Disclaimer : L'univers de The Last Of Us appartient à Naughty Dog.

ATTENTION, VOCABULAIRE TRÈS EXPLICITE.


Depuis le début de la pandémie, il n'y avait plus rien à faire hormis veiller à sa propre survie, parfois au dépend de celle des autres. Chacun ses vivres, chacun son toit, chacun son terrain de chasse... Tout le monde ne pouvait que se méfier de tout le monde. Par expérience, plus personne n'acceptait de cohabiter dans ce monde ravagé. À moins de ne pas avoir le choix, ou de chercher vicieusement à profiter de ce que les autres pouvaient apporter, c'était chacun pour soi. Mais ce soir-là, alors qu'un violent orage s'abattait sur la petite ville de Laysville, dans l'Oklahoma, la première option était en vigueur.

Joel, Tess et Ellie avaient dû se forcer à partager un abri avec deux autres clans. Ils étaient tous arrivés à ce même point de la ville de façon simultanée et hasardeuse, poursuivis par des clickers ou des bandits, et avaient été obligés de s'allier. Par reconnaissance malgré une méfiance palpable, ils avaient alors décidé de partager cette bâtisse de façon temporaire. C'était un vieux laboratoire qui avait été aménagé de façon à accueillir peu de survivants. Les taches de sang séchées maculant le sol et les murs étaient la preuve de bon nombre de passages avant eux, autant que les quelques cadavres trouvés dans ce qui était autrefois une salle d'attente. Les matelas par terre étaient aussi pourris que leurs vêtements, en sous nombre et éparpillés dans tout le bâtiment. Mais ce n'était pas seulement l'endroit qui posait problème, c'était la mentalité des gens.

Tess, qui tentait de dormir dans une pièce fermée avec Ellie, sortit de sa transe après avoir entendu des cris. Ordonnant à l'adolescente de ne pas bouger, elle sortit comme une furie. Un groupe de cinq hommes et femmes s'était formé, et comme une foule dans un stade, ils se délectaient d'une bagarre. Sans doute née par distraction ou par un conflit verbal, car c'était souvent le cas depuis que les instincts primitifs des survivants avaient pris le dessus. Tess bouscula les idiots qui les encourageaient, pour calmer cette bagarre avec son revolver s'il le fallait. Lorsqu'elle reconnut l'un d'eux, sa colère se mua en lassitude. Ce spectacle devenait trop courant avec Joel depuis des semaines.

- JOEL ! hurla Tess.

Encore une fois, son ami se battait. Et encore une fois, il était probablement l'instigateur de cette bagarre. Lorsque plusieurs clans dont la nature morale discutable - voire nullement perceptible - se toléraient dans un même endroit, ils ne se tiraient pas dans les jambes. Toutefois, ils se surveillaient tels des prédateurs en puissance. Cela finissait rarement bien car les humains ne se faisaient plus confiance, et certains comme Joel avaient besoin de décharger toute leur violence à un moment ou à un autre.

- Putain mais qu'est-ce qu'il se passe ?

Et encore une fois, Ellie n'avait rien écouté et avait suivi Tess en faisant fi de sa propre sécurité. Préférant ne rien lui dire de peur d'être froide avec elle, l'adulte hurla encore sur son ami. Alors qu'elle tentait de se frayer un chemin au milieu de ces inconscients qui demandaient à voir gicler le sang, Tess frappa une femme qui osait en plus les encourager à un combat à mort, ce qui eut le mérite de faire taire les autres.

- Bande de connards, non mais vous avez quel âge ? On n'est pas dans une arène ! Et vous là...

Les deux adversaires ne s'étaient pas arrêtés pour autant.

- JOEL, NON !

Courageusement, alors que son ami avait le dessus sur le jeune homme dont il broyait le ventre à coups de genou, elle l'attrapa par derrière et le dégagea du second de toutes ses forces. Décidant de se salir les mains aussi, Ellie rajouta un coup dans la figure de celui qui voulait en profiter pour attaquer Tess par derrière. Secouant son poignet en grimaçant de douleur, elle pesta.

- T'es qu'un lâche ! Cassez-vous tous maintenant !

Alors que deux membres de son clan arrivèrent pour le dégager, Tess plaqua doucement Joel contre le mur. Le dos tourné, Ellie veillait à ce que tous les autres prennent leurs distances avec ses protecteurs. Voyant que l'adolescente s'éloignait sans les regarder, Tess profita de leur intimité pour se lover intimement contre Joel. Ce dernier se raidit, surpris mais toujours énervé.

- Calme-toi ! Je sais ce qui ne va pas.

Son partenaire tremblait et ses poings étaient encore serrés, malgré les bras passés autour de son corps fin. Elle ressentit son adrénaline et son envie de violence à travers sa poitrine. Il était dangereux et imprévisible d'ordinaire, mais dans ces moments-là les risques étaient triplés. Mais pas avec elle, et elle savait ce dont il avait besoin. Tess approcha de l'oreille de son ami, et lui posa une main sous le menton en chuchotant :

- Je sais de quoi tu as envie, mon grand.

L'homme, fixant encore en direction de ceux qui s'occupaient désormais de leurs affaires, manqua de lui échapper.

- Je veux lui casser sa putain de gueule...

- Joel, je t'ai dit de te calmer ! dit Tess en se montrant plus ferme.

Toujours nerveux mais évasif, Joel s'agita sans la regarder alors qu'il la sentait se plaquer contre son érection. Il déglutit et serra les lèvres, signe que son attention était retenue. Il se doutait depuis longtemps que Tess connaissait son problème, celui que lui-même avait toujours refusé de reconnaître. Alors que certains hommes se servaient de la chute du monde moderne comme excuse pour justifier leur recours à l'abus sexuel, d'autres comme Joel se contenaient car cette parcelle de leur humanité était toujours présente. Mais pour Miller, une trop longue retenue se changeait toujours en frustration. S'ensuivait alors une puissante montée d'adrénaline, et il finissait par déclencher des bagarres sous le coup de violentes colères. Peut-être que les hommes comme lui en avaient besoin pour se "tenir correctement" en ces temps lugubres ! Mais comme le pensait Tess, il valait mieux s'en prendre gratuitement au premier éventuel bandit plutôt que d'agresser une femme et lui arracher sa dignité, et cela même s'il s'agissait d'une criminelle.

