Bonjour à tous, j'ai posté le début de cette histoire hier soir et je suis ravie de voir que quelques personnes ont déjà décidé de la suivre. Voici le chapitre 2, je ne garantis pas de pouvoir toujours poster aussi régulièrement mais puisque ce chapitre était déjà écrit, j'ai décidé de le poster dès maintenant, en espérant qu'il vous plaise et en attendant vos reviews !
Chapitre 2 : Un début difficile
Elle allait la tuer.
Elle allait l'étrangler avec sa ceinture. Ou bien peut-être même la pousser de la voiture en marche au prochain virage. Voilà ce que désirait Emma depuis qu'elles avaient quitté Boston, il y a sept heures de route de cela. Regina avait tout simplement été infernale durant tout le trajet et la blonde ne rêvait désormais que d'une chose : assassiné cette maudite femme.
Comment une personne pouvait-elle se montrer aussi insupportable ? Elle avait passé la moitié du chemin à critiquer sa fidèle coccinelle jaune et sa façon de conduire, et la seconde moitié à lui rappeler que Henry était SON fils, et que malgré son aide grandement apprécié, elle n'avait aucun droit sur le petit garçon. Emma avait pourtant tenté de lui expliquer qu'elle n'avait aucunement l'intention de lui enlever son enfant, mais visiblement ce n'était pas assez pour la brune qui était sans aucun doute la mère la plus protectrice de l'univers.
-« Part pitié Miss Swan, faite en sorte que votre tas de ferraille roule un plus vite, nous devrions déjà être arrivée depuis plus d'une heure. » Se plaignit une fois de plus Regina en soupirant, à la fois exténuée par le manque de sommeil et impatiente de retrouver son petit garçon.
-« Pour la quinzième fois Regina, non je ne peux pas. » Répondit la conductrice, agacée. « C'est limité à cinquante kilomètres/heures et je ne tiens pas à me faire arrêter pour excès de vitesse. Et puis arrêtez avec votre ''Miss Swan'' je vous supporte depuis plus sept heures, je pense que vous pouvez au moins m'appeler par mon prénom. »
-« Vous me supportez ? Alors ça c'est la meilleure ! C'est vous qui avez insisté pour ne pas prendre un taxi car je vous cite : un, c'était trop cher et deux, vous ne vouliez pas vous séparer de votre précieuse voiture. Si j'ose appeler ça une voiture ! C'est à se demander comment cette antiquité arrive à rouler ! »
-« Ma voiture n'est pas une antiquité. Elle est vintage, ce n'est pas la même chose. » Rétorqua la blonde en caressant presque amoureusement le volant de sa précieuse coccinelle Volkswagen.
-« Elle ne dépasse pas les cent kilomètres/heures, le moteur fait un bruit très inquiétant, l'extérieur et rouillé, et bon sang Miss Swan, elle est jaune ! Vous n'auriez pas pu opter pour une couleur moins voyante ? »
S'en était trop, elle en avait assez.
Si elle était parvenue un peu plus tôt à apprécier la Regina prête à tout pour sauver son fils, elle avait désormais envie de gifler la Regina assise à côté d'elle. Cette emmerdeuse snobe, grincheuse, antipathique et exécrable en tout point était en train de sérieusement lui taper sur le système.
-« Vous savez, si ma voiture vous dérange tant que ça, vous n'avez qu'à en sortir et continuer à pied ! » Lâcha-t-elle en freinant brusquement en plein milieu de la route.
-« Mais ça va pas ! Vous êtes malade ! » S'exclama la brune qui venait d'être violemment secouée par l'arrêt brutal du véhicule.
- « Je tiens à vous rappeler que c'est VOUS qui êtes venue me demander MON aide pour sauver VOTRE fils. » S'énerva la blonde, à bout de nerfs. « Si c'est un tel supplice pour vous d'être avec moi, je vous en prie, je ne vous retiens pas ! Rentrez donc auprès d'Henry et je retournerais avec plaisir à Boston ! »
Regina venait tout simplement de se figer sur place. C'était déjà la deuxième fois depuis leur rencontre que cette Emma Swan osait lui tenir tête, et la brune n'y était absolument pas habituée. À Storybrooke, la petite ville dont elle n'était pas maire depuis déjà presque cinq ans, personne n'osait jamais lui répondre de la sorte. Les habitants avaient toujours bien trop peur de se confronter à sa colère. C'est simple, quiconque croisait le chemin de madame le maire avait pris l'habitude de baiser les yeux et d'acquiescer sans poser de questions.
