Un immense merci pour vos retours, ils me vont droit au cœur ! ️Pour vous remercier, voici l'un des chapitres que j'ai pris le plus de plaisir à écrire… même s'il m'a aussi donné du fil à retordre sur certains passages ! Autant dire qu'il m'a coûté quelques cheveux blancs. Severus est clairement OOC dans ce chapitre. J'ai voulu lui offrir un petit moment d'insouciance, lui aussi y a droit après tout. Mais rassurez-vous (ou pas ?), il redevient très vite lui-même. Bonne lecture et encore merci pour votre soutien !

Chapitre 53

La salle de potions ressemblait à un cauchemar romantique. Des cœurs rouges scintillaient au plafond, des guirlandes de cupidons en papier chantaient d'insupportables ritournelles, et des bougies en forme de flèches illuminaient les murs de leur douce lueur tremblotante. Au milieu de ce décor absurde, Severus Rogue était figé, les mains crispées sur son bureau, un air de dégoût profond gravé sur son visage.

Son regard perçant se posa sur la porte entrouverte, où Brittany l'observait avec un sourire équivoque. L'étincelle malicieuse dans ses yeux trahissait une satisfaction non feinte. Elle était l'instigatrice de ce chaos romantique, et maintenant qu'il était exposé aux regards de tous, il n'y avait plus moyen de faire marche arrière. Elle s'approcha lentement, son sourire toujours aussi provocateur, se hissa sur la pointe des pieds et effleura les lèvres de son mari dans un baiser furtif.

Détends toi, murmura-t-elle, amusée.

Il ne fit que resserrer la prise sur son bureau, prêt à nier toute implication si on lui en donnait l'occasion.

Le bruit des premiers murmures et des pas dans le couloir les obligea à se séparer brusquement. Brittany quitta la pièce en rougissant, mais pas assez vite pour échapper aux regards curieux des élèves amassés près de la porte. Quelques ricanements fusèrent, vite réprimés par la simple présence menaçante du professeur. Lorsque les élèves entrèrent et découvrirent la salle décorée, un silence incrédule s'installa. Severus inspira profondément, tentant d'ignorer l'absurdité de la situation, et annonça d'une voix lisse :

Aujourd'hui, pour être dans le thème, vous allez concocter l'Amortentia.

Il entendit quelques gloussements d'adolescentes.

Quelques gloussements d'adolescentes s'élevèrent aussitôt.

Je suis ravi, Miss Patil et Miss Brown, de constater que, pour une fois, vous savez à quoi sert une potion que je vous enseigne. Peut-être puis-je espérer aujourd'hui un peu de concentration de votre part ?

Les rires s'étouffèrent. Il laissa planer un instant de silence, avant d'ajouter, sa voix se chargeant d'une cruelle satisfaction :

Afin de motiver les plus récalcitrants, celui qui ne réussira pas à produire une potion parfaite devra, ce soir, dans la Grande Salle, déclamer des vers à ma femme pour la remercier des… magnifiques décorations que vous pouvez admirer ici.

Un glapissement d'horreur s'éleva de l'assemblée. Un élève, visiblement en panique, leva une main tremblante.

D-Doit-on écrire le poème, Professeur ?

Un sourire carnassier étira les lèvres de Rogue.

Écrire et réciter. Avec conviction.

Un soupir collectif déchira l'air, et Rogue savoura pleinement le malaise qui s'empara de ses élèves. La journée serait peut-être plus agréable qu'il ne l'avait présagé.

Son intuition s'était confirmée lorsqu'à 11H, les professeurs furent convoqués afin que chacun se voit assigner ses tâches pour la soirée de Saint-Valentin.

Severus, j'ai appris que vous aviez décoré votre salle de cours. C'est inattendu. Mais ce qui l'était encore plus, c'est lorsque j'ai surpris Monsieur Londubat en train de rédiger un poème pendant mon cours. Il m'a assuré que c'était… sur votre demande. Vous avez une explication ?

Rogue haussa un sourcil, visiblement peu concerné.

Monsieur Londubat s'est surpassé dans l'art de l'échec, produisant une potion d'Amortentia qui aurait davantage sa place dans l'arsenal d'un empoisonneur que dans mon cours. J'en ai donc conclu que, pour espérer séduire un jour sans risquer d'envoyer quelqu'un à l'infirmerie, il lui faudrait envisager une autre approche. La poésie me semblait… moins dangereuse.

