2 ans plus tard

Comme d'habitude, la meute est réunie chez Emily et Sam. J'attends Paul, parti faire une course à Forks, tandis que quelques autres patrouillent aux alentours.

Tout le monde est captivé par le dessin animé que Claire regarde, blottie dans les bras de Quil. Soudain, Paul entre dans la maison, l'air fier.

— J'ai trouvé du travail ! annonce-t-il, rayonnant. Chez le vieux Spendler, la librairie miteuse de Forks.

— Hey ! C'est ma librairie préférée ! protesté-je.

Paul ricane et vient m'embrasser doucement. Il s'affale sur le canapé à côté de moi, visiblement satisfait de sa journée.

— Franchement, c'est grâce à toi que j'ai eu ce job, T̕ik̕ats, me glisse-t-il à l'oreille.

Je fronce les sourcils, intriguée.

— Comment ça ?

— J'ai répété mot pour mot tout ce que tu m'as expliqué sur l'édition et le milieu du livre. Ça l'a impressionné. Il a dit que c'était rafraîchissant de voir quelqu'un qui s'y connaisse vraiment.

Je l'observe, amusée.

— Donc tu as juste répété mes mots et ça a suffi ?

Il bombe le torse, fier de lui.

— À la perfection. Je crois même que je pourrais bosser dans une maison d'édition maintenant.

Je roule des yeux, mais un sourire me trahit.

Soudain, Paul se fige. Un coup est frappé à la porte, interrompant toutes les conversations. Emily va ouvrir et Rachel se tient là, un petit sac à la main, un sourire gêné sur les lèvres. Elle salue tout le monde avant d'avancer vers Paul, resté figé contre moi.

La surprise est générale, même Jacob a l'air perdu. Puis Paul fronce les sourcils, attendant qu'elle parle.

— Paul, si je te demandais de revenir auprès de moi, que dirais-tu ?

Un silence de plomb s'abat sur la pièce. Tout le monde sait que l'imprégnation ne laisse pas le choix. Que Paul ne pourra pas refuser.

Ses yeux s'écarquillent et sa respiration se fait saccadée. Je lui touche légèrement le bras pour le ramener à la réalité et lui sourit. Il bondit, comme si mon contact l'avait brûlé.

Je reste calme, essayant de lui transmettre par mon regard tout l'amour que j'ai pour lui ainsi que ma résignation. Je ne pourrais pas me battre contre Rachel, je l'ai compris il y a des années. J'espère qu'il comprend que j'accepte et que je vais réussir à vivre avec ça.

Il se met à trembler, un peu, puis de plus en plus violemment. Il est à la limite de la mutation et la meute se tend, prête à intervenir. Moi, je le regarde, le souffle coupé. Il ferme les yeux, lutte visiblement pour se calmer.

— Alors ? insiste Rachel.

Instinctivement, je me lève et je m'approche doucement de lui. Je veux lui montrer que je suis là, qu'il sache que, peu importe son choix, je le soutiens.

Il ferme les yeux un instant, inspire profondément et se calme.

— Non.

Je me fige. Est-ce que j'ai bien entendu ? Mon cœur cogne si fort que j'ai du mal à respirer.

La stupeur est générale.

Tous ont les yeux ronds et la bouche entrouverte. Rachel esquisse un sourire en coin tandis que Paul saisit ma main, comme s'il voulait s'ancrer dans la réalité.

— C'est tout ce que je voulais entendre ! dit-elle en remettant son alliance.

Personne ne bouge. Rachel pose son sac, retire son manteau et s'installe comme si de rien n'était. La vie reprend son cours, sauf pour Paul et moi.

— Attendez, qu'est-ce qu'il vient de se passer là ? hoqueté-je.

— Rachel vient de me tester en me demandant si je voulais revenir avec elle et j'ai dit non, résume-t-il

— Tu savais qu'elle te testait ?

— Oui et non, intervient Rachel avec un grand sourire.

— Quoi ? m'étranglé-je.

— Je ne savais pas qu'elle me testait, mais je me doutais qu'elle le ferait un jour, explique Paul en regardant Rachel d'un air curieux.

— Alors pourquoi tu lui as dit non ?

Il secoue légèrement la tête quand Rachel lui tire puérilement la langue et il tourne la tête vers moi. Il plante son regard dans le mien.

— Parce que ce que je vis avec toi, c'est au-delà de l'imprégnation.

Un sourire éclaire mon visage et il m'attire dans ses bras.