Le Terrier était plongé dans un silence presque irréel. À cette heure tardive, tout le monde

dormait, ou du moins essayait. Car si le calme régnait dans la maison, deux silhouettes étaient encore

éveillées, assises sur les marches du perron.

Hermione, emmitouflée dans une vieille couverture, serrait une tasse de thé entre ses mains. Ses yeux

étaient fixés sur le jardin, mais son esprit était ailleurs. À ses côtés, Ron, assis en tailleur, regardait lui

aussi droit devant lui, songeur.

Depuis que Dumbledore était venu lui annoncer sa mission, elle n'avait cessé de penser. Et elle n'aimait

pas ce qu'elle ressentait.

Ron allait partir. Seul.

Enfin, seul… avec Tonks, mais ce n'était pas ça qui l'inquiétait. Il n'aurait pas dû partir du tout.

Ron expira longuement et tourna la tête vers elle.

« Je t'entends penser d'ici. »

Hermione fronça légèrement les sourcils.

« Je suis juste inquiète. »

Il haussa un sourcil.

« Ce n'est pas juste. »

Elle tourna enfin la tête vers lui.

« Comment ça, pas juste ? »

Ron esquissa un sourire fatigué.

« T'as peur pour moi. Moi aussi, j'ai peur. Mais je n'ai pas le choix, Hermione. Si on laisse quelqu'un

d'autre trouver cette cape, on risque de perdre un avantage énorme. »

Elle serra un peu plus sa tasse, baissant les yeux.

« Je sais. »

Un silence s'installa entre eux. Puis Ron soupira et passa une main dans ses cheveux.

« Écoute, je vais revenir. Promis. Je ne suis pas assez idiot pour me jeter dans un truc suicidaire sans

réfléchir. »

Hermione ne put s'empêcher de ricaner légèrement.

« Tu réfléchis rarement, Weasley. »

Ron afficha une expression faussement offensée.

« Oh, ça va, Granger. Donne-moi un peu de crédit. »

Il y eut une pause, puis plus doucement, il ajouta :

« Je te promets que je reviendrai. »

Elle le regarda un instant, son cœur battant un peu plus vite que d'habitude. Elle voulait lui dire de ne

pas partir, de rester ici, en sécurité. Mais elle savait que ce n'était pas possible.

Alors, au lieu de parler, elle se rapprocha légèrement et posa doucement sa tête contre son épaule.

Ron se figea un instant, puis il se détendit, laissant un sourire léger flotter sur ses lèvres.

« Tu vas me manquer », souffla-t-elle.

Il tourna légèrement la tête vers elle, amusé.

« Tu fais comme si je partais pour toujours. C'est qu'une mission, Hermione. Je ne vais pas m'installer en

Écosse. »

Elle roula des yeux mais ne bougea pas.

Ron hésita une seconde, puis, dans un geste qui lui sembla incroyablement naturel, il posa doucement

sa main sur celle d'Hermione.

Le silence entre eux changea.

Il y avait une tendresse nouvelle, quelque chose qui n'avait plus besoin de mots.

Puis, Hermione inspira profondément et releva la tête.

« Tu devrais dormir. Demain, tu auras besoin de toutes tes forces. »

Ron esquissa un sourire malicieux.

« J'ai survécu à des années de blagues de Fred et George. Je pense que je peux gérer une mission. »

Elle lui tapa gentiment l'épaule avant de se lever.

« Reviens vite. »

Ron la regarda un instant, son sourire s'adoucissant.

« Toujours. »

L'aube n'était même pas levée lorsque Ron transplana avec Tonks en Écosse. La fraîcheur

matinale lui donna un coup de fouet instantané, et il tira sa cape autour de lui en frissonnant.

« Bordel, il fait froid ! »

Tonks, qui était déjà en train d'examiner les environs, lui lança un regard amusé.

« C'est l'Écosse, Weasley. Tu t'attendais à quoi ? À une plage tropicale ? »

Ron grogna en resserrant son col.

« Disons que j'aurais aimé une introduction plus douce. »

Tonks haussa un sourcil.

« Ce n'est pas comme si c'était ta première mission. »

Il fit mine de réfléchir.

« Techniquement, c'est ma première mission officielle avec une Auror. D'ailleurs, c'est toi qui dois

m'appeler Monsieur Weasley, vu que je suis l'atout stratégique ici. »

Tonks éclata de rire.

