Chapitre 62 : Le Père Alexander Anderson

Le soleil se couchait doucement sur l'horizon, baignant le paysage pittoresque de la villa dans une lueur dorée. Après une journée paisible passée en compagnie de Circé et Carrie, Gabriel Belmont, connu sous le nom redouté de Dracula, s'accordait enfin un moment de sérénité. Depuis des siècles, il n'avait que rarement ressenti cette paix. Pourtant, cette paix fut rapidement troublée par une présence qu'il ne pouvait ignorer. Une force, presque palpable, s'approchait. Une menace qu'il connaissait bien, mais qu'il espérait éviter.

Le silence de la soirée fut rompu par un léger bourdonnement, une communication privée. Le Vatican avait envoyé un avertissement urgent. Le Père Alexander Anderson, prêtre suédois installé en Italie et en charge d'un orphelinat pour enfants, venait d'ignorer les ordres du Saint-Siège. Il s'était lancé dans une traque pour tuer Dracula, une décision prise en totale opposition aux directives officielles. Le Vatican insistait sur un point : Alexander Anderson n'était pas un homme mauvais. Il gérait un orphelinat avec amour et bienveillance, recueillant des enfants dont les parents avaient été massacrés par des créatures des ténèbres. Mais malgré ces nobles qualités, Anderson était un fanatique religieux, obsédé par l'idée d'éradiquer tout ce qui, selon lui, représentait une abomination contre la volonté de Dieu.

Le message du Vatican était clair : Anderson refusait d'accepter l'idée qu'une créature des ténèbres comme Dracula puisse encore fouler la terre, même après que Gabriel ait abandonné son rôle de prédateur. Sa foi inébranlable lui avait fait rompre les ponts avec l'Église, convaincu qu'elle avait trahi sa mission sacrée en tolérant l'existence de Dracula.

Gabriel ferma un instant les yeux, laissant les informations se décanter dans son esprit. Il connaissait ce type d'homme. Alexander Anderson n'était pas un simple adversaire : il était un homme animé par une foi absolue, une certitude qui le rendait aussi dangereux qu'imprévisible. La dernière chose que Gabriel souhaitait était de croiser la route de cet homme, non pas par crainte, mais par lassitude. La chasse était sans fin. Toujours, des hommes viendraient pour lui, animés par des croyances, des missions sacrées, des ordres de vengeance. Pourtant, il avait juré de ne plus tuer des innocents. Anderson, aussi aveuglé soit-il par sa haine, restait un homme.

"Un bon homme," murmura Gabriel pour lui-même, pensant à l'orphelinat qu'Anderson dirigeait. Un homme qui, malgré sa guerre personnelle, s'occupait d'enfants traumatisés, des enfants qui avaient vu leurs familles anéanties par le mal. Un homme qui, dans d'autres circonstances, aurait pu être un allié dans la lutte contre les ténèbres.

Circé, qui avait perçu les pensées troublées de Gabriel, s'approcha doucement. "Tu ne comptes pas nous quitter sans explication, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle, ses yeux brillants d'une légère inquiétude.

Gabriel se tourna vers elle, une ombre de détermination traversant son visage. "Je ne veux pas vous mettre en danger, toi et Carrie. Anderson est un prêtre, mais il est également un combattant redoutable. Il me traque avec une détermination que je n'ai vue que chez les hommes profondément fanatiques. S'il découvre où je suis, vous serez en danger."

Circé fronça légèrement les sourcils, ses lèvres se crispant en un sourire empreint de tristesse. "Tu sais que nous pouvons nous défendre. Mais je comprends. Tu fais cela non pour nous protéger, mais pour ne pas être contraint de le tuer, n'est-ce pas ?"

Gabriel hocha la tête. "Je ne peux pas. Il reste humain, malgré sa haine. Tuer un homme aussi dévoué serait briser le code que je me suis imposé."

Avec un dernier regard à sa femme et sa fille, Gabriel quitta la villa dans un silence absolu. Il savait que le face-à-face avec Anderson était inévitable.

La brume s'épaississait autour des ruines du vieux monastère de Saint Marin. L'air était lourd, presque chargé d'une tension palpable, et chaque souffle de vent semblait porter avec lui des murmures de prières en latin. Gabriel Belmont, connu sous le nom de Dracula, avançait calmement au milieu des pierres éparpillées, ressentant la présence d'un adversaire redoutable. Et soudain, il apparut.

