Chapitre 13 : Poudlard et ses mystères
Hermione s'appliquait à tourner la cuillère de bois, dans le sens des aiguilles d'une montre, en attendant que la mixture change de couleur. Elle commençait à avoir le coup de main vu qu'il s'agissait du troisième et dernier chaudron de sa lignée. Severus, lui, avait commencé trois autres concoctions et s'occupait, studieusement, de l'incorporation des derniers ingrédients de la première phase de préparation. À deux, ils travaillaient bien plus vite, c'était agréable de le constater.
Cela faisait plus d'une heure qu'ils n'avaient pas échangé le moindre mot, chacun occupé à sa propre tâche. Cela aurait pu sembler bizarre pour beaucoup, si quelqu'un les avait vu ainsi, pourtant Hermione se sentait bien et heureuse. Elle savait qu'elle pouvait échanger ses idées et ses pensées avec lui dès qu'il lui en venait une intéressante, il faisait de même d'ailleurs, et c'était ce qu'elle préférait : ils n'avaient pas besoin de combler le silence, ils se complétaient simplement.
Les muscles endoloris par sa session de remuage intensive, Hermione s'étira et alla se poser sur le canapé. Elle allait être tranquille pour au moins une heure, jusqu'à la fin de la préparation elle-même.
Une fois installée confortablement, la Gryffondor regarda autour d'elle, toujours aussi époustouflée par ce qui les entourait. Comment Poudlard pouvait-elle être plus magique que la magie elle-même ? Une pièce qui pouvait apparaître et disparaître à volonté était déjà exceptionnelle, mais le fait que celle-ci contenait tout ce dont ils pouvaient avoir besoin était bien plus extraordinaire. Dans ce lieu, qui avait pris l'apparence d'une salle de classe de potion, tout était là pour leur faciliter la tâche : des plans de travail en marbre, des tiroirs et des casiers de rangement, des emplacements pour caler les chaudrons… et même un super canapé, au couleur de Serpentard, identiques à ceux qui trônaient dans les salles communes.
Oui, tout était parfait ici, bien mieux que les toilettes du deuxième étage. Plus chaleureux, avec sa cheminée en feu, et moins bruyante, sans le fantôme pleureur. Mieux encore, elle savait qu'ici, ils ne risquaient pas d'être importunés par qui que ce fusse ! Remus leur avait expliqué que cette salle ne pouvait apparaître que si on en avait explicitement besoin, ainsi personne ne pouvait les importuner simplement en les cherchant eux. Bien que Sirius semblait honteux depuis sa délation, cela restait une sécurité supplémentaire qui valait le coup.
-Tu as super bien géré les potions contraceptives ! fit remarquer Severus en regardant les chaudrons de son apprentie.
-J'ai un bon professeur, dit-elle en souriant.
-Je ne suis un bon enseignant que parce que tu es une élève d'exception.
Il semblait le penser malgré son sourire entendu. Il vint alors s'installer à ses côtés et passa un bras derrière ses épaules alors qu'elle vint se blottir contre lui, comme souvent.
-Je me demande bien comment Remus a pu connaître cette salle, marmonna Severus pour la énième fois depuis qu'ils travaillaient là.
-Je te l'ai dit, lui et les autres passent leur temps à errer dans les couloirs du château. En presque 6 ans, ils en ont fait le tour je suppose.
-Je suis là depuis tout aussi longtemps et je ne connais pas tous les recoins du château !
-Mais tu connais vachement bien la forêt interdite et je suppose que ça signifie que tu passes beaucoup trop de temps là bas.
-Pour la bonne cause uniquement : pour des ingrédients, je n'y vais pas pour y faire des imbécilités.
-Tu n'es pas censé le faire quand même.
Severus lui lança un regard exaspéré :
-Tu pourrais prendre mon parti une fois de temps en temps ?
-Je prends sans arrêt ta défense, ne fais pas ton Calimero !
