Je soupire bruyamment en classe. Jill commence sérieusement à me pomper l'air ses histoires ! Je l'adore, mais qu'est-ce qu'elle peut être lourde à me rabâcher ça sans arrêt.
— Jill, tu me saoules, je murmure en me penchant vers elle.
— Et toi, tu craques sur Paul.
— Fiche-moi la paix avec ça !, je gronde en fronçant les sourcils.
Depuis que je lui ai raconté les récents événements, Jill s'est mise en tête que je suis en train de tomber amoureuse de Paul. Notre professeure nous lance un regard sévère. On s'excuse en chœur, mais je sens encore Jill qui glousse à côté de moi. Je l'observe reprendre ses notes et secoue la tête. Non, je n'aime pas Paul ! Et puis quoi encore ?
Comme je suis assez agacée, je passe le reste de la matinée avec les garçons, boudant Jill pour le moment. Quand la cloche annonce la pause, je me dépêche de sortir du bâtiment pour rejoindre les autres. Mais à peine ai-je mis un pied dehors qu'une averse s'abat sur nous. Super. Comme si ma journée n'était pas déjà assez agaçante.
Je rabats ma capuche et presse le pas vers la cafétéria. Jill et ses remarques débiles ! « Tu craques sur Paul », mais bien sûr !
Quelle idée stupide ! Comme si j'allais tomber amoureuse de ce crétin arrogant !
En descendant les marches du perron, je peste intérieurement contre elle, contre Paul, contre cette fichue pluie… et bien sûr, mon pied choisit ce moment précis pour glisser sur une dalle trempée. Mon cœur rate un battement. Je vais me vautrer.
Mais avant même que je ne touche le sol, quelqu'un m'agrippe la taille.
— J'te tiens, Haven.
Je cligne des yeux, surprise. Paul me redresse sans effort, mais garde son bras autour de moi une seconde de plus, comme pour vérifier que je tiens debout. Je sens son regard brûlant sur moi avant qu'il ne me relâche.
— Fais gaffe, ajoute-t-il en relâchant doucement sa prise.
Je hoche la tête, encore un peu sonnée. Paul passe devant moi et rejoint les autres, comme si de rien n'était. Moi, je reste figée quelques secondes sous la pluie, les yeux rivés sur lui. Je reprends mes esprits et continue mon chemin vers la cafétéria. Jill serait capable d'interpréter ça comme un truc romantique, mais il a bien fallu que quelqu'un me rattrape, pas de quoi en faire une histoire ! Je suis juste reconnaissante, rien de plus. Et puis…
Quelque chose me dérange. Il m'a rattrapée trop vite… avant même que je ne touche le sol. Comme s'il avait anticipé ma chute avant qu'elle ne se produise. Comme si… Comme s'il avait des réflexes surnaturels.
Non. C'est ridicule. C'est juste Paul. Un humain. Rien d'autre.
En arrivant dans la file d'attente, mon regard se pose sur Paul en train de négocier une ration supplémentaire de pâte à la bolognaise. La cantinière lève sa louche comme si elle était à deux doigts de lui en coller une. Je souris malgré moi.
Quand vient mon tour, je récupère mon plateau et pars chercher une place. Je fouille la cafétéria des yeux, cherchant la table de mes amis. Seth me fait un grand signe enjoué et je me dirige vers eux.
Il ne reste qu'une place, juste en face de Paul. Il relève la tête vers moi et m'invite à m'asseoir d'un léger mouvement du menton, l'air neutre. Mais je remarque que ses épaules sont raides, son regard un peu trop appuyé avant qu'il ne détourne les yeux.
Je m'installe et je récupère ma bouteille d'eau sur mon plateau. J'essaye de dévisser le bouchon mais je n'y arrive pas. Évidemment. Je grogne, force sur le bouchon… rien à faire.
Sans un mot, Paul tend le bras vers moi et me la prend des mains. En une seconde, il dévisse le bouchon, puis me la rend avant de reprendre sa conversation avec Jared.
Je l'observe, un peu trop longtemps peut-être. Il aurait pu ricaner, me balancer un « t'es vraiment qu'un microbe », mais il ne l'a pas fait. Non, au lieu de ça, il m'a aidée sans un mot, comme si c'était normal.