Le Père Alexander Anderson, enveloppé dans un long manteau noir, émergea des ombres avec une posture imposante. Ses yeux, illuminés d'une ferveur fanatique, brûlaient d'un éclat féroce. Dans chacune de ses mains, il tenait une baïonnette bénite, luisante d'une lumière divine. Derrière lui, des pages de la Bible flottaient dans l'air, se dispersant autour de lui comme une barrière spirituelle. La scène entière semblait tirée d'un récit apocalyptique, un tableau vivant de la foi absolue contre les ténèbres incarnées.

Dès qu'il posa son regard sur Dracula, Anderson commença à murmurer des prières en latin, les paroles roulant de sa langue avec une force qui fit vibrer l'air. Ces prières, bien que solennelles, n'étaient pas destinées à implorer la clémence de Dieu. Elles étaient des incantations de guerre.

"Pater noster qui es in caelis, sanctificetur nomen tuum..."

Les pages de la Bible scintillèrent brièvement avant de voler avec violence autour de Dracula, annulant instantanément les sorts de protection que Circé avait placés sur lui. Il sentit la magie se dissiper, les barrières de protection s'évaporant comme de la fumée sous la lumière divine. Anderson, son visage tordu par une expression de détermination fanatique, avança lentement, ses baïonnettes prêtes à frapper.

Père Alexander Anderson : "Tu es un démon qui marche parmi les hommes, Dracula ! Un fléau que je vais éradiquer. Peu importe que d'autres ferment les yeux sur ta présence. Moi, je suis le bras de Dieu, et je t'exterminerai en Son nom. Amen."

Gabriel resta calme. Face à l'ardeur du prêtre, il ne pouvait qu'admirer sa foi, bien qu'il la trouve dangereusement aveugle. Anderson n'était pas un homme banal ; il était un véritable croisé moderne, convaincu que toute ombre devait être éradiquée pour le bien de l'humanité.

Dracula : "Anderson, tu es un homme de bien, je ne le conteste pas. Mais je ne suis plus celui que tu crois. Je ne suis plus une menace pour les humains. Je ne tue plus les mortels. Pourquoi insister à vouloir me détruire, alors que d'autres maux bien plus terribles parcourent cette terre ?"

Les yeux du prêtre s'enflammèrent davantage, comme si les paroles de Dracula ne faisaient qu'attiser son zèle religieux.

Père Anderson : "Tu ne feras pas taire mes prières avec tes mensonges démoniaques ! Peu importe ce que tu prétends être devenu, tu restes un enfant du diable, une abomination que je dois détruire pour la gloire de Dieu. Amen !"

Anderson brandit une de ses baïonnettes et la lança avec une précision fulgurante. Dracula esquiva sans effort, mais il sentit la lumière divine qui émanait de l'arme bénite brûler l'air autour de lui. Le fanatisme d'Anderson n'était pas qu'une façade ; sa foi renforçait véritablement ses pouvoirs, lui donnant une force et une vitesse dépassant de loin celles d'un simple humain.

Gabriel savait qu'aucune discussion ne changerait la conviction d'Anderson. Il était impossible de le convaincre, impossible de détourner son esprit. Chaque mot prononcé par le prêtre était conclu par un fervent Amen, un serment à Dieu qu'il poursuivrait sa mission jusqu'au bout, même au prix de sa propre vie.

Dracula : "Je ne veux pas te tuer, Anderson. Ce que tu fais pour les enfants dont tu t'occupes est noble, et je ne souhaite pas priver ces orphelins d'un protecteur. Mais si tu continues sur ce chemin, je n'aurai pas d'autre choix que de te désarmer."

Père Anderson : "Ne prends pas mon dévouement pour une faiblesse ! Les enfants sont les créatures de Dieu, et je les protégerai en purifiant ce monde de tes semblables ! Je suis le bras de la justice divine. Amen !"

Le ton de sa voix s'éleva avec une conviction inébranlable, et en un éclair, Anderson invoqua des centaines de pages saintes, les lançant dans toutes les directions. Chaque page brûlait d'une lumière divine, bloquant toute tentative de Dracula de faire appel à la magie pour se défendre. Les sortilèges de Circé s'étaient déjà évaporés, et maintenant, même les capacités mystiques de Gabriel étaient annulées par cette barrière de prières et de textes sacrés.

