Chapitre 1 : Nous détruisons un Starbucks
Je ne sais pas pourquoi, mais me faire attaquer par quelques monstres assoiffés de sang me rend rarement souriant. On pourrait croire qu'après sept ans à la colonie des sang-mêlés, en plus de deux ans à combattre Gaïa, j'étais habitué à être dérangé à l'heure du déjeuner pour combattre un minotaure puant ou un cyclope mangeur de satyres, mais c'est toujours aussi agaçant. Bref, mes amis et moi étions dans un des nombreux Starbucks de la ville de New York, un endroit chaleureux où l'odeur du café frais se mêlait à celle des pâtisseries sucrées. La lumière douce filtrait à travers les grandes fenêtres, et le murmure des conversations se mêlait au bruit des machines à café. C'était un havre de paix, un répit bienvenu dans notre vie de demi-dieux. Mais la tranquillité ne dura pas longtemps.
Soudain, trois stryges, des créatures aux ailes de chauve-souris et aux plumes noires, surgirent du néant, rompant le charme de l'instant. Leur apparition était aussi soudaine que terrifiante. Leurs yeux brillaient d'une lueur malveillante, et leurs cris stridents résonnaient comme une alarme dans mon esprit. Je ne les trouvais pas du tout attirantes, et le fait qu'elles veuillent me transpercer la gorge avec leurs longues griffes n'a pas aidé leur cause.
— Percy, fais diversion, souffla Annabeth à mes côtés, sa voix empreinte d'une urgence qui me fit tressaillir.
Annabeth est ma petite amie. Bien que je la connaisse depuis plusieurs années, elle reste toujours un mystère pour moi, un livre dont chaque page dévoile une nouvelle facette. Elle a ce don de rester calme même dans les situations les plus périlleuses, et sa détermination à protéger ceux qu'elle aime est inébranlable. Mais à cet instant, je voyais l'inquiétude dans ses yeux, une lueur qui trahissait la gravité de la situation.
Cependant, une chose sur laquelle nous étions toujours sur la même longueur d'onde, c'était les combats. Mon cerveau s'activait dans ces moments-là ; on pourrait mettre ça sur le compte du TDAH. Je voyais venir tous les mouvements de mes adversaires un peu à l'avance, comme si le temps se dilatait autour de moi. C'était un rappel de toutes ces heures passées à m'entraîner, à affiner mes réflexes, à apprendre à manier mon épée. Très pratique dans les situations critiques.
J'ai saisi la première chose à portée de main, à savoir mon chocolat chaud, et je l'ai lancé à la stryge la plus proche. Le liquide chaud et sucré a éclaboussé son visage, la surprenant. Elle s'est tournée vers moi avec un cri strident, un son atroce qui m'a presque donné envie de retourner en enfer ! Je me suis bouché les oreilles aussi vite que possible, un réflexe de défense. Ce simple mouvement d'inattention aurait pu me coûter la vie. La stryge m'a attrapé par le bras, enfonçant ses serres assez profondément. La douleur était vive, presque électrique, et je savais que je ne pouvais pas me laisser submerger par l'angoisse.
De mon autre main, j'ai saisi mon stylo-bille, toujours dans ma poche. J'ai retiré le capuchon avec mes dents, et mon simple stylo s'est transformé en épée de bronze, scintillant d'un éclat familier. C'était comme un retour à la maison. J'ai fait un bond vers l'avant, puis j'ai enfoncé la lame dans la poitrine de mon attaquante. Je sentis la résistance du corps du monstre, puis elle s'est aussitôt dissoute en une poussière noire, se mêlant à l'air chargé de l'odeur du café et de la peur. Pour un monstre du Tartare, elle s'était laissée abattre bien trop facilement, et cela me laissait perplexe.
À peine avais-je eu le temps de savourer ma victoire que je réalisai que Grover, mon meilleur ami, était en danger. Il était pris au piège dans un coin du restaurant, entouré par l'une des stryges qui s'apprêtait à le frapper. Grover n'était pas déguisé pour ressembler à un humain ; depuis qu'il était devenu une sorte de dieu de la nature, il préférait le style "pattes de chèvre". Ses cornes s'élevaient fièrement sur sa tête, et ses jambes étaient désormais celles d'un bouc, ce qui lui donnait un air à la fois majestueux et comique. Pourtant, à cet instant, il avait l'air de tout sauf d'un dieu !
Je me suis élancé vers la femme-oiseau qui tentait d'exterminer mon ami. J'allais lui offrir un aller simple en enfer !
