Hello ! :)

Bonne lecture :D


CHAPITRE 22 – Lumos

They say I'm caught up in a dream
Well life will pass me by if I don't open up my eyes
Well that's fine by me

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older

All this time I was finding myself, and I
Didn't know I was lost

Avicii – Wake me up

Cinq jours plus tard

Après le cognard qui l'avait assommée quatre ans plus tôt, Violet avait pensé qu'elle avait le score maximum sur l'échelle de la douleur. Le rideau noir, les migraines abattantes, la fatigue dévorante, Violet pouvait encore sentir chaque tiraillement.

Aucune douleur n'aurait pu la battre. Enfin… C'était ce qu'elle pensait.

Avant.

Aujourd'hui, ses tremblements qui remuaient son corps n'étaient rien face à ceux intérieurs. Une sensation étrange, bien ancrée, la rongeait jusqu'à la dévorer dans son entièreté. Tous ses organes s'agitaient pour la fuir et dérangeaient Violet – sauf un.

Le professeur Khopsu lui répétait que ce n'était pas le cas. Pourtant, Violet en était certaine. Elle avait perdu son cœur. Elle percevait ses secousses de frayeur, mais aucun battement. Le professeur Khopsu lui avait fait écouter son cœur pour lui prouver que tout allait bien. Ce n'était pas suffisant, la magie pouvait nous faire croire n'importe quoi.

Quand bien même… La perte de son cœur n'était que néant face au tumulte présent dans sa tête, ses vibrations qui se propageaient dans tout son corps.

Tout n'était que souffrance.

Avaient-ils réellement vécu ça? Comment cela pouvait-il être réel? À chaque fois que son cerveau s'en imprégnait, la douleur la caressait avant de la détruire. C'était plus simple d'ignorer ses pensées que d'affronter la réalité, mais le professeur Khopsy lui expliquait que c'était inévitable.

Ses larmes ne la quittaient jamais – sa seule compagnie, peut-être était-ce la raison pour laquelle le professeur Khopsu insistait pour qu'elle s'hydrate régulièrement. Ses joues la brûlaient par l'irritation. Un Guérisseur lui avait préparé une épaisse potion à appliquer sur la peau, Violet n'avait pas la force de l'utiliser. Elle n'avait plus aucune force. Plus jamais elle ne pourrait jouer au Quidditch.

Le Quidditch… Le professeur Khopsu lui avait proposé de prendre l'air et d'effectuer un vol sur un balai, elle avait refusé. Elle préférait rester là. Elle n'avait que très peu d'énergie pour prendre sa douche, alors tenir sur un balai? Impossible.

Et le Quidditch lui rappelait Olivier. Comment se portait-il? Était-il seul? Avait-il repris les entraînements? Lui en voulait-il? L'avait-il oubliée? Le professeur Khopsu lui certifiait que non, elle préférait le croire parce qu'elle ne pouvait pas avoir perdu Olivier aussi.

Le professeur Khopsu n'avait cessé de lui rappeler les progrès qu'elle avait fait depuis son arrivée. Bien que son cerveau lui criait qu'elle ne s'en sortirait jamais, elle ne pouvait admettre que le professeur avait raison. Elle le savait car elle avait retrouvé sa magie, elle s'était sentie plus elle. Elle n'aurait jamais pu vivre sans sa magie.

Violet s'allongea sur le côté. Elle fatiguait très vite ces derniers temps et les potions l'aidaient à dormir. Contrairement à toute sa vie, ses boucles blondes ne l'embêtèrent pas. C'était bizarre. Elle attrapa sa baguette magique et murmura:

Lumos.

Une lumière scintilla, Violet esquissa un léger sourire. Elle aperçut la liste qu'elle avait écrite avec le professeur Khopsu et ferma les yeux.


Lorsqu'Olivier arriva à Sainte-Mangouste, Violet était encore endormie. Il l'observa longuement, surpris de ce changement soudain chez Violet. Elle avait ses cheveux coupés en carré, il aurait aimé la voir de face pour la détailler. Mais Merlin, qu'avait-elle fait à ses boucles blondes?

Sans la perdre du regard, il attendit le professeur Khopsu. Il lui avait programmé un rendez-vous pour le tenir au courant de l'avancée des séances. Olivier ne pouvait qu'espérer qu'il pourrait enfin la prendre dans ses bras. Le temps était long et son anniversaire approchait, il voulait l'avoir auprès de lui ce jour. Violet avait toujours été son plus beau cadeau. Aujourd'hui plus que jamais.

Au bout du couloir, Olivier aperçut le professeur Khopsu. Ses cheveux blonds étaient détachés et il adoptait ce sourire rassurant. Il lui serra la main et jeta un coup d'œil à Violet.

— Elle a souhaité les couper hier, expliqua le professeur Khopsu. C'est courant dans ce type de thérapie, cela marque un renouveau.

S'il le disait…

Dans le bureau du psychomage – Holly utilisait toujours cette appellation, Olivier regretta son absence et celle de George. Il s'était senti assez fort, il s'était surestimé.

— Nous avons passé une nouvelle étape, annonça avec joie le professeur et une boule de chaleur envahit le corps d'Olivier. Nous allons pouvoir envisager les visites.

Le dossier du siège rattrapa Olivier, un long soupir de soulagement l'accompagna. Au fil des jours, il avait constaté la différence. Entendre ces mots de la bouche du psychomage avait un réel effet positif.