Gabriel leva doucement les mains, essayant de désamorcer la situation, mais Anderson n'était pas du genre à s'arrêter. Le prêtre chargea avec une rapidité surprenante, ses baïonnettes tranchant l'air comme des éclairs de lumière bénie. Dracula, bien qu'ayant la force de riposter, se contenta de parer les coups, évitant de blesser gravement Anderson.

Dracula : "Tu es aveuglé par ta foi, Anderson. Rien de ce que je dirai ne te convaincra, je le vois. Alors que faire ? Dois-je te combattre jusqu'à ce que l'un de nous tombe, ou y a-t-il une fin à cette folie ?"

Père Anderson : "Il n'y a qu'une fin à cette bataille, Dracula : ta destruction. Amen."

Gabriel, toujours stoïque, savait maintenant que le combat était inévitable. Malgré son code moral, il se préparait mentalement à la lutte à venir. Ce ne serait pas un combat ordinaire, car face à lui se tenait un homme, non pas corrompu par les ténèbres, mais alimenté par une foi dévorante, capable de détruire les monstres... et, ironiquement, lui aussi.

Le vieux monastère en ruines résonnait des échos métalliques des lames qui s'entrechoquaient dans l'obscurité. Le Père Alexander Anderson, baïonnettes bénites à la main, se déplaçait avec une grâce effrayante, presque surnaturelle. Il fondait sur Dracula avec une vitesse que peu d'humains pourraient égaler. Chaque coup porté était précis, méthodique, et dévastateur, ses armes sanctifiées brûlant l'air autour de Gabriel à chaque attaque. Leurs lames se croisaient, créant des étincelles, illuminant brièvement le visage inébranlable du prêtre.

Père Anderson : "Tu ne pourras pas m'échapper, démon ! Par la grâce de Dieu, je te purgerai de ce monde ! Amen."

Dracula, stoïque malgré l'intensité du combat, observait chaque mouvement de son adversaire. Anderson ne se battait pas comme un homme ordinaire. Sa foi aveugle en Dieu semblait le rendre invincible, chaque coup plus féroce que le précédent, chaque mouvement renforcé par une puissance divine qui surpassait les limites humaines. Gabriel parait les coups avec sa Void Sword, une arme née des ténèbres, capable d'absorber l'énergie vitale de ses ennemis. Mais face à Anderson, elle n'avait pas le même impact. L'arme mordait la chair du prêtre, mais à peine les blessures étaient-elles infligées qu'elles se refermaient aussitôt, comme si les prières constantes d'Anderson appelaient la régénération divine.

Dracula : "Ta foi est admirable, Anderson, mais tu ne réalises pas que ton obsession te consume."

Père Anderson : "Je suis le serviteur de Dieu, et c'est par Sa volonté que je me relève encore et encore ! Tes paroles ne sont que des mensonges venimeux, créature des ténèbres. Amen."

Anderson brandit ses baïonnettes bénites, les lames scintillant d'une lumière sacrée, avant de lancer une série de frappes d'une précision chirurgicale. Dracula, malgré sa vitesse vampirique, était obligé de déployer ses Demonic Wings pour esquiver les coups. Ses ailes déployées, noires comme la nuit, l'élevèrent au-dessus du sol, lui offrant un angle d'attaque différent. Mais même dans les airs, Anderson ne ralentissait pas. Le prêtre, dans un saut miraculeux, bondit avec une agilité impossible, ses armes prêtes à trancher Dracula dans son envol.

Gabriel esquiva de justesse, balançant la Void Sword pour bloquer l'assaut aérien. L'impact entre les deux fut assourdissant, les baïonnettes bénies déversant une lumière incandescente sur la lame de Dracula. Il sentait cette lumière brûler à travers la noirceur de son épée, comme si la pureté divine de l'arme d'Anderson cherchait à dissoudre les ténèbres mêmes qui constituaient la Void Sword.

Dracula : "Tu ne peux pas gagner ce combat, Anderson. Ce n'est pas parce que je n'ai pas la force de te tuer, mais parce que je choisis de ne pas le faire."

Père Anderson : "Si Dieu est avec moi, qui peut être contre moi ? Je suis Son bras vengeur ! Amen !"

