Mot de l'auteur: Dame inspiration Familles de Sorcier m'a visité alors que j'étais puni de travail par une infection pulmonaire. Il faut croire que l'autre nom de Dame inspiration, c'est «Fièvre», mais bon en tout cas ça a marché car j'ai réussi à me décoincer sur le passage où je stagnais depuis des mois. Non cette histoire n'est pas morte, l'auteur cependant déteste écrire quand les phrases ne viennent pas toutes seules. Je m'excuse de tout mon cœur, comme d'habitude et je remercie tous les lecteurs sympathiques qui prennent toujours le temps de me dire un petit mot. Je vous aime! (De loin et en toussant mes poumons, mais je vous aime quand même!)
J'espère que vous passerez un bon moment avec ces 29 pages de suite du chapitre 4 (*soupir* je ne voyais vraiment pas ça si long dans ma tête…).
Chapitre 4: Climb every mountain (partie 2)
Heure du thé
17h Long Garden
Ginny regarda un long moment tout autour d'elle, impressionnée par le grand hall de Long Garden.
C'était une salle étonnement vaste et à haut plafond qui avait un petit quelque chose de Poudlard, quoiqu'en variation de noir et de blanc.
Un fantôme stationnait devant elle et fit mine de récupérer sa cape, qu'elle n'avait enfilée que pour le décorum.
C'était aussi le cas pour le reste de sa tenue, ayant récupéré une robe de sorcier traditionnelle Weasley et portant un chemisier, ainsi qu'une longue jupe, en dessous. Elle n'avait pas eu besoin que Neville lui rappelle comment se présenter. Elle avait entendu suffisamment d'histoires, au sujet de la douairière des Londubat.
Elle avait de même noué ses cheveux en chignons et planté à l'intérieur les épingles qui maintenaient un chapeau de sorcière ayant appartenu à sa mère.
Cette dernière avait roucoulé étrangement tout le long de sa préparation, mais en se regardant dans la glace, Ginny avait eu l'impression de voir une étrangère.
Elle oublia néanmoins tout de ces considérations en voyant au loin un mur s'ouvrir pour laisser passer Lady Senior Londubat, dans le carcan habituel de ses robes en tapisserie accentué d'une parure de bijoux en vieil or et pierres semi-précieuses.
-Miss Weasley, vous êtes à l'heure.
-Je vous remercie d'avoir bien voulu m'accueillir Lady Londubat, répondit-elle en s'inclinant légèrement.
La vieille sorcière lui fit un fin sourire qui lui fit un peu penser au professeur McGonagall:
-Mon Neville sait bien s'occuper de ses amis. Allez suivez-moi, nous serons bien dans le petit salon.
La jeune fille se dirigea aussitôt à sa suite, ouvrant les yeux avec surprise alors que les murs s'ouvraient d'eux même pour les laisser passer jusqu'à un salon un peu étouffant par sa surabondance de napperons en macramés et de pampilles de cristal pendant des luminaires. La lumière du soleil qui s'échappait par les interstices de rideaux lourds faisait étinceler la poussière en suspension.
Sur une table ronde le thé était servi et une odeur forte de jasmin en émanait.
Ginny regarda distraitement la théière verser son contenu dans deux délicates tasses à thé décorées d'une aquarelle de paysage, et l'une d'elle se poser devant elle alors qu'elle s'asseyait. Des petits sandwichs coupés en étoiles étaient servis avec, ainsi que des short bread, mais elle n'avait pas vraiment faim.
-Comment se portent vos parents ma chère enfant?
Ginny soupira intérieurement en se rendant compte que comme tout ce qui se trouvait dans ce château, elle n'échapperait pas aux babillages de convenances. Elle prit son mal en patience et rassura la vieille femme sur l'état de ses parents, de son frère ainé et de sa femme, de ses autres frères, de ses grands oncles et de ses grandes tantes dont la grand-mère de Neville devait probablement être mieux informés à leurs sujets.
Tout ça… C'était vraiment quelque chose dont elle pouvait se passer. Les gens de la génération de leurs grands-parents prétendaient que toutes ces politesses avaient une raison, que cela solidifiait les Familles, mais c'était une autre époque. Ils se devaient d'être plus moderne maintenant, et le devenait petit à petit grâce aux idées et aux façons de faire innovantes des nés moldus.
Elle se souvenait des après-midi à l'école où ils pouvaient tous se retrouver à écouter Colin leur parler de sa vie hors de Poudlard et leur montrer des photos des choses qu'il avait vu ou faites… Pauvre Colin… Sa gorge se serrait toujours quand elle repensait à son camarade de classe décédé.
-Et donc, jeune sorcière, vous envisagez de vous unir à un Zabini ? Demanda finalement la vieille dame après avoir siroté une gorgée d'un thé que Ginny avait trouvé trop parfumé pour elle.
-Je ne pense pas encore au mariage, la rectifia t'elle aussitôt.
-Pourquoi cela? Le mariage est un syndicat des plus honorables. Les sorciers sont souvent frileux et semblent se contenter gentiment de leurs vies célibataires sans responsabilités, alors c'est aux sorcières de leur rappeler la nécessité de faire prospérer leur clan. Je peux vous en parler: de tous mes fils, seul Franck s'est marié! Les autres ne sont que des parasites qui sucent le sang sur mon dos, et bientôt sur celui de Neville.
-Je n'ai rien contre le mariage, mais il y a des choses que je veux faire avant.
-Ah les jeunes! Pressés de tout sauf pour les choses qui importent! Très bien, dites-moi alors, pourquoi vouloir consulter le Livre de Famille des Londubat? Je n'ai pas besoin de vous apprendre à quel point nos grimoires familiaux sont précieux, Molly a sûrement bien fait votre éducation.
-Je sais, en effet. Le problème c'est que Blaise ne me parle jamais de sa famille. Alors je ne sais pas si c'est parce que c'est un serpentard, ou si c'est parce qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec les Zabini, mais à chaque fois que j'essaie de lui en parler, il change de sujet ou met fin à la discussion. Je ne suis pas aussi attaché à la notion de famille de sorcier que vous, mais la famille, en tant que cercle familial, est important pour moi. Je veux savoir où je mets les pieds.
Augusta Londubat resta un moment silencieuse et pensive, avant de se contenter d'un simple «Je vois» et d'attraper sa baguette magique pour attirer à elle un énorme grimoire portant sur sa couverture de cuir les armoiries des Londubat: une Tour barrée de deux baguettes.
Elle posa respectueusement la main dessus, ses longs ongles laqués d'un rouge sombre et un peu griffus grattant la surface.
-Puisque vous êtes une grande amie de mon petit-fils, que vous ne l'avez jamais regardé comme inferieur, pitié ou avec mépris, j'accepte de partager les connaissances de notre famille avec vous.
Ginny sentit une poussée magique à ces mots et le grimoire qui avait été comme une présence hostile, se détendit comme si l'objet inanimé poussait un soupir de soulagement.
-Famille Zabini, appela la vieille femme en relevant la main et le livre s'ouvrit et des pages défilèrent avant de s'arrêter sur un arbre généalogique.
Les racines, assez nombreuses, descendaient jusqu'à ne former qu'une seule branche pointant sur le nom de Blaise.
-Il n'y a pas grand-chose à dire de mal sur la famille Zabini elle-même, fit Mrs Londubat en tournant la page, arrivant sur un ensemble d'écriture manuscrite serrées et de quelques petits croquis de ce qui semblait des armoiries. C'est une vieille famille sorcière de la noblesse italienne dont une partie a immigré très récemment en Grande Bretagne. Ici, du côté sorcier, comme du côté moldu, ils furent qualifiés avec mépris de nouveaux riches. Les vieilles huiles sang pur voyaient mal le fait que leur fortune repose sur des entreprises moldues. A ce que je sais, le père de votre prétendant n'a jamais été approché par Vous Savez Qui, probablement à cause de cette proximité avec les non sorciers.
-Ce ne sont pas des Mages Noirs, donc, soupira avec soulagement Ginny.
-Ce n'est pas ce que j'ai dit. La seule chose que cela prouve, c'est que ce ne sont pas des suprématistes du sang. Ils pratiquent certainement l'Ancienne Magie. Mais tout ça pour dire que ce n'est pas ce côté-là de la famille dont vous devez vous méfier, mais du côté des Ashford.
-Les Ashford? Répéta Ginny parce que ce nom ne lui disait rien.
-Le côté maternel. Les Ashford sont une famille de la petite noblesse moldue. Jessica Ashford de son nom de naissance, la mère de Blaise Zabini, est le fruit d'une union mixte entre un noble moldu et une sorcière.
Alors Blaise n'était même pas un sang pur au sens strict du terme! Non pas qu'elle se souvint l'avoir un jour vu dire qu'il l'était, mais c'était étonnant quand on connaissait son statut à l'époque de Poudlard.
-Quel est le problème alors? Demanda Ginny. Ça n'a pas d'importance que le grand-père maternel de Blaise soit un moldu.
-Cela a de l'importance quand on sait que la famille Ashford a subi désastre sur désastre et a vu tous les membres de la famille disparaitre prématurément. Je ne connais pas toute l'histoire, Jessica Zabini a semble-t-il tout fait pour effacer son nom de naissance des consciences, et toute personne qui se met à fouiller de ce côté se retrouve à risquer sa vie.
Ginny fronça les sourcils, surprise. Blaise ne parlait jamais de sa mère, tout ce qu'elle en connaissait, c'était les rumeurs: on la disait incroyablement belle, puissante, indépendante et tous les racontars au sujet de la façon dont elle croquait les hommes lui semblait des marmonnements de vieux sorciers qui pensaient encore que les sorcières devraient se contenter de tenir des maisons et d'être de jolies faire valoir.
Jessica Zabini lui semblait être quelqu'un qu'elle pourrait admirer, et Blaise n'était certainement pas devenu le jeune homme confiant et puissant qu'il était sans une bonne figure parentale…
-Savez-vous comment est décédé son père? Demanda-t-elle distraitement, son esprit focalisé sur la mère de Blaise.
-Officiellement ou officieusement? S'enquit Mrs Londubat avec un ton aigre. Les rapports indiquent tous qu'il est mort d'un accident cardiaque lors d'une soirée. Etonnement, l'homme avait vu sa santé se dégrader depuis plusieurs mois.