McGonagall l'observa un instant, puis reprit, l'air faussement détaché :

Est-ce normal que ce poème ait été adressé à votre femme ?

Un silence. Puis Rogue inclina légèrement la tête, un éclat ironique dans le regard.

Dois-je me sentir menacé, Minerva ? Était-ce une déclaration poignante ou une tentative désespérée ?

McGonagall roula des yeux, mais un sourire amusé passa brièvement sur ses lèvres.

D'ailleurs, ne comptez pas sur moi pour les rondes ce soir. J'ai … d'autres obligations, lança t-il à l'attention du Directeur avec un sourire que personne encore n'avait jamais vu sur le visage du maître des potions. Cela ne vous dérange pas, j'imagine, Albus?

Dumbledore, surpris, le fixa une seconde avant qu'un éclat amusé ne traverse son regard. Il acquiesça, visiblement ravi, sans se douter qu'il était lui-même la cible du jeu.

À midi, la Grande Salle devint le théâtre d'une scène improbable. Une avalanche de cartes de Saint-Valentin destinées à Severus Rogue s'abattit sur lui. Des dizaines de hiboux affluèrent, larguant un flot ininterrompu d'enveloppes parfumées et de messages enrubannés. Les élèves regardaient, abasourdis, tandis que Rogue ouvrait les cartes avec une nonchalance feinte, feuilletant les mots doux avec une gestuelle exagérément théâtrale.

Dumbledore, attablé quelques sièges plus loin, observait la scène avec un sourire goguenard.

Vous êtes bien gâté, Severus, fit-il remarquer, amusé.

Rogue se contenta d'un regard acéré.

N'est-ce pas ? Ma femme est d'une attention exemplaire.

Albus acquiesça, savourant le moment malgré le malaise naissant face à l'étendue du spectacle.

Le couple se retrouva au cours de l'après-midi. Retranchés dans une salle de cours inoccupée, Rogue et Brittany débattaient sur la meilleure façon de pousser Dumbledore à bout, lorsqu'une silhouette familière passa devant la porte entrouverte. Le moment était venu d'enfoncer le clou. Brittany lui donna un coup de coude et murmura, un sourire aux lèvres :

Appelle le.

Rogue leva les yeux et aperçut Neville Londubat qui passait devant la porte entrouverte.

Londubat.

Le pauvre Neville se figea net. Ses épaules se crispèrent aussitôt et il tourna lentement la tête vers son professeur, le teint déjà plus pâle que la robe d'un fantôme de Poudlard.

P… P… Professeur ?

Entrez.

Mais… je… j'ai cours…

Maintenant.

Neville déglutit et obéit, les jambes tremblantes.

Monsieur Londubat, vous allez nous rendre un service, annonça Rogue d'un ton posé.

Neville ouvrit grand les yeux, la panique s'installant lentement.

Un… un service ?

Vous allez feindre le choc de votre vie.

Comment ?

Vous venez de nous surprendre dans une situation compromettante, et vous allez vous en plaindre au directeur qui est juste au bout du couloir, précisa Rogue avec un sourire en coin.

Neville recula instinctivement d'un pas.

Oh Merlin… non.

Brittany lui donna un nouveau coup dans les côtes. Rogue soupira.

Très bien. Je vous exempte de réciter votre poème ce soir devant tout le monde si vous coopérez.

Neville ouvrit la bouche… puis la referma. Il ne bougea pas, complètement éberlué par la demande.

Deux cents points pour Gryffondor si vous acceptez, renchérit Rogue qui commençait à s'impatienter.

Neville devint livide. Il fit quelques pas en arrière, puis, après une seconde de flottement, tomba raide dans les pommes. Rogue et Brittany échangèrent un regard interdit.

C'était pas prévu, murmura Brittany en ouvrant son chemisier.

Un bonus inattendu, répliqua Rogue.

C'est à ce moment précis que Dumbledore apparu dans l'encadrement de la porte. Son regard passa de Neville, évanoui au sol, à Rogue et Brittany enlacés, puis à la chemise entrouverte de cette dernière. Un silence monumental s'installa.

Dumbledore pinça l'arête de son nez.

Severus, Brittany, il y a peut-être des endroits plus discrets pour cela. C'est une école, pas une auberge. Vous êtes insupportables, aujourd'hui …

Amoureux, Albus, rectifia Brittany en souriant.

