Joyeux Anniversaire Akhma !
Merci pour ton accueil, ta bienveillance, ton ouverture d'esprit et ton énergie. Je me suis privée longtemps de la compagnie de personnes qui me ressemblent et vous trouver, toi et tant d'autres sur PF, est une libération à laquelle tu participes grandement.
Je tiens à profiter de cette note pour adresser un énorme merci à Lyashura qui a passé autant de temps à bêta-lire ce texte que moi à l'écrire. J'hésite encore à te mettre en co-autrice, Ashu, tu as fait un boulot de dingue et en plus pendant une période stressante et chargée. Merci, tu es un ange
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Tags: Alternate Universe - Supernatural Elements ; Wolfstar ; no magic ; But still magic ; Demons ; Werewolf Remus Lupin ; Hunter Sirius Black ; Hunter Remus Lupin ; Pining ; hardcore pining ; Remus is pining so hard ; Sirius too but for once he's not a dramaqueen about it ; Classic Cars ; Jaguar XJ6 ; firearms ; Wraith ; Fucking Witches ; Snow ; Everybody's bloody freezing ; Blood and Injury ; Graphic Description of Sirius's Smell ; Other Additional Tags to Be Added
Note : Ce texte est un Wolfstar (Sirius Black / Remus Lupin) situé dans un univers alternatif de la série TV Supernatural.
Important : Les bug répétés et les difficultés de mise en page de FFNET poussent la communauté des autrices et auteurs de fanfiction à déménager sur AO3. J'en fais partie. Je comprends que, pour nous qui connaissons FFnet depuis plus de vingt ans, la transition soit difficile. Mais je vous assure que les bénéfices d'AO3 (système de Tag hyper performant, grande liberté de mise en page, communautés et collections) sont largement à la hauteur de l'effort à fournir pour s'adapter à son fonctionnement.
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Chapitre 1: Magnétar
[Un magnétar, une étoile magnétique, ou une magnétoile selon la dénomination officielle en France, est une étoile à neutrons dont le champ magnétique est extrêmement intense et qui émet un rayonnement électromagnétique de haute énergie (rayons X et rayons gamma)]
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22 décembre 1986
Les boots de Sirius crissèrent dans le givre. Le fusil jeté sur l'épaule, il balaya du regard le cimetière où l'humidité ambiante scintillait sous la demi-lune. L'ombre d'arbres nus s'agitait dans le murmure d'une brise glacée, comme des doigts spectraux sur les pierres tombales. Au loin, il pouvait percevoir la mélodie d'une chorale de Noël. Il renifla, un sourire aux lèvres, puis un bruit sourd lui fit tourner les yeux vers Remus.
— Putain. Pas dommage, grogna son coéquipier.
Il pouvait à peine le discerner dans la pénombre. Sa tête et ses épaules dépassaient de la fosse qu'il était en train de creuser, mais avec sa taille, cela signifiait que le cadavre qu'ils cherchaient avait été enterré très profondément. Sirius n'était pas surpris, vu le personnage. Même si la précaution s'était révélée inutile.
Un choc de métal contre le bois s'éleva dans la nuit. Sirius reprit correctement son arme et sa surveillance des environs, aux aguets. Derrière lui, Remus brisa le cercueil avec quelques jurons qui feraient frémir sa mère. Le chant guilleret d'enfants frigorifiés s'éteignit.
Un chuchotement dans le vent le fit pointer son canon vers une statue d'ange. Il garda les yeux grands ouverts, à l'affût du moindre mouvement. En expirant un souffle vaporeux, il étendit ses perceptions au-delà du plan où son corps se trouvait. Par habitude, il ignora l'alerte que lui lançaient ses instincts au sujet de l'immense menace dans son dos.
—S'il me touche, Sirius, je te-
—Shhhhh…
Les coups dans les planches du cercueil se poursuivirent. Leur écho se réverbéra dans le cimetière, tel un tambour funèbre. Une plainte s'éleva depuis un caveau dont les murs pâles attrapaient les rayons de lune, mais Sirius se désintéressa d'elle aussi. Ce n'était pas leur cible.
Depuis la tombe, Remus jeta sa pelle qui s'écrasa avec un bruit mat sur un monticule de terre. Il l'entendit saisir son sac et le fouiller en marmonnant entre ses dents.
—Sel, l'informa-t-il avant de commencer à le répandre sur les ossements.
Une nouvelle alerte dans l'air, un frémissement sur un autre plan, la chorale qui reprenait, plus proche. Sirius posa son doigt sur la gâchette, banda son bras pour accuser le recul. Son nez était glacé, il était grand temps qu'il enfile plus qu'un T-shirt et une veste en cuir pour sortir dans l'hiver anglais. Il frissonna puis raffermit sa prise.
Une forme grisâtre se matérialisa à quelques pas de lui. Elle portait une soutane en lambeau et son visage était déformé par la haine. Une faucille tremblait au bout de ses doigts émaciés. Sirius tira et la transperça d'une pluie de gros sel.
—Bordel de-, gémit Remus.
—Désolé, murmura Sirius, ses propres oreilles sifflantes.
Le spectre avait disparu. Sirius arma la cartouche suivante et reprit une lente rotation pour surveiller les alentours de la tombe.
—La barre de fer marche bien, aussi, lui fit remarquer son coéquipier.
Il n'avait pas tort. Pur, le métal repoussait bien plus longtemps les fantômes que le sel. Il avait en plus l'avantage de ne pas ruiner son ouïe déjà malmenée par des années d'utilisation d'armes à feu.
—La barre de fer me gèle les mains et impliquerait que je le laisse approcher, nota-t-il néanmoins.
—J'ai trouvé ton cadeau de Noël…
—Une lance? railla-t-il.
—Des gants, renifla Remus avec moquerie.
Il s'extirpa de la tombe et ramassa son sac au bord du trou avant de reprendre la parole.
—Prêt pour la flambée?
—Prêt.
Le spectre ressurgit juste devant lui, la faucille au-dessus de la tête. Dans un réflexe malheureux, Sirius tenta de lui donner un coup de crosse qui lui passa à travers. La lame courbe fendit le cuir de sa veste et entailla son bras. Avec un grondement terrible qui éteignit tous les autres sons de la nuit, Remus le poussa hors de portée du spectre. Sirius s'écroula dans l'herbe gelée, roula sur lui-même et tira.
—Ahh! Putain! s'exclama Remus en se tenant le torse alors que le fantôme disparaissait à nouveau.
—C'est du sel!
—Du sel à haute vélocité!
—Pardon, pardon, j'aurais dû le laisser te trancher la gorge, rit Sirius en se redressant sur un coude.
Remus baissa sur lui un regard d'or luisant, sa lueur surnaturelle amplifiée par l'abaissement des barrières mentales de Sirius. Ses instincts hurlèrent et ses poils se hérissèrent le long de son épiderme frigorifié. Son compagnon frotta son pull en avalant sa salive, les narines frémissantes, puis tendit la main pour l'aider à se relever. Sirius l'accepta au mépris du tumulte intérieur de son sixième sens.