Mais pas Emma.
Malgré son jeune âge, elle ne semblait de toute évidence pas prête à se laisser marcher sur les pieds, et la mairesse devait bien avouer que cela lui plaisait. Enfin un adversaire avec suffisamment de répartie pour être à sa hauteur. Cela serait peut-être amusant tout compte fait. Mais bien qu'elle ait une furieuse envie de continuer à taquiner la blonde, Regina préféra s'abstenir de faire plus de remarques. Sa chauffeuse semblait assez sérieuse dans ses menaces et il en valait de la santé de son fils. Il était donc, malheureusement, temps pour elle de mettre sa fierté de côté et de cesser de critiquer l'hideuse voiture jaune de la jeune femme.
- « Bien, bien. Je laisse votre précieux taco tranquille. » Céda la brune dans un soupire d'exaspération. « Peut-on reprendre la route maintenant ? Mon fils m'attend, nous n'avons pas de temps à perdre avec ces idioties. »
- « Vous n'allez même pas vous excuser ? » S'étonna Emma devant tant d'aplomb.
- « Je ne vais m'excuser de dire ce que je pense, en particulier lorsqu'il s'agit de la vérité, Miss Swan. » Rétorqua-t-elle, un sourire satisfait au coin des lèvres.
-« Vous êtes toujours aussi présomptueuse ? »
- « Contentez-vous de conduire. »
-« À vos ordres, majesté. » acquiesça-t-elle ironiquement en appuyant sur l'accélérateur.
Étonnamment, le reste du trajet se déroula sans autres chamailleries de la part des deux jeunes femmes. Il faut dire que Regina était épuisée de n'avoir quasiment pas fermé l'œil ces dernières quarante-huit heures, et c'est donc sans surprise qu'elle avait fini par s'endormir, sa tête reposant mollement contre la portière du véhicule. Emma en avait alors profité pour la regarder du coin de l'œil. Elle avait observé sa poitrine montée et descendre lentement à chacune de ses respirations, les quelques mèches de cheveux rebelles s'échappant de son brushing parfait pour venir tomber sur son visage, sa bouche peinte de rouge, légèrement entrouverte, et la fine cicatrice au-dessus de sa lèvre supérieure. Et plus elle la contemplait, plus la blonde se demandait comment une femme aussi froide et acariâtre pouvait-elle être aussi belle.
Il leur fallut encore une bonne heure de route avant que la blonde n'aperçoive enfin le panneau ''Bienvenue à Storybrooke'' indiquant leur arrivée dans cette petite ville portuaire du Maine. Emma avait d'abord cru à une plaisanterie lorsque la mairesse lui avait annoncé leur destination, mais de toute évidence cette petite ville au nom étrange existait bel et bien. Malgré quelques difficultés à se repérer dans les épaisses forêts de la région sans sa copilote, elle avait préféré laisser la brune dormir encore un peu, hors maintenant, elle n'avait d'autres choix que de la réveiller.
-« Regina, Regina. » Elle lui toucha doucement l'épaule pour la sortir des bras de Morphée. « Réveillez-vous, Regina. Nous sommes arrivées. »
-« Henry ! » S'exclama-t-elle en se redressant soudainement, les yeux écarquiller et la respiration haletante. « Il... » Ses yeux étaient brillants, son rythme cardiaque s'emballait. « Il... »
Elle avait immédiatement stoppé la voiture avant de poser à nouveau sa main sur son épaule, cette fois-ci dans un geste rassurant.