Dumbledore fronça les sourcils, soupira et se détourna.

Emmenez-le à l'infirmerie.

Rogue se pencha vers Neville.

Je suis vraiment désespéré pour en arriver là, mais, comme promis, deux cents points pour Gryffondor.

Aussitôt, Neville ouvrit les yeux, bondit sur ses pieds et détala comme si un Détraqueur était à ses trousses. Minerva, qui passait à ce moment-là devant le sablier des maisons, aperçut une pluie de rubis tomber et ouvrit de grands yeux. Puis, son regard croisa celui du couple qui sortait en riant de la salle de classe.

Ne posez pas de questions, Minerva, dit-il d'un ton tranquille. Vous ne voulez pas savoir.

Le soir venu, au dîner, leur mascarade prit une nouvelle ampleur. Rogue et Brittany décidèrent d'accentuer encore un peu leur comédie. Attablés côte à côte, ils s'échangeaient des sourires appuyés et se passaient mutuellement les plats avec une douceur exagérée. Brittany alla même jusqu'à découper un morceau de viande dans l'assiette de son mari avant de le lui tendre du bout de sa fourchette. Severus la fixa un instant, l'air indéchiffrable, avant d'ouvrir légèrement la bouche pour qu'elle le nourrisse comme un enfant capricieux. Un silence pesant s'abattit sur les élèves alentour, dont certains semblaient à la limite du malaise.

À la table des professeurs, Minerva McGonagall posa lentement sa fourchette et ferma les yeux un instant, comme pour s'imposer un regain de patience. Elle jeta un regard noir à Dumbledore, qui, lui, se contentait d'observer la scène, l'air curieusement amusé.

Albus, vous voyez où vos petits jeux nous mènent? Je vous en prie, faites quelque chose, soupira-t-elle, excédée.

Allons, Minerva, répondit Dumbledore en joignant les mains devant lui, la malice pétillant au fond de ses prunelles. Ne trouvez-vous pas cela… charmant ?

Non. C'est malaisant.

Albus semblait étrangement détendu. Pire, il paraissait apprécier leur petit jeu. C'était un problème. Celui-ci se leva alors lentement et tapota sa coupe du bout de sa baguette. Le tintement clair résonna dans toute la Grande Salle, imposant immédiatement le silence.

Mes chers élèves, déclara-t-il d'une voix enjouée, en ce jour où l'amour est à l'honneur, je me devais de porter un toast au couple de l'année. Comme vous l'avez tous remarqué, notre cher professeur Rogue a enfin accepté de nous montrer sa facette la plus tendre.

Un léger rire parcourut la salle, tandis que Rogue sentit son sourire s'effacer légèrement. Brittany, elle, se redressa, mal à l'aise.

Il semblerait que notre maître des potions ait enfin trouvé… une source de bonheur, et il a de toutes évidences envie de partager ce bonheur avec nous. Je trouve cela inspirant et particulièrement beau. N'est-ce pas, Severus ?

Il se tourna vers lui avec un regard pétillant, ce qui n'annonçait rien de bon.

Notre couple vedette aurait il l'amabilité de nous faire l'honneur d'ouvrir le bal?

Rogue sentit un frisson d'alarme lui remonter le long de la colonne vertébrale. Des ricanements éclatèrent parmi les élèves. Les Serpentard, eux, restaient silencieux, ne sachant pas s'ils devaient trouver cela humiliant ou fascinant. Rogue, de son côté, ferma brièvement les yeux. Il était temps d'arrêter les frais. Il s'était assez donné en spectacle. Dumbledore s'amusait beaucoup trop, et c'était exactement ce qu'ils voulaient éviter. S'ils continuaient, c'est eux qui finiraient par être les dindons de la farce.

Severus inspira profondément, puis se tourna vers le directeur, le regard perçant.

Albus, merci pour ce… charmant toast, mais nous allons décliner la danse. Il serait fort dommage que nos démonstrations d'affection détournent l'attention de votre propre prestance. D'ailleurs, qui mieux que vous, grand connaisseur des subtilités de l'art de la séduction, pourrait inaugurer ce bal avec éclat ? Je suis certain que votre expertise en la matière saurait offrir à cette assemblée une performance inoubliable.

Le regard de Dumbledore s'attarda sur eux, puis un fin sourire passa sur ses lèvres. Il savait qu'ils venaient d'abandonner la partie, et il savourait sa victoire.