Failures
N°014
Ils triomphent de Revan, quelques jours à peine, plus tard.
Finalement les adieux arrivent et la fin de la trêve avec, et Theron a oublié : la flamme au fond de lui, désormais, le mouille plus qu'elle ne réchauffe son âme. Il a froid, désespérément froid, alors que Merosmé abandonne son poste, qu'il déserte. Le Seigneur Sith n'est plus là pour préserver chaque nuit son sommeil, attendrir les blessures assumées caresser son corps, comme il n'a jamais laissé un autre le faire, avant.
« Partez, avant que je ne décide finalement de vous abattre… »
Ça fait mal, Theron serre les dents, serre les poings accuse en silence. Les mots viennent, sur ses lèvres finalement, ne prônent aucune vengeance, ne surjouent pas la haine. La déception étrangle sa gorge d'un nœud insupportable. Il parvient à balbutier :
« A-ah oui, comme ça ? Vous savez quoi, ça ne m'étonne même pas de votre part ! »
Tournant alors le dos à cet amant capricieux, qui se dérobait à lui, jusque dans leurs précieux derniers instants. L'agent a envie de hurler soudain, de pleurer et de rire, en même temps. De ne plus jamais rentrer sur Coruscant et retrouver sa vie monotone et solitaire. Qu'il se sent subitement prêt à se mettre à genoux devant le Seigneur Sith, prêt à implorer sa générosité, réclamer sa place auprès de lui, dans le vaisseau impérial. Ce serait vain, ce n'est pas là qu'il doit être.
Faites attention à vous,...
Pris d'un élan stupide ses pieds se figent. Theron tourmenté lutte contre le désir naïf de se retourner une ultime fois. Il craint de ne voir que la moquerie sur le visage de la Furie, il craint de ne trouver que l'implacable neutralité. Alors il suit son cœur, et il désobéit.
L'incertitude.
Ses yeux découvrent le visage abattu de Merosmé, la raideur évidente de sa posture et il se demande soudain comment il a pu être aussi aveugle, aussi stupide. Theron fait demi-tour, revient sur ses pas malheureux, plaque l'être aimé contre la proche ruine, alignent leurs corps, ignore les mains de son amant qui tentant maladroitement de le repousser. Le Seigneur Sith comprend qu'il est percé à vif, panique dans sa précipitation, prétend la défiance une main sur la garde de son sabre.
« Theron, lâchez-moi. Immédiatement !
_Restez avec moi, encore une heure. Rétorque-t-il, intraitable. Si vous tenez, ne serait-ce qu'un peu à moi, ne fuyez pas comme un foutu lâche. »
Ils se découvrent à nouveau derrière une ruine millénaire et les bottes dans la flotte, avec cette même précipitation qui avait été la leur, sur le toit du temple, quelques jours plus tôt. L'inconfortable situation leur est bien égale, ils s'en accommodent sans peine. Theron a l'impression douloureuse de n'avoir vécu que pour ça, que pour ces instants auprès de lui. Merosmé ne lui dit pas qu'il l'aime, et lui non plus, trop hasardeux, trop ridicule ils étaient des adultes consentants. Merosmé ne lui dit pas adieu, surtout.
Il l'étreint une dernière fois dépose un bref baiser sur sa main, la serre entre ses doigts. Puis l'ignorant complètement, le Seigneur Sith le quitte, le dépasse sans un regard et s'en va. Sans non plus se retourner vers lui, sans aucune attention autre que la bague que Theron découvre dans sa paume en proposition ainsi posée, comme seul véritable interrogation à leur énigme.
Quelques semaines plus tard : malgré ce froid de Ziost, malgré la haine et la douleur, entre eux, les yeux de Merosmé glissent sur sa main et brillent lorsqu'ils y découvrent son acceptation qui illumine son annulaire gauche. Pour les mots, Theron n'ose pas l'au-delà de « peut-être », mais l'attention évidente est un début de promesse.
Leur promesse.
