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Chapitre7 : La rentrée universitaire
Emily s'était rapprochée d'une fille de sa promotion : Anne, une jeune Française qui voulait devenir médicomage-potionniste. Elles avaient plusieurs cours en commun. On était début octobre et les cours avaient tout juste commencé, bien qu'elle travaillât depuis plus d'un mois dans un laboratoire de l'université, sur des protocoles simples. Ils devaient produire en grande quantité des baumes cicatrisants parfaits pour Sainte-Mangouste ; c'était son équivalent de l'épluchage de patates, mais il fallait bien que quelqu'un le fasse.
En ce mardi matin, Anne et Emily buvaient leur café dans la cour verdoyante du complexe des potionnistes, anticipant le prochain cours. Lorsqu'elles arrivèrent dans la salle de TD, elles s'installèrent relativement silencieusement et sortirent de quoi prendre des notes. Emily avait opté pour un classeur, des feuilles simples et un stylo-plume pour que ce soit plus simple - ils étaient libres sur le choix du matériel scolaire. Elle en profitait allègrement en utilisant seulement les fournitures scolaires moldues. La salle était lumineuse, exposée plein sud et donnant sur les jardins intérieurs du département de potions. Une douce lumière éclairait les longues tables en bois foncé, où les étudiants étaient assis sur deux rangs. Ce n'était pas un laboratoire pour ce cours, et comme pour certains autres indiqués sur son emploi du temps, ce serait leur salle de travaux théoriques.
Lorsque le professeur entra dans la salle, le silence se fit. Ils n'étaient qu'une dizaine dans son cursus de potionniste ; ce qui serait parfait pour apprendre. À l'instant où la voix suave et doucereuse du professeur retentit dans la pièce, la tête d'Emily se redressa d'un coup, lui faisant craquer les cervicales et lui rappelant ses années à Poudlard.
Le professeur Prince fit l'appel pour connaître ses étudiants. Il les avait du mardi au vendredi, au moins deux heures par jour. Au nom d'Emily, il sourit très légèrement ; c'était imperceptible pour ceux qui ne le connaissaient pas, mais elle le remarqua et sourit doucement aussi en baissant les yeux sur sa feuille vierge.
Ce premier cours de potions était à la fois très différent et semblable à ce qu'elle avait connu avec le professeur Prince. Il était plus posé, détendu, mais toujours aussi sévère quand il s'agissait de la sécurité. Il leur annonça le programme, chargé, du semestre, les lectures recommandées ainsi que les dates des partiels. Il avait prévu qu'au cours du lendemain, il testerait leur niveau avec un devoir écrit et un travail pratique en solitaire. Ils avaient quatre heures de potions le mercredi après-midi. Le matin, c'était botanique. Emily était dans son élément, inscrivant frénétiquement les recommandations sur ses copies, qu'elle paginait pour s'y retrouver plus tard. Elle se sentait bien en cette fin de cours, lorsque le professeur Prince lui demanda :
- Un instant, Miss Stewart.
Elle commença à paniquer. Qu'avait-elle bien pu faire comme gaffe dès le premier cours pour être retenue, pensa-t-elle. Les mains moites et légèrement tremblantes, elle s'approcha du bureau de son professeur.
- Miss Stewart, je suis heureux de vous avoir dans ma classe. J'ai remarqué votre surprise, cependant.
- Oui, monsieur, je ne savais pas que vous aviez quitté Poudlard pour cette école. Mais j'en suis heureuse aussi.
- Le professeure McGonagall avait fait l'annonce durant le banquet de fin d'année, mais il devait y avoir trop de bruit au bout de la table des Serpentards, sourit Severus.
- Sûrement. En tout cas, j'ai hâte de travailler avec vous, en cours je veux dire, enfin...
- Moi de même. Vous pouvez y aller, Miss Stewart.
- Merci, et bonne journée, professeur.
