Chapitre 1
Cela faisait plusieurs jours que le clan de Gidéon se trouvait à Volterra. Leur chef n'arrêtait pas de surveiller les moindres décisions d'Aro comme s'il était incapable d'en prendre une. Et tout ça pourquoi? Parce qu'il n'avait plus de femme. Il s'était forcé à être avec ses courtisanes. Qui lui faisaient des avances plus ou moins subtiles. Cette image parut plaire à son Créateur.
Marcus avait l'air d'être outré par le comportement de Gidéon. Anemeth n'arrêtait pas de contempler son promis bien qu'elle n'était pas totalement d'accord avec les agissements de son père. Caïus et Athenodora désapprouvaient les agissements de ce nouveau venu bien qu'ils le connaissaient depuis la formation du clan des Volturi. Quant à Didyme, dès qu'il y avait le Créateur de son frère dans les parages, elle le fuyait comme la peste. Ne souhaitant pas créer d'esclandre.
Un soir, alors qu'Aro était prêt à s'en aller dans ses appartements, Eirtraë, la soeur adoptive d'Anemeth, le trouva. Sa démarche était lente et féminine. Elle avait opté pour une robe blanche à moitié transparente. Le Maître des Lieux l'observa se diriger vers lui. Elle prenait le temps qu'il fallait pour que les vampires mâles puissent la regarder. Car elle aimait les réactions qu'ils exprimaient. Eirtraë avait presque le même pouvoir qu'Heidi. La vampire attirait sa proie dans sa couche, l'amadouait avec son charme puis arrachait facilement les confidences de sa victime sans qu'elle s'en rend compte. Elle était connue pour être une nymphomane. Et quelque chose disait à Aro que cette fois-ci, c'était lui sa proie.
Eirtraë était grande pour une femme. Elle avait des formes généreuses et le teint mate. Les traits de son visage étaient anguleux. Ses lèvres pulpeuses donnaient envie de les croquer. De longs cheveux noirs encadraient son magnifique visage. Ils étaient ondulés et flottaient au vent à chaque pas qu'elle faisait. Sa chevelure lui faisait vaguement pensé à Eir. Il secoua la tête négativement. La mortelle lui manquait affreusement.
La vampire femelle crut qu'Aro chassait des pensées embarrassantes et esquissa un sourire victorieux.
"_ Souhaitez-vous que je monte avec vous? Demanda-t-elle avec un ravissant sourire."
Aro fit mine de réfléchir. Il voulait être seul mais puisque Gidéon épiait ses moindres faits et gestes, il ne pouvait rester les bras ballants. Son Créateur pensait que son fils aurait été bien avec Anemeth mais Eirtraë était une bonne femme, si l'on mettait son goût pour les tenues provocantes de côté. Elle avait bon fond mais il n'y avait qu'Aro qui le savait. Le vampire mâle lui proposa son bras. Sa compagne d'une nuit ronronna de plaisir. Heureuse que son vieil ami ne l'ait pas refusé.
"_ Vous n'êtes pas n'importe qui, Eirtraë, murmura-t-il suavement."
Il perçut son tremblement, son frisson rempli de désir et de luxure. Néanmoins il sentit une odeur de crainte. Il baissa les yeux sur la vampire et arqua très élégamment un sourcil, interrogateur.
"_ Ce... Ce n'est pas ce que... Pense Gidéon, soupira l'Immortelle."
Aro savait que Gidéon avait recueilli Eirtraë alors qu'elle était en train d'être violentée par son époux. Son sauveur ne fut pas mieux que lui. Il la considéra comme son esclave personnel. Et le frère de Didyme l'avait détesté pour cela.
"_ Et moi, je pense le contraire, martela-t-il avec conviction."
Eirtraë esquissa un autre sourire. Le vampire était le seul à la considérer comme une personne normale de la communauté vampirique.
"_ Savez-vous que Gidéon..., commença-t-elle."
D'un coup, elle sursauta et se retourna pour balayer le couloir du regard. Le roi remarqua sa frayeur dans son doux parfum de myrte et d'ambroisie.
"_ Vous ne risquez rien en restant à Volterra, vous le savez."