Violet allait sortir.

— Nous allons y aller progressivement, poursuivit le professeur. Une seule et même personne pourra lui rendre visite. Nous en ajouterons au fur et à mesure.

— Je peux? demanda-t-il, les mains sur les accoudoirs prêt à prendre appui pour sauter au ciel.

— Non.

Le professeur Khopsu n'avait pas été sec. Au contraire, il avait usé de son «non» le plus empathique. Olivier le ressentit comme un cognard en pleine figure. Qu'avait-il fait de mal pour que revoir sa Violet lui soit refusé?

— Miss Lupin culpabilisetoujours pour ce qu'elle vous a fait «subir» cette nuit-là. Il est donc préférable de ne pas commencer par vous. Trop d'émotions seraient remuées, miss Lupin n'est pas encore prête pour cela. Sachez toutefois qu'elle vous a demandé et qu'elle ne vous en veut pas.

— Qui alors? demanda-t-il.

— Nous avons rédigé une liste des personnes qu'elle apprécierait voir. En bref, toutes les personnes qu'elle considère comme son entourage.

Il lui tendit un morceau de parchemin et Olivier tenta de traduire ce qui ressemblait plus aux vagues de Dauphy's Sea qu'à des lettres. Il était certain que Violet n'avait pas écrit car même tremblante, son écriture restait fluide et gracieuse.

Olivier

George

Ruth et Sebastian

Holly

Harry

Bill

Roger

Lee

Molly et Arthur

Andromeda et Ted

Anna

Connor

Professeur Flitwick

— Durant toute la dernière séance, nous avons discuté de ce qui serait le plus bénéfique pour elle. Je lui ai alors expliqué que nous éviterions votre visite, celle de la famille Weasley, de monsieur Potter ainsi que celle de miss Green. Nous avons travaillé sur les personnes les plus adaptées, dont aucune projection de la bataille serait possible.

— Mes parents, conclut Olivier.

— Exactement. Malgré ce qu'on pourrait imaginer, miss Lupin sait ce qui est le mieux pour elle. Nous devons lui faire confiance pour, qu'à son tour, elle se fasse confiance. D'après ce dont nous avons discuté, votre père sera la personne la plus capable de supporter son état. Surtout… Elle lui fait pleinement confiance.

Olivier ne pouvait être que d'accord. Sa mère pouvait être très étouffante, elle aurait dramatisé la situation – bien que personne ne pouvait lui en vouloir. Violet n'avait pas besoin de ça. Son père, lui, serait capable de cerner Violet et de réagir en conséquence.

— Je le comprends. Ils accepteront. Mon père acceptera.

— Parfait, dit le professeur Khopsu en souriant. Puis-je vous laisser le prévenir? Pourrait-il passer demain?

— Il fera tout ce qu'il faut elle.

Olivier parcourut de nouveau la liste de noms, sans même en lire le contenu. Une question lui brûlait les lèvres, il ne pourrait quitter les lieux sans une réponse.

— Avez-vous bon espoir que je puisse la voir bientôt?

— Je ne vous cache pas que cela dépendra de sa réaction avec votre père et la manière dont son Inconscient traitera les informations. Mais… Nous pourrons envisager que vous soyez le prochain car votre présence pourrait l'apaiser… Je dois y réfléchir car je crains que ce ne soit trop rapide.

— Choisissez ce qu'il y a de mieux pour Violet. C'est tout ce qui compte.


— Agissez comme habituellement, donna pour consigne le professeur Khopsu. Ne parlez pas des événements traumatiques sauf si elle les engage. Parlez d'endroits ou de choses qu'elle apprécie. Si elle se sent fatiguée, revenez. Je préfère qu'elle se repose.

Sebastian Dubois hocha la tête sans poser de questions et le professeur Khopsu lui ouvrit la porte. Derrière la fenêtre, Olivier ne quitta pas la scène des yeux. Pour la première fois, Violet voyait une personne de l'extérieur, le ventre d'Olivier se tordait. Au grincement de la porte, Violet se tourna et Olivier eut accès à son visage. Elle était si blanche, si cernée. Elle lui rappelait la Violet de troisième année – en pire. Olivier la détailla, elle avait perdu du poids sans aucun doute. Les cheveux de Violet lui tombaient en bas du menton, Olivier réalisa que cette coupe lui allait à merveille. Les boucles de Violet lui manqueraient, il ne pourrait plus s'y nicher, mais elles reviendraient, n'est-ce pas?

Son père s'assit sur le matelas et tendit la main à Violet. D'où il était, Olivier constata qu'elle hésitait, comme sur la plage. Le cœur d'Olivier se serra. Cependant, il soupira de soulagement quand Violet se saisit de la main de son père.

Soit Violet se portait mieux, soit elle n'était pas dérangée si le père d'Olivier mourait.

À côté de lui, le professeur Khopsu esquissa un sourire. Violet allait donc mieux.

Les lèvres de Sebastian se mouvèrent, malheureusement Olivier n'en perçut aucun son. Violet tremblota et se cacha le visage. Violet pleurait. Olivier aurait souhaité intervenir, mais son père eut la bonne réaction. Il s'avança et la blottit contre lui, Violet accepta.

— Elle pleure, remarqua Olivier quant au manque de réaction du psychomage. Ne devriez-vous pas agir?

