Bonjour à tous, merci pour votre soutien. Voici le nouveau chapitre. J'espère que vous l'apprécierez. :) Bonne lecture!
Chapitre 16:
Cameron s'était installée confortablement sur son canapé, une couverture douce drapée autour de ses épaules. L'appartement était silencieux, seulement brisé par le doux murmure de l'eau bouillante qui infusait dans sa tasse. Elle porta la tasse à ses lèvres, savourant la chaleur de la tisane qui se mêlait à la douceur du calme qui l'entourait. Elle avait pris l'habitude de ces moments de tranquillité depuis sa convalescence. Le rythme effréné de l'hôpital semblait désormais loin, presque irréel. Loin, aussi, des décisions hâtives, des obligations et de l'urgence de tout. Ici, c'était son espace, son moment à elle .
Ses yeux se posèrent sur le livre qu'elle tenait dans les mains, mais ses pensées vagabondèrent. Elle caressa doucement son ventre arrondi, un sourire silencieux effleurant ses lèvres. Parfois, elle avait du mal à réaliser qu'un petit être grandissait à l'intérieur d'elle. Ce bébé, qu'elle avait du mal à imaginer de manière tangible, bougea légèrement. Un petit coup qui la fit sourire, un petit rappel que cette grossesse n'était pas qu'une promesse lointaine, mais bien une réalité qui se dessinait chaque jour un peu plus.
Elle reposa son livre sur la table basse, son regard se perdant dans le vide pendant un instant. Elle n'avait pas encore eu le temps de tout installer, de tout organiser comme elle l'avait imaginé, même si la vie semblait avancer à son propre rythme. Il lui restait encore des cartons à déballer, les derniers vestiges de son déménagement, son retour à Princeton et son futur rôle de mère. Elle avait passé des semaines à faire des choix difficiles, à trier ses affaires et à tenter de trouver un équilibre entre son passé et ce futur inconnu.
Un carton en particulier attira son attention : un carton d'affaires pour bébé. C'était un cadeau qu'on lui avait fait avant son départ pour Chicago, et bien qu'elle l'ait reçu avec gratitude à l'époque, il était resté scellé depuis. À présent, il semblait symboliser un point de départ qu'elle n'avait pas encore eu le temps de franchir.
Elle se leva, son ventre arrondi la ralentissant légèrement, et se dirigea vers la future chambre du bébé. La pièce était encore en chantier, les murs encore nus, mais la lumière douce de l'après-midi filtrait par les fenêtres, apportant une chaleur apaisante à l'espace. La pièce sentait encore la peinture fraîche et l'air léger, mais elle commençait à se transformer peu à peu. Cela serait bientôt son refuge et celui de son bébé, un endroit où elle pourrait se détendre, se ressourcer, créer des souvenirs.
Elle s'accroupit devant le carton, l'ouvrit doucement, et la première chose qu'elle en sortie fut une couverture douce, d'un beige pâle, qui semblait presque irréelle à ses yeux. Elle la caressa avec tendresse, son cœur se serrant légèrement à la vue de ce petit geste. Cela devenait réel. Le bébé n'était pas juste une idée, mais une personne qui occuperait bientôt une place centrale dans sa vie.
Elle continua à sortir les affaires, une à une. Des bodies, des bavoirs, de petites chaussettes. Chacune de ces petites choses semblait tellement fragile, mais aussi incroyablement pleine de promesses. Cameron les tenait dans ses mains avec soin, comme si chaque objet appartenait à un univers secret qu'elle commençait tout juste à découvrir. En les posant délicatement sur le lit, elle sentit une vague d'émotion la submerger. Ce n'était pas juste une nouvelle étape de sa vie, mais un tout nouveau chapitre. Un chapitre qu'elle ne pouvait pas encore vraiment imaginer, mais qu'elle était prête à vivre.
Elle se redressa un instant, prenant une grande inspiration. Elle caressa de nouveau son ventre, sentant le bébé bouger sous sa main. Un petit coup plus fort cette fois, comme pour lui rappeler qu'il était là. La vie, sa vie, se transformait sous ses yeux.
