Merci comme toujours à AmiralJo que j'adore 3 J'espère que ce chapitre te plaira.

Nous arrivons à la fin les amis! Il me reste un ou deux chapitres à écrire pour conclure cette histoire.

Je vous préviens on est sur de la guimauve... ;) Un peu de douceur de temps en temps ça fait pas de mal.

Vous remarquerez que j'ai posté deux chapitres d'affilés. A la base c'était un seul chapitre. Il était beaucoup trop long j'ai donc décidé de la couper en deux. N'hésitez pas à me faire par de votre avis en MP ou en Reviews

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Chapitre 27: "Premier cri"

Cela faisait six heures que Cameron subissait des contractions, son corps tendu, la respiration haletante. House, fidèle à lui-même, oscillait entre sarcasmes et attentions silencieuses, une fausse désinvolture masquant une vigilance constante.

Une nouvelle vague de douleur la traversa, plus forte que les précédentes. Elle serra les dents, crispant ses doigts autour de la main de House, qui ne broncha pas. Son souffle s'accéléra, son front se plissa sous l'effort, et un gémissement lui échappa malgré elle.

House jeta un rapide coup d'œil à la sage-femme qui entrait dans la chambre, des gants enfilés, prête à l'examiner.

« Je vais voir où vous en êtes. »

Cameron soupira, épuisée, et acquiesça d'un léger signe de tête. House, jusqu'alors affalé sur sa chaise, se redressa légèrement, son regard plus attentif.

Quelques secondes plus tard, le verdict tomba. « Vous êtes à six centimètres. »

Cameron ferma brièvement les yeux, entre lassitude et soulagement.

« Est-ce que vous souhaitez la péridurale ? » demanda la sage-femme.

Elle hésita. Son premier instinct était de refuser, de tenir bon, mais la douleur devenait insupportable. Ses muscles étaient tétanisés, chaque contraction lui volait un peu plus de force.

« Oui, » finit-elle par souffler.

House haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Il nota simplement le soulagement furtif qui passa sur son visage, preuve qu'elle n'avait plus rien à prouver à personne.

L'anesthésiste ne tarda pas à arriver, préparant rapidement son matériel avant de poser un regard blasé sur House.

« Vous allez devoir sortir pendant la pose, Dr House. »

House lui adressa un regard tout aussi blasé.

« Hors de question, je reste. »

Le médecin roula des yeux et lui tendit une blouse stérile.

« Alors, mettez ça. Règles d'asepsie. »

House considéra l'horrible morceau de tissu bleu comme s'il s'agissait d'un animal mort.

« Sérieusement ? »

L'anesthésiste ne prit même pas la peine de répondre. Cameron, malgré son épuisement, trouva la force de lui lancer un regard faussement sévère.

« Enfile-la ou sors! »

Il soupira bruyamment, attrapa la blouse du bout des doigts et l'enfila avec une grimace.

« Je me sens moche, » marmonna-t-il.

« Bienvenue dans mon monde, » répondit Cameron avec un sourire en coin avant qu'une nouvelle contraction ne l'étrangle.

La sage-femme l'aida à se redresser pour qu'elle s'assoie au bord du lit. Cameron posa alors sa tête contre l'épaule de House, cherchant instinctivement un point d'ancrage. Il posa une main sur son visage, hésitant une fraction de seconde avant de lui caresser distraitement la joue du pouce. Elle ne protesta pas.

L'anesthésiste s'installa derrière elle.

« Surtout, ne bougez pas. »

House observa chaque geste avec une attention quasi menaçante.

« Vous avez intérêt à ne pas vous louper. »

Le médecin ignora la remarque et désinfecta la zone. Cameron sentit le froid de l'alcool, puis la piqûre de l'aiguille. Elle se crispa violemment, sa main cherchant celle de House et la serrant à s'en blanchir les phalanges.

House ne broncha pas. Il la laissa faire, resserrant même légèrement sa prise en retour, un geste imperceptible mais infiniment présent.