Le prêtre, propulsé par une détermination inébranlable, enchaîna une nouvelle série d'attaques. Ses lames coupèrent l'air, chaque coup destiné à purifier ce qu'il considérait comme une abomination. Dracula esquiva avec une fluidité surnaturelle, utilisant ses Demonic Wings pour se déplacer rapidement hors de portée. Il atterrit souplement sur un vieux pilier, observant Anderson depuis les hauteurs, cherchant une issue à ce combat sans fin.

Soudain, Dracula décida de changer de stratégie. S'il ne pouvait pas vaincre Anderson physiquement sans briser son propre code moral, peut-être pourrait-il désamorcer la situation autrement. Il plongea dans ses pouvoirs mentaux, cherchant à influencer l'esprit du prêtre, à instiller ne serait-ce qu'un moment de doute dans sa foi fanatique. Mais lorsqu'il tenta d'entrer dans l'esprit d'Anderson, il se heurta à un mur de fer forgé par la foi.

La foi d'Anderson était si absolue, si inébranlable, que toute tentative d'entrer dans son esprit était repoussée par une force invisible. Les prières que le prêtre murmurait sans cesse semblaient former une barrière impénétrable autour de son esprit, un sanctuaire inviolable où les ténèbres de Dracula ne pouvaient pénétrer.

Père Anderson : "Je ne suis pas un simple homme que tu peux manipuler, démon ! Dieu m'a accordé Sa protection, et je ne faiblirai jamais. Amen !"

Dracula recula légèrement, comprenant que cette approche était inutile. Ce combat ne se terminerait pas par une victoire mentale ou un compromis. Anderson ne pouvait être arrêté que par la force, une force que Gabriel refusait d'utiliser pleinement contre un humain.

Le prêtre bondit de nouveau, ses baïonnettes en avant. Dracula bloqua l'attaque avec sa Void Sword, mais à chaque échange, il sentait le poids de la foi d'Anderson peser sur lui. Les lames bénies ne cessaient de le blesser, brûlant sa chair immortelle. Chaque coup l'affaiblissait légèrement, mais Dracula se régénérait tout aussi vite.

Ce qui était frustrant, cependant, c'était de voir Anderson guérir tout aussi rapidement. À chaque coup porté par Dracula, les plaies d'Anderson se refermaient aussitôt, comme si la volonté divine rétablissait instantanément son corps. C'était comme se battre contre un ennemi immortel, mais sans la satisfaction d'une victoire.

Les deux adversaires étaient dans une impasse. Dracula savait qu'il ne pouvait tuer Anderson sans sacrifier ses principes, mais Anderson, quant à lui, ne s'arrêterait pas tant que Dracula ne serait pas détruit.

Le combat continua, une danse mortelle entre la foi et les ténèbres. Anderson, motivé par sa foi aveugle, était infatigable. Ses attaques étaient implacables, et bien que Dracula puisse parer et esquiver, il savait que ce duel pouvait durer éternellement si aucun des deux ne cédait.

Mais Dracula, malgré sa nature vampirique, ressentait une certaine fatigue. Pas physique, mais morale. Il se retrouvait face à un homme qu'il ne pouvait tuer sans trahir son propre code, mais qui, paradoxalement, ne cessait de lui porter des coups mortels.

Dracula : "Tu es aveuglé par ton obsession, Anderson. Ce combat est futile."

Père Anderson : "Futile ? Non, c'est une mission sacrée, un devoir envers Dieu ! Je ne faiblirai pas, et je te poursuivrai jusqu'à ta destruction finale. Amen !"

Dracula se prépara pour la suite de ce duel interminable, tout en cherchant une manière d'en finir sans franchir la ligne qu'il s'était imposée.

Dracula se laissa retomber souplement au sol, ses ailes sombres repliant lentement alors qu'il prenait une distance prudente avec Anderson. Le prêtre était à genoux, son manteau de foi absolue presque palpable autour de lui. Des pages de la Bible flottaient encore dans l'air, entourant son corps avec une lueur sacrée, comme une barrière invisible. Dracula, bien que stoïque, était frappé par la résilience de cet homme.

Dracula : "Il est infatigable... Comme si chaque coup que je lui porte le rendait plus déterminé."

Il observait Anderson, ce prêtre qui, malgré son fanatisme, dégageait une aura de bienveillance troublante. Anderson était un homme bon, un homme de charité, qui s'occupait d'enfants traumatisés par les horreurs des ténèbres. Comment pouvait-il concilier cette bonté avec la violence aveugle de son fanatisme religieux ? Le paradoxe frappait Dracula avec une force inattendue.