-Blaise ne devait pas être très âgé à ce moment-là… Ca a dû être un choc pour lui…
Elle sortit de ses pensées pour remarquer la façon dont la vieille femme l'observait avec un air de souci marqué et d'inquiétude.
-Je vois que vous êtes de toute évidence attachée à ce garçon… Soupira-t-elle. Je vous prie de montrer néanmoins la plus grande prudence car je m'inquiète pour votre bien être.
-Blaise ne me fera jamais de mal! S'indigna Ginny en sentant ses joues s'échauffer de colère. Il a toujours été un parfait gentleman avec moi!
-Peut-être qu'il ne VOUDRA pas vous faire de mal, mais la toxicité de certains poisons ont tendance à se répandre hors de tout contrôle.
-Quel toxique?! Quel poison?! Je ne comprends pas ce que vous voulez dire! Répliqua Ginny en se levant brusquement de sa chaise. Je ne suis pas le genre de personne à croire les bavardages de quelques personnes jalouses et aigries! Ou à mettre les gens dans le même panier! Je juge sur ce que je vois.
-Dans ce cas, pourquoi êtes-vous venue écouter les bavardages d'une vieille dame aigrie? Demanda simplement sa vis-à-vis en refermant son livre de Famille.
-Parce que vous avez la réputation d'être impartiale. Juger sur ce que vous voyez des gens, pas juste ce qu'on dit d'eux.
-Je fais les deux, Miss Weasley, et je tire mes conclusions. Vous avez le droit de ne pas écouter mes conseils, mais n'oubliez pas ce qu'on dit: il n'y a pas de fumée sans feu.
-Si, ça peut être juste du brouillard, répliqua du tac au tac Ginny en se détournant avec frustration, heureuse de voir que les murs s'ouvraient pour la laisser partir, arrachant son chapeau et les épingles pour que ses cheveux puissent se défaire de ses chignons et se libérer autour de son visage, défaisant des boutons de sa robe et de son chemisier pour pouvoir mieux respirer.
Redevenant elle-même loin de cette parodie qu'elle avait dû jouer.
La première chose qu'elle fit en rentrant, fut de se mettre à son bureau et d'écrire une lettre à l'attention de Jessica Zabini.
Lundi 3 Septembre
Premières leçons
8h-Poudlard
Les élèves s'entassèrent autour des comptoirs remplis de pots et de plantes; des géraniums dentus qui claquaient leurs pétales vers eux, leurs tabliers et leurs gants soigneusement enfilés.
Quelque chose en Neville se dissolut face à cette vision, peut-être pas tout à fait son appréhension, mais alors que le professeur Chourave lui souriait en lui serrant l'épaule, il se dit qu'il avait bien fait de choisir cette voie et que c'était là sa place.
-Bonjour tout le monde et bienvenue à ce premier cours de troisième année, annonça sa mentor. Je vous présente mon apprenti que vous verrez tout au long de l'année à mes côtés: M. Neville Londubat! Veuillez-vous adresser à lui comme vous le feriez d'un professeur.
Oui, il savait qu'il avait pris la bonne décision.
12h – Ministère de la Magie.
Harry avait tourné la situation dans tous les sens et en était arrivé à une conclusion: le meilleur moyen pour lui de revoir Drago et de pouvoir s'excuser auprès de lui était la Garden Party organisée par les Malefoy.
Parce que là-bas, au nom de la réputation de sa famille, son mari n'aura pas d'autres choix que de le côtoyer.
Et si c'était particulièrement serpentard de sa part, il se disait que Drago ne pouvait pas vraiment le renier pour ça.
Ça c'était une chose. Mais cela ne servirait à rien s'il n'était pas capable de faire amende honorable. Et l'une des façons de le faire semblait de participer réellement à l'évènement, et pas seulement comme le spectateur blasé et forcé qu'il avait eu l'intention d'être.
S'il ne se sentait pas encore capable d'ouvrir son cœur et les pages de son passé, le Docteur Flint avait eu raison sur une chose: il était peut-être temps qu'il essaie de comprendre Drago et son monde.
-Harry… C'est la troisième fois que tu tamponnes ce formulaire, commenta Susan d'un ton dépité.
Harry s'immobilisa, s'apprêtant en fait à asséner de nouveau le tampon du département sur la feuille qui se trouvait devant lui. Il fronça les sourcils en détaillant la commande de fourniture qu'il avait effectivement gâchée.
Hermione toussa nerveusement depuis la machine à écrire.
-Tu es vraiment distrait depuis la semaine dernière, continua la rousse en continuant à cacheter des enveloppes.
Hermione toussa à nouveau et Susan finit par lever son regard sur elle. Elles durent avoir une sorte d'échange de regard et de sourcils car Susan ne fit pas d'autres commentaires alors qu'Harry allait chercher une nouvelle feuille et recommençait son travail de commande de plumes, d'encres et Merlin seul savait pourquoi, de boites de biscuits au gingembre pour les aurors.
Il espérait que le Département des Grandes Ressources Uniquement Méritées et Financées, aussi appelé «GRUMF», leur renverrait le formulaire avec une petite note acerbe de rejet dont ils avaient le secret.
Alors qu'il ricanait intérieurement d'avance à ce sujet, Théodore revint des archives et posa un tas de dossiers près de lui, faisant un peu baver le deuxième «g» de gingembre.
-C'est les derniers documents à envoyer ce matin, annonça ce dernier.
Et cela sonnait comme une délivrance. Harry tamponna une fois pour toute le formulaire et passa sa baguette dessus pour le plier en avion et le laisser s'envoler en direction de son destinataire.
-On les dépose aux greffes et on va prendre un sandwich? Proposa-t-il à Théodore.
-Tous les deux? S'étonna le brun alors qu'Harry prenait une partie des documents.
-Ouais, pour changer, ça ne vous dérange pas les filles?
Hermione le regardait avec suspicion, comme c'était toujours le cas lorsqu'il se montrait trop amical avec Théodore, mais elle finit par hausser des épaules.
-Ça va, je veux terminer ça.
Les deux hommes partirent donc déposer les dossiers, puis grimpèrent à l'Atrium pour s'acheter des sandwichs, profitant que la zone était encore relativement déserte et que personne ne faisait attention à eux. Ils se trouvèrent ensuite un bout de toit agréable et dissimulé sur l'un des faux bâtiments plantés au-dessus du Ministère.
-Est-ce que tu veux parler? Demanda finalement Théodore avec une sorte de petite répugnance dans la voix alors qu'il repliait proprement le papier qui avait entouré son repas. Parce que… Je ne suis pas très bon pour les choses comme les encouragements et le réconfort…
-Non, t'inquiètes, le rassura Harry en se surprenant à sourire. Hermione a déjà géré en partie ce côté-là.
Théodore émit un petit son de gorge pensif en fixant le ciel, semblant penser à quelque chose en particulier.
-Mais il y a quand même quelque chose que tu veux de moi.
Harry se frotta le cuir chevelu, désolé de ne pas être plus subtil, mais rassuré en voyant que son compagnon avait un petit sourire tranquille aux lèvres.
-En fait… J'aimerais si cela ne te dérange pas… (Harry commença, avant de rougir malgré lui face à l'incongruité de la demande et de se lancer: ) que tu m'apprennes les danses sorcières…
-Les danses sorcières?! Répéta Théodore en se tournant vers lui avec un plissement de regard perçant. De toutes les choses que tu voudrais que je t'apprenne, tu veux que ce soit les danses sorcières?!
Il disait cela de la même façon qu'aurait réagi Rogue si on lui avait demandé la recette de la potion bubulle.
-Il va y avoir une garden party au Manoir Malefoy et j'ai promis de danser avec Drago. Sauf que je ne connais aucune danse de société.
-Dans ce cas pourquoi ne demandes-tu pas à Drago de te les enseigner?
-Parce qu'il est très fâché contre moi actuellement – à juste raison- et que je veux que ce soit une surprise.
Théodore le fixa un instant encore avant d'enfouir sa tête dans ses mains avec un soupir et de répéter d'un air désolé «danses sorcières» comme s'il se demandait si c'était sa vie maintenant.
-Est-ce que la façon d'être dramatique en toute occasion est une chose qu'ils vous apprennent à Serpentard? Persiffla en réponse Harry.
Heureusement l'autre homme reprit rapidement son sérieux et contempla de nouveau le ciel devant eux.
-Comme c'est une garden party, ce seront des danses d'après-midi, commenta t'il avant de commencer à marmonner: Quelques quadrilles, une ou deux danses de baguette et une gigue probablement… Promenade au balai… Au détour du puits au vœu…
Tout ça n'avait aucun sens pour Harry mais il semblait avoir perdu son compagnon.
-Euh… Théo?
Ce dernier se leva et retira d'un mouvement ample sa robe pour la plier correctement et la déposer sur le muret où ils étaient assis.
-D'accord. Pour commencer je vais t'apprendre «Promenade au balai», c'est l'une des plus populaire, c'est sûr qu'ils la joueront.
-D'accord? Fit Harry en se levant à son tour et en venant se mettre face à lui, essayant d'être aussi sérieux que possible et de rejeter son sentiment de honte et d'agacement.
Une part de lui ne cessait de repenser à ce moment mortifiant qu'avait été le Bal de Yule et sa danse avec Parvati. Mais s'il avait réussi à ouvrir son bal de mariage en valsant avec Narcissa, il pouvait apprendre d'autres danses et les pratiquer devant les autres sorciers.
Apparemment, il n'y avait rien de gênant à cela, tout était dans sa tête.
-Promenade au balai est une quadrille, cela veut dire que ça se danse à 4 couples, attaqua Théodore. Donc on va imaginer qu'il y a d'autres danseurs à notre droite.
-D'accord…
-Toute une partie des mouvements se fait en miroir. Autrement dit, nous ferons les mêmes mouvements en même temps. Les quadrilles sont divisées en séquences, qui sont une suite de mouvement. Je vais te montrer la première séquence, qui s'appelle «Rencontre» en décrivant les pas.
Il se plaça à côté d'Harry et commença à faire des pas en avant, en arrière, à s'incliner, à tourner, à tendre des mains, sa voix claquant comme un métronome à chaque mouvement.
Cela semblait horriblement compliqué à se souvenir et il ne savait pas s'il arriverait à mémoriser tous les pas.
Théodore dû sentir la panique qui montait tout d'un coup en lui car il s'arrêta et resta silencieux un moment, l'air de réfléchir.
