Chapitre 2
"_ Surprise!"
Les Volturi arrêtèrent de respirer. Ils ne battaient plus des paupières. La famille royale était stupéfait par la voix qu'elle venait d'entendre. Marcus jeta un coup d'oeil à Aro et à Caïus, l'air de dire ce qu'ils allaient faire. Cette voix douce, enjouée, et un tantinet moqueuse, qui respirait la gaieté, se pourrait-il que les prières d'Aro aient été entendues? Aro se balança d'un pied sur l'autre. Il avait l'impression qu'on l'inspirait. Il sombrait dans le néant.
"_ Carlisle? Es-tu sûr que ton portable fonctionne bien car je ne les entends pas."
Une petite voix chantonnait dans l'esprit du roi des vampires: "Elle est réveillée! Elle est réveillée! Elle est réveillée!" Mais il était complètement incapable de prononcer un mot, une phrase tellement il était ému par cette nouvelle.
"_ Ils t'entendent très bien, fit la voix fluette d'Alice. C'est juste qu'ils ne s'attendaient pas à t'avoir, à t'entendre."
Il y eut un court silence. Aro imaginait bien la tête d'Eir, étonnée, et qu'elle allait dire une bêtise propre à elle.
"_ Tu es en train de me dire qu'ils ont fait une sorte... D'arrêt cardiaque?
_ Euh... Oui, si l'on peut dire..."
Ce fut Didyme qui réagit la première. Elle arracha le portable des mains de son mari, mit le haut-parleur - bien qu'ils n'en avaient pas besoin - et fit tout contente:
"_ Comment vas-tu, Eir?
_ Enfin! Une réaction! Ce n'est pas trop tôt! J'ai cru que j'allais devoir raccrocher pour appeler votre secrétaire. Je vais bien, mise à part que je me suis réveillée avec dix ans en plus, que j'ai perdu un enfant et que je dois me rééduquer. A part ça, tout va bien dans le meilleur des mondes. Tiens, Jasper, tu me dois cent euros. Tu as perdu au paris. Ce n'est pas Aro qui a réagi en premier. C'est Didyme. Alice a vu votre discussion aussi. Vous m'expliquerez ça plus tard car Alice n'a pas voulu me dire de quoi il en retournait."
Ils entendirent un grognement lointain alors que les rires d'Eir et d'Alice retentissaient dans le combiné. Athénodora fut la seconde à bouger. Elle fit un pas en avant pour rejoindre son amie, sa sœur, Didyme. Une de ses mains était sur son cœur mort tandis que l'autre était sur son menton. Son expression montrait clairement qu'elle se faisait du soucis pour Eir.
"_ Te rééduquer? Répéta Athénodora, inquiète.
_ Vu qu'elle a été longtemps dans le coma, elle a perdu partiellement l'usage de ses jambes, expliqua Carlisle. Elle est en train de faire des exercices pour pouvoir bouger comme avant.
_ Elle va remarcher, n'est-ce pas?
_ Oui, elle a fait des progrès. Elle arrive à bouger ses orteils. Légèrement ses pieds."
Quelqu'un se râcla la gorge. Aro crut que cela appartenait à une des femmes.
"_ Ça va? Je ne vous dérange pas trop? Pouvez-vous arrêter de parler comme si je n'étais pas là? Ce serait sympa, intervient Eir, faussement outrée. Tant que je n'arriverais pas à marcher, je n'irais pas à Volterra. Il n'est pas question que je me fasse insulter par des vampires prétentieux et ignorants."
Le vampire savait qu'elle ne parlait pas des Volturi mais des Immortels de passage, des courtisanes. C'était tout elle. Elle voulait se préserver, ce qui était compréhensible. Et elle ne voulait pas mettre les rois en difficulté face à leurs sujets.
"_ Et si nous trouvions une maison pour vous accueillir à Volterra? Proposa le frère de Didyme. Athenodora et ma sœur pourraient l'aménager à votre goût. Et il n'y aura que votre clan et les membres de votre communauté qui pourront y séjourner."
Les Immortels entendirent les battements du cœur d'Eir s'affoler. Marcus eut un sourire. Il était évident que l'humaine réagissait à la voix de son âme-sœur. Aro imagina sans difficulté les rougeurs sur les joues de sa moitié.
"_ Eh bien... Si nous partons de ce principe-là, dit-elle en bégayant légèrement. Je... Je ne vois pas... D'inconvénients.