Elle se sentait prête, en un sens, mais aussi terriblement fragile. La maternité, l'avenir… tout semblait à la fois si évident et si flou. Mais pour l'instant, elle savourait cet instant de calme, en attendant que les prochains jours, les prochaines semaines, se dévoilent à leur tour.
Elle se laissa aller dans la chaise à bascule près de la fenêtre, fermant les yeux un instant, le souffle léger, et se laissa bercer par la douce lumière qui enveloppait la pièce. Peu importe ce qui se passerait ensuite. Pour l'instant, elle savait une chose : elle n'était plus seule.
Le bébé bougea à nouveau, et Cameron se permit de fermer les yeux un instant, savourant la quiétude de l'instant. Elle était loin de l'agitation de l'hôpital, loin de la pression. Loin de House, aussi. Peut-être que c'était exactement ce dont elle avait besoin pour se préparer à ce qui allait arriver.
Un peu plus tard dans la soirée, Cameron était installée dans son salon, les jambes repliées sous elle, un livre ouvert sur ses genoux. Ses yeux parcouraient distraitement les lignes, mais elle ne lisait pas vraiment. Son esprit s'égarait dans un brouillard dense, alourdi par la fatigue de la grossesse et la complexité des récents événements. L'agression aux urgences, House inquiet qui débarque en plein examen, la peur de perdre son enfant... Et puis, il y avait cette étrange distance qui semblait les séparer tout en les maintenant liés. Chaque pensée enchaînait la suivante, formant un nœud qu'elle n'arrivait pas à défaire, malgré la convalescence censée lui offrir du recul.
Un bruit sec à la porte la fit sursauter, brisant son introspection. Elle posa le livre sur la table basse et se leva, un peu désorientée. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se retrouva face à lui. House. Sa canne sous le bras, une boîte en carton rectangulaire dans la main, tendue comme une offrande inattendue.
— House, lâcha-t-elle, à moitié surprise et à moitié fatiguée.
Il profita de l'embrasure pour jeter un coup d'œil dans l'appartement, son regard vif balayant la pièce comme s'il prenait mentalement des notes. C'était la première fois qu'il venait chez elle depuis son emménagement.
— J'espère que tu as faim, dit-il simplement, en lui tendant la boîte.
Après un bref instant d'hésitation, elle ouvrit un peu plus la porte et accepta l'offrande, intriguée.
— Des pizzas ? demanda-t-elle en arquant un sourcil.
— Des vraies, répondit-il avec ce demi-sourire en coin qu'elle connaissait trop bien. Pas ces trucs fades que tu mangeais à Chicago.
Un mélange de défi et de moquerie flottait dans sa voix, mais elle ne mordit pas. Elle se poussa pour le laisser entrer, refermant la porte derrière lui.
House fit quelques pas, jetant un regard circulaire à l'appartement. Les meubles en bois clair, le tapis moelleux et les quelques bibelots soigneusement disposés donnaient à l'endroit une chaleur propre à Cameron, malgré les cartons encore ouverts dans un coin et un mur presque nu. L'ensemble semblait dire : pas encore fini, mais déjà habité.
Il s'effondra sur le canapé, repoussant un coussin parfaitement aligné d'un geste désinvolte.
— Pas mal, commenta-t-il. T'as décidé de devenir maniaque ou c'est hormonal ? lança-t-il avec un sourire en coin.
Elle ne releva pas.
— Je vais chercher des assiettes, dit-elle simplement, s'éclipsant vers la cuisine.
Dans le silence, le bruit de la vaisselle résonnait, mêlé au martèlement lointain de ses pensées. House, de son côté, scrutait la pièce. Ses yeux s'attardaient sur les détails, comme s'il cherchait quelque chose. Une trace. Une explication. Quelque chose qui pourrait combler les silences qu'ils n'osaient pas encore briser.
Lorsqu'elle revint avec deux assiettes, il s'était levé, inspectant une étagère remplie de livres.
— Tu sais que ce n'est pas parce que tu alignes des bouquins dans une bibliothèque que ça fait de toi une intellectuelle ? lança-t-il sans se retourner.
Elle posa les assiettes sur la table.
— Et toi, ce n'est pas parce que tu insultes tout le monde que ça fait de toi un génie.
