Chapitre 18 : Dernier jour avant les vacances.

Draco avait fait beaucoup d'efforts depuis que sa mère l'avait amené au Terrier. Énormément d'efforts. Il avait pris sur lui sur la qualité du logement, sur le choix de son (ou plutôt ses) fiancés, même sur son investissement dans la guerre!

Il estimait avoir fait sa part de concessions, et était prêt à en faire quelques-unes supplémentaires, en échange de sa protection.

Mais là, vraiment, c'était au-delà de ses forces.

-Jamais, claqua-t-il en tentant de mettre un maximum de dégoût, de mépris et de colère dans sa voix.

-Mais Coco…

-Je vous ai dit d'arrêter avec ce surnom. Et c'est un refus catégorique.

-Tu seras merveilleux là-dedans.

-Plutôt crever.

-Cette tenue va justement t'empêcher d'être blessé, ou pire!

-Je serai à l'écart, à l'abri, je n'ai pas besoin de porter cette horreur!

Il tenait à bout de bras les fripes préparées par l'équipe accessoires et gadgets, à la demande de Ronald. Sauf que l'habit ne pourrait être plus ridicule!

-On dirait des vêtements moldus!

-C'est parce que c'est inspiré des uniformes moldus de combat. Le gilet pare-sort protège des sortilèges mineurs et moyens, les baskets permettent un meilleur déplacement que des bottes. Et le bonnet a le même effet que le gilet et il ne risque pas de s'envoler comme un chapeau. En plus, on a rajouté dessus un enchantement qui rend les visages méconnaissables. Ça va nous aider à conserver l'anonymat de tout le monde.

Draco plissa les yeux et siffla entre ses dents serrés, insistant sur chaque mot:

-Je. Serais. À. L'écart!

-Et – tu – seras – protégé, chantonna Fred en passant le gilet sur les épaules de Draco.

La proximité de son fiancé le déconcentra, à son grand agacement. Depuis qu'il avait vu le torse des jumeaux (et beaucoup trop de parties de leurs corps qu'ils dénudaient «accidentellement» pendant les entraînements), il avait parfois du mal à faire durer sa colère contre eux. Et ces deux énergumènes en jouaient évidemment.

-Je vous accorde qu'au moins, vous êtes restés dans des couleurs sombres…

-Exactement, et cela t'ira très bien.

L'un d'entre eux eut l'audace de lui embrasser la joue. Draco le repoussa sèchement, maudissant son visage pour rougir contre son gré. Ce devait être George, Draco avait remarqué que c'était lui le plus tactile.

-Dépêchez-vous! s'écria Neville plus loin dans la Salle sur Demande.

Draco lui jeta un regard en coin, légèrement jaloux.

Comme les jumeaux, Neville avait pris de l'allure durant la puberté, avec des bras et un dos absurdement musclés en sachant qu'il l'était devenu en soulevant des pots de plantes. Sa tenue moldue faisait particulièrement ressortir la courbe de ses épaules, bien que son torse soit dissimulé par l'épaisseur du gilet.

Contrairement à eux, Draco était tout en longueur, grand et fin. Les quelques muscles qu'il avait gagnés grâce à ses entraînements de Quidditch étaient si discrets qu'ils ne se remarquaient même pas.

Les jumeaux sautèrent devant lui pour lui bloquer la vue vers le leader de l'AD.

-Hey, beau blond, évite de mater quand on est à côté.

-On avait décidé de l'exclusivité mutuelle je te rappelle.

-Sauf si on en discute.

-Mais nous n'en avons pas encore discuté.

Draco leva les yeux au ciel, affirmant avec mauvaise foi qu'il ne matait personne.

-Tant mieux, répondit celui que Draco soupçonna être Fred parce qu'il semblait plus sournois que l'autre.

Granger arriva à leur côté en frappant dans ses mains pour attirer leur attention.

-Allez, les amoureux, arrêtez de flâner. On part dans dix minutes!

-Ça va, ça va, on est prêts…

Draco finit d'enfiler le gilet que George lui avait mis sur les épaules, puis les «baskets» qui ne tenaient pas aux pieds et dont les lacets traînaient.

-Attends, je vais t'aider avec ça.

Un des jumeaux, sans doute George, posa les genoux à terre pour lui attacher les chaussures correctement, avec un nœud étrange (sans doute moldu). Draco se sentit malgré lui assez excité par son fiancé à genoux devant lui, et se força à détourner la tête pour ne pas avoir une réaction inappropriée. En croisant le regard amusé de Fred, il se dit qu'il n'avait pas dû réussir à dissimuler son trouble.

Il lui offrit de nouveau le bonnet immonde que Draco lui arracha des mains.

