fermée exceptionnellement. Poussant un soupir, la jeune demoiselle fit demi-tour, pensant se résigner à lire le roman de madame Duke pour occuper sa journée, tous ses devoirs de vacances terminés depuis bien longtemps.
Pourtant, alors qu'elle passait dans le hall du château, en direction des cachots, une voix l'arrêta.
- Miss Coldstone ?
La jeune fille se retourna pour faire face au directeur, toujours aussi excentrique dans sa robe de sorcier bleu aux motifs étoilés.
- Professeur Dumbledore ? demanda-t-elle poliment.
- Navré d'imposer ma présence de la sorte, mais les autres professeurs sont parti vaquer à leurs occupations et je me disais qu'une bonne promenade dans le parc serait appréciable en cette matinée. Accepteriez-vous d'accompagner un vieil homme solitaire au dehors ?
Son sourire était chaleureux comme celui d'un grand-père, ses yeux d'un bleu électrique pétillaient et étant donné la saison, sa longue barbe le faisant autant ressembler à Merlin l'Enchanteur qu'à un Père Noël à la retraite. Emerald s'interrogea fortement sur les raisons qui pouvaient pousser le directeur de l'école à vouloir sa compagnie, et se tendit lorsqu'elle eut la soudaine impression que ses yeux la passaient au rayon X.
- Je vais chercher mon manteau, professeur, finit-elle par accepter.
Même sans savoir ce que lui voulait le sorcier, ce serait sans doute mieux que de lire des romans pour enfants. Elle fit rapidement l'aller-retour dans le dortoir pour prendre de quoi se couvrir, et rejoignit le vieil homme dans le hall, où ils sortirent tous deux dans la cour.
Une couche épaisse de neige recouvrait l'ensemble du sol dallé, au loin ils pouvaient voir qu'il en était de même pour le sol herbeux. Les monolithes de pierre qui marquaient la sortie du pont qui reliait la colline au château semblaient avoir gagné des chapeaux blancs. La fillette et le vieux sorcier marchaient calmement, s'enfonçant de bien quelques centimètres à chaque pas qu'ils faisaient. Emerald se demanda un instant si le directeur allait savoir remonter la pente qui menait au lac noir, à son âge.
- Mes genoux fonctionnent encore très bien, c'est gentil de vous en inquiéter, sourit le vieil homme.
Bien qu'elle garda le silence, intérieurement, la demoiselle se sentit extrêmement confuse. Comment pouvait-il savoir que-... La magie. Ce devait être une forme de magie, quelque chose qui permettait de savoir ce que pense son interlocuteur…
Elle retint une grimace. Elle n'aimait pas cette idée du tout.
- Dites-moi, miss Coldstone, est-ce que vous vous plaisez à Poudlard ? demanda-t-il comme si de rien n'était.
- Oui, la magie est intéressante à étudier, répondit-elle.
- Puis-je en conclure que vos cours vous plaisent ?
La fillette prit le temps d'y réfléchir. Pouvait-elle se montrer sincère avec le directeur ? Étant donné qu'il pouvait apparemment lire en elle, sans doute que oui.
- La plupart sont fascinants, les sorts sont parfois difficiles à maîtriser, mais ça permet d'avoir du challenge.
- Et pour le reste ? interrogea le vieil homme avec une curiosité toute innocente. Pour la partie qui n'est pas "fascinante" ?
- Eh bien… Je m'attendais à ce qu'on étudie les différents ingrédients d'une potion avant de la brasser, et en voyant qu'on ne faisait que suivre des instructions au tableau, j'ai été très déçue. Bien sûr on peut en étudier un ou deux pour les rédactions que nous demande le professeur Rogue, mais ce n'est pas suffisant, à mon avis.
- Vraiment ?
- Connaître un ou deux ingrédients de chaque potion ne permet pas de savoir comment elle a tel ou tel effet, ce sont les combinaisons de quantité et d'effets des différents éléments qui permettent d'avoir un résultat. J'aurais voulu que l'on étudie réellement les potions plutôt que de suivre une recette et de se concentrer sur un unique ingrédient une fois la potion terminée.