Il se tourna vers elle, un sourire narquois sur les lèvres.
Elle roula des yeux, l'air à la fois exaspéré et amusé, et ils s'installèrent pour manger. Quelques minutes passèrent, ponctuées de remarques acérées et de silences.
Puis, soudain, House se leva, posant son assiette.
— Pas de bière ?
Elle le fixa, l'air impassible.
— Non, House. Je suis enceinte.
Il leva les yeux au ciel, comme si c'était une évidence qu'il venait de découvrir à cet instant.
— Bien sûr. Parce que faire en sorte que tes invités restent hydratés ne fait plus partie de tes priorités. Lança-t-il avec une ironie mordante, en se dirigeant vers la cuisine malgré tout.
Le son de ses pas résonnait sur le parquet. House ouvrit le frigo, marmonnant pour lui-même en découvrant les étagères soigneusement remplies de smoothies et d'eau de coco.
— C'est officiel, cet appartement est une zone dénuée de plaisir.
En refermant le frigo, il se détourna, mais au lieu de revenir directement au salon, il aperçut une porte entrouverte dans le couloir. Par pure curiosité – ou parce qu'il ne pouvait pas s'en empêcher – il se dirigea vers la porte et la poussa doucement.
La lumière tamisée de la lampe de chevet éclairait une pièce en préparation. Une commode encore à moitié montée, des cartons débordant de vêtements minuscules, une peinture pastel à peine sèche sur les murs. La chambre du bébé.
House resta immobile, ses doigts toujours serrés autour de la poignée. Son regard parcourut la pièce, absorbant chaque détail. Il effleura du bout des doigts une peluche posée sur une étagère, son expression indéchiffrable. Il referma lentement la porte, comme pour effacer ce qu'il venait de voir, et resta un instant dans le couloir, le regard vide.
Quand il retourna dans le salon, Cameron releva les yeux vers lui, légèrement méfiante.
— Tu as trouvé ton bonheur ?
— Non. Ton frigo est une insulte à la civilisation, répondit-il en se laissant tomber sur le canapé.
Elle ne répondit pas, mais ses yeux le scrutaient avec une intensité qu'il évitait soigneusement.
— Alors, j'imagine que tout l'hôpital est au courant maintenant, dit Cameron en s'installant plus profondément dans le canapé, son ton volontairement désinvolte.
House releva à peine les yeux, occupé à saupoudrer un morceau de pizza de piments rouges.
— Pas encore. Je pensais leur faire un PowerPoint demain. Avec des graphiques.
Elle souffla, un mélange d'exaspération et de résignation.
— Tu trouves ça drôle. Moi, je vais devoir supporter leurs regards.
Il haussa un sourcil, l'air vaguement intrigué.
— Des regards? Qu'est ce que ça peu bien faire.
Elle croisa les bras, son regard se durcissant légèrement.
— Ce n'est pas toi qui te balades avec la preuve évidente de cette nuit. Je ne peux pas cacher… ça, ajouta-t-elle en désignant son ventre. À chaque fois qu'ils me verront, ils penseront à toi. À nous.
House posa sa pizza, prenant un instant pour l'observer, mais son expression resta neutre, presque indéchiffrable.
— Et alors? Les gens sont idiots. Ils parlent, se lassent, et passent à autre chose. C'est ce qu'ils font.
— Facile à dire quand tu te fous royalement de ce que pensent les autres son ton glissant légèrement vers l'ironie. Moi, je vais être «Cameron, celle qui a couché avec House». Ma crédibilité en a pris un coup.
— Ce n'est pas si terrible, dit-il avec un sourire en coin. Ça pourrait être pire. Tu pourrais aussi être «Cameron, celle qui a apprécié ça».
Elle leva les yeux au ciel, incapable de réprimer un sourire bref.
— Sérieusement House.
House s'étira sur le canapé, attrapant un piment rouge qu'il commença à écraser entre ses doigts.
— Cameron, personne n'a de crédibilité dans cet hôpital. Chase est l'ex-mari jaloux. Foreman est le moralisateur. Et moi, je suis le gars qu'ils espéraient tous voir finir seul. Alors, qu'est-ce que ça change vraiment?
