Je remercie Helimoen pour sa review au chapitre précédent. J'espère que celui-ci te plaira ! ^_^
Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 25 :
Fondcombe
Le reste du voyage fut stressant. Lowen, Grand-Pas et les Hobbits étaient fatigués. En même temps, ils essayaient de marcher aussi vite que possible, dans l'espoir d'atteindre Fondcombe pour avoir des nouvelles de Frodon.
Lowen savait que ses amis se posaient les mêmes questions qu'elle. La dame elfe, que le rôdeur avait nommée Arwen, réussirait-elle à échapper aux Nazgûls ? Frodon serait-il soigné à temps ?
Toutes ces questions angoissaient les cinq voyageurs.
Tandis que l'aube se levait, Lowen perçut un changement dans l'atmosphère. Grand-Pas les faisait marcher à travers une lande jalonnée de rochers, quand il s'arrêta devant une crevasse d'où semblait s'échapper un chant.
« Suivez-moi », dit le rôdeur en s'engageant dans la cavité.
Voyant que les Hobbits hésitaient, Lowen passa la première et dévala une pente pour atterrir à l'entrée d'un tunnel. Lorsqu'elle rejoignit Grand-Pas, elle fut soulagée d'entendre les Hobbits glisser derrière elle.
Lorsque tous eurent rejoint le rôdeur, il les guida à travers l'étroit défilé.
À mesure qu'ils avançaient, Lowen le sentait. Comme un picotement dans l'air. Le vent semblait chanter. Le froid et la fatigue quittaient son corps, comme si une force les obligeait à rester derrière elle.
« Grand-Pas… ? C'est quoi, cette sensation ? »
« Vous le sentez ? » sourit le rôdeur.
« Oui ! On dirait de la magie, mais… je n'en avais encore jamais senti de ce genre. C'est si agréable ! »
L'Homme lui répondit par un sourire énigmatique.
Lorsqu'enfin ils eurent quitté le tunnel, ils débouchèrent sur une falaise donnant sur une vue incroyable.
Devant eux s'étendait un ensemble de constructions elfiques entourées d'arbres et de sapins. Perchées sur une falaise, juste au-dessus de nombreuses cascades, les maisons étaient peintes dans des couleurs vertes et blanches. Certaines avaient un toit en coupole, d'autres un plus classique dont les extrémités se terminaient par des sculptures en forme d'oiseaux blancs. La végétation poussait sur les murs et le toit des demeures sans pour autant les faire disparaître, comme si la nature était en harmonie avec la cité.
En voyant ce spectacle, Lowen et les Hobbits oublièrent un bref instant tous leurs soucis.
Puis la gravité de la situation leur revint. Ils s'empressèrent de suivre un sentier qui leur fit traverser des rues aux habitations plus petites, mais tout aussi belles que le palais où Grand-Pas les conduisit.
Tandis qu'ils avançaient, Lowen réalisa que malgré le nombre de cascades, elles n'émettaient pas un rugissement, mais le doux bruit d'un ruisseau.
La jeune fille tendit l'oreille et perçut le chant des arbres. Ils étaient vivants et joyeux.
Il y a vraiment de la magie, ici ! se dit la jeune fille.
Arrivés à l'entrée, ils furent accueillis par un Elfe. Vêtu d'une tunique violet sombre, un fin diadème reposait sur ses longs cheveux bruns.
« Estel ! Mae govannon », dit l'elfe en posant la main sur son cœur.
« Lindir », répondit Grand-Pas en lui rendant son salut.
En les voyant se saluer de façon si naturelle et amicale, Lowen fut étonnée. Cet Elfe dégageait plus de lumière et de bienveillance que tous ceux qu'elle avait connus à Mirkwood. Dans ses souvenirs, les Elfes de la Forêt Noire étaient plus réservés, méfiants, presque sauvages.
« La Dame Arwen est arrivée avant vous avec le Semi-Homme. Le seigneur Elrond a pu le soigner. »
« M'sieur Frodon va bien ? » demanda Sam.
« Il est sauvé », le rassura Lindir. « Il se repose dans une chambre. On m'a chargé de vous dire qu'il ne pourrait pas avoir de visites pour l'instant, son état ne le permet pas. Suivez-moi, le seigneur Elrond et Gandalf vous attendent. »
Lowen sentit que les Hobbits auraient aimé voir Frodon avant, mais le savoir sauvé était déjà un tel soulagement qu'ils obéirent.
