Chapitre 12 : La vérité avant tout.
L'école était de nouveau pleine de vie et surtout de bruits. C'était agréable dans un sens, moins angoissant en tout cas. Hermione fut ravie de retrouver Lily, Alice et même les Maraudeurs. Sirius semblait s'être calmé, il avait même accepté de lui adresser la parole à son retour pour lui parler de ses vacances chez les Potter. De son côté, elle raconta son rapprochement avec Ann et Jack en particulier, sans pour autant parler de Severus… et encore moins de la révélation qu'elle s'était prise en pleine tête.
Elle n'en avait d'ailleurs pas parlé à Severus non plus. Pour dire vrai, elle l'avait même évité au maximum depuis le nouvel an…
Elle savait maintenant avec certitude qu'elle le connaissait déjà d'avant… ou plutôt d'après. C'était perturbant mais ce qui l'effrayait le plus, c'était de ne pas savoir ce qui l'attendait. Si elle ne venait pas de cette temporalité, allait-elle y rester ou non ? Et Severus, était-il condamné à devenir un mage noir ? Si elle ne devait pas lui dire la vérité sur son avenir, pouvait-elle quand-même essayer de le remettre sur le droit chemin ?
Ce n'était pas juste de se retrouver dans une telle situation. Elle n'avait rien fait pour mériter ça ! Alors pourquoi devait-elle se poser autant de questions ? C'était infernal et difficile à gérer. Elle avait d'ailleurs hésité à aller voir le directeur de l'école pour lui en parler et avoir un soutien, mais la crainte de paraître folle l'avait bien rapidement stoppé dans son élan. Seul Jack pouvait la comprendre sans préjugés, elle l'avait senti.
Ce fut ainsi que les cours reprirent sans qu'elle ne sache vraiment ce qu'elle devait faire. Réviser lui semblait être la meilleure solution pour rester à sa place, ce qui sembla hélas ne pas convenir à tout le monde…
-Pourquoi tu m'évites au juste ? grogna un soir Severus qui l'attendait devant les toilettes où elle s'était arrêtée après un cours.
-Je ne t'évite pas… répondit-elle après avoir sursauté.
-L'école a repris depuis une semaine et tu n'es pas venue une seule fois me rejoindre après les cours.
Bien qu'il avait dit cela avec force, les bras croisés devant lui, il ne réussit pas à cacher sa douleur dans son regard. Hermione sentit un pincement au fond de sa poitrine et s'approcha de lui :
-Severus, ne t'énerve pas s'il te plait.
-Je ne suis pas énervé, je veux juste comprendre ! C'est à cause de Black c'est ça ?
-Mais non, Sirius n'a rien à voir avec ça !
-Alors tu reconnais quand-même que tu m'évites, mais c'est à cause de quoi alors ? J'ai fait quelque chose de mal ?
-Non, tu n'as rien fait, soupira-t-elle. C'est moi, j'ai simplement beaucoup de choses à penser en ce moment.
Severus ne répondit rien, l'observant juste avec autant de tristesse que d'inquiétude. Elle posa sa main sur son torse et le regarda dans les yeux :
-Je ne veux pas que tu t'en fasses pour moi Severus.
-Hermione, si tu as des soucis, quelques soient tes problèmes, tu peux m'en parler ! Je ne suis pas là juste pour faire de la figuration, je suis ton petit ami, pour les bons moments comme pour les galères !
Il avait dit cela en posant sa main sur celle qu'elle avait laissé vers son cœur. Il tenait à elle, c'était un fait, et il semblait prêt à tout pour la soutenir. C'était sans aucun doute ce qu'elle préférait le plus chez lui, le fait que malgré son côté solitaire, il changeait pour elle. Mais est-ce que ça en valait réellement le coup ?
Hermione posa cette fois sa tête contre lui, perdue. Et si elle devait disparaître du jour au lendemain pour retourner dans elle ne savait qu'elle époque ? Il souffrirait de son départ autant qu'elle, elle le savait. Et en même temps… si jamais elle restait là pour le restant de ses jours ? Rien ne pouvait affirmer qu'elle retrouverait sa mémoire et encore moins qu'elle disparaîtrait. Peut-être avait-elle choisi d'elle-même de partir, à ce compte là, elle serait bien stupide de s'empêcher de vivre non ?
Severus la serra contre lui et lui caressa les cheveux doucement :
-Hermione… je t'aime tu sais !
Elle se figea en entendant ça. Venait-il réellement de lui avouer des sentiments aussi profonds que l'amour ?
-Ce n'est pas grave si tu ne ressens pas la même chose… mais sache que je donnerai tout pour que tu sois heureuse. Je serai toujours là pour toi tu m'entends ! Alors tu peux en profiter autant que tu veux et me demander tout ce que tu veux… je décrocherai la lune pour toi si tu le veux… je pourrais même faire un câlin à Potter si ça pouvait t'être utile !
-Et un câlin à Sirius ?
Elle redressa la tête avant qu'il ne réponde. Il eût tout le loisir de voir son sourire, aussi espiègle que sincère. Comment pouvait-elle avoir la moindre hésitation ? Pour lui, elle accepterait de souffrir s'il le fallait, du moment qu'elle pouvait l'aimer aussi longtemps que possible… et il était clair qu'il en était de même pour lui !
-Je t'aime aussi Severus. Ça va aller, je n'ai besoin que de toi, je le sais maintenant !