— Hé, vous avez entendu la rumeur d'un bal de promo inter-lycée entre Forks et La Push ? demande Seth tout d'un coup.
Oui, on en a entendu parler ! C'était un projet en cours de négociation avec le directeur du lycée. Pour la première fois depuis l'histoire de l'école de la réserve, il y allait avoir un bal de promo, à l'américaine. L'idée venait d'une élève de Forks.
— Si ça se fait, vous irez ?
On se regarde tous, un peu gênés, avant de répondre en chœur :
— Non.
Même moi, je n'ai aucune intention d'y aller. Pourtant, quand je vois la tête déçue de Seth, qui s'affale sur la table, je commence à culpabiliser. Je vois bien qu'il voudrait vraiment y assister et son seul espoir, c'est qu'on l'accompagne.
Il me fixe avec ses grands yeux suppliants, comme un chiot abandonné.
— Ok, je cède en levant les yeux au ciel. Tu seras mon cavalier pour la soirée !
Le sourire qu'il m'adresse vaut toutes les fêtes du monde. Mais mon attention est détournée par un bruit soudain : le verre de Paul vient de se briser dans sa main. La conversation s'arrête nette. Paul laisse tomber les morceaux dans son assiette, se lève brusquement et s'éloigne sans un mot.
Je commence à me lever pour le suivre, mais Quil, assis à côté de moi, pose une main sur mon bras pour m'en empêcher.
— Laisse-le, me conseille-t-il en étouffant un rire. Il est… de mauvais poil !
Pourquoi est-ce que ça me semble étrange ? Comme si cette expression avait un double sens. Les autres rient, comme si c'était une évidence. Comme s'ils savaient quelque chose que j'ignore. J'ouvre la bouche pour demander, puis me ravise. Non. Ce n'est sûrement rien. Juste une blague stupide… non ?
Finalement, je chasse cette idée de ma tête et je jette un coup d'œil derrière moi, vers là où Paul s'en est allé. Malgré tout, je suis perplexe, il ne m'avait pas semblé que Paul était de mauvaise humeur pourtant… Qu'est-ce qui a bien pu le mettre dans un état pareil ?
L'après-midi passe dans une étrange ambiance. Les blagues de mes amis ne parviennent pas à chasser l'inquiétude qui s'installe doucement en moi. Paul a quitté le lycée après avoir mangé et il ne revient pas en cours. Je me perds dans mes pensées en observant les autres discuter. Bien que je ne veuille pas l'admettre, son comportement m'obsède un peu trop…
Et le pire ? C'est que je n'arrive pas à comprendre pourquoi.
Après l'école, je me rends chez Emily pour travailler sur mes devoirs avec elle. La maison est étrangement calme, Sam est parti avec les garçons pour une course importante.
Installée près de la baie vitrée, je sors mes livres, essayant de me concentrer. Le silence est presque apaisant. Soudain, je lève la tête en entendant des éclats de voix au loin.
— Vraiment, Paul ? s'agace Seth.
— Oui, vraiment ! Maintenant, barre-toi, petit con ! répond Paul, sa voix tremblant de rage.
— Paul, ça suffit ! gronde Sam.
Je me retourne immédiatement et mon regard se pose sur la scène à travers la fenêtre. Sam a plaqué une main ferme sur le torse de Paul, l'empêchant de s'avancer davantage. Paul fixe Seth avec un regard noir, presque terrifiant. Une dispute ? Pourquoi Seth et Paul se battent-ils ?
Quand Seth entre dans la maison, je me lève pour aller à sa rencontre.
— Ça va ? lui demandé-je, inquiète.
Il hoche la tête, un peu agacé mais visiblement intact. Comme d'habitude, Paul a explosé sans raison apparente. Et cette fois, c'est Seth qui a encaissé. Je me retourne vers Paul, furieuse.
— C'est toi le petit con ! lancé-je en le fusillant du regard. Laisse Seth tranquille ou tu auras affaire à moi, c'est compris ?
Paul tourne lentement la tête vers moi, ses yeux brillants d'une colère sourde. Mon estomac se noue, mais je refuse de détourner les yeux. Ses muscles sont contractés, son corps vibre presque sous la colère. Pendant une fraction de seconde, je revois cette scène : lui, tremblant.
Mais Seth, lui, ne semble pas perturbé, alors, lentement, je ferme les yeux et chasse immédiatement ces images.