Il allait encore se plaindre, c'était gros comme un château, alors Hermione se contenta de l'embrasser. C'était la plus efficace des méthodes pour le faire taire… et réciproquement d'ailleurs, elle ne pouvait pas se leurrer. Il bougea légèrement pour se rapprocher d'elle et répondre au mieux à cet affront. Rien n'avait plus d'importance à part eux dans ces moments-là, seules les sensations agréables existaient alors, parfois plus considérablement que d'autres, en particulier quand ils se chamaillaient, comme cette fois-ci.
Ses lèvres avaient conservé le parfum sucré et délicat des chocolats qu'il avait mangés juste avant. C'était en soi déjà très plaisant, bien que toujours moins que de sentir le souffle chaud de sa respiration. Ils étaient proches, bien plus que ce que la décence tolérait, pourtant, Hermione en voulait plus. Elle le sentait de plus en plus souvent en sa présence : le désir.
Au début, elle refusait de l'admettre, maintenant, elle était contrainte et forcée de l'accepter, au vu de ses réactions corporelles quand ils étaient collés l'un à l'autre. Severus semblait tout aussi émoustillé, bien qu'il ne tentait jamais rien de plus que des baisers, au grand désarroi d'Hermione qui se sentait, à cette idée, bien dépravée. Cela étant, n'était-elle pas en âge d'avoir de telles envies ? Était-ce honteux ou tout bonnement naturel ? À en croire la discussion qu'elle avait eu avec Ann, elle n'était rien de plus qu'une jeune femme normale.
Severus allait se reculer et stopper le baiser, beaucoup trop tôt au goût de celle qui se posait encore bien trop de questions. Son corps s'en posa un peu moins et se pencha pour maintenir leurs lèvres scellées. Son partenaire poussa un léger grognement ou un bruit s'en approchant, et alors qu'elle pensait avoir dépassé une limite, elle sentit une langue curieuse contre ses lèvres et… elle lui laissa libre accès.
C'était fascinant ! Comme une bataille qui prenait naissance dans sa bouche et dans celle de Severus. Simplement, au lieu de se chamailler avec des mots, leur langue se disputaient plus d'amour. Cette fois, le corps d'Hermione sembla surchauffer et les mains de son compagnon n'y étaient pas pour rien. En effet, ce dernier venait de déplacer son bras et rapprochait dès lors le corps de la jeune femme contre lui en appliquant une légère pression de sa paume dans ses reins. Plus exquis encore, la seconde était maintenant posée sur une de ses cuisses.
Hermione glissa de son côté, ses doigts dans les cheveux de Severus et posa l'autre main contre le biceps de ce dernier. Bien loin de toutes ses préoccupations habituelles, de ses études, de ses livres et même de ses souvenirs, elle laissa son cerveau sur pause pour que seul son organisme parle. Le fameux désir qui la tiraillait : elle le laissait prendre le dessus, d'autant plus qu'elle se sentait justement désirée !
Il ne faisait aucun doute qu'elle l'était, d'autant que la main sur sa cuisse remonta doucement le long de celle-ci, puis de ses côtes et ce pour arriver jusqu'à sa poitrine. Severus sembla s'attendre à se faire réprimander, puisqu'il se crispa légèrement, ce qui amusa finalement la jeune femme qui eut le loisir de constater que les hommes pouvaient aussi être intimidés par ces choses-là.
Il dut sentir sa compagne sourire contre ses lèvres car il se ragaillardit et commença à tâter le sein qui se présentait à lui, sous une couche de vêtements à la fois fine et trop épaisse. C'était étrange mais agréable, la sensation ne se cantonnait pas à sa poitrine mais semblait se répandre dans tout son être, même, étonnement, jusqu'à son entre-jambe. Elle savait, grâce à diverses lectures, que la zone qui semblait plaire à Severus était érogène et expliquait le phénomène qui lui arrivait, mais le vivre était bien différent.
Elle qui, d'ordinaire, était si sérieuse et renfermée se sentait plus encline à s'ouvrir à ses sens. Ainsi, quand Severus commença à déboutonner le gilet de sa petite amie, elle l'embrassa avec plus d'envie en anticipant déjà les sensations qu'elle aurait s'il la touchait avec moins de tissu encore.