- Ton corps a besoin de s'exprimer autrement que par les coups. Viens, on va passer un peu de temps tous les deux.

Après ce qu'il venait d'entendre, Joel tenta de lire dans son regard si elle était sérieuse. Comme preuve, Tess lui glissa une main entre les jambes et caressa le denim renfermant son érection. Cette fois, l'aîné sursauta mais se plaqua totalement au mur en vérifiant que personne ne les lorgnait.

- T... Tess !

- Détends-toi, profite.

Pendant que cette main commençait à lui donner envie de se comporter comme un animal, Joel garda les yeux vers le couloir mais posa une main sur ses seins. Ellie venait de disparaître à un angle de mur après y avoir poussé tous les autres. Elle avait un très mauvais caractère lorsqu'un tiers s'en prenait à un de ses amis. Maintenant seuls, Joel mêla son regard à celui de Tess et lui sauta sur les lèvres. Ravageur et possessif, il l'entendit gémir de surprise et lui attrapa les hanches avant d'inverser leurs positions. Malgré ses cinquante-deux ans, Joel était un tas de muscles. Il offrit à Tess un nouvel aperçu de sa force physique en la soulevant aisément par les cuisses. Elle sentait que sa pulsion était violente et qu'elle risquait d'avoir mal, mais elle s'en fichait. Tess le voulait également, et Joel méritait de se laisser aller. Il était trop seul depuis longtemps, dans sa vie comme dans sa tête. Depuis leur rencontre, il avait mis du temps à s'attacher à elle en dehors de leur vie de criminels, car il avait peur de tisser des liens profonds. S'attacher, c'était souffrir en cas de perte. Mais elle était devenue tout pour lui : meilleure amie, partenaire de crime, mais surtout une présence et un soutien quotidiens indispensables pour garder les pieds sur terre. Jusqu'à l'arrivée d'Ellie. Dorénavant, cet homme s'imposait comme devoir de les protéger au dépend de sa santé. Et cela même si Tess le protégeait également, lui. Ils fonctionnaient ainsi. Ce soir, elle avait décidé de lui donner une compensation à la hauteur de ses sacrifices.

Perdant pied de l'entendre respirer aussi vite sous ses caresses, elle l'embrassa en passant doucement les mains dans son cou.

- Va dans la chambre, je m'occupe d'Ellie et je te rejoins.

Alors qu'elle venait de repasser rapidement l'angle, cette dernière les surprit alors que Joel venait à peine de reposer Tess. Elle tiqua et écarquilla les yeux, peu sûre de ce qu'elle avait sous les yeux car ils étaient tout de même à quelques centimètres l'un de l'autre.

- Euh... vous alliez faire quoi en fait ?

Ses amis la regardèrent d'un air hébété avant que Joel ne baisse la tête.

- J'ai besoin de lui parler de ce qu'il vient de se passer ! dit Tess.

- Ah ! Oui mais... c'est pas déjà ce que vous venez de faire ?

- Hum ! Non, là on vient de s'engueuler.

Bien que n'ayant entendu aucun éclat de voix, Ellie capitula. Elle hocha la tête et décida de les laisser parler plus longtemps. "Mauvaise pirouette de rattrapage" pensa Tess en la regardant, mais il était trop tard. Ellie était loin d'être stupide, et le regard que posait désormais Joel sur Tess en disait gros sur son envie de passer sauvagement à l'acte. Faire marche arrière n'était pas envisageable, et il était trop excité pour passer inaperçu même aux yeux d'une adolescente. Oui, Joel en avait besoin et envie. Mais Tess aussi de toute manière.

Alors que plusieurs membres de l'autre groupe réapparurent, Ellie s'énerva. Malheureusement, le laboratoire n'était pas une structure adaptée pour accueillir tant de personnes et ils avaient tout de même besoin de marcher. Sachant qu'ils ne bougeraient pas, ou qu'ils reviendraient à chaque fois de toute manière, Tess décida de les ignorer. Avec Joel, elle s'éloigna vers la pièce où elle s'était installée avec Ellie. Alors qu'une partie des autres les regarda entrer sans y porter d'intérêt, l'autre partie les siffla de façon puérile, retenant l'attention de l'adolescente. Par curiosité, cette dernière les suivit du regard.

- D'accord...

Elle s'adossa au mur tout en restant éloignée de l'amas de goujats puants comme les égouts. Elle n'était pas rassurée en leur présence, mais comme si elle l'avait senti, Tess revint vers elle. Elle fit pénétrer sa protégée dans une vieille salle de bain située à côté de leur "chambre", mais Ellie grimaça.

- T'es sérieuse ? Tu veux que je reste dans cette pièce crado ? Mais regarde...

- Je ne veux pas que tu restes avec ces connards, alors verrouille la porte derrière moi et attends. J'ai vraiment besoin de parler à Joel, sinon il va encore en défoncer un et on va passer une nuit horrible.

Alors qu'Ellie allait encore s'y opposer en boudant et pestant sur les hormones masculines, son sourire revint au grand galop lorsque Tess lui donna trois comics qu'elle avait récupérés dans la semaine. Elle lui ordonna de nouveau de verrouiller et une fois le verrou entendu, elle retourna vers la porte d'à côté avant d'entendre une voix désagréable.

- Eh ma belle, tu pourras t'occuper de moi après ? demanda vulgairement un homme d'une soixantaine d'années.

Ce à quoi la survivante répondit juste par le silence, avant d'entrer en fermant. La porte n'avait ni clé ni verrou, mais elle se doutait bien que personne n'oserait se pointer à partir de maintenant. Joel avait su donner le ton dès le début, comme d'habitude. Par sa personnalité menaçante et borderline, il avait fait en sorte qu'ils aient tous peur de lui.