_ Vous avez fait mouche, on dirait, plaisanta Caïus en donnant un coup de coude dans les côtes de son future gendre.
_ Je vous ai entendu, Père. J'ai, peut-être, perdu l'usage de mes jambes mais je suis loin d'avoir perdu mon ouïe."
Le blond éclata de rire. Il était soulagé d'entendre à nouveau sa voix. Il s'humecta les lèvres, il voulait clairement parler à sa fille adoptive. Aro pouvait sentir ses effluves d'impatience. Et la patience n'était pas le fort de Caïus.
"_ Est-ce que tu penses que je suis apte à voyager, Carlisle?
_ Oui..., fit lentement le médecin. Nous prendrons notre temps pour arriver.
_ On ne peut pas prendre l'avion? Ca irait plus vite et on attendra à Florence, fit Eir, impatiente."
Aro voyait bien la mine pensive du médecin. Sa main, étant sur son menton, devait montrer qu'il pesait le pour et le contre de cette idée.
"_ Oui mais j'ai peur que tu sois plus fatiguée...
_ Carlisle, si nous y allons en voiture, ça risque vraiment de me fatiguer deux fois plus que si nous prenions l'avion.
_ Elle n'a pas tort, fit Alice. Je ne vois pas de complications si c'est cela qui t'inquiète.
_ Bah tu vois! Inutile de s'inquiéter, dit Eir, joyeusement. Alice, réserve les billets.
_ C'est déjà fait!
_ Quand arrivez-vous? Questionna Caïus.
_ Demain dans la soirée. Nous prendrons des chambres à votre hôtel, les Quatre Saisons. Nous viendrons à Volterra le lendemain, répondit Alice. Cela vous convient-il?"
oOoOoOoOo
Aro vagabondait dans sa petite cité étrusque, à la recherche d'une belle maison pour son âme-soeur. Depuis le coup de téléphone à Carlisle, un sourire niais était sur ses lèvres. Eir allait venir à Volterra. Il pourrait passer la voir pour s'occuper d'elle. Il était si heureux qu'il avait l'impression de flotter sur un petit nuage. Et il n'était pas le seul à l'être. Didyme avait meilleure mine et n'arrêtait pas de sautiller dans les airs dès qu'elle marchait. Marcus s'était apprêté à faire des copies de certains livres historiques dont il était sûr qu'Eir les dévorerait. Caïus était de meilleur humeur. Il paraissait plus clément pendant les jugements. Et Athénodora passait son temps à refaire une garde robe entière pour sa fille adoptive.
Gina avait fait une liste de tous les biens qui étaient susceptibles de l'intéresser. Il devait admettre qu'elle avait fait un bon travail. Par chance, le temps était lui. Le ciel était couvert. Un orage arrivait par le nord. Parfait pour sortir à l'extérieur.
Malheureusement, aucune maison n'avait de charme pour lui. Il n'y avait que des appartements à vendre et quelques petites maisons avec deux ou trois chambres. Ce n'était pas suffisant pour le roi. Il fut contraint de sortir des murs de la cité. Il aurait préféré qu'Eir soit hébergée dans Volterra pour éviter qu'elle ne soit trop loin de lui. Il visita plusieurs anciennes bâtisses, soient qui étaient tombées en ruines, soit qui avaient été rénovées.
Et d'un coup, il la trouva. La future demeure de son âme-soeur. Certes, elle était située à deux kilomètres de Volterra mais le charme était là! C'était une église Franciscaine datant de 1200. Au fil des siècles, la domaine s'est agrandi, d'annexes comme de terrain. L'atmosphère, la vue et l'emplacement respiraient le calme, la sérénité. Parfait pour Eir! En plus de cela, le parc avait dix hectares et possédait un verger, un potager et une piscine se confondant dans le jardin. A l'intérieur, la demeure avait treize chambres et quatorze salle de bains. En tout, il y avait quarante-et-une pièces dont beaucoup étaient des bibliothèques, des salles de réception, et quelques bureaux privatifs. Mais ce qu'Aro aimait le plus dans cette propriété, c'était les nombreuses terrasses qui offraient une vue inouïe sur les paysages de la Toscane. Il appréciait aussi la petite annexe qui accueillait une chambre de vingt-cinq mètres carré et d'une salle de bain ayant une belle et grande douche à l'italienne. La pièce était ouverte sur les deux côtés sur le parc. Il était certain qu'Eir choisirait cette chambre. En plus, elle était au rez-de-chaussé. Elle n'aurait pas de problème pour aller et venir avec son fauteuil roulant. Aro avait pris son portable et fit plusieurs photos qu'il envoya directement à Carlisle.