Lindir les fit traverser une enfilade de couloirs. Lowen regretta de ne pouvoir s'arrêter pour admirer les tentures et les sculptures qui ornaient cet endroit. Mais elle aurait sûrement le temps plus tard… du moins, elle l'espérait.
Enfin, ils arrivèrent dans le bureau du seigneur Elrond. L'endroit évoquait plus une bibliothèque qu'un vulgaire bureau.
Des étagères remplies de livres occupaient l'essentiel de l'espace. Ici aussi, on avait accroché des tentures et des épées aux murs.
Au bout de la salle, près d'un balcon, se trouvait un bureau. Un elfe était assis là. Il dégageait un charme et une autorité qui faisaient tout de suite deviner qu'il était le seigneur de ces lieux. Mais ses yeux dégageaient une sagesse bienveillante. Il portait une longue tunique couleur crème et une cape de velours verte. Un diadème plus beau que celui de Lindir couronnait ses longs cheveux brun sombre. Un seul anneau ornait sa main, orné d'une pierre verte. Une fois de plus, Lowen eut un pincement de cœur. Thranduil n'avait rien à voir avec lui.
Près du siège d'Elrond se tenait un vieil homme barbu. Vêtu de gris comme la couleur de ses cheveux et sa barbe, il s'appuyait sur un long bâton en bois orné d'un cristal. En croisant son regard, Lowen reconnut cet éclat de malice et de sagesse qu'elle avait déjà vu chez Radagast… sauf que cet éclat était plus fort chez Gandalf. La jeune fille comprit qu'il devait être plus fort et moins… loufoque.
En le voyant, les Hobbits poussèrent des exclamations soulagées.
« Gandalf ! » dirent les trois Semi-Hommes.
« Soyez les bienvenus, mes chers amis ! Je suis soulagé que Grand-Pas vous ait amenés ici sains et saufs », sourit le Magicien. « Même si je ne pensais pas que vous seriez du voyage », dit-il en regardant Merry et Pippin avec sévérité.
Son regard se posa ensuite sur Lowen. En voyant ses yeux vairons, il parut surpris. La jeune fille comprit qu'il l'avait reconnue.
« Bon retour, Estel. Je suis heureux et soulagé que tu aies accompli ta mission et sois revenu sain et sauf », dit Elrond.
Estel ? Pourquoi les Elfes lui donnent-ils le nom d'espoir en elfique ? s'interrogea Lowen.
« Soyez tous les bienvenus à Fondcombe. J'ai déjà fait préparer des chambres, vous devez être épuisés après un tel voyage », poursuivit le seigneur Efe.
« Je vous remercie, seigneur Elrond », dit Grand-Pas.
« Suivez-moi, je vais vous conduire à vos chambres », dit Lindir.
« Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je souhaiterais que le seigneur Elrond et moi-même nous entretenions en privé avec cette jeune fille », dit Gandalf.
Grand-Pas parut comprendre et fit signe aux autres de sortir avec lui. Les Hobbits la regardèrent sans comprendre. Pourquoi voulait-on la voir en privé ? Toutefois, ils obéirent et suivirent l'Elfe et l'Homme dehors.
Restée seule avec le Magicien et le seigneur Elfe, Lowen essaya de paraître impassible, comme Sephiroth lors des entretiens avec les autorités de la Shinra.
Le seigneur Elrond prit un siège et la laissa s'asseoir, avant de retourner à son bureau.
« Bienvenue à Fondcombe, Lowen », dit-il en se rasseyant.
« Merci… mais comment connaissez-vous mon nom ? On ne s'est jamais rencontrés. »
« La dame Galadriel m'a déjà fait part de certaines de ses visions à votre sujet. »
« Des visions ? » s'étonna Lowen.
« Oui, elle vous a observée pendant des années à l'aide d'un miroir magique en sa possession. »
Lowen savait pour le miroir, mais elle ne pensait pas que la dame l'observerait pendant si longtemps ! Ce geste la toucha autant qu'il la mit mal à l'aise. Qu'avait-elle vu d'elle, pendant tout ce temps ?
« Quant à moi, j'ai été témoin de votre naissance, à Dol Guldur », dit Gandalf.