-Faisons pas par pas, d'accord? Proposa-t-il alors, et Harry commença à essayer de l'imiter en se demandant s'il allait seulement pouvoir y arriver…
12h Ministère de la Magie
Il ne s'était pas passé beaucoup de temps depuis le départ des deux garçons, mais Hermione se sentait agitée.
-Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir? Demanda finalement Susan alors qu'elles se dirigeaient toutes les deux vers le réfectoire. Je sais que ce ça peut être probablement déplacé de ma part… Envahissant même… Je sais que je ne faisais pas parti de votre groupe d'ami à Poudlard et que je peux même me reprocher mon comportement vis-à-vis de Harry en 2eme année ou en 4eme année, mais j'aimerais être plus proche de vous maintenant que nous travaillons tous ensemble…
Hermione laissa un peu de côté ses pensées sur Harry et Nott et lui accorda toute son attention en se sentant en fait un peu coupable:
-Tu n'as pas à repenser à ça, Ron, Harry et moi-même n'avons pas, en toute honnêteté, fais beaucoup pour nous rapprocher de qui que ce soit des autres maisons… ou même de notre propre maison vu à quel point je connais mal Lavande, Parvati ou… Fay…
-Vous avez créé le club de défense, répliqua la jeune femme.
-Oh, oui, en cinquième année. Un peu tard… Et…
Elle pensa malgré elle à Daphnée, se demandant ce que ça aurait été de la fréquenter à cette époque. Elle l'avait vu souvent réviser à la bibliothèque mais elle n'avait même jamais pensé à venir s'asseoir avec elle. Dans son esprit seul un rejet était possible, parce que depuis la première année Daphnée était aussi belle et délicate qu'une poupée et semblait typiquement le genre de personne qui ne voudrait jamais s'associer avec quelqu'un comme elle, sans même faire intervenir les données de née moldu ou de gryffondor dans l'équation.
Pourtant elle avait encore l'impression de sentir sa main dans la sienne et se retenir pour ne pas la porter à ses lèvres.
-Je pense qu'on aurait pu faire mieux, conclut-elle. Mais rien n'est perdu. Nous pouvons essayer plus fort maintenant.
Susan hocha la tête, une part d'elle divisée car elle devait sans doute penser à leur serpentard résidant. Et Hermione comprenait. Cela allait être dur de faire des efforts pour un Nott, même si elle en savait plus désormais au sujet de ce Nott là.
La rousse reprit:
-Quoiqu'il en soit, je vois bien qu'Harry n'est pas lui-même depuis les sélections de Quidditch et… Je n'arrive pas à comprendre qu'il n'ait pas été choisi en tant qu'attrapeur, car toute considération de fierté de maison mises à part, il a toujours été le meilleur… J'aimerai faire quelque chose pour lui, tu sais? Mais c'est un peu frustrant de penser qu'il préfère Nott à moi…
Elle poussa un petit soupir alors qu'elles arrivaient dans le restaurant et Hermione lui tapota gentiment l'épaule en marque de soutien.
-Je ne pense pas qu'il le préfère, mais il est probable qu'il ne se sent pas à l'aise pour discuter avec toi de tout ce qui a un rapport avec la guerre … étant donné la façon dont tu as réagi avec Nott. Et le problème, c'est que la guerre est une très grosse partie de sa vie… Mais, honnêtement, cette histoire de quidditch lui est devenu totalement secondaire, même si ce qu'il s'est passé…
-Que s'est-il passé?
Elles ramassèrent rapidement des plats sur leur plateau et s'assirent à l'écart, Susan remarquant l'expression sombre de sa collègue.
-Il se trouve que les prévisions de Nott se sont révélées justes. Notre directeur ne veut pas donner plus de visibilité ou de pouvoir à Harry.
-Mais ce n'est qu'une place d'attrapeur!
-C'est politique. Montrer qui a le pouvoir.
Susan fronça les sourcils devant sa tourte à la viande.
-Je ne pensais pas que le Directeur Winters serait si hostile à aider Harry alors que tout ce que nous voulons tous, c'est améliorer notre société! Et Harry est comme un fer de lance avec sa victoire sur Tu-Sais-Qui!
-Exactement, approuva Hermione en la pointant avec sa fourchette. Mais un fer de lance qui se montre modéré concernant les mangemorts. Un fer de lance qui a empêché qu'on jette dans un trou tout ce qui portait la marque sans faire de distinction, qui a épousé l'un d'entre eux et a participé à la perpétuation de la lignée Malefoy par le biais de sa fille etqui a dernièrement permis à un autre, d'une lignée tout aussi affreuse, de pénétrer dans les rouages du Ministère.
Susan la considéra silencieusement un moment alors Hermione reprit:
-Le Directeur n'est pas un modéré, ce qui peut se comprendre au vu de ce qu'il a subi, et il est aussi un progressiste, alors qu'Harry est en train, au contraire, d'explorer tout le versant traditionnel de notre société. Actuellement, ils sont bel et bien des rivaux politiques.
-Et toi, qu'en penses-tu? Demanda avec précaution sa vis-à-vis en faisant un tourbillon du poignet avec son couvert: des mangemorts, du progressisme et des traditions?
C'était une bonne question. Pour être honnête avec elle-même, depuis la naissance d'Evangeline, Hermione n'avait pas pu faire le point sur ses propres croyances… Mais elle savait qu'elles avaient en partie changés.
-Avant tout ce qui concerne les fiançailles de Harry, j'étais probablement une progressiste, mais j'ai honnêtement tellement appris sur la magie ancienne ces derniers mois que je ne peux plus considérer que tout est à jeter. Mais il faudrait faire le tri entre ce qui est utile, de l'ordre vraiment de la magie, et ce qui n'est que du recopiage de la société moldue d'une autre époque, parce que c'est ça qui est ironique! Je suis sûr que des sorciers se sont aussi senti progressiste à une époque en adoptant les mœurs des moldus sur, par exemple, la place de la femme dans la société, alors que tous les anciens textes montrent au contraire à quel point les sorcières étaient indépendantes, libres et fortes durant toute l'Ere de Merlin!
Hermione s'arrêta et rougit légèrement en réalisant qu'elle était encore en train de s'emballer toute seule, mais un regard devant elle lui montra que Susan l'écoutait avec fascination.
-Ca… A du sens, approuva cette dernière. J'ai été élevé avec les traditions sorcières et c'est vrai que je n'ai pas envie de tout perdre, mais à la lumière de ce qu'il est arrivé, il me semblait tellement plus logique de regarder vers ce qu'il se passait du côté moldu, notamment avec ce que nous racontait Justin et qui faisait penser que nous étions dépassés… Mais je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.
-Plutôt que de voir une dualité entre anciennes habitudes sorcières et développement industriel moldu, est ce que notre société sorcière ne devrait pas tout simplement obtenir sa propre évolution? Sans copier ce qu'il se passe du côté moldu et en améliorant les conditions de vie de tout le monde en partant de ce qu'il se fait déjà? lança au hasard Hermione.
-Dont la place des femmes.
-Exactement!
Elles se sourirent mutuellement, savant toutes les deux qu'elles se comprendraient à ce sujet.
-Et puis, concernant les mangemorts, pour moi aussi il a toujours été hors de question de mettre tout le monde dans le même panier. Harry et moi avons beaucoup préparé chaque procès. J'ai accepté Drago dans la vie de Harry, même si parfois il reste… eh bien désolé du mot, mais chiant. Mais je sais que, d'une façon ou d'une autre, il fait du bien à Harry. Et sans ça je n'aurais jamais pu me rapprocher de Blaise Zabini et de Daphnée Greengrass dont j'apprécie la compagnie, à mon grand étonnement. J'ai encore un peu du mal avec Nott, mais c'est plus à cause de son comportement que parce qu'il porte la marque pour être sincère.
Nott et ses capacités intellectuelles. Nott et son esprit cartésien. Nott et ce qu'elle soupçonnait être des TOCs et probablement le résultat d'années de traumatismes non résolus. Nott et son apathie. Nott et son espace de sécurité. Comme Harry.
Nott qui avait probablement lui aussi subi de la maltraitance en grandissant.
-Oui, en plus, il n'a pas l'air très…
Susan chercha ses mots, semblant penser aussi à la façon dont la magie de Nott était peu puissante et la façon dont on pouvait dire toutes les horreurs sur les sangs purs devant lui sans obtenir ne serait-ce qu'un début de réaction de sa part, laissant à penser qu'il s'en moquait complétement.
-…Très revendicatif, finit-elle. Pas du tout un fanatique… Très nul comme mangemort en fait…
Elle poussa un soupir résigné.
-Bien, il va falloir que je fasse des efforts je suppose. Et que je me montre moins virulente, ne serait-ce qu'en présence de Harry…
-Tu n'es pas obligée Susan. Nous savons ce que tu as perdu durant la guerre…
-Mais ma colère ne devrait pas être dirigée sur des personnes qui ont limité le mal qu'ils pouvaient faire ou l'ont fait par peur pour leur vie ou celle de leur proche… Mon esprit le sait, mais mon cœur a parfois du mal à s'en rappeler. Vous avez perdu beaucoup de choses vous aussi et pourtant vous êtes capable de faire la différence.
La pensée de ses parents et de sa petite sœur qui ne pouvaient plus faire partie de sa vie frappa Hermione comme une claque, comme à chaque fois, mais elle s'efforça de laisser la douleur refluer.
Cela perturba bien sûr son appétit et elle se mit à regarder son plateau avec l'impression qu'elle ne pourrait plus rien faire glisser dans sa gorge.
Allez, une cuillère de plus, comme tu l'as promis au Dr Flint…*
Elle mâcha tristement et avala avec difficulté même si son esprit logique savait qu'il n'y avait rien qui entravait son œsophage. Elle repoussa ensuite le plateau de devant elle.
Par chance, Susan était elle-même trop perdu dans ses propres pensées pour remarquer son manège, même si Hermione n'avait aucune raison d'en être honteuse. Elle était suivie pour ça après tout.
Cela lui faisait penser qu'Harry aussi avait recommencé à revoir leur psychomage.
-Tu sais, il n'y a rien à faire pour aider Harry, il fait déjà tout ce qu'il a à faire pour que les choses s'arrangent. Peut être juste éviter de parler d'amour, de romantisme ou d'autres trucs de ce genre.