Ça suffit.
Il n'y a pas de monstres à La Push.
Il n'y a pas de loups géants.
Juste Paul et son sale caractère.
— Comme si tu pouvais faire quoi que ce soit contre moi, microbe, rétorque Paul d'un ton glacial avant de me tourner le dos et de disparaître dans la forêt.
Je le regarde s'éloigner, son dos raide et ses poings serrés. Ce mot, « microbe », m'arrache un pincement au cœur. Cela faisait des semaines qu'il ne m'avait pas appelée ainsi sur ce ton. Passablement vexée, je ramasse mes affaires, jette un coup d'œil à Seth, qui me sourit faiblement, puis salue Emily d'un geste de la main.
— Je rentre chez moi, annoncé-je.
Sans attendre de réponse, je quitte la maison, mon sac sur l'épaule.
— Quel crétin ! pesté-je en marchant sur le sentier qui mène à ma maison.
La route jusqu'à chez moi me semble interminable. Je ne cesse de repenser à Paul, à son regard chargé de haine et à ce mot qui tourne en boucle dans ma tête.
« Microbe. »
Je marche en serrant les dents. Une partie de moi veut laisser tomber, oublier ce qu'il a dit et s'agrippe à l'idée que ce n'est pas le vrai Paul. Je l'ai vu sourire, rire même, dans des moments où il n'essayait pas de jouer au dur. Je croyais qu'on avançait, qu'on construisait quelque chose.
Mais à quoi bon, s'il est incapable de voir au-delà de sa colère ?
Et pourquoi est-il en colère ?
En arrivant chez moi, je balance mon sac sur le canapé, agacée. Pourquoi est-ce que ça m'atteint autant ? C'est Paul, après tout. Le roi des crétins. Mais le pire, c'est que malgré tout ce qu'il fait, malgré ce mot, malgré sa rage injustifiée, je m'inquiète pour lui.
Les jours qui suivent, je choisis de m'éloigner un peu du groupe. Je ne voudrais pas que la colère que je ressente pour Paul et son comportement en pâtisse sur l'ambiance générale. Plus d'après-midi chez Emily et plus de repas le midi avec eux. Si Paul veut faire semblant de changer, puis replonger dans ses vieux travers, grand bien lui fasse. Mais je refuse de participer à cette mascarade. Il m'a déçu alors que j'y croyais vraiment.
Une intonation. Il a suffi d'une intonation pour que je comprenne qu'aucune amitié n'était possible avec lui. Il faisait semblant, c'est tout.
Je tiens bon. Pendant plusieurs semaines, je réussis à les éviter. Je décline toutes les propositions avec un sourire poli mais ferme. Je passe mes pauses déjeuner avec Jill, même si je sens son regard curieux lorsque je deviens distraite.
— Il te regarde, commente-t-elle, d'un ton neutre bien que son regard pétille de malice.
— Qui ça ? feins-je, même si je sais pertinemment de qui elle parle.
— Arrête de me prendre pour une tarte, soupire-t-elle en levant les yeux au ciel.
Je sens mes joues chauffer et baisse la tête, ayant le sentiment d'être prise sur le fait. Depuis notre dernière prise de bec, j'ai tout fait pour l'oublier. Pourtant, une part de moi n'y arrive pas. Alors, quand je me retourne discrètement pour chercher son visage parmi la foule dans la cantine, je le trouve aussitôt. Il détourne rapidement les yeux, faisant mine d'être absorbé par les blagues de Quil. Il me regardait. Pourquoi est-ce qu'il me regardait, me demandé-je, en me redressant sur ma chaise, les sourcils froncés.
Les jours passent, mais je ne peux m'empêcher de le remarquer. Il est là, toujours dans mon champ de vision, même quand j'essaie de ne pas y prêter attention. Quand je traverse la cour, il est adossé à un mur, les bras croisés, l'air de rien. Quand je sors de classe, il passe près de moi, sans un mot, mais son regard semble peser sur moi une seconde de trop. Et pourtant, il ne m'adresse pas la parole. Pas un mot, pas une moquerie, pas une provocation. Comme si quelque chose le retenait.
