L'anniversaire
— Joyeux Anniversaire ! Joyeux Anniversaire !
Lyra écoutait, le cœur léger, ses amis et sa famille chanter en chœur, tandis qu'elle venait tout juste de souffler ses bougies. Nina s'était surpassée pour le gâteau. Une montagne de crème et de génoise représentant Poudlard enneigé était posée devant elle. C'était si magnifique, que Lyra se demanda si ils devaient vraiment le manger.
Sa mère, déçue de ne pas avoir eu le dernier mot sur l'implication de l'elfe de maison dans les préparatifs, avait également tenté de réaliser un moelleux au chocolat en compagnie des jumeaux. Le gâteau, orné seulement, de son prénom, semblait bien triste à côté de l'œuvre de Nina.
Pour sa fête d'anniversaire, elle avait invité tous ses camarades de classe et tous ses cousins, du moins tous ceux qui n'étaient pas scolarisés à Poudlard. Scorpius, qui lui avait envoyé une boîte de Dragées Surprises de Bertie Crochue, avait dû rester à l'école, pour le plus grand plaisir de sa sœur ; ce n'était pas encore les vacances scolaires.
Ses parents, eux, avaient profité de l'occasion pour inviter un grand nombre de leurs amis afin de célébrer leur anniversaire de mariage, qui avait eu lieu deux jours avant le sien.
Pour l'occasion, une immense table avait été installée sous les arbres du jardin, recouverte d'une nappe blanche éclatante et bordée de fleurs multicolores. Le tout avait un air si festif, presque irréel, que Lyra espérait que la décoration resterait, au moins, jusqu'à la fin de l'été. Nina, encore une fois, avait fait un travail incroyable.
Elle avait tout de même causé quelques froncements de sourcils chez son grand-père Henry et sa grand-mère Jean en installant un étal à bonbons, sous les regards réprobateurs des aînés. Mais pour Lyra et ses amis, c'était le paradis: des bonbons, des sucreries, et des friandises dans tous les sens !
Avec l'aide de ses frères, Lyra avait sorti tous les jouets de la salle de jeux, jurant à ses parents qu'ils les rangeraient après la fête. Le jardin était devenu en un clin d'œil un véritable lieu d'amusement, et elle n'imaginait pas un anniversaire plus parfait.
Elle lécha son doigt plein de crème qu'elle avait discrètement trempé dans le gâteau, quand son père l'interpella soudain, sous les exclamations ravies de l'assemblée. Il revenait de la maison en dirigeant de sa baguette une petite pile de cadeaux. Maintenant c'était parfait.
Lyra se jeta sur ses présents, et déchira sans ménagement les emballages, sous les regards curieux de ses amis qui se pressaient autour d'elle. Les adultes, de l'autre côté, continuaient à discuter entre eux, en la regardant déballer ses présents.
Les cadeaux s'enchaînaient sous ses petites mains ; Des livres qu'elle avait demandés, de nouvelles plumes avec un porte-plume en argent étincelant, un sac à dos magique aux multiples compartiments enchantés, deux nouvelles tenues parfaites pour l'été à venir, un set de potions adaptées à son âge, un tout nouveau jeu d'échecs sorcier, et une chevalière ornée des armoiries des Malefoy, comme Scorpius au même âge. La bague était plus fine que celle de son frère.
— C'est une tradition chez les Malefoy. Dit sa grand-mère assise en face d'elle, en souriant tendrement. Une chevalière pour la rentrée à Poudlard.
— Je ne savais pas qu'il y avait plus de deux chevalières dans la famille ? Demanda son père en s'approchant, curieux, triturant celle qu'il portait à son index.
— Oh, après avoir donné celle de Lucius à Scorpius, je me suis dit qu'il était nécessaire de revoir ces vieilles traditions.
Elle rit, avec beaucoup de délicatesse, en regardant son fils.
— Après tout, avec Hermione, vous avez brisé celle qui explique que les Malefoy n'ont qu'un héritier.
Elle regarda sa petite fille qui enfilait joyeusement la bague, et en profita pour aider Achille à monter sur ses genoux.
— Et Merlin, merci pour ça ! Dit-elle en embrassant la joue de son petit-fils, alors que son propre fils roulait des yeux.