— Elle ne crie pas, elle ne s'agite pas, elle ne refuse pas le contact, elle garde le contrôle de sa magie. Ce ne sont que ses émotions et elle les extériorise. Au contraire, je dois la laisser. C'est ce dont elle a besoin. Vous ne retrouverez pas votre fiancée telle que vous l'avez connue tout de suite, il va lui falloir du temps. Mais ses émotions font ce qu'elle est, plus jamais elle ne doit les refouler.

Sans un mot, Olivier reporta son attention sur Violet. Et si elle ne cessait jamais de pleurer? Violet répondit à sa question. Elle se redressa et essuya ses larmes avec ses poignets. Elle hocha la tête et il se douta que son père lui avait posé une question.

— Bien. C'est un très bon début, se satisfit le psychomage. Je pense qu'on devrait cesser de les observer, vous êtes d'accord?

— Oui, répondit Olivier après une légère hésitation. Laissons-les.


Près d'une heure plus tard, Olivier retrouva le professeur Khopsu devant la porte de la chambre de Violet. Holly était passée et avait été réconfortée d'apprendre que Violet était en bonne compagnie. Elle était repartie quelques minutes auparavant, elle devait rejoindre Luna pour réviser. Holly se portait de mieux en mieux. La guérison les guettait.

Quand son père ouvrit la porte, Olivier se contint pour ne pas lui sauter dessus. Son père leur sourit et le professeur Khopsy ouvrit les rideaux. Violet était allongée dos à la fenêtre, une faible lumière se dégageait devant elle.

— Alors? s'assura Olivier.

— Elle s'est excusée et s'est effondrée. Je l'ai laissé faire jusqu'à ce qu'elle se calme. Quand elle s'est détachée, je lui ai demandé si cela allait, elle a acquiescé.

— Et ensuite? l'interrogea-t-il car cela il l'avait vu, il désirait connaître la suite.

— Elle m'a demandé comment tu allais et si tu ne lui en voulais pas.

— Qu'avez-vous répondu? intervint le professeur Khopsu, préoccupé par cette remarque.

Olivier s'accrocha aux lèvres de son père: qu'avait-il répondu? Celui-ci le regarda, cherchant ses mots.

— Je lui ai dit qu'Olivier s'inquiétait pour elle et qu'il était loin de lui en vouloir.

— Très bien, conclut le psychomage.

— Et après? demanda encore Olivier.

— Nous avons parlé de Dauphy's Sea, des dauphins et de Quidditch.

— C'est parfait!

Le professeur s'était exclamé en tapant dans les mains, il paraissait fier. Tant mieux, quelle était la suite?

— Si miss Lupin est capable de participer à des discussions aussi banales, c'est bon signe! poursuivit le professeur Khopsu. Elle peut donc faire la différence entre Elizabeth et Violet, et entre nous je pense qu'elle a choisi qui elle était.

— Elle est Violet, n'est-ce pas?

— En effet, j'en suis d'ailleurs soulagé. Cela aurait été un travail éprouvant de retrouver l'identité d'Elizabeth. Hormis cela, elle est capable de contrôler ses pensées et de ne plus s'absenter. C'est pourquoi je vais voir comment se déroule le reste de la journée ainsi que la nuit. Si tout se passe bien, vous pourrez y retourner afin de faire une transition, dit le professeur Khopsu en s'adressant au père d'Olivier (puis il se tourna vers lui). Vous pourrez la voir, monsieur Dubois.

— Quoi?

C'était inattendu. Olivier avait cru que sa mère serait passée avant lui, ou Roger, ou Bill, ou Lee, ou Anna, ou même le professeur Flitwick! Olivier avait cru que tout le monde passerait avant lui, pas une seule seconde il avait pensé être le prochain.

— Habituellement, je laisse encore passer une ou deux personnes afin d'être certain que cela ne perturbe pas la progression. MAIS je pense qu'elle a besoin de vous voir et de s'assurer que vous êtes toujours présent pour elle. Surtout, j'aimerais ne pas vous avoir dans mon service non plus.

Olivier ne comprit pas cette remarque, pourtant les traits de son père prouvait qu'il partageait l'avis du professeur Khopsu.

— Vous devriez manger, enchaîna le psychomage. Et dormir.

— Je dors.

— Avec une potion de sommeil?

Olivier acquiesça et le professeur eut un sourire railleur.

— Elles sont efficaces pour vous endormir, mais elles ne permettent pas des conditions de réparation optimales. J'ai conscience que ce n'est pas simple, mais soyez rassuré, miss Lupin est sur le bon vous dis à demain, au revoir.

Le psychomage les salua et les quitta pour s'enfermer dans son bureau. Olivier se tourna vers son père en l'attente d'un moindre signe de contradiction.

— Il a raison, dit père en posant une main sur son épaule.

— Pour moi ou pour Violet?

— Les deux. Je t'assure que j'ai reconnu la Violet que je connais, je ne doute pas que nous la retrouverons. Et pour toi… J'aimerais vraiment que mon fils retrouve son apparence.

Sur le moment, Olivier n'avait pas saisi le sens de la phrase de son père. Contrairement au moment où il avait pris le temps de s'observer dans le miroir de la salle de bain adjacente à sa chambre de Dauphy's Sea.

Les cernes qu'il avait remarquées chez Violet étaient aussi très marquées chez lui. Ses yeux étaient plus noirs que marron. Son teint était livide, comme s'il n'avait jamais connu les lueurs du soleil. Ses joues se creusaient, en effet, peut-être ne devait-il plus se contenter d'un toast le matin et d'un avec une soupe le soir.