-Oh… Fit sombrement Susan en ayant l'air de saisir avant de formuler avec le plus grand dégout: Des problèmes de couple.
Hermione hocha d'un air entendu la tête. C'était une chance qu'un seul d'entre eux ne soit impliqué dans une relation romantique.
Elles remontèrent et Susan lui raconta avec horreur ses 8 années d'études avec Hannah et Megan comme colocataire, et Hermione qui commençait désormais à bien connaitre les deux luronnes, ne put que compatir.
-Au moins, Parvati et Lavande me laissait le plus souvent tranquille.
-Oui, mais à Poufsouffle, il y a cette coutume du partage et d'aider l'autre autant que possible. Le plus souvent c'est une bonne chose, mais c'était difficile de s'isoler quand on en avait envie.
Sur ce elles saluèrent les deux secrétaires du département et retrouvèrent les garçons qui avaient repris le travail, quoique Harry semblait un peu plus grognon et stressé qu'avant sa pause.
Elle jeta un coup d'œil à Nott comme si ça pouvait lui donner un indice sur ce qu'il s'était passé, mais l'autre homme était plongé dans du rangement de dossier, l'air imperturbable.
Echangeant un regard perplexe avec Susan, elles reprirent leurs propres tâches et tous travaillèrent en grande partie dans un silence studieux jusqu'à 17H où Harry se crispa.
C'était habituellement l'heure où il rejoignait Ron à la grande salle de pause, mais il avait complétement stoppé cette routine depuis la débâcle du quidditch. Hermione l'observa malgré elle froncer les sourcils, la jambe agitée comme si son corps lui-même réclamait un peu d'action, puis un nouveau froncement de sourcils agacé, avant de se lever brusquement, faisant sursauter Susan et Nott qui ne s'y attendaient pas.
-Théo! Clama Harry. Est-ce que tu veux prendre une pause avec moi?
L'ancien serpentard le regarda avec l'air déchiré pour son travail actuel, mais ayant l'air de se rendre quand même compte de son état, il poussa un soupir et rangea convenablement les feuilles qu'il avait entre les mains pour faire un tas bien carré.
-Si tu veux, je peux venir avec toi Harry, proposa Hermione.
-Non, c'est bon, Théo est déjà en route (pas du tout, remarqua Hermione alors que ce dernier rangeait aussi ses stylos), on sera de retour dans moins d'une heure.
Pendant un instant, alors que les deux bruns sortaient, l'un plus motivé que l'autre, elle se demanda si Harry avait l'intention de narguer Ron avec un autre ami.
-Je sais que ce n'est pas bien… Commença-t-elle en se levant à son tour et en regardant Susan, mais je DOIS savoir ce qu'ils font tous les deux!
-Je viens avec toi, approuva Susan avec la même expression de curiosité avide.
C'est ainsi qu'elles suivirent discrètement les deux hommes qui dépassèrent le service des aurors sans même un regard et remontèrent les escaliers vers l'atrium d'entrée.
-Mais où est ce qu'ils vont comme ça? Souffla-t-elle, alors qu'elle les voyait prendre à l'extérieur un autre escalier pour grimper sur une partie du toit isolée et cachée d'un immeuble.
Il n'y avait que les sorciers qui fumaient qui sortaient habituellement du Ministère et elle espérait fortement qu'Harry n'ait pas pris cette horrible habitude. Ni Nott d'ailleurs.
Grimpant fermement les mêmes escaliers, elle et Susan s'immobilisèrent avant de pouvoir être aperçues, interceptant une discussion très étrange.
-Je dois m'entrainer autant que possible avant dimanche. Il ne me reste que 6 jours. Allez remontre moi le début!
-D'accord…
Elles les entendirent se déplacer et Nott compter, entrecoupé de grognements et de «tss» de Harry et si Hermione était complétement perplexe, Susan se redressa avec l'air un peu indignée et en colère, puis fonça brusquement sur eux:
-Mais qu'est-ce que tu fais Nott?! Ce n'est pas DU TOUT comme ça qu'on enseigne la danse!
Hermione grimpa les quelques marches restantes pour tomber sur Harry et Nott figés sur place, Harry dans une position un peu bizarre.
Nott regarda alors Susan, puis Harry, n'ayant pas l'air de comprendre ce qu'elle lui reprochait.
-Vous… Dansez? Lança Hermione et une certaine rougeur s'empara des pommettes d'Harry qui quitta sa position.
-Ouais… Euh… J'ai demandé à Théo de m'apprendre les danses de sorciers… pour Drago. Et… La garden party qu'organise sa famille dimanche.
-VOTRE famille, le rectifia Nott.
Harry haussa des épaules.
-Oooh… Fit Hermione en comprenant mieux.
-Mais vous, qu'est-ce que vous faites ici? Vous nous avez suivis? Demanda Harry en plissant les yeux.
-Euuuh… Eh bien… Oui.
L'expression de son meilleur ami parlait pour lui.
-Quoiqu'il en soit! Les coupa Susan avec détermination, ce n'est pas comme ça qu'on apprend à danser!
-C'est comme ça que j'ai appris, répliqua Nott avec un air désintéressé.
Susan le contourna alors en soufflant, venant se placer entre lui et Harry:
-C'était quelle chorégraphie?
-«Promenade au balai».
Elle eut un bruit de reconnaissance.
-Forme désintéressée ou engagée?
-Parce qu'il y a des formes en plus? S'horrifia Harry.
-Engagée, évidemment! Il veut montrer ses sentiments à Drago, répondit avec hauteur Nott.
Elle hocha la tête fortement et se plaça devant Harry qui les regardait avec inquiétude:
-Harry, «Promenade au balai» est une danse de rencontre.
-De rencontre?
-Oui, la danse de société est avant tout une question de relations. C'est un outil pour courtiser ou pour montrer ton affection ou même le respect que tu as pour quelqu'un. Il y a ainsi des danses de «rencontres», pour les personnes qui souhaitent se mettre en relation. Elles ont le moins de contact physique et peuvent être dansé par tous. Ensuite il y a des danses de «cour» qui sont réservées traditionnellement aux fiancées qui sont plus dans la séduction et dans la préparation à un futur rapprochement charnel, et des danses de couple.
Hermione s'assit tranquillement sur le rebord et écouta avec attention alors que son ami semblait légèrement perdu. Susan n'eut pas l'air de s'en inquiéter et adoucie son expression:
-Pour simplifier, chaque danse raconte une histoire, chaque mouvement n'est pas juste là pour faire joli, mais est un code. Je vais te montrer. (Elle tourna la tête vers l'autre garçon avec une expression neutre) Nott, est ce que tu peux être mon cavalier pour la démonstration?
Hermione sentit tout l'effort que lui demandait cette requête alors que l'autre homme venait simplement se placer devant elle, l'air un peu blasé.
-Bien, alors tout commence avec toi qui pars en balade avec ton balai, expliqua-t-elle alors que tout deux levait la main dans le mouvement d'ouverture. Là c'est comme si tu tenais élégamment un balai. Tu flânes gentiment à droite (pas en avant à droite tandis que Nott faisait pareil de son côté, l'envoyant à côté de Susan), puis tu reviens (elle reprit sa position), tu flâne gentiment à gauche (pas en avant à gauche), puis tu te tournes et là, incroyable! Tu aperçois devant toi le plus fringuant des sorciers sur son propre balai!
Hermione ne put s'empêcher de glousser car si Susan pour le bien de l'explication surjouait, Nott avait l'air complétement désespéré alors qu'ils se tenaient l'un devant l'autre.
-Mais tu es timide et pudique, continua Susan, alors tu te détourne et fais une boucle de demi-tour qui va contourner le danseur d'à côté. Puis tu reprends ta balade, tu flânes à gauche, puis à droite, tu te tournes et là, ô surprise, tu te retrouves à nouveau nez à nez avec ce magnifique sorcier!
Nott poussa un soupir alors qu'Harry les observait avec fascination.
-C'est la séquence que l'on appelle «Rencontre» et qu'on retrouve dans d'autres enchainements, commenta le serpentard avec ennui.
C'était vrai qu'ainsi expliqué, ce n'était plus si difficile à apprendre car il ne s'agissait plus d'une suite de pas aléatoire, mais d'une narration.
-Et c'est là que se décide si vous entrez en forme désintéressée ou engagée, affirma Susan. Là que se décide aussi qui va mener la danse. Car le danseur le plus humble va naturellement partir sur un des côtés dans l'idée de reproduire la première boucle. Si son cavalier n'a aucun intérêt pour lui, il va partir de l'autre côté et ils continueront sur une chorégraphie qui implique le minimum de contact. C'est la forme désintéressée. Pour la forme engagée, le cavalier va partir dans la même direction et bloquer le chemin, une fois, puis alors que le premier danseur tentera de s'échapper de l'autre côté, le bloquera une deuxième fois. C'est là que commence la séduction. Le cavalier est intéressé et le montre, il dit «Ne t'en vas pas, regarde-moi!»
-o-O-o-O-o-
«Ne t'en vas pas, regarde-moi!»
Ces mots prirent Harry aux tripes car c'était exactement ce qu'il voulait dire à Drago. Il voulait qu'il le regarde à nouveau, et sans avoir peur.
-Je vais devoir être le séducteur, affirma t'il en fixant Susan et Théodore. Mais comment je saurais quand bouger et où?
-Il va te falloir être attentif à lui, répondit Susan et camper sur tes positions le temps qu'il faudra, même si la musique et les autres danseurs continuent sans vous. Quand Drago verra que tu n'as pas l'intention de faire le premier mouvement, il finira par le faire et tu pourras l'intercepter. Et si tu ne réussis pas au premier coup, tu l'auras au suivant. Tu lui montreras ainsi ta détermination à obtenir son attention. Comme toutes les danses de rencontre, la mélodie est répétitive, donc vous pourrez ensuite rattraper le mouvement.
Elle lui montra la suite, quand la balade devient une promenade à deux, fait tout au plus de mains prises, de représentation de cabrioles et de rencontres répétées sans fuite et Harry ne pouvait s'empêcher de penser à ce que cela serait avec son époux.
Avec les explications de Susan, cela ne lui semblait plus une tâche impossible et il pourrait même finir par y prendre du plaisir. C'était une façon tellement pratique de montrer son intérêt sans avoir à ouvrir la bouche et potentiellement s'humilier ou se demander ce qu'il convenait de faire, car tout été déjà programmé des deux côtés de façon à ce que cela ne pouvait que réussir.