-« Calmez-vous. Vous avez sans doute fait un cauchemar. Vous vous êtes endormie. » Lui expliqua-t-elle. « Henry va très bien, j'en suis certaine. »
-« Un cauchemar. Oui. C'était juste un rêve. »
Il fallut encore quelques secondes à la jeune mère pour retrouver ses esprits. Ce n'était pas la première fois qu'elle fessait ce rêve. Cette horrible vision de son fils, allongé sur un lit d'hôpital, de gigantesques tubes sortant de son petit corps mourant. Elle avait la même pratiquement toutes les nuits, mais elle lui paraissait pourtant toujours aussi réelle.
-« Vous allez bien ? » Commença à s'inquiéter la blonde.
-« Oui. Ça va. » En un instant, elle venait de revêtir son masque. Ce qui ne manqua pas d'impressionner Emma, étonné par la facilité qu'avait cette femme à cacher ses émotions. « Je suis désolé de m'être assoupie. »
-« Vous n'avez pas à vous excuser. Vous avez le droit de dormir, vous savez. Et puis entre nous, je crois que je vous préfère endormie. Vous êtes beaucoup moins agaçante. » La taquina-t-elle, avec un sourire joueur.
-« Pardon ?! »
-« Oh, décoincez-vous. Je plaisantais. »
-« Très amusant. » Rétorqua la brune avec sarcasme. « Bon, redémarrer cet engin. Il vous suffit de continuer tout droit sur la rue principale puis de tourner à gauche après le clocher. »
Décidément, elle la préférait vraiment endormie. Néanmoins, sans plus de mots, Emma suivit ses instructions.
Il était tout juste huit heures, et sous ses premiers rayons de soleil, la blonde devait bien reconnaître que la ville possédait un certain charme. Les quelques commerces et services de la rue principale commençaient à ouvrir leurs portes : une boutique d'antiquités, un bureau de poste, un garage, un café, et même un Diner's très semblable à celui dans lequel elle travaillait à Boston, excepté que celui-ci semblait être resté coincé dans les années quatre-vingt. C'était à l'évidence une petite ville calme et sans histoire, où tout le monde connait tout le monde. Le genre de ville dans laquelle elle aurait sans doute aimé vivre, si le destin n'en avait pas décidé autrement.
Elles arrivèrent bientôt devant un grand manoir, entouré de haies, avec un immense jardin. Une maison typique de bourgeois plein aux as pensa Emma avant que la brune ne lui fasse signe de s'arrêter. Elle comprit alors que c'était elle, la bourgeoise pleine aux as. Ce qui n'était pas si étonnant que ça après tout, ses vêtements de couturier sans doute hors de prix lui avaient déjà laissé présager qu'elle devait avoir une bonne situation.
-« Vous faites quoi comme métier déjà ? » Lui demanda la blonde en sortant de sa coccinelle, incapable de détacher les yeux de l'édifice se dressant devant elle. « Votre baraque doit faire au moins cinq fois la taille de mon appartement. »
-« Je suis maire, Miss Swan. » Elle sortit à son tour du véhicule, avec un immense soulagement.
-«Attendez, quoi? Vous êtes le maire de la ville?» S'étonna la blonde en la dévisageant. Sous l'allure stricte et le brushing irréprochable elle ne semblait pourtant pas être beaucoup plus âgée qu'elle, vingt-huit? Peut-être vingt-neuf ans? Elle ne lui donnait en tout cas pas plus de la trentaine. Et pourtant, elle était non seulement mère de son petit garçon mais en plus de ça haute placée dans les fonctions publiques. Décidément, elle ne cessait de la surprendre.
-«Depuis cinq ans déjà. J'en suis à mon deuxième mandat, élue à l'unanimité.» Lui expliqua la jeune mairesse en s'avançant vers sa propriété, Emma sur ses talons. «Bien.» Elle se stoppa devant l'entrée de la demeure. «Que diriez-vous d'un verre du meilleur cidre que vous n'ayez jamais goûter, Miss Swan?»
-«Vous n'auriez pas un truc plus fort?»