« Tu es vraiment un gamin. »

Ron afficha un sourire satisfait.

« J'essaie d'apporter un peu de légèreté. Parce que franchement, cette ruine ne donne pas vraiment

envie de rigoler. »

Il désigna devant eux l'ancienne forteresse délabrée perchée sur une colline. Les murs étaient fissurés,

couverts de mousse, et un léger brouillard flottait autour des tours éventrées.

Tonks haussa un sourcil.

« Bon, c'est vrai que ça a un côté film d'horreur. »

Ron expira et dégaina sa baguette.

« Prête ? »

« Toujours. »

Ils avancèrent prudemment, leurs pas résonnant légèrement sur le sol recouvert de pierres brisées. À

l'intérieur, tout était silencieux… trop silencieux.

Ron lança un regard en coin à Tonks.

« C'est moi ou c'est trop facile ? »

Elle hocha la tête.

« Ça pue l'embuscade. »

À peine eut-elle fini sa phrase qu'un bruit sourd retentit derrière eux. Une ombre se détacha du mur, et

un sort fendit l'air.

Ron plongea sur le côté, roulant sur le sol.

« AH ! Je le savais ! »

Tonks riposta immédiatement, lançant un sort qui illumina brièvement la pièce.

« Ron, couvre-moi ! »

« Très bien, j'adore être un bouclier humain ! »

Il se jeta derrière une colonne tandis que Tonks renvoyait un Stupéfix à leur attaquant. Une silhouette

masquée s'effondra au sol.

Ron jeta un regard impressionné à Tonks.

« Rappelle-moi de jamais t'énerver. »

Elle lui fit un clin d'œil.

« Trop tard, tu es dans mon équipe maintenant. »

Après s'être assuré que l'ennemi était hors d'état de nuire, ils continuèrent leur progression à travers les

ruines. Ron tentait de rester concentré, mais il ne put s'empêcher de noter à quel point Tonks était

incroyablement compétente et drôle à la fois.

À plusieurs reprises, elle manqua de trébucher sur des pierres ou de déclencher des pièges par accident,

mais elle réussissait toujours à retomber sur ses pieds d'une manière presque magique.

« Sérieusement, comment tu fais pour être une Auror avec une maladresse pareille ? » demanda-t-il en

esquivant de justesse un rocher qui venait de se détacher du plafond.

« J'ai du talent », répondit-elle avec un sourire, évitant à son tour une dalle piégée.

Ron secoua la tête, amusé.

Ils continuèrent à avancer, et après plusieurs minutes de recherche, ils arrivèrent enfin dans une salle

souterraine où, sur un piédestal poussiéreux, une étoffe soyeuse brillait faiblement sous la lumière de

leurs baguettes.

La Cape d'Invisibilité.

Ron sentit un frisson parcourir son échine.

« C'est elle », murmura-t-il.

Tonks resta en arrière, surveillant les alentours.

« Vas-y. Mais fais gaffe, je parie qu'il y a un dernier piège. »

Ron s'avança lentement, tendit la main… et posa les doigts sur la cape.

Une onde de magie parcourut la pièce.

« Oh, merde. »

Un bruit sourd retentit, et le sol commença à trembler.

Tonks lança un regard désespéré à Ron.

« Je crois qu'on a réveillé un truc. »

Il enfila la cape en vitesse et attrapa son bras.

« Alors courons. »

Et ils détalèrent à toute vitesse, une horde de statues enchantées se mettant à leur poursuite.

Le sol trembla violemment sous leurs pieds alors que Ron et Tonks s'élançaient dans les couloirs

en ruine, la Cape d'Invisibilité bien serrée contre lui. Derrière eux, la horde de statues animées s'éveillait

dans un fracas de pierre brisée. Leurs formes massives se reformaient à chaque pas, avançant

implacablement vers eux.

Ron jeta un regard en arrière, son cœur battant à tout rompre.

« Dis-moi que t'as un plan, Tonks ! »

Tonks pivota en courant, baguette levée.

« Un plan ? Évidemment ! » Elle hésita une seconde avant de lancer un puissant "Bombarda Maxima".

L'explosion fit s'effondrer une partie du plafond, bloquant temporairement les statues. Mais les

créatures se mirent aussitôt à dégager les décombres, et avec une vitesse bien trop inquiétante.

« Ah oui, super, maintenant elles sont juste plus énervées ! » siffla Ron en reprenant sa course.