Il n'arrivait pas à croire qu'il ait pu considérer cela comme une corvée!
-C'est passionnant, souffla Hermione à côté. Je ne pensais pas qu'une danse pouvait dire autant. Ces mouvements représentant des actions, je me demande s'il y a un livre qui les référence, car c'est pratiquement un langage!
-Oui… Et puis… Ça me fait drôle de voir Théo et Susan collaborer, continua t'il.
Leur ancienne camarade de classe avait bien fait comprendre ce qu'elle pensait de la présence de Théodore parmi eux, mais même s'il n'y avait pas d'amour perdu entre eux, elle ne faisait plus comme s'il n'existait pas ou ne devrait pas être là et le regardait vraiment pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé leur stage.
C'était… Prometteur pour la suite.
-Allez Harry, maintenant viens le faire avec moi! Le coupa Susan en se détournant de l'ancien serpentard pour lui adresser un sourire encourageant.
Mardi 4 Septembre
Encore des leçons
10h- Greenfields
-Vraiment? Fit Blaise avec un grognement hautain en pénétrant dans la salle de musique. Tu es confinée maintenant?!
Daphnée lui adressa un regard avant de reprendre ses gammes, ses doigts frottant les cordes de sa harpe en une répétition monotone.
Blaise fit les cent pas comme un félin très mécontent en cage puis s'assit brusquement sur le sofa en balayant sa robe pour que les pans reposent élégamment autour de lui.
-As-tu eu quelques difficultés pour entrer? Demanda-t-elle alors comme si elle lui proposait du thé.
Blaise émit un son moqueur, puis claqua la langue d'agacement:
-Ta mère et un elfe de maison ont essayés de me claquer la porte au nez, mais c'est mal me connaitre!
-En effet. Ne tues pas les elfes de maison de Greenfields s'il te plait, mes parents ont en encore besoin.
-Je n'arrive pas à croire que tu te montres aussi docile!
-C'est la différence principale qui existe entre un sorcier et une sorcière, nous les sorcières n'avons pas d'autres choix que d'être souple et adaptative pour pouvoir vous survivre.
Blaise passa sa main sur son visage en réponse.
-Pourquoi perds-tu ton temps avec moi alors que tu pourrais être avec ta petite amie moderne aux cheveux roux et au caractère de lutin de Cornouailles? Demanda t'elle alors aigrement et Blaise se leva pour venir s'agenouiller à ses côtés en ignorant toute la partie qui concernait Ginny.
-Daphnée, tu ES ma meilleure amie. Je ne peux pas juste m'amuser alors que tu t'apprêtes à accepter de laisser tes parents te vendre à un déchet!
-Un déchet propriétaire de mines de pierres précieuses dans les anciennes colonies britannique d'Afrique, le reprit Daphnée en laissant une de ses mains délicates glisser sur son épaule et son bras.
-Un déchet esclavagiste donc. Encore mieux!
Durant toute sa vie Blaise avait eu peu de considération pour beaucoup de personnes. Toutefois, et c'était la principale différence entre lui et les autres serpentards, il n'avait jamais eu envie de tuer quelqu'un. Envie que des gens meurent, oui, mais pas par sa main, trop risqué pour lui, trop salissant, trop fatiguant. Même sa mère ne lui donnait pas envie de se lancer dans le meurtre ou l'utilisation d'impardonnable.
Mais Lord Craven… Cela devenait une option de plus en plus tentante.
- Où résides-tu en ce moment? Lui demanda-t-elle alors comme si elle n'avait pas suffisamment à s'inquiéter avec son avenir pour s'occuper du sien.
Bien évidemment, elle savait qu'il était encore trop risqué pour lui de vivre à Raven's Park.
-Au Manoir Malefoy, répondit-il mornement. Je les aide à préparer l'écrin pour tes fiançailles et je sers de soutien moral à Drago qui est dans une mauvaise passe en ce moment. Mais c'est simple, parce que tu sais, LUI, au moins, il le montre quand il est malheureux!
-Le seul moment où Drago n'a pas été une reine du drame était quand sa mère était retenue en otage, donc je suppose qu'il se porte bien, renifla-t-elle avec dérision. Dire qu'il a failli épouser 'Stori, elle l'a échappé belle!
Blaise ne put s'empêcher de glousser à cela, mais ça tourna vite aigre:
-C'est pour elle que tu le fais, pas vrai?
Sa petite sœur qu'elle avait toujours chérie plus que ses propres parents ne l'avaient fait.
-Qui te dit qu'ils ne l'obligeront pas aussi à se marier à un riche connard juste pour asseoir un peu plus leur fortune?
-Je ne leur laisserais pas le faire, répliqua t'elle sèchement en tirant un peu violemment sur une note. Même si c'est la dernière chose que je fais de mon existence.
-A quoi penses-tu au juste? demanda-t-il avec méfiance et comme elle ne répondait pas immédiatement il l'interpella: Daphnée!
Elle s'arrêta et lui adressa un sourire sournois:
-Quoi? Je pourrais me changer en laurier voyons!
Il la regarda avec un regard torve en comprenant qu'elle lui parlait du mythe d'Apollon et de la nymphe Daphnée dont elle portait le nom.
-Ce n'est pas amusant.
-Cela reste une option ouverte. Tu sais, c'est justement ça que j'ai l'intention de lui donner comme promesse pour mes fiançailles.
-Un laurier? Voulut-il confirmer et cette idée le mit mal à l'aise.
-Oui une fleur, et ainsi tout le monde pensera que je lui offre ma beauté, ce qui est d'ailleurs la seule chose qu'il veuille de moi, ou même que je m'offre moi-même alors qu'en fait, je ne lui offrirais que des menaces!
Elle émit un petit rire mélodieux, mais Blaise ne partageait pas son humeur.
-Daphnée… C'est de mauvais augure d'offrir un présage de mort durant des fiançailles. Tu oublies que c'est un serment que tu fais sur la Magie! De la magie d'union! Même pour un mariage blanc tu ne peux pas y entrer avec des intentions de mort!
-Ne me donne pas des leçons sur le mariage Blaise! J'en ai sûrement eu plus que toi! Le tança t'elle en se redressant et en lui tournant le dos, la nuque raide sous son chignon travaillé. Je vais me retirer dans mes appartements maintenant. Passe une bonne journée et nous nous reverrons donc dimanche, à la Garden Party.
Il la regarda partir en se maudissant de ne pas y être allé de façon plus douce, enfouissant sa tête dans le tabouret matelassé qu'elle venait de quitter pour étouffer son grognement d'impuissance.
12h – Ministère de la Magie
Toujours des leçons
Leur groupe déjeuna sur le pouce avant de retourner sur leur terrasse pour poursuivre l'enseignement de Harry, à lequel Hermione s'était greffée, car elle aussi voulait pouvoir performer en société sorcière.
Cela surprit un peu Théodore, mais il était ouvert à toute surprise venant de Hermione.
Quand cette vile guerre s'était enfin terminée et qu'il avait réussi à échapper à une peine de prison, grâce majoritairement aux témoignages des plus objectifs membres de l'ordre (dont deux étaient ici même avec lui), il avait décidé qu'il devait en apprendre plus sur l'Autre Côté. Son père avait toujours empêché tout approche du sujet moldu ou né moldu autrement que par les haineux traités rédigés par leur ancêtre, Teignous Nott et qui était ce que l'on faisait de pire en terme de suprématistes du sang.
La moitié de ce qu'il y avait dans ces traités n'avait aucun sens. Théodore avait même ressenti de la honte à être apparenté à quelqu'un qui semblait complétement fou et arriéré. Il ne l'avait jamais dit, bien sûr, car le pire dans cette histoire, c'était que leur famille était mise en avant dans leurs cercles GRACE à cet homme.
Et qu'on citait ces horribles écrits en propagande.
Les Nott n'étaient rien sans Teignous Nott. Et son père était tout aussi dément dans ses derniers jours – sénile aussi – et il se demandait parfois comment il avait pu bien échapper à leur folie.
Puis il se rappelait de sa mère.
Il aurait préféré ne pas être un Nott, mais ce n'était qu'un nom de famille. Ce n'était pas important pour lui. Les comportements sans fondements non plus. Il les avait intelligemment suivis quand c'était nécessaire pour éviter des sévices physiques, mais maintenant il n'y avait plus personne pour le corriger.
Il y pensait alors qu'il regardait Susan remémorer les pas aux deux gryffondors, la musique d'un gramophone qu'il avait amené ce matin l'accompagnant.
Harry était intéressant sur beaucoup de points. Il y avait une profondeur en lui qui lui parlait et une sorte de potentiel infini qui lui donnait de l'espoir envers l'avenir. Il avait le courage et l'audace du gryffondor, mais aussi la méfiance et la détermination à faire ce qui doit être fait du serpentard.
Hermione… Hermione était totalement autre chose et il sentait ses mains devenir moites chaque fois qu'il devait interagir avec elle. Ses aptitudes intellectuelles à elles seules en faisait quelqu'un d'intéressant, et s'il n'y avait eu que cela, il n'y aurait eu aucune complication. Mais elle était si forte! D'une force de cœur et d'âme qu'il n'y avait aucune question à se poser sur le fait qu'elle avait été envoyée à Gryffondor. Et vulnérable parfois. Et tendre. Et ingénument idéaliste. Et mystérieuse dans tout son côté moldu qu'il aimerait comprendre. Et puis une fille!
C'était idiot. Un genre était comme un nom de famille, une maison de Poudlard ou une couleur de caractéristique physique, ça n'avait aucune importance, c'était juste une donnée. Mais c'était une donnée qui l'avait toujours rendue perplexe. Il n'avait jamais pu imposer sa logique sur Pansy, Daphnée, MIlicent ou Tracey. Ce qui avait été plus ennuyeux qu'important, parce que Pansy était méchante, Daphnée sans émotion, Milicent émotionnellement violente et Tracey sans conviction.
Alors qu'Hermione… Il avait de l'admiration pour Hermione.
C'était pourquoi il émit une sorte de croassement paniqué lorsque Susan annonça qu'il devait danser avec elle.
Et cette dernière tourna ses yeux d'un brun chaleureux sur lui, ses cils fournis battant deux fois d'affilés avec une sorte de perplexité.
Ses paumes redevinrent horriblement moites et il avait l'impression de ne plus pouvoir déglutir normalement.