— Lyra, il y a un dernier cadeau. Prononça sa mère, qui s'était approchée et la regardait, le bras de son mari autour de sa taille.
Elle tendit le bras et donna à Lyra un très long paquet, soigneusement emballé. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle était certaine de savoir ce que c'était, avant même de l'avoir touché. Elle saisit le paquet et lança un regard plein d'anticipation à ses parents.
— C'est ce que je crois ? Leur dit-elle les yeux brillants.
Un léger sourire amusé étira les lèvres de son père, alors que sa mère semblait partagée entre l'amusement et la résignation.
— Ouvre et tu verras. Répondit son père d'un ton énigmatique.
Sous ses doigts fébriles, le papier se déchira, révélant un étui en cuir noir orné de délicates arabesques argentées. Lyra retint son souffle. Elle jeta un regard à son père, puis à sa mère. Celle-ci paraissait légèrement tendue, mais son père, lui, avait un sourire en coin. Un sourire fier.
D'une main tremblante, elle ouvrit les attaches de l'étui. Le couvercle bascula en arrière, dévoilant un magnifique balai aux lignes élégantes et aux finitions parfaites. Son manche en bois poli était gravé à son nom, et les brindilles soigneusement taillées luisaient sous le soleil. Les adultes qui regardaient poussèrent des cris d'admiration, orientant leur conversation sur les techniques de Quidditch, pendant que ses amis poussaient pour mieux voir le balai.
Elle poussa un hurlement de joie.
— C'est un Silverbolt, précisa son père, visiblement satisfait de son effet. Léger, rapide, parfait pour toi.
Lyra n'en revenait pas. Un balai, son propre balai ! Elle caressa le bois du bout des doigts, comme si elle tenait entre ses mains le plus précieux des trésors.
— Tu es sûr qu'elle est prête pour ça ? Demanda sa mère nerveusement.
— Bien sûr; elle a ça dans le sang. Lui répondit-il en souriant malicieusement.
Lyra hocha frénétiquement la tête. Évidemment qu'elle était prête ! Elle avait espéré ce jour depuis que Scorpius avait eu son balai comme cadeau pour son entrée à Poudlard. C'était une nouvelle tradition, avait dit sa mère, lorsqu'elle lui avait demandé. Elle avait ajouté que c'était une histoire entre son père et son oncle Harry, mais ça elle ne l'avait jamais compris. Dans tous les cas, Scorpius allait être vert de rage, son balai était mieux que le sien.
— Je peux l'essayer tout de suite ? demanda-t-elle avec une impatience débordante.
Sa mère ouvrit la bouche, certainement pour refuser, mais son mari la devança.
— Non, trancha t-il. Avec ta mère, on a décidé que tu ne pourrais en faire qu'en compagnie d'un adulte, tant que tu n'auras pas pris de cours de vol à Poudlard.
Lyra soupira, mais ne dit rien. Son père tendit la main pour récupérer l'étui et le passa à Nina en lui demandant de placer le balai dans l'armoire du vestiaire, fermée à clé.
— Mercredi, j'ai mon après-midi. Dit son père en s'asseyant sur la chaise à ses côtés, pour manger sa part de gâteau. On ira s'entraîner, rien que toi et moi.
C'était une maigre consolation, mais Lyra s'accrocha à cette promesse. Elle ne voulait pas attendre, mais elle savait que négocier avec ses parents sur ce point était peine perdue.
— D'accord, murmura-t-elle à contrecœur, en jetant un dernier regard à son balai avant que Nina ne l'emporte.
L'après-midi était déjà bien avancée, et les éclats de rire des adultes résonnaient sous le ciel clair. Lyra les observait du coin de l'œil, fascinée par cette insouciance inhabituelle. Son père et son oncle Ron s'envoyaient des piques, son oncle Théo rajoutait son grain de sel, et même sa mère, d'ordinaire si posée, riait aux éclats, les joues légèrement rosies. Lyra ne l'avait vue dans cet état qu'une seule fois auparavant, lors d'un réveillon du Nouvel An où elle avait accepté un verre de trop sous les encouragements de tante Ginny.