À quelques mètres de là, les ruines du monastère semblaient absorber le silence. Les symboles religieux sur les murs n'avaient aucun effet sur Dracula. Depuis longtemps, il avait appris que ces artefacts ne pouvaient l'atteindre. Mais les prières et la foi d'Anderson, elles, étaient d'un tout autre ordre. Il n'avait jamais croisé un tel fanatisme, une foi si absolue que même ses pouvoirs vampiriques semblaient réduits en présence du prêtre.

Dracula leva les yeux vers les ruines, une immense croix en pierre brisée dominant la scène, symbole d'une autre époque. Il se surprit à réfléchir à sa propre existence. Lui, autrefois élu de Dieu pour affronter les ténèbres, avait lui-même été plongé dans ces ombres. Anderson, par son acharnement, incarnait cette lutte éternelle entre la lumière et les ténèbres. Mais dans cet affrontement, les frontières semblaient floues.

Dracula : "Quelle ironie. Cet homme, si rigide dans sa foi, ne voit pas les nuances. Tout est noir ou blanc à ses yeux."

Dracula savait que le monde n'était pas aussi simple. Il avait vu trop de mal, trop de souffrance, pour croire que l'éradication d'une seule entité comme lui pourrait changer quoi que ce soit. Et pourtant, Anderson était prêt à sacrifier tout, même sa propre humanité, pour accomplir ce qu'il voyait comme son devoir divin.

Il y avait une certaine tristesse dans cette pensée. Dracula, bien qu'immensément puissant, n'avait plus d'illusions sur la rédemption ou la damnation. Il savait qu'il existait dans une zone grise, ni totalement bon, ni totalement maléfique. Mais Anderson ne pouvait pas, ou ne voulait pas, comprendre cela.

Dracula : "Je pourrais le tuer. Il me pousserait à bout, et il suffirait d'un coup pour mettre fin à cette poursuite. Mais ce serait une trahison de mes propres principes. Anderson est humain, et cela seul mérite que je l'épargne."

Il se demanda combien de temps il pourrait continuer ainsi. Anderson ne lâcherait jamais prise. Et un jour, peut-être, Dracula n'aurait plus d'autre choix que de tuer cet homme pour protéger Circé, Carrie, et tous ceux qu'il aimait. Cette pensée lui fit froncer les sourcils. Il ne voulait pas franchir cette ligne. Pas contre un homme comme Anderson, quelqu'un qui, malgré son fanatisme, était fondamentalement bon.

Père Anderson (se relevant) : "Qu'attends-tu, démon ? Viens te battre ! Ou est-ce que la crainte de la lumière divine t'a enfin atteint ?"

Dracula soupira doucement, levant les yeux vers les cieux nuageux. Il savait qu'aucun dialogue ne pouvait détourner Anderson de sa mission. Mais l'idée de devoir tuer cet homme le pesait de plus en plus. En même temps, il commençait à comprendre que tant qu'Anderson respirait, cette traque ne cesserait jamais.

Les ruines du monastère, avec leurs statues effritées et leurs symboles religieux, étaient un rappel silencieux de la lutte éternelle entre la foi et les ténèbres. Dracula ne craignait pas ces symboles, pas plus qu'il ne craignait Anderson. Mais voir ces lieux imprégnés de la croyance, tout comme le prêtre devant lui, le plongeait dans une réflexion amère sur ce qu'il était devenu et sur ce que cet affrontement représentait.

Dracula : "Tu ne pourras jamais voir au-delà de tes propres convictions, n'est-ce pas ?"

Père Anderson : "Il n'y a rien à voir, démon. Il n'y a que Dieu et toi, une abomination qui marche sur cette Terre par Sa miséricorde. Mais cette miséricorde a des limites. Je suis le bras de Sa justice. Amen."

Les mots du prêtre résonnèrent dans l'air comme une condamnation divine. Pour Anderson, il n'y avait pas de place pour la réflexion ou le doute. Tout ce qu'il voyait était un monstre à abattre.

Dracula sentit une pointe de frustration monter en lui. Non pas à cause des attaques incessantes d'Anderson, mais à cause de l'inflexibilité du prêtre. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi convaincu de sa propre justesse. Dracula lui-même avait été guidé par une mission divine autrefois, mais il avait appris que la lumière et les ténèbres n'étaient pas toujours aussi distinctes que le croyait Anderson.

