Chapitre 23:

Les jours s'étaient enchaînés dans une routine aussi surprenante que naturelle. Depuis cette nuit-là, sans qu'ils n'aient eu besoin d'en parler, ils ne s'étaient plus quittés. Tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, ils alternaient leurs nuits, s'adaptant l'un à l'autre avec une aisance qui aurait étonné quiconque connaissait House. Cameron continuait d'avancer prudemment, insérant quelques bribes de son quotidien dans celui de House sans jamais l'envahir. Il la laissait faire, sans l'encourager ouvertement, mais sans protester non plus.

Elle respectait son besoin de solitude, s'assurant qu'il ait toujours ces soirées avec Wilson, ces moments de complicité qu'elle ne cherchait pas à perturber. House, de son côté, acceptait cette présence dans sa vie avec une facilité perturbante, comme s'il avait cessé de lutter contre l'inévitable. Cameron en était maintenant au début de son huitième mois, et tout l'hôpital était au courant de leur relation.

Cuddy observait le phénomène avec un mélange d'intérêt et d'espoir prudent. Elle espérait secrètement que cette relation canaliserait House, qu'elle l'assagirait un tant soit peu. Mais elle connaissait aussi House. Rien n'était jamais aussi simple avec lui.

Un soir, chez House.

La nuit était paisible, et pourtant, Cameron restait éveillée, allongée sur le côté. House, absorbé par un article médical, perçut son silence inhabituel. Il jeta un coup d'œil vers sa direction avant de poser son magazine sur sa poitrine.

— À quoi tu penses ? demanda-t-il d'un ton nonchalant.

Elle hésita une seconde avant de souffler :

— Au fait que le bébé n'a toujours pas de prénom.

House posa définitivement sa revue et se tourna vers elle.

— Si tu veux, on peut en discuter.

Cameron le fixa, sceptique cela la surprenait toujours. Le fait que House ait tellement évolué depuis qu'il ait pris connaissance de sa grossesse la surprend toujours.

— Vraiment ?

— Vraiment, confirma-t-il en hochant la tête.

Elle croisa les bras, un sourire en coin.

— D'accord pourquoi pas, tu as un idée ?

— Qu'est ce que tu penses de Crystal ?

Elle leva les yeux au ciel.

— Ca y est ça commence

- Quoi?

- Tu as pioché ça dans un de tes soaps ?

— Oh, tout de suite les accusations…

— Avoue.

— Ok, possible, concéda-t-il avec un sourire malicieux.

Elle lui donna un léger coup d'oreiller, ce qui ne fit qu'accentuer son amusement.

— Bon, sérieusement… qu'est ce que tu penses de Dynastie ? C'est très bien Dynastie. Ou bien Candy ?

Cameron s'arrêta net et le fixa avec incrédulité.

— House, il est hors de question que je donne un prénom de personnage de soap ou de prostituée à ma fille !

— Hey, attention, Candy est un prénom très respectable. Ça évoque la douceur, la joie…

— Ou une strip-teaseuse qui danse sur une barre avec des talons de quinze centimètres.

House haussa les épaules.

— Chacun son interprétation…

— Pas de Candy, pas de Crystal, pas de Dynastie ! trancha-t-elle.

— D'accord, d'accord… Qu'est ce que tu proposes madame je suis fermée d'esprit ?

Elle hésita un instant avant de dire :

— Et pourquoi pas Sophie? C'est mignon.

House roula des yeux aussitôt.

Cameron arqua un sourcil.

— Quoi ?!

— C'est…chiant à mourir

— "Chiant" ?

— Ça manque d'impact. Pas assez grandiose. Un prénom, ça doit marquer les esprits !

— House, c'est un enfant, pas une célébrité en quête de notoriété.

Il plissa les yeux, l'air faussement songeur.

— Revenons deux minutes sur Dynastie tu veux bien. Tu ne l'as pas suffisamment envisagé… Ça en jette, non ?

— Bonne nuit, House.