« C'est terminé. Vous devriez ressentir les effets rapidement. »

Alors que l'anesthésiste retirait ses gants, House, fidèle à lui-même, décida de briser le silence avec une question parfaitement déplacée :

— Dites, pure curiosité médicale… Est-ce que le fait d'avoir couché ensemble hier soir a pu déclencher l'accouchement ?

Un silence s'installa. Cameron, haletante, tourna lentement la tête vers lui, les yeux écarquillés d'indignation.

— HOUSE ?!

La sage-femme, prise de court, échangea un regard incertain avec l'anesthésiste. Ce dernier, visiblement partagé entre l'embarras et l'amusement, se racla la gorge.

— Eh bien… disons que techniquement… il est vrai que les prostaglandines contenues dans le sperme peuvent aider à ramollir le col et favoriser le déclenchement du travail…

La sage-femme, qui ne voulait manifestement pas trop s'impliquer dans cette conversation, tenta un sourire.

— C'est… pas une cause directe, mais dans certains cas… ça peut jouer.

House haussa un sourcil, ravi.

— Hah ! Tu vois ?

Cameron ouvrit la bouche, la referma, puis fusilla le personnel soignant du regard.

— S'il vous plait ne rentrez pas dans son jeu !

L'anesthésiste leva les mains en signe d'innocence.

La sage-femme toussota légèrement, détournant le regard comme si elle regrettait déjà de s'être laissée embarquer dans cette discussion.

House fier de lui souri auprès de Cameron.

— Conclusion : non seulement je suis un amant exceptionnel, mais en plus j'ai des propriétés déclencheuses d'accouchement.

— HOUSE LA FERME !

Il lui adressa un sourire innocent.

— Quoi ? Je veux juste comprendre l'étendue de mes talents médicaux… et autres.

Cameron inspira profondément, tentant visiblement de garder son calme.

— Si tu veux survivre à cet accouchement, il va falloir que tu te taises.

House réfléchit une seconde avant de hocher lentement la tête.

— Message reçu.

Mais le sourire au coin de ses lèvres ne disparaissait pas.

Finalement Cameron souffla longuement, sentant déjà une partie de la douleur s'estomper lentement.

House, toujours en blouse stérile, l'observa en silence avant de lancer d'un ton faussement pensif :

« Tu sais, tu es beaucoup plus supportable avec une péridurale. »

Elle tourna la tête vers lui, mi-exaspérée, mi-reconnaissante.

« Et toi, tu es presque supportable une fois la péridurale posée. »

Il haussa un sourcil avant de jeter un regard à sa tenue stérile avec un profond dégoût.

« Tu vas payer pour ça. »

Elle esquissa un sourire, puis posa de nouveau sa tête contre lui.

Les minutes s'écoulèrent et House s'étira en jetant un regard à Cameron, enfin assoupie. La péridurale avait fait effet, la tension de son visage s'était relâchée et sa respiration était plus calme. Il resta quelques secondes à l'observer avant de se lever doucement. Elle avait besoin de se reposer, et lui, d'un café.

Il jeta un dernier coup d'œil à l'écran qui surveillait les constantes de Cameron et celles du bébé et sortit de la chambre sans bruit. Il marcha dans les couloirs presque vides du service obstétrique, croisant quelques infirmières et un couple hésitant devant une porte de chambre. Il bifurqua vers la machine à café. Il était 22h passées, l'hôpital était plongé dans cette étrange atmosphère nocturne où tout semblait plus lent, plus feutré.

Il ne fut pas surpris d'apercevoir Wilson, adossé nonchalamment à la machine, un gobelet fumant entre les mains.

— T'es pas censé être rentré chez toi depuis des heures ? lança House en s'approchant.

Wilson haussa les épaules avec un sourire en coin.

— J'avais un patient à voir… et puis je me suis dit que tu aurais besoin de soutien.