Cameron secoua la tête, mais cette fois, son irritation semblait s'être atténuée.
— C'est peut-être facile pour toi. Mais moi, j'ai passé tellement de temps à essayer d'être respectée la bas.
— Alors, qu'ils respectent ce que tu fais, pas ce que tu es, dit-il en haussant les épaules, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
Elle resta silencieuse un instant, son regard fixé sur lui.
— Et si ça ne marche pas?
House leva les yeux vers elle, un éclat indéchiffrable dans son regard.
— Si tu entends quoi que ce soit, dis-le-moi.
Elle fronça légèrement les sourcils, surprise par la franchise inattendue.
— Et qu'est-ce que tu feras?
— Ce que je fais toujours: rendre leur vie insupportable jusqu'à ce qu'ils abandonnent.
Un silence flotta entre eux, mais cette fois, il n'avait rien de pesant. Cameron finit par lâcher un rire discret, secouant la tête.
— Tu es impossible.
— Et toi, tu prends les choses trop à cœur, dit-il simplement, sans un sourire, mais avec ce calme qui rendait ses mots encore plus désarmants.
Cameron n'ajouta rien. Elle détourna les yeux, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres. Elle savait que cette situation n'était pas évidente pour lui bien qu'il ne le dirait jamais ouvertement, mais ce qui comptait c'est qu'il était là. À sa manière, maladroite et insupportable, mais là.
— Pas de douleurs ? demanda-t-il soudain, changeant brusquement de sujet.
La question la prit au dépourvu.
—Non, plus depuis plusieurs jours, répondit-elle je me sens prête à revenir.
Il la scruta un instant, son regard brillant d'une inquiétude qu'il n'aurait jamais exprimée à voix haute. Puis il changea de sujet.
— Chose que nous n'avons pas encore évoqué, tu ne comptes pas retourner aux urgences n'est ce pas ?
Elle releva les yeux, croisant son regard.
—Je ne peux pas arrêter de vivre sous prétexte que je suis enceinte.
House pencha légèrement la tête, son expression oscillant entre l'irritation et l'inquiétude.
—Tu es douée pour prendre des décisions stupides avec un aplomb impressionnant.
Elle sentit sa gorge se nouer.
— House, Les Urgences c'est là où je dois être.
House poussa un soupir agacé, mais il garda un ton mesuré.
— Une place t'attend en diagnostic.
Le sous-entendu était clair. Ce n'était pas une invitation, mais une injonction déguisée.
— Non, House. C'est non négociable.
Il la fixa longuement, son regard cherchant quelque chose dans le sien, comme pour jauger sa détermination. Enfin, il murmura, presque à contrecœur :
— Tu ne dois pas prendre de risques inutiles. Ça fait partie de notre accord.
Elle ferma les yeux un instant, respirant profondément pour contenir la frustration qui montait en elle.
— Je ne veux pas être une version édulcorée de moi-même, murmura-t-elle. Revenir au diagnostic, c'est me cacher. Me protéger parce que je suis enceinte. Mais je suis plus que ça, House.
Il posa sa canne contre l'accoudoir, se penchant légèrement en avant.
— Ce n'est pas une question de te cacher. C'est faire ce qu'il faut, pour toi et pour… ça, dit-il en désignant vaguement son ventre, incapable de dire « l'enfant ».
Cameron sentit sa gorge se serrer.
— Pourquoi ça t'importe ? Tu ne veux pas de cet enfant.
House la fixa, son regard mêlant colère et sincérité désarmante.
— Parce que cet enfant est là, Cameron. Et toi aussi. Alors si tu veux jouer les héroïnes, fais-le, mais pas à mes dépens.
Elle resta silencieuse un moment, sentant qu'il avait touché juste.
— Très bien, lâcha-t-elle les rumeurs vont aller de bon trains! Au point où on en est de toute façon. Mais ce sera temporaire. Uniquement jusqu'à ce que je décide de m'arrêter avant l'accouchement .
House hocha légèrement la tête, un sourire en coin.
Elle le fusilla du regard, mi-agacée, mi-amusée.
— Tu es insupportable.
— Non irrésistible, répliqua-t-il, mordant dans une part de pizza.
Elle esquissa un sourire, malgré elle.