Lorsque Gidéon avait transformé Aro, et après qu'il ait découvert son pouvoir, il interdit Aro de s'en servir sur lui. Au départ, le Maître de Volterra avait pensé que son Créateur voulait garder un semblant d'intimité. Et même vu qu'il était son "fils", il n'avait pas le droit de lui poser des questions sur son passé. Mais il ressentit de la détresse dans la voix de son amie et il voulait la rassurer.
"_ Vous ne savez pas ce qu'il est capable de faire si jamais il apprenait... Ce que je m'apprêtais à vous dire..."
Aro fronça les sourcils, interrogateur. Ils arrivèrent, au même moment, à ses appartements. Il s'effaça afin de la laisser entrer puis il referma la porte après avoir vérifier les alentours. Il verrouilla la porte d'entrée et se tourna lentement vers le centre de la pièce. Eirtraë se trouvait au milieu de la pièce, totalement immobile comme une statue grecque. Aro n'aimait pas la voir ainsi.
"_ Que se passe-t-il de si important pour que vous veniez me voir?
_ Gidéon se doute que vous aimez une autre femme.
_ Et qu'a-t-il comme preuve pour appuyer ses dires?
_ Vous êtes distant avec vos courtisanes. Vous avez refusé leurs avances. Le numéro de séduction que vous avez fait a échoué. Il attend que vous fassiez un mauvais pas pour bondir sur vous. Et croyez moi, il ne sera pas tendre."
Aro se mordit la lèvre inférieure. Il se détourna de la vampire pour fermer les yeux et s'apaiser mentalement. Si jamais Gidéon apprenait pour Eir... Sa poitrine lui fit mal. Encore une fois... Il se pinça les lèvres afin d'éviter de gémir de douleur. Il se massa son côté gauche, là où son cœur y était.
"_ Aro, je sais que vous nous cachez quelque chose. Et cette chose, il va la trouver pour vous mettre à genoux."
Le frère de Didyme réfléchissait à un moyen pour se sortir de cette situation. Mais quelque chose lui disait de se méfier de son Créateur. S'il devait combattre Gidéon, il ne pourrait gagner face à lui. Un lien invisible les reliait et l'empêchait de le tuer. Par contre... Gidéon pouvait aisément l'anéantir... Ainsi que Marcus et Caïus. Et il n'aura aucuns remords à tuer Didyme. Il ne pouvait pas faire complètement confiance en Eirtraë car elle était utilisée pour soutirer des informations pour Gidéon. Aro devait trouver une histoire sans pour que cela soit trop tiré par les cheveux.
"_ Depuis... Depuis que Sulpicia... M'a trahi... Je n'ose plus redonner ma confiance... A une femme. Celles qui m'entouraient ce soir... Elles espèrent toutes que je choisisse l'une d'entre elles pour qu'elle puisse gravir les marches et atteindre le pouvoir. Elles veulent m'avoir que parce que je suis au pouvoir. Pas pour ce que je suis vraiment... Je... Je veux quelqu'un qui ne me voit pas comme un roi mais comme un vampire normal. N'ai-je pas le droit au bonheur?"
Eirtraë le fit se retourner, mit sa main sur la joue du souverain des Immortels et lui souria tendrement. Elle était touchée que son ami ait eu la force de se confier à elle. Elle était consciente que ce n'était pas facile pour lui. Il était orgueilleux comme tous les vampires. Aro saisit une mèche de l'Immortelle, la porta à son nez et huma sa douce fragrance. Depuis qu'il avait rencontré Eir, il ne voulait plus coucher avec quelqu'un qui ne partageait pas les mêmes sentiments que lui.
Mais Eirtraë... Il savait qu'elle l'aimait.
"_ Donc il n'y a pas une femme qui vous plaise à Volterra? Roucoula-t-elle tout en battant les cils.
_ Elle vient tout juste d'arriver, révéla Aro en levant les yeux vers la femme."
La concernée ferma les yeux. Le roi vit que ses lèvres tremblaient de frustration. Ou de peine.
"_ Anemeth?"
Aro savait aussi qu'Eirtraë enviait sa grande sœur car c'était elle qui avait enseigné les plaisirs charnels au Maître de Volterra.