Elle éteignit la lampe de chevet, ignorant son sourire satisfait. Il ne pouvait pas s'en empêcher.

— Kimberley?

Elle lui donna un dernier coup d'oreiller.

— Dors !

Son rire résonna dans la chambre, et cette fois, il se tut.

Dans les jours qui suivirent l'hôpital tournait à son rythme habituel, entre patients plus ou moins mourants, couloirs bruyants et médecins courant après le temps. Pour House, la journée s'annonçait comme toutes les autres : une lutte acharnée pour éviter le travail tout en s'amusant aux dépens de son équipe.

Il n'avait pas encore franchi les portes de son bureau que son instinct lui soufflait qu'un malheur se préparait. D'abord, Wilson n'était pas venu le voir ce matin. Ensuite, Cuddy ne l'avait pas encore sermonné pour sa dernière absence aux consultations à la clinique. C'était calme. Beaucoup trop de calme.

Il marcha directement vers le bureau de la doyenne, poussa la porte sans frapper et lança d'un ton désinvolte :

— Ok qu'est ce qui se passe?

En voyant Wilson déjà assis en face du bureau de Cuddy, les bras croisés et l'air résigné, House s'arrêta net. Il plissa les yeux, méfiant.

— Alors ça...s'est encore plus bizarre.

Cuddy, impeccablement installée derrière son bureau, lui adressa un sourire satisfait.

— Pour une fois, rien.

— Dans ce cas, pourquoi Wilson a l'air d'un condamné à mort et pourquoi j'ai cette désagréable impression que je vais passer un très, très mauvais moment ?

Wilson soupira et se massa les tempes.

— On va être bref : Cuddy a décidé d'imposer des étudiants à chaque chef de service.

House arqua un sourcil et se tourna vers Cuddy.

— Dites-moi que c'est une blague.

— Ce n'est pas une blague, confirma-t-elle avec une pointe de plaisir.

— Vous avez vu mon agenda ? Je n'ai déjà pas le temps pour les consultations, alors des étudiants ?

— Ça tombe bien, vous pourrez leur apprendre à s'occuper des patients pour vous.

House haussa un sourcil.

— Drôle. Très drôle. Mais ce sera s'en moi.

Il fit un demi-tour pour sortir, mais Cuddy l'arrêta d'un ton sec :

— House, c'est une décision de l'hôpital. Vous encadrerez un groupe d'étudiants, c'est non négociable.

— Ah, mais tout est négociable. Voyons voir… Combien d'heures de consultations en moins pour une dispense d'étudiants ?

— Aucun arrangement possible.

— Un don anonyme à une œuvre caritative de votre choix ? Un don de sperme? Cameron en est ravie.

— House…

Il se laissa tomber dans le fauteuil libre à côté de Wilson, un air accablé sur le visage.

— Très bien, alors c'est simple, je délègue les boutonneux à mon équipe. Ils vont se régaler.

— Non.

— Cameron est bien plus patiente que moi, elle…

— Non.

— Taub a déjà l'air vieux et blasé, il sera parfait dans le rôle du professeur aigri.

— House.

— Thirteen ! Elle est charismatique, intelligente, et en plus, elle sait sourire aux gens. C'est exactement ce qu'il faut.

— House, vous n'avez pas le droit de déléguer. Les étudiants sont sous votre responsabilité, et uniquement la vôtre.

Il la fixa, bouche bée.

— Vous plaisantez ?

— J'ai rarement été plus sérieuse.

Wilson leva une main, faussement compatissant.

— Moi aussi, j'ai essayé de les refiler et j'ai eu droit au même discours.

House secoua la tête.

— Vous réalisez ce que vous faites, Cuddy ? Confier la jeunesse de demain à quelqu'un comme moi ? C'est irresponsable.

— Justement, ils doivent apprendre des meilleurs comme des pires.

— Regardez même Wilson est d'accord pour dire que c'est une très mauvaise idée.

Wilson leva les mains.

— Je n'ai jamais dit ça.

— Mais tu le penses.

— C'est possible oui

Cuddy s'appuya sur son bureau, croisant les bras.