De son côté, alors que l'adolescente feuilletait avec avidité une bande dessinée, elle stoppa en repensant à ses protecteurs. "D'habitude, ils se disputent devant moi et ils parlent de tout" pensa t-elle. Leur conduite était trop étrange mais soudain, elle se remémora avoir vu précédemment Tess poser la main sur Joel de façon peu amicale. Et puis cette proximité physique... "C'était comme s'ils s'étaient faits un câlin" pensa Ellie. Tout à coup, elle repensa également aux sifflements émis par les autres. Soit ces gens étaient tous bêtes et malpolis, soient ils étaient comme elle et avaient vu quelque chose lorsqu'elle avait eu le dos tourné. Lorsqu'elle se remit à lire, Ellie bâilla plusieurs fois avant de se rappeler qu'elle était censée dormir. Plus fatiguée qu'intéressée par la lecture, elle soupira et analysa la vétusté de cette salle de bain pour tenir le coup. Elle vérifia la solidité de la porte avant de parcourir la pièce, mais alors qu'elle la balayait du regard, elle remarqua que le mur comportait une faille au fond de la pièce. Ellie fronça les sourcils en espérant qu'elle ne soit pas de taille à laisser quelqu'un s'y faufiler. Tess avait voulu la mettre en sécurité, mais si des gens pouvaient passer par ici...

Ellie s'en approcha avec prudence et à pas feutrés pour vérifier. Le trou faisait au moins un mètre de longueur et vingt centimètres de largeur, lui donnant une vue parfaite du milieu de la pièce jusqu'au côté droit, matelas compris. Cette faille se révélait aussi intéressante que ses comics, laissant Ellie rigoler de sa propre curiosité. C'était tout simplement leur "chambre" du moment, dans laquelle se trouvaient Tess et Joel qui n'étaient d'ailleurs pas en train de parler, mais de s'embrasser contre le mur. "Ah les cachottiers ! Tout ça pour se rouler des pelles" pensa t-elle en les regardant. Ses protecteurs semblaient prendre leur pied rien qu'avec ça, à en juger par l'expression de Tess lorsqu'il embrassa son cou et sa mâchoire. Cependant, lorsque Tess posa les mains sur les fesses de Joel, Ellie sentit son visage entier la brûler. Elle avait désormais une idée claire sur ce qu'ils allaient faire, mais se questionna sur le fait que ce soit ou non leur première fois. Depuis qu'elle les avait rencontrés, elle s'était souvent demandée s'ils étaient en couple car ils lui avaient toujours parus très intimes derrière leurs habitudes de "potes".

- J'ai envie de te baiser, Tess ! grogna Joel.

Brutalement ramenée à la réalité, Ellie se sentit comme une enfant dont les parents n'avaient aucune discrétion.

- Alors baise-moi, prends tout ce que tu veux. Je veux juste que tu te retires à la fin.

Les joues bouillantes à en faire la cuisine dessus, Ellie tenta de s'occuper l'esprit avec autre chose et leur tourna le dos. Malheureusement, ses comics n'avaient plus aucun intérêt pour le moment car son voyeurisme d'adolescente curieuse était plus fort que toute bienséance. Lorsqu'elle voulut regarder à nouveau, ils n'étaient plus là. Elle les entendait sans les voir, mais leurs sons de plus en plus obscènes semblaient se rapprocher de la faille. "Malheur, ils risquent de me voir s'ils voient ce trou" pensa t-elle, paniquée. Ellie eut alors la conscience d'éteindre la lumière. Elle ne pouvait donc plus lire mais la pièce étant plongée dans le noir, elle avait une chance de passer inaperçue. Si les deux adultes s'approchaient trop, ils la verraient. Elle décida donc de rester à l'écart pour le moment, s'asseyant près de son sac à dos au milieu de la salle de bain. Sinon en plus de passer pour une voyeuse, sa "présence" révélée les inciterait à tout arrêter. Elle et Tess supporteraient donc Joel, qui continuerait à se montrer violent avec les autres.

CLAC

À en juger par ce qu'elle venait d'entendre, l'un des deux venait brutalement de se faire plaquer au mur. Ellie n'y connaissait encore rien en matière de rapports sexuels, mais elle se dit que deux personnes amoureuses y auraient été avec bien plus de douceur. Là, elle avait deux bêtes à proximité. Ils ne retenaient rien de leur bestialité buccale, dont les sons peu ragoûtants parvenaient toujours aux oreilles de l'adolescente. Elle sortit alors sa lampe torche, et se replongea dans sa lecture.

ooOOoo

Maintes fois, les deux contrebandiers s'étaient changés l'un à côté de l'autre. Un jour, ils avaient même pris une douche ensemble car ils étaient pressés par le temps. Tess était entrée dans la salle de bain pour y trouver Joel, nu et en train de se savonner. Le rideau de la baignoire n'étant pas tiré, elle avait tout vu et s'était excusée. En tout bien tout honneur, il l'avait alors invitée à le rejoindre et ils s'étaient donc lavés côte à côte. Avec respect et sans aucun contact inapproprié, bien que certains regards baladeurs s'étaient croisés.

Cette fois, ils s'ôtèrent eux-mêmes leurs vêtements et sans en perdre une miette visuellement. Joel fut le premier à se retrouver torse nu, mais lorsqu'il commença à défaire la chemise de Tess en retour, elle l'en empêcha. Elle l'allongea sur le matelas en l'immobilisant, lui plaçant les mains au-dessus de la tête. Avec un sourire tendre qui lui était totalement étranger, elle l'embrassa tout en posant son autre main sur sa bosse.

- Laisse-moi m'occuper de toi, pour commencer.

Il hocha lentement la tête. Ils devaient exprimer leur violence autrement qu'en faisant couler du sang. Un laisser-aller aux instincts primitifs était ce qu'il leur fallait pour faire redescendre tout la pression issue de cette société déchue. Le regard masculin brillait d'une instable envie mais même s'il tremblait de désir, il choisit de rester calme.