Il relâcha sa paume brûlante une fois debout, éjecta la cartouche vide de son arme et en extirpa deux nouvelles de la poche de son jean. D'un geste automatique, il les inséra dans le fusil dont le canon fumait encore.
—Ne dis pas à ta mère que j'ai tiré deux fois sur un prêtre, plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère en scrutant le cimetière.
—Si tu lui dis pas que j'ai creusé une tombe pour profaner un cadavre, rétorqua Remus avec un rire.
Il sortit du produit accélérant de sa besace et, le nez ostensiblement bouché, en arrosa les ossements.
—Si elle savait à quel point c'est banal, pour toi… pouffa Sirius.
Remus ricana, puis tira un Zippo de sa poche.
—Vraiment prêt, cette fois?
—Vraiment prêt, sourit-il dangereusement.
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Remus renifla la manche de son pull et esquissa une grimace écœurée. Sirius roula des yeux en refermant le coffre de la XJ6.
—Trop mort pour toi? demanda-t-il alors qu'il contournait la Jaguar pour atteindre la place conducteur.
—De quelques siècles, je dirais, acquiesça Remus.
Le père Jacob n'était décédé que cent quarante-six ans plus tôt, mais Sirius lui passa ce détail. Il savait comme le parfum de la mort perturbait ses sens, qu'il soit attirant par son sang encore chaud, ou répugnant par sa décomposition. Il était infiniment soulagé que ses propres capacités surnaturelles ne touchent pas son odorat.
Ils se glissèrent dans la voiture, où Sirius se frotta les mains pour les réchauffer et où, comme de coutume, Remus grommela du manque de place pour ses jambes.
—Tu sais ce qu'il te faut? lança Sirius alors qu'il introduisait la clé dans le contact.
—Une douche et un cul bien chaud, lâcha Remus avec sérieux en bouclant sa ceinture.
Il se figea de stupeur, les yeux écarquillés comme s'il ne pouvait croire avoir dit une telle chose. Sirius s'étrangla de rire alors que sa queue se contractait dans son jean. L'amusement et l'excitation s'effacèrent néanmoins vite face à son amertume. Ce n'était pas de lui qu'il parlait. Son sourire s'affaissa légèrement, mais il le garda en place par la force de l'habitude.
—Intéressant, approuva-t-il avant de baisser le frein à main. Mais j'allais plutôt dire un steak saignant et une pinte bien fraîche.
—Ahhhh, émit Remus, les yeux clos et l'arrière du crâne posé sur le haut de l'appui-tête. N'en dis pas plus… Roule.
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Le bar de Marlène avait beau être familier, il fallait de longues minutes à Remus pour ne plus être tiraillé par les odeurs qui l'imprégnaient. Il était tentant de se concentrer sur celle, orageuse, qui émanait toujours de Sirius, qu'importe s'il sentait aussi la poudre et les os brûlés. Mais la saveur de son sang tapissait ses papilles aussi sûrement que s'il avait léché l'entaille sur son bras. Les relents de vieille bière, de graisse et de transpiration étaient exactement ce dont il avait besoin pour détourner son attention.
Il maintint un souffle court et son cœur affolé par la faim s'apaisa un peu en voyant Lily assise au bar, penchée sur des journaux. Il ignora les regards méfiants qui se posaient sur lui et suivit Sirius jusqu'à leur table habituelle. James, déjà installé, leur adressa un sourire radieux. Il agita son bras plâtré, résultat d'un échange violent avec un tulpa qui avait eu raison de ses talents de divination et de la musculature dont il était si fier. À côté de lui, Peter pencha la tête pour éviter un coup et leva le nez de son comics. Le dernier X-Men, à vue d'œil. Il fallait qu'il le lui emprunte.
—Déjà rentrés? s'étonna James alors que Remus se glissait sur la banquette en face de Peter.
Il concentra son attention sur le parfum du papier neuf qu'il tenait entre ses mains.
—C'était un spectre, répondit Sirius avec un haussement d'épaules, toujours debout. On enquête, on creuse, on brûle.
—Un lundi comme les autres, renchérit Remus.
—Nous sommes mardi, lui fit remarquer Peter, amusé.
—Un mardi comme les autres, se corrigea-t-il avant de s'adresser à Sirius. Va te faire soigner, toi.
Sirius lui offrit un salut militaire dégoulinant de sarcasme, puis tourna les talons pour se diriger vers Lily. Une bonne partie du bar le suivait des yeux et il contint un grondement irrité. Qu'ils surveillent Remus du coin de l'œil jusqu'à la fin de ses jours tombait sous le sens: il était l'une des créatures qu'ils traquaient. Qu'ils se méfient toujours de Sirius n'était cependant pas justifié. Ça faisait dix ans qu'il avait quitté sa famille pour rejoindre les Potter. Dix ans qu'il chassait à leurs côtés, en prenant soin de ne jamais marcher sur leurs plates-bandes. Il était l'un des leurs.
Remus balaya la salle des yeux alors que les regards convergeaient sur lui. Il expira lentement par le nez. Qui croyait-il berner? Le nom Black n'était pas la seule chose qui les empêchait de traiter Sirius comme l'un des leurs. Son association à un loup-garou, même pris sous l'aile des Potter depuis l'adolescence, était suffisante pour les inquiéter.
—Il s'est blessé? demanda James, soucieux.
—Une entaille au bras, rien de grave.
—Vous avez dû foncer pour rentrer… Pourquoi ne pas rester là-bas pour la nuit?
—C'était juste à deux heures d'ici…
Deux interminables heures à saliver, torturé par l'odeur du sang de Sirius, et sans aucune place pour étendre ses jambes. Remus n'aurait pas tenu si la Lune avait été un peu plus pleine. Mais Sirius savait à quel point il détestait dormir à l'hôtel, dans ces chambres à la propreté douteuse et au fumet des milliers d'occupants précédents. La perspective de retrouver son territoire l'avait aidé à garder ses crocs pour lui.
Depuis le bar, Lily lui adressa un sourire et un signe de la main, auxquels il répondit avec affection. La réputation des Potter, la plus célèbre famille de chasseurs de Grande-Bretagne, était un gage de sûreté pour Sirius et lui dans cet établissement. La suspicion envers eux perdurait, mais la présence d'alliés comme James, Peter, Marlene et Lily la rendait moins inconfortable.
Alors qu'il détournait le regard de Sirius en train de discuter avec la jeune coordinatrice de missions, ses yeux croisèrent ceux, perçants, de Shacklebolt. Il lui adressa un hochement de tête tendu que l'homme lui rendit avant de retourner à sa bière. Il savait que Kingsley lui laissait le bénéfice du doute… Mais il savait aussi qu'il le gardait à l'œil. De tous les habitués des lieux, il était celui qui avait le plus de loups-garous sur son tableau de chasse.
Une odeur de viande fraîche l'interpella avant que Marlene, un bonnet de Noël sur la tête, n'apparaisse dans son champ de vision. Un large sourire aux lèvres, celle qui gérait le bar pour les Potter déposa une assiette de tartare et un panier de frites fumantes devant lui. Un rire grinçant lui échappa, entre reconnaissance et embarras. Dieu qu'il détestait manger à la vue devant tous ces gens, mais Dieu qu'il avait faim.