Quand il eut terminé d'entrouvrir son chemisier, le baiser cessa, au grand damne d'Hermione qui se ravisa de se plaindre face au regard flamboyant de son partenaire. Ses joues virèrent au rouge, alors que pour la première fois un homme, qui n'était pas un médecin, voyait son soutien gorge. Elle n'avait pas la poitrine la plus développée de ses camarades de classes, ni la plus petite cependant, et cela semblait convenir à Severus qui était comme hypnotisé. Il faisait frais et bien qu'Hermione ne pensât pas cela possible, elle savait que sa poitrine pointait plus que tout à l'heure.
Elle aurait aimé lui dire de se dépêcher de la toucher, au risque de paraître impudique, hélas aucun mot ne sortit de sa bouche, qui lui paraissait plus sèche que si elle traversait un désert sans bouteille d'eau. Heureusement, il finit par le faire de lui-même. Sa main était aussi froide que l'air ambiant, ce qui la fit frissonner.
-Ça va ? demanda-t-il avec une voix difficilement compréhensible.
Elle acquiesça de la tête, toujours incapable de parler alors qu'il la caressait avec la pulpe de son pouce, le passant à plusieurs reprises sur la pointe de son sein toujours vêtu du tissu blanc et fin.
-J'aimerais… t'embrasser à cet endroit… je peux ?
Elle accepta à nouveau, se demandant quelles sensations elle ressentirait. Elle le sut rapidement car il ne perdit pas un instant et se pencha sur elle pour embrasser sa poitrine. Dans un premier temps, elle ne ressentit pas grand-chose, les lèvres de son compagnon se posant sur le tissu de façon bien chaste. Elle appréciait néanmoins sentir le souffle chaud de celui-ci, bien que cela restait minime. Puis, elle le sentit se reculer un instant, et tout prit une autre dimension alors qu'il attrapa le bonnet du sous-vêtement pour le baisser avant de l'embrasser à nouveau.
Cette fois elle poussa un râle étrange, à moitié étranglé dans sa gorge, et comprit qu'il s'agissait d'un soupir de plaisir incontrôlable. Les lèvres de Severus, contre la peau fine et délicate de son sein, étaient brûlantes. Sans y réfléchir, elle passa une main dans les cheveux ébènes qui se présentaient à elle, comme si elle avait peur que cette sensation cesse.
Il n'y avait plus rien de chaste dans les baisers de Severus qui enflammaient le corps de la jeune femme. Ce qui la fit néanmoins soupirer de nouveau, ce fut la langue curieuse qui, sans prévenir, la happa au niveau le plus sensible de sa poitrine.
C'était excitant, sans demi mesure. Cette fois, la sensation entre ses jambes était telle qu'Hermione avait envie de se toucher pour soulager la tension interne qu'elle ressentait.
-Severus... grogna-t-elle sans savoir pour autant que dire.
Elle aurait aimé être capable de lui demander de mettre sa main sous sa jupe, mais elle n'y arrivait pas. Pourtant, la seconde suivante, elle se retrouva allongée en long sur le canapé, Severus relâchant sa prise pour la mettre dans cette position. Il la regarda droit dans les yeux et Hermione fut certaine qu'il avait lu en elle, ce qui ne l'empêcha pas de dire, avec une voix plus rauque que jamais :
-Dis-moi ce que tu veux… dis-le-moi et je le ferai !
Elle n'aurait su expliquer pourquoi ils avaient attendu aussi longtemps alors que, de toute évidence, ils en mouraient tous les deux d'envie. Il était maintenant au-dessus d'elle, un pied au sol et un genou sur l'assise, la dominant de toute son imposante stature. Se sentant pourtant en sécurité, probablement grâce aux obsidiennes tendres et ardentes qui l'observaient, elle répondit avec simplicité :
-Touche-moi s'il te plaît !