-J'espère sincèrement que personne ne me verra dans cette tenue, marmonna-t-il tout de même en enfilant malgré lui le vêtement en laine rêche sur ces cheveux soyeux.

-Nous aussi. Cela voudra dire que tu es sauf.

Les jumeaux se détournèrent d'un coup, étonnamment tendus. Draco suivit leur regard pour découvrir Ron passer, accrochant un étrange badge en forme de couronne sur son torse. Son titre de roi lui montait à la tête?

-On revient.

Ils s'éloignèrent vivement afin de rejoindre leur frère.

Comme Draco se fichait des vilains défauts, il obéit à sa curiosité et s'approcha discrètement afin d'écouter leur conversation.

-… Tu n'es pas obligé de le porter.

-Je sais, répondit Ron. Mais c'est moi qui vous l'ai demandé, et je n'ai pas changé d'avis.

-Il fonctionnera sur toutes les personnes ayant un galion de l'AD.

-On te prévient, ça n'attirera pas les sorts les plus puissants.

-Pas d'impardonnable tant que tu n'auras pas trouvé ton miracle.

Ron haussa les épaules. Il s'apprêtait à répondre quand il remarqua Draco. Celui-ci fit semblant de rien et s'éloigna d'une démarche innocente. Merde, il n'avait pas compris de quoi ils parlaient, il avait dû interrompre son espionnage trop tôt.

-Tout le monde est prêt? cria Neville en brandissant sa baguette.

Un concert de «ouaiiiiis!» retentit.

Sur les trente membres de l'AD, quinze participaient à la mission. Draco se demandait encore ce qui lui avait pris de décider d'en faire partie. Il se refusait de penser que c'était pour protéger ses fiancés. Il préférait se dire qu'il collaborait pour augmenter les chances de ramener Potter. Le balafré était, après tout, le meilleur moyen de garantir la victoire du camp que sa mère avait choisi pour lui.

.

Au début, Bill ne les avait pas vraiment pris au sérieux. Par principe, il ne prenait jamais au sérieux les jumeaux avant qu'ils ne lui aient affirmé au moins deux fois que ce n'était pas une blague.

Cette fois-ci, cependant, il avait eu besoin d'une troisième confirmation avant de les croire, tant leur histoire était abracadabrante.

Et pourtant, il était là, sa baguette à la main, habillé par l'étrange costume fourni par Fred et Gorge. Il était accompagné d'une petite dizaine d'adolescents aux postures déterminées, ainsi que Sirius Black et Remus Lupin qui étaient restés silencieux depuis leur arrivée sur place.

Bill coula un regard à son plus jeune frère, qui observait la bâtisse à l'aide d'un sort de longue-vue. Il était intrigué de la manière dont personne ne bougeait, la tête tournée vers lui, attendant son top départ avant de faire quoi que ce soit. Les jumeaux l'avaient plus ou moins prévenu, mais Bill avait du mal à croire que Ron soit si influent au sein de sa bande, y compris auprès des plus âgés.

-Le manoir a l'air vide. Tout est calme en tout cas.

-Tu as repéré des animaux? demanda Hermione Granger, sa meilleure amie.

-Un écureuil sur un arbre à côté, deux pigeons sur le toit.

-Ça doit vouloir dire que la dose de magie noire utilisée à l'intérieur du bâtiment est minime, sinon ils ne se seraient pas approchés. Donc Voldemort ne doit pas y être.

Bill sursauta en entendant le nom tabou, et fut stupéfait de constater qu'il était le seul à y réagir. Il n'y avait même pas eu un frisson chez les plus jeunes.

-L'équipe précision est en place? demanda Ron en enlevant son sort de longue-vue.

Hermione consulta rapidement son galion avant de confirmer.

-Parfait. Bill, fais tomber les barrières.

-Ça marche.

Il brandit sa baguette devant lui et ferma les yeux, désactivant les alarmes une à une avant de s'attaquer aux protections elles-mêmes. Il lui fallut au moins quinze minutes pour y arriver. Pendant ce temps, aucun de ses accompagnants ne fit le moindre bruit pour le déconcentrer, armés d'une patiente qu'il n'aurait pu que leur envier au même âge.

-Elles sont tombées, finit-il par leur dire.

Il rouvrit les yeux pour voir Ron lever le poing. Les neuf gamins se redressèrent comme un seul sorcier pour avancer vers la bâtisse, connaissant parfaitement les rôles qu'ils avaient à tenir.

À quelques pas de la porte, Neville jeta une grosse poignée de graines derrière eux, puis ils se positionnèrent à l'entrée. Ils se lancèrent à tous un sortilège de désillusion. Seuls trois pénétrèrent dans le manoir.