Tous ses amis étaient rentrés chez eux, leurs parents ayant fait une brève apparition pour les récupérer, s'accordant au passage un verre avec les adultes encore attablés. Il ne restait plus que ses cousins.
Lily Potter, Astrid Nott et Erwen Weasley étaient allongés avec elle sur l'herbe et s'amusaient à imaginer des formes dans les nuages. Les jumeaux jouaient à la bataille explosive, en compagnie d'Idriss, le fils des Zabini qui avait leur âge.
— Je m'ennuie. Râla Erwen, alors que son père éclatait de rire fortement, leur faisant tourner la tête.
— Ouais, moi aussi ! Dit Astrid en se relevant, et en arrachant des brins d'herbe.
— C'est bête que tes parents aient enfermé ton balai. s'exclama Erwen, en la regardant.
— Carrément ! Ajouta Lily en hochant la tête. On aurait pu faire un tour. Tu sais monter, non ?
— Euh, commença Lyra, qui n'était monté sur un balai qu'un nombre limité de fois, en compagnie de son père, et sous les petits cris paniqués de sa mère. Ouais, je sais monter.
— Avec papa, on fait du balai quasiment tous les week-ends. Dit Erwen, le torse bombé. Il a dit que je serais sûrement dans l'équipe de Gryffondor en Septembre.
Lyra se sentit mal, pendant que ses cousins parlaient Quidditch et vol en balai. Ils avaient tous les quatre le même âge, et pourtant, elle était la seule qui n'était jamais monté sur un balai, seule. Peut-être qu'à Poudlard, ils auraient tous déjà fait du balai ? Et si elle était la seule ? C'était la faute de sa mère, qui avait une peur bleue des vols en balai.
— On pourrait aller le chercher ? proposa Lyra en regardant au loin les parents qui riaient et son père qui ouvrait une nouvelle bouteille de vin.
Astrid, Lily et Erwen la regardèrent avec un grand sourire.
— Bonne idée, murmura Astrid en se redressant d'un air conspirateur.
— T'es sûre ? demanda Lily, les yeux brillants d'excitation.
— On va juste l'essayer, pas de quoi en faire une histoire, ajouta Erwen avec un sourire en coin.
Lyra hésita un instant. Son père lui avait promis qu'ils voleraient ensemble mercredi, mais l'idée d'attendre l'agaçait. Surtout après avoir vu l'enthousiasme de ses cousins sur leurs propres expériences de vol.
— D'accord, mais il faut être discrets, prévint-elle.
Astrid étouffa un petit rire.
— Avec tes frères dans les parages ?!
Les jumeaux et Idriss, posés en bout de table, étaient fortement absorbés dans leur partie. Si elle voulait ne pas être la dernière de sa promotion à savoir manier un balai, c'était maintenant ou jamais.
— Suivez-moi, chuchota-t-elle en se relevant.
Ils se faufilèrent l'intérieur de la maison, appréciant la fraîcheur du hall. Lyra ouvrit en grand le vestiaire de l'entrée où était l'armoire à balais. Ils étaient tous les quatre devant la porte de l'armoire, réfléchissant à un moyen de l'ouvrir.
— On pourrait essayer un Alohomora ? chuchota Astrid, les yeux brillants d'anticipation.
— T'as une baguette, peut-être ? répliqua Erwen en levant un sourcil moqueur.
— Ouais… souffla Lily en croisant les bras. On peut peut-être crocheter la serrure ?
Lyra, elle, fixait la porte avec intensité.
— Je suis sûre qu'il y a un moyen… murmura-t-elle.
Elle posa ses mains sur la poignée et tira légèrement, comme si elle espérait que la porte se déverrouille d'elle-même. Rien.
— Bon, on fait quoi ? demanda Erwen, déjà lassé.
— On peut toujours demander aux jumeaux. Ils ont une technique infaillible pour ouvrir les portes verrouillées, suggéra Lyra.
— Ouais, sauf que leur technique, c'est d'arracher la poignée et de dire que c'était déjà cassé, fit remarquer Astrid.
— Et alors ? Ça marche, non ?