Il n'attendit guère longtemps pour avoir une réponse, qui ne venait pas de son vieil ami mais de sa moitié.
"Je réserve cette chambre! Elle est trop belle!"
Aro n'eut pas de mal à deviner qui se cachait derrière ce sms. Il écrivit tout de suite la réponse, le sourire aux lèvres.
"Je savais qu'elle allait vous plaire, ma douce."
Sa réponse vint rapidement.
"Oh! Et cette douche à l'italienne! Cela me donne des idées tiens... Dites-moi, Aro, vous faites tout cela pour que je reste dans cette chambre pour l'éternité?"
L'Immortel éclata de rire et répondit dans la foulée:
"Dois-je comprendre qu'elle vous convient, ma mie?"
Il n'eut pas besoin de sa confirmation pour l'acheter. Il revint à Volterra le cœur léger. Il allait signer les papiers le lendemain matin. Comme cela, Eir et Carlisle prendraient juste une nuit de plus à l'hôtel dans la petite cité italienne. A cette pensée, il sourit. Ses prières avaient été entendues et il remercia silencieusement les dieux qui avaient exaucé son vœu le plus cher.
"Elle me convient parfaitement, mon précieux."
Aro était en train de revenir vers sa demeure qu'il changea d'avis et préféra partir tout de suite pour l'aéroport de Florence. Il envoya un message à Marcus comme quoi il n'en pouvait plus d'attendre. Son beau-frère le comprit parfaitement.
L'Immortel tournait en rond dans le hall de l'aéroport de Florence. Il avait pensé à acheter une bouteille de sirop de châtaigne, qu'il avait soigneusement emballé, et un bouquet de fleur pour lui souhaiter la bienvenue. Leur avion arrivait dans une heure. Il réprima un soupir. Il trouvait ce lieu un peu trop bruyant lorsqu'on s'y attardait. Pourquoi était-ce si long? Il s'amusa à compter le nombre des carreaux sur le sol puis les allées et venues des agents d'entretien et enfin les voyageurs qui passaient devant lui.
Nombres de fumets arrivaient à ses narines. Certaines de ces odeurs étaient douces et enivrantes. Il n'avait qu'une envie les goûter. Et il y en avait d'autres qui ne méritait pas qu'il s'attarde dessus. Sa gorge commença à l'irriter furieusement. Heureusement qu'il avait prévu une flasque pour boire du sang. Cela passait moins inaperçu aux yeux des humains. Mais cela n'atténuait pas sa soif. Il dut prendre sur lui pour qu'il se contrôle. Normalement, il n'avait pas autant de problème pour contenir sa soif. Il pensait que c'était dû à sa sous-alimentation. Il avait séché pas mal de repas auparavant. Peut-être que c'était à cause de ça qu'il était aussi sensible.
"_ L'avion en provenance de Paris vient d'arriver."
Aro bondit sur ses jambes et marcha jusqu'à la grande vitre qui séparait les voyageurs de leurs proches. Les valises arrivaient lentement. Et les gens déambulaient jusqu'à leurs affaires. Vu qu'Eir était en fauteuil roulant, elle devait attendre que tout le monde soit sortie afin de descendre de l'avion. Il vit Alice, Jasper, Celiburn, Bran, Katell et Sorah prendre leurs biens et venir vers lui. La voyante lui souriait chaleureusement.
"_ Avez-vous fait bon voyage? Demanda le Volturi, courtoisement.
_ Oui. Excellent! Eir va aimer votre petit cadeau, fit remarquer Alice toujours aussi enjouée."
Aro glissa son regard sur les Avaloniens et échangea des formules de politesse. Bran et Katell se tenaient la main, amoureusement. Et le roi perçut un léger battement de coeur. Il eut un triste sourire en pensant à Eir. Elle ne voudra plus avoir d'enfant vu ce qui s'était passé. Mais il essayerait de lui en parler. Il voulait vraiment créer une famille avec elle. Et il était prêt à tout pour qu'elle soit heureuse. Ses yeux revinrent sur l'espace où les voyageurs débarquaient. Aro ne tenait plus en place. Il s'agitait. Limite, il voulait aller chercher Eir par lui-même mais cela ne ferait que rappliquer la sécurité. Bonjour la discrétion!