La jeune fille écarquilla les yeux. Sa naissance ?! Il avait donc été là ?
« Radagast était présent aussi », poursuivit le Magicien. « Nous vous avons confiée aux Elfes de Mirkwood. »
« Vous auriez pu faire un meilleur choix », dit la jeune fille sur un ton de reproche.
Elle savait qu'elle courait un risque en lui parlant ainsi, mais la rancune était trop forte.
Loin de paraître offensé, Gandalf prit l'air désolé.
« Je sais, et sachez que je déplore sincèrement les conséquences de mon choix. Je pensais que Radagast et Legolas sauraient vous protéger et que peut-être, avec le temps, d'autres en feraient autant. Je ne pensais pas que le roi Thranduil irait jusqu'à ordonner qu'on vous abandonne dans la forêt, au milieu des Orques et des araignées. »
« Par contre, nous sommes curieux », dit Elrond. « Glorfindel dit que vous avez mystérieusement disparu au cours du voyage jusqu'ici. La dame Galadriel n'a jamais voulu nous dire où vous étiez, par mesure de sécurité. »
Lowen hésita. Pouvait-elle se confier à eux ? Elle ne les connaissait même pas ! Sephiroth lui avait appris à se méfier, mais ils dégageaient une bienveillance sincère…
« J'étais… dans un autre monde », lâcha la jeune fille.
Ses interlocuteurs parurent surpris d'entendre ça.
« Vous vouliez la vérité, la voilà ! » dit-elle en haussant les épaules.
Gandalf la regarda fixement. Lowen lui rendit son regard, jusqu'à ce qu'enfin le magicien se détende.
« Vous dites vrai. Je connais l'existence d'autres mondes, mais j'ignorais qu'il était encore possible d'y voyager. Je ne pensais pas que vous aviez ce genre de pouvoir. »
« Je ne le savais pas non plus. Et j'aurais aimé ne jamais m'en servir pour revenir ici. »
« Mais comment êtes-vous revenue ? » demanda Elrond.
Mal à l'aise, Lowen leur parla brièvement de sa découverte du miroir dans une « auberge » située à Costa Del Sol.
« Intéressant », dit Gandalf avec l'air songeur.
Croisant les doigts, Lowen posa la question pour laquelle elle était venue à Fondcombe.
« Est-ce que vous pouvez m'aider à retourner sur Gaïa ? Comment je peux contrôler ce pouvoir pour repartir là-bas ? »
En voyant le magicien et l'Elfe échanger un regard confus, Lowen sentit que la réponse n'allait pas lui plaire.
« Pourquoi voudriez-vous y retourner ? » demanda Gandalf.
« Ma vie est là-bas. J'ai une famille, des amis, une maison… Ici, personne ne veut vraiment de moi. »
« Les Hobbits et Estel semblent pourtant vous apprécier. »
« Vous savez ce que je veux dire ! Ma vie n'est pas ici, j'ai travaillé dur pour m'en construire une sur Gaïa. »
« Je suis désolé, demoiselle Lowen, mais nous ne connaissons rien à ce genre de magie. Avant que vous nous contiez votre histoire, nous ne pensions même pas qu'il était possible de faire un tel voyage. »
La jeune fille serra fort les accoudoirs de son fauteuil. Oh non, elle qui avait nourri tant d'espoirs dans sa rencontre avec Gandalf !
« Saroumane le Blanc pourrait peut-être vous aider », dit Gandalf. « Malheureusement, il nous a trahis. Il a rejoint Sauron. »
Lowen émit un soupir fatigué. Génial, les mauvaises nouvelles continuaient !
« Vous devez être épuisée », dit Elrond. « Nous reparlerons de tout cela plus tard. Ma fille va vous conduire à votre chambre. »
La porte s'ouvrit, laissant entrer la belle dame elfe qu'elle avait vue dans les bois. Elle ne portait plus sa tenue de voyageuse aux tons gris-bleu, mais une longue robe violette aux amples manches roses. Ses beaux cheveux cascadaient librement dans son dos, et un superbe pendentif en diamant, représentant une fleur étoilée, reposait sur sa poitrine.
« Ada », le salua Arwen de sa voix mélodieuse.