Un silence pensif suivit cette déclaration. Puis, comme un seul être, ils se tournèrent tous vers la porte, l'air déterminé. Ils se ruèrent sur la poignée, tirant, grognant en espérant que les gonds de la porte cèdent.
Alors qu'ils étaient en pleine action, un clic se fit entendre et la porte s'ouvrit brutalement les faisant chuter sur le sol. Un cri surpris leur échappa, alors qu'ils s'effondraient dans un amas de bras et de jambes.
— Tu m'écrases, Erwen! Râla Astrid en essayant de se dégager.
— Désolé! Se défendit-il en se relevant frottant son coude endolori.
— Hey, c'est ouvert! Grogna Lyra en se rasseyant.
Tous, levèrent les yeux vers l'armoire béante, avant de porter leur attention sur l'étui du balai qui trônait fièrement devant eux. Lyra tendit et le bras et attrapa l'étui rapidement. Le tenant fermement contre elle, elle jeta un regard rapide vers la porte d'entrée du hall d'où leurs parvenaient les voix de leurs parents.
— Allez, on file! Chuchota-t-elle en refermant précipitamment l'armoire.
Sans perdre une seconde, les enfants coururent sur la pointe des pieds jusqu'à la porte et s'échappèrent dans le jardin de l'autre côté de la maison, le cœur battant d'excitation.
— C'est bon? Personne nous a vus? Demanda Lily en scrutant les alentours.
— Non, répondit Astrid en regardant à l'angle du mur en direction de l'endroit où leurs parents étaient encore attablés. Les jumeaux sont encore à table.
Ils s'éloignèrent encore un peu, et s'accroupirent dans l'herbe au côté de l'étui. Lyra caressa un instant le couvercle du bout de ses doigts, savourant l'instant.
— Bon, tu l'ouvres? S'impatienta Erwen.
Lyra inspira profondément et souleva le couvercle, laissant apparaître le balai, parfaitement aligné dans son écrin de velours noir.
— Ouah… soufflèrent-ils en chœur.
Lyra passa les doigts sur le bois lisse du manche, admirant les lettres gravées en argent près du repose-pied : Silverbolt 2000.
— Il est magnifique, murmura Lily avec des étoiles dans les yeux.
— J'en veux un comme ça ! s'exclama Astrid en tendant la main pour toucher les finitions.
— Allez, faut l'essayer maintenant ! lança Erwen, les yeux brillants d'excitation.
Lyra déglutit. Maintenant, il n'y avait plus d'échappatoire. Elle referma la boîte et la poussa légèrement vers Erwen avec un sourire en coin.
— Vas-y, montre-nous comment un futur joueur de Gryffondor monte sur un balai, dit-elle d'un ton faussement admiratif, espérant gagner du temps.
Erwen bomba le torse, ravi de l'occasion de briller, sous les regards moqueurs de ses cousines et de Astrid. Il attrapa le balai avec assurance et le plaça sur le sol.
— Regardez bien et prenez-en de la graine, lança-t-il en jetant un regard appuyé à Lyra avant de tendre la main au-dessus du manche.
— Debout ! ordonna-t-il d'un ton ferme.
Le balai sauta immédiatement dans sa paume, et Erwen lui lança un regard satisfait avant de s'asseoir dessus avec la confiance d'un joueur professionnel.
— Bon, maintenant, observez le style…
Il donna une impulsion avec ses pieds et s'éleva légèrement du sol, planant à quelques centimètres au-dessus de l'herbe.
— Facile, dit-il en effectuant un petit virage en l'air.
Lyra croisa les bras, toujours moqueuse, mais secrètement soulagée de ne pas être la première à essayer.
— Ça va, on a compris que tu sais voler. Monte un peu plus haut, voir ? le provoqua-t-elle avec un sourire.
Astrid et Lily échangèrent un regard amusé tandis qu'Erwen, piqué dans son orgueil, montait un peu plus haut en battant légèrement des pieds pour garder son équilibre.
— Pff, c'est même pas dur, fit-il en s'élevant d'un mètre supplémentaire.
Erwen atterrit en souplesse et lui lança un regard fier en lui tendant le balai.
— Allez, à ton tour ! dit-il avec un sourire malicieux.
Elle haussa un sourcil et croisa les bras.