Elle ne put pas en dire plus, bien qu'en confiance, elle se sentait toujours affreusement honteuse. Severus, lui, ne se moqua pas et s'il fut, au plus profond de lui, gêné, il ne le montra point. Il se contenta de se baisser à nouveau vers elle, l'embrassa tendrement avant de rediriger ses lèvres sur la poitrine en partie mise à nue de sa compagne. Doucement, il fit glisser sa main sur la jambe de celle-ci, la faisant cette fois passer sous la jupe de la Gryffondor.
Les picotements de désir étaient toujours bien là et le soulagement de sentir les doigts, joueurs, de Severus se poser contre sa culotte fut tel qu'Hermione n'eut pas le temps de se sentir mal à l'aise. Au contraire, le fait qu'il prit son temps pour la découvrir fut presque frustrant, bien qu'au fond d'elle-même, elle sut que c'était au mieux. Il passa ses doigts de haut en bas et de bas en haut le long de sa fente, déjà humide, comme cherchant un point précis. Elle se doutait de ce qu'il cherchait et en fut surprise : les jeunes hommes n'avaient-ils pas, en général, une méconnaissance de l'anatomie féminine ? C'était peut-être un mythe infondé, d'autant que Severus finit par trouver le point sensible de sa partenaire.
Alors qu'une légère décharge la traversa, l'espace d'une demi seconde à peine, elle se tendit et cela ne passa pas inaperçu auprès du sorcier. Il semblait sourire contre sa poitrine et concentra ses caresses vers le point qu'il avait effleuré juste avant, entraînant d'autres petites étincelles dans le corps d'Hermione. C'était à chaque fois très furtif et pourtant, au fur et à mesure, cela paraissait durer plus longtemps et être surtout plus intense. Très vite, sa respiration se fit plus saccadée et elle s'entendit à peine couiner à chaque expiration, se crispant petit à petit au point de soulever son bassin.
-Par tous les fondateurs… Severus… c'est…
Hermione ferma les yeux et ne termina pas sa phrase, une sorte de râle remplaçant tous mots, tandis que son corps tout entier se mit à trembler d'une façon délicieuse. Elle ne contrôlait plus ses muscles alors que des décharges régulières la transperçaient au rythme de contractions dans son sexe. Severus continua un court instant sa stimulation, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et qu'enfin elle se calma, exténuée comme si elle venait de courir un sprint sur deux cent mètres.
Quand elle eut le courage de rouvrir les yeux, son compagnon lui souriait béatement, avec une fierté non dissimulée. Il se pencha vers elle pour l'embrasser de nouveau et entreprit de la revêtir :
-Déjà ? s'étonna-t-elle.
-Ce n'était pas suffisant ? questionna-t-il avec une pointe de moquerie. Il m'a pourtant semblé que tu avais trouvé ton compte.
Certes, elle avait eu la chance de connaître l'extase lors de cette expérience, que Severus avait soit déjà pratiqué, soit bien préparé en amont, comme durant les phases de réflexion avant ses tentatives en potion…
-Je pensais que, commença-t-elle en regardant ailleurs un instant, que tu voudrais plus que ça !
Cette fois, son air fier se changea en gêne l'espace d'une demi-seconde avant de redevenir neutre :
-J'ai déjà eu tout ce que je pouvais souhaiter.
Hermione sentait qu'il ne mentait pas, mais qu'il ne disait pas tout non plus. Elle allait insister quand elle se ravisa pour simplement sourire. Après tout, elle avait déjà fait plus qu'elle ne s'en serait crue capable et c'était suffisant pour un début. Elle devait bien l'avouer, elle n'était pas encore prête pour l'étape suivante.
-Merci Severus.
Il l'aida à se rassoir correctement et l'embrassa :
-Merci à toi Hermione… avec toi j'ai enfin l'impression d'avoir de la chance dans ma vie. Tu n'imagines pas à quel point c'est agréable !
-Tu exagères un peu, s'amusa-t-elle.
-Non, pas du tout, tu peux me croire. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé grâce à toi et pour la première fois, toute la vie que je m'étais imaginée ne me semble plus tracée dans les ténèbres.