—Merci Mar', la remercia-t-il néanmoins en acceptant les couverts qu'elle lui tendait.
—Bon app'! Quand tu auras fini, Lily a un contrat pour vous.
—Déjà?
La fièvre du Sabbath et de Samhain était terminée depuis plusieurs semaines. La période était propice aux conjurations: les apprenties sorcières invoquaient plus qu'elles ne pouvaient maîtriser et les confirmées en profitaient pour accomplir leurs vengeances sanglantes. Les fêtes de fin d'année, elles, étaient habituellement plus détendues.
—Vampires? supposa James en lui piquant une frite.
Remus le foudroya du regard, mais son ami se contenta de lui offrir un clin d'œil en échange. Il avait de la chance qu'il l'aime, sinon il lui aurait bouffé le doigt. Il enfourna une pleine fourchette de bœuf cru et toutes les alarmes qui saturaient ses sens s'estompèrent.
—Démons, murmura Marlene avec une grimace.
Remus gronda assez fort pour que le chasseur assis derrière James se tende.
—Regarde, Pete, chuchota ce dernier en se penchant vers son coéquipier. Il a allumé les guirlandes de Noël.
Peter se mordit les lèvres alors que Marlene pouffait, les mains enfoncées dans la poche ventrale de son tablier. Remus ferma les yeux, le front plissé, et s'efforça de contrôler la lueur surnaturelle de son regard. Il mâcha quelques instants, puis rouvrit les paupières. Le soupir déçu de James fut tout ce dont il eut besoin pour confirmer qu'il avait réussi à se maîtriser.
—On avait dit qu'on ne mettait plus Sirius sur les démons, fit-il remarquer avec un coup de fourchette dans son assiette.
La probabilité pour qu'ils tombent sur un membre de sa famille déjà sur place était trop grande. Les Black se fichaient des autres chasseurs. Oh, ils étaient efficaces, mais ils se moquaient des cadavres qu'ils laissaient dans leur sillage. La sécurité des victimes et de quiconque sur leur route était moins importante que l'accomplissement de ce qu'ils considéraient être leur mission divine. Malgré les années, la terrible réputation de ces fanatiques collait toujours à la peau de Sirius et Remus détestait l'idée qu'il croise ses cousines sur le terrain.
Ou pire, son frère.
—Je sais… souffla Marlene. Mais c'est potentiellement un gros morceau.
Remus grinça des dents, puis enfourna une nouvelle bouchée de viande. Le regard de la moitié du bar sur lui hérissa les cheveux sur sa nuque. Il était si tentant pour les Potter d'assigner Sirius à ce genre de mission. Les démons restaient sa spécialité. Il avait été biberonné à l'eau bénite et avait écouté des exorcismes en guise de contes pour dormir. Sa nature l'empêchait d'être lui-même possédé. Alors que le commun des mortels devait attendre qu'ils révèlent leurs yeux voilés de noir, Sirius était capable de les identifier au premier regard.
Mais les Black n'hésiteraient pas à tuer Remus s'il se mettait en travers de leur chemin. Bellatrix n'était pas passée loin de l'éborgner deux ans plus tôt et la cicatrice laissée par sa lame d'argent barrait toujours son visage.
La décision ne lui appartenait pas, néanmoins. Même parmi sa famille de cœur, il n'avait pas vraiment voix au chapitre. Il était une de leur proie, dressée comme un toutou. Avec bienveillance, certes, mais forcé de suivre leurs ordres.
Pourvu que Sirius refuse.
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23 décembre 1986
Petrichor et sous-bois. Bien que délicieuse, l'odeur de leur appartement ne fut d'aucun réconfort à Remus. Seule l'heure tardive l'empêcha de claquer la porte derrière lui. La vue des décorations qu'ils avaient installées avant de partir alimenta un peu plus son agacement: c'était stupide, ils n'allaient même pas être là pour fêter Noël.
Sirius alluma le petit sapin dans le coin du salon et Remus renifla avec dédain.
—Je ne peux pas leur dire non.
—Bien sûr que tu peux, cracha-t-il, planté au milieu de la pièce.
Une guirlande pendue entre les poutres frôlait ses cheveux et il se retint de l'arracher.
—James est hors service et les autres sont nuls à chier face aux démons, fit remarquer Sirius en se débarrassant de sa veste en cuir.
Il la lâcha sur le fauteuil défoncé qui leur servait de porte-manteau. Ses bras nus et son bandage attrapèrent la lumière dorée du sapin.
—Comme s'ils allaient envoyer James… marmonna Remus avec humeur.
Il retira son manteau et son écharpe et retroussa les manches longues de son T-shirt. Il ne savait pas si c'était sa colère ou les radiateurs qui déconnaient, mais il faisait une chaleur à crever dans l'appartement.
—Tu sais qu'ils le feraient, rétorqua Sirius, appuyé contre la table encombrée de livres anciens et de journaux. Il n'a eu aucune vision de toute façon.
Remus souffla, moqueur. Il savait que les prémonitions de James étaient réelles, mais elles lui semblaient parfois bien pratiques pour esquiver des contrats.
Non, c'était injuste… Son meilleur ami était le premier à foncer dans le tas si on appelait à l'aide. Il les aurait accompagnés s'il n'avait pas craint d'être un poids mort avec son bras blessé. Pete n'était pas un combattant et son expertise en sorcellerie ne leur serait pas d'un grand secours face à un démon. Son commentaire vis-à-vis des Potter était injustifié, lui aussi. Ils avaient élevé James pour qu'il leur succède, pas pour qu'il fanfaronne accoudé au bar. Bien sûr qu'ils l'auraient envoyé s'ils l'avaient pu. Ils aimaient Sirius. Ils aimaient Remus. Ils devaient cependant agir de façon stratégique et Sirius était ici leur meilleur atout.
—On aura Dearborn et Shacklebolt en soutien, de toute façon, poursuivit ce dernier en croisant les bras sur son torse.
—Génial, l'un en a après ton cul, l'autre après ma peau.
Sirius roula des yeux avec un soupir amusé. Son parfum électrique s'intensifia et la hargne de Remus flamba. Pourquoi avait-il besoin d'élargir ses perceptions? Pour évaluer son niveau d'agacement? N'était-ce pas assez clair et légitime?
—Je ne peux pas laisser passer une occasion de croiser Reggie…
—Oh mon dieu… gémit Remus, excédé. Combien de fois est-ce que tu dois te faire jeter pour comprendre?
De rage, il donna un coup dans la guirlande au-dessus de sa tête et avança vers lui. Les épaules de Sirius se contractèrent, son rythme cardiaque accéléra, mais la fragrance de sa magie diminua, signe qu'il forçait ses alarmes à s'éteindre face à la menace que représentait Remus.
—Autant de fois qu'il le faudra pour qu'il se barre.
—Il n'a pas envie de partir, Sirius!
L'expression de Sirius se ferma, mais il n'y avait aucune colère dans le regard gris qui brûlait Remus. La triste dérision qu'il pouvait y lire adoucit les flammes, avant que la frustration ne les fasse rugir à nouveau.
—Je sais ce que tu essayes de faire, Moony… murmura-t-il sans décroiser les bras.