— House, que ça vous plaise ou non, vous aurez des étudiants dès cet après-midi. Essayez de ne pas les traumatiser dès le premier jour.

House grimaça.

— Aucune promesse.

Il se leva et sortit du bureau en lançant un dernier regard noir à Wilson.

— Toi, tu me devras un café pour ne pas m'avoir prévenu plus tôt.

Wilson sourit, amusé, tandis que Cuddy soupirait déjà en prévision des catastrophes à venir.

House traîna des pieds jusqu'à son bureau, l'air de quelqu'un qui marchait vers son propre enterrement. Il poussa la porte, s'attendant à un bureau vide et silencieux. Il fut accueilli par cinq jeunes visages impatients, installés autour de la table, carnets et stylos en main, prêts à boire la moindre de ses paroles.

Il s'arrêta net.

— Génial… Ils sont déjà là.

L'un des étudiants, un brun aux lunettes épaisses, se leva aussitôt et tendit une main enthousiaste :

— Bonjour, Dr House, c'est un honneur de pouvoir apprendre à vos côtés !

House regarda la main tendue comme si c'était une infection hautement contagieuse. Il l'ignora superbement et se tourna vers son équipe, qui était installée non loin, clairement amusée par la scène.

— Ok, qui veut les prendre à ma place ? Foreman ? C'est votre chance de façonner les jeunes esprits de demain.

— Non merci.

— Cameron ? Tu es compatissante, tout ce que je ne suis pas et puis tu me dois bien ça je t'ai fait un gamin.

— Je ne te dois absolument rien et ne mêle pas ma grossesse à ça désolée, mais débrouille toi.

— Taub ?

— Pas question.

— Thirteen ?

Elle sourit en croisant les bras.

— J'aimerais beaucoup, mais Cuddy a dit que c'était votre responsabilité. On a l'interdiction de nous en occuper.

House grogna.

— Traîtres.

Il se tourna à nouveau vers le groupe d'étudiants, qui semblaient à la fois choqués par le fait que House soit le père de l'enfant de Cameron mais osciller entre excitation et légère inquiétude.

— Bien. C'est une perte de temps, mais puisque nous sommes tous coincés dans ce cauchemar éducatif, autant mettre les choses au clair dès maintenant.

Il pointa du doigt un étudiant au fond, un grand blond à l'air sérieux.

— Vous, quel est la pathologie du patient en chambre 312 ?

L'étudiant cligna des yeux, pris au dépourvu.

— Euh… Je… Je ne sais pas.

— Exactement ! fit House en claquant des mains. Vous ne savez rien ! Vous êtes inutiles ! Bienvenue dans le monde réel.

Les étudiants échangèrent des regards incertains. L'un d'eux osa lever la main.

— Dr House, est-ce que nous allons avoir des cas cliniques à analyser avec vous ?

House fit mine de réfléchir.

— Hum… Voyons voir… Non.

Le groupe commençait à comprendre à qui ils avaient affaire. House sourit en voyant leur enthousiasme faiblir.

— Bon, puisque vous êtes ici, autant faire quelque chose d'utile. Votre première mission : aller chercher mon café et de quoi me rassasier. Ca m'a foutu le morale à zéro de devoir vous coltinuer..

Le premier étudiant, celui aux lunettes, fronça les sourcils.

— Vous voulez qu'on… vous apporte un café et de quoi manger ?

— Exactement. Ensuite, peut-être, qu'on parlera de médecine.

Les étudiants hésitèrent, mais finirent par se lever.

— Bonne chance. Et pour pimenter l'expérience, je ne vous dirai ni comment je le prends ni ce que j'aime manger. Considérez ça comme un test de votre capacité d'analyse.

Ils sortirent en murmurant entre eux. Dès que la porte se referma, House se tourna vers son équipe et s'installa dans son fauteuil.

— Voilà. Ils sont officiellement occupés pour la prochaine heure.

Cameron soupira.

— House…

— Quoi ?

Foreman secoua la tête.