House glissa quelques pièces dans la machine, choisit un café noir et laissa le silence s'installer un instant avant que Wilson ne reprenne la parole, plus sérieux cette fois :

— Comment va t'elle ?

House récupéra son gobelet, le fit tourner entre ses mains. Il fixa un point invisible devant lui avant de répondre, d'une voix plus calme qu'à son habitude.

— Elle gère… comme toujours. Elle vient de s'endormir, merci la péridurale.

Wilson hocha la tête, observant son ami du coin de l'œil.

— Et toi, comment tu vas ?

House souffla, un rire sans joie passant à peine ses lèvres.

— Moi ? Je vais bien. C'est pas moi qui suis en train d'expulser un être humain de la taille d'un ballon de foot.

— House…

— Quoi ? répliqua-t-il, faussement sur la défensive.

Wilson secoua doucement la tête, patient. Il le connaissait trop bien. Derrière les sarcasmes, il y avait toujours quelque chose à creuser.

House but une gorgée de son café et resta silencieux un moment. Quand il parla, sa voix était plus basse, presque hésitante.

— Elle est incroyable.

Wilson souri, le laissant continuer.

— Je savais qu'elle était forte, mais là… elle me bluffe. Elle est là, elle affronte tout ça, sans faiblir… J'ai passé ma vie à esquiver, à repousser les gens, à me cacher derrière des conneries, et elle… elle fait tout l'inverse.

Il fit tourner le gobelet entre ses mains, le regard ailleurs.

— Ça te fait peur ? demanda doucement Wilson.

House lâcha un ricanement.

— Évidemment que ça me fait peur. Mais en même temps…

Il hésita, Wilson attendit.

— En même temps, je crois que je n'ai jamais autant tenu à quelqu'un.

Wilson eut un léger sourire, presque imperceptible.

— Tu vas t'en sortir, dit-il simplement.

House esquissa un sourire.

— Non, mais j'aurais essayé.

Un silence s'installa, plus paisible cette fois. House allait parler, mais un bruit soudain dans le couloir attira leur attention. Un groupe de sages-femmes et d'infirmières passa en trombe devant eux, suivis d'un obstétricien à l'air pressé.

House sentit immédiatement son estomac se nouer.

Sans réfléchir, il lâcha son café encore plein et se précipita derrière eux, laissant Wilson en plan.

Lorsqu'il arriva devant la chambre de Cameron, le bip frénétique du monitoring lui vrilla les tympans. Il entra en trombe, son regard cherchant immédiatement celui de Cameron. Elle était livide, le souffle court, et surtout, elle avait cet air affolé qui ne lui ressemblait pas.

Elle le vit, et aussitôt, il comprit.

L'obstétricien ne perdit pas une seconde. « Le bébé est en détresse. Son rythme cardiaque chute. Il faut intervenir immédiatement. »

House sentit son propre cœur cogner plus fort, mais il verrouilla chaque once de panique au fond de lui. Il fit ce qu'il savait faire de mieux : analyser, comprendre, agir.

Autour d'eux, l'équipe médicale s'activait. Les étriers furent installés en quelques secondes, les gants claquèrent, les masques furent tirés sur des visages concentrés. Une infirmière rabattit la couverture sur Cameron, tandis que l'obstétricien vérifiait la situation.

« Vous êtes à dilatation complète. Il faut accoucher tout de suite. »

Cameron agrippa sa main avec une force inattendue. Il sentit la moiteur de sa peau, la tension qui irradiait de son corps. Elle n'avait pas besoin de parler. Il savait.

Elle hocha la tête, le regard brillant d'un mélange de peur et de détermination.

« Cameron, poussez, » ordonna l'obstétricien.

House resserra sa prise sur sa main, traçant un cercle apaisant avec son pouce. « Respire, » murmura-t-il, sa voix plus douce qu'il ne l'aurait voulu.

Une contraction la heurta de plein fouet. Cameron se tendit, planta ses doigts dans la main de House et prit une inspiration saccadée avant de pousser de toutes ses forces.