- Je veux bien mais... juste... embrasse-moi encore.

Se voyant mal refuser une telle demande, Tess s'allongea entièrement sur lui en plaçant ses mains partout où elle pouvait le toucher. Leur baiser s'éternisa et se diversifia pour plusieurs raisons. La première étant que Joel n'avait plus ressenti les lèvres et la chaleur d'une femme depuis vingt ans. La seconde, c'était cette réciprocité qu'il sentait chez Tess et qui les encourageait à en demander plus encore, ce cruel manque de douceur charnelle. Joel avait envie de rompre ce lien qui les tenait à distance depuis le début, ne serait-ce que pour cette nuit. Sans sentiment chacun, ils avaient envie de la chair de leur partenaire de crime. Tellement envie qu'au bout de six minutes de ravages buccaux, Joel lui mordit volontairement la bouche en lui attrapant les cheveux. Lorsqu'elle gémit de douleur, il la relâcha avec des regrets sur le visage. Il sut qu'il avait été trop loin.

- Pardon ! Je m'emballe trop, je n'ai rien fait depuis longtemps. J'aurai pas dû faire ça.

Contre toute attente, Tess sourit et lui mordit la bouche à son tour.

- Au contraire, ce sont des sensations qui font du bien. Ça change de cette douleur qu'on affronte tous les jours. Même si quelques minutes de ce soir avec toi peuvent faire mal, je les veux et je les encaisserai. La douleur qui vient de toi, j'en veux. Crois-moi, je ne serai pas tout le temps douce non plus. Alors si monsieur Miller veut faire demi-tour, il est encore temps.

Cette proposition fut immédiatement refusée lorsque son ami la fit retomber sur lui. Sans s'embrasser cette fois, ils se découvrirent à un rythme plus lent. Tess descendit dans son cou et le marqua autant qu'elle put des deux côtés, avant de passer à son torse. Ce dernier était à la fois velu et très esthétique, sa pilosité partant des pectoraux, s'affinant au niveau des abdominaux, et descendant jusque dans son pantalon. Sous ces poils noirs et légèrement grisonnants, les muscles de l'ancien entrepreneur étaient toujours là. Ils attisaient autant l'envie de Tess, que ce qui les recouvrait. Elle embrassa alors chacun des muscles qu'elle pouvait sentir tout en caressant les poils, savourant les couinements provoqués chez l'autre survivant. Cependant, Joel passa une main entre ses jambes et Tess le regarda délivrer son organe affamé. Il n'y toucha pas et ne l'y encouragea pas non plus. Il se justifia uniquement par la douleur qu'il ressentait à cause des tissus. Tess replongea alors dans ce bain de chair et de muscles qui lui faisaient de l'œil.

- C'est fou ce que tu es beau ! Tu es rien qu'à moi ce soir, Joel Miller.

Cédant sous ces mots, Miller déglutit bruyamment et son corps se cambra sous la présence de son amie. Celle-ci sentit contre ses seins le sexe tendu et gonflé, et commença à descendre plus bas que le buste. Comprenant, l'homme l'arrêta dès cet instant.

- Euh... Tess ?

Il dut répéter son prénom afin d'attirer son attention et la freiner dans son élan. Tess remonta jusqu'à son visage, et Joel prit le sien en coupe avant de désigner le bas de son corps d'un mouvement de la tête.

- Tu n'es pas obligée de faire ça.

Elle avait toujours apprécié la galanterie et le respect de son ami à son égard, alors que d'autres femmes hurlaient le contraire depuis le royaume des morts.

- Même si on fait tout pour rester clean à certains endroits, on n'a plus l'hygiène d'autrefois ! poursuivit-il.

Alors que Tess referma sa poigne sur la queue qu'elle commença à masturber sans le quitter des yeux, Joel ferma les siens et la laissa s'exprimer en savourant ses doux allers.

- Je le sais. Mais je suis bien placée pour savoir que tu es un homme soigneux de haut en bas. Si je te dis que j'ai vraiment envie de te sucer, c'est parce que c'est vrai. J'en ai foutrement envie. On n'a pas souvent l'occasion de s'éclater. C'est une chose que j'ai toujours aimée faire, et te le faire me procurerait autant de plaisir qu'à toi.

Elle avait gagné, son partenaire ne prononça plus un mot et laissa sa tête retomber sur le matelas. Après avoir de nouveau essuyé le plus doux et langoureux des baisers, il vit le visage de son amie redescendre jusqu'à la zone désirée. Immédiatement, la bouche saliveuse l'enveloppa en totalité pour parcourir sa longueur avec appétit. Sans tarder, les gémissements étouffés par le plaisir de Miller l'encouragèrent à continuer et elle accéléra le mouvement à une vitesse folle, avant de retirer sa bouche pour le lécher. Déglutissant en fixant le plafond, l'homme craignit que son plaisir ne dure que peu de temps s'il se contrôlait mal, alors il se força à rester maître de son érection. Lorsque Tess le reprit en bouche jusqu'à la butée, il grogna et plia les genoux de façon à les avoir de chaque côté de sa tête. Tess en profita alors pour s'accrocher à ses cuisses, et lui se servit de ses pieds pour se soulever et pousser son sexe directement dans la bouche de Tess. Ce fut plus rude et dominateur de sa part, mais il était si envoûté par le bruit que faisait sa bite en se noyant dans la salive de Tess qu'il ne parvint plus à s'arrêter. Ce qu'elle ne semblait pas avoir envie de faire non plus de toute façon.

Ce ne fut que lorsqu'il commença à la voir étouffer sous la pression de ses mains sur sa tête, qu'il décida de la relâcher. À sa grande surprise, et ce malgré un épais filet de salive qui les unissait encore, la survivante respira très bien et continua de le masturber tout en le regardant.

- Elle est vraiment bonne, j'en reveux ! s'exclama Tess.