— Hé, toi, l'espèce d'oiseau ! m'écriai-je, la colère s'enflant en moi. J'avais déjà fait mieux comme "mon copain tranquille" ou "je te découpe en rondelles".
Elle a poussé un cri de rage, un son vraiment horrible, avant de saisir une table et de la lancer dans ma direction. Le bruit du bois s'écrasant contre le sol résonna comme un coup de tonnerre dans l'atmosphère déjà tendue. Je me suis jeté au sol juste à temps, ressentant le souffle du projectile passer au-dessus de ma tête. Des éclats de bois se sont mêlés à mes cheveux, et je me suis relevé, conscient que j'allais sûrement avoir des échardes. Mon cœur battait la chamade alors que j'attaquais le monstre avec une férocité renouvelée. Chaque mouvement était empreint d'une détermination sans faille.
Finalement, après quelques tentatives infructueuses, je l'ai anéantie d'un dernier coup d'épée, en lui tranchant la gorge. La stryge explosa en poussière à son tour, laissant dans son sillage une odeur fétide de soufre et de décomposition.
J'allais me réjouir de notre victoire quand je reçus un violent coup sur la tête. Une chaise. Je me suis retrouvé à terre, scrutant les carreaux du sol, l'esprit embrumé. Un liquide chaud se répandait dans mes cheveux ; peut-être du chocolat chaud ? J'en doutais. Des points blancs et noirs dansaient devant mes yeux, créant un tableau chaotique. Quelque chose m'attrapa par mon bras déjà blessé et me retourna sans douceur sur le dos. Ma vue se voilait et j'ai vu double. Deux stryges dansaient devant mes yeux, leurs silhouettes se déformant alors qu'elles tourbillonnaient dans mon champ de vision.
— Alors, Percy Jackson ? On fait toujours le fier ? ricana l'une d'elles, son sourire malveillant révélant des dents acérées.
J'ai eu envie de lui répondre mais je n'ai pas eu le temps, car sur ces paroles, la dernière stryge me sauta dessus, griffes sorties, prête à mettre fin à mes jours. Je sentais ses griffes s'enfoncer dans ma chair, me rappelant brièvement ma première rencontre avec un chien des enfers... Malheureusement, je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'à : aïe ! Soudain, elle se raidit, et une douleur atroce me transperça le diaphragme. Le monstre explosa devant moi, et j'aperçus quelqu'un derrière la poussière.
C'était Annabeth. Elle avait enfoncé son nouveau poignard dans le dos de mon adversaire. L'instant d'après, je réalisai que la lame s'était aussi enfoncée dans mon torse. La douleur était vive, comme si l'acier avait brûlé ma chair. Je me sentais perdu, englué dans une brume de souffrance et de confusion.
Annabeth, avec ses cheveux blonds en désordre et son regard déterminé, avait toujours été ma lumière dans l'obscurité. Mais là, je voyais l'angoisse se peindre sur son visage, alors qu'elle réalisait ce qui venait de se passer. Elle se pencha sur moi, ses mains tremblantes essuyant le sang qui s'échappait de ma plaie.
— Percy, non ! s'exclama-t-elle, sa voix tremblante. Je ne voulais pas… Je suis désolée…
Je retirai lentement son couteau de ma plaie, chaque mouvement m'arrachant un gémissement de douleur. Des gouttes de sueur froide perlaient sur mon corps, et ma respiration était haletante, comme si je luttais contre des vagues de douleur qui menaçaient de m'engloutir. Je pouvais sentir le regard inquiet de Grover sur moi, ses yeux grands ouverts, et cette petite flamme d'angoisse qui dansait dans son regard.
Grover nous avait rejoints, et son expression s'était figée, passant de l'enthousiasme à la terreur en un instant. Il avait un air normal, un large sourire aux lèvres, mais il était maintenant blême.
— Alors ça, les amis, c'est comme ça qu'on détruit un Starbucks ! annonça Grover, sa voix tremblotante trahissant une nervosité qu'il ne pouvait plus cacher.
Il réalisa alors que j'étais blessé, et son sourire disparut instantanément. Annabeth, quant à elle, était toujours figée, incapable de bouger, de parler ou même de réfléchir. Elle était comme une statue de marbre, ses yeux brillants d'une lueur d'angoisse.
— Merde ! Percy, ça va, mec ? Je… Je vais te soigner ! Annabeth, va chercher…
Mes pensées se brouillaient, et j'avais du mal à rester conscient. Les ténèbres commençaient à m'envelopper, comme une mer noire et calme, me tirant vers des profondeurs inconnues. Avant que je ne puisse réagir, je me suis évanoui, laissant derrière moi le tumulte du combat et les cris paniqués de mes amis.