Le lendemain Dans la salle de diagnostic, Foreman, Taub et Thirteen étaient penchés sur un dossier médical, mais l'atmosphère était tout sauf studieuse. Les gestes paraissaient appliqués, mais les regards échangés et les sourires en coin trahissaient une autre préoccupation : Cameron et House. La rumeur qui courait dans l'hôpital était bien plus captivante que leur patient du jour.
Foreman finit par briser le silence, posant son stylo avec un soupir exagéré :
— Alors, personne ne va en parler ?
Taub leva les yeux, feignant une surprise innocente mais peu convaincante :
— Parler de quoi ?
Foreman esquissa un sourire narquois.
— Oh, je sais pas… Peut-être du fait que House et Cameron sont au centre de toutes les conversations de l'hôpital? murmura-t-il avec un mélange d'amusement et de provocation.
Thirteen releva la tête, masquant un sourire derrière une main.
— Je n'en reviens toujours pas. House et Cameron?! C'est fascinant... Vous pensez qu'ils vont se disputer pour le prénom ?
La porte s'ouvrit brusquement, et House entra, canne en main, son regard acéré balayant l'équipe.
— Vous avez fini de glousser comme des lycéennes à un bal de promo. lança-t-il d'un ton cinglant.
Un silence gêné s'installa aussitôt, mais Taub, fidèle à lui-même, ne put s'empêcher d'ajouter :
— Alors, House, on prévoit une baby shower ou c'est hors budget ?
House ignora la pique un sourire en coin, déposa lourdement un dossier sur la table et s'assit avec un soupir d'agacement.
— Notre patient, 38 ans, pertes de conscience répétées, éruptions cutanées. Voilà un sujet qui mérite votre intelligence – aussi limitée soit-elle. On commence par des idées sérieuses ou vous préférez continuer à disserter sur ma vie privée ?
Thirteen reprit un semblant de sérieux, se concentrant sur le dossier.
— Une allergie médicamenteuse récente pourrait expliquer les symptômes, suggéra-t-elle calmement.
Foreman haussa les épaules, lançant un regard appuyé à House.
— Ou peut-être une maladie auto-immune ? Lupus ?
House roula des yeux.
— Lupus, encore et toujours. Vous avez un abonnement ? Non, ça ne colle pas avec la progression rapide des symptômes. Essayez encore.
Avant que quelqu'un n'ajoute quoi que ce soit, Taub, incapable de se retenir, relança sur le sujet qui brûlait toutes les lèvres.
— Vous savez que tout l'hôpital se demande si vous allez opter pour un prénom classique ou un truc à votre image ?
House leva les yeux au ciel, son exaspération palpable.
— Oui, j'ai pensé à quelque chose comme « Taub », en hommage à l'imbécillité universelle. Maintenant, revenons au patient, avant que ma tolérance pour votre stupidité atteigne sa limite.
Foreman, cependant, ne lâcha pas le morceau.
— Sérieusement, House. Un bébé, c'est une grande responsabilité. Vous n'avez pas l'air inquiet.
House tapota sa canne sur le sol, l'air faussement ennuyé.
— Je suis ravi que vous soyez si passionné par ma vie privée, Foreman. Mais pour l'instant, ma seule préoccupation, c'est d'éviter que vous assassiniez ce patient avec vos théories foireuses.
Thirteen, sentant que la conversation tournait en rond, recentra l'attention.
— Il a récemment été traité pour une infection respiratoire. Peut-être une réaction croisée avec un autre médicament ?
House hocha la tête, reprenant son sérieux.
— Ça pourrait tenir la route. Faites un bilan toxico complet. Foreman, fouillez ses antécédents familiaux.
Alors que l'équipe s'apprêtait à quitter la pièce, House lâcha d'un ton désinvolte, presque en passant :
— Ah, au fait, Cameron va revenir. Une fois sa convalescence terminée, elle rejoindra l'équipe. Essayez de ne pas faire une crise existentielle collective en sa présence.
La nouvelle tomba comme une bombe. Foreman se retourna brusquement, visiblement pris de court.
— Attendez… Elle revient ? Ici ? Avec nous ?
Thirteen, un sourire intrigué aux lèvres, croisa les bras.
