"Vicodin, Whisky et compagnie"
La nuit était tombée depuis un moment lorsque la voiture de Foreman s'éloigna lentement de l'immeuble de House. Cameron, assise à l'arrière, fixait distraitement la route quand une sensation désagréable la prit à la gorge. Un détail lui échappait. Elle glissa une main dans la poche de son manteau et son cœur rata un battement. Ses clés.
— Merde…
Chase, assis à l'avant, se tourna vers elle.
— Quoi ?
— J'ai oublié mes clés chez House… et mes gants.
Elle soupira en secouant la tête, agacée contre elle-même. Elle n'avait même pas fait attention en sortant. Trop secouée par la révélation de House sur ses motivations à aller à Boston, elle avait tout simplement laissé ses affaires dans l'entrée.
— Fais demi-tour, dit-elle à Foreman.
— Sérieusement ? Tu es sur que tu veux y retourner ?
— Tu veux que je fasse comment pour rentrer chez moi en pleine nuit sans mes clés ? Dépose moi là-bas, je prendrai un taxi après.
Foreman grogna quelque chose d'incompréhensible mais fit demi-tour. Quelques minutes plus tard, la voiture s'arrêta devant l'immeuble de House. Cameron ouvrit la portière.
— Ne m'attendez pas.
— Si on a pas de nouvelle de toi d'ici heure par sms, on appelle une équipe du SWAT, plaisanta Chase.
Elle lui adressa un sourire crispé avant de claquer la portière et de se diriger vers la porte de House. Elle frappa deux coups secs. Une seconde. Deux. Puis la porte s'ouvrit brutalement sur un House visiblement peu ravi.
— Quoi encore ?
Cameron le poussa légèrement sur le côté pour entrer.
— Ravi de voir que les bonnes manières se perdent…
Elle traversa le vestibule et repéra ses gants et ses clés sur la table. Elle les attrapa, puis fit volte-face vers House.
— C'est bon, vous pouvez repartir.
Elle hésita une seconde, les yeux rivés sur lui. Quelque chose dans son attitude… Son corps semblait tendu, plus que d'habitude. Et ce n'était pas seulement l'agacement, ni son plan qui avait foiré. Elle baissa les yeux vers sa jambe.
— Vous avez mal.
Il leva les yeux au ciel.
— Merci, quelle perspicacité.
— House…
— Dites moi, vous vous attendiez à quoi tout à l'heure en venant ici tous les trois ? À ce que je saute de joie parce que je vais crever d'autre chose qu'un cancer ?
Elle s'avança d'un pas, son regard accroché au sien.
— Je veux juste comprendre votre démarche… Pourquoi Boston ? Pourquoi vous avez fait tout ça ?
Il la fixa un instant, les mâchoires serrées. Puis il haussa les épaules.
— Parce que j'ai mal. Pas seulement de temps en temps. En permanence. Boston m'offrait une chance de stopper ça.
Elle fronça les sourcils.
— Ce protocole est réservé aux patients en fin de vie House… Vous vouliez vraiment vous infliger ça ?
Il lâcha un rire sans joie.
— C'est ça ou bouffer des cachets jusqu'à ce que mon foie explose. Vous avez mieux à proposer?
Il attrapa un flacon de vicodin posait prêt de lui et s'enfila deux cachets.
Un silence s'installa. Cameron sentait son cœur battre plus vite.
— House…
Elle hésita, puis posa doucement une main sur son bras. Il ne la repoussa pas. Il ne bougea même pas.
— Ce que vous avez fait...Cette démarche c'était suicidaire.
Son regard s'assombrit, et il détourna les yeux.
— Tout le monde doit mourir alors qu'est ce que ça peut faire?
Elle le fixa, cherchant à capter quelque chose en lui, une faille, un fragment de vérité qu'il ne laissait jamais transparaître. Il faisait toujours semblant. Mais pas ce soir.
— Vous dites ça, mais vous êtes toujours là.
Il laissa échapper un rire amer.
Elle s'approcha encore, réduisant la distance entre eux. Elle n'était plus sûre de ce qu'elle faisait. Mais une chose était certaine : elle ne pouvait pas le laisser dans cet état.
— On peut vous aider.
Il releva brusquement les yeux vers elle, comme si cette phrase l'avait frappé en plein visage. Il ouvrit la bouche, puis la referma, incapable de trouver une réplique suffisamment cinglante.
Cameron savait qu'elle venait de franchir une ligne. Elle sentit quelque chose dans l'air, quelque chose de fragile, d'indéfinissable. Une tension différente.
— J'ai besoin d'un verre devant autant de naïveté, marmonna-t-il en se détournant.