"_ Non."
La vampire frissonna. Elle passa son poids de droite à gauche. Aro fut content de son petit effet. Il eut un mince sourire.
"_ Je vais vous libérer de Gidéon, Eirtraë.
_ Oh..."
Ses yeux pourpres s'écarquillèrent de surprise. Si elle avait été humaine, Aro savait qu'elle aurait piqué un fard. Lentement le vampire se pencha vers le visage de sa congénère. Leurs lèvres se touchèrent. Leurs haleines se mélangèrent. Leurs mains partirent à la conquête du corps de l'autre tout en balayant les tissus qui gênaient à leur progression. Le roi haleta face à un désir si longtemps refoulé. Il poussa sa compagne jusqu'au lit pour qu'elle s'allonge. Elle s'étendit sur les couvertures en soie. Aro l'observa avec une expression rassurante. Il voulait montrer qu'il n'était pas comme Gidéon. Eirtraë l'attendait. Ses mains reposaient sur sa poitrine comme si elle avait honte qu'il la regarde ainsi.
"_ Retirez-moi ces mains. Vous savez que vous êtes une femme magnifique."
Le Maître des Lieux s'allongea sur elle et débuta ses caresses. Leurs bouches se retrouvèrent et leurs baisers devenaient plus intenses, plus langoureux, plus fougueux. Leurs corps dansaient l'un au-dessus de l'autre. Tantôt doux et sensuel. Tantôt agressif et féroce. Aro ne put qu'imaginer l'effet que cela aurait pu lui faire si c'était Eir à la place d'Eirtraë. L'odeur de leur luxure sur la soie. La chaleur se mêlant à sa froideur. Les battements de son cœur résonnant dans son corps bouillonnant. Le vampire grogna. Il était si proche de la jouissance. Ses bras entouraient le cou de sa compagne alors qu'il approfondissait ses vas-et-viens. Il savait que penser à Eir alors qu'il était dans les bras d'une autre femme était irrespectueux. Ce n'était qu'ainsi qu'il se sentait vivant! Mais à chaque fois qu'il rouvrait les yeux et qu'il voyait le visage de l'Immortelle, il s'éloignait peu à peu de sa délivrance. Il eut des difficultés à retrouver un rythme et réussit à se satisfaire avec ce qu'il pouvait.
Repus de leurs ébats, ils restèrent allongés sur le lit, silencieux. Eirtraë tourna la tête vers son compagnon tout en glissant sa main vers l'entrejambe du vampire. Mais avant même qu'elle saisisse l'objet de ses désirs, elle fut brusquement arrêtée.
"_ Vous ne m'avez pas tout dit à propos de Gidéon, fit remarquer Aro, songeur."
Il sentit les muscles de la vampire se raidir.
"_ Didyme a eu une réaction étrange quand elle a vu le collier qu'avait notre Créateur."
Aro arqua un sourcil. Il n'avait pas perçut de réaction trop violente de la part de sa petite sœur. Elle s'était plutôt contenue. A moins que son regard l'ait trahi.
"_ Continuez."
Mais la suite ne vint pas. Au lieu de cela, il sentit une violente envie de la prendre. Soit. S'il fallait passer par là pour avoir toutes ses informations, il le ferait mais il se jure qu'elle n'aura pas un seul indice si jamais Gidéon ou ses "filles" apprenaient l'existence d'Eir.
Aro virevolta et vint rapidement sur le corps de la femme. Il s'inséra doucement en elle et imposa un rythme endiablé qu'Eirtraë parut aimée. Ses gémissements résonnaient dans ses oreilles et l'encourageaient à accélérer la cadence. Eirtraë fut saisit par de multiples orgasmes et cherchait désespérément à en avoir plus. Ce qu'Aro put lui offrir durant leur câlin.
Leur petit jeu continua plusieurs jours et plusieurs nuits. Aro espérait que ce manège allait convaincre Gidéon qu'il avait trouvé sa compagne en Eirtraë. La vampire était dans les bras de son souverain. Sa main gambadait sur son torse. Elle était prête à le chevaucher une nouvelle fois. Elle voulait sa liberté et Aro comme époux. Elle ne laisserait pas Anemeth le lui prendre. Mais elle sentit que son vampire était ailleurs. Elle le trouvait souvent ainsi lorsqu'ils terminèrent leurs ébats. Cela l'intrigua quelque peu.