Une légère barbe naissait sur son visage. C'était bien la première fois qu'il la voyait, habituellement il ne lui laissait pas le temps d'apparaître.

Alors si Violet allait mieux, Olivier se devait d'en être digne. Il prit sa baguette magique et lança le sortilège Coupe-Barbe. Il descendit rejoindre ses parents dans la cuisine et se servit une bonne poignée de frites et de la viande. Il surprit le regard apaisé de ses parents et leur sourire complice. Peut-être pourrait-il prendre un dessert au chocolat après. Violet lui avait toujours dit qu'il s'agissait du remède des Lupin. Rien n'égalait le chocolat.


— Avant de quitter la chambre, monsieur Dubois, pourrez-vous lui annoncer que votre fils va suivre? Je lui en ai déjà touché un mot, mais mieux vaut qu'elle soit totalement préparée. Dites-lui qu'il est content de la voir, cela me permettra de juger sa réaction et d'adapter la suite.

Alors qu'Olivier avait pour obligation de rester derrière cette fichue fenêtre, son père entra dans la chambre. Olivier trépignait à l'idée d'être le prochain. Ces deux semaines sans Violet avaient été bien trop longues, jamais il ne souhaitait vivre ça à nouveau. C'était fatigant.

Son père salua Violet, Olivier remarqua qu'elle avait les joues sèches. Il sourit, c'était bon la voir ainsi. Violet détacha ses bras qui bloquaient ses jambes, comme un verrou protecteur, et elle s'assit en tailleur. Elle se libérait. Les lèvres de Violet bougèrent et Sebastian hocha la tête. Tous les deux se tournèrent vers la fenêtre. Violet l'avait-elle demandé? Était-ce lui qu'elle voulait voir? Elle l'aimait donc toujours autant?

— J'ai une question, interpella-t-il le professeur Khopsu, alors qu'un cognard se baladait dans tout son abdomen.

— Je vous écoute.

— Depuis que Violet est revenue à la vie et que je la vois si mal, je me demande si je n'aurais pas dû la laisser partir au lieu de la prier de rester… Je… Je ne sais pas ce qu'elle aurait préféré.

— Hhmm… J'ai beaucoup discuté avec miss Lupin, je ne pense pas que son souhait était de mourir. Elle cherchait juste de l'aide, le rassura le professeur, mais ne savait pas comment la demander, ou plutôt faire comprendre à quel point elle souffrait.

— Oui, bien sûr. J'aimerais vous croire. Mais… J'aimerais l'entendre de sa voix… Pensez-vous que je puisse lui demander ou est-ce trop tôt?

Le psychomage dodelinait de la tête, Olivier comprit qu'il pesait le pour et le contre. Le souhait d'Olivier n'était pas de faire régresser le travail de Violet et du professeur Khopsu, il ne voulait pas que Violet culpabilise, il ne voulait pas que son état se dégrade à nouveau. Olivier souhaitait juste se rassurer, il voulait être sûr qu'il avait fait le bon choix pour la personne qu'il aimait le plus au monde. Il s'apprêtait à parler quand il réalisa qu'il avait pensé à haute voix. Le professeur Khopsu l'analysait, un sourcil froncé.

— Formulez bien votre demande et cela devrait aller. Miss Lupin continuera d'y réfléchir après votre départ, et je travaillerai dessus avec elle. Évitez d'être trop brutal, s'il vous plaît, le prévint-il.

Contrairement à la veille, Sebastian resta moins longtemps: vingt-six minutes pour être exact. Quand son père se releva, Olivier était sûr qu'il la prévenait de son arrivée car Violet hocha la tête rapidement. Les lèvres de Violet étaient pincées et elle ferma les yeux, elle retenait ses larmes. Ce n'était pas très bon – il l'avait compris du professeur Khopsu – elle ne devait pas intérioriser. Olivier souffla de soulagement quand une larme s'échappa. Puis deux. Violet les essuya de sa mache et elle prit une grande inspiration – comme avant ses pénaltys au Quidditch.

— C'est positif, elle ne craque pas, remarqua le professeur Khopsu.

— Elle va forcément s'effondrer quand je vais entrer, angoissa Olivier. Je vais lui rappeler beaucoup trop de souvenirs traumatisants.

— Non, détrompez-vous, monsieur Dubois. Je pense, qu'au contraire, vous allez lui apporter les meilleurs souvenirs qu'elle a. Oui, elle va pleurer. S'effondrer, j'en doute très fortement. Et sachez que je me trompe rarement.

D'une poussée d'inhibition, Olivier canalisa son envie de répondre au professeur qu'il n'était pas très modeste et qu'il devait bien avoir confiance en lui pour être aussi persuadé. Cette réflexion n'aurait pas été adaptée. De toute manière, son père sortait.

— Je pense que tu peux y aller, lui sourit-il.

Le cognard avait été enfermé dans la malle, remplacé par un souafle de plomb dans son estomac. La balle doublait de volume à chaque seconde. Olivier fut projeté, presque cinq ans plus tôt, au jour où il avait avoué ses sentiments à Violet et qu'il avait craint qu'elle ne le rejette. Sa gorge se noua à son tour, prise dans un filet du diable. Que ferait-il si Violet le rejetait?