Elle l'embrassa tendrement, souhaitant que cet instant dure pour l'éternité. Hélas pour eux, la vie au château avait repris et ils n'étaient plus aussi seuls que pendant les vacances. Ils auraient dû s'en douter…
-Espèce de sale fils de pute !
La seconde suivant l'insulte, Severus la relâcha. La seconde encore d'après, Hermione comprit qu'il n'en avait pas eu le choix.
-Sirius mais qu'est-ce que…
Severus était à même le sol et se débattait pour se redresser alors que des liens invisibles lui tenaient les chevilles. Sirius pointait encore sa baguette sur son ennemi et lui lança un flipendo sans tenir compte d'Hermione. Severus évita par miracle les deux sorts d'affilés en se tournant comme il pouvait, tandis que Sirius grognait de rage. Hermione attrapa sa propre baguette et désarma Sirius avant qu'il ne puisse attaquer encore.
-Mais ça ne va pas la tête ! hurla-t-elle.
-Comment tu peux le laisser t'embrasser, s'énerva-t-il alors en pointant Hermione du doigt. Il t'a lancé un imperium c'est obligé !
-Tu dis n'importe quoi Sirius, tu es complètement fou !
-Lance le contre-sort tout de suite, dit-il à Severus qui était de nouveau debout et libre.
Cela ne dura pas longtemps car Sirius se lança sur lui pour l'attaquer à mains-nues. Severus et lui finirent au sol et Hermione ne sut que faire. Si elle lançait un sort, elle ne pouvait être certaine de ne pas toucher son petit ami. Heureusement, bien que semblant beaucoup plus frêle que son agresseur, Severus réussi à reprendre le dessus avec une facilité déconcertante. Dans un mouvement fluide, il réussit à bloquer Sirius tout en tournant pour se retrouver au-dessus lui. Hélas, au lieu de simplement en rester là, Severus commença à lui assener des coups de poings en plein visage.
-Severus arrête ça !
Mais il était pris d'une telle rage qu'il ne l'entendit pas. Hermione arriva en courant et se jeta à son tour sur lui, se contentant de le serrer dans ses bras comme elle put.
-Lâche-moi bordel, lâche-moi espèce de sale…
-Sang-de-bourbe, je sais ! Insulte-moi autant que tu voudras, mais je ne te lâcherai lâcherais pas…
Severus cessa de se débattre, sous le choc, la respiration erratique.
-Par Merlin mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Hermione tourna la tête et vit le professeur Mcgonagall qui s'approchait de Sirius. Ce dernier s'assit difficilement, le nez en sang et les lèvres fendues sous les coups de poings de son adversaire. Il pointa du doigt Severus et pesta comme il put :
-Fé lui ! Fé Féfefrus !
Hermione lança un regard noir à Sirius alors que McGonagall en lança un décontenancé sur elle et Severus qu'elle tenait toujours au sol dans ses bras. Une longue discussion allait être nécessaire… et ce fut dans le bureau du directeur qu'elle eut lieu, non sans qu'un tas d'élèves, dont Lily et les autres maraudeurs, ne virent la scène avant.
…
-Ainsi donc, récapitula le Directeur d'un voix calme, c'est Monsieur Black qui vous aurait agressé en premier et vous vous êtes défendu avant que Miss Watson ne vous arrête.
-Oui, grogna Severus qui se sentait toujours autant en colère d'être convoqué dans ce bureau à cause de Sirius.
-Je confirme, ajouta Hermione qui avait été elle aussi conviée à se rendre dans l'office directorial.
Dumbledore la regarda par-dessus ses lunettes en demi-lune et sembla réfléchir. Il regarda ensuite de nouveau Severus et reprit toujours aussi calmement :
-Ce qui me gène, Monsieur Rogue, c'est que ce n'est pas la première fois que vous vous retrouvez face à moi pour avoir agressé Monsieur Black ou Monsieur Potter.
-Et bien sûr le problème vient du Serpentard, cracha presque Severus.
Hermione lui lança un regard désespéré. Il ne devait pas s'énerver de la sorte, cela ne lui réussirait pas…
- Je pense plutôt que le problème vient de votre incapacité à vous comprendre, vous et le petit groupe de Monsieur Black, pointa le directeur avec une certaine touche de déception dans le ton. Les torts sont clairement partagés, et ce que Miss Watson a apporté comme éléments dans la bataille d'aujourd'hui ne fait que confirmer cela. En revanche, je ne peux que constater que votre façon de répondre aux agressions n'est pas proportionnée Monsieur Rogue.
Il était difficile de savoir si Dumbledore était déçu, énervé ou simplement exaspéré, mais il semblait néanmoins clairement méfiant en ce qui concernait Severus.
-Je veux bien entendre que vous ne vous entendiez pas avec tout le monde et que vous vous défendiez en cas d'agression, mais vous conviendrez que vous avez toujours le chic pour terminer ce genre de conflits avec une violence un peu trop extrême, n'est-ce pas ?
- Uniquement dans les moments où j'arrive à me défendre, marmonna Severus en regardant ailleurs.
-Vous voulez dire que je n'ai pas à ma connaissance toutes vos altercations ?
-Je dis seulement qu'il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
-Severus ! le houspilla Hermione.
-Sauf votre respect, Monsieur le Directeur, ajouta-t-il alors dans une mauvaise foi palpable.
Cherchait il donc à se faire renvoyer ?
« Dumbledore a confiance en lui ! »
Hermione grimaça discrètement alors que cette phrase résonna en elle.