"_ Alors comme ça, vous n'êtes pas foutu de nous attendre, fit la voix de Caïus."
Sa voix était moqueuse. Il prenait clairement plaisir à voir Aro ainsi.
"_ Caïus, laissez-le, intervient son épouse en riant. Je suis sûre que vous aurez réagi de même si j'étais à la place d'Eir."
Caïus se renforgea et ne dit plus un mot car il savait pertinemment qu'Athénodora avait raison. Didyme était tout aussi impatiente que son frère. Elle détaillait chacun des anciens passagers de l'avion. Puis un groupe d'enfants, accompagnés d'une hôtesse de l'air, sortirent, prirent leurs sacs et allèrent rejoindre leurs familles. Aro savait qu'Eir n'allait plus tarder.
Une autre hôtesse de l'air parlait avec une personne dont la voix n'appartenait qu'à Carlisle Cullen. C'est bon! Ils arrivaient enfin! Aro se dirigea presqu'en courant vers la porte et fut tenté de la passer. Il vit enfin Carlisle, poussant un fauteuil roulant. Eir était habillée d'une robe bleu arrivant à ses genoux. Son décolleté était rond, mettant sa poitrine en évidence. A sa grande surprise, la mortelle n'avait pas changé, n'avait étrangement pas vieilli depuis qu'il l'avait quitté de son chevet. Le visage de la mortelle s'illumina comme un soleil lorsqu'elle le vit. Elle lui fit un signe de la main, toute contente de le retrouver. Elle dépêcha Carlisle d'accélérer, ce qui fit sourire encore plus Aro.
"_ Votre lien a grossi et a gagné en intensité. Il est aussi important que celui de Carlisle.
_ Donc?
_ Eir aura des difficultés à choisir l'un de vous.
_ Je ne veux pas qu'elle ait à choisir. Cela ne me dérange pas de la partager."
Eir s'impatientait. Elle ne tenait plus en place, elle non plus. Et dès qu'elle passa la porte, elle ordonna à Carlisle de l'emmener vers Aro, ce qu'il fit sans réchigner. Ils s'observaient un moment avant que l'Immortel ne fasse le premier geste. Il fit le contour du visage d'Eir de ses mains comme pour s'assurer qu'elle était bien là. A ce contact, il entendit le cœur de la mortelle battre plus fortement.
Oui. Son cœur d'humaine sentait le lien qui les unissait et réagissait en conséquence.
Aro remarqua que ses cheveux avaient beaucoup poussé mais il ignorait jusqu'où ils allaient. Ceux-ci avaient été attachés en une tresse quelque peu compliqué. Mais il savait qu'il n'y avait qu'Alice pour faire ce genre de chose. Le Volturi ne cessa de la contempler jusqu'à ce qu'une personne intervienne d'une voix acerbe:
"_ Vous comptez la garder pour vous seul? Je vous signale qu'à nous aussi, elle nous a manqué.
_ Bonjour, Père. Vous aussi vous m'avez manqué, dit-elle en lui adressant un sourire."
Mais ses yeux revinrent rapidement sur son âme-soeur. Aro tendit les cadeaux à sa moitié qui rougit.
"_ Il ne fallait pas..., murmura-t-elle, gênée.
_ J'avais envie de vous faire plaisir.
_ Comme si vous ne le faisiez pas déjà, soupira l'humaine avec un mince sourire."
Ils riaient ensemble. Aro avait envie de prendre la place de Carlisle. Le médecin parut comprendre la demande silencieuse de son ami et s'effaça pour qu'Aro puisse prendre les commandes du fauteuil roulant. Eir fut chaleureusement accueilli par Didyme, Marcus, Athénodora et Caïus.
"_ Enfin! Je vais pouvoir profiter de ma fille."
Et d'un coup, il saisit le dos et les jambes de l'humaine et la souleva dans les airs. Aro, qui était tellement heureux de s'occuper de sa moitié, perdit son sourire. Il foudroya instantanément le blond des yeux. Il grogna en guise d'avertissement. Caïus leva fièrement son menton vers le haut, victorieux. Il lança un regard de défi à son congénère. Eir éclata de rire tout en secouant la tête.