— Et dire que ça doit durer 3 semaines…

House souffla,

— Oh oui, ça va être long très très long


Échappatoire

Depuis plusieurs jours, House traînait derrière lui sa horde d'étudiants. Motivés, curieux et envahissants. Beaucoup trop envahissants.

Ils le suivaient partout.

Il allait à la cafétéria ? Ils s'installaient à la table voisine, carnet en main, prêts à noter la moindre de ses répliques.

Il marchait dans les couloirs ? Ils avançaient en file indienne comme des canetons derrière leur mère.

Il tentait de s'isoler ? Ils réapparaissaient, tels des zombies dans un mauvais film d'horreur.

Le seul point positif dans ce cauchemar, c'était que Wilson subissait exactement la même torture.

Ce midi-là, House le retrouva devant la machine à café de la cafétaria, aussi blasé que lui.

— Dis-moi que tu as un plan pour nous en débarrasser.

House lui lança un regard las avant de jeter un coup d'œil vers son propre groupe d'étudiants, qui murmuraient entre eux tout en l'observant comme une espèce rare sous cloche.

— J'y travaille… marmonna-t-il avant de prendre une gorgée de café.

Wilson grimaça.

— T'as essayé d'être encore plus insupportable que d'habitude ?

— Évidemment. À croire qu'ils adorent ça.

Wilson soupira, lui donna une tape compatissante dans le dos et se dirigea vers la sortie.

— Il faut que j'y aille. Bon courage…

— Ouais il m'en faudra.

House grogna et avala une autre gorgée de café.

Fuir. Encore et toujours.

La matinée fut une épreuve.

Il tenta tout : marcher plus vite qu'eux, prendre les escaliers pendant qu'ils attendaient l'ascenseur, se cacher dans la salle de repos… Rien n'y faisait. Où qu'il aille, ils le retrouvaient.

C'est à ce moment-là qu'il reçut un SMS de Cameron.

— Où es-tu ?

Il soupira. Si une personne sur cette planète pouvait le forcer à répondre, c'était bien elle.

— Je pense me planquer en consultations.

Mais avant de s'exécuter, il lui fallait un dernier coup de génie.

Il s'arrêta net au milieu du couloir et se retourna vers ses étudiants, l'air grave.

— OK, nouvelle mission : j'ai égaré un dossier ultra confidentiel. Je veux que vous le retrouviez. Il doit traîner quelque part entre le troisième et le cinquième étage. Fouillez chaque recoin et surtout… Ne vous arrêtez pas tant que vous ne l'avez pas.

Les étudiants échangèrent des regards, hésitants.

— Mais… de quel dossier s'agit-il exactement ? demanda l'un d'eux.

House prit une mine faussement paniquée.

— Si je le savais, je ne serais pas en train de vous demander de le chercher !

Sans attendre de réponse, il fit volte-face et disparut au détour d'un couloir, boitillant plus vite que jamais.

Dépités, les étudiants se dispersèrent.

Mission accomplie.

Dans un ultime espoir de tranquillité, House se réfugia aux consultations. Il se dirigea vers la salle d'examen numéro deux, sa planque préférée lorsqu'il voulait fuir toute responsabilité. En passant devant le bureau des infirmières, il détourna l'attention avec un commentaire sarcastique et subtilisa un magazine laissé à l'abandon. Fier de sa manœuvre, il ouvrit la porte, prêt à savourer un moment de répit.

Quand soudainement il s'arrêta net.

Cameron était assise sur la table d'examen, un sourire taquin flottant sur ses lèvres.

House cligna des yeux, son cerveau s'activant à toute vitesse. Il balaya la pièce du regard, s'assurant qu'aucun étudiant enragé ou patient pénible ne se cachait dans un coin. Son regard revint aussitôt vers elle, à sa posture décontractée, à sa robe qui dévoilait juste assez de peau pour réveiller en lui une chaleur indéniable. Il n'était pas dupe. Il savait exactement pourquoi elle était là.