-Bien que je puisse comprendre votre agacement, Monsieur Rogue, comprenez bien à votre tour que je ne peux pas laisser passer un acte de violence au sein de l'école. Alors même si vous n'avez, cette fois-ci, pas lancé de maléfices sur un camarade, vous avez tout de même cassé le nez de Monsieur Black. Cela s'ajoute à la longue liste de non respect du règlement que vous avez commis. Je crains fort de n'être contraint de…
-Vous ne pouvez pas le renvoyer ! intervint Hermione avec un peu trop de force.
« Il fait partie de l'ordre lui aussi ! »
Hermione chercha à se concentrer, puis une autre phrase lui vint en tête :
-Miss Watson, vous allez bien ?
-L'indifférence, et surtout la négligence, font parfois plus de dégâts que l'hostilité déclarée ! Vous ne devez pas oublier que vous êtes là pour défendre tous vos élèves !
« Les conséquences de nos actions sont toujours si complexes, si diverses, que prévoir l'avenir est une entreprise bien difficile. »
L'avenir… elle n'en savait pas tout, mais elle savait que Severus ne devait pas être renvoyé. C'était sa faute à elle s'il était dans cette situation, elle ne pouvait laisser faire ça !
« J'ai cependant la conviction que la vérité est généralement préférable au mensonge. »
La vérité… devait-elle réellement dire la vérité ?
…
-Je suppose que je suis encore tombée dans les pommes, marmonna-t-elle sans ouvrir les yeux.
Au vu de l'odeur du lieu, elle était à l'infirmerie et Severus lui tenait la main.
-Il va falloir que je m'y habitue où tu comptes cesser de me faire peur ?
Hermione tourna la tête vers lui et sourit légèrement :
-J'aime bien l'idée que tu t'inquiètes pour moi, se moqua-t-elle avant de se redresser vivement en se souvenant de ce qu'elle faisait juste avant. Severus, est-ce que…
-Calme toi, dit-il en la forçant à se recoucher. Dumbledore ne voulait pas me renvoyer, tu as paniqué pour rien. J'ai en revanche le droit à 10 heures de colles… je vais devoir aider Hagrid et Rusard sur plusieurs tâches ingrates…
-Oh…
-Je m'en tire bien, ne t'en fais pas.
Severus sourit et lui caressa les cheveux, doucement :
-Merci d'avoir pris ma défense Hermione.
-Tu as été attaqué injustement en même temps… pourquoi vous ne cessez pas votre satanée guerre ?
-Je te promets de tout faire pour que ça n'arrive plus, mais je ne suis pas le seul à être incriminable…
-Je sais…
Hermione referma les yeux un instant. Jamais ils ne cesseront de se détester… mais elle sentait qu'ils seraient capables de cesser d'en venir aux mains. Mais dans combien de temps ?
-Severus…
-Oui ?
-Je t'aime ! dit-elle avant de le regarder à nouveau.
-Moi aussi.
Il sembla heureux et l'embrassa tendrement.
-Ha, vous êtes réveillée Miss Watson ! intervint l'infirmière. Monsieur Rogue, il est temps de retourner à votre dortoir.
-Oui, Mme Pomfresh…
Il retint un soupir et regarda la malade :
-Repose-toi bien Hermione. Fais attention à toi, je viendrai demain matin. Oh… et Lily te passe le bonsoir. Elle passera sûrement aussi demain.
-Merci Severus, passe une bonne nuit.
Il partit à regret et laissa la Gryffondor aux bons soins de la soignante. Elle se sentait déjà beaucoup mieux, mais vu l'heure et surtout vu la répétition de ses malaises, elle savait devoir rester en observation. Ce qu'elle n'avait néanmoins pas imaginé, ce fut la visite du Directeur une fois Pomfresh repartie.
-Je suis ravi de vous voir éveillée Miss… vous semblez en forme.
-Je me sens mieux en effet, merci Professeur, et désolée pour mon comportement de tout à l'heure…
Dumbledore se mit au pied du lit, debout face à son élève, l'air serein et pourtant perdu.
-L'important c'est que vous vous sentiez mieux.
Il semblait sincère, il l'était sûrement, Hermione en était certaine, tout comme elle savait pertinemment qu'il ne se tenait pas devant elle sans raison.
-Puis-je faire quelque chose pour vous, Monsieur le Directeur ?
-Je dois bien avouer ne pas savoir, répondit-il en s'approchant néanmoins de la chaise où Severus s'était installé moins d'une heure auparavant.
Il s'assit et se pencha légèrement en avant en continuant d'observer la malade. Hermione avait la désagréable sensation d'être sondée, mais jamais Dumbledore n'oserait faire ça, si ? De toute façon, le regard bleu perçant de ce dernier n'avait pas besoin de légilimancie pour convaincre quiconque de parler… la vérité avant tout... Vaincue d'une certaine façon, elle soupira :
-Monsieur… je ne suis pas certaine de venir d'ici…
Loin de paraître surpris, il se réinstalla au fond de sa chaise.
-Et savez vous d'où… ou de quand, vous venez ?
-Non Monsieur, je n'en sais rien. Je n'ai toujours que des souvenirs diffus, ma mémoire ne semble pas capable de revenir entièrement. Elle est… bloquée.
-Pensez-vous être arrivée ici par vous-même ?
-Non Monsieur, commença-t-elle avant de mitiger sa réponse, enfin, je ne crois pas. J'ai déjà eu dans les mains un retourneur de temps, j'en suis certaine, mais je ne suis pas arrivée ici avec un tel outil…
-Et je suppose que votre premier souvenir ici et lorsque vous vous êtes réveillée à l'infirmerie.