« Arwen, peux-tu conduire notre invitée à sa chambre ? »
« Bien sûr. Suivez-moi », dit l'Elfe avec un doux sourire.
Intimidée par la beauté lumineuse de la dame, Lowen la suivit en silence à travers les couloirs.
Tandis qu'elles marchaient, Lowen vit qu'Arwen lui lançait des regards curieux, comme dans les bois.
« Il y a un problème ? » demanda la jeune fille avec douceur.
« Vous portez un collier représentant l'Elanor, une fleur qui ne pousse qu'en Lorien. C'est là que se trouve le royaume de ma grand-mère, Galadriel. »
Lowen écarquilla les yeux. Arwen était la petite-fille de la Dame aux Bois d'Or ? Cela n'aurait pas dû l'étonner, Arwen était d'une beauté à couper le souffle, tout comme Galadriel. Pourtant, elles étaient différentes, car si Arwen était resplendissante comme une étoile dans la nuit, Galadriel avait la beauté éclatante du soleil.
« C'est Galadriel qui m'a donné ce collier », acquiesça Lowen.
La princesse elfe lui sourit.
« Vous êtes donc cette jeune fille dont ma grand-mère et mon père m'ont parlé. J'espérais vous rencontrer il y a des années, lorsque nous devions vous accueillir, ici alors que vous étiez enfant. »
Lowen eut un sourire triste. Arwen dégageait beaucoup de douceur et de gentillesse. Grandir avec une amie comme elle aurait sûrement été agréable.
Elles arrivèrent bientôt devant une porte en bois massif. Des motifs de fleurs et de lierre entrelacés ornaient la surface.
Arwen l'ouvrit et la fit entrer dans une chambre simple, mais fort belle. Le dais du lit à baldaquin comportait des tentures blanches semi-transparentes. Il y avait un petit bureau près d'une grande porte-fenêtre, qui donnait sur une terrasse avec une vue plongeante sur Fondcombe.
L'Elfe prit une porte sur la gauche, qui donnait sur une salle de bains. Elle comportait un bassin en pierre vide et un lavabo. De nombreuses alcôves avaient été taillées dans les murs, pour y placer des bougies.
« Je vais vous faire préparer un bain et vous amener des vêtements de rechange. Prenez vos aises », dit Arwen avant de la quitter.
Un bain ? Oh, elle en rêvait !
Retournant dans sa chambre, la jeune fille ôta ses souliers et sa ceinture.
Deux autres Elfes brunes arrivèrent bientôt, chacune tenant un pichet rempli d'eau chaude. Elles vidèrent les récipients dans le bassin, ajoutèrent des fleurs et des plantes pour parfumer l'eau, et posèrent un savon sur le rebord du bassin. Elles allumèrent les bougies, puis elles quittèrent la pièce avec un sourire.
Celle-ci s'enferma dans la salle de bains et s'empressa d'ôter ses vêtements. Sitôt dans l'eau chaude, elle poussa un long soupir d'aise. Que c'était bon, après tout ce temps passé à crapahuter dans la boue !
Au bout de quelques minutes, elle entreprit de se frotter les cheveux et de se décrasser avec le savon.
Lorsqu'elle fut propre, elle trouva des serviettes posées dans une alcôve un peu plus grande, près du rebord du bassin.
Elle s'enroula dans l'une d'elles, puis sortit à regret du bain.
Quand elle revint dans la chambre, elle trouva une robe soigneusement pliée sur le lit, avec un peigne. La robe était bleue, avec des motifs d'étoile argentée.
Elle l'enfila et sourit face à la sensation familière que lui procurait le vêtement. Les robes elfiques étaient confortables et leur tissu aussi doux que chaud.
Après avoir coiffé ses cheveux, elle réfléchit. Que faire ? La nuit tombait dehors, les premières étoiles et la lune brillaient dans le ciel.
La jeune fille décida de se reposer. Demain, elle verrait si Frodon allait mieux.
D'autant qu'elle allait devoir réfléchir à son avenir. Maintenant qu'elle savait que Gandalf ne pouvait rien faire pour elle, comment allait-elle retourner sur Gaïa ? Était-ce seulement possible ? Elle ignorait si elle serait capable d'utiliser ses pouvoirs pour passer d'un monde à l'autre.