Ses émotions étaient totalement anarchiques. Il était content et angoissé et contrarié. Tout ça à la fois. Ce qui faisait une surcharge d'information inopportune alors qu'il savait qu'il devait choisir chaque mot avec soin quand il parlait à la jeune fille.
La moindre parole malheureuse pouvait être mal interprétée à travers le filtre de son ancienne affiliation mangemort et puriste.
Il se plaça aux côtés d'Harry, ses yeux cherchant un point où se poser qui ne serait pas sa partenaire et s'inclina machinalement lorsque la musique du gramophone se lança, avant d'en faire de même pour le couple de danseur à côté d'eux.
Il y avait des moments d'hésitations chez Harry et Hermione sur certains enchainements, surtout maintenant qu'ils travaillaient à 4 et devaient coordonner leurs déplacements pour ne pas se rentrer les uns dans les autres, mais cela se faisait sans grande pression. Ses compagnons riaient beaucoup, et ce, même quand il tenait dans les siennes les mains de Hermione pour la faire tourner.
-Tu n'aimes pas danser? Lui demanda-t-elle tout d'un coup alors que le mouvement les obligeait à se rapprocher.
Il se retrouva malgré lui à fixer ses yeux et pour ne pas s'y perdre et laisser une question sans réponse, il se força aussitôt à regarder le sol. Un ciment basique adoré par les moldus.
-Je ne déteste pas cela. C'est même assez plaisant quand il n'y a pas tout le contenu sous-entendu. C'est assez relaxant la répétition de figures dans un tempo donné…
Il se retourna pour se mettre sur la même ligne qu'elle, tenant puis lâchant sa main alors qu'elle devait échanger sa place avec Susan le temps d'un mouvement.
-Si on m'avait dit que j'irais danser durant les pauses de mon travail! Pouffa Susan.
-Je ne t'aurais pas cru non plus, appuya Théodore en essayant de retenir l'étrange bouderie qu'il ressentait à avoir perdu la présence de sa cavalière.
Heureusement elle revenait déjà.
Et il était tellement, mais TELLEMENT, dans les ennuis.
La seule leçon qu'il apprenait ici c'était que malgré ce qu'il pensait, il n'arrivait pas à se montrer raisonnable un instant.
Pour rien du tout.
Il en connaissait beaucoup qui en rirait.
Et des cadavres qui se rouleraient dans leurs tombes.
-o-O-o-O-o-
Oh, c'est vrai… Daphnée m'avait dit qu'il jouait de la musique…* Songea Hermione alors que le mouvement suivant la ramenait vers Nott. Théodore.
Il prit sa main à nouveau et la guida doucement vers sa place, comme s'il dirigeait, non pas un être humain, mais un oiseau délicat pour le laisser s'envoler. Il ne souriait pas et n'avait pas l'air particulièrement de s'amuser, ses yeux filant d'un point à un autre sans soutenir les siens, mais il était un partenaire de danse plaisant.
Il était à chaque fois là où Hermione avait besoin qu'il soit et ne lui imposait pas son propre rythme. C'était une réflexion valable car à côté d'eux, Susan faisait les yeux sombres à Harry qui semblait à l'inverse un peu trop brusque dans sa façon de la guider.
-Gargouilles! Harry, je ne suis pas un sac de terreau! Grommelait-elle entre ses dents.
-Je sais!
-Non, tu ne sais pas, sinon tu ne m'attraperais pas comme ça!
Elle ne put retenir un gloussement alors que les mains de Nott se posaient à peine sur elle («Pendant 5 ans j'ai bien vu comment tu soulevais des sacs en double cours de Botanique!» continuait Susan quand Harry protestait de la comparaison).
-Pardon, je t'ai chatouillé? Demanda Nott d'une voix basse.
-Non, je ris juste à cause de la situation.
De toutes les activités qui auraient pu les rapprocher tous les 4, il fallait que ce soit des cours de danse! Dire qu'il avait fallu l'attaque d'un Troll des Montagne pour la lier avec Harry et Ron, avec qui elle n'aurait pas forcément parié sur leur compatibilité quand elle les avait rencontrés…
De même, elle se surprenait à laisser Théodore Nott la toucher d'une façon plus qu'amicale, l'approcher physiquement au point de sentir la chaleur du souffle de son haleine dans ses cheveux et ne pas ressentir le potentiel dégout qu'elle avait craint.
Elle était fière d'elle car elle ne voulait pas tomber dans les dérives même qu'elle avait combattues: le racisme et le rejet de ce qui était différent.
Elle avait été considéré par certains comme dégoutante parce qu'elle était une née moldue.
Nott était considéré par certains comme dégoutant parce qu'il avait été un extrémiste avec des convictions raciales.
Heureusement, pour elle, il était juste un étudiant de son âge discret et avec qui elle n'avait jamais eu vraiment de contact. Au pire, ressentait-elle un sentiment de rivalité intellectuelle, ce qui n'était en aucun cas un obstacle dans la poursuite de l'objectif de faire de ce petit groupe un ensemble d'amis fidèles et soudé.
Elle adressa un grand sourire au jeune homme devant elle, retenant son rire face à son expression perturbée: Harry était déjà ami avec lui, alors Hermione allait aussi tout faire pour se rapprocher, ainsi qu'elle espérait qu'Harry le fasse avec Susan.
Et avec le temps… Nott et Susan pourront aussi se lier.
Ils y gagneront tous et leurs différences feront leur force.
La musique se termina et ils se séparèrent dans une dernière salutation. Ils échangèrent alors de cavalier et Hermione se retrouva avec Susan.
Ils reprirent depuis le début, et Hermione connaissait désormais assez les mouvements de cette danse pour laisser son esprit s'évader au vue de ses mains prenant celles de Susan, pensant à d'autres doigts, plus blancs et délicats, souhaitant pouvoir avoir la chance de danser avec Daphnée ne serait-ce qu'une fois.
Mais cette pensée lui rappela que c'était justement à la Garden Party où comptait danser Harry que Daphnée serait fiancée à un obscur sorcier.
Si seulement je pouvais aussi être invitée… Pour pouvoir être à ses côtés et la protéger de tout cela…*
C'était un souhait égoïste, elle le savait. Daphnée était beaucoup trop digne pour avoir besoin de l'aide de qui que ce soit.
Mais dans d'autres circonstances… Hermione se plaisait à croire qu'elles auraient dansé tout l'après-midi sans se préoccuper de rien, des rubans dans leurs cheveux et des robes aux volants légers contre leurs peaux.
Mercredi 5 Septembre
12h – Ministère de la Magie
D'autres leçons
Ron avait tourné les choses dans tous les sens depuis dimanche. Depuis l'annonce faite par Fay. Une annonce sortit de nulle part qu'il vivait malgré lui comme une punition.
Même si c'était peut être juste un hasard, une coïncidence… Tout semblait un peu bizarre depuis les sélections de Quidditch et il détestait ça.
Sa mère avait un proverbe sur ce genre de chose: Comme on fait sa soupe de verrue de crapaud, on la boit? Ou un truc du genre.
Faye avait quitté la formation d'Auror. On lui avait proposé autre chose même si elle avait refusé de lui dire quoi – en dehors du fait qu'elle serait injoignable pendant un bon bout de temps… Alors comment était-il censé prendre cela?
Elle avait dit ne pas vouloir rompre, mais comment pouvaient-ils au juste rester un couple s'ils ne se voyaient pas pendant des mois?!
Il commençait déjà à sentir le manque de sa présence comme si on lui avait coupé un membre. Fay était son tout. Son amoureuse, sa confidente, son amie, son futur. Il s'en rendait bien compte car cela faisait trois jours qu'il voulait parler de cela à quelqu'un… Mais quand il s'était retrouvé face aux autres personnes qui formaient son entourage ces temps-ci, il n'avait pas pu.
Ses personnes de confiance étaient tous des supérieurs hiérarchiques et il y avait bien Dean… Il s'était dit qu'il pourrait en parler à Dean…. Mais en fait non. Il n'avait pas pu.
Parce que le confident et le grand pote de Dean, c'était Seamus, pas Ron.
Avec Dean, il pouvait discuter de leur travail et des choses amusantes et sans conséquence de leur vie… Mais ils n'avaient pas la proximité nécessaire pour pouvoir se confier leurs peurs ou leurs insécurités. Cela ne ferait que les mettre mal à l'aise. Et en plus, d'une façon plus profonde, il y avait une raison au fait qu'à l'école ils n'aient pas été amis proches.
Il ne pensait pas que Dean aurait la bonne façon de gérer ses difficultés.
Fay y arrivait, Hermione avait su le faire aussi, mais surtout…. Surtout il voulait pouvoir parler à Harry.
L'autre garçon lui manquait d'une façon criante. Leurs moments ensembles et leur complicité lui manquait.
Ca allait quand il avait Fay parce que tout son esprit était pris par elle, mais maintenant qu'elle n'était plus là… il se sentait très seul.
Mais bon: soupe de verrue de crapaud.
Si ce qui s'était passé pendant la sélection de quidditch n'avait pas été assez clair sur le fait que Ron avait planté le dernier clou du cercueil de leur amitié, le fait qu'Harry ne vienne plus les voir à la pause de 17H était révélateur sur son état d'esprit.
Pourtant Ron était là, dans le hall du département de la justice magique, à guetter en direction du couloir de l'administration, à la recherche d'une sorte de miracle.
D'espérer que comme durant la 4eme année, Harry attraperait comme un noyé la première ouverture de sa part pour renouer. Qu'il se lamentait aussi de leur relation ruinée et s'ennuyait de son absence, même s'il avait Hermione avec lui. Et les histoires de l'entrainement Auror devait lui manquer! Lui qui devait s'ennuyer à mourir dans un bureau entouré de papiers!
Le son de sa voix le fit se redresser avec impatience, la joie de le retrouver l'illuminant de l'intérieur, avant de perdre toute sensation de chaleur.
C'était un groupe de quatre personnes qui passa devant lui sans même remarquer sa présence, riant joyeusement et l'air très satisfaits.
Harry ne le cherchait pas, il ne cherchait rien, ses yeux brillaient et ses mains étaient animés et se posaient /se posaient!/ sur le gars avec qui il discutait. Ce dernier inclinait la tête d'un air perplexe, ses courts cheveux châtains suivant le mouvement. Hermione, derrière lui, toucha négligemment son dos pour attirer son attention en disant quelque chose, avant de se tourner vers une fille (Susan Bones, réalisa t'il) et de rire à nouveau.