Puis elle se rejeta dessus sans attendre et la dévora. Savourant cet assaut buccal, le plus vieux répondit :

- Ta bouche aussi, elle est bonne. J'espère que je ne vais pas tout lâcher trop vite parce que j'ai vraiment envie de toi, Tess. Putain, c'est trop bon !

- Ça va venir mon beau. Laisse-moi manger un peu pour l'instant. Si tu pouvais goûter au parfum de ta chair, tu adorerais ça. Et tes couilles... mmmpf... oh c'est bon...

- Oh Tess !

Sa hampe et son scrotum comportaient un excédent de peau qui rendait son sexe gonflé, ensorcelant, et qui provoquait cet insatiable appétit chez Tess. Elle en voulait autant que l'organe en demandait, et le força à subir une longue torture en donnant exactement le même plaisir aux testicules, qu'elle embrassa comme elle avait embrassé sa bouche.

- Robert avait raison.

Frustrée que Joel ne cite leur ennemi en de pareilles circonstances, elle releva la tête. Avec un léger rire, Joel bégaya :

- Il disait... pardon, ce sont ses mots... mais il disait que tu avais "une grande gueule". J'ai droit à un aperçu différent, mais il avait raison en un sens.

- Miller, tu vas me payer ça.

Tess se jeta sur lui et ils luttèrent plusieurs secondes en riant, avant que Joel ne parvienne à la renverser et l'immobiliser sur le matelas. Ce jeu de domination ayant transformé l'étincelle en incendie, Joel se plaça face au vagin qu'il pénétra avec violence et avidité. Autant qu'une nette douleur due à un manque d'activité les frappa, ils ressentirent aussi un plaisir incommensurable. Il sentit la largeur de son membre être pleinement "enfermée" et commença à aller et venir en se plaquant sur Tess. Cette dernière passa les bras autour de lui et le laissa faire ce qu'il voulait en fermant les yeux.

- Prends-moi fort, vas-y.

Soulevant son corps en appuyant sur ses mains, Joel ne quitta pas Tess des yeux et commença à la rudoyer par des coups durs et espacés. Ces coups de reins frappèrent Tess si fort qu'il la déplacèrent littéralement vers le bord du matelas.

- Ma Tess ! grogna Joel dans le cou qu'il inonda de baisers.

- Espèce de bête ! J'adore ta bite qui me ravage.

Joel la regarda et craqua devant son regard de féline, avant de se retirer de son antre mouillé pour y replonger aussi brutalement que la première fois. Il l'embrassa avec un mélange d'impatience et de sauvagerie, alors qu'un regard innocent était rivé sur eux dans la pièce à côté. "Whao ! T'es un violent, Joel" pensa Ellie, entièrement rouge alors qu'elle ressentait des picotements dans son bas-ventre. Bien qu'elle se sentait honteuse d'être excitée en jouant la voyeuse, elle imagina comment se comportaient les adolescents d'autrefois dans ce genre de situations.

La suite ne fut composée que de grognements obscènes et de cris de plaisirs. Joel était tellement dans son monde qu'au moment où il fut sur le point de jouir, il oublia de prévenir Tess. Par chance, elle le remarqua facilement et l'avertit à temps. Pour compenser l'interdiction, Tess serra les jambes et coinça le sexe de Joel entre ses cuisses pour le laisser finir ses va-et-vient et éjaculer entre elles. Le sperme chaud lui réchauffa la vulve alors qu'il l'embrassa avec douceur. Suite à ça, Joel resta plusieurs minutes sur le corps de cette amie qui venait de lui rendre le plus beau des services.

Leurs corps étaient sales et ne demandaient qu'à être lavés mais en attendant, ils avaient envie de calme et d'une nuit sans hurlements ni contaminés. S'allongeant contre Tess, Joel ne sut s'il avait le droit de continuer à la toucher intimement maintenant que leur moment était fini, ou alors s'il devait à nouveau s'en tenir à une distance convenable. Elle le remarqua lorsqu'il reposa la main qui avait voulu toucher son ventre en sueur.

- T'as pas à avoir honte de vouloir coucher avec une femme, surtout après tout ce temps. On est encore humains et tu n'es pas le seul à le ressentir. Peu importe comment, on a tous besoin de décompresser.

Elle se tourna vers lui, lui prit la main et n'hésita pas à l'embrasser suavement pour lui faire comprendre qu'ils n'en avaient pas terminé.

- On peut le refaire à la moindre occasion, je serai partante. Tant que l'environnement est sûr.

- Je ne dirai pas non.

Avec un rire taquin, Tess longea les contours de ses pectoraux.

- Et puis, si ça peut nous éviter des "bastons de bar" comme tout à l'heure...

Ils n'avaient pas passé un aussi bon moment depuis très longtemps. Cependant, c'était à double tranchant car ils devaient prendre soin d'Ellie. Elle se prétendait assez grande mais ils étaient responsables d'elle. Ils se rhabillèrent alors et Tess retourna la chercher dans la salle de bain pendant que Joel retournait marcher un peu dans le couloir pour que son apaisement post-coïtal ne soit pas repéré par la jeune fille.

Dans la pièce voisine, Ellie avait rallumé à temps pour faire semblant de lire lorsque Tess entra comme si de rien n'était.

- Ellie, ça va ? Je n'ai pas été trop longue ?

Cette dernière releva un visage faussement naïf, avant de répondre de façon négative tout en exhibant sa bande dessinée. Tess s'approcha alors des douches et en ouvrit une afin de tester le fonctionnement. Alors qu'elle ne s'y attendait pas, l'eau qui s'en écoula était encore chaude et il restait quelques produits d'hygiène posés au sol. Prise d'euphorie, elle sortit en courant pour aller prévenir Joel, et même l'adolescente ressentit de la joie de le constater. Non par égoïsme mais plus par intérêt au cas où les autres le remarqueraient, ils firent en sorte de se laver chacun leur tour avant d'aller se coucher. Pendant que l'un se nettoyait, les autres montaient la garde devant la porte et ainsi surveillaient leur "chambre" en même temps. De toute façon, Joel terrifiait les autres au point qu'ils n'osaient même plus se pointer à l'autre bout du couloir. Ellie passa en première, ensuite Tess et enfin Joel. L'homme se révélait d'une nature très prévenante vis-à-vis de ses amies. Il n'hésita d'ailleurs pas à prendre à nouveau "soin" de Tess contre le mur, pendant qu'Ellie prenait sa douche.