-Oui… je me souviens seulement d'une vive lumière et je me suis réveillée ici.
-Une vive lumière dites-vous ?
-C'est exacte. Ça ne nous aide pas beaucoup je le sais, mais je ne sais rien de plus…
-Je comprends, dit-il en caressant sa longue barbe blanche. C'est déjà un début, merci pour votre franchise Hermione.
Il réfléchissait à plein régime et la jeune femme aurait payé cher pour pouvoir lire dans les pensées de son aîné. Avait-il ne serait-ce qu'un début d'explication ? Non, il n'en avait pas l'air.
-Et vous, professeur, que savez-vous sur moi ? Je veux dire… le professeur Nid m'a parlé de mon statut d'orpheline, de l'Australie et tout ça mais…
-Nous ne savons rien de plus que ce que votre dossier disait sur vous. Hélas… il se trouve qu'aucun professeur n'est en mesure de se souvenir de la provenance de ce dernier.
-Et qu'en dit l'orphelinat où j'étais censée être ?
-Quand j'ai cherché à le retrouver, il m'a été impossible de le faire.
-C'est pour ça que vous êtes venu me voir ?
-En effet…
-Mais comment est-ce possible ? Personne ne peut lancer un sortilège d'amnésie, ou de modification de mémoire, de cette ampleur !
-Certes, mais ne pouvant savoir ce qui vous a fait venir ici, nous ne sommes pas en mesure de savoir de quoi provient cet état. Ce n'est, néanmoins, pas du fait d'un simple sortilège, j'aurais été en mesure de le déceler.
Alors même lui, le plus grand sorcier contemporain, voire même de tous les temps, s'était fait berner ? Oui, sinon il serait venu la chercher bien avant pour avoir des explications. Mais qu'allait-il faire d'elle maintenant ? Dumbledore se releva :
-Je vais vous laisser vous reposer, je pense que vous en avez bien besoin.
-Et qu'est-ce que…
-Détendez-vous Miss, ne nous laissons pas gagner par la crainte. La peur engendre la précipitation, or, nous avons besoin de temps.
Hermione acquiesça alors, elle n'avait aucun contre-argument :
-Merci Professeur, je pense en effet qu'une bonne nuit de sommeil me fera du bien.
-Bonne nuit à vous, dit-il en inclinant la tête.
Il commença à partir, mais s'arrêta avant de passer les brise-vues. Il l'observa une dernière fois et demanda d'une voix neutre :
-Une dernière chose cependant… souhaitez-vous retourner à votre époque ?
Hermione garda le silence un moment. C'était une excellente question à vrai dire, mais à bien y réfléchir, était-elle si triste que ça ici ? Et puis, après tout, elle ne se souvenait de rien, ou presque. Simplement de Harry et Ron, mais elle n'avait pas l'impression d'être si heureuse et épanouie que ça dans ses souvenirs, même s'ils lui manquaient parfois. Mais ici, elle avait des amis aussi et surtout, elle avait Severus et elle semblait en bonne voie pour trouver enfin sa place, comme elle l'avait toujours souhaité.
-Je ne crois pas le vouloir… je me sens bien ici… pourquoi cela ?
-Pour savoir, simplement pour savoir. Dormez bien Hermione.
Dumbledore partit alors, la laissant seule, dans ses pensées.
…
Le lendemain, Lily vint bien rendre visite à Hermione, mais ce ne fut pas la seule. James était là aussi, avec Remus. Ils prirent le temps de savoir comment elle allait, avant de s'excuser de la part de Sirius concernant son comportement. Seul Remus et Lily semblaient sincères, mais James avait sûrement pris le parti de faire cet effort pour celle qu'il espérait tant courtiser.
Elle apprit plus tard, de la part du plus adorable des maraudeurs, qu'ils avaient tous été convoqués par le professeur McGonagall, pour refaire un point sur leur comportement. C'était apparemment la fin d'un règne pour les maraudeurs, du moins Hermione, l'espérait-elle sincèrement. Ils valaient tous tellement mieux que ça.
Severus était quant à lui venu la voir à midi et le soir, au moment de sa sortie de l'infirmerie, après qu'elle eut promis à Mme Pomfresh de faire en sorte de ne plus avoir à y retourner. Et elle comptait bien tenir sa promesse, les malaises commençaient à être bien trop ennuyeux après tout.
Heureusement, elle se sentit bien mieux les jours suivants. Elle eut même l'occasion de surprendre Severus en pensant à lui souhaiter son anniversaire, quand bien même il avait fait en sorte qu'elle ne le sache pas. Elle remercia des milliers de fois Ann pour avoir vendu la mèche, le même jour où elle l'avait tant choquée avec ses questions.
Les jours se succédèrent sans accrocs, permettant à Hermione et Severus de retrouver leurs marques. Après les cours, quand ils n'étaient pas avec leurs amis respectifs, ils se retrouvaient avec Ann et Jack ou simplement seuls tous les deux. C'était probablement ce qu'elle préférait, et lui aussi. Tout semblait parfait, tout semblait calme, mais pourtant, Hermione ne se sentait pas totalement sereine.
Bien qu'elle n'eût plus de flashs, elle voyait bien que le Directeur l'observait d'un œil attentif. Il cherchait des réponses et même s'il semblait certain qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions, il se méfiait d'elle, au même titre que Jack quand il lui avait expliquer les dangers qu'elle pourrait représenter si sa mémoire revenait totalement.