C'était un peu comme une gifle.
Au fond de lui Ron s'était dit qu'il leur manquait forcément. Que rien ne pouvait égaler leur trio et que d'une façon ou d'une autre, comme différents aimants, ils se recolleraient de nouveau. Et surtout qu'Harry et Hermione ne pourraient pas être totalement heureux s'il n'était pas dans leur vie… Mais apparemment…. Ils se débrouillaient très bien sans lui.
Ron avait pensé aussi qu'il se débrouillait très bien sans eux. Avec Dean et Fay. Avec la reconnaissance de Winters et une carrière en cours… Alors pourquoi se rendait-il compte que ce n'était pas le cas et que Harry et Hermione, eux, s'étaient déjà tournés vers d'autres personne pour le remplacer?
Et comment Harry pouvait-il être heureux alors qu'il avait un travail nul, avait été exclu du quidditch ministériel et avait perdu son amitié?!
Il se laissa tomber dos contre le mur, empêtré dans des sentiments qu'il détestait, des fantômes de son passé qu'il avait cru avoir dépassé, mais apparemment pas tout à fait.
Jalousie, manque d'estime de lui-même et avidité.
Ce n'est que quand il releva les yeux vers le groupe qui s'avançait vers l'ascenseur qu'il remarqua qui était exactement le gars avec qui Harry était si proche et fronça férocement des sourcils.
Attend… Mais ce n'est pas…?! Nott?!*
Quand toutes les leçons ont été dites
20h – Un salon au Manoir Malefoy
Le regard de Blaise se plongea profondément dans le rouge carmin de son verre de vin, cherchant peut être malgré lui la réponse au plus grand des mystères causé par la race humaine et sorcières.
Il voulait dire, bien sûr: Les autres.
La vie serait tellement plus simple sans les autres, mais aussi tellement ennuyeuses. Pourtant en ce moment, les choses étaient beaucoup trop agitées pour lui. Un bateau pouvait passer une grosse vague, mais si trois lui tombaient dessus, il ne pouvait que chavirer.
Il arracha la bouteille de vin sur la table avant que Drago ait pu remettre la main dessus et lui jeta un regard noir qui lui valut en réponse une moue.
-J'en ai plus besoin que toi aujourd'hui.
-Tu penses vraiment que tu gagnes au jeu de la pitié? Siffla Drago en plissant les yeux.
-Oui! Répondit-il sans appel. Parce que ton seul problème c'est d'avoir été incapable de communiquer avec ton mari!
-Et ton problème c'est d'être incapable de… Quoi? Prendre le contrôle du monde sorcier et le changer comme tu le désires?
Blaise le toisa pour avoir ne serait-ce qu'oser insinuer qu'i pouvait être incapable de quoique ce soit. Il pouvait faire tout ce qu'il voulait! Qui n'incluait pas de se salir et de faire trop d'effort cependant.
-…Et ce n'est pas moi qui ne communique pas. C'est Harry! Continua Drago car de toute façon il n'avait pas besoin de faire d'effort pour alimenter la conversation.
Dans certaines situations, comme en ce moment, cela pouvait être un avantage.
-Il aurait dû épouser Théodore, grogna encore Drago. Il en aurait eu pour ses frais, tiens! S'il savait la moitié de ce qu'on sait sur Théodore! Avec ses petits regards cupides réfrénés et ses petites manières et sa façon de tordre son nez comme un putain de lapin quand il est contrarié!
Cela aurait pu être amusant si ce n'était pas au moins la dixième fois que Blaise entendait ce discours.
-Qu'il aille le jeter sur des murs lui aussi, il est siii précieux, il se casserait un os dans l'opération! Arf… Saint Nott de la Pureté du Sang! Il ne tiendrait pas une minute à ma place! PERSONNE ne tiendrait une minute à ma place!
-Drago…
-Je suis EXTREMEMENT résilient! Et patient! Et conciliant! Et…!
C'était généralement à ce moment-là que l'émotion le rattrapait et Blaise mit un peu plus la bouteille à l'abri alors que les yeux du blond devenaient brillant et que sa bouche se crispait, avant qu'il ne finisse par décider ce soir-là qu'il ne voulait pas pleurer car il donna un grand coup de ses poings sur la table qui fit trembler tout ce qu'elle contenait avec un râle de rage:
-MERDE!
Ayant sauvé son verre et la bouteille, Blaise les remit soigneusement sur la table en ignorant le reste.
Malgré la difficulté et la peine que représentait le fait de devoir subir les scènes de Drago, il se retrouva une fois de plus à regretter que Daphnée ne soit pas capable de condenser ne serait qu'un centième de l'indignation et de la révolte qu'il voyait ici.
-Nous savons très bien tout ce que tu es, approuva pacifiquement Blaise en ajoutant mentalement le mot «amoureux» à la liste.
Bien sûr, aussi peu pragmatique que soit son meilleur ami (comme à son habitude), il pensait que dans les circonstances actuelles, il pouvait montrer son propre mécontentement vis-à-vis du comportement de Harry Black en ne le faisant pas remarquer. Rien ne lui permettait de cautionner la violence domestique. Qu'elle soit physique, psychique ou économique.
Evidemment elle était aussi extrêmement banale dans leur milieu.
Et c'était ce qui pendait au nez de Daphnée, en plus d'une nuit de noces pleine de peau toute fripée. Il grimaça à cette seule idée.
-Pourquoi tu ne l'épouses pas toi-même? Demanda brusquement Drago en se rapprochant de lui. Ta famille a certainement assez d'argent pour satisfaire cet Harpagon de Greengrass!
-Tu sais bien qu'avec Daphnée ce n'est pas comme ça, le contredit il en reniflant avec hauteur à l'idée que l'argent soit un problème.
-Je ne sais rien, répliqua Drago en le fixant dans les yeux alors qu'il essayait de lui prendre en même temps la bouteille.
Et échoua, bien évidemment car Blaise n'était rien si ce n'est un vieux renard filouteur capable de reconnaitre son engeance où qu'elle soit. Et Drago n'était pas un bon simulateur.
-Je préfèrerais milles fois voir Daphnée à ton bras plutôt que la Weasley!
-Quel dommage alors que tu n'aies pas ton mot à dire à ce sujet! Souffla d'amusement Blaise devant son expression à nouveau boudeuse.
Drago ne savait rien de sa situation familiale. Quand ils s'étaient rapprochés l'un de l'autre, Blaise avait déjà appris à dissimuler la maltraitance que lui faisait subir sa mère.
Il ne savait pas quel homme cruel il était et que choisir Ginny voulait juste dire qu'elle était moins précieuse à ses yeux, plus risquable. Même si tant qu'il avait son mot à dire, Ginny resterait loin de tout ce qui concerne sa famille.
De toute façon sa charmante campagne ne s'intéressait pas à toutes ces vieilles affaires, à l'héritage, au pouvoir, à l'argent, aux Situations ou aux apparences. Elle vivait dans un univers résolument moderne, allergique à la magie noire, secouant ses longues mèches rousses détachées dans le vent alors qu'elle s'agrippait à un balai de course.
Merveilleux innocents et aveugles gryffondors plus attirés par brûler et briller de leur propre éclat que de chercher à refléter la lumière des autres.
-Daphnée est ma Pansy, conclut Blaise pour son ami. Je ne peux pas l'épouser.
-Techniquement j'aurais pu épouser Pansy!
-Non, tu n'aurais pas pu. Vous vous seriez vite rendu compte tous les deux du désastre imminent et vous auriez rompu vos fiançailles la veille de votre mariage. Parce qu'en tant qu'amis et commères vous vous adorez, en tant qu'époux et femme vous vous seriez déchirés.
-Au moins elle ne m'aurait pas jeté négligemment sur un mur…
-Non, elle t'aurait découpé en petits morceaux dans ton sommeil et t'aurait mis dans le ragout du dimanche. Je n'essaie pas de minimiser les disfonctionnements émotionnels de ton époux, loin de là, mais je pense que tu aurais pu faire de pires unions que celle-là…
Blaise termina son verre d'une gorgée, dégustant comme une punition la brulure de l'alcool dans sa gorge.
-Je ne sais plus quoi faire Drago…J'ai beau y réfléchir… Sans la participation de Daphnée, je ne peux pas agir. Si j'essaie de ruiner les cérémonies ou d'agir sur le cœur de la raison de tout cela, elle m'en voudra.
-Et Lord Craven? Tu ne peux rien avoir contre lui?
Rien n'aurait pu retenir le bruit de dédain qui lui échappa:
-A part d'être une réelle perte de place dans ce monde? Non, rien. Sa précédente épouse est morte en couche donc pas de sinistres petits secrets à se mettre sous la dent à ce sujet, et il n'a même pas participé aux guerres des sorciers. A chaque fois, il était en Afrique à surveiller ses mines de diamants!
-Ah oui, je vois que tu as fait ton travail…
-Faute d'en avoir un, grommela Blaise avant de couvrir son visage de ses mains, désespéré.
Il n'avait cessé de réfléchir depuis des mois pour trouver une issue de secours qui convienne à son amie. Daphnée ne bougera pas de sa position par amour pour sa sœur, espérant que son sacrifice lui permette alors de voir ses parents accepter la Cour de Roy Harper qui n'avait pas la moitié de ce qu'il fallait pour les convaincre (en espèces sonnantes et trébuchantes). Blaise lui-même, sans prendre en considération ses problèmes de mère tueuse, avait été blacklisté depuis longtemps par les Greengrass, car même s'il était sur le papier écœurement riche, la provenance de cet argent et la possibilité trop aléatoire de mettre la main dessus était rédhibitoire pour eux.
Monsieur Greengrass aimait ses investissements sans risques. Un serpentard sans la moindre grandeur.
Bref, il était allé jusqu'à penser à ruiner totalement la garden party ou à doser Craven avec de la potion d'amour pour qu'il s'éprenne de quelqu'un d'autre. Dans sa folie il avait même imaginé le lier à sa mère et la laisser faire le sale travail derrière… Mais il savait qu'elle saurait et qu'elle ne lui ferait pas ce plaisir. Même pour des montagnes de diamants.