Remus s'appuya à la table de part et d'autre des hanches de Sirius, les sens envahis par sa présence. Il pouvait flairer les prémices de son excitation, chaude et épaisse, et de sa tristesse, fraîche et salée. Dans ses pupilles qui avalaient ses iris, il pouvait voir son propre reflet et une irritante compréhension.
—Qu'est-ce que j'essaye de faire? le challengea-t-il.
—Tu essayes de cacher ta peur.
—Bien sûr que j'ai peur, crétin! grogna-t-il malgré la réaction de son corps à sa proximité. Ta famille se fiche que les Potter exigent qu'on me foute la paix ! Et ils se fichent que tu crèves! Si ce démon est un grand ponte, tu peux être sûr qu'ils vont tout faire péter, ils n'ont rien à foutre des victimes collatérales!
—Alors tu veux les laisser faire et regarder l'explosion de loin? le défia Sirius à voix basse.
Remus serra les dents et fit l'erreur de prendre une grande inspiration. Ses narines frémirent, son cœur s'emballa et sa queue se raidit. Il avala la salive qui avait envahi sa bouche et ferma les yeux, défait.
—Putain… Tu fais chier…
L'inquiétude se mêla à son exaspération pour former un sentiment d'impuissance très familier. Ses molaires grincèrent entre elles alors qu'il le dévisageait à nouveau. Si proches, les traits angéliques et moqueurs de Sirius lui donnèrent envie de frapper dans un mur. Ses ongles picotaient, comme si ses griffes s'apprêtaient à pousser.
—Promets-moi que ce n'est pas juste parce que tu te sens redevable des Potter, siffla-t-il alors que ses poings se crispaient sur la table.
—Non.
—Putain, Si-
—On doit partir tôt demain, j'ai besoin de dormir, l'interrompit Sirius en le repoussant.
Remus s'écarta et le regarda s'éloigner avec une rage hypocrite. Lui aussi devait tant aux Potter que jamais il ne lui viendrait l'idée de leur refuser quoi que ce soit. Mais il était un monstre. Sa vie était suspendue au fil du bon vouloir des Potter. Il ne devait son existence qu'à leur pitié pour un gamin dont la mère les avait appelés à l'aide. Sirius était libre. Sirius pouvait tout envoyer balader, s'il le voulait. Il pouvait trouver un vrai boulot, faire des études, abandonner cette existence dangereuse, tourner le dos à la méfiance des autres chasseurs, se marier et avoir des tas d'enfants au visage parfait et au sourire ironique.
Remus déglutit, puis ferma les yeux en se massant l'épaule. Il se força à expirer le désir, la colère et la peur qui enflammaient ses poumons. La porte de la salle de bain claqua alors qu'il s'appuyait à son tour à la table et, dans la sécurité de la pénombre, il se frotta les sourcils d'une main et pressa son érection de l'autre.
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You're nobody's slave, nobody's chains are holding you.
La tête posée contre la vitre qui faisait vibrer son crâne, Remus tendit le bras à l'aveuglette pour réduire Blackie Lawless au silence. Un coup de doigts sur le dos de sa main le fit gronder et la rétracter.
—C'est moi qui conduis, c'est moi qui choisis, lui rabâcha Sirius d'un ton enjoué.
—Arrête la voiture, alors. Je prends le volant.
—Nope.
Sirius ponctua son refus par un sifflotement en rythme avec le texte si parlant de W.A.S.P.. Remus fit rouler sa nuque pour lui jeter un regard irrité, mais ne put contenir un sourire en le voyant s'agiter sur son siège, les yeux fixés sur la route.
—I wanna be somebody, be somebody too, chantait-il avec une mimique bien trop attendrissante à son goût.
Remus se concentra à nouveau sur les arbres qui défilaient. Ils étaient assez loin de Londres pour que les étoiles soient encore visibles, malgré le ciel qui s'éclaircissait à l'horizon. Les phares illuminaient un asphalte humide et tout dans l'atmosphère aurait dû lui donner froid, mais la voiture sentait le cuir, le thé de leurs thermos, les biscuits de Lily, la poudre des centaines de munitions dans le coffre… Sirius. Malgré l'étroitesse de l'habitacle et l'inconfort d'avoir les genoux pressés contre la boîte à gants, Remus était à l'aise. Il aimait ce calme avant la tempête. L'humeur enjouée d'avant mission de Sirius. Les prémices du jour.
—Tu peux dormir, si tu veux, l'invita Sirius en tapotant le volant de ses index.
—Et rater le concert?
Sa raillerie lui valut un regard en coin qui le fit ricaner.
—Je te ferai un encore.
—Non merci, pouffa-t-il en tordant le bras vers la banquette arrière pour attraper le dossier monté par Lily. Je préfère bosser.
—Tu mens. Tu détestes bosser.
—Je déteste les W.A.S.P., contra-t-il.
—On n'écoutera pas Dire Straits pour la millième fois, Remus.
—Tu as juste les tympans déglingués par les armes à feu.
—Fort probable, concéda Sirius avec un rire. Allez, lis à haute voix pour la classe.
Remus s'adossa correctement à son siège et remua les épaules dans un craquement de cuir. Il ouvrit le dossier et, comme toujours, l'écriture ronde de Lily lui donna un faux sentiment de sûreté. Il baissa le son de l'autoradio avec un sourire sarcastique qui rencontra un regard étréci, puis s'éclaircit la gorge.
—Orages électriques, bétail mutilé…
—Classique.
—Classique, approuva Remus avec un soupir. Depuis quelques semaines, on a aussi une hausse notable de la mortalité autour de Torphins, des sources contaminées… et la ville de Banchory rapporte une augmentation des incidents violents.
—Zizanie… murmura Sirius sans quitter la route des yeux.
—Mhh, acquiesça Remus en se mordillant la lèvre.
Il parcourut du regard quelques rapports de police. Des disputes de voisinage et des accrochages routiers pour lesquels il était difficile d'expliquer ce qui avait poussé les intéressés à en venir aux mains. Quatre personnes étaient grièvement blessées et deux étaient mortes. Une présence démoniaque avait tendance à faire surgir les plus bas instincts des humains dans les environs.
—S'il ne s'agit que d'un seul démon, il est puissant… poursuivit-il avec l'œil sur la carte collée à l'intérieur de la couverture du dossier. Et il s'est déplacé de Stonehaven à Torphins.
—Prions pour que ce soit le cas, parce qu'un attroupement de démons ne me dit rien qui vaille…
—Lily nous a quadrillé une sacrée zone de recherche…
—Ça ira vite avec Shacklebolt et Dearborn, lança Sirius avec optimisme. Avec un peu de chance, on sera rentrés à temps pour la dinde d'Effie!
Remus sourit tristement, puis referma le dossier sur ses jambes immobilisées. Avec un peu de chance, il rentrerait à temps pour voir sa mère chez les Potter.
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24 décembre 1986
Une porte de voiture claqua sur le parking et Remus ouvrit les yeux. Le plafond fissuré était illuminé par l'enseigne du motel, dont la lumière bleuâtre pénétrait dans la chambre entre les rideaux tirés. Aussitôt, une quantité infernale d'odeurs l'assaillit. Tabac froid infiltré dans la moquette et la tapisserie, eaux de toilette bon marché, détergents, fastfood, essence, transpiration, urine, sang… Les pierres chaudes sous la pluie.
