Failures
N°054
Theron dans un premier temps de scepticisme compréhensible, avait commandé en catastrophe un test universel de gestation, afin d'être certain que tout ce détail ne valait pas un effort superfétatoire de sa part.
Et désormais, il se retrouvait gisant mollement dans son lit, en partie déserté. Autant tremblant de cette grippe que du choc du « 3M », que son appareil lui affichait durement. Martelant à son crâne, sans prendre aucun gant à la manœuvre.
Il portait un enfant, depuis trois mois. Il était un homme, il avait pris le temps de vérifier, dans le violent doute qui agitait sa personne. Assommé par la nouvelle, et par l'unique coupable à son état avancé. Il portait un enfant. Enceinte. Enceinte !
Putain d'enceinte !
Il était enceinte, et il portait un enfant… Évidemment que Merosmé était l'autre parent !
Putain de merde, il portait l'enfant de Merosmé ! Et son Seigneur Sith d'époux n'allait pas accueillir ce fait embarrassant dans le calme. Au point, que Theron envisagea un moment d'ignorance à avorter, ou le confier à quelqu'un de plus étoffé à ce poste.
Posant une main maladroite en quête d'un renflement encore insoupçonnable, mais qui s'affirmerait avec les jours et les semaines. Au sein duquel se trouverait leur progéniture, à lui et à Mero. Grandissant ainsi protégée de tout, dans ce véritable cocon, avec qui il allait partager une longue période d'intimité parfaite. Et qui achèverait de finir dans ses bras, étroitement serrée, à s'amuser alors de retrouver ces témoignages d'eux-mêmes, au sein de leur chef d'œuvre.
Une ultime preuve de leur dévouement, l'un envers l'autre, qui continuerait à muer lentement en adulte convenable, au fil des années. A qui, il allait falloir tout apprendre. Dont il faudrait prendre soin, tout en l'aidant à trouver son bout de chemin. A préserver, sans pour autant l'étouffer le jour venu de sa complète indépendance.
Alors, qu'il avait cru pendant des années qu'ils devraient procéder à une adoption pour espérer être Pères, le destin leur accordait une opportunité qu'il étaient libres de saisir ou non. En sachant que cela les engageraient tous deux sur un long terme de responsabilités.
Ils devaient en discuter avec son époux. Quitte à confronter celui-ci…
Quitte à puiser le courage aux fonds de ses tripes.