Tour à tour, Olivier regarda le professeur Khopsu et son père. Le psychomage lui accorda un sourire encourageant et lui désigna la porte du menton. Le professeur Khopsu avait confiance, en effet. Le père d'Olivier posa la main sur son épaule et Olivier fut poussé par le réconfort que lui apportait son père depuis sa naissance.

Olivier inspira une grosse bouffée d'air et la laissa s'engouffrer dans tout son corps, sait-on jamais s'il manquait d'air dans la chambre. Il posa sa main sur la poignée. Ce moment qu'il avait tant attendu. Il l'abaissa. Olivier poussa la porte. Il entra dans la pièce. Une forte odeur de lavande chatouilla son nez, lui rappelant l'infirmerie de Poudlard. Son souafle augmenta de volume quand il posa ses yeux sur Violet et qu'elle l'ignorait.

Un pas. Holly insistait sur le fait qu'il était nécessaire de faire un pas à la fois. Un deuxième pas. Violet tournait toujours la tête. Un troisième pas. Olivier la fixait, par peur qu'elle ne disparaisse subitement. Un quatrième pas. Ses bouts des doigts fourmillèrent, ils désiraient la toucher – s'assurer qu'elle était réelle. Un cinquième pas, un seul la séparait d'elle. Les yeux d'Olivier le piquèrent. Un sixième pas, il frôlait le lit. Le visage de Violet demeurait inaccessible.

Il pivota d'un quart de tour pour s'installer, juste à côté d'elle. Son inspiration avait été utile, Olivier suffoquait. À peine était-il assis, que Violet se jeta à son cou – qui barbota dans les larmes de Violet. Sa respiration était rapide et elle tremblotait.

— Je suis désolée, Oli. Je suis terriblement désolée.

Sa voix. Elle était plus rauque que d'habitude, comme étouffée, mais c'était bien la sienne. Olivier entendait la voix de Violet. Elle était là, près de lui.

Alors, Olivier enroula ses bras autour d'elle. Rien ne comptait plus que cet instant. Il pouvait la voir, il pouvait la toucher. Cette nuit, sur la plage de Dauphy's Sea, ne devenait qu'un lointain souvenir.

Olivier partit à la recherche de son réconfort favori, il chercha à se nicher dans les longues boucles de Violet. C'était bien plus complexe maintenant que les mèches de Violet s'arrêtaient en bas de sa nuque. Olivier ne trouva pas cette odeur de cerise qui l'apaisait, simplement une odeur de chèvrefeuille. Il pouvait s'y faire le temps qu'elle sorte de Sainte-Mangouste.

Les yeux d'Olivier s'humidifièrent à son tour, ses propres larmes se réfugièrent dans le cou de Violet. Peu importait, que ses larmes coulent, que le chèvrefeuille l'emporte, que ses cheveux raides le grattent. Peu importait, il souhaitait ne plus jamais la lâcher. Il aurait passé sa vie dans ses bras – avec quelques pauses Quidditch, bien sûr – s'il l'avait pu.

— Ça va, Vio, c'est moi qui m'en veux, sortit-il de son silence. Ce n'est pas toi.

— Pourquoi pleures-tu, alors? demanda-t-elle sans bouger.

— Parce que je t'aime. Je t'aime, ma Violet. J'ai eu si peur de te perdre et tu es là.

Olivier inspira avant de bloquer sa respiration et d'expirer. Le pouce de Violet caressa sa nuque et Olivier perçut ses poils se hérisser. Il réitéra sa boucle respiratoire. Les conseils du professeur Khopsu envahirent ses pensées. Olivier aurait dû attendre. Il aurait dû, mais il avait besoin d'être sûr. Il chercha ses mots, ceux qui ne la braqueraient pas. Il devait trouver les bons mots pour que Violet soit capable de lui répondre. Olivier devait entendre, il devait être certain qu'elle ne lui en voulait pas pour pouvoir aller de l'avant.

— Je peux te poser une question, ma Violet? Après on pensera à nous, rien qu'à nous. Si tu ne veux pas y répondre, ce n'est pas grave, ne t'en fais pas.

Ils étaient toujours l'un contre l'autre. Inséparables, comme ils l'avaient toujours été. Olivier ne voyait pas le visage de Violet, Violet ne voyait pas le sien. Seule leur voix les trahissait. Il déposa un délicat baiser dans le cou de Violet.

— Vas-y, Oli, l'encouragea-t-elle.

— Est-ce que tu aurais préféré que je te laisse partir?

— Je ne comprends pas ta question, chuchota-t-elle en déglutissant.

Les muscles de la mâchoire d'Olivier se contractèrent qu'il en surgit une forte douleur. Il avait cru cette question suffisante, il en était autrement. C'était bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. Il avala sa salive avant de reformuler, de la meilleure manière pour que jamais Violet ne se sente responsable.

— Quand j'ai cru te perdre, je t'ai demandé de rester. Je voulais à tout prix que tu restes avec moi, car il m'était inimaginable de passer toute une vie sans toi à mes côtés. Je te l'ai demandé et tu es revenue. Alors je me demandais: aurais-tu préféré que je te laisse partir? Je le comprendrai.

Violet se dégagea de son étreinte, ses mains toujours dans le cou d'Olivier. Elle plissa les yeux, de cet air de Serdaigle qu'il avait tant de fois trouver insupportable alors qu'aujourd'hui il était heureux de le voir. Dans les yeux marron de Violet – qui ne scintillaient plus –, Olivier y discerna la douceur. Un sourire, invisible à l'œil nu, s'y lisait.