Il focalisa son nez sur cette dernière pour échapper au dégoût, le cœur au bord des lèvres. Ses cils humides s'agitèrent, puis il tourna la tête vers la source du parfum qui dormait profondément dans le lit voisin. Il suivit du regard le bras qui dépassait de la couverture, de la main aux veines saillantes qui serraient lâchement les draps à la couture d'un T-shirt qui enlaçait un biceps laiteux. Il avala sa salive et planta ses incisives dans sa langue, comme si la douleur pouvait contrecarrer son excitation.
Le pli moqueur de la bouche de Sirius était absent pendant son sommeil. Le feu froid de son regard aussi. Ne restait que la perfection angélique de son visage, l'angle acéré de sa mâchoire et le contraste saisissant de sa peau avec le noir brillant de ses cheveux. Les lèvres entrouvertes, il dormait à moitié sur le ventre, un bras sous l'oreiller, un genou plié qui dépassait de la couverture. Sirius se couchait toujours habillé malgré l'inconfort. Il ne fermait pas l'œil sans appliquer des lignes de sel le long des issues, sans tracer un piège à démon sous le tapis, sans s'assurer qu'il n'avait qu'une sécurité à retirer à son arme pour se défendre, sans être certain qu'il n'avait qu'à attraper chaussures et sac pour fuir.
Et pourtant, il dormait sur ses deux oreilles à côté d'un exemplaire de la plus dangereuse créature anthropophage pondue par les ténèbres. Comme si le danger était dehors et pas à l'intérieur, avec lui. Comme si le cœur qui battait avec lenteur et puissance dans sa poitrine n'était pas le son le plus alléchant que Remus puisse entendre. La pleine lune était encore loin, il n'avait pas faim et pourtant ses gencives le chatouillaient, prêtes à faire descendre ses canines déjà trop longues. Ses ongles l'élançaient, ses articulations hurlaient, ses instincts étaient divisés entre désir de posséder, de dévorer et de contaminer. Remus ferma les yeux et enfouit son nez sous ses couvertures avec un gémissement étranglé.
Bon sang qu'il détestait dormir à l'hôtel. Il détestait dormir dans la même pièce que Sirius. Il détestait encore plus le savoir de l'autre côté de leur appartement et devoir tendre l'oreille pour percevoir sa respiration, mais partager son espace était une torture. Même envahi par les effluves de lessive, de poussière et de son propre corps, l'odeur électrique était toujours là. Il la portait constamment sur lui, prégnante, trop peu présente, rassurante et insupportable.
Il se recroquevilla sur le côté, les griffes enfoncées dans ses paumes, et le goût de son sang envahit sa bouche.
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25 décembre 1986
Remus cessa de courir pour aviser son environnement et humer l'air, alerte. La neige crissa sous ses pattes et la brume de son souffle envahit son champ de vision. L'ombre de grands pins s'étirait sur le manteau blanc, percée de-ci de-là par de hautes herbes. La brise les agitait dans un chuchotement gelé.
Il tourna la truffe vers l'ouest, puis se remit en route en direction de la senteur de tabac, de cuir et de pluie d'été. Suffisamment proche, il s'arrêta à l'abri des arbres et buissons qui longeaient la chaussée, là où il avait abandonné ses affaires. Sirius avait la tête tournée vers lui depuis son appui contre la carrosserie noire de la XJ6, la cigarette aux lèvres. Ses bras croisés se relâchèrent avec lenteur. Remus savait qu'il ne pouvait pas encore le voir et que seule son intuition surnaturelle lui avait permis de ressentir sa présence.
Il prit quelques secondes pour inspirer son odeur. Il pouvait encore réfréner ses instincts à cette distance, mais tout ce dont il avait envie était de fondre sur lui, d'ancrer ses griffes dans sa poitrine, ses naseaux sous sa mâchoire et ses dents autour de sa gorge. Il s'autorisa à s'abreuver de son parfum, puis, avant de se mettre à saliver, reprit forme humaine. Il enfila ses vêtements glacés et émergea des sapins en frissonnant.
Sirius écrasa sa cigarette sur l'asphalte et s'écarta du capot en se tournant vers lui. Il expira un dernier nuage de fumée qui stagna quelques instants, épais, avant de disparaître dans le vent.
—Alors?
—Soufre, confirma Remus en approchant.
—Ah putain, enfin!
Deux jours de recherches leur avaient été nécessaires avant d'isoler ce coin de la campagne écossaise. Leur première journée dans le comté les avait menés sur une fausse piste, en plein dans un nid de vampires. Il détestait leur odeur, entre putréfaction et fumet de tubéreuse, et n'aimait pas les chasser. Contrairement à lui, qui restait un omnivore malgré son appétit pour la viande, eux n'avaient pas d'autre choix que de se nourrir de sang humain pour survivre. Tous n'étaient pas encore des tueurs, à l'instant où ils les cueillaient. Mais tous finissaient par le devenir, par accident ou par simple abandon de leur reste d'humanité. La seule fois où Sirius en avait laissé filer un par pitié, ils avaient dû suivre sa traînée de cadavres des mois plus tard pour le retrouver. Depuis, il ne leur laissait plus le bénéfice du doute.
À ce genre d'occasion, Remus se demandait combien de temps il lui restait avant que Sirius ou les Potter l'estiment plus dangereux qu'utile, lui aussi.
Ils avaient abandonné leurs faux badges des services de police britanniques lors de cette deuxième journée. Pendant que Shacklebolt et Dearborn poursuivaient l'enquête de terrain de leur côté, eux avaient sillonné les routes, Remus au volant, Sirius avec ses perceptions grandes ouvertes pour déceler l'origine du nuage malfaisant qui planait sur la vallée. L'exercice s'était avéré payant en milieu d'après-midi, alors que Remus sentait Sirius faiblir.
Ses épaules basses et ses traits tendus montraient qu'il n'était pas encore remis. Il avait certainement gardé un œil intérieur sur lui pendant qu'il allait renifler la zone sous sa forme lupine. Ses capacités n'étaient jamais vraiment en veille, mais les étendre sur de longues distances lui coûtait toujours.
Remus rejoignit la voiture au moment où Sirius approchait du coffre.
—Qu'est-ce que tu fais? lui demanda-t-il en le regardant l'ouvrir.
Sirius souleva le double fond afin de révéler leur arsenal et coinça un fusil à pompe contre le bord pour le maintenir ouvert.
—Si on y va maintenant, on pourra peut-être rentrer pour le dessert.
—Sirius, il est 17h30, on sera jamais rentrés à temps.
—À ton avis, ils sont combien là-dedans? Est-ce que ça sentait fort le soufre? l'ignora-t-il.
—Aucune idée. Je me suis pas assez approché, répondit rapidement Remus, qui lui prit le poignet alors qu'il attrapait une boîte de cartouches. Sérieux, arrête. Tu es crevé, on va arriver à rien comme ça.