— Si c'est pour un contrôle médical, j'espère que tu as prévu un examen complet, murmura-t-il en s'approchant.

Cameron sourit mais ne répondit pas. Elle se leva lentement, traversa la pièce d'un pas fluide et effleura son bras du bout des doigts. Le contact le fit frissonner. Puis, dans un mouvement aussi calculé que sensuel, elle verrouilla la porte.

House sentit son rythme cardiaque s'accélérer.

— T'es au courant que j'ai une bande d'étudiants enragés à mes trousses ?

— Je suis au courant, souffla-t-elle en se rapprochant encore.

Ses mains glissèrent sous sa veste, la défaisant avec une lenteur exaspérante. Il la laissa faire, un sourire en coin, amusé par son audace. Son regard descendit instinctivement vers son ventre arrondi.

— Les hormones te rendent complètement dingue, c'est ça ?

— C'est possible.

Elle l'embrassa avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit. Il répondit avec une surprise mêlée d'avidité, sentant son corps réclamer le sien avec une intensité nouvelle. Il l'attira contre lui, ses doigts s'égarant sur sa nuque, savourant le goût familier et pourtant brûlant de sa bouche.

— J'admire l'audace, grogna-t-il entre deux baisers.

Cameron le poussa doucement contre la porte, prenant les devants. Ses doigts s'attaquèrent aux boutons de sa chemise, frôlant sa peau juste assez pour faire grimper la tension. House frissonna sous ses caresses, ravi de la sentir aussi pressante, aussi avide.

Il lui rendit la pareille. Ses mains glissèrent sur ses hanches, puis remontèrent lentement le long de son dos, savourant chaque parcelle de peau sous ses doigts. Lorsqu'il atteignit le bas de sa robe, il la fit remonter avec une lenteur délibérée dévoilant progressivement ses jambes jusqu'en haut de ses hanches.

Elle se tourna, ses cheveux balayant son épaule, et se pencha légèrement contre la table d'examen, lui offrant une vue qui lui fit serrer la mâchoire.

Il ne se fit pas prier.

Les mains de House enlevèrent sa culotte la faisant glisser le long de ses jambes avant de remonter lentement, s'attardant sur ses hanches, la tirant légèrement vers lui. Il déposa un baiser sur sa nuque, puis un autre, savourant la façon dont elle se cambrait sous son contact.

Elle tourna la tête vers lui et lui dit.

— Je te veux là, maintenant.

Cette simple phrase suffit à lui faire perdre tout contrôle.

Il baissa son pantalon et son boxer d'un geste précis.

La suite ne fut qu'un enchaînement de soupirs étouffés, de gestes fiévreux et d'un plaisir brut. Cameron s'agrippa au rebord de la table d'examen tandis qu'il la prenait avec une intensité maîtrisée, son corps réclamant le sien avec une urgence viscérale. Ses ongles marquèrent légèrement la surface sous elle, et cette vision finit d'achever House.

Quand ils atteignirent leur paroxysme, Cameron étouffa un gémissement, et House grogna contre sa peau. Il resta un instant contre elle, le souffle court, son front appuyé contre son épaule.

L'air de la petite salle était devenu lourd, saturé de désir et de satisfaction. Cameron reprit lentement son souffle, un sourire flottant sur ses lèvres alors qu'elle jetait un regard par-dessus son épaule. House, toujours adossé à la porte, récupérait peu à peu ses esprits, un éclat mi étonné, mi admiratif dans les yeux.

— Bordel… si j'avais su que la grossesse te rendrait comme ça, j'aurais peut-être reconsidéré la paternité plus tôt.

Cameron rit doucement, réajustant sa robe. Elle la lissa d'un geste rapide, puis jeta un regard amusé à House.

— On devrait peut-être transformer cette salle en bureau privé, murmura-t-il en s'approchant pour déposer un baiser sur sa nuque.

— Et pourquoi tu es aussi pressée de t'en aller ?

— Il faut bien que l'un de nous deux retourne travailler.

Il haussa un sourcil, faussement vexé.