Elles rentrèrent enfin à l'intérieur, et encore une fois Emma fut ébahie parce qu'elle découvrait. L'entrée à elle seule était immense! Et à l'image de sa propriétaire, le manoir était décoré sobrement dans les tons noir, blanc et crème. Il n'y avait pas beaucoup de décoration, quelques vases fleuries de lys et de camélias posés sur les tables, quelques tableaux pour égailler les murs, mais rien de très personnel ou de coloré. Néanmoins, elle remarqua ce qui semblait être des photos de famille accrochées au mur de l'escalier menant au premier étage, ainsi qu'un piano à queue dans une pièce adjacente au salon.
Emma suivit la propriétaire des lieux jusque dans la salle à la manger où elle lui servit un verre de son fameux cidre.
-«C'est un vrai palace ici, le petit doit être gâté.» Supposa la blonde en portant le verre à ses lèvres, lâchant un léger soupire de contentement sous le savoureux mélange sucré de l'alcool et de la pomme. Elle n'avait jamais bu de cidre avant aujourd'hui, elle était davantage habituée aux alcools forts, mais elle devait bien avouer que le cocktail de la brune était délicieux.
-«Je fais en sorte de lui donner tout ce dont il a besoin.» Lui répondit simplement la jeune mère en sirotant doucement le contenu de son propre verre. «C'est étrange, je ne vous imaginais pas du tout comme ça.» Avoua-t-elle après quelques instants de silence passé à savourer leur boisson.
-«Vous m'imaginiez comment?»
-«Premièrement plus âgé. J'étais loin de m'attendre à ce que vous soyez aussi jeune. Et puis je pensais tomber sur une bonne femme égoïste probablement alcoolique, ou bien une droguée tout juste sortie de prison. Vous étiez beaucoup plus détestable dans mon imagination, Miss Swan.»
-«Venant de vous je prends ça pour un compliment.» Elle termina la dernière gorgée de son verre. «Mais vous n'aviez pas totalement tort pour la prison.»
-«Vous avez déjà été incarcérée?» S'étonna la brune.
-«Pour vol.» Avoua-t-elle, honteusement. « À dix-sept ans je vivais dans la rue avec mon copain, le père d'Henry. Un jour on en a eu assez de voler dans les supérettes pour avoir de quoi manger, alors on a décidé de frapper un grand coup dans une bijouterie. On a volé une dizaine de montres, on espérait les vendre et avoir suffisamment d'argent pour repartir à zéro.»
-«Et vous vous êtes fait prendre.» Supposa Regina en terminant son cidre, captiver par le récit de la blonde qui l'intriguait malgré elle.
-«Je me suis faites prendre et mon copain s'est tiré comme un lâche.» La corrigea-t-elle. «J'ai pris un an, mais je suis sortie au bout de onze mois pour bonne conduite. J'ai découvert que j'étais enceinte là-bas. J'aurais pu le garder, mais la prison c'est pas vraiment géniale pour avoir un bébé, alors j'ai préféré le donner en adoption. Je ne me sentais pas capable d'être mère de toute façon, je n'avais rien à lui offrir, pas de maison, pas de travail...» Elle leva enfin son regard vers son interlocutrice, lui adressant un léger sourire. «Je suis heureuse qu'il ait trouvé une bonne famille.»
-« Et je suis heureuse qu'il soit ma famille.» Acquiesça la mairesse en retour. « Mon fils est la chose la plus importante au monde à mes yeux.»
-«Je n'en doute pas une seconde, ça se voit que vous tenez profondément à lui.»
-«Et concernant le père... Devrais-je m'inquiéter?» Demanda la brune dont seul le regard trahissait la crainte qu'elle ressentait sous le masque impassible qu'elle s'acharnait encore et toujours à afficher.
-«Oh que non, vous n'avez aucun souci à vous faire pour lui. Il n'est pas au courant.»
Pour toute réponse, la jeune mère se contenta de hocher la tête avec un soupir de soulagement à peine dissimulé. Elle posa ensuite son verre de cidre désormais vide et s'avança pour observer l'heure qu'affichait l'horloge du salon: 8H45.