Au pire, si elle n'y arrivait jamais, il lui faudrait refaire sa vie ici, dans ce monde. Cette idée lui arracha une moue sceptique. Elle avait passé des années sur Gaïa, elle avait noué des liens avec des gens et commencé à envisager un avenir.
Une fois de plus, elle se demanda ce que devenaient ses amis et ceux qu'elle considérait comme sa famille. Cela faisait plus d'une semaine qu'elle était arrivée en Terre du Milieu.
Elle eut un soupir fatigué. Ce voyage à Fondcombe n'aura servi à rien, en fin de compte. Enfin si, elle avait aidé les Hobbits, même si leur arrivée à Fondcombe n'avait pas été heureuse.
Bientôt, la fatigue eut raison d'elle. Son esprit repoussa les questions et les idées dans un coin, la laissant sombrer dans un sommeil réparateur.
XxXxXxXxXxXxXxX
Le lendemain matin, Lowen se réveilla en se sentant incroyablement bien reposée.
Elle alla à la fenêtre et huma l'air pur de Fondcombe avec un sourire paisible. Cet endroit avait le don de redonner de la force au corps et à l'âme.
Elle vit qu'on lui avait laissé une nouvelle robe sur la chaise, face au bureau. Elle était rose, avec des motifs de feuilles verts. De jolis souliers allaient avec.
Lowen se demanda qui lui laissait ces robes. Les servantes suivaient-elles un protocole pour les visiteuses féminines de Fondcombe ? En plus, ces robes étaient très belles, le genre de robe que portait Arwen et les elfes de sang noble…
Après avoir enfilé sa nouvelle tenue et coiffé ses cheveux, la jeune fille quitta sa chambre et fit quelques pas dans le couloir… avant de réaliser qu'elle ne savait pas où aller. Pour prendre un petit-déjeuner, où fallait-il aller ? Devait-elle rester dans sa chambre en attendant qu'on vienne la chercher ?
Tandis qu'elle réfléchissait, une voix douce et chaleureuse s'éleva dans son dos.
« Cela faisait longtemps, Lowen. »
L'interpellée se retourna et eut un grand sourire en voyant l'Elfe qui l'avait abordée.
« Glorfindel ! »
C'était bien lui, toujours rayonnant et d'une beauté à couper le souffle. Ne pouvant réprimer sa joie, la jeune fille se précipita pour le serrer dans ses bras. L'Elfe ne se raidit pas, au contraire, il accueillit son embrassade avec un doux sourire.
Sans la lâcher, il recula de quelques pas et l'examina des pieds à la tête.
« Tu as bien grandi. Je suis heureux de te revoir. »
« Je suis désolée pour ce qui s'est passé, la nuit de ma disparition », dit la jeune fille.
Glorfindel inclina la tête sur le côté.
« Pourquoi es-tu désolée ? Tu n'y étais pour rien, tu ne savais pas ce qui t'arrivait ! »
« Oui, mais… »
Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas comment expliquer son malaise, mais l'Elfe ne lui laissa pas le temps d'y songer davantage. Il lui prit les mains et sourit.
« La dame Galadriel m'a affirmé que tu étais en sécurité. Malgré ma foi en sa grande sagesse, j'étais hanté par le doute. Néanmoins, je n'ai pas perdu espoir. Et je suis heureux de te retrouver, ma jeune amie. »
Touchée par sa gentillesse, Lowen lui rendit son sourire. L'aura de Glorfindel était comme un ciel d'été dont elle avait l'impression de boire la lumière et la chaleur.
« Bonjour ! » dit une autre voix.
Tous deux se retournèrent et virent un Hobbit s'approcher. Lowen crut qu'il s'agissait d'un de ses amis, mais celui-ci était plus vieux. Il portait un costume semblable à celui des Hobbits : un pantalon ample s'arrêtant à mi-mollet, une chemise sous un gilet et un châle recouvrant ses épaules. Ses cheveux étaient blancs et son visage parcheminé. Pourtant, ses yeux pétillaient de malice.
« Bonjour, Bilbon », dit Glorfindel.
« Oh, mais je vois que votre amie n'est pas une Elfe. Dites-moi, êtes-vous la fameuse Lowen, cette courageuse guerrière dont Sam, Merry et Pippin m'ont tant parlé ? »
Lowen fut surprise d'apprendre que les Hobbits l'avaient dépeinte comme une guerrière.