Elle le laissa faire, sachant que, pour une fois, il n'avait pas trouvé d'échappatoire immédiate mais une chose était sûre : elle n'avait pas fini de creuser sous ses sarcasmes.
Cameron le regarda s'éloigner et attraper une bouteille de whisky sur l'étagère. Il se servit un verre sans un mot, l'expression fermée. Elle ne le quittait pas des yeux. Il s'enfila deux nouveaux cachets de Vicodin et se servie un whisky.
— Parce que mélanger l'alcool et les médicaments s'est une solution? lâcha-t-elle, bras croisés.
House haussa les épaules et avala une gorgée.
— Ça aide.
— Non, ça vous détruit.
Il ricana, un rire sec, sans amusement.
— Ah… Voilà la grande leçon de morale. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, hein ? De la méditation ? Du yoga ?
Il s'appuya contre le comptoir, fit tourner son verre entre ses doigts avant de lever les yeux vers elle, un éclat ironique dans le regard.
— Enfin, si… Il y a bien quelque chose d'autre. Déclencher une autre douleur.
Cameron plissa légèrement les yeux et sentit son estomac se contracter. Elle savait où il voulait en venir.
— Se faire une belle entaille bien placée.
Cameron prit les devant et répondit à sa place
—Ça libère des endorphines, juste assez pour avoir un moment de répit. Je sais tout ça House j'étais là pour vous soigner quand vous avez fait cette connerie.
Cameron serra les poings. Son regard s'attarda sur son bras, comme si elle pouvait encore voir, sous la manche de sa chemise, la cicatrice de cette nuit où il s'était infligé ça car il souffrait trop et n'avait plus de vicodin.
House eut un sourire fugace, à peine perceptible, avant de lever son verre comme pour porter un toast.
— Oh il y a ça, et le sexe.
Elle haussa un sourcil, sans ciller.
— La solution finale serait que je me taillade tout en ayant une prostituée de préférence suédoise au-dessus de moi en permanence. Alors là oui peut être que là je pourrais vivre normalement.
Il la fixa, attendant une réaction. Une grimace, un froncement de sourcils, une exaspération. N'importe quoi qui lui donnerait l'occasion de la provoquer davantage. Mais Cameron ne détourna pas le regard.
Elle s'avança d'un pas. Juste assez pour réduire la distance entre eux.
— Ok
House ne bougea pas.
Il la regardait avancer vers lui, lentement, comme si chaque pas était calculé. Tout en elle indiquait la suite. Sa posture, son regard, cette façon qu'elle avait de ne pas détourner les yeux.
Cameron s'arrêta juste devant lui, si près qu'il pouvait sentir son parfum, un mélange subtil de jasmin et d'adrénaline.
— Hier, vous m'avez dit que je n'avais pas besoin de mon aiguillon pour un échantillon de sperme. Alors allons y.
Sa voix était douce, mais il y avait autre chose dessous. Quelque chose de plus incisif.
House haussa un sourcil, mais ne répondit pas. Il laissa juste son regard dériver sur elle, curieux, attentif.
Cameron ne le quitta pas des yeux. Lentement, elle glissa ses mains jusqu'au cordon de son bas de pyjama et le défit , méthodiquement.
— Comme il ne s'agissait pas de votre dossier. Vous n'avez pas de neurosyphilis ni de gomme syphilitique au cerveau, continua-t-elle. Du moins je l'espère, ce qui veut dire que tout est au vert.
Sa voix était à peine un murmure à présent.
House sentit son souffle ralentir. Son cerveau tournait à toute vitesse, tentant d'analyser ce qui se passait, de décoder la scène comme il l'aurait fait avec n'importe quel symptôme. Mais il n'y avait rien à diagnostiquer ici.
Juste une femme qui refusait de reculer.
Juste une tentation qu'il n'avait pas anticipée.
Il aurait pu l'arrêter. L'envoyer balader avec une réplique bien placée, une moquerie bien sentie. Mais il n'en fit rien.
Parce que, pour la première fois depuis longtemps, il voulait voir jusqu'où elle irait.
Et peut-être… Jusqu'où lui-même était prêt à aller.
House ne bougea toujours pas. Il la regardait faire, impassible en apparence, mais son corps était tendu. Cameron sentait l'électricité dans l'air, ce moment fragile qui pouvait basculer d'un côté comme de l'autre.
Elle laissa ses doigts effleurer le cordon défait, avant de redresser la tête vers lui.
— Toujours rien à dire ? murmura-t-elle.
House cligna des yeux, comme s'il sortait d'une transe. Un sourire narquois étira brièvement ses lèvres, mais il n'atteignit pas son regard.