-«Bien, il est grand temps que j'aille chercher Henry chez son institutrice.» Annonça-t-elle en prenant son manteau. Elle était plus qu'impatiente de retrouver son petit garçon, elle n'était pas habituée à ce qu'il ne soit pas avec elle pendant plus d'une journée, et il lui manquait déjà terriblement. Qui plus est, elle ne tenait pas à le laisser plus de temps que nécessaire avec cette idiote de mademoiselle Blanchard. Elle n'avait hélas pas eu le temps de chercher une baby-sitter plus qualifiée, et espérait donc que tout c'était bien passé malgré la maladresse légendaire de la jeune femme.
-«Son institutrice?» S'étonna la blonde en posant elle aussi son verre vide de tout liquide. «Je pensais qu'il était avec votre mari.»
-«Mon mari?» Se figea Regina en haussant un sourcil, perplexe. «Je ne suis pas marié Miss Swan, il n'y a que moi et Henry.»
-«Oh, je pensais que... Enfin je m'étais dit...» Bégaya-t-elle assez surprise par sa réponse. Elle devait bien l'avouer, - aussi agaçante soit-elle - Regina était une femme magnifique, elle trouvait donc assez étonnant que la jeune mère ne partage sa vie avec personne d'autre que son fils «Rien, laissez tomber.»
-«D'accord.» Acquiesça-t-elle, ne pouvant néanmoins s'empêcher de la dévisager quelques instants, intrigué.«Bon, suivez-moi, je vais vous montrer où se trouve la chambre d'amis.» Annonça-t-elle en la guidant au premier étage. Elles avancèrent jusqu'à la troisième porte du couloir et pénétrèrent alors dans une chambre assez simple, peu décoré, mais très spacieuse comme le reste de la maison. «Voilà. La route a été longue, vous pouvez donc vous reposer ici. Vous pouvez également prendre une douche, si vous le souhaiter. » Lui indiqua-t-elle en pointant du doigt la salle de bain adjacente.
-«Merci beaucoup, Regina.» Acquiesça la blonde avec un sourire reconnaissant, il est vrai qu'une bonne douche lui ferait un bien fou après plus de sept heures passé derrière le volant.
- «Bien, dans ce cas je vous laisse. À mon retour je prendrais rendez-vous avec le docteur Whale, le pédiatre d'Henry. J'espère que nous pourrons rapidement faire les tests nécessaires pour savoir si vous êtes une donneuse compatible.» Lui expliqua-t-elle.
-«Je l'espère aussi.»
La brune quitta donc la pièce, laissant Emma seule avec ses pensées. Quelque chose lui disait qu'elle venait de s'embarquer dans une sacrée histoire. Mais si elle pouvait sauver la vie de ce petit, ça en valait sans doute la peine. Après tout, c'était son fils à elle aussi. Cette petite créature l'avait martelé de coups de pied pendant près de neuf mois. Et même si elle l'avait abandonné afin qu'il bénéficie d'un vrai foyer et d'une famille aimante, elle ne l'avait pas oublié pour autant.
Soudain, elle commença à se sentir nerveuse. Elle allait le rencontrer. Après plus de quatre ans, elle allait enfin rencontrer son fils. Bien sûr, ce dernier allait probablement ignorer qui elle était vraiment. Elle se doutait bien que Regina ne lui dirait pas la vérité la concernant -ce qui n'était pas plus mal- mais une boule de stress commença malgré tout à se former dans son estomac. Elle était impatiente de rencontrer ce petit bonhomme.
Se disant qu'une douche aiderait probablement à calmer sa nervosité, elle pénétra dans la salle de bain relier à la chambre que Regina lui avait attribuée. La blonde ne fut même pas surprise en découvrant la grandeur de la pièce, tout dans cette maison semblait avoir une taille démesuré. Et lorsqu'elle aperçue l'immense baignoire en fonte, un sourire se dessina sur son visage: voilà des années qu'elle n'avait pas pris de bain. Elle s'empressa donc de faire couler l'eau chaude et commença à se déshabiller. Elle fouilla également dans les placards à la recherche de bain moussant et de gel douche, espérant que la propriétaire des lieux ne lui en veuille pas trop de s'être servie. Une fois qu'elle eut rassemblé tout ce dont elle avait besoin et que l'eau eut atteint les trois quarts de la baignoire, elle ferma le robinet et se plongea enfin dans l'eau chaude.
