Merci Jazzy pour ton retour ! J'espère que ce chapitre te plaira.
Chapitre 52
Les jours avaient filé, emportant avec eux la légèreté des fêtes et plongeant Poudlard dans une routine immuable. Janvier était passé dans une étrange accalmie. Pas de convocation, pas de nouvelles directives, comme avant Noël où Voldemort s'était fait discret, bien que nerveux. Rien d'autre que le poids silencieux de l'attente. Une attente qui, pour les Rogue, n'avait rien de rassurant. C'était d'autant plus étonnant qu'ils s'étaient fait remarquer lors de la fête de Noël de Voldemort. Après l'incident avec Rodolphus Lestrange et le baiser qu'ils avaient échangé, ils s'attendaient à une réaction du Seigneur des Ténèbres, d'une manière ou d'une autre. Mais non. Rien. Les choses étaient toujours plus dangereuses lorsqu'elles semblaient calmes.
Dumbledore s'était enfin décidé à partager certaines de ses avancées avec son espion. Le journal de Tom Jedusor, la bague des Gaunt, le médaillon de Serpentard avaient été détruits. Le directeur pensait que Tom collectionnait les objets ayant appartenu aux fondateurs de Poudlard, et que, obsédé par la puissance et la symbolique des nombres, les horcruxes pourraient être au nombre de sept. Quelques pistes d'objets avaient alors émergé, des fragments d'informations arrachés ici et là, mais rien de concret. Rien qui justifiait une intervention immédiate.
Lors de la soirée du Nouvel An, ils avaient appris que Voldemort avait confié une mission à Drago. Après quelques pressions, Drago leur avait concédé que le Seigneur des Ténèbres lui avait imposé d'approcher les centaures et tenter de les rallier à sa cause. Une mission insensée. Drago ne savait pas comment s'y prendre, et plus encore, il n'avait pas la moindre envie de le faire. Il traînait donc souvent près de la lisière de la Forêt Interdite, hésitant, comme s'il espérait qu'une solution lui tomberait du ciel. Rogue doutait fortement que ces créatures fières et indépendantes daignent même lui adresser la parole, encore moins accepter de s'aligner avec les Mangemorts. Mais Drago essayait, à sa manière, ou du moins, feignait d'essayer.
C'était donc avec une pointe d'appréhension que Brittany reconnut la silhouette qui se dessinait au loin dans la neige.
— J'aime pas ça, grogna Hagrid qui marchait à ses coté en regardant au loin.
Drago marchait sans but apparent, les épaules voûtées, jusqu'à ce qu'il atteigne la clairière où se rassemblaient parfois les sombrals. Il s'arrêta, observant les créatures d'un air indéchiffrable.
— Qu'est-ce qu'il vient faire là ? reprit-il d'un ton bourru. Ce gamin a toujours eu l'art de s'faufiler là où il faut pas. J'veux pas qu'il prépare un mauvais coup, surtout avec c'qui se passe en c'moment.
Brittany lui lança un regard interrogateur.
— J'ai pas oublié c'qu'il a fait, précisa Hagrid en serrant les poings. C'est à cause de lui que Buck a failli mourir. Un bel hippogriffe, fier et intelligent. Mais Drago, avec son fichu orgueil, l'a provoqué exprès. Résultat, Buck s'est défendu, et ce p'tit morveux a fait tout un scandale. Son père a poussé pour qu'on l'exécute, et il a failli y passer. Heureusement qu'Harry et Hermione ont réussi à le sauver. Mais moi, j'oublie pas. Alors, j'vais pas le laisser s'installer là, comme si de rien n'était.
Brittany resta silencieuse un instant. Elle n'avait pas tout compris à son histoire, mais elle en avait saisi le principal. Drago avait essayé de faire tuer un de ses animaux. Elle comprenait la colère de Hagrid, mais elle voyait aussi le jeune homme, figé devant les sombrals, les observant sans bouger. Ce garçon-là lui était bien différent de celui qu'on lui décrivait. Il n'y avait ni arrogance, ni mépris dans son attitude. Juste… quelque chose de brisé.
Elle sortit rapidement un carnet et y griffonna quelques mots avant de le tendre à Hagrid.
«Ne le chasse pas, s'il te plaît. Il ne fait rien de mal.»
Hagrid fronça les sourcils, mécontent, mais il laissa échapper un soupir bruyant.
— Ce gamin a toujours été du mauvais côté, toujours à mépriser ceux qui valaient mieux que lui. Et puis, il a des accointances avec... tu sais qui. Des vraies, j'veux dire.
Brittany sourit. Elle avait compris l'allusion à son mari.
— Qu'est-ce qui me dit qu'il prépare pas un sale coup ?
Brittany haussa légèrement les épaules et écrivit : «Les Sombrals ne lui disent rien».
Hagrid observa encore Drago, visiblement en plein débat intérieur, puis grogna :
— Bon… mais si jamais il fait du mal à l'un d'eux, j'te promets qu'il finira suspendu par les pieds à un arbre.
Brittany esquissa à nouveau un sourire amusé et hocha la tête. Accord tacite. Hagrid ne faisait pas confiance à Drago, mais il acceptait de lui laisser une chance.
oOoOo
Tandis que Drago continuait ses errances solitaires à la lisière de la Forêt Interdite, Rogue, lui, devait affronter un tout autre fléau : Dumbledore.