Sirius lâcha les munitions et secoua son bras pour le dégager en même temps que la fragrance de son excitation parvenait aux narines de Remus. Ce dernier referma le couvercle de leur stock d'armes.
—Qu'est-ce qui se passe?
—J'ai envie de rentrer, grogna Sirius.
—Même si on part maintenant, tout le monde sera couché le temps qu'on arrive, fit remarquer Remus. C'est trop tard pour Noël. Qu'est-ce qui se passe?
Il tenta de scruter son visage, mais le peu de peau blanche qu'il pouvait voir à travers ses cheveux détachés ne lui permit pas de déceler son expression. Son odeur ne le renseigna pas plus.
—J'espérais en finir plus vite que ça… finit-il par répondre avec un soupir.
—Moi aussi, mais ça sert à rien de se jeter dans le tas comme des imbéciles. Il faut qu'on contacte Shacklebolt et Dearborn de toute façon.
Sirius s'écarta de la voiture, les bras serrés contre sa veste en cuir, et tourna un air buté vers lui. Ils se jaugèrent un instant dans la pénombre, puis les épaules de Sirius s'affaissèrent et il soupira à nouveau.
—Il y avait une cabine téléphonique au milieu du dernier village… Allons-y…
Il referma le coffre d'un geste sec.
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De hautes grilles en fer forgé contournaient un vieux manoir à moitié délabré. Les morceaux de toiture et le bois des charpentes visibles étaient couverts de neige. L'humidité avait noirci ses murs encore debout, les fenêtres des étages étaient presque toutes brisées et celles du rez-de-chaussée étaient barrées de planches gonflées. Le jardin avait été abandonné à la nature écossaise. Les arbustes qui n'avaient pas été écrasés par la chute de pierres envahissaient une partie du terrain et une véritable barrière de ronces obstruait l'accès aux côtés de la demeure.
Ils avaient presque dû pousser jusqu'à Lumphanan, en suivant le tracé des indices de présence démoniaque, pour trouver ce coin perdu en bordure de la rivière Beltie Burn. Pourquoi une telle migration? Pourquoi dans une zone si reculée?
La fraîcheur de la nuit portait les effluves de soufre, assez fortes pour éclipser le parfum d'orage de Sirius et piquer les yeux de Remus. Ça pouvait signifier un gros rassemblement de démons, un exemplaire particulièrement puissant qui aurait émergé des enfers, ou simplement des déplacements fréquents d'une ou plusieurs de ces créatures.
—Tu arrives à sentir combien ils sont? lui demanda Sirius à voix basse, planqué avec lui derrière le large tronc d'un épicéa.
Remus inspira par automatisme, mais plissa le nez avec une grimace.
—Non. J'arrive même plus à sentir les arbres. Toi?
Sirius secoua la tête, le sac de munitions plaqué contre sa hanche et les yeux rivés sur la demeure qui se découpait dans l'obscurité.
Son parfum s'intensifia soudain, comme à retardement. Le crissement de la neige qui s'enfonce fit se tendre Remus. Il se retourna sous un sifflement de métal. Quelque chose de brûlant s'enroula autour de son cou et saisit sa peau comme du fer incandescent. Son cri s'étrangla alors qu'il tombait à genoux dans la poudreuse. De l'argent!
Remus suffoqua de douleur. La fumée infâme qui se dégageait de sa peau l'étouffa. Par réflexe, il s'agrippa à l'étau qui se resserrait, mais la brûlure sur ses doigts le força à le relâcher. Sirius tira alors brutalement sur la chaîne qui étreignait sa gorge. Cela lui donna assez de mou pour s'en défaire et il s'écrasa contre le pin en haletant de souffrance.
—Reggie! chuchota Sirius avec urgence.
Remus releva ses yeux larmoyants. Devant eux, Regulus Black ramenait ses chaînons d'argent vers lui, l'air mauvais. Remus se remit péniblement debout, la paume contre son épiderme brûlé et un grondement dans la poitrine. Il ne vit qu'après coup la main tendue de Sirius.
—Merci, expira-t-il d'une voix rauque.
—Qu'est-ce que tu fous, putain? murmura Sirius, furieux, à son frère qui fixait Remus avec dégoût.
—Je vois que tu ne t'es toujours pas débarrassé de ton clébard, remarqua Regulus d'un ton bas et détaché.
—T'es con ou quoi? On est à cent mètres d'un nid de démons et toi, tu t'en prends aux chasseurs? Alors ça y est, ils t'ont complètement retourné le cerveau?
Regulus dirigea un regard dédaigneux vers son frère. Cela faisait des années que Remus ne l'avait pas vu, pas depuis cette mission désastreuse qui lui avait valu cette cicatrice en travers du visage. Il était tout de même surpris par cette sensation qu'il avait drastiquement changé. Il était toujours de taille moyenne, toujours plus sec que Sirius, mais similaire de visage. Ses cheveux étaient toujours coupés sous les oreilles, ses yeux aussi gris, son expression aussi fermée, ses traits aussi angéliques. Il semblait pourtant changé. Était-ce la pénombre, la lumière de la Lune, ses reflets sur la neige? Il ressemblait à une statue, taillée dans le marbre. Lisse et menaçante. Implacable. Mortelle.
Remus avait à la fois envie de le mordre et de détaler la queue entre les jambes.
—Je suis là pour faire mon boulot, lâcha Regulus avec un coup d'œil glacial vers lui.
Son boulot. Éliminer toutes les créatures malfaisantes sur son passage, Remus inclus.
—Nous aussi, siffla Sirius à voix basse. Alors tu participes ou tu dégages. Ça va, Moony?
Bien que sa question s'adressât à Remus, Sirius ne quitta ni son frère des yeux, ni sa posture défensive à un pas devant lui. Compte tenu de leurs capacités physiques respectives, que Sirius soit celui qui le protège aurait été ridicule si Regulus n'était pas en train d'enrouler la chaîne d'argent autour de son bras.
La gorge de Remus, dont la chair calcinée se reconstituait à toute allure sous ses doigts, l'élançait toujours. Il allait garder la trace des maillons sur la peau. Une nouvelle cicatrice au palmarès de cette famille de fanatiques.
—Ça va, grommela-t-il néanmoins.
Il se retint de lui cracher qu'il l'avait prévenu. Que laisser les Black se démerder avec les démons était un plan sans faille. Maudit soit le cœur sensible de Sirius qui refusait d'abandonner les pauvres âmes possédées par ces créatures des enfers.
Sirius glapit soudain et secoua la jambe. Quelque chose enserra le torse de Remus. Il tenta d'arracher ses liens, mais des épines s'enfoncèrent dans ses doigts. Elles traversèrent son manteau, percèrent sa peau, raclèrent jusqu'à ses côtes en écrasant sa poitrine. Il baissa les yeux avec un cri étouffé. Des ronces. Rosier!
Le sorcier sortit de l'ombre des arbres avec un ricanement, la Lune reflétée sur ses cheveux blonds impeccablement coiffés. Satané soufre qui l'empêchait de sentir quoi que ce soit!
—Putain, Reg- Aouch! gémit Sirius.