Ils atteignirent une large salle circulaire aux murs ornés d'inscriptions en latin. Une seule sortie s'ouvrait

de l'autre côté. Ron s'apprêtait à courir quand un frisson inexplicable lui parcourut l'échine.

Un silence étrange s'installa. L'atmosphère se fit plus lourde, comme si quelque chose d'invisible venait

d'entrer dans la pièce.

Une voix suave et posée s'éleva dans l'obscurité.

« Tu fais toujours autant de bruit, Weasley. »

Ron s'arrêta net.

Il connaissait cette voix.

Il tourna lentement la tête vers l'ombre qui se matérialisait près d'une colonne. Tom Jedusor.

L'homme, drapé dans une cape noire impeccable, avançait d'un pas mesuré, comme s'il n'était pas du

tout surpris de trouver Ron ici. Ses traits aristocratiques, son regard perçant et son sourire à peine

esquissé lui donnaient une aura de puissance inquiétante.

Ron sentit son estomac se nouer. Il se rappelait parfaitement de la dernière fois qu'il avait vu Tom.

L'année précédente, il était son professeur de Défense Contre les Forces du Mal, et bien que ses

méthodes aient été fascinantes, il y avait toujours eu une ombre derrière ses intentions.

« Professeur Jedusor, » dit Ron en levant prudemment sa baguette.

Tom esquissa un sourire amusé.

« Oh, inutile de faire semblant de me respecter maintenant, Ron. Nous savons tous les deux que cette

mascarade touche à sa fin. »

Ron sentit ses doigts se crisper sur sa baguette.

« Vous nous suiviez ? »

Jedusor inclina légèrement la tête.

« Disons que je surveille de près tout ce qui touche aux Reliques de la Mort. Et toi… tu sembles t'y

intéresser un peu trop. »

Tonks, restée en retrait, observait la scène d'un regard alerte.

« Ron, c'est quoi ce bordel ? » chuchota-t-elle.

Ron ne répondit pas. Son regard ne quittait pas Tom, dont le sourire s'effaça légèrement.

« Remets-moi la cape, Weasley. »

Un silence s'abattit sur la salle.

Ron secoua lentement la tête.

« Ça n'arrivera pas. »

Jedusor poussa un léger soupir, comme un professeur déçu par son élève.

« Je m'y attendais. »

D'un geste vif, il leva sa baguette.

Le duel éclata.

Ron réagit au quart de seconde, plongeant sur le côté alors qu'un "Incarcerem" frôlait sa tête, envoyant

des cordes spectrales fouetter l'air derrière lui. Il roula sur le sol et riposta avec un "Stupefix", mais Tom

bloqua l'attaque d'un simple mouvement du poignet.

Le combat devint un échange d'éclairs rouge et or. Jedusor était incroyablement rapide, précis,

méthodique. Ron sentait chaque sort le frôler, comme s'ils étaient mesurés pour l'acculer, sans pour

autant le tuer.

Tom voulait la cape. Pas sa mort.

Tonks, quant à elle, avait été forcée de s'éloigner pour retenir les statues animées qui continuaient

d'avancer vers eux.

« Sérieux, Ron, ça serait vraiment le moment d'avoir une autre brillante idée ! » cria-t-elle en évitant de

justesse un coup de massue en pierre.

Ron jeta un regard rapide vers elle et vit une statue lever un bras gigantesque pour l'écraser.

Sans réfléchir, il bondit.

Il se jeta sur Tonks, la faisant rouler avec lui au sol juste avant que la masse de pierre ne s'écrase à

l'endroit où elle se tenait.

Une douleur fulgurante traversa son flanc.

Il comprit instantanément.

Jedusor venait de le toucher.

Il sentit le sang chaud couler contre sa peau alors qu'une brûlure intense lui déchirait le côté. Il se

redressa légèrement, haletant, et vit Tom, la baguette levée, un sourire satisfait aux lèvres.

« Touché. »

Mais Ron ignora la douleur. Il prit appui sur son bras valide et, dans un ultime élan, lança un "Diffindo"

en direction de son adversaire.

Jedusor leva sa baguette pour contrer, mais Ron avait prévu le coup.

D'un mouvement foudroyant, il changea sa trajectoire et son sort fila droit sur le visage de Jedusor.

Un bruit déchirant résonna dans la pièce.