Son regard s'accrocha au sien, comme un fil invisible qui la rattachait à la réalité. House serra plus fort.

« C'est bien, continuez ! » encouragea la sage-femme.

Cameron ferma les yeux, le visage crispé sous l'effort. House, lui, lisait en elle comme un livre ouvert. Elle se battait contre la douleur, contre l'urgence, contre cette panique sourde qui menaçait de la submerger.

« Encore ! »

Elle obéit, un gémissement lui échappant.

House sentit une pointe de rage sourde l'envahir. Pas contre elle, pas contre la situation. Contre son incapacité à prendre sa douleur, à faire en sorte que ce soit lui qui souffre à sa place. Son regard accrocha l'obstétricien, qui surveillait la progression du bébé, le visage tendu.

Puis, tout bascula.

L'obstétricien se figea. « Merde ! C'est pas vrai… »

House n'attendit pas l'explication. Il la comprit en une fraction de seconde.

Il lâcha la main de Cameron et se précipita.

« Dégagez ! »

L'obstétricien sursauta. « Dr House, je— »

« Greg, non ! Reste au niveau de ma tête ! » Cameron peinait à parler, sa voix brisée par l'effort et l'inquiétude.

Il ne l'écouta pas.

« J'ai dit, dégagez ! » ton a-t-il, repoussant l'obstétricien sans ménagement. « Si quelqu'un doit gérer ça, c'est moi. »

House se tourna vers une sage femme.

« Passez moi une paire de gants. Tout de suite ! »

La sage-femme échangea un regard hésitant avec l'obstétricien, qui hocha la tête à contrecœur. Sans perdre une seconde, elle lui tendit la paire demandée. House les enfila rapidement, son regard acéré évaluant la situation en un instant. Son esprit analytique prit le dessus, balayant toute trace d'incertitude. Il capta immédiatement le problème.

Cordon enroulé autour du cou.

Putain. Pensa t'il

« Greg ? Merde! Qu'est-ce qu'il se passe ?! » Dit elle affolée.

Il ne répondit pas. Pas maintenant.

Il jeta un coup d'œil au monitoring. Chaque seconde comptait. Il leva les yeux vers Cameron.

« Quand je te dis de pousser, tu pousses de toutes tes forces. Ok ? »

Elle hocha la tête, épuisée, terrifiée. Mais elle lui faisait confiance.

La contraction arriva. « Maintenant, Allie ! Pousse ! »

Elle obéit, puisant dans ses dernières forces. Avec précision et rapidité, House parvint à dégager le cordon, puis guida le bébé vers la sortie un dernier mouvement, une seconde suspendue dans l'éternité, et il la souleva doucement.

Le silence.

Puis un cri, aigu, perçant, vivant.

House releva les yeux vers Cameron, qui le fixait, bouleversée. Il posa le bébé sur sa poitrine avec une douceur dont il ne se serait jamais cru capable.

« Elle est là, » murmura-t-il.

Cameron éclata en sanglots, serrant leur fille contre elle. House sentit son cœur cogner plus fort qu'il ne l'aurait cru possible.

L'obstétricien, loin d'être vexé, lui tendit une paire de ciseaux.

« À vous l'honneur, Dr House. »

House prit les ciseaux et trancha d'un geste sûr le cordon. Le son sec résonna en lui comme une évidence : ça y est il était père.

Il baissa les yeux vers sa fille, minuscule, parfaite, et quelque chose en lui bascula. Une vague d'émotion brute le submergea.

Subjugué.

Par ce petit être qu'il tenait entre ses mains.

Par Cameron, qui venait d'affronter l'impensable avec un courage absolu.

Il releva la tête vers elle. Elle lui souriait, tremblante, et sans réfléchir, il se pencha et l'embrassa.

Un vrai baiser. Sincère. Un aveu silencieux.

Quand leurs lèvres se séparèrent, Cameron posa son front contre le sien et murmura, la voix tremblante :

« Je t'aime. »

House esquissa un sourire et frotta doucement son nez contre le sien.