Hermione sentit son cœur se serrer pendant un court instant. C'était comme si elle savait parfaitement la vie qu'il s'était programmée… c'était d'ailleurs un peu le cas, non ? Mais elle était là aujourd'hui, elle pouvait changer ça pour lui, avec lui ! Elle était à sa place ici, à ses côtés, et nulle part ailleurs.
-Merde, les potions !
Elle sursauta en reprenant pied dans la réalité, alors que Severus se leva d'un bond pour empêcher un des chaudrons de déborder. Ils avaient été moins efficaces que d'ordinaire ce jour-là, c'était un fait, pourtant ni lui ni elle ne se sentirent coupable de leur pseudo échec.
…
Bien qu'elle aimait toujours autant les cours, la fin des vacances fut moins attrayante que d'ordinaire. Il fallait dire qu'elle avait pris l'habitude de ne pas avoir de devoirs, ni de contraintes horaires, lui permettant de passer tout son temps avec Severus. Se mordillant la lèvre inférieure en repensant à leur proximité pendant ces moments à deux, elle se permit de refermer les yeux.
Là, dans son lit, elle se remémora les orgasmes qu'elle avait eut grâce aux caresses de son petit ami qui, à plusieurs reprises entre deux moments d'attente durant la préparation de potions, avait recommencé ses explorations. Il ne lui demandait jamais rien en échange, se contentant de lui donner du plaisir sans contrepartie. C'était surprenant, mais pour l'instant, cela arrangeait Hermione qui ne se sentait pas capable de le satisfaire comme lui le faisait avec elle.
-Hermione, arrête de trainasser, on va arriver en retard pour le petit-déjeuner !
Retenant un soupir de lassitude en entendant la voix de son amie, la jeune femme se redressa dans son lit et tira le rideau rouge qui entourait son lit :
-J'arrive.
-Tu es malade ? s'inquiéta la rousse.
-Non, pourquoi ?
-Tu sembles… démotivée…
-C'est signe de l'apocalypse non ? se moqua Alice qui arriva derrière Lily.
-Ce qui prouve que c'est la fin du monde, c'est que tu sois déjà prête toi, rétorqua Hermione avec un sourire amusé.
Quelques taquineries plus tard, toutes trois rejoignirent les maraudeurs pour descendre à la grande salle. Sirius était peu loquace maintenant, quand elle était avec eux, pourtant Hermione ne lui en voulait plus. Ne souhaitant pour autant pas le forcer à se montrer détendue comme avant, elle se contentait de parler aux autres, surtout à Remus et aux filles.
Heureusement, bien vite, les cours redevinrent intéressants et la frustration de ne pouvoir voir son Serpentard que plus rarement diminua, surtout à mesure que son côté compétitrice reprenait le dessus. Elle n'allait quand-même pas laisser Lily ou quiconque d'autre avoir de meilleurs résultats qu'elle ! Cela amusait clairement la rouquine et encore plus Severus, qui au fond, semblait adorer la voir toutes griffes dehors.
Seul le cours de divination continuait de la lasser. Heureusement, la présence de Jack et de Lily rendait l'expérience plus joyeuse. Sans eux et la bonne ambiance qui régnait dans cette salle de classe étrange, elle aurait clairement abandonné cette matière depuis longtemps.
-Je suis très content de vos derniers devoirs, dit le professeur Rift avec bienveillance. Aujourd'hui, nous allons donc pouvoir entamer, pour ce trimestre, le bien complexe chapitre de la cartomancie.
-Enfin, jubila Jack. On passe aux choses sérieuses.
-Si tu le dis, s'amusa discrètement Hermione.
-Qui peut me dire ce qu'est exactement la cartomancie ?
Reprenant son sérieux, elle leva la main en même temps que Jack qui fut interrogé :
-La cartomancie est une pratique divinatoire plutôt récente, si ce n'est la plus récente, qui utilise des cartes pour interpréter des informations sur le passé, le présent ou le futur. Son origine remonte au 15eme siècle, où des jeux de cartes étaient utilisés à des fins divinatoires en Europe et en Asie. Il existe plusieurs types de cartomancie, tels que le tarot, l'oracle et le lenormand.