« Oui, c'est bien mon nom. Et vous devez être Bilbon Sacquet, l'oncle de Frodon ? »
À la mention de ce nom, le visage de Bilbon parut triste, mais il s'efforça de sourire poliment.
« Oui, c'est moi. Je comptais prendre mon goûter. Vous joindrez-vous à moi ? »
L'Elfe et la jeune fille acceptèrent. Ils suivirent le Hobbit jusqu'à un kiosque où se dressait une table chargée d'un service à thé et d'un plateau de douceurs.
Il y avait des tasses de différentes tailles : grandeur normale pour les Elfes et les Hommes, plus petit format pour les Hobbits.
Voyant que Bilbon peinait à s'asseoir en raison de son âge, elle voulut servir le thé, mais le Hobbit refusa, affirmant que c'était lui qui les avait invités, il se devait donc de les servir.
Une fois tout le monde servi, il adressa des regards curieux à la jeune fille. Elle était jeune, il lui donnait seize, peut-être dix-sept ans. Mais ses yeux étaient étranges, porteurs d'un regard grave, trop sérieux pour son âge. Avait-elle du sang de Dúnedain ?
Le Hobbit avait envie d'en apprendre plus sur elle, tant le récit des trois amis de Frodon l'avait intrigué. Après tout, il était comme tous les Hobbits : friand de longues histoires de famille et d'arbres généalogiques compliqués.
« Pourriez-vous m'en dire plus sur vous, Lowen ? De quelle contrée êtes-vous originaire ? »
La jeune fille se mordit la lèvre. Elle regarda Glorfindel du coin de l'œil, mais il ne dit rien. En sondant le regard du Hobbit, elle vit qu'il était comme ses quatre amis : amical et bienveillant.
« De Mirkwood », dit-elle sur un ton aussi mesuré que possible.
« Vraiment ? Vous avez vécu en bordure de la forêt ? Je pensais que personne n'y vivait, à part Radagast le Brun et une de mes connaissances du nom de Beorn. »
« Non, j'ai vécu les sept premières années de ma vie dans le royaume de Thranduil. »
« Ah ? Veuillez excuser mon étonnement, je connais le roi et je sais qu'il n'accepte pas d'étrangers dans son royaume, surtout s'ils ne sont pas de la race des Elfes. »
« Je sais… Gandalf et Radagast m'ont trouvé bébé dans les ruines de Dol Guldur. »
« Oh ! Et vos parents… ? » demanda le Hobbit, inquiet.
En voyant le Hobbit afficher de la sollicitude, elle se sentit mal à l'aise. Parler de son côté inhumain était difficile, elle avait vécu toute sa vie dans le secret sur ses origines ! Mais Bilbon semblait vraiment gentil. Alors, elle lui conta sa naissance dans une fleur magique, ses premières années à Mirkwood. Elle évita de parler en détail des mauvais traitements infligés lors de son « entraînement militaire », mais quand elle avoua l'abandon des soldats sur ordre du roi, le Hobbit parut offusqué.
« Je sais que le roi Thranduil peut se montrer dur et froid, mais jamais je n'aurais pensé qu'il s'abaisserait à un tel acte ! »
« On peut le comprendre », soupira Lowen.
Sa réponse surprit l'Elfe et le Hobbit.
« Quand on voit ce que je suis », expliqua la jeune fille en désignant son corps d'un geste de la main.
« Allons, ne dites pas de sottises ! » rouspéta Bilbon.
« Mais… je ne suis pas humaine, monsieur Sacquet. Je ne dis pas que Thranduil avait raison, juste que je sais combien les gens peuvent se montrer durs avec ceux qui sont différents. »
« Eh bien, ces gens sont des imbéciles ! » déclara le Hobbit sur un ton ferme.
Sa réponse surprit Lowen. Sans qu'elle s'y attende, la jeune fille rit de bon cœur. Ce geste surprit autant qu'il ravit Glorfindel. C'était la première fois qu'il entendait la jeune fille rire.
« Et sinon, que vous est-il arrivé après avoir fui les soldats du roi ? » demanda Bilbon.
Plus confiante, Lowen reprit son récit. Lorsqu'elle arriva au passage de sa disparition, la nuit où Glorfindel essayait de la protéger du Spectre ailé, elle hésita. Ses deux interlocuteurs étaient suspendus à ses lèvres, surtout Glorfindel qui s'était demandé pendant des années ce qu'elle était devenue.