— J'attends de voir jusqu'où va cette démonstration de témérité.
Sa voix était rauque, plus basse que d'habitude.
Cameron ne répondit pas. Elle aurait pu, elle avait toujours une répartie prête lorsqu'il tentait de la déstabiliser. Mais ce soir, il n'était pas question de mots.
Elle posa une main sur son torse.
House ne recula pas, mais son souffle changea imperceptiblement. Un infime tremblement sous ses côtes, presque imperceptible. Pourtant, elle le sentit.
— Vous cherchez quoi, exactement ? souffla-t-il.
Elle savait qu'il testait encore, qu'il voulait lui faire dire quelque chose pour reprendre le contrôle.
Mais elle n'était pas là pour jouer à son jeu.
— Je veux que vous arrêtiez de prétendre que rien ne compte, dit-elle simplement.
House ouvrit la bouche pour répondre, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle franchit le dernier centimètre qui les séparait et l'embrassa.
Ce fut un choc. Brutal.
House ne s'y attendait pas. Son corps se figea un instant, comme s'il ne savait plus comment réagir. Puis, lentement, presque à contrecœur, il répondit.
Le baiser était tout sauf tendre. Ce n'était pas une caresse, ni une consolation. C'était un défi. Une collision entre deux âmes cabossées qui ne savaient plus très bien où elles en étaient.
Et House… House la laissa faire. Juste pour voir.
Juste pour sentir, ne serait-ce qu'un instant, quelque chose de différent de la douleur.
Le baiser s'intensifia, urgent, incontrôlé. Cameron se pressa un peu plus contre lui, sa main remontant le long de son torse, sentant sous ses doigts la chaleur de sa peau à travers le tissu fin de son t-shirt. House ne recula pas. Il répondit avec la même ardeur, ses lèvres cherchant les siennes comme une évidence, ses doigts s'accrochant à sa hanche, la maintenant tout contre lui.
Un frisson la parcourut. Son cœur battait violemment, et chaque seconde qui passait la faisait plonger un peu plus dans cette fièvre étrange, cette tension électrique entre eux. Elle ne réfléchissait plus, elle se laissait simplement guider.
Sa main descendit lentement, effleurant le cordon défait du pyjama de House. Ses doigts trouvèrent le tissu, hésitants, puis décidés. Elle voulut le libérer, franchir cette frontière.
Mais avant qu'elle ne puisse aller plus loin, House saisit brusquement ses poignets.
Le baiser se brisa dans un souffle court.
Cameron releva la tête, les lèvres entrouvertes, la respiration saccadée. House ne bougeait pas, son regard plongé dans le sien, mais ses doigts serraient toujours ses poignets.
— Stop.
Sa voix était rauque, basse, mais ferme.
Cameron sentit son ventre se nouer. Son souffle chaud effleurait encore ses lèvres, et pourtant, l'instant venait de se suspendre.
— Pourquoi ? murmura-t-elle, sans chercher à dégager ses mains.
House la fixa un moment, cherchant ses mots, puis il relâcha doucement sa prise. Il ne recula pas, il resta là, si proche qu'il aurait suffi d'un mouvement pour que leurs corps se retrouvent à nouveau.
— Parce que vous ne voulez pas ça. Pas vraiment.
Cameron tressaillit, ravalant un rire sans joie.
— Vous êtes en train de m'expliquer ce que je ressens ?
— Je suis en train de vous éviter de faire une erreur que vous regretterez.
Elle secoua légèrement la tête, son regard brillant d'une lueur d'incompréhension et de défi.
— Vous croyez que c'est juste… une impulsion ? Que je n'y ai pas réfléchi ?
Elle s'avança encore, réduisant la distance qu'il s'efforçait de maintenir.
— J'ai eu le temps d'y penser, vous savez. Bien plus que vous ne le croyez.
House soutint son regard, mais il ne répondit rien.
Parce qu'une part de lui savait qu'elle disait la vérité.
Et que c'était précisément pour ça qu'il devait l'arrêter maintenant.
Le silence entre eux était chargé, presque assourdissant. Cameron ne bougeait pas, son regard ancré au sien, ses poignets encore tièdes sous la pression de ses mains. House inspira lentement, comme s'il cherchait à reprendre le contrôle d'une situation qui lui échappait.
— Vous devriez partir, dit-il finalement, la voix plus basse, presque lasse.
Cameron ne bougea pas.
— Pourquoi ?
— Parce que…
— Parce que quoi? Insista Cameron les yeux plongeaient dans les siens
Il s'interrompit, cherchant ses mots, et secoua la tête comme s'il tentait de dissiper un brouillard invisible.