— Sinon, tu pourrais rester ici, et on pourrait peut-être…

— Pas question, le coupa-t-elle avec un sourire en enfilant ses chaussures.

House la regarda se rhabiller, puis tendit la main pour replacer une mèche derrière son oreille.

— Tu sais que je vais avoir du mal à penser à autre chose pendant le reste de la journée ?

Elle planta son regard dans le sien, une lueur malicieuse au fond des yeux.

— J'espère bien.

House sourit, appréciant la réplique. Il enfila sa veste et, avant de déverrouiller la porte, se pencha à son oreille :

— La prochaine fois que tu as une envie soudaine, préviens moi directement au lieu d'envoyer un SMS énigmatique.

Cameron haussa un sourcil, provocante. Puis, sans un mot, elle l'embrassa, scellant le marché.

Quelques minutes plus tard, House entrouvrit la porte, jetant un coup d'œil rapide dans le couloir avant de sortir.

Pas d'étudiants en vue. Il allait s'en tirer.

C'était sans compter sur un étudiant visiblement plus malin que les autres qui surgit de nulle part et tomba nez à nez avec lui. House marqua un temps d'arrêt, haussa un sourcil et ajusta sa blouse avec un air faussement innocent.

— Docteur House ! Vous voilà enfin, on vous cherche partout !

— Vraiment ? répondit-il en feignant l'étonnement.

L'étudiant plissa les yeux, méfiant, puis jeta un coup d'œil derrière House, apercevant Cameron à l'intérieur de la salle.

— C'est pas le docteur Cameron derrière vous ?

House lui lança un regard blasé, puis, dans un geste très appuyé, referma un peu plus la porte derrière lui.

— Non juste une hallucination.

L'étudiant insistant tenta d'apercevoir l'intérieur de la pièce,

— Bon d'accord, c'est bien elle j'avais besoin d'un avis médical pour le patient dans la salle d'examen. lâcha House, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

L'étudiant, toujours méfiant, plissa les yeux et essaya à nouveau de regarder.

— Quel patient ?

House soupira comme s'il était excédé par tant de curiosité mal placée.

Cameron choisit ce moment pour sortir à son tour. Elle réajusta sa blouse avec un calme impeccable, un léger sourire flottant sur ses lèvres et tapota légèrement sur la poitrine de House au passage qui signifiait " bon courage débrouille toi avec ça" tout en partant.

House souffla blasé et posa une main sur l'épaule de l'étudiant et le fit pivoter dans l'autre direction.

— Celui à qui vous allez devoir faire un toucher rectale si vous continuez à me faire perdre mon temps.

Puis, sans attendre de réponse, il s'éloigna en boitant, un sourire satisfait aux lèvres, tandis que Cameron, amusée, souriait dans la direction opposée, laissant l'étudiant bouche bée comprenant enfin ce qu'il venait de se passer.


Depuis que les étudiants avaient compris que Cameron et House étaient liés, ils avaient redoublé d'efforts pour se faire bien voir… par elle.

Ça avait commencé par des compliments anodins :

— J'adore vos baskets, vous les avez achetées où ?

Puis ça devenait plus flagrant :

— J'ai lu votre dernier article sur les maladies auto-immunes, c'était fascinant !

Cameron, ni aveugle ni naïve, mit fin à la mascarade en plein couloir, après un énième compliment déguisé.

— Ce n'est pas parce que je porte l'enfant de Satan que vous réussirez à me soudoyer.

Un silence gêné s'installa. L'un des étudiants tenta un sourire incertain.

— Non, bien sûr que—

— Oh si, vous essayez. Mauvaise stratégie. Vous pensez que House me fait des faveurs ? Laissez moi vous révéler un secret.

Elle croisa les bras, savourant leurs mines déconfites.

— House est un génie, mais il rend la vie impossible à tout le monde, moi y compris. Alors si vous voulez qu'il vous écoute, soyez brillants. Sinon, il va juste vous ignorer… ou vous humilier.

— On ne voulait pas dire que… tenta un étudiant, espérant sauver la face.