Néanmoins, pire encore que ce potentiel danger, c'était la façon dont se comportait Sirius qui l'inquiétait. Bien que d'apparence plus apaisé que jamais, il avait au fond du regard une étincelle qui ne laissait rien présager de bon. C'était comme s'il se préparait à commettre un méfait quelconque. Enfin, elle se trompait sûrement, Lily était en tout cas très positive et pleine d'optimisme. Déjà car elle avait longuement parlé avec James et, surtout, car elle était juste heureuse, et ce dès lors qu'elle eût appris pour ses deux amis.
La rousse avait confirmé à Hermione avoir eu des doutes sur ses propres sentiments pendant longtemps, mais elle lui affirma être certaine de ne plus avoir de sentiments pour Severus depuis qu'elle avait eu la possibilité de lui reparler. Il était moins sombre qu'avant, mais elle avait, en prenant de la distance, compris qu'ils ne pouvaient pas être plus que de très bons amis.
…
Il fallut plusieurs semaines à Hermione pour réussir à ne plus se montrer autant sur la défensive envers Sirius, et même s'il se montrait pour le moins distant avec elle, il n'en demeurait pas moins agréable dès qu'ils se trouvaient l'un à côté de l'autre. Avec plus de temps encore, il ne faisait aucun doutes qu'ils trouveraient le moyen de se parler à nouveau avec une certaine complicité.
En attendant que cela soit possible, elle se contentait de ce qu'elle avait, et les fondateurs savaient à quel point elle se sentait bien. Elle se sentait à l'aise, aussi bien dans ses bottines que dans ses études et sa vie personnelle. Elle était presque certaine que c'était la première fois de sa vie et elle espérait que cela perdure de la sorte encore longtemps.
-Tu sais que tu es belle quand tu souris ?
Hermione rougit face au compliment de son petit ami.
-Tu me déconcentres, répondit-elle alors en retenant un rire niais.
-Te voir rougir en vaut la peine, se moqua-t-il. Et puis, tu n'avances pas mieux que moi, alors ce n'est pas grave de se distraire !
-On avancerait sûrement mieux si on ne se dissipait pas autant, fit-elle remarquer.
Severus mit son menton sur ses mains croisées devant lui :
-Tu insinues que nous travaillons mal ensemble ?
-Nous formons une belle équipe, sauf quand tu t'ennuies, là tu as une mauvaise influence sur moi.
Severus arbora une mine faussement outrée, tout en se redressant pour venir s'asseoir juste à côté d'elle :
-Je te rappelle que nous travaillons sur un projet à moi, nous ne travaillerions pas dessus si je n'avais pas été aussi travailleur de base.
Hermione ferma leur carnet de recherches, bien noirci avec les semaines passantes :
-Et je te signale que c'est toi qui t'amuses à me déconcentrer alors que je cherche une formulation pour ton sort de Médusa !
-Tu n'as qu'a être moins jolie, comme ça je ne te déconcentrerai pas avec mes compliments !
-Je ne suis pas si jolie que ça, c'est toi qui extrapole.
-Et ça, je l'extrapole ?
Severus se pencha vers elle et l'embrassa tendrement. Il était de plus en plus tactile, du moins se montrait-il plus enclin aux baisers depuis quelques temps. Elle n'aurait su dire pourquoi, il n'y avait rien de nouveau hormis sa sérénité. Cela semblait en tout cas lui convenir, et à elle aussi finalement, elle n'avait pas à se plaindre, bien au contraire. Elle aimait se sentir aimée !
-Tu ne vas pas être en retard pour ta retenue ? demanda-t-elle après un nouveau bisou.
-Si… mais je n'ai pas envie d'y aller…
-Oui, j'imagine que les retenues ne sont pas des moments agréables.
-Oh, quand je suis avec Hagrid ça va encore, on s'occupe des créatures de la forêt. Avec Rusard en revanche, je passe mon temps à faire des corvées de nettoyage et de tri sans baguette… sérieusement, ce sont les pires punitions qui soient !
-Vous allez dans la forêt avec Hagrid ? C'est pourtant dangereux et interdit même !
-Oh, pas tant que ça, on ne va jamais très profondément dans la forêt. À part quelques Boursouffles et des Diricos, on ne croise rien. Je suis déjà allé plus loin tout seul, et là, j'y ai croisé des Acromentules et des centaures. Mais, même ça, ce n'est finalement rien de dramatique. Crois moi, Rusard est pire qu'un Fongieux ! Si j'étais professeur, j'enverrais tous les élèves chiants avec lui.
-Tu ne crois pas si bien dire, s'amusa Hermione qui avait l'impression qu'il disait vrai. Tu dois aller avec Rusard ce soir du coup ?
-Hélas, oui…
Severus soupira et se leva alors pour ranger ses affaires.
-Tu en vois le bout, relativisa-t-elle.
-Oui, sur les dix heures il ne m'en reste plus que deux je crois. J'ai perdu le compte à force.
-Je vais t'accompagner, propose-t-elle en rangeant ses affaires.
-Ça va aller, tu peux retourner dans ta salle commune si tu préfères.
-J'ai envie de t'accompagner…
-Alors si c'est ce que tu veux !