Le sort de découpe magique entailla profondément la joue et l'arcade de Tom, laissant une traînée de

sang sombre sur sa peau parfaite.

Jedusor recula d'un pas, portant une main à son visage, les yeux emplis d'une rage qu'il n'avait jamais

montrée auparavant.

Ron esquissa un sourire en coin malgré la douleur.

« Désolé pour le look, Professeur. »

L'expression de Tom changea. Il jeta un coup d'œil à la cape toujours entre les mains de Ron, puis à la

situation autour de lui. Les statues perdaient du terrain sous les assauts acharnés de Tonks.

Il savait. Il savait qu'il ne gagnerait pas ce soir.

D'un geste rapide, il lança un dernier sort vers Ron, qui roula pour l'éviter, et dans un tourbillon d'ombre

et de flammes noires, Jedusor disparut.

La tension ne retomba pas immédiatement. Ron sentait la douleur le submerger, et le sol commença à

tanguer sous ses pieds.

Tonks le rattrapa de justesse.

« Hey, hey, tiens bon. Faut qu'on dégage d'ici. »

Elle attrapa fermement son bras, et dans un craquement sonore, ils transplanèrent.

Le froid mordant de l'Écosse disparut en une seconde. Ils réapparurent devant le Terrier, et

immédiatement, une silhouette s'élança hors de la maison.

Hermione. Elle savait. Elle avait senti la douleur à travers leur lien, avait su instantanément que quelque

chose était arrivé. Ses yeux étaient grands ouverts de panique lorsqu'elle aperçut Ron soutenu par

Tonks, le flanc en sang.

« Ron ! »

Elle atteignit son côté en un battement de cœur, posant immédiatement ses mains sur lui pour l'aider à

tenir debout. Il lui adressa un sourire fatigué.

« C'est… pas si pire… »

Mais avant qu'il ne termine sa phrase, ses jambes flanchèrent. Hermione l'attrapa fermement, son cœur

battant à tout rompre. Il était blessé. Elle allait tuer Jedusor elle-même.

Et alors que Tonks appelait Mrs. Weasley d'une voix forte, Hermione savait une chose avec certitude.

Plus jamais elle ne le laisserait partir seul.

Ron ouvrit difficilement les yeux, sa vision encore floue. Il sentait une chaleur familière autour de

lui, ainsi qu'une douleur sourde au niveau de son flanc. Une odeur d'herbes médicinales et de lin flottait

dans l'air, et une couverture lourde était posée sur lui. Il mit quelques secondes à comprendre qu'il était

dans son lit, au Terrier.

Le plafond aux poutres familières de sa chambre lui apparut progressivement, et un léger bruit attira son

attention. Quelqu'un veillait sur lui.

Il tourna lentement la tête et aperçut Hermione, assise sur une chaise juste à côté de lui, un livre posé

sur ses genoux, mais les yeux fermement fixés sur lui.

Le soulagement éclata sur son visage dès qu'elle le vit éveillé.

« Enfin ! » souffla-t-elle, refermant son livre avec force.

Ron tenta un sourire, mais un élancement dans son côté le fit grimacer.

« J'suis pas mort, c'est déjà un bon début. »

Hermione fronça les sourcils et, sans prévenir, le frappa doucement sur le bras.

« Idiot ! »

Ron grogna.

« Aïe ! J'suis convalescent, tu te rends compte ?! »

Elle croisa les bras.

« Tu es aussi un inconscient, Ron Weasley ! Pourquoi tu t'es jeté sur Tonks comme ça ?! Tu aurais pu

mourir ! »

Il soupira et ferma brièvement les yeux.

« Je n'allais pas la laisser se faire écrabouiller par une foutue statue ! C'était un réflexe. »

Elle serra les lèvres, visiblement contrariée, mais elle ne répliqua pas immédiatement.

« Tu as perdu beaucoup de sang, tu sais ? Ta mère a failli tomber dans les pommes quand Tonks t'a

ramené. »

Ron grimaça.

« Ouais, j'imagine… »

Puis, un souvenir lui revint brusquement.

Il avait blessé Jedusor. Il se redressa un peu trop vite et une douleur fulgurante lui traversa le flanc, lui

arrachant un grognement. Hermione bondit aussitôt et posa une main sur son torse.

« Arrête ! Tu dois rester allongé ! »

Il l'ignora.

« Jedusor… »

Hermione pâlit légèrement.