Severus Rogue n'était pas un homme patient. Il savait supporter bien des horreurs, du regard rougeoyant de Voldemort à la stupidité insupportable de certains élèves, mais il y avait une chose qu'il ne parvenait plus à tolérer : le harcèlement constant d'Albus Dumbledore. Le directeur semblait s'être donné pour mission de faire avouer à Severus ce qu'il avait lui-même du mal à reconnaître. À chaque réunion de l'Ordre, à chaque repas, à chaque simple croisement dans un couloir, il lui lançait des phrases sibyllines, le regard pétillant derrière ses lunettes en demi-lune.
Un soir, alors que Rogue sortait du bureau après une réunion mouvementée, le directeur l'avait suivi du regard avant de lâcher, d'un ton songeur :
— L'hiver est une bien étrange saison, commença t-il d'un ton songeur. On pourrait croire qu'elle tue tout sur son passage, que rien ne peut survivre sous le givre. Mais en réalité, c'est sous la neige que la vie se prépare. Les racines s'ancrent, les graines attendent leur heure… et quand vient le printemps, tout éclate en un renouveau inattendu.
Rogue haussa un sourcil, agacé par cette métaphore.
— Fascinant. Dois-je en conclure que vous attendez patiemment que nous germions ? ironisa-t-il.*
Dumbledore eut un sourire amusé.
— Pas nous, Severus. Mais l'amour. C'est lui qui survit aux hivers les plus rudes. Quand tout s'écroule, quand le monde semble perdu, il est la seule chose qui nous permet de tenir debout.
Il marqua une pause avant d'ajouter, le regard pétillant derrière ses lunettes :
— N'est-ce pas là une leçon que vous commencez à comprendre ?
— Je ne comprends rien à ce que vous racontez, vieux fou.
— Oh ? Vraiment ? répliqua le vieil homme, son sourire s'élargissant. Je me disais simplement que l'hiver était une saison propice aux révélations.
— La seule révélation ici est que vous perdez votre temps, rétorqua Rogue en tournant les talons.
Mais Dumbledore ne s'arrêta pas là. Lors d'un repas à la table des professeurs, il avait laissé tomber, entre deux bouchées de pudding :
— J'ai toujours cru que l'amour pouvait naître des situations les plus improbables. N'est-ce pas, Severus ?
McGonagall, qui connaissait bien le jeu du directeur, avait relevé un sourcil amusé. Rogue, lui, avait fermé brièvement les yeux avant de répondre froidement :
— J'ignorais que vous étiez devenu philosophe, Albus.
Et puis il y avait ce moment, la veille encore, où, après une inspection dans les cachots, Albus avait soupiré :
— Vous devez être fatigués d'être constamment en ma compagnie. J'imagine qu'un couple a besoin de temps pour lui.
Rogue s'était figé une fraction de seconde, avant de serrer les dents. Albus Dumbledore ne lâchait pas prise. Et cela agaçait profondément son maître de potions. De retour dans ses appartements, il exposa la situation à Brittany, qui sembla trouver l'histoire… amusante.
— Il veut nous faire avouer ? Jouons le jeu.
Severus arqua un sourcil.
— Que veux-tu dire ?
Brittany lui adressa un sourire espiègle.
— Le Bal de la Saint-Valentin.
Rogue fronça immédiatement les sourcils.
— Hors de question.
— Si. Il veut qu'on soit en couple? Il veut de l'amour? On va en faire des tonnes. On va être insupportables. Ça va le rendre fou.
— Brittany, je refuse d'être ridicule en public.
— Tu peux demander aux élèves d'être complices.
— Je ne suis complice avec personne, et certainement pas avec les élèves.
— Tu peux leur demander d'aller se plaindre auprès d'Albus de notre comportement déplacé. On fera semblant, allez. Ce sera drôle.
Rogue croisa les bras, fixant sa femme avec méfiance. Lorsqu'il l'avait rencontré, c'était une jeune femme timide, réservée, qui cherchait à s'effacer. Elle avait bien changé. Il savait maintenant qu'elle était capable de tout.
Jouer le jeu ne lui posait pas de problème en soi, mais l'idée d'exagérer des démonstrations d'affection devant tout Poudlard le rebutait. Il avait une réputation à tenir. Mais au fond, ce n'était pas uniquement cela qui l'inquiétait. Et si cela ne sonnait pas si faux ? Et si, pire encore, cela lui plaisait de se laisser enfin aller, d'admettre que Severus Rogue, terreur des couloirs, espion au service de Dumbledore, homme aux mains tachées de sang… pouvait être un homme qui aimait et pouvait être aimé en retour ?
— Hors de question.
— On n'a même pas besoin de faire semblant. Tu peux les menacer de retirer des points s'ils ne vont pas raconter à Dumbledore, complètement choqués, qu'ils nous ont vu tous les deux dans une position qu'ils n'auraient jamais voulu voir. On ne fera rien du tout, tu leur demandes d'inventer!
— Tu es une enfant, Brittany. Pire, tu commences à ressembler à Albus.
— Pour une fois... Donc, tu es d'accord?
— Avant de te donner ma réponse, montre-moi donc cette fameuse position scandaleuse, que je sache précisément l'ampleur du traumatisme à infliger aux élèves, dit-il avec un sourire entendu.
Brittany lui donna un coup dans les côtes. C'était décidé, Albus allait avoir exactement ce qu'il réclamait… et peut-être même un peu plus. Il ne restait plus qu'à mettre Minerva dans la confidence et lui donner une bonne raison de soupirer d'exaspération.
J'ai commencé mes semis de légumes, navrée pour cet humour douteux mais je suis à fonds jardinage en ce moment.