-C'est exact, 10 points pour Serdaigle. Maintenant, est-ce que quelqu'un peut expliquer la différence entre ces trois lectures ? Miss Watson, allez-y.
Hermione sourit et expliqua ce qu'elle savait déjà grâce à ses lectures :
-Le tarot est la lecture la plus répandue et utilise un jeu de 78 cartes avec des symboles ésotériques pour fournir des insights, ou aperçus de ce qu'était, est et sera la vie de la personne ayant tiré les cartes. Le lenormand utilise quant à lui un lui un jeu de 36 cartes seulement, numéroté et plus symbolique que le tarot, permettant une lecture plus pragmatique et précise. L'oracle, pour finir, utilise des cartes au nombre variable, illustrées de façon très simple pour des réponses plus intuitives, ce qui donne au cartomancien plus de liberté dans ses interprétations, ce qui en fait une pratique très subjective au final.
-Je n'aurais pas pu mieux expliquer, bravo, 10 points pour Gryffondor ! L'oracle étant en effet une matière plus intuitive, je vous invite, pour ceux qui sont intéressés, à l'étudier par vous-même. Nous commencerons donc par le lenormand, afin de vous familiariser avec la cartomancie par un jeu plus simple à manier. Quand je vous sentirai prêts, nous nous lancerons dans le tarot.
Le cours continua donc avec une description des cartes, de leur nombre et leurs symboles. C'était assez complexe mais suffisamment intéressant pour plaire même à la plus septique de l'assemblée.
-Un parchemin de 50cm pour résumer tout ce qu'il a dit en une heure de temps, c'est un peu exagéré, soupira Jack. Il y a tant à dire…
-C'est dans l'optique de nous apprendre à synthétiser, fit remarquer Lily en souriant amusée.
-Je n'ai jamais été douée pour faire court, soupira cette fois Hermione.
-Au moins, nous recommencerons la pratique dès la semaine prochaine, ce sera plus sympa que simplement de la théorie.
-Tu as le chic pour voir le verre à moitié plein Lily, c'est une belle qualité.
-C'est tout un art Jack ! Rester positif en toutes circonstances, c'est important. Il y a bien trop de choses tristes sur terre et si on ne fait que de regarder ces dernières, on se fait vite ensevelir, d'où l'intérêt de savoir se concentrer sur la beauté de ce qui nous entoure.
-Comme la beauté des cours qu'il nous reste aujourd'hui, répondit Hermione avec bonne humeur. Allez, on va être en retard si on ne se dépêche pas, les connaissances n'attendent pas !
Jack ricana à cette réponse qui correspondait bien à son amie. Ils se séparèrent donc et continuèrent ainsi leur journée, tous avec plus ou moins de joie qu'Hermione.
Le fait d'avoir cours de potion pour finir sa journée était sûrement ce qui la rendit la plus joyeuse. Elle s'installait maintenant au fond, à côté de Severus qui arrivait un petit moins à reculons aux cours de Slughorn. Le plus intéressant restaient les cours pratiques, mais même les théories pompeuses et moins avancées que leur niveau étaient source de joie, car ils étaient côte-à-côte.
-Hermione… tu as un moment ce soir pour qu'on se voie, ou tu révises avec Lily et les autres ? chuchota-t-il à un moment assez rébarbatif où le maître des potions parlait des antidotes.
-Normalement on devrait faire nos devoirs de divination ce soir, pourquoi ? demanda-t-elle discrètement.
-On en parlera demain, ce n'est pas urgent.
Il lui sourit et avant de s'attirer les potentielles foudres de Slughorn, il reporta son attention sur lui, non sans rapprocher sa main libre de celle de sa partenaire. Ils se frôlaient à peine, mais c'était déjà beaucoup. Un peu déçue de ne pas savoir ce qu'il voulait exactement, elle prit son mal en patience.