"_ Non mais vraiment... On se croirait dans une cour de récréation, dit-elle."
Cela fit rire tout le monde.
"_ Reposez-moi, Père. Vous m'avez manqué à moi aussi."
Sur ces mots, elle lui donna un bisou sur la joue. Le vampire lâcha un ronronnement affectueux. Caïus la reposa délicatement dans son fauteuil roulant. Il ébouriffa ses cheveux juste pour l'embêter. Elle eut une exclamation de surprise et fit mine de bouder.
"_ J'espère que je n'ai pas été trop longue, déclara-t-elle, les larmes aux yeux.
_ Comme on dit, mieux vaut tard que jamais, fit Bran."
Aro saisit les poignets du fauteuil et commença à marcher. Il avait un grand sourire qui arrivait à ses oreilles, tout simplement heureux. Ils sortirent tous de l'aéroport et se dirigèrent vers le parking couvert. Car même si le ciel était nuageux, les Volturi préféraient être prévoyant. Ils s'arrêtèrent trois monospaces noirs de la marque Mercèdes-Benz Viano. C'était une voiture sept places. Trois à l'arrière, deux au milieu et deux devant. Les sièges du centre et de l'avant étaient dos à dos, ce qui permettait aux passagers de l'arrière de se regarder lorsqu'ils se parlaient. Carlisle ouvrit la portière tandis qu'Eir se levait. Elle avait beaucoup de mal à lever sa jambe et grimaça. Aro entra dans la voiture de l'autre côté pour venir l'aider. Il l'installa sur la banquette arrière, près de lui, le serrant contre son corps. Son bras tenait fermement la taille de l'humaine comme s'il avait peur qu'elle disparaisse. Apparemment, Eir pensait à la même chose puisqu'elle avait un petit sourire. Carlisle prit place à côté d'Eir et fit pareil qu'Aro. La mortelle leur était importante. Elle était comme une bouée de sauvetage dans leur longue éternité. Félix prit place à l'avant, en tant que conducteur, suivit de Jane. Ceux qui se mirent en face d'Eir, Aro et Carlisle n'étaient autre que Caïus et Marcus. Leurs épouses se mirent sur leurs genoux, ce qui les firent bien rire.
"_ Vous n'avez pas peur qu'on se fasse arrêter par les autorités? Se risqua la mortelle alors que la voiture démarrait.
_ C'est eux qui devraient avoir peur de nous, répliqua Caïus avec un sourire légèrement sadique."
Aro secoua négativement de la tête tout en gloussant. Il raffermit son emprise sur la mortelle. Il entendit son coeur s'accélérer. Elle haleta comme un poisson hors de l'eau. Elle pensait qu'elle avait été discrète, que personne ne l'avait entendu mais lorsqu'elle leva les yeux pour vérifier son doute, elle ne croisa que les iris flamboyant de son âme-soeur. Le roi des rois esquissa un sourire victorieux alors qu'elle baissa les yeux sur ses mains. Ses joues prirent une teinte rosée. Aro ne put s'empêcher de lui baiser le front. Carlisle caressait doucement la main de sa femme et lui souriait amoureusement.
"_ Depuis combien de temps avez-vous l'hôtel? S'enquit Eir, curieuse.
_ Depuis qu'il a été construit, révéla Marcus. Nous possédons de nombreux hôtels de luxe pratiquement dans toutes les grandes villes afin que nous puissions voyager plus aisément aux yeux des humains. Nous avons aussi plusieurs vignobles de grandes renommées dont certains sont aux Etats-Unis ou encore en Australie. Et nous avons aussi quelques agences immobilières et quelques banques.
_ Ce sont nos rentrées d'argent, compléta Caïus en souriant joyeusement - ce qui était une première.
_ En plus de gouverner votre communauté, vous avez encore du temps pour vous occupez de tout ça, fit Eir, admirative. J'imagine que vous avez des personnes vous servant dans la politique?"
Aro eut un doux rire, quelque peu moqueur. Il caressa la joue chaude de son aimée et déclara:
"_ Vous nous cernez bien, ma douce."
Eir rougit un peu plus fortement. Elle avait l'impression que tout son sang affluait vers son visage. L'Immortel, quant à lui, appréciait la vue que son humaine lui offrait. Les rougeurs qui apparaissaient lentement sur ses joues le mettaient en émoi. Il avait la sensation qu'elle était bien plus sensible que dans ses souvenirs. Peut-être était-ce dû au lien qu'ils partageaient? En plus de cela... Son odeur était de plus en plus enivrante. Aro avait du mal à résister à la tentation.