Il sourit et tendit sa main qu'elle attrapa avec plaisir. Oui, que demander de plus que ces moments avec lui ? Cela n'avait pas de prix. Enfin si, le prix de la fatigue, car après l'avoir accompagné jusqu'à la salle des trophées, elle décida de rester avec lui pour l'aider. Enfin, le regarder pour être plus exacte, car Rusard refusait bien entendu que Severus ait de l'aide. Loin d'être traumatisé par la tâche ingrate, qui consistait à laver les ornements de la salle, à la brosse à dent, il parlait avec elle tout en souriant et en frottant :
-J'ai du mal à croire que tu es en retenue quand je te vois faire, s'amusa-t-elle.
-C'est un travail comme un autre, et avec toi à côté, c'est forcément moins contraignant.
-Je ne te savais pas si optimiste, Severus.
-Chaque tâche peut devenir, selon l'humeur, un plaisir ! récita-t-il. Pourquoi tu ris ?
-Mary Poppins ? Sérieusement ?
-Bin quoi, elle n'a pas tort au final, si ?
-C'est vrai… tous les soupirs ne valent pas mieux qu'un sourire, accorda-t-elle en ricanant. Mais du coup, ça fait de moi ton morceau de sucre ?
-Ça y est… j'ai la chanson en tête pour de bon, se plaignait-il avec un large sourire.
L'instant d'après, Hermione poussa la chansonnette tandis qu'il sifflait, lui-même, l'air gai de cette musique si entraînante. Oui, même les retenues pouvaient être sympathiques, sauf peut-être pour Rusard qui semblait prêt à vomir.
Après ce moment aussi agréable que farfelu, elle dut faire demi-tour et laisser son petit ami pour retourner à la tour des Gryffondors. C'était sportif ! Encore plus fatiguée et la tête ailleurs, Hermione ne fit pas attention et percuta quelqu'un, faisant tomber son sac. S'excusant vivement, avec cette fois l'impression que cela lui arrivait bien trop souvent, elle remarqua plein de livres au sol.
-C'est moi qui suis navrée, je ne vous avais pas vu, admit le professeur Nid qui ramassait déjà ses livres. Je ne pensais pas croiser quelqu'un à cette heure-ci !
-Je ne vous avais pas vu non plus, s'amusa Hermione.
-Nous sommes donc deux à être un peu tête en l'air, j'en ai peur !
La jeune professeur ricana doucement tout en continuant de ramasser ce qui trainait.
-Je crois que c'est à vous, dit-elle en ramassant le carnet de note de la Gryffondor. Oh, mais vous étudiez la création de formule ?
-Oui, c'est bien ça, confirma Hermione.
-Vous travaillez sur un sortilège de stratification ?
-Heu… oui, comment…
-Les bases latines sont en effet une bonne piste, au vu du petificus ou même du piertotum.
-Le piertotum ? répéta Hermione.
-Oui, vous savez, le sortilège pour donner vie au statue, comme ce fut ici même lancé lors de la grande crise de 1890, et même lors de la révolte des gobelins. Heureusement cette défense du château n'est que rarement utile.
Pourquoi diantre n'y avait-elle pas pensé avant ? C'était en effet un sortilège parfait à ajouter dans leurs recherches. Certes, ce n'était pas au programme de Poudlard et plutôt des universités sorcières, mais la lionne avait déjà vu cette formule quelque part, lors de l'une de ses lectures.
-Gabriella, que faites-vous encore ici ? demanda la voix étonnée du professeur McGonagall.
-Je n'avais pas fait attention à l'heure Minerva, mais je constate que je ne serai pas la dernière à la réunion.
Madame Nid eut un sourire amusé qui vexa légèrement la professeur de métamorphose. Visiblement, elles étaient toutes deux bien peu en avance pour un rendez-vous professoral.
-Je vous souhaite une bonne soirée et une bonne nuit Miss Watson, dit finalement la plus jeune.
-Merci, à vous aussi Professeurs, répondit Hermione en regardant ses deux aînées.
Elle récupéra son livre de notes et s'empressa de retourner à la salle commune, pressée de continuer ses recherches et plus encore de pouvoir se vanter, dès le lendemain, auprès de Severus. Elle espérait bien avancer efficacement, sans lui cette fois ! Hélas, elle tomba avant tout sur une bande de Gryffondor qui était bien décidée à lui faire sortir le nez de ses livres et autres carnets. Et ils réussirent leur coup en l'invitant à jouer à une bataille navale sorcière.
Sirius était là lui aussi, bien évidemment, et il réussit même à rire un peu avec elle. Cela valait bien le coup de ne pas travailler, pour une fois.
-Au fait, vous allez rentrer pour les vacances ? demanda Hermione après l'une de ses défaites.
-Moi oui, répondit Lily. Je vais fêter l'anniversaire de mariage de mes parents, je ne raterais ça pour rien au monde.
-Moi je vais passer les vacances avec Frank bien sûr ! s'enjailla Alice.
-Moi je reste là cette fois, dit Remus qui semblait fatigué.
La pleine lune tombait sûrement pendant les vacances d'hiver et il préférait probablement être ici plutôt qu'en insécurité chez lui. James lui tapota l'épaule :
-Et nous serons là aussi ! De toute façon, mes parents vont partir en Amérique pour le travail, alors on sera bien mieux ici.
-Ouais on va pouvoir t'emmerder un peu plus mon vieux Lunard ! ajouta Sirius avec un sourire malicieux.
-Et toi Peter ? demanda Lily.
-Je vais rentrer chez moi, mes parents veulent que je sois présent pour voir ma cousine, qui va venir avec ma tante…
-Un mariage en vue ? se moqua Sirius.