— Alors ça, je ne l'avais pas vu venir non plus. Je pensais qu'elle lèverait le pied jusqu'à la fin de sa grossesse.
Taub, lui, laissa transparaître une pointe d'inquiétude derrière son sourire forcé.
— Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ? Elle sait dans quoi elle s'engage ?
House s'appuya sur sa canne, son regard brillant d'ironie.
— Oui, Taub, je suis sûr qu'elle est parfaitement consciente. Elle a survécu ici trois ans. C'est toujours plus que vous.
Foreman fronça les sourcils, réfléchissant à voix haute.
— Les urgences, c'est son domaine. Pourquoi revenir ici, maintenant et ne pas profiter de la fin de sa grossesse loin de tout ça ?
House haussa les épaules.
— Peut-être qu'elle en a assez de se faire vomir dessus ou de prendre des coups. Vous savez aussi bien que moi qu'elle ne supporte pas l'inactivité. Rester sans rien faire ? Pas son genre. Ou alors, peut-être qu'elle cherche un service où elle pourra enfin être stimulée intellectuellement. Tout ce que je sais, c'est qu'elle sera utile ici, contrairement à certains.
Taub, incapable de lâcher l'affaire, insista.
— Ça n'a rien à voir avec le fait que vous vous inquiétez pour elle ? Ou pour le bébé ?
House adressa un sourire carnassier à Taub.
— Absolument pas, Taub. Mais merci de rappeler à tout le monde à quel point vous excellez dans l'art de poser des questions inutiles. Si Cameron veut un droit de vie ou de mort sur votre carrière, je m'assurerai qu'elle en profite.
Un silence lourd s'installa, chargé de tension et de malaise. House balaya l'équipe du regard avant de conclure :
— Bien. Maintenant que j'ai gâché votre journée, retournez bosser. Notre patient est peut-être en train de mourir, mais ce n'est pas une excuse pour glander.
Avec un sourire satisfait, House les regarda quitter la pièce, avec leurs pensées – et beaucoup de questions sans réponse.
La salle de diagnostic était désormais vide. Les chaises dispersées et les papiers abandonnés racontaient encore l'agitation fébrile qui avait animé la pièce quelques instants plus tôt. House était resté en arrière, le regard fixé sur le tableau blanc. Les symptômes y étaient inscrits en lettres effacées à moitié, témoins d'une bataille médicale en suspens. Ses doigts tapotaient nerveusement le manche de sa canne, rythme irrégulier qui trahissait une hésitation inhabituelle.
C'est alors que la porte s'ouvrit sans bruit derrière lui. Il n'eut pas besoin de se retourner pour deviner de qui il s'agissait.
— Tu voulais me voir? Ca avait l'air urgent, lança Wilson en rentrant, un sourire ironique aux lèvres. Où alors peut être que je te manque et tu deviens sentimental ?
House leva les yeux au ciel, mais ne répondit pas immédiatement. Il fit un geste vague en direction d'une chaise, et Wilson obéit sans protester, s'installant avec cette familiarité nonchalante qui le caractérisait.
Wilson observa House, notant la tension imperceptible dans ses épaules. Finalement, ce dernier brisa le silence d'une voix plus grave qu'à l'accoutumée.
— Merci.
Wilson haussa un sourcil, intrigué mais non surpris.
— Pour Cameron ?
House hocha la tête, évitant de croiser son regard.
— Pour Cameron, oui. Et pour avoir tenu Cuddy à l'écart. Le plus longtemps possible.
Un sourire fin passa sur les lèvres de Wilson, un mélange d'amusement et de compassion.
— Tu sais, te voir me dire merci, c'est presque effrayant. Mais je t'en prie.
House fronça le nez, visiblement mal à l'aise. Il détourna le regard, ses yeux revenant se poser sur le tableau blanc comme pour s'ancrer à quelque chose de tangible.
— Comment va-t-elle ? demanda Wilson, sa voix adoucie.
House hésita, ses doigts se crispant légèrement autour de sa canne.
— Mieux. Je suis passé chez elle hier soir.
Wilson le scruta un instant, un sourire amusé naissant au coin de ses lèvres.