Cela le mettrait lui-même dans une situation dangereuse, en tant qu'empoisonneur. Un seul faux pas de sa part, le moindre secret accablant et elle le ferait envoyer à Azkaban le jour suivant, redevenant par là même la chef de famille et libre de faire ce qu'elle voulait de sa fortune.
Il cessa de se morfondre alors que Drago reculait sa chaise et se levait. Il sentit sa main se poser légèrement sur son épaule:
-Pour ce que cela vaut… Je suis désolé pour Daphnée.
Blaise retira ses mains de ses yeux et le regarda appeler un elfe pour récupérer ses affaires – ce qui ne cessait d'être étrange puisqu'ils étaient au Manoir Malefoy.
-Tu ne restes pas dormir?
Drago s'arrêta un instant comme s'il considérait l'idée, puis se redressa pour le regarder solennellement:
-Non, ma maison c'est Lost Wood.
-o-O-o-O-o-
Une fois sortie du foyer de cheminée, Drago souffla silencieusement lorsque le chien d'Harry ne déboula pas brusquement d'une quelconque pièce pour fêter son arrivée. Cela devait cependant aussi dire que l'animal devait se trouver auprès de l'autre homme.
Et donc que ledit homme était à la maison.
Il sentait à ce sujet des sentiments très contradictoires, mais c'était l'histoire de sa vie concernant Harry alors il les ignora et monta à pas de loup les escaliers, laissant sa main frôler la main courante vernis – sentant à travers elle la magie de la Maison répondre favorablement à sa présence.
Elle savait qui avait travaillé ces derniers mois à la rendre belle, qui avait déplacé des meubles, changé les rideaux, attaché des portraits et des peintures aux murs, placé des vases remplis de fleurs fraiches ou séchés. Qui avait infusé sa magie en elle avec des mots d'espoirs de «foyer» et «d'amour» comme le lui avait appris autrefois sa mère.
Ce qui changeait quatre murs de pierres et un toit en une maison.
Ce qui changeait plusieurs individus vivant ensemble en famille.
Sans un regard pour sa chambre, il obliqua aussitôt vers la nurserie et s'arrêta dans l'embrasure de la porte avec un petit sourire: Mrs Wallace était assise en tailleurs par terre, avec Evangeline et Falcon Wallace sur chacune de ses cuisses et un grand livre ouvert devant eux.
Evangeline mâchouillait un de ses doigts, puis montrait de temps en temps un détail d'illustration avec un son interrogatif jusqu'à ce qu'elle obtienne une réponse.
Falcon était moins demandeur mais se trémoussait constamment et changeait de position, ses mouvements entravés par sa couche et par la maladroitesse de ses membres.
Drago fut cependant surpris de le voir courir à lui quand il l'eut remarqué et l'attrapa machinalement pour le ramener vers sa mère.
Le petit garçon, plus vieux de quelques mois, était un poids inhabituel dans ses bras, plus lourd que sa fille et ses yeux jaunes le fixaient avec attention, lui faisant penser à un petit hibou.
-Merci Monsieur Drago, fit Mrs Wallace en fermant le livre. C'est l'heure d'aller au lit pour ces petits de toute façon.
Ils échangèrent leurs enfants et Evangeline babilla diverses choses alors qu'il la portait à son lit, secouant du bout des doigts sa peluche de vif d'or, avant de bailler profondément.
-Je suis certain que tu as eu une journée très intéressante, commenta t'il. Moi aussi. Nous avons bien avancé avec ta grand-mère et ton oncle Blaise. Les jardins du Manoir seront magnifiques pour accueillir la fête dimanche.
Evangeline le regarda gravement puis émit une autre paire de mots incompréhensible qu'il décida de traduire comme une remarque légère à ce qu'il venait de dire.
-Evy a eu la chance de diner avec son père ce soir, lança l'air de rien Mrs Wallace en rangeant diverses affaires dans la pièce.
-Ah… Au moins ça veut dire qu'il a mangé…
Il posa Evangeline avec délicatesse sur le matelas du lit, et l'arrangea dans sa gigoteuse, souriant à ses bêtises alors qu'elle attrapait ses bras au passage, puis le lâchait pour frotter son petit visage comme si le sommeil la rattrapait. Elle sembla soudain se rappeler qu'elle oubliait quelque chose et chercha autour d'elle, sourcils froncés, jusqu'à ce que Drago lui donne son doudou vif d'or qu'elle attrapa et serra contre elle, tordant l'une de ses fausses ailes toutes douces.
-Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer ces derniers jours que vous et Monsieur Harry… Commença avec hésitation la femme dont il sentait le regard dans son dos, avant de changer d'avis et de demander: Est-ce qu'il se serait passé quelque chose?
Drago sentit un sourire triste naitre spontanément à cette demande, avant qu'un sentiment sombre n'efface toute émotion de son visage.
-Ça va, répondit-il. Il m'a juste remis à ma place.
Il observa Evangeline s'endormir, ses paupières fines battant alors qu'elle luttait contre le sommeil, puis continua d'une voix plus basse, la réflexion plus adressée à lui-même qu'à quiconque d'autre pouvant l'entendre:
-J'ai juste commis l'erreur de l'oublier dans ce conte de fée étrange qui semblait m'arriver… La seule chose qui me donne le droit d'avoir tout ça, c'est ce petit être… (il toucha avec précaution l'une des joues soyeuses d'Evangeline) et rien d'autre. Et c'est plus que ce qui est censé revenir au méchant de l'histoire. Je pense… que Harry s'est finalement rappelé qu'il avait ramené chez lui Odile plutôt qu'Odette.
Ignorant l'expression perdue de la nourrice, il s'éloigna, son ombre éclaboussant le mur de la nurserie comme un grand cygne noir.
-o-O-o-O-o-
Dans une pièce à moitié éclairée par la lumière des bougies, Théodore s'arrêta devant son étui à violon et caressa la poussière à sa surface, avant de faire coulisser les attaches avec un claquement métallique qui le fit frissonner de nostalgie.
Il récupéra avec révérence l'instrument à l'intérieur et le cala contre son menton, le laissant reprendre une place familière. Il avait remonté ses manches sur ses avant-bras blancs et alors qu'il empoignait l'archet, ses yeux se posèrent un instant sur la grosse tâche rouge qui se trouvait en lieu et place de la marque des ténèbres, un sourire narquois venant animer ses lèvres un moment.
Puis il ferma les yeux et chassa toute pensée qui n'était pas le contact des doigts de Hermione contre les siens et tira un accord, puis fit quelques réglages pour réaccorder l'instrument jusqu'à obtenir le son qu'il désirait.
Et alors, il laissa la musique réinvestir sa vie et s'écouler en cascade de joie et d'espoir à l'intérieur de Nott Hall.
Demain encore… Et le surlendemain…Les montagnes seront gravies et les princes maudits reprendront forme humaine.
Samedi 8 Septembre
Quand l'élève est prêt, le maître apparait
Ginny eut l'impression d'errer longtemps dans le quartier, jusqu'à traverser la route, là où se trouvait un haut mur de pierre qui obstruait la vue. Plus elle se rapprochait du trottoir, plus le mur semblait s'allonger de tous les côtés et un grand portail de fer noir jaillit de nulle part.
Hâtant le pas vers ce dernier, elle remarqua les deux corbeaux en pierre qui trônaient de chaque côté, perché sur ce qui semblait être de gros globes oculaires. Et à sa plus grande surprise, puisqu'elle se trouvait près du Centre-ville de Londres, dans le quartier de Greenwich, elle découvrit derrière les barreaux du portail ce qui semblait être un grand parc rempli d'arbres.
Le portail s'ouvrit tout seul à son contact, lui laissant assez de place pour se faufiler dans l'ouverture.
Pendant un instant, elle hésita, car ça semblait typiquement le genre de chose que feraient des enfants avant de disparaitre pour toujours, passés dans le four d'une sorcière ou changés en souris blanches. Cette pensée la fit rire: elle était elle-même une sorcière, que risquait-elle?
Elle pénétra ainsi dans la demeure, ignorant le portail qui se referma lentement derrière elle avec un grincement et suivant un court chemin de terre, ses Doc Martens faisant craquer les premières feuilles mortes sous ses pas.
Le chemin fit un lacet et soudain un manoir se trouva devant elle, sa façade en grande partie envahi par le lierre.
-Bienvenue à Raven's Park Miss Weasley.
Elle sursauta légèrement et se tourna dans la direction de la voix.
Une femme qui ne semblait pas être la mère de qui que ce soit se trouvait là, dans une robe élégante et moderne aux motifs géométriques et colorés, ses longs cheveux noirs frisés lâchés et cascadant sur ses épaules. Elle était grande, sculpturale et un sourire mystérieux se tenait sur des lèvres peintes en rouge.
Ginny pouvait voir le sourire de Blaise. Mais aussi ses yeux et la structure délicate de son visage.
-Bonjour Mrs Zabini. Je vous remercie d'avoir bien voulu me recevoir.
-Le plaisir est pour moi, Blaise me présente si peu d'amie…
Elle s'avança d'une démarche confiante jusqu'à être devant elle et se pencha légèrement :
-Et si nous allions discuter entre filles autour d'une bonne tasse de thé?
A suivre…
C'est normal que j'ai envoie de prendre dans mes bras et de faire des bisoux à mes petits serpentards? Ils sont tordus et compliqués (et dépressifs pour certains d'entre eux) et ça ne devrait pas être mignon, mais avec l'écran d'ordinateur entre eux et moi ils le sont définitivement.
Anecdote et références potentiellement obscures de (demi)chapitre: la langue française c'est n'importe quoi, au nom de quoi le verbe «dissoudre» n'a pas de conjugaison au passé simple? Du coup j'ai décidé que si, mais oui ce mot n'existe pas.
La véritable expression tirée de celle de Molly, c'est bien sûr «comme on fait son lit, on se couche», que j'adore parce que c'est tellement vrai et que moi, qui ait une tendance à la procrastination, comme vous avez sans doute pu le remarquer (ha ha!), je dois souvent me la dire à moi-même quand je fais face aux conséquences de mes non-actes.
Bon, allez, je vais profiter des bonnes ondes de Familles de Sorciers pour m'attaquer immédiatement à l'écriture de la Garden party et remettre mon couple principal l'un en face de l'autre sans qu'ils se brutalisent physiquement (au moins) l'un l'autre. N'oubliez pas, chers lecteurs, la brutalité ce n'est pas sexy! (C'est même clairement un énorme redflag)