Une liane maintenait son bras prisonnier contre sa jambe. Le couteau qu'il avait sorti pour la sectionner pendait mollement entre ses doigts. Remus, lui, fut brutalement tiré en arrière. Son dos percuta un tronc et le choc lui coupa le souffle.
Malgré ses efforts, les branches couvertes d'épines ceignirent ses bras et ses jambes. Les tentatives pour se libérer ne firent qu'accentuer la pression autour de ses membres et imbiber ses vêtements de sang.
—Vous allez rester ici bien sagement, déclara Regulus.
—Je le tue? demanda Rosier en le désignant du menton.
Un sifflement dans l'air empêcha Regulus de répondre. Son coéquipier vacilla et s'effondra dans la neige, une fléchette dans le cou. Les ronces s'évaporèrent. Le frère de Sirius se retourna avec un claquement de langue contrarié. Soudain, une odeur d'ozone fut tout ce que Remus put sentir et il comprit, en voyant Regulus fouiller les bois du regard, qu'il avait ouvert ses perceptions. Pourquoi sa magie embaumait-elle autant?
Regulus fit un pas de côté et un projectile se ficha au-dessus de l'épaule de Remus.
—Hey! gronda-t-il en direction de Dearborn.
Loin sous le couvert des arbres, il entendit des excuses provenir de leur partenaire temporaire, qui avait attendu l'apparition du second larron du binôme Black pour attaquer.
—Qui s'en prend aux chasseurs, maintenant? cingla Regulus en tournant un regard électrique vers son frère.
Sirius haussa les épaules avec nonchalance et rangea le couteau à sa ceinture.
—Tu noteras qu'on a attendu que vous attaquiez.
—Je savais qu'on nous suivait, pesta Regulus, le poing serré autour de sa chaîne en argent. Crétin de Rosier.
Il assena un petit coup de pied à son camarade endormi et ne vit pas Shacklebolt, pourtant imposant, émerger des arbres. Lorsqu'il réalisa sa présence, il se figea, les yeux grands ouverts, une large paume sombre autour de sa gorge d'albâtre. Il avait réussi à sentir un projectile arriver, mais pas Kingsley?
—Allez-y, leur adressa ce dernier. Monsieur Black va être très sage.
—Allez vous faire-
Regulus prit une inspiration outrée, une fléchette enfoncée dans le biceps. La main qui s'était enfouie dans son caban, sans doute pour y attraper une arme, retomba mollement le long de sa cuisse. Ses paupières papillonnèrent et il s'avachit contre Shacklebolt, qui leur envoya un sourire aimable.
Remus ne put contenir un éclat de rire malgré la douleur.
—Garde-le au chaud, il faut que je lui parle, lança Sirius en ramassant sa sacoche.
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Remus repoussa les doigts gelés qui s'approchaient de son col avec un grondement. Sirius souffla un nuage blanchâtre et poursuivit sa marche à travers la neige d'un pas crissant.
—Désolé pour mon frère…
—Je savais que ça allait arriver! grogna Remus en plongeant les mains dans les poches de son manteau.
—Je ne pensais pas qu'il t'attaquerait comme ça.
—Ils m'attaquent toujours comme ça, Sirius!
—Les autres, oui. Pas Regulus… murmura-t-il d'un ton blessé, le regard tourné vers le haut des grilles qui encerclaient la demeure.
Leurs pics étaient acérés et, à moins de pouvoir bondir à plus de quatre mètres, inaccessibles. Ils furent obligés de longer l'enceinte pour trouver une ouverture. Sur leur route silencieuse et à la lueur de la Lune, ils notèrent des dépôts ocre, du soufre, sur la poudreuse tombée entre les barreaux. La forme éthérée que les démons prenaient lors de leurs déplacements leur permettait de passer entre eux. Remus avait beau humer l'air glacé, il était toujours incapable de déterminer leur nombre, ni même de sentir Sirius qui était pourtant à un pas devant lui. C'était insupportable.
Il remonta le col de son manteau et plongea le nez dedans, puis essuya du dos de son poignet les larmes froides qui lui collaient aux cils.
Ils trouvèrent enfin un portillon à la serrure rouillée qu'ils eurent quelques difficultés à ouvrir discrètement. La herse grinça malgré leurs précautions et ils tendirent l'oreille, à l'affût. Rien d'autre que le vent qui agitait les sapins et faisait rouler les flocons sur le tapis blanc.
—Si je crève pendant cette mission, je reviens te hanter, grommela Remus alors qu'ils approchaient de la maison.
Ils s'accroupirent derrière un large buisson aux feuilles persistantes. Sirius quitta son observation du manoir décrépi et posa un regard songeur sur lui.
—On n'a jamais eu de fantôme de loup-garou…
Remus serra les dents, à la fois amusé et agacé, et lui poussa l'épaule. Sirius plongea une main dans la neige pour se rétablir avec un ricanement discret.
—Tu crois qu'il faut rajouter de la poudre d'argent au sel, avant l'incinération? demanda-t-il d'un ton innocent.
—Connard, souffla Remus avec un petit rire.
Il secoua la tête et détourna le regard lorsqu'il réalisa que le sien s'attardait sur sa gorge. Puisqu'il ne percevait ni mouvement ni fluctuation dans l'atmosphère soufrée, il se releva. Courbés, ils avancèrent dans le jardin abandonné en usant de la couverture offerte par la végétation, jusqu'à atteindre un mur strié de branches de lierre effeuillé.
Au-delà du son de leurs pas, Remus pouvait entendre les dents de Sirius s'entrechoquer, le sifflement de sa respiration et même, s'il se concentrait, des morceaux d'une conversation lointaine entre Shacklebolt et Dearborn. Rien en provenance de la maison, cependant. Avec leur veine, elle était vide et tout ce cirque pour mettre Rosier et Regulus hors-jeu aurait été pour rien. C'était une chance que leurs partenaires les aient aperçus au détour de leur enquête, mais Remus était contrarié par avance de solder sa soirée par une nouvelle cicatrice et aucun démon.
Il poussa une porte vermoulue, tellement gonflée et gelée qu'il obtint à peine la place pour entrer. À l'intérieur, l'odeur était si forte qu'elle lui arracha un gémissement et le fit tousser dans son coude. Il se crispa et rentra la tête dans les épaules alors que Sirius se faufilait dans l'interstice, fusil à pompe en avant. Lui-même fronça le nez. Ils échangèrent un regard inquiet.
—Toujours rien? murmura Sirius.
Remus secoua la tête, les doigts pressés sous ses narines et la bouche ouverte pour respirer. Il n'entendait même pas une souris dans les murs. Par acquit de conscience, il étira son ouïe au maximum de ses capacités.
Il leva une main en signe d'avertissement. Au-delà des gargouillis de leurs ventres, du rugissement du sang dans les veines de Sirius, des grincements de la structure de la maison, d'un plic-ploc qu'il percevait venir du toit, il lui semblait…
Boum boum.
Un cœur. Humain. À l'étage.
Son regard s'enfonça dans l'obscurité qui régnait en haut des escaliers délabrés, au bout du vestibule. Il dressa un doigt. L'éleva. Récupéra la gourde d'eau bénite dans la poche intérieure de son manteau. Derrière lui, les mains de Sirius crissèrent autour de son arme.