Les blagues du genres continuèrent un moment, mais cela ne semblait pas vraiment amuser Peter. Il fut du coup sûrement bien content quand l'heure d'aller se coucher arriva, en même temps qu'une grosse fatigue collective.
…
Le dernier jour déjà avant les vacances d'hiver, Hermione retrouva Severus après les cours. Il avait été emballé par la piste de recherche pour le sort et, depuis, rien n'était venu les distraire pendant qu'ils travaillaient sur leur création. C'était si agréable, si stimulant, que le temps avait semblé doubler sa vitesse.
-On y est presque ! s'exclama Severus. Il ne nous faut plus grand-chose… je sens qu'on va bientôt pouvoir passer aux phases de tests !
-C'est super, ajouta Hermione. On forme une super équipe !
-La meilleure, dit-il en souriant.
Il l'embrassa, ce qui n'avait pas encore été le cas aujourd'hui, et Hermione se rendit compte que cela lui avait un peu manqué. Était-elle à ce point dévergondée ? Elle le pensa, en tout cas, alors qu'elle se rappela d'un coup les dires d'Ann concernant les garçons et ce que certains couples arrivaient à faire à Poudlard. Pourtant, Severus ne semblait pas être ce genre d'homme, car il ne tentait jamais rien de plus que des baisers. Était-elle aussi jolie qu'il le lui disait ? N'importe quoi, pourquoi pensait-elle à ça, vraiment !
-Hermione…
-Oui ?
-Je peux te demander quelque chose ?
S'était-elle trompée dans ses prises de notes ? Elle le regarda droit dans les yeux, le cœur battant plus vite, s'en voulant de s'être laissée distraire pour rien.
-Oui ?
-Est-ce que tu accepterais de m'aider pour faire d'autres potions pour mon employeur ? Elle m'a repassé une commande vu que c'est de nouveau les vacances !
Rassurée, elle sourit et accepta volontiers. C'était l'occasion d'être à nouveau utile et surtout, de passer son temps libre avec lui, même s'ils n'avaient pas besoin d'excuses pour ça.
-Super, on va encore être efficace, c'est certain. On pourrait même commencer dès demain, comme ça nous aurons le reste des vacances pour être plus tranquille !
-Bonne idée oui…
…
Aussitôt dit, aussitôt fait, et dès le lendemain, ils se retrouvèrent aux toilettes du deuxième étages pour travailler. Le matériel de Severus avait pris la poussière, signe qu'il travaillait bien moins maintenant. Finies les potions pour les élèves, en même temps, il gagnait bien assez pour être tranquille grâce à son contrat freelance avec sa patronne de fortune pendant les vacances.
La liste de la commande était un peu plus lourde que la dernière fois, signe qu'elle était vraiment très contente du travail fourni par le futur maître des potions. Car oui, même s'il disait hésiter, il était clair qu'il finirait dans cette voie. Pour l'heure, peu importait, ils avaient du travail et c'était tout ce qui comptait.
Tout se passait à merveille, jusqu'à ce que le temps donne tort à Hermione d'avoir baissé sa garde envers Sirius…
Le mardi après le début des vacances, alors qu'ils travaillaient encore et toujours, Mimi se mit à crier, signe que quelqu'un approchait. Puis, Remus arriva en trombe dans les toilettes du deuxième étage, suivi de près par la fantôme qui semblait perturbée qu'un élève soit passé malgré ses hurlements :
-Vous devez plier bagage, et vite !
-Quoi ? demanda Hermione après avoir compris ce qu'il se passait.
Severus avait sorti sa baguette, mais Remus continua, essoufflé et presque paniqué :
-Vous devez ranger votre matériel ! Sirius sait ce que vous faites et il a été prévenir McGonagall…
-Pardon ? Il a fait quoi ?
-Tu as bien entendu Hermione, il a prévenu la sous-directrice que Severus travaillait illégalement dans Poudlard, sur des potions, et se faisait payer pour.
-Mais comment il a pu savoir où je travaillais ? grogna Severus qui le pointait toujours avec sa baguette.
Hermione le remarqua seulement et le força à baisser le bras alors que son ami reprenait :
-On n'a pas de temps à perdre.
-On ? ironisa Severus.
-Je vais t'aider oui, réduis ton matériel et suis-moi. Hermione, il va falloir que tu nous fasses gagner du temps !
-Je fais ça comment ?
-Sirius et McGonagall arrivent, j'ai dû prendre un passage secret. On va le prendre en sens inverse avec Severus pendant que toi, tu les bloqueras de l'autre côté. Il ne faut pas qu'elle voie Severus, ni moi, sinon ils sauront qu'il y a anguille sous roches.
-Bien… Severus, ne fais pas cette tête et écoute-le écoutes le.
-Pourquoi je devrais lui faire confiance ?
-Parce que je sais que j'ai failli te tuer l'an dernier… alors je te dois bien ça non ?
Sur ces paroles étranges, Severus ne sembla rien trouver à redire. Il soupira et regarda sa petite amie :
-Ça va aller ?
-Oui, partez vite !
Puis Hermione ne perdit pas plus de temps et tourna à gauche vers le grand escaliers, comme Remus le lui avait dit. Elle se hâta mais ne courut pas afin de sembler naturelle. Grand bien lui en prit, car elle tomba très vite sur les deux personnes qu'elle s'attendait à voir.
-Salut Sirius, dit-elle en se forçant de conserver un sourire convaincant. Bonjour Professeur, qu'est-ce que vous faites ici ?