Bill n'en faisait pas partie.

Il ne put que prier pour que tout se passe bien à l'intérieur…

.

Hermione lança un lourd regard à Ron, sur le palier du manoir. Elle savait à quel point ça lui coûtait de rester à l'extérieur, lui qui avait toujours été aux côtés d'Harry et Hermione malgré les dangers. Mais il avait conscience que la place idéale pour lui était ici, à protéger l'entrée. Il lui offrit un hochement de tête puis elle pénétra à l'intérieur du bâtiment.

Remus, Ginny et elle avançaient côte à côte, baguettes fermement tenues en main. Ils s'étaient pour le moment contentés d'avoir recours à la magie sans baguette, à part ceux qui étaient majeurs, mais cela pourrait ne plus suffire.

Tant pis pour l'utilisation de la magie en dehors de Poudlard. S'ils se faisaient attraper en sauvant Harry, le sacrifice en vaudrait la peine.

Ils étaient attentifs au moindre bruit, à la moindre fluctuation de l'air alors qu'ils suivaient les couloirs dont ils avaient appris le plan par cœur. Au fond, à gauche, puis à droite, la deuxième porte qui donnait sur l'escalier descendant dans les combes.

-Je sens Harry, signala Remus en humant.

La présence du loup-garou était un atout que Ron avait parfaitement mis en valeur dans sa stratégie. Il était là pour repérer Harry et ses connaissances en magie noire et en DCFM les aideraient pour défaire les éventuelles protections posées sur la cellule.

Aux pieds de l'escalier s'ouvrait un couloir étroit et plongé dans l'obscurité. Le sol était en terre battue, et les murs en pierre dépourvus de fenêtres. Seul le lumos de Remus éclairait leur chemin. Ils avancèrent de quelques pas avant qu'une forte puanteur parvienne même aux adolescents qui froncèrent le nez de dégoût.

-Qu'est-ce que c'est que ça? grogna Ginny en plaquant une main sur son visage.

-On dirait l'odeur des égouts en été, marmonna Hermione.

-C'est une odeur de potion, signala Remus. Restez concentrées.

Ils atteignirent une petite porte en bois, qui semblait particulièrement détériorée et moisie. Le lumos faisait cependant luire la surface d'une barrière.

-Magie noire? interrogea Hermione.

-Magie noire, confirma Remus. Reculez-vous.

Si Hermione obéit, Ginny refusa d'en faire de même. Elle comptait bien rester en première ligne jusqu'au bout et aider son ancien professeur en cas de soucis.

Celui-ci brandit sa baguette et commença à incanter, les yeux fermés et les mains s'agitant en gestes complexes. Les deux jeunes filles s'échangèrent un regard anxieux et attendirent. Cela ne dura cependant pas longtemps avant que la voix de Remus ne s'élève à nouveau, sur un ton qui n'augurait rien de bon:

-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que je devrais pouvoir finir de briser la barrière en une dizaine de minutes.

-Et la mauvaise? demanda Hermione.

-Je viens de déclencher une alarme qui a sûrement alerté Voldemort.

Ginny lâcha le juron le plus grossier de son vocabulaire alors qu'Hermione sortait aussitôt son galion de sa poche.

-Je préviens les autres. Dépêchez-vous, professeur.

.

-On a un problème, marmonna Ron en lisant le message de son galion. Ils vont arriver.

Ils échangèrent tous un regard anxieux, puis levèrent leur baguette ou leurs mains vides, se mettant en position.

-Équipe de protection, en première ligne. Enchantement d'envergure et métamorphoses, derrière. Runes et gadgets, préparez vos activations. Neville, sens-toi prêt à stimuler tes graines quand il le faudra.

Tout le monde obéit sans plus attendre. Ils fouillaient les alentours des yeux en craignant l'apparition d'une armée de mangemorts, de loups-garous en folie ou même de géants désireux de leur écraser la tête à coups de massue. Beaucoup tremblaient d'excitation et de terreur mêlées. À part une minorité, il s'agirait aujourd'hui de leur premier combat.

D'un geste déterminé, Ron activa le badge confectionné par les jumeaux sous leurs œillades désapprobatrices.

-Pourquoi ils n'arrivent pas? marmonna nerveusement Seamus. Ils devraient déjà être là non? Ils ne considèrent pas ça comme une urgence? Vous croyez qu'ils ont transplané directement à l'intérieur?

-Tais-toi Seamus, grogna Dean dont la baguette tremblait. Tu me stresses!