Dracula : "Tu es un homme bon, Anderson. Mais ton fanatisme te détruit. Et je crains que, le jour où tu comprendras cela, il sera trop tard."

Anderson, indifférent à ces paroles, se prépara pour une nouvelle offensive, levant ses baïonnettes bénites vers Dracula. Le prêtre ne connaissait qu'une seule voie : la destruction de tout ce qui, à ses yeux, incarnait le mal.

Dracula soupira intérieurement. Il n'y avait pas d'échappatoire à cette confrontation, seulement le poids de décisions morales qui s'accumulaient lentement, une sur chaque coup porté.

Le ciel s'assombrissait, des nuages lourds couvraient désormais les ruines du monastère, créant une atmosphère pesante qui reflétait parfaitement la tension croissante entre Dracula et le Père Anderson. Le prêtre suédois ne montrait aucun signe de fatigue. Ses prières en latin résonnaient avec une intensité presque surnaturelle, et les pages de la Bible qu'il invoquait tournoyaient autour de lui comme des protecteurs invisibles.

Père Anderson : "Les forces des ténèbres se sont trop longtemps enracinées dans ce monde, Dracula. Je suis le bras de Dieu, et je mettrai fin à ta misérable existence, peu importe combien de fois tu me repousses ! Amen."

Chaque syllabe était prononcée avec une conviction absolue, un fanatisme brûlant qui enveloppait le prêtre d'une aura presque divine. Dracula esquiva habilement une nouvelle rafale de baïonnettes bénites, chacune visant des points vitaux avec une précision inhumaine. Anderson marchait sur l'eau des flaques éparpillées par la pluie, ses pas légers comme une plume, tandis que ses attaques se faisaient de plus en plus intenses.

Dracula : "Il est infatigable... Je pourrais facilement le briser, mais cela ne ferait que renforcer sa foi dans son combat."

Dracula bondit, ses Demonic Wings se déployant dans un rugissement d'air. Il s'éleva au-dessus des ruines, hors de portée immédiate des baïonnettes du prêtre. D'en haut, il observa Anderson, cherchant une faille dans son approche. Mais rien ne semblait pouvoir ébranler l'homme de foi. Chaque coup porté par Dracula était effacé en un instant par la régénération surnaturelle d'Anderson.

Père Anderson (levant les bras vers le ciel) : "Seigneur, guide ma main dans cet acte de purification ! Que ton jugement descende sur cette créature immonde ! Amen."

Des éclairs de lumière sacrée jaillirent du sol, entourant Dracula. Il esquiva de justesse, chaque explosion de lumière crépitant dans l'air avec une puissance divine. Mais Anderson n'en avait pas fini. Ses baïonnettes volèrent à nouveau vers Dracula, cette fois enveloppées d'une aura de lumière dorée. Dracula utilisa sa Void Sword pour dévier les coups, mais la vitesse des assauts et la force surnaturelle de la foi du prêtre le forçaient à constamment reculer.

Dracula se laissa glisser vers le sol avec grâce, ses ailes battant doucement l'air avant de disparaître dans un nuage de brume. Il se déplaça rapidement derrière Anderson, essayant de le prendre par surprise, mais le prêtre réagit avec une vitesse inhumaine, le frappant d'une baïonnette bénite. La lame s'enfonça dans l'épaule de Dracula, brûlant sa chair avec une douleur cuisante.

Père Anderson (souriant férocement) : "Le pouvoir de Dieu est plus grand que toi, démon ! Tu ne pourras jamais échapper à Sa justice !"

Dracula grogna de douleur mais resta stoïque. Il arracha la baïonnette de son épaule, la régénération de son corps déjà en action. Pourtant, il savait que cette situation ne pouvait pas continuer indéfiniment. Anderson, malgré ses paroles, était toujours un homme, un homme bon, perdu dans son fanatisme. Le tuer ne ferait que rompre le propre code moral de Dracula, et il refusait de franchir cette ligne.

Il avait déjà désarmé Anderson plusieurs fois, mais la régénération surnaturelle du prêtre, combinée à sa foi absolue, rendait toute tentative de le neutraliser temporaire. C'était une bataille contre le temps et la foi, et Dracula savait qu'il devait trouver une solution avant que la situation n'échappe totalement à son contrôle.

