Il est huit heures moins le quart et je fais le pied de grue devant la porte d'entrée, guettant l'arrivée de Jacob. Le bruit d'un moteur retentit, et une voiture se gare devant chez moi. Jacob, un sourire radieux sur le visage. Il baisse la vitre et me salue gentiment.

— Allez monte, dit-il en désignant le siège passager.

Je le remercie chaleureusement et m'installe à côté de lui.

Devant le lycée, il se gare tranquillement. Quelques voitures sont déjà là, mais la plupart des élèves, comme moi, viennent à pied. Quand on sort de la voiture, je sens les regards curieux de plusieurs camarades se poser sur nous.

— Salut, Haven ! Tiens, j'ai ramassé ton sac hier, lance Seth, un garçon au visage encore un peu enfantin, en me tendant mon sac à dos.
— Merci, Seth, c'est sympa !

Je connais Seth Clearwater depuis de nombreuses années, j'ai longtemps joué avec lui et sa grande sœur, Leah, qui a quelques années de plus que moi. Les Clearwater sont des amis de famille depuis plusieurs générations.

Jacob, à mes côtés, lève les yeux au ciel et attrape mon sac avant même que je puisse le récupérer. Je proteste, mais il ne me laisse pas le choix. Bon, s'il veut porter mes affaires…

On entre en classe. Ce matin, on a cours d'histoires quileute et autochtone.

— Oh juste ciel, malheur, malheur ! s'exclame la prof avec des gestes exagérés en me voyant écrire. Je suis sûre que tu es gauchère, malheur, malheur !

Oui, je suis gauchère. Je regarde ma prof tout en tentant de garder mon calme. J'ai envie de rire. Toutefois, je parviens à me contenter d'acquiescer.

Je me dirige vers ma place habituelle, mais Jacob m'attrape par le poignet et m'entraîne vers une autre rangée. Il désigne une place libre à côté d'Embry Call. Je soupire, mais m'assois sans discuter. Embry, avec son sourire habituel, me regarde.

— Tu veux que je te file mes notes ?
— Ce serait gentil, merci.

Je souris, un peu gênée, puis je laisse mes pensées divaguer en attendant que la classe se remplisse. Une main passe soudain devant mes yeux.

— Je vais lui casser la gueule, à Jacob Black, grogne Jill, ma meilleure amie, ignorant royalement Jacob qui est assis juste derrière moi.
— Jill...

Elle est toujours pareille : un peu bourrine, mais d'une gentillesse sans bornes. Elle s'installe derrière moi… A côté de Jacob ! Il écoute Jill sans faire le moindre commentaire, mais je vois bien à sa manière de sourire qu'il a envie de se marrer.

— De toute façon, tu ne pourrais pas lui casser la gueule, intervient Embry d'un ton amusé.
— Et pourquoi donc, mONsieur le meilleur ami de Jacob Black ?
— Tu te ferais mal.

Jill réfléchit une seconde, puis me fixe intensément.

— Si jamais tu as besoin, je lui casserai la gueule, conclut-elle.

Le cours commence. J'essaie de prendre quelques notes avec ma main droite, mais je finis par lâcher l'affaire en pestant. Ce n'est pas la peine. À l'interclasse, Jill me harcèle de questions sur Jacob, et mes « nouvelles fréquentations ». Je lui explique qu'il se sent redevable depuis qu'il m'a déboité l'épaule.

La sonnerie retentit. Enfin. Je vais pouvoir souffler deux heures en biologie, loin de Jill et de ses questions insistantes. Elle a choisi des cours de chants et musiques traditionnelles.

Les cours de biologie à La Push ont un côté particulier. On y étudie la faune et la flore de la région, avec un accent sur la réserve. Bien sûr, il y a des enseignements généraux, mais le but reste de nous sensibiliser à notre environnement. La plupart d'entre nous ne quitteront jamais la réserve et deviendront ses protecteurs.

Alors qu'on attend devant la salle, Seth m'interpelle.

— Haven, tu manges avec nous ce midi ?

Je le regarde, un peu surprise par son invitation.

— Oui, pourquoi pas.

Il me gratifie d'un large sourire avant de disparaître. Je me retrouve avec Embry, et on entre en classe ensemble.

— Aujourd'hui : dissection ! annonce le professeur en posant une boîte sur son bureau. Je vous ai apporté de beaux rats.

Des exclamations dégoûtées fusent dans la salle. Je reste figée. Une bestiole morte. Pourquoi fallait-il que ça tombe aujourd'hui ? Mon esprit me joue un mauvais tour, ramenant l'image de mon neveu, inanimé sur le sol. Une boule se forme dans ma gorge, et mes yeux se brouillent.

— Je ne peux pas faire ça… murmuré-je à Embry, qui me regarde, inquiet.
— Monsieur ? Haven ne va pas bien.