Quand vint l'heure de se coucher, Ellie étira une épaisse couverture qu'elle analysa dans tous les recoins pour ne pas se poser directement à même un matelas crasseux sur lequel de nombreux autres survivants avaient dormi... ou pire. D'ailleurs, Joel se rendit tardivement compte d'une gaffe. Il regarda Tess et désigna les traces de sperme qui avaient coulé entre ses cuisses et étaient retombées sur le matelas. Faisant les gros yeux, celle-ci lui fit un signe entendu de la main et ils retournèrent le matelas pendant que la jeune fille avait la tête tournée. Malheureusement, l'autre côté était bien pire encore à cause de l'humidité. Miller décida alors de poser une des couvertures déjà présentes dessus et de dormir à cet endroit précis. Tess s'allongea à sa gauche mais lorsqu'ils virent qu'Ellie semblait réticente, Joel désigna la porte.

- Ne t'en fais pas, Ellie. Je ne dormirai que d'un œil.

- Moi aussi ! précisa Tess.

- Aaah... si seulement c'était de ça que j'avais le plus peur.

Sans comprendre, les adultes se regardèrent en se questionnant silencieusement et la virent s'installer contre le mur sans un mot de plus. Joel rassura ses amies une dernière fois, bien qu'ils étaient tous les trois confiants sur la sécurité de cet endroit. Ils décidèrent aussi d'éteindre la lumière au cas où un ou plusieurs des autres ne viendraient traîner dans les parages. Bien que l'emplacement de leur chambre provisoire était tout indiqué depuis le début, ils ne voulaient pas trahir leur présence pour éviter toute tentation de pillage, ou bien des représailles contre Joel. Et comme la salle de bain était à côté, rien n'empêchait les autres de l'utiliser à volonté pour retrouver un peu de dignité.

Gesticulant sur le matelas pour trouver sa place, Tess remarqua une chose.

- Il fait chaud, non ? Par rapport à tout à l'heure...

- Oui, c'est bizarre ! suivit Joel.

Amusée bien qu'elle s'abstint de leur montrer, Ellie répondit :

- Mais non, c'est pas bizarre. Allez papa et maman, on dort. Bonne nuit !

- Bonne nuit ! suivirent les autres.

ooOOoo

Le lendemain, Joel attendit le réveil de ses partenaires pour se lever. Il était plutôt satisfait de sa nuit car il avait très bien dormi, et en bonne compagnie. Il avait réellement l'impression d'être en compagnie de sa famille avec Tess et Ellie, et les réveils aussi doux étaient d'une rareté à couper au couteau alors il en profita. Il passa à peine une heure avant qu'elles ne se réveillent en même temps. Sachant que ce n'était ni le lieu pour se nourrir, ni pour s'éterniser, ils allaient devoir repartir pour chasser et éviter de côtoyer ces autres survivants plus longtemps.

- Bien dormi les filles ?

- Oh oui !

Après s'être bruyamment étirée en bâillant, la plus jeune s'exclama :

- Carrément, ça fait trop du bien.

Joel sentit l'adolescente bouger et se lever. Habituée à ne jamais rester au lit, Ellie décida d'aller allumer la lumière sans prévenir. Ceci fait, elle fit les gros yeux en désignant Joel. Ce dernier se rendit compte de la situation et déglutit car même si elle était réveillée, Tess était inconsciemment blottie contre lui. Lui-même n'y avait pas fait attention et Tess ayant les yeux fermés, elle n'avait pas remarqué qu'ils la regardaient. Par malchance pour Joel, la cuisse de son amie tombait sur un certain endroit qui lui donna une envie matinale. Lorsqu'elle prit conscience de leur position, la survivante rit et se leva doucement, incitant l'homme à faire de même.

- C'était vraiment une bonne nuit.

- Oui ! En plus, quelques uns des zigotos sont passés près de la porte. Je les ai entendus dire qu'il faisait super beau.

- Ouai !

Ellie semblait très enthousiaste à l'idée de repartir, mais Joel se releva doucement en lui demandant de s'écarter de la porte. Alors qu'il remettait son jean ainsi qu'une chemise propre, Tess regarda autour d'elle et ouvrit grand la bouche en voyant enfin le trou massif dans le fond de la pièce.

- Joel, regarde ça.

Son ami se tourna et fronça les sourcils. Il s'avança avec méfiance, tout en posant un doigt sur ses lèvres pour l'inciter à murmurer au cas où quelqu'un se cacherait derrière. Ne voyant rien, il recula par sécurité.

- On a vraiment eu de la chance de passer une bonne nuit... ça mène où ce trou, tu crois ?

- J'en sais rien, mais c'est sûrement de là que venait la chaleur d'hier.

Ellie soupira, peu d'humeur à les voir aussi paranoïaques dès le réveil.

- Calmez-vous, c'est que la salle de bain.

Seulement là, elle réalisa son erreur et les adultes se figèrent. Plus personne ne bougea pendant plusieurs secondes d'une gêne intense. De dos, Joel commença à se passer les mains sur le visage et Tess baissa la tête en toussotant.

- Oh putain de merde ! murmura t-elle.

Ellie approuva totalement. Sans s'en rendre compte, tous fixaient le trou dans le mur avec le même embarras.

- Ah ouai ! "Putain de merde", tu l'as dit.

- La honte ! dit Joel.

Après avoir ouvert la porte, Ellie les sermonna.

- C'est dévoilé alors il fallait y penser hier. Maintenant, je veux oublier ce cauchemar et profiter du soleil. C'est possible ? Allez, on se tire d'ici.

Une fois dans le couloir, elle leur montra les portes de chacune des deux pièces utilisées la veille.