— Mouais… Je sais pas…
— Oh allez, fais pas ta chochotte ! s'exclama Astrid en lui donnant un petit coup de coude.
— T'as dit que tu savais voler, ajouta Lily en tapotant le manche.
— Ou alors tu as peur? Lança Erwen, narquois.
Lyra ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa. Elle ne pouvait pas se dégonfler après leur avoir affirmé qu'elle savait parfaitement voler. Elle abdiqua et prit le balai des mains d'Erwen pour le poser au sol. Son cœur battait un peu plus vite que d'habitude.
— Debout! Dit-elle d'une voix peu assurée.
Le balai hésita avant de bondir dans sa main. Elle sentit un frisson d'excitation la traverser, alors que ses cousins la regardaient avec un sourire moqueur. Erwen était le pire, il avait croisé les bras et tapait du pied en attendant qu'elle s'envole. Elle enjamba le balai et serra ses mains sur le manche. Elle ne pouvait plus reculer maintenant. Lyra inspira profondément et donna un coup de pied au sol. Aussitôt, le balai réagit avec une vitesse qu'elle n'avait pas anticipée. Elle poussa un petit cri aigu en s'élevant d'un coup à plusieurs mètres du sol, les jambes ballantes et les doigts crispés sur le manche.
— Oooookay… balbutia-t-elle, les yeux écarquillés.
Elle vacilla légèrement, son cœur battant à tout rompre, avant que le balai ne se stabilise miraculeusement. Elle cligna plusieurs fois des yeux, osant enfin respirer.
— Ouah ! s'exclama Lily, impressionnée.
— Pas mal pour quelqu'un qui hésitait il y a deux secondes ! lança Astrid avec un sourire en coin.
— Ça va là-haut ? se moqua Erwen en mettant une main en visière pour mieux la voir.
— Ouais, ouais… répondit Lyra, tentant de paraître détendue alors qu'elle s'agrippait toujours au manche comme si sa vie en dépendait.
Elle jeta un coup d'œil en bas et sentit son estomac se retourner. Elle était bien plus haut qu'elle ne l'aurait voulu. Mais maintenant qu'elle était là, elle n'allait quand même pas redescendre tout de suite. Il fallait qu'elle leur montre qu'elle savait voler. Plus ou moins.
— Allez, maintenant, fais un looping ! s'écria Erwen, les yeux brillants d'excitation.
— Un quoi ?! s'étrangla Lyra, crispant encore plus ses doigts sur le manche du balai.
— Un looping ! Tu sais, un tour complet ! Comme ça ! Il fit un grand cercle avec ses bras, comme si c'était la chose la plus simple au monde.
— T'es malade ? répliqua-t-elle, les yeux ronds.
— Oh, ça va, c'est facile ! intervint Lily. Papa en fait tout le temps !
— Ouais, ben je suis pas ton père ! grogna Lyra, ses orteils s'agitant nerveusement dans ses chaussures.
— T'as peur ? lança Astrid avec un sourire en coin.
— Évidemment que non ! s'indigna Lyra.
— Alors prouve-le ! défia Erwen, croisant les bras.
Lyra serra la mâchoire. Bon. Très bien. Elle pouvait le faire. Elle était une Malefoy.
— OK, OK… Je vais le faire. Préparez-vous à être épatés.
Elle pencha légèrement le manche, et sentit son estomac faire un tour complet en même temps que le balai. La tête à l'envers pendant une fraction de seconde, elle lâcha un couinement incontrôlé avant que l'engin ne se stabilise brusquement. Son cœur battait à tout rompre et ses mains tremblaient alors qu'elle agrippait fermement le manche.
— C'était... c'était voulu ! déclara-t-elle, la voix un peu trop aiguë pour être convaincante.
Astrid, Lily et Erwen éclatèrent de rire en bas, se tenant les côtes.
— Ouais, bien sûr ! ricana Erwen.
— Ferme-la, Weasley ! grogna Lyra, imitant son père, en essayant de retrouver une contenance.
Le sang affluait et battait dans ses tempes. Elle devait être rouge. Elle entendait au loin, les bribes de conversations des parents, entrecoupés de rire.
— Le flic était énervé, et il ne comprenait rien! Rit quelqu'un.