— Je ne sais pas, répondit-elle en se calant de nouveau contre lui. Je… J'ai tellement mal, Olivier. Je crois que je voulais juste de l'aide, mais… C'est tellement dur, je ne veux pas que ce soit réel. Je suis revenue, mais je ne pense pas que, sur la plage, je voulais partir…

Elle s'arrêta. Le souafle d'Olivier avait quitté son nid pour se loger dans sa gorge. L'air lui manquait.

— Ni maintenant. Je n'ai jamais vraiment voulu partir, termina-t-elle dans un murmure.

Un sanglot échappa à Olivier et il blottit Violet contre lui. Des secousses le parcoururent, comme lorsque les murs de Poudlard avaient tremblé. Cette fois-ci, elles étaient positives. Elle n'avait jamais voulu partir. Elle avait voulu échapper à la réalité.

Violet n'avait jamais voulu le quitter.

C'étaient toujours eux.

Elle et lui.

Violet et Olivier.

Violivier.

— Je t'aime, Violet. Je t'aime.

— Je t'aime aussi, Olivier.

Avec légèreté, Violet se décala pour s'allonger et il la rejoignit. La tête de Violet se posa sur lui et Olivier sut qu'il avait enfin retrouvé sa place. Désormais, ils avaient tout leur avenir devant eux.

Il n'avait plus qu'une chose à faire. Il plongea sa main dans sa poche et sortit les trois bijoux qu'Olivier gardait précieusement en attendant ce jour.

— Je t'ai ramené ça, murmura-t-il. Je me suis dit que tu aimerais les avoir. Je peux les garder si tu préfères attendre d'être sortie.

— Oh non, Oli, (il remarqua un petit sourire au coin de sa lèvre). Tu m'aides?

Violet se releva et Olivier accrocha le collier au pendentif souafle, puis celui de madame Potter. Violet les cala au creux de sa poitrine et Olivier lui passa la bague de fiançailles à son annulaire gauche.

— C'est mieux comme ça, approuva-t-elle. Merci, Olivier.

— Avec plaisir. Et… Tu es très jolie coiffée ainsi, la complimenta-t-il.

Olivier était certain que ses joues avaient pris une teinte rouge, ne changerait-il donc jamais? Il se frotta l'arrière du crâne quand Violet faufila ses doigts dans ses cheveux blonds.

— Tu trouves? s'assura-t-elle.

Il acquiesça d'un vif hochement de tête. Violet se reposa sur lui et il entremêla ses doigts aux siens.

— Ça change, termina Violet. Je suis contente que ça te plaise.

— Tu seras toujours la plus belle à mes yeux.

Un nouveau sourire se dessina sur le visage de Violet. Timoré, mais franc. Discret, mais présent. Olivier ferma les yeux, cette image en tête. Violet était là.


Derrière la fenêtre, le professeur Khopsu ferma le rideau. Sebastian l'observa griffonner sur son parchemin à l'aide d'un stylo. Le Guérisseur n'avait cessé de prendre des notes dès l'instant où Olivier avait posé la main sur la poignée. Sebastian n'avait pas eu la curiosité de poser une question. Le professeur se tourna vers lui, un air assuré marqué sur les lèvres.

— Elle a une façade incroyable, énonça-t-il. Une aussi grande force présage un dur travail, et long.

Comment être forte allait compliquer la tâcher? N'était-ce pas encourageant pour la suite? Sebastian n'avait jamais douté de Violet, que prétendait le professeur Khopsu?

— Pardon? demanda-t-il.

— Disons que miss Lupin a un sacré masque, elle est plus difficilement cernable qu'elle ne le laisse penser. D'après mon expérience, je pense qu'une fois qu'elle arrivera à gérer ce qu'elle ressent, elle voudra partir. Elle a besoin d'une thérapie plus approfondie, cela ne fait aucun doute, mais elle ne l'acceptera pas. Ce serait remuer trop de choses.

— Et nous ne pourrons pas l'obliger, comme cette fois?

— Non, car sa situation ne relève plus de l'urgence. Miss Lupin ne se met plus en danger. L'obliger serait contre-productif. Pour faire simple, l'obliger provoquerait une résistance de sa part. Miss Lupin se renfermera, car elle le vivrait comme une intrusion. Plus elle se sentira forcée, plus la résistance se renforcera, donc il sera plus complexe de la relâcher.

— Et donc?

Le professeur Khopsu attrapa le stylo dans ses cheveux et ses mèches blondes tombèrent comme un rideau le long de son visage. Il accrocha son outil à la boucle de sa ceinture et il sourit.

— Une fois sortie, miss Lupin adoptera des stratégies, des bonnes comme des mauvaises, pour échapper à ce qui provoque de la souffrance. Le plus probable sera des stratégies d'évitement, c'est ce qu'il y a de plus logique dans son cas. Bref, je n'aime pas laisser mes patients sortir avant d'être parfaitement certain que leur âme est réparée. Cependant, je n'ai pas toujours le choix, celui-ci est entre leurs mains. Miss Lupin reviendra quand elle se sentira prête à se relever complètement, mais surtout quand elle sera prête à accepter la fatalité qui l'a frappée.

— Et si elle ne revient jamais? s'inquiéta Sebastian.

— Oh, elle va revenir, répondit le professeur, confiant. Dans un an, deux ans ou dix s'il le faut, mais je suis certain qu'elle reviendra.