- On dirait que l'amour rend idiot. Vous voyez bien qu'il n'y a aucune porte entre ces deux-là ! Vous n'avez même pas pensé à ça hier ? Et même en prenant vos douches, vous n'avez rien vu ? Vous avez vu le cratère ? Eh, je vous parle.

- Ellie, on aimerait penser à autre chose si tu veux bien. En plus un cratère, c'est dans le sol.

- Oui et moi, j'essaie de vous dire de faire attention à l'avenir. Sinon vous allez faire ça dehors ou à l'autre bout des bâtiments. Je suis choquée à vie, moi.

En passant devant ceux qui n'étaient pas encore partis, Tess leur précisa que la salle de bain du bout était utilisable mais sans s'attarder. Déjà que le bagarreur de la veille dévisageait Joel... D'ailleurs, ce dernier fit un pas vers lui et tendit les bras.

- Si tu en veux encore, je suis très en forme.

Ellie s'énerva littéralement et poussa Joel dans le dos, alors que l'autre homme grommelait et se renfermait.

- Ah non, tu dégages hein ! On sort. Elle est belle l'entente entre les survivants. Vous faites tous pitié. Pas étonnant que ce monde ait fini comme ça.

Au moment où ils sortirent, Tess tira l'oreille de Joel alors qu'une voix à l'intérieur se fit entendre :

- Elle n'a pas tort, la petite.

Au moins, les mots de la plus jeune avaient fait réfléchir quelqu'un. Dehors, Ellie continua d'éloigner l'homme du bâtiment avant qu'une autre envie de cogner ne le prenne.

- Alors c'est ça de nos jours ? Soit les hommes veulent se battre, soit ils s'envoient en l'air ? Arrête et avance.

Ils retournèrent au bord de la forêt où Joel avait dissimulé la voiture la veille, camouflée avec des branchages. Après avoir espéré qu'elle n'avait pas été volée, ou qu'elle n'avait pas subi les dégâts de l'orage, ils la retrouvèrent au même endroit et soufflèrent de soulagement. Après avoir soupiré lorsque Tess lui demanda d'aller derrière car il était vrai qu'elle n'était pas la meilleure pour lire une carte, Ellie le leur fit payer en se plaignant pendant toute la route. Campagne, désert ou ville... aucun décor ne lui paraissait intéressant en occupant la place arrière. Pire encore, elle remarqua à un moment que Joel tendit la main droite vers la carte... mais cette main n'y resta pas longtemps. Tess venait de la lui prendre doucement et ils se caressaient les doigts tous les deux. Outrée, l'adolescente comprit que la carte était loin d'être le motif le plus légitime pour laisser les adultes occuper le devant.

- Faut pas vous gêner surtout ! Ah elle est belle la liseuse de carte.

Surpris par son observation ainsi que sa hargne, les adultes éclatèrent de rire. Ils décidèrent de se comporter comme des parents avec elle, tout en y mêlant un peu d'humour. Alors qu'il lui jeta un regard amusé dans le rétroviseur, Joel tenta de parler comme un père.

- Calme-toi ! Tu verras quand tu te trouveras un chéri.

- C'est vrai, tu ne voudras plus le lâcher ! approuva Tess.

- Ouai ben si les hommes sont aussi violents que Joel quand ils s'envoient en l'air, je préfère rester vierge jusqu'à la mort. Tu m'as coupée l'envie de me chercher quelqu'un.

Les deux compères et amants occasionnels se regardèrent avant de serrer les lèvres pour ne pas la provoquer avec un rire.

- Tu aurais au moins pu t'occuper de tes bouquins et ne pas regarder ! reprocha l'homme.

- Oh hé ! Déjà si j'avais lu, ça aurait été en gardant la lumière allumée. Là vous auriez eu l'air un peu cons tous les deux, parce que vous vous seriez rappelés que la salle de bain était juste derrière. Mais bon... quand on a envie de faire des galipettes, ça prive de cervelle.

Ils restèrent silencieux un instant. Pour son âge, Ellie avait beaucoup de caractère et savait même faire la leçon à ses aînés. Tess donna un léger coup de coude à leur chauffeur et reconnut un fait.

- C'est vrai qu'on le savait au début parce qu'on avait vérifié le couloir. Mais voir un trou pareil le lendemain, et qui donne sur une pièce plongée dans le noir m'a fait oublier la présence de la salle de bain sur le coup. Ça doit être pareil pour toi ?

- Moi ? Je vais te dire, je n'arrivais plus à penser correctement. En plus, vu que mademoiselle a préféré se taire hier pour faire la voyeuse...

- Oh ! Si j'avais dit que j'étais là, vous auriez arrêté vos galipettes et on aurait passé une sale nuit à cause de monsieur le frustré. Surtout moi ! En plus, tu me dis toujours que c'est en observant qu'on apprend.

Joel grogna entre ses dents en murmurant qu'il allait la tuer, et Tess lui passa une main affectueuse sur la nuque.

- Enfin apprendre... pour ce que j'ai maté hier, la FEDRA nous aurait sûrement donné de meilleurs cours là-dessus. Espèce d'homme des cavernes ! Et toi là, pourquoi tu n'as rien ? Ton corps a dû subir des contusions, tu dois être pleine de bleus !

Après avoir éclaté de rire face à son manque d'expérience et sa naïveté, son amie tenta de la rassurer.

- Ellie, le corps humain est plus solide que tu le penses.

Mais l'adolescente insista.

- Non mais je ne comprends même pas comment Tess arrive encore à marcher...

- Ellie ! l'interrompit Joel.

- Avec ce que tu lui as planté...

- ELLIE !

Là, c'était Tess qui avait hurlé, et Joel pesta après avoir donné un mauvais coup de pédale. Il se tourna derrière pour disputer la jeune fille, alors que Tess voulut l'en empêcher pour le forcer à regarder la route après cette perte d'attention.