Le professeur lève à peine les yeux.

— Mais non, mais non ! Tout ira bien, elle n'a pas à s'inquiéter pour si peu !

Je sens mon souffle devenir court. Pourquoi j'ai choisi la biologie, déjà ? Pourquoi je n'ai pas suivi Jill en musique traditionnelle ? Ah oui, pour protéger la nature. À cet instant, je me trouve complètement idiote.

Embry, voyant que je ne réponds pas et que des larmes dévalent le long de mes joues, m'aide à me lever et m'entraîne hors du laboratoire sans attendre l'autorisation.

Dans le couloir, mes larmes coulent d'autant plus. Je n'arrive plus à les retenir. Monsieur Finnigan, le prof, finit par nous rejoindre.

— Je suis désolé, Haven, dit-il, visiblement mal à l'aise. Je n'ai pas réalisé à quel point tu étais mal.

Je hoche la tête, incapable de parler. J'accepte ses excuses d'un signe, puis je demande timidement si je peux aller à l'infirmerie. Le professeur acquiesce et demande à Embry de m'accompagner.

On marche en silence. Je garde les yeux rivés sur le sol jusqu'à ce que Embry murmure :

— Jacob arrive.

Je relève la tête et vois Jacob qui s'approche à grands pas. Pourquoi est-il là ? Il devrait être en cours.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je en reniflant.
— Je voulais m'assurer que tout allait bien.

— Vraiment Jake, arrête de faire ça, c'est flippant. C'est bon t'a payé ta dette à l'humanité en m'accompagnant à l'hôpital hier, mais maintenant laisse tomber, grondé-je.

Il ignore ma remarque et continue de marcher à mes côtés jusqu'à l'infirmerie. Embry, lui, repars en direction du labo de biologie.

— Sérieux Jake, je vais devoir demander à Jill de te casser la gueule ! me moqué-je.

Il éclate de rire et m'ouvre la porte de l'infirmerie. Sue Clearwater, la mère de Seth, est notre infirmière scolaire. Elle m'accueille avec son sourire doux et rassurant. Pendant deux heures, elle reste avec moi, parlant de tout et de rien pour me changer les idées. Sue est vraiment quelqu'un de bien. Elle fait parfois des gardes à l'hôpital de Forks, mais ici, elle est comme une deuxième maman pour nous.

Quand Jill débarque à l'infirmerie pour prendre de mes nouvelles, je soupire. Je sais que je ne vais pas y échapper. Si je ne lui raconte pas tout maintenant, elle l'apprendra par d'autres, et les ragots prendront le dessus.

Alors je parle. Je lui raconte tout. Jacob, mon épaule déboîtée et m'a emmené à l'hôpital.

— Le docteur Canon… euh, Cullen, qui m'a remis l'épaule en place, bégayé-je en jetant un regard en biais à Sue, qui fait semblant ne pas avoir entendu.

Et enfin, je raconte à Jill comment j'ai retrouvé mon neveu, inanimé sur le sol de sa chambre. Je mentionne évidemment l'état de choc de ma sœur, qui s'en veut énormément de ne pas avoir su gérer l'incident.

Jill écoute sans rien dire, mais son regard s'adoucit. Quand je commence à pleurer à nouveau, elle me prend dans ses bras. Un bruit léger attire mon attention. Quelqu'un toque à la porte de l'infirmerie. La porte s'entrouvre légèrement et la voix de Seth se fait entendre, presque timide :

— Je t'attends dans le couloir.

A son ton, c'est comme s'il était au courant et qu'il respectait mon intimité. Je prends une grande inspiration et me redresse. Jill et moi quittons l'infirmerie ensemble. Elle retourne à son cours de musique, et je rejoins Seth, qui m'attend pour aller à la cantine.

Dans la file d'attente, j'en profite pour lui poser des questions sur Leah. Seth me parle Leah, de son chagrin, et de la façon dont elle commence à aller mieux. Je suis contente d'entendre ça. Leah a toujours été forte, mais entre sa rupture avec petit ami de longue date, Sam Uley, et la mort de Harry Clearwater, le père de Seth et Leah, ça a vraiment été dur pour elle.

À table, je me retrouve assise entre Jacob et Embry. Seth prend place en face de moi. On est vite rejoints par Quil, Jared, et sa petite amie Kim. Les garçons me bombardent de questions. Jared chuchote :

— On m'a dit que tu aimes les légendes, c'est vrai ?, demande-t-il en jetant un petit coup d'oeil à Jake.
— Oui, j'adore ça, admets-je avec un sourire. Harry m'en racontait quand j'étais petite, tu te souviens ? souris-je doucement à Seth qui acquiesce.

Jared sourit, puis demande, un peu trop curieux :

— Tu as un loup en peluche brun-roux, c'est vrai ?