Dracula (à lui-même) : "Il ne me laissera jamais en paix. Il n'a pas de limite, pas de raison. Seulement la foi."

D'un mouvement fluide, Dracula déploya à nouveau ses Demonic Wings et s'éleva dans les airs, observant les alentours pour une opportunité. Il voyait bien que chaque coup qu'il portait à Anderson était rapidement guéri, rendant le combat plus long et frustrant. Mais une idée germa dans son esprit. Il ne pouvait pas tuer Anderson, mais il pouvait l'immobiliser.

Dracula fondit alors sur Anderson avec une vitesse fulgurante, utilisant la brume environnante pour masquer sa manœuvre. Le prêtre, surpris par ce changement d'approche, tenta de lever ses baïonnettes, mais il fut trop lent. Dracula l'attrapa avec une force surnaturelle, immobilisant ses bras avant qu'il ne puisse invoquer un nouveau miracle.

Dracula (calme) : "Je t'ai eu à ma merci, Anderson. Je pourrais t'achever, ici et maintenant. Mais je refuse de devenir celui que tu espères voir. Je ne tuerai pas un homme qui, malgré sa folie, est fondamentalement bon. Ce serait trahir tout ce que je suis devenu."

Anderson leva les yeux vers Dracula, sa respiration haletante, mais sa détermination restait intacte. Pour lui, cette compassion n'était rien d'autre que de la faiblesse, une autre preuve de la corruption de l'âme de Dracula.

Père Anderson (froidement) : "Tu n'es pas plus miséricordieux qu'un démon qui s'amuse à prolonger la souffrance de ses victimes. C'est ce que tu es, Dracula : un démon qui refuse de disparaître, un fléau sur cette Terre. Ta pitié n'a aucune valeur devant la justice divine."

Dracula ne répondit pas immédiatement, observant cet homme qui refusait de reconnaître sa propre défaite. Anderson représentait tout ce qu'il y avait de plus pur dans la foi aveugle : une certitude inébranlable que tout ce qui ne s'alignait pas avec ses croyances devait être détruit. Il avait combattu Anderson avec tout ce qu'il avait, et pourtant, la haine et la dévotion du prêtre étaient toujours intactes, plus puissantes que jamais.

Dracula : "Ce n'est pas de la pitié, Anderson. C'est de la sagesse. Tu es aveuglé par ta foi, incapable de voir que ton combat contre moi est une bataille contre des ombres. Je ne suis plus ce que tu penses que je suis. Mais tu refuses de l'accepter, tout comme tu refuses d'accepter que ta croisade est futile."

Père Anderson (enragé) : "Futile ?! La justice de Dieu n'est jamais futile ! Je suis Son instrument, et tant que je vivrai, je poursuivrai cette mission. Jusqu'à ce que ta vile existence soit effacée de ce monde, je ne cesserai jamais !"

Les yeux d'Anderson brillaient d'une fureur froide. Dracula voyait en lui non seulement un homme de foi, mais aussi une victime. Une victime de son propre fanatisme, de son propre besoin de trouver un ennemi à abattre, de remplir cette quête divine qu'il s'était lui-même imposée.

Dracula : "Tu reviendras, je le sais. Encore et encore. Mais je ne te tuerai pas, Anderson. Pas aujourd'hui. Peut-être jamais."

Dracula recula d'un pas, relâchant enfin la tension de son corps. Il n'avait plus besoin de se battre. Anderson n'avait pas la force de le tuer ce jour-là, mais l'immortalité n'était pas une garantie de paix pour Dracula. Il savait qu'Anderson le traquerait sans relâche, un spectre de la foi qui ne cesserait jamais de le hanter.

Père Anderson (avec une ferveur brûlante) : "Peu importe combien de fois tu m'épargneras, Dracula. Chaque fois, je reviendrai plus fort, plus déterminé. Tu ne pourras jamais m'arrêter. Je reviendrai, et cette fois, je ne faillirai pas. Amen."

Le mot résonna comme un glas, marquant la fin de cette bataille mais aussi l'annonce d'un conflit éternel. Anderson, malgré ses blessures, se tourna vers les ruines du monastère et s'éloigna, ses pas lourds mais résolus. Dracula le regarda disparaître dans la brume qui entourait les lieux, sentant la tristesse le traverser, une émotion rare pour lui.

Dracula (à lui-même) : "Il reviendra. Il ne s'arrêtera jamais. Mais je ne franchirai pas la ligne que j'ai moi-même tracée."