- Hm… C'est un point de vue fort intéressant, accorda le vieil homme. Néanmoins je peux vous dire qu'il y a une raison pour laquelle on ne vous fait pas étudier les potions de manière plus poussée.
La demoiselle regarda le vieil homme alors qu'ils approchaient du lac gelé.
- Les potions lorsqu'elles sont entre des mains inexpérimentées peuvent se révéler extrêmement dangereuses, autant pour celui qui la brasse que pour celui qui l'utilisera. Si vous vous contentez de suivre les instructions du professeur Rogue et n'étudiez qu'un ingrédient de temps en temps, c'est pour éviter que nous nous retrouvions avec de jeunes enfants cherchant à créer des potions par eux-même. En limitant vos apprentissages à cette salle de classe, vous brassez vos potions dans un environnement contrôlé, sous la surveillance d'un maître en la matière.
Emerald baissa la tête avec un soupir. Le professeur Rogue avait donné une explication moins détaillée, disant juste qu'à leur âge ils n'étaient pas capables de suivre des études plus poussées. Elle commençait à en avoir assez qu'on lui dise sans arrêt ce qu'elle savait ou ne savait pas faire. C'était sans doute ce qu'il y avait de plus frustrant depuis son arrivée à l'orphelinat.
- Vous ennuyez-vous, miss Coldstone ?
La demoiselle ne répondit pas à cette question. Bien sûr qu'elle s'ennuyait, tout ce qu'il y avait d'intéressant dans ce château étaient les cours. Oh il y avait bien la bibliothèque, mais les ouvrages les plus attirants avaient été déclarés trop avancés pour elle, ou avaient déjà été empruntés par d'autres élèves. Les elfes de maison s'occupant du ménage dès que plus personne ne regardait, elle n'avait littéralement rien à faire en dehors de ça.
- Avez-vous des passions, peut-être ?
- Quelques-unes, mais rien de vraiment faisable ici.
Elle ne chercha pas le moins du monde à développer sa réponse. Quelle serait sa réaction si elle lui disait "j'adore étudier l'anatomie des humanoïdes et embaumer des cadavres" ?
- Dommage, fit le vieil homme. Et avez-vous déjà pensé à ce que vous voudriez faire, une fois diplômée de Poudlard ?
- Je n'y ai pas vraiment réfléchi…
Et cette fois, il ne s'agissait pas d'une demi-vérité. La perspective de la magie lui donnait tout un tas de nouvelles pistes, quand bien même elle avait sa vocation. L'idée de pouvoir trouver un moyen d'y mêler la magie l'intéressait, mais elle n'avait pas encore eu l'occasion de faire des recherches dans le domaine.
- Vous avez encore le temps, la troisième année est encore loin, sourit Dumbledore.
- Oui professeur.
Cette nuit-là, alors qu'elle était en proie à un rêve désagréable, Emerald ouvrit les yeux dans un sursaut. Elle regarda autour d'elle avec confusion. Faisait-elle un rêve lucide ou était-elle réveillée ? Pourquoi se trouvait-elle dans un des couloirs du château, pieds nus sur le sol de pierre, au lieu d'être dans son lit ?
Il faisait très sombre, désorientée, elle n'avait pas la moindre idée de l'heure, et ne pouvait pas dire avec certitude où elle se trouvait. La demoiselle sursauta en entendant les échos d'un cri suraigu, quelque part dans l'une des pièces non loin. Elle se mit à avancer à tâtons, cherchant à trouver la salle dans laquelle quelqu'un s'était peut-être blessé.
Emerald sentit son cœur bondir dans sa poitrine quand elle entendit les pas précipités et le sifflement caractéristique de Rusard derrière elle. Elle posa la main sur une poignée de porte et se glissa rapidement de l'autre côté. En voyant une lueur dans la pièce où elle se trouvait désormais, elle reconnut l'arche avec le cordon qui marquait l'entrée de la Réserve, et sut qu'elle se trouvait dans la bibliothèque. Le fameux cri toujours audible provenait de là.