"_ Pourquoi ne faites-vous rien pour sauvegarder notre terre? Je... Je veux dire... Vous êtes immortels, vous avez de l'influence et pourtant vous ne vous en servez pas pour faire changer la mentalité des personnes contrôlant les firmes multinationales ou les dirigeants des pays. Si la Terre se meurt à cause des humains, leur extinction est proche, vous le savez et vous le sentez. Ce qui touchera les humains, vous affectera, vous aussi, un moment ou un autre."
Les Volturi considéraient ses paroles. Ils savaient qu'elle n'avait pas tort mais ils ne pouvaient se montrer directement aux yeux de tous. Il fallait agir indirectement. En plus avec la technologie que les humains avaient, ils pouvaient se faire démasquer. Et ils ne pouvaient pas se le permettre.
"_ La moindre erreur pourrait nous être fatal, répondit simplement Caïus. C'est pour cela que nous procédons lentement."
Le véhicule roula jusqu'à l'hôtel et s'arrêta devant l'entrée. Carlisle prépara le fauteuil roulant tandis que tout le monde descendait de la voiture. Aro ne voulait pas se séparer d'elle mais dut le faire quand même.
"_ Vous pourrez toujours pousser mon fauteuil. Cela ne durera pas longtemps, indiqua l'humaine, à moitié amusée."
Le roi lui offrit un autre baiser sur le front. Eir ne fut guère de cet avis. Elle saisit fermement la cravate du vampire pour l'obliger à l'embrasser sur ses lèvres. Et d'un coup, elle se retrouva allonger sur la banquette arrière. Aro la dévora de baisers langoureux et sensuels. L'Immortel pensait qu'il allait fondre à ce contact si chaleureux. Si tendre. Si accueillant. Soudain, il se figea. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
"_ Attendons que nous soyons arrivés à votre suite..., susurra-t-il d'une voix rauque.
_ Une suite? Je ne mérite pas d'avoir une suite. Je risquerais de me perdre.
_ Ne vous en faites pas, ma douce. Je vous guiderais dans l'obscurité."
Eir eut un frisson. Elle réattaqua les lèvres de son âme-sœur, qui gémissait de plaisir. Elle embrassa l'arrête de son menton puis descendit à son cou. Le vampire grogna, frustré.
"_ Vous avez plutôt intérêt, murmura-t-elle."
Aro se redressa rapidement et sortit de la voiture. Carlisle la plaça dans son siège et le Volturi la poussa délicatement.
"_ C'est un bel hôtel, fit Eir en observant la façade.
_ Et vous n'avez encore pas vu les jardins botaniques, ajouta Marcus avec un petit sourire."
Ils la conduisirent au sommet de l'hôtel. La suite était spacieuse, bien trop grande pour Eir, qu'elle n'hésita pas à faire remarquer.
"_ Croyez-vous vraiment que j'ai besoin de tout cet espace?
_ Si vous souhaitez faire des galipettes en compagnie de cotre ami et de votre amant, il vaudrait mieux pour vous que vous ayez de la place, insinua Caïus. Et d'après ce que j'ai senti..."
Eir piqua violemment un fard qui firent sourire toutes personnes présentes dans la pièce. Cependant Aro avait bien remarqué une ombre sur le visage de son âme-sœur.
"_ Vous voulez que je vous montre à quoi ressemble mes "galipettes" maintenant que je ne peux plus bouger mes jambes?"
Sa voix était dure et pourtant il n'était pas bien difficile de noter une pointe de tristesse mêlée à de la nostalgie. Carlisle vint auprès de sa femme.
"_ En faisant tes exercices, tu arriveras à recouvrir tes jambes. Sois juste patiente.
_ Patiente? Je le suis mais j'en ai marre. Je veux bouger. Je ne veux pas être un fardeau. Je ne veux pas être considérée comme étant une faible."
Un grognement se fit entendre, mécontent.
"_ Faible? Avez-vous entendu l'un d'entre nous vous traiter de faible? Demanda Caïus."
Eir se pinça les lèvres. Normalement, lorsque Caïus se mettait en colère, c'est qu'il y avait une bonne raison. Elle secoua négativement de la tête.