Un après-midi, alors que je discute avec Seth devant mon casier, j'entends des éclats de voix un peu plus loin. Jared et Paul. Encore une dispute. Je ne saisis que des bribes de leur conversation, mais mon nom revient dans l'échange et cela suffit à me mettre sur mes gardes.
— Franchement, mec, t'es grave, lâche Jared en soupirant.
— Ferme-la, grogne Paul avant de tourner les talons.
Il me voit, s'arrête un instant, puis fait demi-tour sans dire un mot. Seth lève un sourcil et me regarde avec un sourire en coin.
— Tu veux que je t'explique ou tu préfères continuer à faire semblant de ne rien voir ? demande-t-il d'un ton malicieux.
— Je ne vois rien du tout, je réponds en haussant les épaules, refusant d'entrer dans son jeu.
Seth rit, mais ne rajoute rien. Pourtant, son regard en dit long. Lui, il a compris quelque chose. Moi, j'essaie de ne pas trop y penser.
Quelques semaines passent et, sans vraiment m'en rendre compte, même si je me suis un peu éloignée des autres prétextant que j'ai besoin de me concentrer sur les cours, la fatigue, de devoir m'occuper de mes neveux, n'importe quoi pour éviter leurs regards insistants. Seth continue de rester avec moi, avec son air malicieux, mais il ne dit jamais rien.
/
En avril, ne te découvre pas d'un fil… Cet adage n'a jamais été aussi vrai qu'à La Push. Emmitouflée dans mon manteau, je descends de la moto de Jacob, la sensation du vent froid me mordant la peau. Emily m'a invitée à fêter mon anniversaire chez elle et il était impensable de refuser, surtout après qu'elle m'ait convoquée dans sa classe avec le microphone de l'école, avant de me menacer d'heures de colle si je ne venais pas.
Une fois à l'intérieur de la maison, je retrouve tous mes amis. Je cherche Paul du regard, mais je réalise rapidement qu'il n'est pas là. Un pincement au cœur m'étreint, mais je cache ma déception aussi vite qu'elle arrive. Je savais bien qu'il ne serait pas présent, mais j'avais espéré me tromper.
Emily a préparé un festin pour l'occasion. Il est presque midi et tout le monde s'affaire à installer la table. Les éclats de rire de Kim me parviennent alors qu'elle gronde tendrement Jared.
— Jared, arrête de te moquer de ton frère !
— No… non... répond-il, entre deux éclats de rire.
Je souris en entendant les rires joyeux. Cela m'avait manqué, cette ambiance de camaraderie et de bonheur partagé. Si seulement Paul n'avait pas tout gâché…
Peu à peu, tout le monde s'installe à table. Emily a vraiment préparé un repas digne d'un roi. Comme à chaque fois, c'est délicieux et tout le monde se régale. Les plats se vident au fur et à mesure des heures. En voyant tout le monde manger, je comprends pourquoi Emily a préparé une telle quantité de nourriture.
Quand le repas touche à sa fin, nous nous levons tous pour débarrasser la table, tandis qu'Emily apporte le dessert : des charlottes au chocolat. C'est à ce moment-là que la baie vitrée coulisse, et je tourne la tête. Je vois Paul, qui se fige en croisant mon regard.
— Tiens, mais c'est l'enfant prodigue ! raille-t-il, un sourire narquois aux lèvres, et un pincement me serre le cœur.
— Parle pour toi, rétorque Seth, sur un ton acerbe.
Paul détourne immédiatement le regard pour dévisager Seth. Du coin de l'œil, je distingue Sam et Jared, tendus, prêts à intervenir si besoin.
— C'était vraiment trop te demander d'être présent avec nous aujourd'hui, Paul ? soupire Emily, avant d'ajouter, lasse : Rentre chez toi.
Paul soutient son regard un instant, puis baisse la tête. Il marmonne quelques mots, fait demi-tour et s'éloigne. Finalement, je n'étais pas la seule à éviter de venir chez Emily…
Et soudain, je n'y tiens plus, une question me brûle les lèvres.
— Je me demandais, pourquoi Paul traîne avec vous ? Lui qui ne fréquentait aucun d'entre vous, comment est-il entré dans votre bande de potes ? Je comprends pas.
Jared me regarde un instant avant de répondre :
— On a tous eu les mêmes problèmes, ici, excepté Emily et Kim. Sam nous a aidés, et ça nous a tous rapprochés.