Elle finit par lâcher la même vérité qu'à Gandalf et Elrond. Elle leur parla de Gaïa, de sa vie avec Sephiroth et ses frères, ainsi qu'Angeal, Genesis, ses amies Jessie, Iruka… Voyant que le Hobbit semblait un peu sceptique, elle se félicita d'avoir gardé aux poignets ses bracelets à matéria. Elle utilisa celle de Glace pour geler le thé dans la tasse du Hobbit. Ce dernier la retourna et vit le liquide tomber en bloc sur sa coupelle. Lowen lui donna la matéria Soin. Le Semi-Homme fit tourner le globe lumineux entre ses doigts avec fascination.
« J'ai entendu beaucoup d'histoires incroyables, mais je ne pensais pas qu'il pouvait exister d'autres mondes ! Vous êtes une jeune fille surprenante, Lowen. Pouvez-vous m'en dire plus sur Gaïa ? »
Souriante, la jeune fille poursuivit son récit.
Plus tard dans la matinée, Glorfindel prit congé.
Tandis qu'il s'éloignait, il se promit de la revoir plus tard et de la remercier pour avoir enfin résolu le mystère de sa disparition.
En l'entendant rire avec Bilbon, il eut un sourire attendri. Galadriel avait raison, il n'avait pas échoué dans sa mission.
Lowen avait vécu en sécurité et heureuse pendant des années, mais loin de la Terre du Milieu.
En songeant aux épreuves qui l'attendaient dans le futur, il pria les Valars pour que la chance continue de sourire à la jeune fille.
XxXxXxXxXxXxXxX
Assis sur un des sièges de la bibliothèque du seigneur Elrond, Aragorn lisait un livre, quand il entendit du bruit provenant du dehors.
Refermant son ouvrage, il se leva et marcha jusqu'au balcon donnant sur la cour d'entrée du palais.
Des cavaliers elfes arrivaient. Il reconnut parmi eux quelqu'un. Vêtu des mêmes couleurs vertes et marron que ses compagnons de voyage, Legolas se détachait des autres par son port plus altier et son aura un peu plus lumineuse.
Nous y voilà, pensa le rôdeur avec un soupir.
Il n'avait pas eu le temps d'écrire à son ami pour le prévenir de son aventure avec les Hobbits et Lowen, mais quand Elrond lui avait confié qu'il viendrait pour participer au conseil secret, le rôdeur avait décidé d'attendre.
Et à présent, il se devait d'annoncer la nouvelle au prince. Le rôdeur posa son livre sur le fauteuil, puis il se dépêcha de rejoindre les écuries.
Quand il rejoignit le bâtiment, Legolas en sortait. Les vêtements d'Elfe étaient poussiéreux, mais il avait toujours l'air parfait, comme tous les Elfes. Avec un sourire amical, le prince de Mirkwood s'approcha pour le saluer.
« Mae govannon, Estel ! »
Aragorn lui rendit son salut, mais hésita sur quoi répondre. Voyant son trouble, Legolas parut inquiet.
« Quelque chose ne va pas ? Vous semblez soucieux… »
« Ce n'est rien », dit le rôdeur. « J'ai une nouvelle… plutôt inattendue à vous communiquer. »
Curieux, le prince le suivit en direction du palais.
XxXxXxXxXxXxXxX
Fondcombe était un endroit incroyable.
Accompagné de Sam, Frodon marchait à travers les jardins. La lumière et la tranquillité qui régnaient en ces lieux apaisaient son âme.
Bien que sa blessure se fût rétablie, ce qui lui avait permis de quitter sa chambre, le seigneur Elrond lui avait recommandé de ne pas faire d'efforts inutiles.
Pourtant, en regardant les merveilles autour de lui, le jeune Hobbit en oubliait sa fatigue.
Lorsqu'il croisa Merry et Pippin au détour d'un sentier, il retrouva le sourire. Riant de soulagement, il serra ses amis dans ses bras, quand il aperçut deux personnes un peu plus loin, assises sur un banc.
