FAILURES
N°011
Merosmé respire.
Lorsqu'ils se retrouvent finalement sur Odessen, après des années, c'est comme si le temps figé depuis sa carbonisation, reprenait son cours. La chaleur est la même, entre ses bras, son cœur bat follement, toujours aussi douloureusement épris. Comme si rien n'avait changé, comme si tous ces rêves ne comptaient nullement, comme si ces cinq ans n'avaient jamais existé entre eux.
Et pourtant Theron le serre plus durement contre lui. Presque religieusement ; ses ongles, plantés dans son dos, tremblent avec adoration. L'agent frissonne littéralement contre lui, il parle trop bas, souffle plus que ne murmure des mots que lui ne fait que sentir. Merosmé ne relève pas, les larmes froides qui trempent son épaule, il durcit son étreinte, tente de rassurer autrement.
Comme pour dire, je ne quitterai plus jamais tes pas.
Qu'il va devenir encore meilleur, encore plus fort.
Ne serait-ce que pour tenir cette promesse, balayer les regrets qui avaient pu exister entre eux, protéger ce qui les unissait. Qui n'avait jamais paru aussi beau qu'en cet instant précis, parce qu'ils sont prêts pour de bon, à s'aimer. Sans aucune culpabilité pour ce qu'ils ont pu être, ce que lui-même continuait à demeurer en tant que Furie. Il ne renonçait en rien à ce titre ; même si leur Empire n'est plus à ce jour, il était parvenu en haut de la hiérarchie. Il comptait bien grimper plus haut encore, accompagné cette fois. De l'homme qu'il aimait, qu'il soit Républicain et moral. Tout cela n'avait pas grande importance.
N'en avait jamais eu, mais il ne savait pas à l'époque. Il était ignorant et plus stupide qu'aujourd'hui.
« Je n'ai fait que rêver de toi… »
Merosmé chuchote, savoure l'élan qui serre sa poitrine.