-On vient chercher Severus, répliqua Sirius comme si c'était une évidence, et ça l'était.
-Eh bien, il n'est pas là, dit-elle en prenant une mine surprise. C'est vrai qu'on se rejoint souvent à cet étage pour réviser, mais il avait autre chose de prévu.
-Qu'avait-il de prévu ? demanda le professeur McGonagall avec une légère suspicion.
-Je ne sais pas professeur, je suis sa petite amie, mais j'essaie de ne pas être trop étouffante.
En disant cela, Hermione fixa un instant Sirius. Elle n'arrivait pas à croire qu'il essayait de faire virer Severus de cette façon !
-Tu mens, il est en train de faire des potions dans les toilettes de Mimi Geignarde ! cria-t-il presque en reprenant la route.
-Mais pourquoi il ferait ça ? Il a accès aux cachots vu qu'il aide le professeur Slughorn, s'il veut s'entrainer, il le fait directement dans la salle de cours.
McGonagall semblait du même avis que sa nouvelle élève. Sirius serra le poing :
-Alors tu ne vois pas d'inconvénients à ce qu'on aille voir !
-Non, aucun, dit-elle en haussant les épaules.
Sirius sembla choqué par cette réponse et courut d'un coup.
-Vous voudriez bien venir avec nous Miss Watson ? demanda la professeur de métamorphose.
-Oui, avec plaisir.
Sirius était déjà dans les toilettes plus loin dans le couloir et rageait de ne rien trouver.
-Vous saviez qu'on arrivait !
-Mais non, je ne vois pas de quoi tu parles.
-Il est parti de l'autre côté hein ?
-Si c'est le cas, il aura trouvé monsieur Rusard sur sa route, soupira McGonagall.
Sirius retrouva le sourire à cette idée, là où Hermione eut du mal à ne pas perdre le sien. Puis le concierge arriva justement, à son tour, depuis l'autre côté :
-Nous n'avons vu personne, dit-il en pointant sa chatte à ses côtés, et encore moins du matériel à potions.
-C'est impossible ! Ou alors il a utilisé un passage secret !
-Il n'y en a pas ici, s'amusa Rusard. Je connais ce château comme ma poche.
-Si, il y en a… forcément, se rattrapa Sirius.
-Si tu en connais un, tu devrais nous le montrer non ? demanda Hermione.
Bien sûr, il ne répondit rien. McGonagall soupira et regarda Sirius :
-Bien, c'est gentil de vous inquiéter de la sécurité des élèves Monsieur Black, mais je pense pouvoir affirmer qu'il n'y a rien ici. Je vais donc vous demander de vérifier, peut-être un peu mieux, vos sources avant de crier au loup. On ne doit pas accuser des gens sans preuves, cela peut être dangereux pour les innocents pointés du doigt !
Ces paroles firent frissonner Hermione, mais elle n'avait pas franchement envie de rebondir là-dessus. Elle voulait plutôt que leurs aînés partent vite, ce qu'ils firent, la laissant avec son confrère de Gryffondor.
-Où est-il passé ? marmonna-t-il entre ses dents. Qui l'a aidé ?
-Pourquoi tu as fait ça Sirius ?
-Ça ne te regarde pas !
-Je crois que si, justement.
-Il mérite d'être renvoyé Hermione. Tu serais plus en sécurité loin de lui, tu sais très bien qu'il a de mauvaises fréquentations !
-Il en a aussi de bonnes, fit-elle remarquer. À moins que Lily et moi ne soyons pas des personnes correctes ?
-Tu sais très bien de qui je veux parler, soupira-t-il. Entre ceux qui sont déjà Mangemorts, ceux dont les parents le sont, ceux qui sont timbrés et d'autres qui ne savent pas se tenir…
-Sirius, arrête ça s'il te plaît ! dit-elle avec une voix plus menaçante qu'elle ne l'aurait voulu. Tu vas trop loin. Je t'apprécie énormément, en tant qu'ami, mais ton comportement est inacceptable et je commence à me dire que nous ne devrions plus nous voir du tout. Alors écoute-moi bien : soit tu te tiens à carreaux et nous pourrons essayer, à minima, d'être de nouveau amis, soit tu continues à te comporter comme un sinistros et je serais ton pire cauchemar, crois-moi !
Elle n'avait pas idée d'avoir en elle une telle capacité à faire peur. Pourtant, au vu du regard du maraudeur, il était clair qu'elle pouvait être un dragon. À bien y réfléchir, cela lui était déjà arrivé de faire frémir d'autres garçons têtus, elle le sentait. Ce n'était pas une Gryffondor pour rien !
-Méfies-toi Hermione, dit-il en baissant les épaules, vaincu. Tu sais te défendre je te l'accorde… mais comprends bien que je suis surtout inquiet pour toi !
Sur ces mots, il se dirigea vers la porte, l'air penaud. Elle le croyait dans son inquiétude et savait qu'il avait de quoi s'en faire, même si elle se sentait capable d'affronter le futur.
-Merci Sirius, de vouloir prendre soin de moi. N'oublie simplement pas que tu dois aussi faire attention à toi en priorité. Ta témérité et ton impulsivité risquent de te faire défaut un de ces jours.
Il ne trouva rien à redire et le jeune sorcier sortit des toilettes, laissant Hermione seule, ou presque.
-Je suppose que c'est fini les préparations de potions, soupira Mimi qui sortit d'une cabine de toilette en pleurant.
-J'en ai peur Mimi… en tout cas pour le moment.