-Restez sur vos…

Sirius n'eut pas le temps de finir sa phrase d'une série de «pop» caractéristique retentit à quelques mètres d'eux, de l'autre côté de zone anti-transplanage. Les mangemorts étaient arrivés.

Une slave d'éclairs colorés fonça sur eux presque aussitôt, mais l'équipe de protection était prête. Des dizaines de boucliers se formèrent en un instant et interceptèrent tous les sorts qui furent déviés voir tout simplement absorbés.

-Attaquez! cria Neville.

Filant entre les protecteurs, les sortilèges jaillirent à leurs tours, tandis que les runes étaient activées les unes après les autres, amplifiant la magie de leurs alliés. En dehors des personnes majeures, beaucoup n'avaient plus besoin d'utiliser leurs baguettes. D'autres, cependant, s'étaient d'ores et déjà exposés et devront s'attendre à recevoir une lettre du ministère.

La mission avait donc intérêt à être une réussite!

Entre les incantations hurlées et les charmes explosant dans tous les sens, il était difficile de savoir qui prenait le dessus et si l'AD arrivait à faire le moindre dégât. Ils n'avaient aucune visibilité, à la grande frustration de Ron qui ne pouvait pas adapter sa stratégie sans cela. Il aurait dû y penser avant. Il avait été stupide!

-Les jumeaux, vous n'avez pas des yeux à rallonge, qu'on voit ce qu'il se passe d'en haut? cria-t-il derrière lui.

-Non! répondit l'un d'entre eux en réponse à quelques pas de lui.

-Mais moi, j'ai mieux!

Ron glapit de surprise quand il sentit la terre trembler sous ses pieds avant qu'il ne décolle littéralement du sol.

Un wingardium leviosa, compris Ron quand Lee lui fit un clin d'œil. Ça lui rappelait des souvenirs de première année, mais aujourd'hui, c'était lui et non pas une massue qui était visée!

Une fois au-dessus de la foule, il eut un meilleur panorama de la scène.

Ils n'étaient que six! Six mangemorts contre eux tous, et ils tenaient juste le coup sans percer les défenses adverses. Et dire qu'au ministère, l'AD était en sous-nombre et avait quand même réussi à leur tenir tête…

Comme Ron semblait exposé, à flotter ainsi en l'air, il fut particulièrement visé par les ennemis. Heureusement, ses sorts étaient bien en place, les bras croisés devant lui. Toutes leurs attaques rebondissaient contre ses boucliers, même les plus puissants. Colin clama «Weasley est notre roi!», emballé par ses prouesses. Les mangemorts s'acharnaient tant que ceux en bas avaient un peu de repos et pouvaient renforcer leurs protections.

Il était temps de passer à l'étape supérieure.

Les yeux bleus de Ron parcoururent une dernière fois ses adversaires avant de crier à Lee de le redescendre.

-Alors?

-Prévenez les sortilèges de précisions: ils entrent dans la danse.

.

-Il nous dit de détruire ces déchets, annonça Draco en se préparant.

-Il n'a pas utilisé ces termes, fit remarquer Luna en regardant elle aussi son galion. Mais oui, c'est à notre tour.

-Arrosons-les tous d'un coup.

Luna ferma un œil et tira la langue pour se concentrer, son sortilège de longue-vue repérant les six cibles et analysant les points faibles de leurs postures et de leurs défenses. Elle lança une incantation, une deuxième et une troisième, imitée par ses compagnons.

Incapables de prévoir l'arrivée de l'attaque, les mangemorts se retrouvèrent tous pétrifiés sans tarder.

-Oh, s'exclama-t-elle, surprise. C'était plus facile que je ne le pensais.

Elle observa avec un sourire doux Ron et ses amis se précipiter pour ligoter leurs ennemis et leur retirer leur baguette. Ron avait l'air ravi, il frappa dans la main de Seamus avec satisfaction. Le sort de longue-vue déformait un peu les proportions, mais il était toujours aussi mignon de ce point de vue. Elle était heureuse qu'il n'ait pas mis de brouilleur d'identité, comme c'était le cas des autres, juste pour avoir le plaisir de voir son visage victorieux.

Une aura sombre près d'elle la sortit de sa contemplation, et elle se tourna vers Draco. Il semblait particulièrement préoccupé.

-Que se passe-t-il?

-Mon père aurait pu être parmi eux. D'ailleurs, j'aurais pu être parmi eux aussi.

Luna lui tapota aimablement le bras.

-Heureusement que tu as eu de gentils fiancés pour t'échapper de là dans ce cas.

Il grogna ce qui devait être un «c'est vrai qu'ils sont très gentils et que je les aime fort». Du moins, c'est ainsi que Luna décida d'interpréter son marmonnement.