Je regarde Jacob, faussement outrée qu'il ait trahi ma confiance, mais je finis par rire. Cependant, je ne comprends pas pourquoi Jared me demande ça, et acquiesce. Ils échangent des regards, comme s'ils savaient quelque chose que j'ignore.

— On pourrait la voir, nous aussi ? demande Quil. Oh Jake, ne me regarde pas comme ça, ajoute-t-il en haussant les épaules.

Je finis par accepter, amusée par l'idée de ces grands gaillards avec ma petite peluche entre les mains.

— Emily sera ravie de savoir que tu as accepté de venir, précise Kim, visiblement ravie, elle aussi.

— Pas qu'Emily si tu veux mon avis, marmonne Jared en ricanant.

Je fronce les sourcils, puis je comprends.

— Ah parce que vous voulez dire ce soir ?

— Evidemment ! sourit Kim.

La suite du repas passe vite, et je m'éclipse, prétextant un besoin d'air. Je me rends à mon casier, où je fouille à la recherche d'un bloc-notes. Je regarde un instant mon bloc-note et finit par le reposer. Cela ne sert à rien, je ne pourrais pas écrire une seule ligne.

— Je peux écrire pour toi, si tu veux, propose-t-il.
— Non, mais merci, Jacob.

Il me reste deux options : aller lire à la bibliothèque ou aller prendre l'air. La bibliothèque ne me semble pas une bonne idée, compte tenu de mon bras en écharpe qui me gênerait presque autant que l'écriture. Je choisis d'aller à l'extérieur du lycée, après avoir refermé mon casier. Jacob me suit et nous trouvons une place sur une table de pique-nique. C'est lui qui brise le silence :

— Je ne suis pas amoureux de toi.
— Je sais. Tu te sens juste redevable.
— Je t'aime bien, mais je ne me souvenais pas que je t'appréciais autant.
— Je ne sais pas ce que Paul t'a raconté mais, tu devrais plutôt parler de moi àLeah.

— Paul ?, me demande-t-il avec un air faussement étonné.
— Laisse tomber, conclus-je, alors qu'il sourit en coin.

Après l'école, Jacob me raccompagne chez moi pour que je puisse récupérer Wolfy. Je salue rapidement mes parents avant de filer dans ma chambre à toute vitesse. Je vide mon sac sur le lit et range précieusement mon loup en peluche à l'intérieur.

— Bon, bah, je vais chez Emily, à plus tard.
— Emily ? C'est qui, ça ?
— Emily Young. Leah sera là-bas aussi !

Je ferme la porte et je rejoins Jacob dans sa voiture.

Chez Emily, je prends une profonde inspiration. De quoi ai-je peur, franchement ? Je vais juste montrer une peluche à des gens que je connais depuis toujours, ou presque. Rien de bien terrible. Jacob ouvre la porte, et je reste légèrement en retrait, cachée derrière lui.

— Oh non mais vous étiez sérieux ? Vous avez ramené le microbe ? s'énerve Paul Lahote dès qu'il me voit.
— Oh, ça va, on n'a plus trois ans, Paul, m'indigné-je.

Et voilà. Maintenant, je sais ce qui me faisait peur : me retrouver dans la même pièce que Paul, hors de la salle de classe.

— Le microbe ? demande Seth, intrigué.
— Oui, le microbe, la naine, la mini-pouce, Lilliputienne, énuméré-je en levant les yeux au ciel.
— J'ai toujours préféré « microbe », quoique « mini-pouce » n'était pas trop mal ! ricane Paul dans son coin.

— Ça suffit, Paul ! réprimande Sam, qui me semble être le chef de leur petit groupe.

Je profite de la diversion pour tenter de m'éclipser sans un bruit, mais Leah me rattrape en m'enlaçant.

— Non, non, toi, tu restes ici, me murmure-t-elle. Emily a fait des muffins, et ce sont les meilleurs au monde, après ceux de ma mère ! rit-elle doucement.
— Allez, oublie-le et viens t'asseoir ! insiste Emily, chaleureuse.

Je m'installe à contrecœur autour de la table. Les muffins disparaissent à une vitesse incroyable, mais Kim réussit à en sauver deux qu'elle me tend en riant.

— Il faut avoir le coup de main avec eux, plaisante-t-elle, sous le regard amoureux de Jared. Allez, montre-nous Wolfy.

Je sors la peluche de mon sac et la remets à Kim. Tout le monde paraît étonné, comme si Wolfy ressemblait à quelqu'un qu'ils connaissaient. Je ne comprends pas, mais je n'ose pas poser de questions, même si mon esprit s'emballe. À qui pourrait ressembler ma peluche ? Certainement à un vrai loup, mais comment ces ados peuvent-ils « connaître » un loup ?

— Fais voir ça ! déclare Paul en s'approchant.