C'était le paradis. La jeune femme sentit bientôt ses muscles se détendre dans la chaleur du bain et poussa un long soupir de satisfaction. Elle aurait pu mourir ici que cela lui aurait probablement été égal tant elle se sentait bien et relaxer. N'ayant pas de famille, la blonde n'avait jamais eu la chance d'avoir une grande maison comme celle-ci et prendre des bains avait donc toujours été un luxe ne s'offrant à elle que lors de quelques rares occasions. Ainsi, Emma profita de chaque seconde passée dans cette salle de bain, fermant les yeux et laissant ses pensées divaguer sur l'enfant qu'elle s'apprêtait à rencontrer.
Elle sortit finalement de la baignoire au bout d'une petite demi-heure, l'eau s'étant refroidie mais se doutant surtout que la mairesse et son fils ne tarderaient pas à rentrer. Elle se sécha donc rapidement, retourna dans la chambre où elle avait laissé le maigre sac à dos qu'elle avait rapidement préparé la veille et en sortie un jean, un débardeur blanc et une paire de sous-vêtements. Elle agrémenta sa tenue de sa chère veste rouge qui ne la quittait jamais, puis elle tenta vainement de dresser sa tignasse blonde qui n'en fessait comme d'habitude qu'à sa tête. Elle voulait au moins essayer de se rendre présentable et s'acharna donc pendant une vingtaine de minutes pour dénouer ses boucles blondes encore humides.
Elle descendit au rez-de-chaussée, ne pouvant s'empêcher de s'arrêter en cours de route pour observer les quelques photos suspendues au mur de l'escalier. La plupart étaient des clichés d'Henry, certains le montrant tout juste nouveau-né, et d'autres plus récent. Des photos d'anniversaires, de noëls, ces premiers pas, son premier jour d'école... Tant d'événements auxquels la blonde n'avait pas pu assister.
Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit, laissant pénétrer dans la demeure Regina suivit du bambin qu'Emma appréhendait tant de rencontrer. Le petit garçon semblait assez excité d'être de retour chez lui et courait partout autour de sa mère, étendant les bras de chaque côté de son petit corps en imitant le bruit d'un avion.
-«Mon chéri, arrête de courir, s'il te plaît. Tu vas encore saigner du nez.» Le mit en garde Regina, comme toujours inquiète pour sa santé.
-«Mais nan, maman!» Répondit Henry en lui sautant dans les bras. «Et puis je cours pas. Je vole! Je suis un avion.» La corrigea-t-il, un sourire fier se dessinant sur ses lèvres.
-« Oh, vraiment? Un avion?» Ria la jeune mère, ce qui surprit Emma qui les épiait discrètement du haut de l'escalier. Elle était étonnée de voir à quel point la brune semblait plus naturelle avec son fils, le masque frigide qu'elle portait précédemment avait totalement disparu. Elle laissait désormais libre cours à ses émotions, les laissant même étirer ses lèvres en un franc sourire.
Elle était incontestablement beaucoup plus belle lorsqu'elle souriait, pensa la blonde en se décidant à descendre prudemment les marches pour les rejoindre.
-«Regina?» Appela Emma pour signaler sa présence. Elle s'avança craintivement vers eux et vit le visage de la brune se refermer.
- «Emma.» Répondit-elle plutôt froidement en déposant doucement son fils à terre.
-«Est-ce que-» Elle hésita à poser sa question, ne voulant pas la braquer ou franchir quelconque limites. «Est-ce que je peux lui dire bonjour?» Demanda-t-elle timidement, en baissant son regard sur le garçonnet qui la regardait avec de grands yeux intrigués.
La brune avait l'aire d'hésiter, de toute évidence elle n'était pas vraiment ravie à l'idée que son fils la rencontre. Mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait pas faire comme si la blonde était invisible. Elle finit donc par hocher la tête avant de s'adresser à Henry:
- « Bien. Mon chéri, je te présente Emma. Elle va rester avec nous quelques jours. Elle va peut-être pouvoir nous aider à te soigner.» Lui expliqua-t-elle le plus simplement possible, sans trop en révéler. Il était hors de question que son fils sache qui était réellement cette femme.