— Ça, c'est parce que Malefoy essayait de parler français avec son accent pourri! S'exclama une voix masculine.
— C'est Théo ou c'est Ron, qui lui avait vomit dessus déjà? Rit une autre voix qu'elle reconnut comme sa tante Ginny.
Ses cousins l'interpellèrent, lui demandant ce qu'elle faisait, alors qu'elle les voyait encore à l'envers et qu'elle n'osait plus bouger. Maintenant, il fallait qu'elle trouve un moyen de redescendre sans s'écraser au sol, qui était, maintenant qu'elle y pensait de plus en plus loin.
— Euh… Lyra! Cria Erwen, en la regardant, sa main toujours en visière. Faut que tu redescendes.
— Tire le manche vers toi. S'écria Lily, le visage, elle aussi, levé.
Lyra hésita. Elle était arrivée au niveau du deuxième étage de la maison près du toit. Elle dépassait même certain arbres et, si elle continuait comme ça, ses parents finiraient par l'apercevoir au loin. Elle tira légèrement sur le manche. Le balai se rapprocha dangereusement du sol à toute vitesse, alors qu'elle avait encore la tête en bas, sous les cris affolés des trois autre, qui lui criaient de s'arrêter. Arrivée près du sol, Lyra eut le réflexe malheureux de tout lâcher pour se jeter dans le dernier mètre restant. Elle tenta, en retombant, d'atténuer sa chute à l'aide de son bras droit. Le balai s'immobilisa devant les trois autres, alors qu'il la regardait se rouler dans l'herbe en geignant.
Elle tenait son avant-bras contre sa poitrine, retenant des larmes de douleurs qui perlaient aux coins de ses yeux. Ça lui faisait plus mal, encore, que lorsqu'elle s'était tordue la cheville en essayant les chaussures sauteuses de la boutique de farces et attrapes.
Erwen, Astrid et Lily coururent vers elle, inquiet.
— ça va? Demanda Erwen en fronçant les sourcils, le balai à la main et l'étui dans l'autre.
— Je crois que je me suis fait mal poignet. Se plaignit-elle en leur montrant son bras rougi.
— Il faut le dire aux parents. Paniqua Lily, en regardant par dessus son épaule, en direction des rires.
— Non. Supplia Lyra en, les regardant. Je vais me faire engueuler… Et peut-être que je ne pourrai plus faire de balai.
— Ouais, mais ton bras… Commença Astrid, restée en retrait, observant avec inquiétude le poignet de Lyra qui commençait à gonfler.
Têtue, Lyra leur fit promettre de ne rien dire, alors que Erwen l'aidait à se relever. Lily et Astrid rangèrent le balai, et tous les quatre retournèrent à la maison pour remettre l'objet du délit en place. Le jour avait déjà commencé à décliner.
Ils avaient à peine refermé le vestiaire, que sa mère entra dans le hall. Lyra lâcha son bras qu'elle tenait contre sa poitrine et le laissa pendre douloureusement sur son flanc pendant que sa mère leur parlait.
— Ah vous êtes là. Dit-elle en souriant. Je venais vous chercher, Nina sert le dîner.
Ils acquiescèrent tous sans rien dire, attirant la suspicion de sa mère, qui leur demanda ce qu'ils étaient en train de faire.
— Rien. Affirma Lyra, avec un petit sourire. On revenait de la bibliothèque.
— Lyra nous a montré des livres incroyables sur les potions. Ajouta Erwen.
— Et aussi sur les oiseaux de métal. Renchérit Astrid.
— Mmh, les avions ma chérie. Corrigea sa mère, peu convaincue, qui regardait Lily.
Celle-ci avait les oreilles rouges faisant ressortir ses cheveux roux.
— On a ouvert un livre sur l'Arithmancie qui était sur les étagères interdites. Murmura-t-elle sans lever le regard, ayant peur de se trahir.
— Lyra! Gronda gentiment sa mère. Combien de fois je t'ai dit que ces livres n'étaient pas une lecture adaptée?