« On sait. Tonks nous a tout raconté. »

Ron fixa le plafond en inspirant profondément.

« Je l'ai blessé, Hermione. »

Elle acquiesça.

« Oui… Tu l'as défiguré. »

Il tourna brusquement la tête vers elle.

« Quoi ? »

Elle hésita une seconde avant d'expliquer.

« Ton sort… il a laissé une cicatrice profonde sur son visage. Tonks dit que c'était une blessure

magique, qu'elle ne guérira probablement jamais. »

Ron resta silencieux un instant.

Jedusor était un homme qui prônait la perfection, la supériorité absolue. L'idée qu'il ait été marqué

définitivement par lui… ça allait le hanter.

Un frisson le parcourut.

Il allait vouloir se venger.

Hermione semblait lire dans ses pensées.

« Il va revenir. »

Ron hocha lentement la tête.

« Ouais. Et cette fois… il sera encore plus dangereux. »

Hermione inspira profondément, puis serra doucement sa main dans la sienne.

« Alors on s'y préparera. »

Son regard était ferme, déterminé. Ron sentit une vague de chaleur l'envahir. Elle était là.

Peu importe ce qui allait arriver, elle serait là.

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement, et Tonks entra avec un large sourire.

« Ah, t'es enfin réveillé ! Je commençais à me demander si tu n'étais pas juste en train de jouer la

comédie pour qu'Hermione te dorlote un peu plus. »

Ron roula des yeux.

« Ouais, super drôle. »

Tonks s'approcha du lit et croisa les bras.

« Hé, beau travail, gamin. Tu peux officiellement te vanter d'être le premier à avoir foutu une raclée à

Tom Jedusor. »

Ron haussa un sourcil.

« Ce n'était pas une raclée, il est parti en bon état. »

Tonks ricana.

« Ouais, sauf qu'il est désormais beaucoup moins séduisant. »

Hermione leva les yeux au ciel.

« Ce n'est pas drôle. »

Tonks s'assit négligemment au bord du lit.

« Oh, je trouve ça plutôt hilarant. Tu sais que ses partisans risquent de le craindre encore plus

maintenant ? Un leader mutilé et enragé, c'est beaucoup plus imprévisible. »

Ron soupira et passa une main sur son visage.

« C'est exactement ça qui me fait flipper. »

Tonks hocha la tête d'un air pensif.

« Ouais, tu as raison. Mais hey, au moins, tu as prouvé que t'étais pas juste un gamin. »

Ron leva un sourcil.

« Tu avais des doutes ? »

Elle lui tapota l'épaule en riant.

« Écoute, Weasley, tu es fun. J'aime bien bosser avec toi. »

Ron grimaça légèrement.

« Tu veux dire : 'j'aime bien voir Ron se faire poignarder et perdre la moitié de son sang' ? »

Tonks éclata de rire.

« Exactement. »

Hermione secoua la tête, visiblement peu amusée par la complicité qui s'installait entre eux.

Ron, lui, sentit qu'une alliance étrange venait de naître.

Il ne le savait pas encore, mais cette proximité avec Tonks allait bientôt provoquer bien des jalousies…

et peut-être même des conflits inattendus.

Mais pour l'instant, il était juste heureux d'être vivant.

Ron savait qu'il était encore loin d'être remis, mais au moins, il était en vie. Après son réveil,

Mrs. Weasley avait foncé dans la chambre avec des potions, du bouillon et un regard tellement

maternant et furieux à la fois qu'il n'avait même pas osé protester. Hermione, quant à elle, était restée

dans les parages, silencieuse mais présente, surveillant chacun de ses mouvements comme s'il risquait

de s'écrouler d'un instant à l'autre.

Et puis, il y avait Tonks. Ron ne savait pas encore comment l'expliquer, mais ils avaient vécu quelque

chose de fort ensemble. Il ne parlait pas seulement de leur mission, ni même du fait qu'il lui avait sauvé

la vie. C'était plus subtil que ça. Ils avaient combattu ensemble, survécu ensemble. Et maintenant, elle

se comportait avec lui comme si elle l'avait toujours connu. C'était… bizarrement agréable.

« T'as une tête affreuse, Weasley. » fit Tonks en s'adossant contre l'armoire.

Ron grogna.

« Merci, c'est exactement le genre de compliment dont j'avais besoin. »

Tonks éclata de rire et fit apparaître un petit miroir devant elle d'un coup de baguette.