Kim sourit tendrement en ajoutant :
— Et moi, ça m'a permis d'être avec Jared.
Je les observe, un pincement au cœur. Ils sont si beaux ensemble, si différents et pourtant si évidents. Comme si leur place avait toujours été l'un à côté de l'autre.
C'est le genre d'histoire que j'aimerais vivre, moi aussi…
Parfois, on dirait même qu'ils sont liés par l'imprégnation… Je me fige une seconde, une autre pensée me traversant l'esprit. De quels problèmes parle Jared ? Sam, Jared, Paul, Jacob, tous les autres… Est-ce que leurs « problèmes » ont un rapport avec…
Non, arrête.
Je ravale ma salive, mal à l'aise. Pourquoi ai-je l'impression que tout s'emboîte si on considère que les loups existent ?
— Tout va bien, Haven ? demande Sam, les sourcils légèrement froncés.
Je sursaute légèrement, prise sur le fait.
— Oui, oui… Je me disais simplement que si nous étions dans les légendes, Jared et Kim seraient imprégnés, bafouillé-je rapidement, tentant de reprendre contenance.
Un silence s'installe une fraction de seconde. Trop court pour être suspect, mais assez pour que mon estomac se torde.
Puis Sam éclate de rire.
— Seulement si nous étions dans les légendes, en effet !
Les autres rient avec lui et la tension s'évapore. Mais quelque chose me dérange. Je ne sais pas quoi exactement.
Moi et mes idées stupides…
Point de vue Paul
Dans la forêt, je me transforme en un loup gris argenté et me lance entre les arbres, cherchant à calmer cette rage qui m'envahit. Ça fait des semaines que je n'ai pas passé de temps avec la meute chez Emily. Je redoute sa présence, celle d'Haven. Elle a pris la défense de Seth il y a plusieurs semaines et, depuis, il est toujours dans les parages. Il l'a invitée au bal et elle a dit oui ! Putain…
Je n'arrive pas à m'en remettre. Je lui en veux à mort. Bien sûr, je sais que Seth est le petit préféré d'Haven depuis le début. Ou mieux, son petit chouchou, depuis toujours ! Cette pensée me fait bouillir. Jaloux d'un gamin bien plus sympa que moi, bien plus facile à vivre.
Et bordel, elle n'a qu'à sortir avec lui, non ? je grogne intérieurement.
Voilà ce qui me fout en l'air. Seth est un type bien, tout le monde l'adore. Même moi, Paul Lahote, le colérique, l'impulsif, celui qui ne réfléchit jamais avant d'agir, je l'aime bien. Le petit Clearwater est juste une crème et tout le monde le sait. Même Edward Cullen, cette sangsue, l'a capté en lisant dans l'esprit de Seth.
Mais ce qui me rend fou, c'est que je n'arrive pas à m'empêcher de m'en prendre à lui. C'est plus fort que moi. Haven est à moi et je refuse de la partager avec un louveteau.
Possessif, vous dites ? Juste un peu.
Je laisse échapper un soupir, lourd de désespoir.
Haven n'est pas à moi et je le sais bien. Elle ne le sera jamais.
Je suis attiré par elle depuis l'école primaire, mais je n'ai jamais osé lui avouer. Trop peur qu'elle me rejette, qu'elle se moque de moi. Et voilà que Jacob Black la ramène chez Emily, elle rejoint la meute, officiellement, ou presque. Elle ne sait toujours pas pour la mutation, mais elle est là. Elle est là tout le temps et tout devient encore plus compliqué.
Emily l'adore. Tout le monde l'adore. Et moi, je suis devenu celui que tout le monde déteste. Tout ça parce que je m'en prends à Seth et, qu'elle, elle le défend. Elle préférerait être avec lui qu'avec moi et, avec mon caractère de merde, ça n'a rien de surprenant.
Rachel m'avait dit de tout faire pour être avec mon amour d'enfance, mais elle n'a pas vu ça venir. Elle n'a pas vu que tout serait plus difficile à cause de ce putain de gamin et de mon foutu caractère.
Je me couche dans un coin, loin des autres. Les pensées noires envahissent mon esprit. Pourquoi tout doit-il se passer ainsi ? Maintenant même Emily me déteste. Tout le monde me déteste. Même moi, je me déteste.