"_ Qu'est-ce qui vous tracasse, mon doux souverain?"
Aro s'humecta les lèvres, soucieux de ce qu'il allait devoir dire. Il hésitait à lui dire la vérité.
"_ Vous êtes consciente que je ne pourrais pas rendre tout l'amour que vous me donnez? Répondit-il avec un ton désolé."
Eirtraë se tourna vers lui, plaquant son torse contre celui de son compagnon. Une nouvelle envie se propagea dans tout son corps.
"_ Je le sais. Je l'ai senti...
_ Je vous libérerais de Gidéon, Eirtraë. Vous en avez ma parole.
_ Je n'en doute pas, Aro. Vous êtes un homme de parole."
Il y eut un silence.
"_ Qui est l'heureuse élue?"
Ce fut au tour d'Aro d'écarquiller les yeux, mais sa surprise passa très rapidement. Il eut une idée afin que personne ne se doute de son amour pour une humaine.
"_ A vrai dire, c'est un élu.
_ Oh... Je... Je ne pensais pas... Que... Vous étiez... De ce bord-là.
_ Je n'ai pas dit que je n'aimais pas votre présence."
En disant ces paroles, il saisit la main de son amante et la descendit vers son entrejambe.
"_ Je n'aurais pas fait ça avec n'importe qui. Et vous n'êtes pas n'importe qui, reprit Aro suavement.
_ Est-ce que je le connais?
_ Non, peut-être que de nom.
_ Qui est-ce?
_ Carlisle Cullen.
_ Le végétarien?"
Aro eut un franc sourire comme pour confirmer la question d'Eirtraë.
"_ Gidéon ne l'aime pas. Il considère ces vampires comme des abominations. Une sorte d'hérésie qu'il faut s'en débarrasser."
Le roi se pinça les lèvres, soudainement anxieux pour la sécurité de Carlisle et de son épouse. Il chassa la main gourmande de son amante, se leva et commença à s'habiller. Il devait mettre en garde son ami le plus tôt possible.
"_ Ai-je dit quelque chose de mal? Fit innocemment la vampire."
Aro sentit dans la voix de l'Immortelle qu'elle était prête à tout pour avoir la première place.
"_ Et si on reprenait notre conversation? Supposa-t-elle, à moitié songeuse. Je suis certaine que vous n'avez pas toutes les informations que vous souhaitez."
C'est vrai qu'ils n'avaient plus trop reparlé depuis leurs ébats. Ils s'étaient quelque peu éloigné du sujet. Eirtraë s'assied sur le lit sans pour autant se couvrir.
"_ En quoi ma sœur a eu une réaction étrange?
_ Gidéon soupçonne que Didyme connait la personne à qui appartient ce collier."
Aro garda le silence. Il ne pouvait encore rien dire à Eirtraë. Certaines choses pouvaient être rapportées à leur Créateur.
"_ Vous aussi vous la connaissez, n'est-ce pas? Devina l'Immortelle."
Il se mordit la lèvre inférieure. Et il se rendit compte qu'il s'était trahi tout seul. Il grogna de mécontentement. Comment devait-il pu être aussi naïf? Eirtraë le connaissait depuis trois mille ans. Elle savait le déchiffrer. Il ne pouvait pas lui mentir car ses mensonges éclateront tous en mille morceaux.
"_ Le collier qu'a votre père doit appartenir à la Maîtresse d'Avalon.
_ Celle avec qui vous avez traité il y a dix ans.
_ Elle ne l'avait pas lorsque je l'ai rencontré."
C'était une demi-vérité mais il pouvait raconter autre chose qu'Eir leur avait dit peu de temps qu'ils s'étaient rencontrés.