La demoiselle entendit un bris de verre, puis juste avant que Rusard n'arrive devant l'entrée de la bibliothèque, elle sentit quelque chose lui saisir la main, avant qu'elle ne se retrouve face à face avec nul autre que Harry Potter. Ce qu'il faisait là, ou la raison pour laquelle il les avait couverts d'une cape, elle n'en avait aucune idée, mais elle était à peu près certaine que se déguiser en fantôme n'allait pas leur éviter de se faire attraper.
Pourtant, quand Rusard passa la porte pour s'enfoncer dans les rayonnages, il les ignora totalement, comme s'il ne les voyait pas. Le Gryffondor n'attendit pas plus longtemps, se mettant à courir dans le couloir, entraînant Emerald avec lui. Elle n'avait aucune idée d'où ils allaient, mais c'était sans doute mieux que de se faire surprendre hors des dortoirs au beau milieu de la nuit.
Ils ne coururent pas très longtemps, Potter s'arrêtant devant l'une des armures du château. La demoiselle aurait volontiers choisi ce moment pour demander des explications, mais le retour des pas rapides et de la respiration sifflante du concierge se fit de nouveau entendre. La discrétion était de mise, elle réfléchirait plus tard à la façon dont Rusard aurait pu arriver là si vite après eux.
- Vous m'avez demandé de vous avertir directement si quelqu'un venait rôder la nuit dans la bibliothèque, professeur. Et je suis sûr qu'il y avait quelqu'un dans la bibliothèque, dans la Réserve, très précisément.
- La Réserve ? demanda la voix du professeur Rogue. Ils n'ont pas dû aller bien loin, nous allons les rattraper.
Emerald pencha la tête pour voir de derrière Potter que les deux adultes allaient dans leur direction. S'ils n'avaient pas déjà été vus, ils allaient devoir bouger rapidement ou l'un d'eux allait forcément leur rentrer dedans, le couloir était trop étroit pour les esquiver. Alors que le professeur Rogue ne se trouvait plus qu'à cinq mètres et qu'elle se préparait à l'impact et aux conséquences qui suivraient, elle sentit le Gryffondor la tirer de nouveau par le bras alors qu'il se glissait dans l'entrebâillement d'une porte qu'elle n'avait pas remarqué.
Pendant quelques secondes, alors que les deux adultes passaient devant la porte sans s'arrêter, les deux jeunes restèrent parfaitement immobile, retenant leur souffle. Ils ne se permirent de respirer qu'une fois que les bruits de pas se furent évanouis. Emerald se dégagea de sous la cape de Potter et ferma la porte avec précaution, avant de se tourner vers le garçon.
- Je peux savoir ce que vous faisiez ? demanda-t-elle sur un ton sec.
- Je… J'étais… Je faisais des recherches, balbutia le Gryffondor.
- En pleine nuit ? On m'aurait caché que vous êtes fou ? C'est un miracle si vous n'avez pas été attrapé.
Le garçon eut la décence d'avoir l'air embarrassé.
- Je voulais tester ma cape…
- Votre cape ? répéta Emerald, haussant un sourcil.
- Oui, je l'ai eue ce matin… Apparemment elle était à mon père, et elle rend invisible tout ce qu'elle recouvre…
La jeune Serpentard cligna des yeux. C'était pour cela qu'ils n'avaient pas été vus ? Donc si Potter ne l'avait pas entraînée avec lui, elle aurait été cuite… Quoique c'était de sa faute si le cri avait retentit et attiré le concierge, en premier lieu.
- Et toi, qu'est-ce que tu faisais dans la bibliothèque ? demanda-t-il ensuite.
- J'ai entendu le cri, répondit-elle simplement.
Elle n'allait tout de même pas lui dire qu'elle avait vraisemblablement fait une crise de somnambulisme, cela ne le concernait pas. Elle observa la pièce pour savoir où ils se trouvaient. Une classe désaffectée, avec bureaux et chaises et pupitres entassés contre les murs, prenant joyeusement la poussière. Une chose insolite attira son regard, cependant. Et Potter aussi semblait l'avoir remarqué.