« Tiens, mate un peu, t'es plus blanc qu'un fantôme. »

Ron tourna légèrement la tête et observa son reflet. Effectivement, il avait une mine affreuse. Son teint

était pâle, ses cernes étaient marquées, et même ses cheveux paraissaient plus ternes que d'habitude.

« Génial. »

Hermione, qui feuilletait un livre non loin, leva les yeux au ciel.

« Arrête de l'embêter, Tonks. Il a déjà assez souffert. »

La concernée haussa un sourcil.

« Oh, mais il adore ça. Hein, Weasley ? »

Ron ouvrit la bouche pour protester, mais Hermione lui coupa la parole en lançant un regard assassin à

Tonks.

« S'il adore autant ça, peut-être qu'il aimerait aussi que tu le laisses se reposer au lieu de le fatiguer

encore plus. »

Ron cligna des yeux. Wow. Il ne savait pas ce qui était le plus surprenant : le ton tranchant d'Hermione

ou le léger sourire provocateur qui étirait les lèvres de Tonks.

« Oh, je vois. » dit Tonks en croisant les bras. « Tu fais ta possessive, Granger ? »

Hermione referma son livre un peu trop violemment et fixa Tonks d'un regard perçant.

« Je veille sur lui, c'est tout. »

Ron observa l'échange sans trop comprendre pourquoi il avait l'impression d'être au beau milieu d'un

duel silencieux.

Tonks haussa finalement les épaules avec un sourire amusé.

« D'accord, d'accord, je vais vous laisser alors. Mais t'inquiète, Weasley, je repasse plus tard pour

qu'on parle de notre super mission et de comment on a ridiculisé ce cher Tom. »

Elle lui fit un clin d'œil et sortit de la chambre avec une nonchalance qui sentait la provocation.

Ron souffla légèrement.

« Elle est… spéciale. »

Hermione, toujours droite sur sa chaise, ne répondit pas immédiatement. Puis, d'un ton froid, elle lâcha :

« Elle n'a aucune retenue. »

Ron tourna lentement la tête vers elle.

« Tu ne l'aimes pas ? »

Hermione pinça les lèvres.

« Ce n'est pas ça. »

Il haussa un sourcil.

« Alors c'est quoi ? »

Elle évita son regard et feuilleta son livre.

« Rien. »

Rien du tout, hein ?

Ron connaissait trop bien Hermione pour savoir que ce n'était pas vrai. Mais il n'insista pas. Pour

l'instant.

Pendant que Ron récupérait, ailleurs, quelqu'un se préparait déjà à prendre sa revanche.

Tom Jedusor était assis dans un fauteuil imposant, les doigts effleurant lentement la plaie encore fraîche

sur son visage. Ron Weasley l'avait blessé. Non… il l'avait défiguré. Un sifflement menaçant lui échappa

alors qu'il observait son reflet dans le miroir devant lui. Une longue entaille partait de son arcade jusqu'à

sa joue. Même avec des potions de soin avancées, la marque resterait. Il inspira profondément, ravalant

sa rage. Cela ne devait jamais arriver. Il n'aurait jamais dû être blessé. Et pourtant, ce stupide

adolescent l'avait marqué à jamais. Tom savait une chose : il ne sous-estimerait plus Ron Weasley.

Et bientôt… il allait le lui faire payer.

Ron avait enfin retrouvé des couleurs. Il était encore un peu fatigué, mais sa blessure guérissait

bien, grâce aux soins incessants de Mrs. Weasley et d'Hermione. Mais quelque chose avait changé.

Hermione était plus distante. Pas froidement, non… mais il la sentait moins naturelle, plus méfiante.

Elle était gênée. Et Ron savait exactement pourquoi. Il n'avait pas oublié la façon dont elle avait réagi

face à Tonks. Il savait qu'il devait en parler avec elle. Un après-midi, alors qu'ils étaient seuls dans le

jardin, il se tourna vers elle et brisa enfin le silence.

« Bon, c'est quoi ton problème avec Tonks ? »

Hermione sursauta légèrement, relevant les yeux de son livre.

« Quoi ? »

Ron croisa les bras.

« Tu la détestes ou quoi ? »

Elle fronça les sourcils.

« Non. »

Ron la fixa.

« Alors pourquoi tu étais aussi agressive avec elle ? »

Elle ouvrit la bouche, puis la referma, comme si elle cherchait ses mots. Il sourit légèrement.