"_ Ce collier, je l'ai vu lors d'un combat entre Avaloniens et notre clan. Les humains avaient battu en retraite mais une seule femme était restée nous faire face. Elle maîtrisait l'eau et l'air avec dextérité et agilité. Elle ne voulait pas nous faire du mal. Elle voulait juste discuter avec nous et nous, ayant peur qu'elle révélasses notre secret aux yeux du monde, nous l'avions donné à nos Nouveaux-Nés. Autant vous dire qu'elle n'a pas résisté longtemps entre leurs mains. Son corps était couverte de blessures, de morsures. Et elle portait ce collier autour de son cou. A cette époque, j'ignorais qu'elle était la Maîtresse d'Avalon. Je ne pensais qu'à nous préserver des humains."
Eirtraë se leva d'un bond et vit vers son amant. Ele entoura le bas de son visage de ses mains et fit:
"_ Je ressens votre culpabilité, Aro."
Le concerné soupira, baissa la tête, vaincu.
"_ Elle s'appelait Saoirse. Elle voulait nous prévenir que les Roumains cherchaient à nous nuire mais nous ne l'avions pas écouté. Si nous n'avions pas agi par peur, nous aurions pu libérer Didyme plus tôt. Et elle n'aurait pas autant souffert."
Eirtraë l'enlaça tendrement. Aro répondit à son étreinte tout en repensant à ses paroles. Eir ne serait pas dans le coma à l'heure actuelle. Ça aussi, il s'en voulait. Il se détestait pour cela.
"_ Gidéon déteste les Avaloniens, déclara-t-elle.
_ Pourquoi? Ils ne se sont jamais occupés des affaires vampiriques.
_ Non. Je pense... Que cela date de quand il était humain."
Aro ne l'interrogea pas plus. Il ne voulait pas insister. Il devait enquêter discrètement sans avoir recoure à son pouvoir. D'abord il devait trouver un plan pour récupérer le collier d'Eir. Il ne voulait pas que cette vision arrive. Il ne voulait pas perdre Eir. Et il était prêt à tout pour qu'elle ne souffre pas. Pour que personne ne puisse lui faire du mal. Cette vision... C'était son cauchemar... Sa plus grande peur.
"_ Qu'est-ce qui vous rend aussi pensif?
_ Rien. Je réfléchissais à un moyen pour faire ma demande au mariage.
_ Inutile d'être romantique comme ces humains."
Aro fut quelque peu déçu par le choix de son amie. Il souhaitait que cette ruse soit convaincante pour Gidéon. Mais si Eirtraë ne faisait pas d'effort, il ne pouvait rien faire de plus. De quelle façon pouvait-il faire sa demande? Son esprit vogua une fois de plus vers Eir. Il aurait aimé que ce soit elle à qui il déclarait sa flamme, son amour. Mais au lieu de cela, il devait jouer la comédie.
Soudain, leurs sens indiquèrent l'arrivée d'un individu, qui rentra sans même frapper à la porte.
"_ Gidéon..., fit Aro, gravement."
Les yeux de son Créateur s'étaient dilatés. Il avait l'air d'un fou ainsi.
"_ Comment as-tu pu..., commença-t-il en s'avançant dangereusement vers Aro."
Celui-ci grogna, en signe d'avertissement. Il se mit devant son amie pour la protéger. Jamais plus, il ne la touchera.
"_ Je veux Eirtraë comme épouse. C'est pour cela que je n'aime plus Anemeth, dit Aro.
_ Tu peux prendre Amerseth, Ispene ou Io! Ou toutes si tu veux mais rends-moi Eirtraë!"
Son Créateur était nerveux. Trop nerveux. Il cachait quelque chose. Le Volturi plissa les yeux comme pour déceler la vérité. Hélas il avait fait une promesse à Gidéon et à son clan. De ne jamais utiliser son pouvoir. Comment pouvait-il l'utiliser sans se faire remarquer? Gidéon, si sa ruse était dévoilée, n'hésiterait pas à le tuer. Ou alors... Il pouvait toujours demander à Heidi pour obtenir ses précieuses informations.
"_ Ce sera Eirtraë ou rien du tout."
