FAILURES
N°006
Satele médite, quiert la paix au fond de son cœur.
Habitée par le doute, plus mère en cet instant que Grand Maître Jedi, elle ne parvenait pas à chasser le visage de Theron de son esprit troublé. L'inquiétude serrait sa gorge et les sagesses de son Ordre répétées fiévreusement, ne lui apportaient aucune sérénité. Comment auraient-ils pu ? Eux ne savaient rien de l'amour, s'en tenaient prudemment écartés, laissant à d'autres la douleur de pareils élans inconsidérés. Elle-même y avait gouté dans les bras de Jace pour y renoncer. Parce qu'elle savait très bien où cela l'aurait mené.
Sauf qu'aujourd'hui, son fils aimait à son tour.
Elle n'était pas assez aveugle, pour ne pas le savoir. Les yeux de Theron ne s'adoucissaient plus désormais que pour la Furie de l'Empereur. Son fils s'était épris d'un homme, du pire des Sith qui soit. Choisissant la rationalité, Satele avait attendu : que l'autre le repousse ou s'amuse de leur situation avant de le jeter, l'ennui chassé. Elle ne pouvait que faire cela, et se tenir prête à adoucir la rancœur de Theron, le moment où la déception l'étranglerait.
Oui, sauf que celui-ci n'était jamais venu. La Furie portait désormais un nom qui était sien, et Merosmé aimait son fils avec le même dévouement. Ils s'étaient dit adieux, en hypocrites aucun n'avait reconnu à voix haute que c'était plus que de la simple attraction physique mais leurs corps s'étaient étreints beaucoup, amoureux pour de bon. Theron avait pleuré.
Puis il y avait eu Ziost et la promesse, la disparition du Sith. Elle avait vu son fils tomber, chaque jour un peu plus, en miettes. Certes, mais la galaxie toute entière en faisait de même alors, et elle ne valait pas la mère plus que le Grand Maître Jedi. Elle s'était détournée, préférant se tenir face à la menace envahissante de Zakel, plutôt que de venir apaiser cette âme. Surtout, quand elle ne savait pas quels mots utiliser pour panser cette blessure.
Oui, sauf que Merosmé n'était plus mort. Non, ils s'étaient retrouvés au sein de l'Alliance ; elle le savait pertinemment. Le Commandant semble curieusement fragile, allongé inconscient, à ses pieds. Qu'elle remarque soudain sa jeunesse, les traits naïfs de son visage, voit soudain plus cet enfant que son statut de plus grande terreur de l'Empire Eternel.
Accroupie auprès de lui, sa main se lève pour toucher la peau blanche et ses peintures. Le contact n'a rien de glacial, l'épiderme apparaît brûlant. Elle songe que Theron, doit trouver sans peine le réconfort dans l'étreinte de ces bras. Son fils n'apprécierait pas qu'elle achève en l'instant son amant. Et elle ne se sent pas le cœur pour.
Ses lèvres se posent sur ce front ; merci de prendre soin de lui.
Il reste de l'Espoir.