— Et ? Vous avez débattu de la couleur de la chambre ?
House tourna lentement la tête pour lui lancer un regard assassin.
— Haha Très drôle. Et prévisible.
Wilson haussa les épaules, un éclat de malice dans le regard, mais il n'insista pas.
— Et toi ? Comment ça va, House ?
House ricana, un son sec, sans joie.
— Moi ? Comme un charme. Je déborde de vitalité, ça se voit pas ?
Wilson ne sourit pas cette fois. Son ton se fit plus sérieux.
— Tu sais très bien de quoi je veux parler. Qu'est ce que ça t'a fais de la voir comme ça ?
House se figea légèrement, ses yeux perdus un instant dans le vide. Ses doigts tapotèrent la canne avec une nervosité plus marquée.
— Qu'est ce que tu veux entendre? Ça m'a foutu en rogne! Voilà! lâcha-t-il finalement. Parce que ça n'aurait jamais dû arriver. Si elle n'avait pas cette fichue manie…
Il s'interrompit, la mâchoire crispée, cherchant ses mots. Wilson attendit patiemment, sans le presser.
— Cette fichue manie de vouloir sauver tout le monde, reprit il, la voix plus rauque. Même quand c'est stupide. Dangereux. Elle ne peut pas s'en empêcher. Et moi, je dois ramasser les morceaux.
Wilson hocha lentement la tête, l'air grave.
— Et donc ? demanda Wilson. Elle retourne aux urgences ?
House haussa légèrement les épaules.
— Non. Elle revient ici.
Wilson se retourna, un éclat amusé dans le regard.
— Quoi? Ici ? Dans ton équipe ?
House se tourna enfin vers lui, sa canne pointant vaguement dans sa direction, un avertissement silencieux.
— Exprime le fond de ta pensée.
— Non, non, répondit Wilson en levant les mains, feignant l'innocence. C'est juste... intéressant.
House fronça les sourcils, exaspéré.
— Développe.
Wilson inclina légèrement la tête, son sourire prenant une teinte plus malicieuse.
— Oui, intéressant. Parce que ça n'a rien à voir avec le fait que tu veuilles qu'elle reste près de toi, bien sûr.
House roula des yeux, mais son silence était plus éloquent que toutes les réparties cinglantes qu'il aurait pu inventer. Wilson, comme un prédateur qui sentait le sang, continua.
— Tu sais, c'est mignon, en fait. Ce côté protecteur que tu fais semblant de ne pas avoir.
— C'est ça moque toi. Marmonna House, la mâchoire serrée.
— Je dis juste ce que tout le monde voit, House. Tu tiens à elle. Et au bébé.
House détourna les yeux, fixant à nouveau le tableau blanc. Ses doigts tapotaient plus lentement le manche de sa canne, trahissant une nervosité qu'il refusait d'admettre.
— Elle est têtue, lâcha-t-il finalement.
— Aussi têtue que toi, répondit Wilson avec un sourire.
House esquissa un ricanement amer.
— Et ça me rend fou. Parce que maintenant, ce n'est plus seulement Cameron. Il y a aussi…
Il s'arrêta, incapable de terminer sa phrase. Wilson attendit, patient.
— …ce truc, termina House, la voix rauque. Ce bébé. Elle m'oblige à m'en soucier. Et je déteste ça.
Wilson observa son ami, son regard empreint de compassion. Puis, après un instant, il posa une main légère sur son épaule.
— Ce n'est pas une faiblesse, House. Tu sais ça, pas vrai ?
House ne répondit pas, mais son regard, furtivement, croisa celui de Wilson. Une fraction de seconde, quelque chose de plus humain, de plus vulnérable, y passa.
Wilson se leva et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il se retourna une dernière fois.
— Essaie de ne pas tout gâcher. Juste cette fois.
House leva sa canne dans un geste vague, simulant une menace qu'aucun des deux ne prenait au sérieux. Lorsqu'il se retrouva seul, il resta immobile, les yeux fixés sur le tableau blanc. Les symptômes y étaient encore inscrits, mais ce n'étaient pas ceux du patient qui hantaient son esprit. Pour une fois, il semblait prêt à accepter qu'il n'y avait pas de solution immédiate.