« C'est quoi, Hermione ? Elle te rend jalouse ? »

Elle s'étouffa presque avec sa propre salive.

« Pardon ?! »

Ron se pencha légèrement vers elle, un sourire en coin.

« Avoue, tu n'as pas aimé qu'une autre fille me parle comme ça. »

Elle devint rouge écarlate.

« N'importe quoi ! »

Ron haussa un sourcil, amusé.

« Vraiment ? »

Elle détourna vivement le regard, serrant son livre entre ses mains.

« C'est juste que… elle est trop… trop… »

« Trop quoi ? »

Hermione prit une grande inspiration et lâcha dans un souffle :

« Trop proche de toi. »

Le sourire de Ron s'élargit légèrement. Elle l'admettait enfin. Il se redressa et haussa les épaules.

« Elle est marrante. Et franchement, je préfère bosser avec elle qu'avec un vieux grincheux. »

Hermione croisa les bras, visiblement toujours agacée.

« Elle flirte avec toi. »

Ron cligna des yeux. Il ouvrit la bouche… puis la referma. Oh. C'était peut-être vrai. Mais l'idée que ça

dérange Hermione lui donna une étrange satisfaction. Et il comptait bien explorer cette nouvelle

dynamique.

Ron était enfin sur pied depuis quelques jours, sa blessure cicatrisant bien grâce aux soins

constants d'Hermione et aux potions que Mrs. Weasley lui administrait de force. Il retrouvait peu à peu

son énergie, bien que son pouvoir d'empathie le rendait plus sensible aux émotions qui l'entouraient.

Et en ce moment, il aurait préféré être sourd à tout ce qui se passait autour de lui.

La tension flottait dans l'air du Terrier comme un nuage d'orage prêt à exploser. La raison ? Daphné

venait d'arriver. Et elle n'était pas ravie. Dès qu'elle avait franchi la porte du Terrier et qu'elle avait

aperçu Tonks trop à l'aise dans l'espace de Ron, son regard s'était durci. Hermione, quant à elle, qui

observait déjà la relation naissante entre Ron et Tonks avec méfiance, n'avait pas accueilli cette nouvelle

dynamique avec plus de calme. Autrement dit, Ron était foutu.

L'été touchait à sa fin au Terrier, et l'excitation montait dans la maison. Chaque année, la

réception des lettres de Poudlard marquait officiellement la fin des vacances, et cette fois ne faisait pas

exception. Le matin, alors que l'odeur du petit-déjeuner flottait dans l'air, Ron descendit dans la cuisine en s'étirant, encore à moitié endormi. Hermione était déjà assise à table, une tasse de thé fumante entre

ses mains, et Ginny examinait un parchemin avec un sourire satisfait.

« Tiens, voilà enfin notre préfet en retard. » lança Fred en voyant Ron entrer.

Ron fronça les sourcils.

« Quoi ? »

George brandit une enveloppe en parchemin avec le sceau de Poudlard.

« Tu as reçu une belle surprise, frérot ! »

Ron attrapa son courrier et l'ouvrit distraitement, s'attendant simplement à la liste habituelle des

fournitures scolaires. Mais soudain, un objet rouge et brillant glissa hors du parchemin pour atterrir

dans sa main. Un badge de préfet. Le silence tomba dans la cuisine. Ron cligna des yeux, stupéfait.

« C'est une blague ? »

Mrs. Weasley porta une main à sa bouche, les yeux brillants de fierté.

« Oh, Ron ! C'est merveilleux ! »

Hermione s'était levée d'un bond, un immense sourire sur le visage.

« Oh, c'est génial ! Félicitations ! »

Ginny tapa dans ses mains, visiblement ravie.

« Waouh, c'est dingue, Ron ! »

Mais du côté des jumeaux, l'attitude était bien différente. Fred et George échangèrent un regard

complice avant de partir dans un fou rire incontrôlable.

« Oh, c'est beau… » s'exclama Fred entre deux éclats de rire.

George hocha la tête, hilare.

« Notre grand frère, le chouchou de McGonagall ! »

Ron grimaça.

« Fermez-la. »

Fred posa une main sur son cœur.

« C'est donc ça, la fierté d'un Weasley modèle. Dire qu'on croyait que Bill était notre dernier espoir… »

George ajouta, faussement ému :

« Maman, tu vas pleurer, avoue ! »

Mrs. Weasley leur lança un regard sévère.