— Vous serez toujours là? Je doute qu'elle fasse confiance à une autre personne.

— J'en doute aussi, admit le professeur Khopsu. Mais j'ai ouvert ce service dans le but de le développer et le gérer jusqu'à ce que je n'en sois plus capable alors j'ose espérer avoir encore toutes mes capacités d'ici-là. Je serai là quand elle sera prête, ne vous en faites pas.


— Prenez soin de vous, miss Lupin, lui dit le professeur Khopsu en lui serrant la main. Revenez dès que vous en ressentez le besoin.

— J'espère que ce ne sera pas le cas, soupira Violet en s'accrochant aux doigts d'Olivier.

— Moi non plus, mais je ferai un très mauvais praticien si je ne vous informais pas.

— Merci, professeur Khopsu. Au revoir.

— Au revoir, miss Lupin. Au revoir, monsieur Dubois.

Olivier et Violet traversèrent le couloir de Sainte-Mangouste prêts à en sortir. Depuis une semaine, Violet avait enchaîné les visites, et malgré la difficulté de certaines, elle s'était sentie moins vide. Au contraire, chaque visite avait comblé un trou en elle.

Les tremblements de Violet avaient cessé. Les cauchemars étaient rares. Mieux encore, elle ne pleurait plus tous les jours. Au fond d'elle, Violet avait toujours mal. Une douleur saisissante battait en elle, comme son cœur. Parfois lentement, parfois violemment. Quelquefois, Violet devait s'accrocher à l'aspect solide le plus proche tant elle souffrait. Selon le professeur Khopsu, c'était normal.

Il l'avait nommé le chagrin.

Il était impossible de s'en défaire, il était une partie de nous, un colocataire dont on se passerait bien, mais qui n'avait pas d'autres clés. Il pouvait être envahissant, mais chacun devait apprendre à cohabiter avec l'autre. Un jour, le chagrin saurait être discret. Il battrait toujours, délicat comme les ailes d'un papillon, mais il décrocherait un sourire, celui des beaux souvenirs.

Le chagrin, donc.

Violet ne le concevait pas. Pour le moment, le chagrin n'était qu'un parasite qui rongeait le peu de joie qui la guettait.

Devant la salle des cheminettes, où les allées et venues ne cessaient jamais. Olivier se tourna vers elle. Il plongea ses yeux marron foncé dans les siens et Violet en oublia le chagrin une infime seconde.

— Je pensais qu'on pourrait aller au calme à l'appartement, mais si tu le préfères, on peut aller à Dauphy's Sea.

— Non. Je veux retourner chez nous. J'aimerais un moment de calme avec toi avant qu'on ne fête ton anniversaire.

— Je ne suis pas sûr d'avoir envie de fêter mon anniversaire, soupira Olivier.

— Je crois que tes parents ne t'en laisseront pas le choix. Ta mère avait l'air déterminée quand elle est venue me rendre visite.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi elle n'était pas à Gryffondor.

Violet lui esquissa un léger sourire. Elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa à la commissure des lèvres. Olivier posa sa main sur la taille de Violet pour mieux la serrer dans ses bras. Le corps de Violet se réchauffa, comme si le soleil frappait. Son cœur palpita. Après un lourd manque, elle le ressentait de nouveau. Son amour pour lui était définitivement inarrêtable.

— On rentre à la maison?


Quand elle la contempla, Violet réalisa que la vue sur la city londonienne lui avait manqué. Derrière les buildings, le soleil se couchait. Ses reflets rouges dansaient sur les vitres et éblouissaient les moindres passants. Depuis son arrivée, Violet n'avait pas cillé de cet endroit. Elle avait la sensation qu'à chaque fois qu'elle se tournait, ses yeux s'accrochaient aux innombrables photos qui inondaient les murs de l'appartement.

Maintenant qu'Olivier était sous la douche, Violet se permettait de réfléchir à leur sentence. Que pouvait-elle bien en faire? Elle était incapable de vivre, observée par ces personnes qui n'avaient plus d'avenir. Mais était-ce une solution de les effacer?

Une photo d'eux cinq et d'Angelina, au mariage de Bill et Fleur, attira son attention. Ce dernier jour, si parfait, avant que tout ne s'écroule. Ils avaient été si heureux le temps d'une soirée. La voix de Fred évoquant l'envie d'un mariage tout en simplicité raillait encore à son oreille. L'excitation d'Erine, qui rêvait d'organiser leur mariage à Olivier et elle, vibrait encore en elle.

Tout était devenu irréalisable.

Fred ne se marierait jamais. Erine non plus. Erine n'aurait jamais l'occasion de dire un mot sur l'organisation du mariage. Ni Fred, ni Erine ne seraient présents à leur mariage. Les pensées de Violet s'éparpillaient. Une larme s'écoula le long de sa joue. Des tremblements la firent frissonner.

Aurait-elle toujours cette réaction? Très certainement.

D'un bond, Violet se dirigea vers le premier mur et arracha chacune de ces photos qui ne servaient qu'à la faire replonger. Une par une, elle les entassa dans sa main. Violet fit le tour du salon, de la cuisine et de la chambre d'amis. Elle enleva les cadres de la chambre. Enfin, elle dépoussiéra une boîte où elle les rangea une par une, étrangement elle souhaitait s'en imprégner une dernière fois.