Sa main s'avance dangereusement vers Wolfy, mais je l'interromps sèchement et claque ma paume sur ses doigts.

— Touche pas à mon loup.
— Tu te fous de moi, là ?
— Non. Tu ne touches pas à Wolfy.

On n'a plus trois ans, ni quatre, ni cinq, mais bien seize. Et pourtant, je me rends compte que je ne peux pas tolérer qu'il mette la main sur mes affaires.

— J'en ai marre que tu me prennes mes affaires. Et je n'ai pas envie que Wolfy disparaisse.
— Je ne vais pas te le voler ! se défend-il en levant les yeux au ciel, comme si j'étais excessive.
— Sérieusement, Paul, tu veux qu'on parle? D'aussi loin que je me souvienne, tu as toujours trouvé le moyen de t'en prendre à moi et de me voler mes affaires.

— Ça va, on était gamins !

Je n'en crois pas mes oreilles. Comme si ça allait excuser son comportement !

— Mon goûter, Paul. Tu te souviens de mon goûter? Tu passais ton temps à me le piquer.

Je croise les bras, piquée par le souvenir, mais il esquisse un sourire, l'air amusé.

— C'était juste pour rigoler, Haven. Et puis, c'était pas comme si je le mangeais vraiment, soupire-t-il en levant les yeux au ciel.

— Ah, non, tu te contentais de le faire tourner comme un trophée, devant tout le monde, jusqu'à ce que je me mette à pleurer et que la maîtresse vienne te demande de me le rendre !

Son sourire disparaît.

— Je pensais pas que ça te touchait autant… Je voulais juste te faire réagir, t'obliger à me remarquer. J'étais qu'un gamin, Haven. Un gamin débile.

Je reste un instant silencieuse, désarçonnée. Est-ce qu'il est sérieux? Je me passe la main dans les cheveux, déconcertée.

— Ben, bravo, tu as réussi. J'ai passé toute l'école primaire à te détester.

Paul grimace, mal à l'aise. Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et je me lève, excédée. Je m'excuse brièvement auprès d'Emily et quitte la maison d'un pas décidé, mon sac sur l'épaule et Wolfy dans les bras. En m'éloignant, j'entends un vacarme à l'intérieur.

— Bong sang Leah, arrête ! Paul ! Calmez-vous ! hurle Sam, au milieu d'étranges grognements. C'est pas vrai ! Allez ! Dehors ! Enfin Jared ! Arrête de rire et aide-moi à les sortir de là !

Le bruit des tables renversées et de la vaisselle brisée me poursuit, mais je continue sans me retourner. Pourtant, la curiosité me ronge. D'où venaient ces grognements ? De Leah ? De Paul ? Comment ? Et pourquoi ?

D'ailleurs, pourquoi fallait-il que Paul soit là ? Je sais bien qu'ils sont amis, mais il aurait pu ne pas être convié ! Pourquoi fallait-il que Paul m'appelle par ce stupide surnom ! Microbe ! Non mais qu'elle enfoiré ce mec.

Un pick-up finit par me rattraper sur le chemin de terre. Sam est au volant.

— Je te ramène chez toi, propose-t-il.
— Non, merci.
— Allez, monte. Tu as bien une heure de marche jusqu'à chez toi.

Je cède devant cet argument imbattable.

— Tu sais, Paul est stupide et arrogant, mais c'est un mec bien… tente-t-il.

— Non. Arrête de le défendre, Sam. Paul, c'est juste un mec stupide et arrogant. Point.

— En tout cas, sache que tu seras toujours la bienvenue chez nous. T'es la seule personne qui arrive à amadouer Leah ! Je ne savais même pas qu'elle pouvait être affectueuse depuis… Enfin, depuis…

— Ouais, dis-je simplement. Leah a toujours été sympa avec moi. Elle m'aime bien, et je l'aime bien. Rien de compliqué.

Sam conduit sans se presser, à croire qu'il le fait exprès. Un silence gênant s'installe. Finalement, je le brise.

— Ils se sont battus ?
— Qui ça ?
— Leah et Paul… Ils se sont battus ?
— Oui, mais on les a vite séparés.
— Paul sera là, la prochaine fois ?
— Probablement, mais ne t'en fais pas pour lui.

On arrive enfin. Je le remercie et descends du pick-up. Je regarde Sam partir avant de me précipiter dans ma chambre. Une fois dans ma chambre, je m'effondre sur mon lit.

Quelques minutes plus tard, mon père entre doucement dans la pièce.

— On frappe avant d'entrer ! râlé-je.
— Pardon, ma puce… Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— J'ai vu Paul.
— Lahote ?
— Qui d'autre ?
— Tu as raison. Et alors ?
— On s'est disputés.
— On ne change pas les vieilles habitudes, soupire-t-il.

Il m'embrasse sur le front avant de quitter la pièce.