Le Seigneur des Ténèbres resta immobile quelques instants, son esprit embrouillé par des pensées contradictoires. Le respect qu'il éprouvait pour Anderson était indéniable, même si cela ne suffisait pas à effacer l'ombre que cet homme projetait sur sa vie. Dracula se rendit compte que, dans un sens, il admirait le prêtre pour sa détermination. Mais il savait aussi que cette détermination le condamnerait, un jour.

Dracula : "Je crains qu'il soit perdu à jamais..."

La pluie commença à tomber doucement sur les pierres anciennes du monastère, et Dracula leva les yeux vers le ciel. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait face à un adversaire implacable, mais Anderson était différent. Il n'était pas animé par la soif de pouvoir ou la vengeance. C'était la foi, pure et simple, qui guidait chacun de ses mouvements.

Alors que Dracula commençait à s'éloigner des ruines, une pensée sombre envahit son esprit. Anderson reviendrait, cela ne faisait aucun doute. Et un jour, Dracula devrait peut-être se demander jusqu'où il était prêt à aller pour protéger ceux qu'il aimait. Serait-il capable de rester fidèle à son propre code moral si Anderson mettait en danger Circé et Carrie ? Cette question, il préférait ne pas y répondre pour le moment.

L'avenir promettait d'être compliqué. Mais pour l'instant, il restait fidèle à lui-même.

Dracula (calme) : "Reviens quand tu le voudras, Anderson. Mais je ne te tuerai jamais. Pas tant que tu seras toujours humain."

Et sur ces paroles, il disparut dans la brume, laissant derrière lui le silence des ruines et l'ombre persistante du prêtre qui reviendrait, encore et encore, pour accomplir ce qu'il croyait être la volonté de Dieu.

Lorsque Gabriel rejoignit Circé et Carrie, qui l'attendaient à Ponza leurs visages étaient marqués d'inquiétude. Circé posa immédiatement une main rassurante sur son bras, cherchant des réponses dans son regard.

Circé (doucement) : "Est-ce fini ?"

Dracula hocha la tête, mais son visage restait impassible. Il savait que ce n'était pas vraiment fini. Pas tant qu'Anderson serait en vie.

Dracula : "Pour l'instant. Il reviendra. Cet homme est persuadé de sa justice, et rien ne peut le détourner de sa quête."

Carrie, qui observait en silence, prit la parole d'une voix pleine de curiosité et d'inquiétude.

Carrie : "Papa... Tu aurais pu le tuer, non ? Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?"

Dracula la regarda un instant, cherchant les mots justes. Il savait que Carrie, malgré ses pouvoirs, avait encore beaucoup à apprendre sur les subtilités morales du combat.

Dracula (calmement) : "Parce qu'il reste un homme, Carrie. Un homme aveuglé par sa foi, oui, mais un homme qui croit agir pour le bien. Je ne peux pas tuer quelqu'un simplement parce qu'il est trompé par ses convictions, même si cela le rend dangereux."

Carrie sembla réfléchir à ces mots, un léger froncement de sourcils trahissant son incompréhension face à cette complexité morale.

Carrie : "Mais s'il te tue un jour ?"

Dracula esquissa un léger sourire, un sourire teinté de tristesse.

Dracula : "Alors ce sera son fardeau à porter. Pas le mien."

Le silence tomba entre eux, uniquement troublé par le bruit de la pluie qui s'écrasait sur le sol. Circé, d'un regard compatissant, comprenait le poids de cette décision, un poids que Dracula portait depuis bien longtemps. Elle savait qu'il continuerait à se battre, non seulement pour protéger ceux qu'il aimait, mais aussi pour préserver son humanité, si fragile soit-elle.

Circé (doucement) : "Tu es fort, Gabriel, mais tu n'as pas à porter cela seul. Nous sommes là, quoi qu'il arrive."

Dracula hocha la tête, reconnaissant pour leur présence à ses côtés. Pourtant, une partie de lui restait hantée par la menace constante qu'Anderson représentait. Cet homme n'abandonnerait jamais, et chaque nouvelle rencontre serait plus périlleuse que la précédente.

La question n'était pas de savoir si Anderson reviendrait, mais quand.

Dracula (pensif) : "Je suis prêt, Anderson. Peu importe combien de fois tu reviendras, je ne faillirai pas."