-«Bonjour gamin.» Lança la blonde en s'accroupissant à la hauteur garçon qui la dévisageait. Elle l'avait déjà aperçue sur les photos de Regina, mais le voir en vrai était une sensation étrange. Il était là. En chair et en os. Un petit bonhomme d'un mètre dix pas plus, avec son bonnet Spider-Man légèrement de travers, ses joues rosies par le froid, ses grands yeux pleins de curiosité et son petit sourire espiègle. «Je suis ravi de te rencontrer.» Ajouta-t-elle en lui tendant la main.
Il examina sa main quelques instants, avant de la serrer de sa petite poigne.
-«Bonjour.» Répondit-il un peu timidement. En l'observant plus attentivement, Emma put remarquer à quel point il lui ressemblait. La même forme de visage arrondie, le même nez, et surtout les mêmes yeux, c'était incontestable. Elle nota aussi que sa bouche ressemblait beaucoup à celle de son père biologique, et d'après les photos qu'elle avait vues de l'enfant lorsqu'il était en bonne santé, il avait également dû hériter de sa couleur de cheveux.
C'est seulement à ce moment-là qu'elle réalisa qu'il était malade. Lorsqu'elle se rendit compte que sous ce bonnet qu'arborait fièrement l'enfant, il n'y avait plus un seul cheveu. Tous les symptômes physiques de sa maladie la frappèrent alors de plein fouet. Ses yeux étaient nus, pas le moindre sourcil ou même cil ne les entouraient. Des taches rougeâtres et même parfois violettes parsemaient sa peau à certains endroits, notamment sur l'avant-bras de la main qu'il lui tendait. Son teint était atrocement pâle, voire même livide. Il n'avait rien d'un petit garçon fougueux et pleins d'énergie, et pourtant, Emma le trouva magnifique.
-«Tu es un docteur?» Lui demanda-t-il naïvement, la sortant de sa contemplation.
-«Quoi?»
-«Maman a dit que tu allais m'aider, tu es un docteur?»
-«Oh, non gamin. Je ne suis pas médecin.» Lui expliqua la blonde, trouvant son innocence adorable. «Mais je vais peut-être pouvoir te donner quelque chose qui pourra t'aider» Lui dit-elle avec des mots suffisamment simples et vagues.
-«D'accord. Cool.» Il lui lança un grand sourire qui irradiât tout son cœur. «C'est à toi la drôle de voiture jaune qui est dehors?»
-« Oui. C'est ma voiture.» Elle rit légèrement, amusée par sa curiosité.
-«Le jaune, c'est ma couleur préférée!» Répondit-il fièrement.
-« À moi aussi.» Il faut croire qu'il n'avait pas hérité d'elle que des caractéristiques physiques. «Et tu sais, je-»
-« Ça suffit!» La coupa brutalement Regina, ne pouvant supporter plus d'interactions entre SON fils et la blonde. Dire qu'elle était jalouse était un euphémisme, elle bouillait littéralement de les voir interagir de la sorte. En grande partie parce qu'elle était terrifiée que cette femme veuille par la suite prendre sa place et récupérer le petit garçon. Elle savait à quel point Henry pouvait être attachant, il suffisait qu'il vous regarde de ces beaux grands yeux vert pour que vous soyez totalement mordue. C'est ce qui lui était arrivé à la minute où elle l'avait vue dans cette agence d'adoption, il y a quatre ans. Elle l'avait aimé instantanément, et elle craignait maintenant qu'Emma ne fonde elle aussi.
La blonde se redressa en soupirant, plantant son regard si semblable à celui d'Henry dans les yeux de la mairesse.
-«Regina, je peux vous parler une minute? En privé.» Lui demanda-t-elle d'un ton aussi sérieux qu'autoritaire ce qui perturba la brune. Personne n'osait jamais lui parler de la sorte.
-«Passons dans mon bureau.» Acquiesça-t-elle malgré-tout, intrigué. «Henry, reste là mon chéri, je reviens.»