L'équipe médicale s'éclipsa discrètement, leur laissant cet instant suspendu.

House baissa les yeux vers leur fille, blottie contre Cameron.

Et il sut qu'il ne fuirait pas.

Plus maintenant.


House resta un moment silencieux, observant le visage minuscule et froissé de leur fille. Il était secoué, bousculé comme rarement il l'avait été dans sa vie. La salle semblait rétrécir autour d'eux, ne laissant plus de place qu'à cette minuscule créature qui s'accrochait déjà instinctivement à Cameron.

Il sentait encore l'adrénaline courir dans ses veines, ce même frisson qui l'envahissait après un diagnostic brillant, après une opération délicate. Sauf que cette fois, il n'y avait ni patient, ni énigme à résoudre. Juste… une vie. Une vie qu'il venait d'accueillir de ses propres mains.

Cameron, elle, pleurait en silence, caressant d'une main tremblante la tête encore humide du bébé. Sa fille. Leur fille.

House déglutit.

— Je n'arrive pas à croire que je sois intervenu.

Cameron laissa échapper un petit rire à travers ses larmes et hocha la tête.

— Oui moi non plus...Au final je suis contente que tu l'ais fait. Un sourire illumina le visage de Cameron.

House baissa les yeux vers le bébé, qui gigotait légèrement contre la poitrine de Cameron, puis il posa sa main sur son minuscule dos. Sous ses doigts, il sentait la vie pulser, les muscles encore fragiles se tendre dans des gestes maladroits.

— Elle a de bonnes cordes vocales, en tout cas, grogna-t-il, masquant maladroitement l'émotion qui le submergeait encore.

Cameron leva les yeux vers lui, et il sut qu'elle n'était pas dupe.

L'obstétricien revint vers eux après avoir supervisé la délivrance. Il jeta un regard à House et haussa un sourcil amusé.

— Vous êtes toujours diagnosticien ou vous envisagez une reconversion en obstétrique ?

House leva un sourcil.

— Je me demandais justement si vous aviez l'intention de rendre votre blouse.

L'homme rit et secoua la tête avant de reporter son attention sur Cameron et le bébé.

— Tout s'est bien terminé. Mais on va les surveiller un peu, histoire d'être sûrs.

House hocha la tête distraitement. Son regard restait fixé sur la petite silhouette contre Cameron.

Le bébé cessa soudain de pleurer, comme si elle avait reconnu le cœur contre lequel elle reposait. Cameron soupira doucement, encore submergée.

House avança une nouvelle fois sa main hésitante, effleurant la joue du bébé du bout des doigts. Un contact léger, infime. Pourtant, lorsque la minuscule main attrapa son index, il sentit une secousse électrique parcourir tout son corps.

— Elle a du caractère, souffla Cameron.

House laissa échapper un petit sourire en coin.

— Comme sa mère.

Cameron roula des yeux, mais son sourire ne s'effaça pas.

Le silence retomba doucement entre eux. Un silence qui n'avait rien de pesant. Juste… une réalité qui s'installait.

C'est alors qu'une sage-femme s'approcha doucement du lit où Cameron tenait leur fille contre elle.

— Je vais vérifier ses constantes et la nettoyer un peu, annonça-t-elle avec un sourire rassurant.

Cameron acquiesça, caressant doucement le front du bébé du bout des doigts.

— D'accord.

Elle tendit leur fille vers la sage-femme, Cameron, toujours allongée les pieds encore dans les étriers, chercha House du regard. Lorsqu'il capta ses yeux brillants d'émotion, il comprit immédiatement ce qu'elle voulait.

Un simple signe de tête, presque imperceptible, et il se leva sans un mot.

Sans se retourner, il suivit la sage-femme hors de la pièce.

Dans la salle attenante, le personnel s'affairait avec une routine bien rodée. House, les observa en silence alors que la sage-femme posait délicatement le bébé sur une table chauffante.