Il savait que Gidéon avait du mal à céder son jouet. Après tout, Eirtraë pouvait s'avérer utile. Aro était toujours à la recherche de don pouvant augmenter considérablement son pouvoir. Quoi de mieux que d'avoir une femme pour soutirer les secrets les plus intimes à ses ennemis? Son Créateur le regardait avec fureur. Il ne l'avait jamais vu ainsi. En tout cas, il n'avait jamais récolté ses foudres. Mais s'ils devaient se battre, Aro ne se laisserait pas mourir aussi facilement. Soudain, les traits du visage de l'Immortel se firent plus lisses cependant le Volturi n'était pas dupe. Gidéon commença à faire les cents pas, s'arrêta plusieurs fois pour fusiller Aro du regard et recommença à tourner en rond. Le frère de Didyme resta impassible. Il voulait lui faire comprendre qu'il ne céderait pas, qu'il resterait camper sur ses positions. Le vampire se stoppa brusquement et un sourire mesquin se dessina sur ses lèvres. Aro grogna une nouvelle fois.
"_ J'ai cru... Comprendre que Didyme... Avait beaucoup souffert lors de sa captivité avec les Roumains."
Gidéon laissa planer un lourd silence tandis qu'Aro s'était pétrifié d'effroi. Un puissant grognement fit trembler sa poitrine. Il n'avait pas le droit de toucher à sa soeur. A son sang! Il n'en avait pas le droit! Aro s'approcha dangereusement de son Créateur. Il montra ses dents tout en grondant sur son adversaire.
"_ Je vous interdis de vous en prendre à Didyme. C'est une affaire entre vous et moi."
Mais cela ne fit guère peur au concerné qui continua sur sa lancée:
"_ Ce serait vraiment dommage qu'elle revive ses pires cauchemars...
_ Vous osez lui faire du mal, je vous jure que vous passerez un sale quart d'heure."
Aro le saisit par le col et le plaqua contre le mur.
"_ Ne vous avisez pas de la toucher!
_ Alors abandonne Eirtraë et Didyme ne revivra pas toute cette souffrance."
Aro grogna férocement. Il osait le menacer. Il voyait rouge. Sa soeur était tout pour lui. Il venait à peine de la retrouver que Gidéon osait lui faire du mal.
"_ Tu sais que tu ne pourras rien me faire... Je suis ton Créateur. Tu ne peux pas me tuer. Caïus et Marcus non plus."
Aro sentit Eirtraë bouger sur sa droite. Il crut qu'elle allait l'attaquer par derrière. Mais il se trompa complètement. Il sentit une odeur de crainte. La main de la vampire se posa délicatement sur l'épaule de son amant.
"_ Aro, dit-elle. Ce n'est pas grave. Pensez à Didyme.
_ Je vous ai fait une promesse, siffla-t-il.
_ Imagine-moi au-dessus de ta soeur, murmura Gidéon tout sourire. Elle, en train de me supplier d'arrêter et moi...
_ La ferme! Dégagez!"
Aro le balança contre le mur, qui céda. Le Volturi passa à travers les débris pour ressaisir son ennemi. Il tentait vainement de le maîtriser mais sa colère était tellement forte qu'il faisait tout pour que Gidéon n'ait pas d'emprise sur lui. Il savait que sa colère pouvait l'entraîner vers la mort. Des bruits de pas se rapprochaient. Peu à peu, le couloir se remplissait d'Immortels. La plupart appartenait à la garde royale. Le Maître des Lieux parvint à le maîtriser et ordonna d'une voix autoritaire:
"_ Quittez Volterra au plus tôt autrement vous n'y passerez pas la nuit. Vous n'y êtes plus le bienvenu."
Gidéon sourit. Son regard reflétait toute sa méchanceté. Aro eut un frisson et crut qu'il venait de commettre une erreur. Une erreur qui pourrait lui être fatal. Mais il se ressaisit rapidement.
"_ Vous n'aurez pas ce que vous voulez. Je ne me marirais pas pour vous faire plaisir. Et en aucun cas, vous toucherez à Didyme. Maintenant partez avant que je ne change d'avis."
Eirtraë avait remis sa robe et l'avait rejoint dans le couloir. Elle allait suivre Gidéon mais Aro l'arrêta en lui barrant le chemin.
"_ Vous n'êtes pas obligé de le suivre. Vous êtes en sécurité à Volterra.
_ Même s'il s'en va, si je reste, il trouvera un moyen pour vous nuire et je veux éviter cela. Je ne veux pas que vous souffrez.