"_ Tu es loin de l'être, Eir, reprit Carlisle en caressant le haut de son crâne.
_ Je ne vous considère pas comme faible, fit Aro, légèrement vexé par les paroles de l'humaine. J'ai envie de vous protéger.
_ Je vous entends bien... Mais... J'aimerais bien vous rendre la pareille. Autrement... Ce n'est... Pas... Juste..."
Aro fit une moue pensive. Il ne voulait pas qu'elle le protège. Il pouvait le faire lui-même. Et il avait de bons gardes pour assurer sa défense. Tout ce qui l'importait, c'était la sécurité de sa moitié. Rien de plus.
"_ Vous m'avez tant donné et je ne peux vous rendre la même chose. Ce n'est pas équitable, murmura l'Avalonienne en baissant les yeux sur ses genoux."
Eir croisa les bras comme si elle avait froid. Aro perçut son frisson. Ses yeux étaient vaguement mélancoliques.
"_ Je suis certain que vous trouverez quelque chose mais soyez patiente, mon enfant, réconforta Aro, le regard bienveillant."
Là, l'humaine fit une moue boudeuse. Aro savait pertinemment qu'elle détestait quand il la surnommait ainsi. Cela le faisait rire. Oh... Il se moquait d'elle, gentiment. Il fallait bien qu'il rattrape son retard.
"_ Je ne suis plus une enfant, je suis votre âme-soeur, dit-elle en le foudroyant du regard."
Le Volturi voulait lui déposer un petit baiser sur le front mais la mortelle le chassa rapidement en secouant la tête. Le frère de Didyme recula d'un pas, étonné.
"_ J'accepterais vos baisers que lorsque vous arrêterez de m'appeler de la sorte."
Le concerné ne s'offusqua pas. A la place, un sourire vint lentement se dessiner sur son visage. Clairement, il était amusé par la situation.
"_ Ah? Vous voulez jouer à ce jeu? Demanda le Maître de Volterra en lui murmurant suavement à l'oreille. Je peux dire que vous serez la première à vouloir m'en donner."
Aro sentit qu'elle était mi-vexée, mi-amusée. Il savait tout de même qu'il ne devait pas la sous-estimer. Elle était la descendante de Caïus. Et tout comme Caïus, elle était têtue et obstinée lorsqu'elle avait quelque chose en tête.
"_ Et moi, je dis que c'est le contraire."
Le pire dans tout cela, c'est que l'humaine avait raison. Il avait déjà envie de braver l'interdit. De perdre son pari tellement il voulait l'embrasser. La dévorer de baisers. Son visage se rapprocha dangereusement de celui de la mortelle. Il entendit son cœur battre plus vite. Il esquissa un sourire, victorieux. Eir semblait déjà émoustillée par ce simple rapprochement. Il sentit une odeur qu'il aimait bien, qu'il raffolait.
"_ Ah, vous le pensez? Murmura-t-il alors qu'il perçut une nouvelle vague de luxure provenant d'Eir."
Il crut qu'il allait mourir. Il voulait la prendre et l'enfermer dans la chambre afin de jouer à des jeux plus sensuels avec elle.
"_ Je vous connais. Vous allez réussir à tenir quelque temps mais vous allez céder. Comme toujours."
Leurs fronts se touchaient presque. Eir haletait. Sa respiration était saccadée.
"_ Peut-être devrait-on les laisser non? Supposa la voix de Bran."
Tout d'un coup, un gargouillis se fit entendre. L'humaine repiqua un fard quelque peu honteuse.
"_ Je m'occuperais de vous une fois que vous vous serez restaurée, dit-il avec sa voix de velours.
_ J'y compte bien. Nous descendons?"
Aro la dirigea vers une autre salle qui servait de salle à manger. Eir fronça les sourcils, gênée par tant d'attention et de prestige. Il la mit en bout de table pour que tout le monde puisse la voir. Il sentait qu'elle n'avait pas trop envie d'être au centre de l'attention. Qu'elle souhaitait rester inaperçue. Mais elle était tellement important pour lui. Carlisle et lui se mirent chacun d'un côté de la table. Et les autres suivirent le mouvement.
"_ Rassurez-moi, Aro, vous n'avez pas acheté un palais?"
Le Volturi tourna la tête vers la mortelle et eut un grand sourire sur les lèvres.
"_ Oh non... Vous n'avez pas fait cela, si?"