- Joel ! Joel ! Tu te calmes et tu regardes la route, mon grand. Et Ellie, arrête tes remarques. Tu ne connais pas tout dans ce domaine et tu en apprendras plus quand tu auras un copain.

- Ne faites pas les pudiques alors que j'ai tout vu. Et puis Tess, ne fais pas la mijaurée à propos des rapports avec des gars de mon âge alors que tu ne t'es même pas lavée les dents... espèce de goulue !

- ELLIE ! hurlèrent les adultes.

Celle-ci se renferma avec un sourire narquois et ils gagnèrent ainsi dix minutes de répit, avant qu'elle ne se manifeste avec plus de sérieux et de timidité.. voire de peur.

- En plus, j'aime les filles et pas les mecs.

Alors que leurs têtes sortaient à peine de ce moment de silence délicieux et relaxant, Joel et Tess se regardèrent avec douceur. Peu importe qui elle aimerait par la suite, leur petite protégée venait de faire un grand pas en avant en ce qui concernait la confiance. Mais depuis, elle sembla en avoir peur et ce fut pourquoi ils décidèrent de ne pas la laisser dans le silence.

- Cool ! Deux filles ensembles ! dit Joel.

Après avoir poussé l'épaule de son ami, Tess prit le contrôle.

- Dis donc, toi. Alors cette fameuse Riley dont tu nous parlais, c'était ta première ?

- J'aurai bien voulu ! trancha Ellie.

- Jeune fille, il va falloir qu'on parle ! dit Joel, tel un père.

Il lui lança un regard curieux dans le rétroviseur, et Ellie commença à rougir.

- Arrête, tu vas la mettre mal à l'aise.

- Ne t'en fais pas, ce n'est pas lui qui me donnera des leçons en matière de douceur.

- Pardonne-le, il était inactif depuis vingt ans. Mais le rendu n'en a été que meilleur pour moi.

- Oh non ! pesta Ellie en se cachant le visage alors que les adultes riaient.

Ils débattirent longtemps sur la future vie amoureuse de l'adolescente comme s'ils étaient ses parents, allant même jusqu'à se disputer. Le but était de l'aider à s'affirmer en sortant de sa coquille, et le résultat fut encourageant. Ellie ne s'était pas autant amusée depuis longtemps et les laissa faire jusqu'à ce qu'ils ne commencent à chercher un abri au bord d'une forêt. La chance étant avec eux, ils trouvèrent une cabane de chasse équipée à la lisière et se garèrent juste à côté. Quant à Tess et Joel, ils ne cherchaient même plus à se cacher. Ils restaient sur leurs gardes en protégeant Ellie du mieux qu'ils pouvaient, mais celle-ci les surprit plusieurs fois à se lancer des regards équivoques et un peu trop envieux. Cette "histoire entre amis" allait tout de même les emmener loin et elle le savait.

Vers midi, ils étaient plutôt fiers. Deux lièvres et un écureuil pour leurs prochains repas leur permettrait de garder le moral. Sur le chemin de la cabane, Joel proposa de partir en éclaireur pour vérifier que la voie était sûre mais alors qu'il tardait, Tess s'inquiéta et partit à sa recherche en ordonnant à Ellie de rester à son emplacement. Peut-être la voiture avait-elle été prise d'assaut ! L'adolescente se retrouva donc à la place de Tess, à s'inquiéter contre un arbre. Sans oublier qu'elle était seule dans ce lieu sauvage. Vite lassée, elle finit par tenter de les rejoindre, arme au poing. Sans doute avaient-ils eu des ennuis ! Trop jeune ou pas, plus d'une fois elle les avait sortis du pétrin, alors si quelqu'un tentait de leur voler la voiture en les tenant en respect, ce serait encore elle qui sauverait la situation.

Finalement, son protecteur masculin avait juste trouvé une combine pour passer un moment avec Tess. Ah ça... le paysage était sûr. Tellement sûr que les chasseurs étaient en train de s'embrasser contre un arbre solitaire et se touchaient de façon peu pudique. Sachant désormais pour quelle raison Joel avait manigancé un tel coup, Ellie s'approcha avec colère et brandit son pistolet vers le ciel avant de tirer.

PAN

Les survivants sursautèrent et se calmèrent tout de suite en la voyant arriver, d'autant que l'arme se releva un peu trop dans leur direction.

- Je ne vous dérange pas trop, j'espère.

Tess vérifia autour d'eux alors que Joel se crut en droit de lui faire un reproche.

- Tu es folle, tu vas signaler notre position.

- Eh ouai ! Tu vois, moi aussi je peux tirer un coup quand ce n'est pas le moment. Fallait assurer plus rapidement, Joel, parce que je ne me sentais pas en sécurité dans la forêt. Alors on va manger et dès que ce sera fait, je vous laisserai digérer à votre façon mais ne faites plus ça.

Le souffle coupé par son toupet, sa raison ainsi que leur propre manque de conscience, les adultes la suivirent dans la cabane sans faire d'histoire. Joel s'occupa de la viande, Tess prépara le nécessaire pour cuire et Ellie surveilla l'intérieur et l'extérieur depuis l'entrée. Étrangement, ils étaient calmes et très concentrés. Lorsque le tout fut trié, viande et os, Ellie vit traîner quelques viscères sur la table et les ramassa en grimaçant. Lorsqu'elle voulut les jeter dehors, elle regarda autour pour vérifier qu'il n'en restait plus et vit Joel en tendre un gros à Tess.

- Arrête ça, tu vas me couper l'appétit. Depuis quand tu joues avec des boyaux ?

Joel la regarda de façon innocente, et l'adolescente supposa qu'elle avait dû faire une erreur.

- Quoi ? Je ne joue pas, je lui offre mon cœur.

Lorsqu'elle comprit par leurs rires qu'ils se moquaient d'elle, l'adolescente s'approcha et vit un cœur dans la main de Joel. Vu la taille, c'était celui d'un des lièvres. Cette fois, elle participa à leur plaisanterie et rigola avec eux. Et dire qu'elle allait grandir à leurs côtés !

Fin.