_ Eirtraë, vous méritez tellement mieux, soupira-t-il tristement. Soyez prudente.
_ Vous, soyez-le. Je connais Gidéon. Il vous frappera au moment où vous vous y attendrez le moins."
Sur ces mots, la femelle vampire suivit son Créateur tout en jetant un dernier regard à son amant. Aro comprit qu'elle avait du mal à le quitter car elle allait retourner en enfer. Le brun se pinça les lèvres, honteux de ne pas pouvoir respecter sa parole. Caïus, Marcus, Didyme et Athénodora vinrent à sa rencontre après les bruits que les deux Immortels avaient provoqués.
"_ Que s'est-il passé? Demanda le blond, étonné du désordre qu'avait fait Aro."
Le concerné se tourna vers Démétri, Félix et Santiago et ordonna:
"_ Prenez d'autres membres de la garde et escortez-les jusqu'aux remparts de Volterra. Je ne veux plus les voir ici."
Marcus se plaça devant lui et l'interrogea silencieusement du regard. En guise de réponse, Aro grogna furieusement. Ses mains tremblaient.
"_ Aro? Que s'est-il passé? S'impatienta Caïus."
Le frère de Didyme balaya le couloir du regard et gronda encore plus fortement. Ses yeux se posa sur sa petite soeur. Il prit une de ses mains et l'emmena dans la bibliothèque privative des rois. Et d'un coup, il l'enlaça tendrement. Didyme sentait qu'il tremblait de tout son corps.
"_ Aro..., murmura la douce voix de sa soeur."
Il enfouit son visage dans son cou, reniflant son coeur, reniflant son odeur pour s'apaiser. Les mains de Didyme frottaient son dos afin qu'il puisse se détendre plus rapidement. Marcus, Caïus, Didyme et Athénodora durent attendre plusieurs minutes avant qu'Aro raconte ce qui s'était passé. A la fin, Didyme tremblait aussi et avait fini dans les bras de son âme-soeur.
"_ Je ne veux plus le voir ici, répéta Aro, choqué. Je ne veux plus qu'il s'approche de nous."
Son beau-frère acquiesça de la tête comme pour confirmer les dires de son ami. Quant à Caïus, son visage était aussi lisse que la surface d'un étang glacé.
"_ Rassurez-moi, vous ne lui avez pas parlé d'Eir? Interrogea le blond.
_ Non. Mais j'ai comme l'impression qu'il nous épiait déjà lorsque nous sommes allés à Landerneau."
Caïus grogna lui aussi. Celui qui touchait à un seul cheveux de sa descendante allait le regretter amèrement.
"_ Nous devrions ordonner à sa garde vampirique d'aller la rejoindre, proposa Marcus. Carlisle est pacifique mais je ne pense pas que Gidéon discutera beaucoup avec lui.
_ En plus, Alice n'a jamais vu Gidéon, elle ne pourra pas avoir de vision le concernant, reprit Aro très gravement.
_ Peut-être qu'il n'attend que ça, supposa Didyme. Que vous lui indiquez où elle se trouve en vous séparant d'une partie de votre garde."
La remarque de sa soeur était très pertinente. Il pouvait s'agir d'un piège. Aro se mordit la lèvre inférieure. Si seulement, il pouvait faire venir Eir et Carlisle à Volterra... Tout serait plus simple, beaucoup plus simple...
"_ Je peux... Je peux revenir sur mes paroles et présentez des excuses afin d'éviter qu'il tente quoique ce soit contre Carlisle, murmura Aro.
_ Non. Nous allons prévenir Carlisle de ce problème et lui, il pourra contacter les autres clans. Gidéon ne s'attendra pas à ça. Eir s'entendait bien avec une grande partie d'entre eux. Ils accepteront.
_ Je veux bien... Mais combien de temps cela durera? Ils ne resteront pas des siècles autour de Carlisle et Eir pour les protéger. Ils ont leur territoire à garder.
_ Ils le feront, le temps qu'il faudra."
Marcus saisit son téléphone portable et composa le numéro de Carlisle. Ils entendirent une tonalité et après trois bip sonore, ils perçurent une voix...