Le bambin hocha la tête avant d'aller s'asseoir sur le canapé du salon, tandis que Regina entraîna la blonde dans la pièce voisine: son bureau.
-«Je vous écoute.»
-«Vous n'avez pas à faire ça.»
-«Faire quoi?»
-«Jouer les mères protectrices. Vous n'avez pas besoin de faire ça.» Lui expliqua-t-elle, plus clairement. «Je n'ai aucunement l'intention de vous voler votre fils Regina. Vous avez été très claire là-dessus, Henry est votre enfant, pas le mien. J'ai renoncé à mes droits sur lui en l'abandonnant et j'en suis parfaitement consciente.»
-«Parfait, dans ce cas nous sommes d'accord.» Acquiesça la brune en commençant à quitter la pièce.
-«Je n'ai pas fini!» S'exclama Emma en l'a rattrapant, lui agrippant le poignet pour le retenir. «Je ne cherche pas à récupérer mon rôle de mère. Mais ça ne veut pas dire que je n'aimerais pas apprendre à le connaître.»
-«Et qu'est-ce que vous entendez par là?» Lui demanda la mairesse, visiblement sur la défensive. Ce qui était assez étrange puisqu'elle ne s'était pas dégagé et que par conséquent la blonde la retenait toujours par le poignet.
-«Je n'en sais rien... Passer un peu de temps avec lui... Pourquoi pas devenir son amie?» Proposa-t-elle en lâchant finalement le bras de l'autre jeune femme. «Je vais probablement passer quelques jours ici pour faire les tests, et peut-être plus s'il s'avère que je suis compatible. Je pense que nous pourrions toute les deux au moins essayer de nous entendre. Pour Henry. Vous ne pensez pas?»
Il eut un moment de silence, moment durant lequel la brune scruta attentivement le regard d'Emma, y cherchant quelconque trace de tromperie. Pourtant, elle ne put y lire qu'une profonde sincérité. Après tout, cela pourrait être bénéfique pour Henry de passer un peu de temps avec d'autres personnes que sa mère. Depuis que le petit n'était plus scolarisé – à cause de sa leucémie – il est vrai qu'il n'avait pas souvent l'occasion de se sociabiliser, et Regina avait bien remarqué que cette solitude forcée était en train de peser sur son petit garçon.
La mairesse avait toujours été quelqu'un de méfiant, sa confiance devait se mériter et elle ne l'accordait jamais facilement. Il faut dire qu'elle avait été plus d'une fois déçu par le passé, parfois même par sa propre famille, elle avait donc appris à se protéger. Mais pour une raison qui lui échappait, elle avait envie de croire en mademoiselle Swan. Les yeux, véritable fenêtre de l'âme, ne mentaient jamais. Et ceux de la blonde ne faisaient pas exception.
-«Très bien.» Acquiesça finalement Regina, se résignant à lui laisser une chance d'apprendre à connaître l'enfant. «Je dois appeler le docteur Whale pour prendre rendez-vous et préparer le repas pour ce midi. Peut-être pourriez-vous jouer avec Henry et l'occuper pendant ce temps?» Proposa-t-elle.
-«Vraiment?» Demanda Emma, la surprise clairement visible sur son visage. Elle ne s'attendait pas à ce que la brune accepte si facilement.
-«Vraiment.»
-«Merci Regina. Ça représente vraiment beaucoup pour moi.» La remercia-t-elle sincèrement, avant de faire un geste qui déstabilisa totalement la mairesse. Elle s'était penchée vers elle, et l'avait embrassée sur la joue. Le contact n'avait duré qu'une seconde, pourtant la brune n'avait pu s'empêcher de frissonner en sentant les lèvres chaudes de la jeune femme se presser contre sa peau.
Emma avait déjà rejoint Henry, mais la brune était restée figée là, au milieu de la pièce. Elle porta alors doucement sa main à sa joue, rougissant légèrement en touchant du bout de des doigts l'endroit où la bouche rose de la jeune femme l'avait touché quelques instants plus tôt.
Cette Emma Swan la déstabilisait, et elle n'arrivait pas encore savoir s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose.