Ils s'excusèrent platement et la suivirent afin de rejoindre le reste des convives à table. Leurs parents étaient plus que joyeux et Lira grimaça quand son père saisit sa mère par la taille pour l'embrasser goulûment sous les sifflets de leurs amis et la lumière tamisée des bougies flottantes. Elle cacha son bras sous la table, pendant tout le repas, grimaçant à chaque mouvement, sous les regards anxieux de ses cousins. Astrid l'aida à couper sa viande en petit morceaux, et ça sans attirer l'attention des adultes qui étaient occupés à savoir qui de Théo ou Ron avait mangé le plus de toasts lors du dernier bal.
La soirée traîna encore un peu, jusqu'à ce que l'un des jumeaux, qui était monté sur les genoux de sa mère, s'endorme contre elle alors qu'elle caressait ses cheveux blonds. Les adultes commencèrent alors à se lever, enclenchant un interminable rituel d'au revoir : 15 bonnes minutes pour saluer tout le monde, 10 autres pour organiser la prochaine rencontre, 5 pour rassembler les vestes égarées des enfants. Lyra regarda son oncle Blaise qui portait un Idriss endormi dans ses bras, disparaître dans les flammes vertes de la cheminée, les laissant seuls.
— Bon, au lit. Tonna son père joyeusement.
Elle ne demanda pas son reste et s'enfuit rapidement dans sa chambre, son bras caché sous la manche de son pull, lui faisant atrocement mal. Elle grogna et se tortilla pour se mettre en pyjama. Alors qu'elle avait presque réussi à enfiler son haut, sa mère frappa doucement et entra.
— Je venais te souhaiter bonne nuit! Lui dit-elle ses joues encore rougies, et sa robe blanche vaporeuse effleurant le parquet de sa chambre.
Elle l'embrassa rapidement, et lui chuchota en la serrant dans ses bras de ne pas oublier de se brosser les dents. Lyra fit la grimace quand sa mère toucha son bras et celle-ci leva les yeux en pestant gentiment "Ces ados!", ignorant tout de la blessure. Lyra pouvait sentir le parfum floral de sa mère et de légères effluves de vin alors qu'elle empruntait le même chemin pour se rendre à la salle de bain. Elle tenta de se brosser les dents de son autre main mais ne réussit qu'à mettre du dentifrice partout. Pourquoi sa mère insistait tant pour qu'ils utilisent la manière moldue?
Quand elle repassa près de la chambre de ses parents, elle entendit des rires étouffés et un gémissement. Elle accéléra le pas, priant Merlin pour qu'ils jettent un sort d'insonorisation. Elle n'était pas bête, elle avait déjà découvert, par accident, des livres dans la bibliothèque qui expliquaient comment on faisait des bébés. Et surtout, elle avait écouté Teddy, son cousin de 17 ans, raconter en détail comment il avait séduit une jeune femme lors d'un camp de vacances.
La nuit fût horrible. Elle réussit tout de même, à tenir jusqu'au premier prémices du jour, ses yeux se fermant par intermittence sous l'effet de la fatigue. Qu'est ce qu'elle allait dire à ses parents? Elle commença à sangloter dans son lit, fatiguée, quand elle entendit une porte s'ouvrir dans le couloir.
Ça devait être son père, il était toujours levé aux aurores.
— Papa! Appela Lyra d'une voix suppliante. Papa!
Personne ne répondit mais, deux secondes plus tard, un léger coup retentit contre sa porte et son père passa la tête à l'intérieur. Ses cheveux blonds étaient tout ébouriffés et il ne portait que son bas de pyjama.
— Qu'est ce qu'il y a, ma puce? Dit-il d'une voix rauque, encore empreinte de sommeil. Comment ça se fait que tu sois déjà réveillée?
— Je suis tombée, hier soir. Dit Lyra en se mettant à pleurer, ne pouvant plus dissimuler la douleur. J'ai mal.
Elle leva son bras qu'elle tenait contre elle pour que son père puisse le voir. Son père fronça immédiatement les sourcils en s'approchant d'elle.
— Montre-moi ça.
Il s'agenouilla près de son lit pendant que Lyra étendait doucement son bras vers lui, une grimace tordant son visage. Son poignet était enflé, et violacé. En voyant cela, son père inspira brusquement, ses traits se durcissant instantanément.
