FAILURES
N°010
Theron serre les dents, chasse l'intrus.
L'autre palpite sous ses paupières, il s'y trouve toujours. Pâle et superbe, le nœud hurle au fond de lui, grogne de contentement. Soudain, il se souvient des traits cassants, de sa stature plus petite et mince. La courbe de ses hanches qui le fait haleter, la rondeur affirmée qui bas, allume le brasier dans ses reins. Theron ronronne.
La bouche peinte lui sourit. Sa main glisse sur le carrelage, trouve à l'aveugle le pommeau. Tourne et l'eau devient glaciale brutalement. L'agent bêle de ce changement de température, mais se force à demeurer en-dessous, jusqu'à ce que le froid sordide assassine tout. Fait taire son désir, achève les cendres. Ce n'est pas sain, il le sait parfaitement. Rien de tout cela n'est sain, il pense le reconnaître. Theron ferme les yeux.
« Un Sith, un putain de Sith… » Marmonne-t-il.
La Furie de l'Empereur. Blanche et charnelle, il déglutit laborieusement. Eloigne sa main ; une prudence certaine, loin de ce point qui réclame en lui, l'attention. L'agent ouvre les yeux, seul dans cette douche envahie par la buée. Il frissonne encore, constate l'épiderme de fer de son corps qui s'est obligé au silence.
Qu'un souffle glisse à son cou, séduisant litanie. La présence dans son dos pose ses doigts à la rigidité de ses poignets, s'empare de ses membres. Theron soupire, se laisse aller contre le torse solide, abandonne la lutte inutile alors que l'autre le caresse avec langueur, flatte ses reins. Plaisir délirant qu'il s'accorde, étreint par son fantasme, devenu incapable de résister. Il n'y a plus que sa voix pour résonner fort dans l'espace restreint, crescendo. Le reflet brouillé d'un pauvre type, ses jambes tremblent sous lui.
Il n'est pas comme ça. Il ne l'a jamais été. Theron contemple cette mauvaise copie, qui tord et gémit, possédée par les pulsions les plus avilissantes. La silhouette se laisse à quelques élans, et son front frappe durement contre la paroi, cherche un appui, en catastrophe. Il murmure encore, avec passion, avec horreur.
« Merosmé… »
Un instant plus tard, l'eau chasse l'inconvenance évidente.
Témoin de son amère défaite.