— Fréquence cardiaque à 145, murmura l'une des sages-femmes en jetant un regard à sa collègue.

— Saturation à 99 %, bonne coloration, aucun signe de détresse, ajouta l'autre.

House pencha légèrement la tête, attentif.

— Tension ? demanda-t-il d'un ton neutre.

— 75/40, répondit la première.

Il ne répondit rien. Son regard passa de l'écran de surveillance au petit corps encore rougi par l'accouchement. Il plissa légèrement les yeux.

Puis, il attrapa un stéthoscope posé sur le chariot à côté et s'approcha.

Les sages-femmes échangèrent un sourire en coin mais ne firent aucun commentaire.

House plaça le stéthoscope sur le minuscule thorax qui se soulevait au rythme d'une respiration encore irrégulière. Il écouta, concentré, ses traits impassibles à l'exception d'une légère ride entre ses sourcils.

Quelques secondes passèrent. Puis il relâcha un soupir presque imperceptible et hocha la tête, satisfait.

— Tout est bon, confirma t-il, comme si son propre avis primait sur les machines et les professionnels autour de lui.

L'une des sages-femmes avec amusement enveloppa délicatement le bébé dans un lange propre.

Elle lui mit un petit bonnet, puis se tourna vers House, lui tendant sa fille.

— Je vous laisse la ramener auprès de sa maman, dit-elle en lui déposant l'enfant dans les bras.

House la récupéra sans un mot, son regard bleu rivé sur le visage minuscule qui s'agitait légèrement contre lui.

— Elle a un prénom ? demanda doucement la sage-femme.

Il resta silencieux un instant, ses doigts effleurant distraitement le tissu du lange. Puis, un sourire presque imperceptible effleura ses lèvres.

— Pas encore je vais en discuter avec la maman, répondit il simplement avant de tourner les talons.

Lorsqu'il revint dans la chambre, Cameron leva immédiatement les yeux vers lui.

House s'installa sur le bord du lit, leur fille nichée dans le creux de ses bras. Cameron, encore essoufflée, le regarda avec une intensité qui le déstabilisa.

— Elle va bien, souffla-t-il en déposant doucement le bébé contre elle.

Cameron hocha la tête, mais ses yeux restaient braqués sur lui. Il y avait quelque chose de différent dans son regard, quelque chose de nouveau. Une sorte d'évidence qu'ils n'avaient plus besoin de mettre en mots.

Il observa sa fille se blottir contre sa mère, cherchant instinctivement cette chaleur familière. House sentit un pincement dans sa poitrine. C'était une scène qu'il n'aurait jamais imaginé vivre, et pourtant, il était là. Il n'avait pas fui.

Sa main glissa sur la couverture qui enveloppait le bébé, effleurant au passage les doigts minuscules qui s'accrochaient au tissu. Une pression infime, presque imperceptible, mais qui le cloua sur place.

— Tu lui as trouvé un prénom ? demanda House d'une voix douce.

Elle laissa son regard dériver vers leur fille, silencieuse.

— J'ai quelques idées, admit elle enfin, et toi ?

Cameron sourit légèrement.

— Moi aussi.

House la regarda, intrigué. Elle savait très bien que s'il trouvait le prénom trop mièvre ou trop solennel, il ne manquerait pas de le démonter en quelques il n'y eut ni sarcasme ni réplique cinglante cette fois. Il était juste là, absorbé par ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait.

Cameron posa une main sur la sienne, là où elle tenait leur fille.

— Peu importe lequel on choisit, je veux qu'il ait du sens pour nous.

Cameron caressait distraitement la joue de leur fille tandis que House, installé à côté d'elle, fixait le plafond d'un air songeur.

— On devrait peut-être faire une liste, suggéra Cameron.

House haussa un sourcil.

— Hors de question. J'ai passé ma vie à barrer des noms sur des diagnostics différentiels, je ne vais pas recommencer pour ma propre fille.