— Lyra… souffla-t-il, l'inquiétude perçant dans sa voix. Pourquoi tu ne nous as rien dit hier soir ?
— Je… je ne voulais pas me faire punir… bredouilla-t-elle entre deux sanglots.
Il passa une main fatiguée sur son visage en soufflant, avant de lui embrasser tendrement le front et d'essuyer les larmes qui cascadaient sur les joues de Lyra, tout en lui assurant que tout irait bien.
— Saleté de Griffys! Murmura-t-il pour lui-même, en se relevant. Je vais prévenir ta mère. On va à Sainte-Mangouste.
Elle le suivit, ses larmes coulant toujours, dans la chambre parentale et regarda son père tenter de réveiller sa mère endormie.
— Chérie! Chuchota son père, penché au-dessus de sa femme. Hermione, réveille-toi!
— Hmmm, murmura-t-elle sans bouger et sans ouvrir les yeux. Il est quelle heure?
— 6 heures! Répondit son père, en l'embrassant légèrement. Il faut qu'on aille à Sainte-Mangouste. Maintenant!
Sa mère se releva brusquement et le regarda, paniquée.
— Lyra s'est cassé le poignet. Dit-il en désignant leur fille sanglotante, qui attendait près de la porte, le bras serré contre sa poitrine.
— Maman! Pleura Lyra en se ruant en direction de sa mère, grimpant comme elle pouvait sur le lit pour la rejoindre. Je suis tombée hier… j'ai glissé dans la salle de bain.
Sa mère lui demanda aussi pourquoi elle n'avait rien dit, haussant les sourcils, dubitative. Puis, elle serra sa fille dans ses bras en lui murmurant que tout irait bien pendant que son père enfilait un pull et un pantalon. Sa mère avait l'air vraiment inquiète. Elle lui caressait les cheveux et posait de légers baisers sur le haut de son crâne.
— J'y vais avec elle. Dit-il une fois prêt. On déjeunera au retour.
Il embrassa une fois de plus sa femme, et prit Lyra dans ses bras avant de se diriger vers la sortie. Cela faisait au moins depuis ses 7 ans que son père ne l'avait plus portée comme une enfant.
— Alors? Demanda Astrid, le lendemain, pendant qu'ils jouaient dans la cour de l'école pendant la pause. Tu as été puni?
— Non. Répondit Lyra, en lançant sa bavboule. J'ai dit que j'avais glissé dans la salle de bain.
Elle se fit arroser par la petite bille sous les rires d'Astrid et Lily. La fracture de son bras avait été résolue en une journée grâce à son oncle Théo, le père d'Astrid, guérisseur à Sainte-Mangouste. Heureusement qu'elle était une sorcière.
— Et tes parents t'ont crue ? demanda Lily, intriguée.
Lyra haussa les épaules avec un sourire en coin.
— Ma mère m'a regardée comme si elle savait que je mentais… mais elle n'a rien dit. Dit-elle omettant volontairement sa crise de larmes, qu'elle avait eu le matin en se réveillant.
— Et ton père ? ajouta Erwen, qui venait d'arriver. Tu voles encore avec lui, mercredi?
— Oh… Dit-elle un peu gênée. Il m'a dit que finalement, c'était peut-être mieux que j'attende d'entrer à Poudlard pour voler de nouveau.
Astrid haussa un sourcil.
— Wow. T'es officiellement privée de balai jusqu'à la rentrée.
— Techniquement, c'est pas une punition… tenta Lyra.
— Techniquement, si, répliqua Erwen en riant.
Lyra soupira et lança une nouvelle bavboule. Tant pis. Elle trouverait bien une autre façon de défier la gravité d'ici là.
Note:
Si vous aimez, n'hésitez pas à me le dire.
Pour la petite histoire: Au même âge, j'ai voulu faire du roller sans protection, ne tenant pas compte des conseils de mes parents. On avait fabriqué, avec des amis, une rampe au bout d'une longue pente, pour faire un tremplin. Résultat : poignet brisé. J'ai passé la nuit avec, n'osant rien dire à mes parents. Jusqu'au lendemain matin, quand ledit poignet avait triplé de volume et pris une belle couleur myrtille.