Le lendemain, la journée fut moins intéressante. Du moins, elle était plus longue aux yeux de celle qui voulait absolument savoir ce que Severus avait à lui dire. Le pire fut le cours de défense contre les forces du mal, vu qu'ils étaient tous les deux ensemble sans pouvoir aborder le moindre sujet. Contrairement au professeur Slughorn et malgré sa bonhomie, les bavardages n'avaient pas leur place durant les cours théoriques du professeur Nid. Surtout qu'elle semblait avoir les yeux et les oreilles de partout et n'hésitait pas à dire tout haut ce que les élèves se disaient tout bas.
Alors que le glas indiquant la fin de journée sonna, Hermione arbora un large sourire et rangea ses affaires. Elle allait enfin savoir ce que Severus avait en tête depuis la veille ! Enfin, dans quelques minutes apparemment :
-Miss Watson, auriez-vous un instant à me consacrer ? demanda le professeur Nid.
-Heu… oui, bien entendu.
Elle lança un regard désolée à Severus qui lui sourit et lui fit signe qu'il l'attendrait dans le couloir. Pendant ce temps, la jeune femme se dirigea vers le bureau de son enseignante :
-Oui professeur Nid ?
-Je n'en aurais pas pour longtemps, promit-elle en souriant après avoir vu Severus fermer la porte. Je voulais juste faire un point avec vous et savoir comment vous alliez.
-Oh… eh bien je vais bien, c'est gentil.
-Cela fait plusieurs semaines que vous n'avez pas fait de malaise, et nous sommes tous soulagés de constater que vous semblez plus rayonnante que jamais depuis ce début d'année.
Hermione se sentit rougir :
-Je sais que cela ne me regarde pas… et je ne vous en voudrais pas de refuser de me répondre, dit-elle avec sa bienveillance caractéristique. Mais depuis ce fameux soir avant les vacances de fin d'année, où nous avons pu papoter un peu, je me demandais si votre vie prenait la direction que vous escomptiez.
Le fameux soir du bal de Noël avec le club… oui, elle s'en souvenait bien et elle était aujourd'hui encore reconnaissante du temps que lui avait consacré sa professeure. Hermione réfléchit sincèrement en repensant à tout ce qui c'était passé depuis, entre Sirius, Severus et sa mémoire :
-Je crois pouvoir affirmer que oui Madame. Oh bien sûr, il y a encore des hauts et des bas, j'ai encore beaucoup de questions qui me traversent l'esprit mais… j'ai déjà commencé à avoir quelques réponses.
-C'est une excellente chose, d'autant que vous semblez bien accompagné pour répondre à vos interrogations restantes.
-Tout à fait, admit-elle.
-Je suppose que le chemin qui reste à parcourir ne sera pas le plus simple, mais vous êtes armée pour y faire face.
Oui, même si elle n'aimait pas y penser, elle savait que son trajet serait encore long. Dumbledore n'avait pas encore trouvé de réponse sur la marche à suivre concernant la voyageuse temporelle qu'elle était… et elle encore moins, mais le jour où cela arriverait, elle se savait accompagnée.
-Bien, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Je crois que votre camarade de Serpentard vous attend toujours. Bonne soirée Miss Watson.
-Merci professeur Nid, à vous aussi !
En sortant de la salle, Hermione retrouva bien vite son petit ami qui l'attendait comme convenu dans le couloir. Lui offrant un de ses rares sourires dès qu'il la vit, elle s'empressa d'aller lui prendre la main :
-Alors, qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien, elle voulait juste prendre de mes nouvelles de vive voix.
-Pourquoi ça ? s'étonna-t-il.
-Je crois qu'elle s'en veut toujours beaucoup de ne pas être arrivée à temps à la gare à la rentrée.
Enfin, peut-être n'était-elle même pas censée la rejoindre à la base. Peut-être bien qu'Hermione était apparue là par magie, et que la mémoire de cette pauvre professeur Nid avait été modifiée comme celle des autres. Cette idée la mit mal à l'aise, c'était la première fois qu'elle pensait aux répercussions de sa mystérieuse arrivée sur les gens qui l'entouraient. Certes, elle ne l'avait pas fait exprès, du moins le pensait-elle, mais une chose était certaine, elle n'était pas la seule à souffrir de troubles de la mémoire ou, du moins, de la perception de la réalité.