— Si vous restez, je ne sais pas si... Si je vous arrêterez.
Il n'avait pas besoin de dire ce que cela impliquait. Tout était déjà là, dans l'espace ténu entre leurs corps, dans sa respiration légèrement saccadée, dans la façon dont son regard s'attardait un peu trop longtemps sur ses lèvres.
Cameron sentit un frisson lui parcourir l'échine, mais ce n'était pas de la peur.
— Et si je ne veux pas que vous m'arrêtiez ? souffla-t-elle.
House ferma brièvement les yeux, comme si la réponse qu'il redoutait venait de tomber. Lorsqu'il les rouvrit, une ombre passa sur son visage.
— Vous croyez que c'est une bonne idée ? Que ça va régler quoi que ce soit ?
— Non.
Sa réponse fusa sans hésitation. Elle ne se faisait pas d'illusions, elle savait parfaitement qui était House et ce qu'il essayait de faire en la repoussant. Mais elle savait aussi ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait.
— Ça ne changera rien, dit-elle d'une voix plus douce, mais peut-être que, pour une fois, vous avez besoin d'une pause. Une façon d'échapper à la douleur, de couper avec cette souffrance incessante. Et c'est aussi l'occasion d'apaiser cette tension entre nous, qui dure depuis trop longtemps. Une seule fois, juste pour passer à autre chose.
Un battement de silence.
House la regarda longuement, scrutant son visage comme s'il cherchait une faille, un doute. Mais il n'y en avait pas.
Il glissa sa langue sur ses lèvres, ravalant une réplique acide qui ne venait pas. Puis, lentement, il relâcha complètement ses poignets.
Un choix.
Un instant suspendu où il pouvait encore reculer.
Mais il ne bougea pas.
House eut un léger rictus, un mélange de défi et d'hésitation. Il n'était pas du genre à se poser des questions. Il fonçait, se brûlait, et trouvait toujours un moyen de rationaliser ses erreurs après coup. Mais ce soir, face à elle, il hésitait.
Elle était trop différente. Trop vraie.
— Vous avez toujours eu un faible pour les causes perdues, murmura-t-il.
Cameron s'approcha encore, jusqu'à ce que leurs souffles se mélangent.
— Et si, pour une fois, je ne voulais pas vous sauver ?
House arqua un sourcil, intrigué.
— Ça, c'est nouveau.
— Peut-être que je veux juste être là, avec vous.
Il la fixa, cherchant un mensonge dans son regard, un faux prétexte. Mais il n'y en avait pas.
Lentement, il glissa une main derrière sa nuque, effleurant sa peau du bout des doigts. Un geste hésitant, presque doux.
Puis, cette fois ce fut lui qui combla l'espace entre eux et l'embrassa.
Ce n'était plus une provocation, ni un test. Ce baiser-là était plus profond, plus sincère. Cameron frissonna sous la pression de ses lèvres, sa main trouvant instinctivement son torse.
House n'attendit pas plus longtemps. D'un mouvement lent mais assuré, il la poussa doucement en arrière, l'obligeant à reculer jusqu'à ce que son dos touche le mur. Il se pressa légèrement contre elle, l'enfermant sans brutalité, mais avec une intensité qui la fit frémir.
Son souffle était court, son cœur battait plus fort qu'il ne l'aurait admis.
— On est en train de faire une connerie, souffla-t-il contre ses lèvres.
— Probablement.
Elle l'embrassa à nouveau, plus profondément, et il sentit son dernier semblant d'hésitation voler en éclats.
House abandonna tout. Il laissa tomber sa canne, oubliant tout le reste.
Ses mains trouvèrent la peau nue sous son haut, explorant lentement, savourant la chaleur de son corps contre le sien. Il voulait la sentir, la faire frissonner sous ses doigts, prendre tout ce qu'elle lui offrait sans chercher à comprendre pourquoi.
Cameron ne se contenta pas de subir. Ses mains glissèrent sur lui, effleurant, provoquant. House sentit un frisson lui remonter l'échine lorsqu'elle s'attarda sur l'élastique de son pantalon, et il sut qu'il n'y aurait plus de retour en arrière.
Son regard brûlant se planta dans le sien, et un sourire tordu passa sur ses lèvres.
— Trop tard.
Cette fois, il ne chercha plus d'excuses.
Bonjour à tous !
Je suis de retour avec une nouvelle histoire.
Si cette dernière vous plaît, je pourrais la développer. Sinon, ça restera un one-shot. Si je continue, l'histoire passera en rating M avec des scènes plus explicites. N'hésitez pas à me donner vos avis, vos retours sont toujours les bienvenus !
à bientôt ! Ophélie :)