Il reconnut Lowen, assise à côté de Bilbon. La jeune fille portait toujours son beau collier, mais elle avait aussi une belle robe bleu ciel, semblable à celle des dames de Fondcombe. Ses longs cheveux bruns tombaient librement sur ses épaules.
Quant à Bilbon, il semblait occupé à écrire quelque chose dans un livre, tandis que la jeune fille le regardait faire.
Sentant son regard, Lowen tourna la tête et eut un sourire soulagé en le voyant. Elle se leva du banc et courut serrer le Hobbit dans ses bras. Ce dernier lui rendit son étreinte avec joie, puis il rejoignit Bilbon.
Soulagé de le revoir sain et sauf, le vieux Hobbit le laissa le serrer dans ses bras.
Comprenant que Frodon et Bilbon avaient besoin de temps ensemble, Lowen s'éclipsa avec Sam, Merry et Pippin.
« Il semble aller mieux », dit la jeune fille.
« Oui, mais il doit se reposer encore un peu, avant qu'on reparte », dit Sam.
La jeune fille s'arrêta.
« Oh… vous repartez bientôt ? » s'étonna-t-elle.
« Oui, nous devons retourner dans la Comté », dit le jardinier.
La jeune fille n'émit aucune objection. Elle-même aurait tout donné pour retourner sur Gaïa, mais elle était un peu triste à l'idée de bientôt se séparer de ses nouveaux amis.
« Et vous, Lowen ? Gandalf a pu vous aider ? » demanda Merry.
« Non », soupira la jeune fille. « Personne ne sait comment m'aider à retourner chez moi. »
Les Hobbits parurent surpris d'entendre ça.
« Pourquoi ? Midgar est si éloignée que ça ? » s'étonna Pippin.
Avec un sourire amusé, Lowen haussa les épaules. Elle n'avait raconté qu'à Bilbon et Glorfindel qu'elle venait d'un autre monde, et elle n'avait pas envie de répéter ses révélations tout de suite. Cela lui rappelait trop le fait qu'elle ne pourrait jamais y retourner.
« Dans ce cas, vous allez rester ici ? » demanda Sam.
« J'imagine. À une époque, j'espérais y vivre, quand j'étais enfant, alors… pourquoi pas ? En attendant, j'aimerais penser à autre chose. Vous pourriez me parler de la Comté ? Vous ne m'en avez jamais vraiment parlé, jusqu'ici. »
Ravis, les Hobbits poursuivirent leur promenade avec elle en lui décrivant Hobbitbourg, les jardins de Cul-de-Sac dont Sam s'occupait avec amour, les délicieux plats et l'excellente bière du Dragon Vert dont Merry et Pippin raffolaient…
XxXxXxXxXxXxXxX
Isolés sur une esplanade en pierre surmontant les jardins, Legolas et Aragorn regardaient Lowen marcher en discutant gaiement avec les Hobbits.
Le prince de Mirkwood n'arrivait pas à y croire. C'était bien elle, même si son visage avait perdu les rondeurs de l'enfance pour des traits plus fins et harmonieux. Vêtue comme les dames Elfes de Fondcombe, on aurait pu la prendre pour l'une d'entre elles si ses oreilles n'arboraient pas cette rondeur typique des Hommes.
« Je la croyais morte », souffla le prince.
Aragorn étudia le visage de son ami. Il avait l'air impassible, mais on pouvait deviner du soulagement dans sa voix.
« Nous l'avons tous cru », le rassura le rôdeur.
Le prince hocha la tête.
« Et où était-elle, en réalité ? »
« Vous devrez le lui demander. Elle ne m'a pas donné beaucoup de détails, elle semble d'un naturel réservé, même si nous avons fini par devenirs amis. »
Legolas lui fit signe qu'il avait compris. Il eut envie de la rejoindre, mais il jugea que ce n'était pas le bon moment. Elle avait l'air heureuse, à se promener ainsi avec les Hobbits. Lorsqu'il l'entendit rire, il fut intérieurement surpris. Jamais il n'aurait cru cela possible ! Oui, l'enfant solitaire et réservée qu'il avait connue autrefois avait bien changé.
« Irez-vous lui parler ? » demanda Aragorn.
« Pas tout de suite… Je crains que cela ne ravive de mauvais souvenirs chez elle. »
« Je comprends. »
Après cela, les deux amis s'éloignèrent vers l'aile réservée aux invités.