Anne demanda à sa nouvelle amie les détails sur leur relation, sur le type de professeur qu'était ce Severus Prince, etc. En échange d'informations, elle avait accepté d'enseigner le français à Emily durant l'année. En bonne Serpentard, elle se devait de négocier à son avantage. Emily et Anne discutaient pendant leur pause déjeuner aux tables du petit cloître de leur université londonienne. Lorsqu'un idiot eut la brillante idée de se balancer sur sa chaise, chaise qui tapait donc le dossier de celle d'Emily. Une fois, deux fois, à la troisième fois, elle s'énerva :
- Dis donc, l'abruti congénital qui ne remarque pas son environnement, tu pourrais arrêter de te balancer ? fit-elle, pleine de hargne.
- Ne t'emporte pas trop non plus, lui intima Anne.
L'abruti se retourna sur sa chaise qui avait maintenant ses quatre pieds au sol, avec le sourire du gars à qui on ne refuse rien et un regard plein d'arrogance :
- Il faut se calmer, la furie. C'est ta mauvaise période du mois ? Tu passes tes nerfs sur un pauvre innocent qui profite simplement de la vie.
- Ne l'écoute pas, reprit l'ami qui accompagnait l'abruti, il n'a pas encore compris le principe de demander pardon quand on fait une connerie, rit-il à moitié.
- Je n'ai rien fait, répliqua l'abruti.
- Si, et tu le sais très bien. Donc maintenant présente des excuses, qu'on puisse arriver à l'heure en cours.
- Je ne vois pas pourquoi !
L'ami de l'abruti soupira et leva les yeux au ciel, puis reprit face à Emily :
- Je suis désolé pour son comportement. On va y aller de toute façon, comme ça, vous serez tranquilles.
- Merci, mais tu n'as pas à t'excuser à sa place. De toute façon, on doit aussi y aller.
Les deux groupes se séparèrent, pour mieux se retrouver dans le même amphi dix minutes plus tard. L'ami de l'abruti était du côté du bureau du professeur, sur l'estrade, et la jeune femme se demanda ce qu'il faisait. Son abruti d'ami était au deuxième rang à gauche, attendant qu'il commence, apparemment.
Les filles s'assirent au premier rang à droite du bureau du professeur, et sortirent leurs affaires. L'ami de l'abruti commença le cours, tout à fait passionnant, sur l'utilisation du millepertuis dans les baumes et potions anti-inflammatoires. Emily suivait attentivement le cours, absorbée par ce que disait le professeur du jour, pendant que l'abruti l'observait régulièrement toutes les quatre minutes, tout en prenant des notes de ce que disait son ami. Comme pour toutes les prises de notes d'Emily, chacune était paginée et une abréviation du nom de la matière accompagnait les pages en haut à droite. Le regard de l'abruti la gênait et la tendait un peu plus à chaque seconde qui passait. Elle fit un petit exercice de respiration discret, pour calmer ses nerfs et se concentrer sur le cours. Peu avant la fin du cours, l'abruti se leva de sa chaise et alla à l'estrade sous le regard médusé de l'amphi, et celui rieur de son ami.
- Bonjour à toutes et à tous, je suis Monsieur Grant, et je serai votre professeur ce semestre. Et voici donc, comme vous le savez déjà, Monsieur Hall, mon assistant pédagogique en doctorat, qui sera aussi votre chargé de TD et parfois de cours magistraux quand je ne serai pas là. Vous retrouverez la bibliographie du cours ainsi que son programme sur ces feuilles sur mon bureau. Prenez-en avant de sortir.
Ainsi, l'abruti congénital était professeur de botanique. Il y avait de l'espoir pour l'obtention de son diplôme, si même lui avait pu finir professeur, aussi jeune et en étant aussi limité intellectuellement parlant… pensa Emily, avec un sourire en coin. Sourire que ne manquèrent ni le professeur Grant ni son chargé de TD.