Une photo d'elle et son père la troubla, encore au mariage de Bill et Fleur. Violet s'assit sur le sol et caressa le visage de son père du bout de l'index. Malgré sa peau blanche, son père la regardait, si fier d'elle. Pourrait-elle réellement réussir à l'éclipser de sa vie? Il avait toujours tout fait pour elle. Ne serait-ce pas une insulte à son nom?

Et Teddy? Teddy était son frère. Teddy n'était qu'un bébé. Teddy voudrait tout apprendre de leur père. Violet pouvait-elle lui faire ça? Pouvait-elle lui refuser? Violet ferma les yeux, très fort. Était-elle capable de vivre avec le souvenir de son père?

Une personne ne pouvait lui faire de mal.

Alors Violet tria chaque photo. Elle conserva celles avec son père et celles avec Tonks. Elle rangea toutes celles où Fred et Erine apparaissaient. À partir de maintenant, elle ne verrait plus leurs visages. Violet mettrait tout en œuvre pour ne plus entendre leurs prénoms.

Ils étaient le passé et elle n'aurait pas de futur si elle les gardait.

Il ne lui restait que cinq photos en main quand la porte de la chambre s'ouvrit. Elle fit mine de ne pas voir Olivier quand il s'assit à côté d'elle et qu'il prit les photos où Remus apparaissait. Violet ignora le regard plein d'interrogations d'Olivier, mais elle ne put éviter sa question:

— Que fais-tu?

— Je ne peux pas penser à eux si je veux aller mieux, Oli, répondit-elle en scellant la boîte. Je ne veux plus voir ces photos. Plus jamais.

— Et moi?

— Tiens.

Violet se releva et déposa la boîte sur les genoux d'Olivier. Son regard oscilla entre la boîte et elle, les sourcils froncés.

— Ce sont les tiennes, déclara Violet. Fais-en ce qu'il te plaît, du moment que je n'ai pas à les supporter le restant de mes jours.

— Tu es sûr de toi, mon cœur? dit Olivier d'une voix tremblante. Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée.

— C'est la meilleure idée que j'ai pour le moment.

Les lèvres d'Olivier tremblèrent et ses yeux brillèrent, Olivier resta muet. Il rangea la boîte dans le tiroir de sa table de chevet. Violet était plutôt satisfaite qu'il la garde, elle ne voulait pas l'en priver.

Violet fit le tour du lit et s'emmitoufla sous les draps en se collant à Olivier. Leur première nuit ensemble depuis… une éternité. Au fond de son cœur, Violet se promit que plus jamais elle ne passerait une nuit sans lui. Ces dernières semaines avaient été beaucoup trop douloureuses. Olivier déposa un baiser sur le front de Violet, elle se releva pour l'embrasser sur les lèvres. Un premier, vrai, baiser.

Au premier goût des lèvres d'Olivier, Violet perdit toute notion du temps. Elle frissonna. Elle renforça leur baiser et Olivier passa la main dans ses cheveux désormais courts. Aucune mèche ne venait les gêner. Violet sentit la bouche d'Olivier s'étirer.

— Qu'est-ce qu'il y a? demanda-t-elle sans arrêter leur baiser.

— La cerise, susurra-t-il. Tu n'imagines pas l'effet apaisant que je ressens.

— J'en ai une vague idée, se moqua-t-elle.

— Ça m'avait manqué, chuchota-t-il. Tu m'avais manqué. Je t'aime, ma Violet.

— Je t'aime aussi, Oli.

Violet posa la tête sur la clavicule d'Olivier et il éteignit la lumière. Dans l'obscurité, Violet ne parvenait pas à fermer les yeux. La sensation que son corps ne lui appartenait plus l'envahit. Elle prit la main d'Olivier dans la sienne et la caressa du pouce. Rien n'y faisait. Sa respiration se saccada, irrégulière. Violet se concentra sur les doigts d'Olivier qui s'amusaient avec ses mèches de cheveux. Non plus. Ses yeux persistaient à rester ouverts. Violet mordilla sa joue et se tourna vers la table de chevet.

— Qu'est-ce qu'il se passe? demanda Olivier, inquiet.

— Rien, ne t'en fais pas, le rassura-t-elle. Je dois vérifier quelque chose. Lumos.

Le bout de sa baguette s'alluma. Sa respiration s'apaisa, au rythme régulier qui calmait son cœur et ses paupières s'alourdirent. Violet se recoucha et Olivier la lova contre lui. Les yeux de Violet ne luttèrent plus.


Et voilà ! :)

Avez-vous aimé ce chapitre ? Êtes-vous soulagé-es pour Violet ou gardez-vous des inquiétudes ? Heureuxses d'avoir retrouvé Violivier ?

Ce chapitre clôture la partie 2. Je vais prendre un peu de temps avant de publier la partie 3, j'ai encore des chapitres à écrire et je dois en corriger certains (voire les modifier, diviser, etc). Donc je préfère revenir en ayant une bonne ligne de vue sur la suite. Je ne sais pas quand elle arrivera. J'espère que vous ne m'en voulez pas trop.

Sinon, quelles sont vos attentes pour la partie 3 ? Quel sera le développement de Vio, Olivier, George et Holly ? Je vous rappelle que la partie se terminera vers août 1999. Qu'imaginez-vous ?

Je ne suis pas trop inspirée (je suis méga fatiguée), mais si vous avez des commentaires et/ou des questions, n'hésitez pas, je répondrai avec plaisir !

À bientôt. (coeur)