C'était un énorme miroir dont la hauteur atteignait presque le plafond. Son cadre avait l'air d'être en or, et était magnifiquement sculpté. Une inscription était gravée au-dessus du miroir.
Potter s'avança vers le miroir avec curiosité avant d'avoir l'air de paniquer quand il vit son reflet, faisant volte-face.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Emerald, intriguée par son comportement.
- I-Il y avait des gens derrière moi… répondit le Gryffondor.
Il se tourna à nouveau vers le miroir, puis regarda par-dessus son épaule, vérifiant qu'il n'y avait bien personne autour de lui. Après quelques secondes, il s'approcha du miroir, comme fasciné par ce qu'il voyait, et alors qu'Emerald s'approchait pour l'empêcher d'aller plus loin, elle l'entendit murmurer.
- Maman ? Papa ?
La demoiselle s'arrêta net. Que venait-il de dire ?
- Potter ? Est-ce que ça va ? lui demanda-t-elle.
- C'est… C'est ma famille. Ils sont tous là… répondit-il, des larmes de joie brillant dans ses yeux alors qu'il lui faisait signe d'approcher. Viens voir.
Il était de notoriété publique que Harry Potter était un orphelin. C'était même la raison de sa célébrité, aussi tordu que cela puisse être. Comment pouvait-il voir sa famille dans ce miroir ? Est-ce qu'il était victime d'un enchantement ?
Après quelques secondes d'hésitation, elle finit par s'approcher, mais lorsqu'elle leva les yeux vers le miroir, elle eut un sursaut et un mouvement de recul. Elle ne voyait pas le reflet du Gryffondor. Elle voyait un homme caucasien dans la quarantaine, aux cheveux auburn parsemés de mèches grises, avec une barbe soigneusement taillée et au regard brun et perçant.
- … père ? ne put-elle s'empêcher de murmurer, profondément choquée de le voir dans ce miroir alors qu'il était…
L'homme lui sourit, une lueur de tendresse dans le regard, posant une main sur l'épaule du reflet d'Emerald. Il semblait rayonner de fierté et la jeune demoiselle crut un instant qu'elle allait tomber à genoux. C'était tout ce qu'elle voulait, l'approbation de son père.
- Alors, tu les vois ? demanda Potter avec un énorme sourire.
- Je… Je vois mon père, nia la Serpentard.
Elle leva les yeux en sentant les larmes monter. Il ne fallait pas qu'elle laisse ses émotions prendre le dessus. Il fallait qu'elle réfléchisse. Son regard se posa sur l'inscription qui se trouvait au-dessus du miroir. « riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej. »
- Je ne montre pas ton visage, mais de ton cœur le désir… déchiffra-t-elle.
L'espoir qu'elle combattait jusque-là s'évanouit instantanément. Ce qu'elle voyait dans le reflet n'était en aucun cas réel, juste le fruit de ses fantasmes. Son père ne l'avait pas regardée avec fierté et approbation. Et il n'était pas ici avec elle pour le lui accorder.
La famille de Harry Potter n'était pas dans cette pièce non plus.
- Potter, il faut qu'on s'en aille, déclara-t-elle.
- Mais…
- Rusard et le professeur Rogue pourraient revenir à n'importe quel moment. Il faut qu'on retourne aux dortoirs.
Elle se montra peut-être plus sèche qu'elle ne l'aurait voulu, mais au moins le Gryffondor finit par hocher la tête, même s'il n'avait pas l'air d'avoir très envie de partir.
- Je reviendrai… murmura-t-il à l'intention du miroir.
Il ramassa sa cape et la passa autour de ses épaules, donnant une belle démonstration à Emerald des capacités étonnantes du vêtement. Une fois qu'elle se fut mise dessous à son tour, il cheminèrent jusqu'aux escaliers, avant de se séparer. La demoiselle descendit rapidement vers les dortoirs des Serpentard et se glissa avec soulagement dans son lit, les pieds douloureux et engourdis d'avoir été en contact aussi longtemps avec le sol de pierre gelé.
Elle mit très longtemps à retrouver le sommeil.