-Tu es sûre qu'il n'y a que ça ?
-Oui, elle voulait simplement savoir, répondit-elle en tentant de relativiser.
Après tout, personne n'avait perdu la mémoire à proprement parler, seuls les souvenirs la concernant elle, semblaient avoir été affectés. C'était un moindre mal ! Il fallait simplement que les choses ne bougent pas plus, qu'elle ne change rien au cours de l'histoire. C'était possible, non ?
-Tu me caches quelque chose, marmonna Severus.
Hermione resserra sa main dans la sienne :
-Ce n'est rien d'important, ne t'en fais pas. Si ça venait à le devenir, je t'en ferais part… mais j'ai bon espoir que cela reste anecdotique !
C'était vrai, elle l'espérait vraiment maintenant que sa vie ici semblait stable et surtout, si agréable. Severus ne semblait pas ravi, pourtant il n'insista pas plus et se contenta d'aller dans la salle sur demande avec elle, pour être au calme et visiblement pour lui parler d'une chose à laquelle il avait réfléchi.
-Hermione, se lança-t-il avec une très légère appréhension au vu de son regard fuyant, je voulais te demander un truc.
-Eh bien, je t'écoute.
-Je sais que nous avons encore le temps, du coup tu pourras y réfléchir avant de me répondre…
-C'est-à-dire ? l'encouragea-t-elle en souriant.
-Eh bien… est-ce que tu serais d'accord pour que nous passions les prochaines vacances ensemble… hors de Poudlard ?
Hermione leva un sourcil, surprise. Non pas que l'idée lui semblait mauvaise, mais elle était légèrement perplexe :
-Tu veux qu'on aille chez toi pour les prochaines vacances ? Enfin, ajouta-t-elle pour ne pas le vexer, ce n'est pas que je n'ai pas envie de rencontrer tes parents mais…
-Non, la coupa-t-il vivement. Je ne veux pas que nous allions chez moi, je ne tiens pas vraiment à ce que tu croises mon père. Enfin, un jour tu le verras sûrement, mais j'espère sincèrement que ce sera pour ses funérailles !
Bien que cela n'était pas forcément approprié, la jeune femme pouffa en tentant de retenir un rire plus franc. Il avait un don inouï pour l'humour noir, c'était indéniable. Fier de lui, avec un rictus amusé au coin des lèvres, il continua :
-Blague à part, j'aimerais t'inviter ailleurs… où on serait tranquilles, juste toi et moi… enfin, toi, moi et un chat en fait.
-Ça sonne bien, mais tu pourrais être plus explicite ?
-J'ai un ami, celui qui m'a permis d'avoir un travail, qui va partir en France pour deux semaines aux prochaines vacances. Il m'a proposé d'aller chez lui pour m'aérer et en échange, je n'ai qu'à m'occuper de son chat.
-Oh… eh bien, je crois que j'aimerais beaucoup mais, je ne veux pas m'imposer chez quelqu'un que je ne connais pas…
-Il est déjà d'accord pour que tu sois avec moi tu sais, je lui en ai parlé. Sa seule condition, c'est que tu aimes les chats et que tu me supportes pendant deux semaines.
Hermione sourit, secoua la tête et ironisa :
-Argh, je crois que je vais avoir du mal… enfin, quoique, y'aura un chat, alors ça vaut le coup de te supporter je pense !
Severus leva les yeux au ciel et ne prit pas la peine de répondre. Il se contenta de l'embrasser tendrement, sachant qu'elle acceptait sa proposition sur fond d'humour, pour changer. L'idée de prendre des vacances à deux était excellente et Hermione s'en réjouissait d'avance. Cela lui ferait un bien fou de prendre ses distances avec Poudlard et ses interrogations. Vivre une vraie vie, dehors, c'était parfait. En tout cas, elle l'espérait sincèrement.