Cameron étouffa un rire.

— D'accord. Alors, qu'est-ce que tu proposes ?

House laissa échapper un soupir exagéré, comme si elle venait de lui demander l'impossible.

— Moi ? Un truc qui claque. Qui a du style. Pas un prénom fade qu'on entend partout.

Cameron roula des yeux.

— J'imagine déjà… Tu veux l'appeler « Hendrix » ou « Zeppelin » ?

— « Zeppelin », ça aurait de la gueule, non ?

— Absolument pas.

House haussa les épaules.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

Cameron réfléchit un instant, regardant leur fille, son petit nez retroussé, la fine courbe de ses lèvres.

— J'aime bien Charlotte. Ou Anna.

House grimaça et leva les yeux au ciel, amusée.

— C'est joli et intemporel.

— C'est surtout prévisible et ennuyeux.

Tu veux vraiment que notre fille soit la troisième Charlotte de sa classe ?

— Tu préfères qu'elle soit la seule à porter un prénom ridicule ?

House ouvrit la bouche pour répondre, puis se ravisa. Il laissa son regard dériver sur leur fille, puis plus loin, sur un point invisible dans la pièce, les musiques qui avaient rythmé sa vie lui revinrent en mémoire. Les notes qui l'avaient accompagné dans les pires et les meilleurs lentement, un prénom se forma dans son prénom qui sonnait juste.

Il releva les yeux vers Cameron et laissa échapper un souffle.

— J'ai peut-être trouvé.

Cameron haussa un sourcil, intriguée.

— léger sourire effleura les lèvres de House.

— Ella.

Elle plissa légèrement les yeux, réfléchissant.

— Ella ? Comme Ella Fitzgerald ?

Il hocha lentement la tête.

— Une voix inoubliable, une présence unique. Et puis, c'est élégant, musical… et pas trop excentrique, ajouta-t-il en lui lançant un regard entendu.

Cameron baissa les yeux vers leur fille, répétant doucement le prénom comme pour en tester la sonorité.

— Ella…

Elle resta silencieuse quelques secondes, puis un sourire tendre éclaira son visage.

— J'adore.

House arqua un sourcil, faussement surpris.

— Vraiment ?

Cameron secoua la tête, heureuse.

— Oui, vraiment.

Il haussa les épaules, un éclat malicieux dans le regard.

— Tu vois que j'ai bon goût.

Cameron sourit en déposant un baiser sur le front d'Ella.

— Bienvenue au monde, Ella. Ella House.

— Tu ne veux pas l'appeler Cameron ? Ou Cameron-House ?

Cameron releva les yeux vers lui, amusée.

— Je ne t'en ai pas parlé, mais… j'aimerais beaucoup que notre fille porte ton nom.

House cligna des yeux, surpris. Pendant une fraction de seconde, il ne sut pas quoi répondre. Puis un sourire, furtif mais sincère, se dessina sur son visage. Il se pencha vers elle et l'embrassa délicatement. Quand il se recula, son regard brillait d'une lueur malicieuse.

— Attends… Tu es en train d'admettre que lui donner mon nom serait un honneur ?Cameron secoua la tête, exaspérée.

— N'exagères pas. Elle leva les yeux au ciel, mais il vit bien qu'elle se retenait de sourire.

Il posa un regard sur leur fille, puis sur Cameron. Sa voix se fit plus basse, presque un murmure.

— Ella… C'est un prénom que j'aime.

Il marqua une pause avant d'ajouter, les yeux plongés dans ceux de Cameron :

— Comme j'aime sa maman.

Il venait de lui dire je t'aime à a sa façon et pour la première fois.

Cameron entrouvrit les lèvres, surprise. Son cœur rata un battement, mais elle ne répondit rien. Elle se contenta de serrer un peu plus fort sa main dans la détourna le regard, feignant l'indifférence.

— Mais évidemment, si tu préfères Charlotte…

Cameron sourit, émue.

— Non. Ella, c'est parfait.