— Non bien sur que non, dit elle en rigolant.

Elle leur adressa un sourire faussement encourageant et tourna les talons, les laissant digérer l'information.

Dans la salle de diagnostic, l'équipe était réunie. Les étudiants, en retrait, observaient en silence. House écrivait sur le tableau blanc, entre sarcasmes et bruits exagérément appuyés de son marqueur.

— Homme, 42 ans, fièvre persistante, douleurs articulaires, fatigue, éruption cutanée. Qui veut tenter « lupus » en premier ?

— Ce n'est pas le lupus, lâcha Thirteen sans lever les yeux.

— Ding, ding, ding, quel suspense. Autres idées ?

— Infection virale atypique, proposa Foreman.

— Non. Test PCR plus propre que les pensées de Cameron.

— Vascularite ? tenta Taub.

— Pas d'atteinte rénale ni pulmonaire. Essayez encore.

House soupira, théâtral.

— Bon, comme vous êtes aussi inspirés qu'un téléfilm médical du dimanche, on part sur une infection bactérienne. Cultures sanguines, ponction articulaire, antibiotiques à large spectre.

— Et si on se trompe ? demanda Taub.

— On écrira une lettre d'excuse pour l'enterrement. Allez, ouste.

L'équipe quitta la pièce, exécutant les ordres. Aujourd'hui, c'était au tour de Cameron de se coltiner les étudiants. Ils en avaient conclu que House passerait les trois semaines de stage à les fuir. L'équipe avait donc décidé de les prendre en charge à tour de rôle. Les étudiants suivirent Cameron, oscillant entre admiration et appréhension.

Alors qu'elle parcourait les résultats d'analyse en marchant vers le labo, Cameron sentit une présence hésitante derrière elle.

— Dr Cameron ?

Elle se retourna pour trouver une étudiante nerveuse.

— Oui ?

— Je… Je sais que House pense à une infection, mais si c'était une réaction allergique retardée ? Le patient a pris un anti-inflammatoire il y a trois jours. Ça pourrait expliquer la fièvre et l'éruption.

Cameron haussa un sourcil, intriguée.

— Tu as vérifié son dossier ?

— Oui. Il n'a pas d'antécédents allergiques connus, mais ça arrive, non ?

Cameron feuilleta les résultats, fronçant les sourcils.

— Ça se tient. Pourquoi ne pas l'avoir mentionné avant ?

L'étudiante hésita.

— Honnêtement… Je me suis dit que personne ne m'écouterait. Et vu votre relation avec le Dr House, j'avais peur que ça passe pour de l'opportunisme.

Cameron pinça les lèvres avant de secouer la tête.

— Écoute peu importe ma relation avec House ici, seule la médecine compte. Si tu as une idée, tu la dis. Et si elle est mauvaise, tu apprendras.

L'étudiante acquiesça timidement.

— Bon, on va vérifier ça.

Sans attendre, Cameron lança une série de tests pour confirmer ou infirmer l'hypothèse.

L'hôpital se vidait, et Cameron entra dans le bureau de House, dossier en main. Il était avachi derrière son bureau, les pieds posés sur la table, absorbé par son ordinateur.

Elle posa le dossier devant lui sans un mot.

House baissa les yeux. Taux d'éosinophiles élevés. Réaction allergique tardive.

Il haussa un sourcil, intrigué.

Puis referma le dossier et leva les yeux vers elle avec un sourire en coin.

— Maman a bien travaillé.

Cameron soupira, croisant les bras.

— Arrête ça tu veux bien.

— Pourquoi ? Tu as materné toute la journée, et en plus, t'en as tiré quelque chose. Bravo !

Elle leva les yeux au ciel.

— On rentre ?

House se leva en s'appuyant sur sa canne.

— Si tu promets de ne pas me parler de mes responsabilités parentales sur le trajet.

Cameron lui donna une tape sur l'épaule, et ils quittèrent l'hôpital ensemble, laissant derrière eux une nouvelle journée de chaos.