Une seule personne possédée. C'était inquiétant. Soit sa compagnie venait de la quitter en laissant sa puanteur sur place… Soit le démon auquel ils avaient à faire était monstrueux de puissance.
Sirius le frôla en passant à côté de lui et Remus lui attrapa le bras par réflexe pour l'empêcher d'avancer. Il serra les dents à son regard alarmé, puis déglutit en observant à nouveau les escaliers. Certaines marches étaient écroulées, des barreaux de la rampe branlante étaient cassés, mais ce n'était pas ce qui l'arrêtait. Il sentait, avec autant de force que le soufre qui tapissait ses narines, qu'il allait vivre le pire, voire le dernier Noël de sa pathétique existence.
—Moony?
Il pinça les lèvres, se mordit le bout de la langue, desserra légèrement les doigts. S'ils n'exorcisaient pas la pauvre âme forcée de partager son corps, les Black la tueraient, juste pour s'assurer d'annihiler le démon. Il aurait tellement aimé que James et Peter soient là. Il n'aurait pu compter ni sur l'un ni sur l'autre pour raisonner Sirius, mais leur présence l'aurait rassuré.
Ils n'avaient que les armes de Sirius et son étrange et aléatoire capacité à forcer les âmes damnées hors des corps humains. Remus ne pourrait même pas se servir de ses crocs et griffes si le démon usait de sa foutue magie répugnante sur lui.
Sirius profita du relâchement de sa poigne pour avancer. Après un dernier coup d'œil inquiet vers lui, il se dirigea vers les escaliers à pas mesurés.
Ils allaient le regretter. Il était certain qu'ils allaient le regretter.
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26 décembre 1986
Leur progression dans la maison fut d'une lenteur insoutenable. Ils se tendaient au moindre grincement du parquet et les plaintes du vent, qui s'engouffrait dans la bâtisse, hérissaient le poil de Remus. La demeure lui faisait l'effet d'un chemin vers le purgatoire. Vivante et prisonnière de l'oubli. Il ne pouvait pas les percevoir comme le faisait Sirius, mais il n'aurait pas été surpris que des fantômes y errent, inconscients de leur trépas.
Ils atteignirent la porte derrière laquelle il pouvait entendre un cœur battre avec lenteur, où ils échangèrent un regard et un hochement de tête.
Remus poussa le panneau d'un coup d'épaule. Sirius se rua à l'intérieur et ouvrit le feu.
Une pluie de gros sel s'abattit sur un homme qui sirotait un verre de vin depuis un fauteuil défoncé, à côté d'une cheminée éteinte.
Les démons n'avaient ni chaud ni froid. Celui-ci se fichait que les carreaux brisés de la fenêtre laissent entrer un vent glacial et des flocons dans ce qui avait dû être un bureau. Il se fichait de la pénombre et encore plus du faisceau de la lampe monté sur le canon du fusil de Sirius. Il se fichait aussi de la fumée qui s'élevait de sa chemise maintenant constellée de petits trous, de taches violettes et de morceaux de verre.
—C'est très malpoli, soupira-t-il en lâchant le pied de sa coupe qui s'écrasa sur le sol poussiéreux.
Sirius éjecta sa cartouche pour armer la seconde. Remus crispa sa gourde, le cœur dans la gorge, et ses griffes s'allongèrent pour se planter dans le métal. Ses canines vinrent menacer de percer ses gencives et le forcèrent à entrouvrir la bouche pour s'accommoder à leur taille. L'adrénaline couvrit sa langue d'un goût de fer.
Une odeur d'ozone chatouilla ses narines et il inspira avec un tel soulagement qu'il en eut les larmes aux yeux. Sirius visa, sa voix grave s'éleva pour réciter une incantation latine que Remus s'était forcé à apprendre par cœur. Il tira et accusa le recul.
D'un geste nonchalant, le démon le propulsa sur le côté comme une marionnette.
Un grondement arracha la gorge de Remus. Il se jeta en avant en lançant le contenu de sa flasque. Elle tomba avec un bruit creux sur le sol alors qu'un infâme nuage gris enveloppait le démon. Remus planta ses griffes dans ses épaules alors qu'un gloussement retentissait depuis la fumée. Lorsqu'elle s'évapora, les yeux bruns qui apparurent virèrent à l'écarlate. Des mains, glaciales même à travers son manteau, se refermèrent sur les biceps de Remus.
Merde.
Merde. Merde.
Les démons ordinaires n'avaient pas les yeux rouges. Les démons ordinaires ne riaient pas sous une douche d'eau bénite. Les démons ordinaires n'avaient pas la force physique nécessaire pour contrer la sienne.
Un gémissement pathétique lui échappa. Il entendait ses os craquer sous la pression des pouces de la créature.
—Tu es du mauvais côté, petit loup, susurra-t-elle avec un sourire plein de dents.
Remus ouvrit la bouche pour lui faire goûter des siennes, mais l'homme pouffa et lui brisa les humérus. Remus rugit. Il tituba en arrière, les bras ballants, terrassé par les cris stridents de ses nerfs. Devant lui, le démon pencha la tête sur le côté avec une expression indulgente, puis se tourna brutalement vers Sirius qui s'était remis à psalmodier.
—Tu n'es pas le Black que j'attendais.
—Ergo draco maledicte, rétorqua Sirius en se redressant dans la lumière vacillante de son arme, et omnis legio diabolica, adjuramus te.
—Adorable, mais pathétique.
— Cessa decipere humanas creaturas, eisque aeternae Perditionis venenum propinare.
Le démon ricana. Le souffle court, Remus carra la mâchoire contre la douleur de ses os qui se ressoudaient. Dès qu'il put à nouveau bouger, il bondit, enroula ses bras douloureux autour de lui et le plaqua contre son torse.
La créature ne se débattit même pas. Elle éclata d'un rire tonitruant, quicessa lorsque Sirius posa la main contre sa poitrine.
—Vade, Satana, inventor et magister, omnis fallaciae, hostis humanae salutis.
Remus sentit le démon se contracter et l'odeur d'orage s'intensifier à un niveau presque insupportable, assez pour éclipser l'abominable parfum des enfers qui émanait de la créature. Il fixa Sirius avec stupeur. Les muscles bandés pour contenir l'homme, il eut envie de rire de la malice qui étirait les traits ensanglantés de son coéquipier.
—Alors il y a tout de même un peu de grâce en toi? s'amusa le démon d'une voix bien moins certaine.
—Bon voyage, connard, le salua Sirius.
Même à travers le corps de la créature, Remus put sentir l'impulsion de l'étrange puissance qui habitait Sirius. Le démon se contorsionna entre ses bras et un râle terrible s'éleva de sa bouche grande ouverte, d'où s'échappa une épaisse fumée noire.
La satisfaction et le soulagement de Remus furent néanmoins de courte durée. Car l'âme damnée ne s'écrasa pas sur le sol en s'embrasant, comme il l'avait anticipé. Non, elle s'enroula sur elle-même et grimpa jusqu'au plafond.
Puis elle fondit sur lui.
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A venir: Chapitre 2: Pulsar