Une autre aura attira l'attention de Luna, mais ce n'était pas une simple baisse de moral cette fois. Elle se crispa et élargit sa vision pour parcourir la plaine des yeux. Son cœur battait de plus en plus vite, et sa main libre se reserra sur le galion. Quelque chose était sur le point de se produire. Quelqu'un était arrivé. Quelqu'un de très mauvais. Un grand danger approchait…

Elle sortit sa baguette. Elle n'allait probablement plus pouvoir se contenter de magie instinctive.

Comme s'ils avaient eux aussi remarqué qu'il se passait quelque chose, les camarades de Luna se remirent en position, observant la plaine entourant le manoir avec attention.

Ils ne virent rien du tout avant qu'une explosion dorée frappe l'équipe restée en bas, faisant crier Luna.

Elle se redressa, le cœur battant à tout rompre, mais s'immobilisa.

Ron s'était dressé entre le groupe et le sort, les avant-bras croisés devant lui et le visage fermé. Le sol face à lui était brûlé et dégageait une fumée sinistre. S'il n'avait pas réagi à temps, Luna n'osait pas imaginer les conséquences d'un tel maléfice sur ses amis.

-C'est Tu-Sais-Qui, murmura Susan à sa droite.

Luna le chercha du regard et fini par trouver le mage noir. Enveloppé dans une grande cape vert sombre dont la capuche était remontée sur son crâne, il avançait à pas lents, sa baguette bien visible entre ses doigts blancs et maigres.

-Qu'est-ce qu'on fait? demanda Hannah avec hésitation. On l'attaque?

-Il risque de nous repérer, s'inquiéta Susan. N'intervenons que lorsqu'il sera occupé avec les autres.

Luna regarda son galion avec angoisse. Toujours pas de nouvelles de Harry.

Voldemort s'immobilisa. Il dit quelque chose, à laquelle Sirius et Ron répondirent, mais le sortilège de longue-vue n'était pas accompagné d'oreilles à rallonge, les empêchant donc d'entendre ce qu'ils racontaient.

Vu l'air furieux de Sirius et Ron, cependant, elle doutait que la conversation soit agréable. Ça n'était pas étonnant: le mage noir devait manquer de vitamine, ça le rendait malaimable.

-Il attaque!

Une lumière rouge fonça sur Sirius, mais fut déviée au dernier moment pour se précipiter sur le bouclier de Ron. C'était comme si Ron avait attiré la magie à lui!

-Qu'est-ce qu'il s'est passé? s'exclama Susan, les yeux écarquillés.

Sirius aussi semblait stupéfait. Ron, cependant, fit un pas en avant, le visage déterminé. Il parla encore, et Luna se sentit extrêmement frustrée de ne pas savoir la teneur de ses propos.

Puis soudain, le chaos se déversa devant le manoir: les adolescents, Bill et Sirius se mirent tous à attaquer en même temps. Voldemort n'était pas en difficulté pour autant, ne cherchant même pas à esquiver les sorts qui étaient tous absorbés par son bouclier.

-Aidons-les! s'exclama Hannah.

Les quatre membres de l'équipe de sortilèges de précision se jetèrent dans la bataille à leur tour, s'efforçant de déstabiliser Voldemort. Mais la barrière du mage noir l'encerclait de toute part, comme une sphère protectrice qui n'avait pas de faille dans laquelle se glisser. Il ne leur fit même pas l'honneur de tourner la tête dans leur direction, comme s'ils ne représentaient absolument pas une menace.

-Oh non!

Voldemort levait sa baguette, et une lueur verte y brillait déjà.

-Il va jeter l'avada!

Ils redoublèrent tous d'efforts pour tenter de percer les défenses, en vain. Il rejetait son bras en arrière, incantant l'impardonnable…

Son poignet fut bloqué avant qu'il ne puisse le lancer en avant.

Une liane avait jailli du sol, passant à travers le bouclier comme s'il n'existait pas, et s'enroulait autour du bras et des jambes du mage noir stupéfait.

-Bravo Neville! cria Hannah même si le Gryffondor ne pouvait pas l'entendre.

-Hermione est sortie du manoir!

Luna tourna vivement la tête vers la porte du bâtiment pour effectivement voir la jeune fille apparaître. Elle faisait de grands gestes en disant quelque chose.

Aussitôt, les autres utilisèrent leur portoloin d'urgence.

-Ils ont réussi!

-On s'en va!

Hannah et Susan furent aspirés par leur portoloin, mais Draco et Luna s'attardèrent. Ce n'est qu'une fois que les trois Weasley eurent disparu qu'ils activèrent le leur.

.