« Et vous deux, vous auriez dû être ravis d'avoir un préfet dans la famille ! »

Fred fit mine de réfléchir.

« Hmm… non. On préfère que Ron reste cool. »

George hocha la tête.

« C'est vrai, il y a des standards à respecter. »

Mais avant que Ron ne puisse répliquer, trois coups secs résonnèrent à la porte.

Mrs. Weasley s'empressa d'ouvrir et laissa entrer le Professeur McGonagall.

« Minerva ! Quel plaisir de vous voir ! » s'exclama Mrs. Weasley.

McGonagall hocha la tête en signe de salutation, puis posa ses yeux perçants sur Ron.

« J'imagine que vous avez reçu votre badge, Weasley ? »

Ron, toujours un peu sous le choc, hocha lentement la tête.

« Oui, Professeur… mais je ne suis pas sûr d'être le meilleur choix. »

McGonagall arqua un sourcil.

« Et pourquoi donc ? »

Il soupira et lança un regard à Hermione, qui l'observait attentivement.

« J'ai déjà pas mal de responsabilités avec… tout ce que je fais en dehors des cours. »

McGonagall croisa les bras.

« Vous sous-estimez votre propre influence, Ronald. Les plus jeunes élèves vous respectent

naturellement, et je ne vois personne de plus qualifié que vous pour ce poste. »

Ron ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa en voyant le regard déterminé de McGonagall.

Un sourire léger étira finalement ses lèvres.

« J'imagine que je n'ai pas le choix. »

McGonagall eut un sourire en coin.

« Non, en effet. »

Fred et George explosèrent de rire.

« Ah, c'est officiel, McGonagall a un chouchou ! »

McGonagall leur lança un regard perçant, et les jumeaux se turent immédiatement.

« Je vois que la maturité n'a toujours pas atteint votre niveau, Messieurs Weasley. »

Ginny, qui suivait la scène avec amusement, se pencha vers Hermione.

« Si Ron commence à donner des retenues à Fred et George, je jure que je prends des photos. »

Hermione pouffa de rire tandis que Ron roulait des yeux.

Alors que tout le monde fêtait encore la nouvelle, un cri retentit dans la cuisine.

« RON ! »

Daphné venait d'entrer dans la pièce, brandissant son propre badge de Préfète. Ron éclata de rire.

« Toi aussi ?! »

Elle hocha la tête avec un sourire en coin.

« On dirait bien que cette année va être intéressante. »

McGonagall prit la parole, captant leur attention.

« Justement, parlons-en. »

Daphné et Ron échangèrent un regard perplexe.

« Le Professeur Dumbledore a décidé d'innover cette année, » annonça McGonagall.

Ron croisa les bras.

« Innover comment ? »

McGonagall sortit un parchemin et le déroula.

« Les binômes de préfets ne seront plus faits au sein d'une même maison. Pour encourager une

meilleure cohésion, chaque préfet sera jumelé avec un préfet d'une autre maison. »

Ron fronça les sourcils.

« Ça veut dire quoi, exactement ? »

McGonagall regarda son parchemin et déclara :

« Ronald Weasley, Préfet de Gryffondor, sera jumelé avec Daphné Greengrass, Préfète de Serpentard.

»

Le silence s'abattit sur la pièce. Ginny lâcha un « Oh. » Fred et George explosèrent de rire.

« Oh. Mon. Merlin. » Fred essuya une larme d'émotion.

« Notre frère, le préfet Gryffondor, collé à une Serpentard toute l'année ! » George hocha la tête, les

yeux brillants.

« C'est la meilleure chose qui pouvait arriver. »

Ron tourna lentement la tête vers Daphné, qui le fixait avec le même regard horrifié. McGonagall, elle,

ne semblait pas du tout regretter son annonce.

« Je crois que vous avez une dynamique intéressante qui, bien exploitée, pourrait être bénéfique à

Poudlard. »

Daphné posa ses mains sur ses hanches.

« Super. On va devoir passer l'année à gérer des gamins ensemble. »

Ron soupira et posa une main sur son front.

« Ça sent la catastrophe. »

Hermione, elle, affichait un sourire mi-amusé, mi-compatissant. Elle savait exactement à quel point

cette année allait être difficile pour lui. Mais Ron, lui, savait surtout qu'il n'était pas prêt.