La pulsion qui n'avait pas de nom.

En ce premier mercredi matin de l'année, la tension chez les cinquièmes années Gryffondors et Serdaigles était palpable. June dévorait son petit déjeuner avec application, pensant que plus elle aurait de sucre dans le sang plus elle serait apte à lancer des sortilèges efficaces. Aux arguments de Lily qui ne voyait aucune raison pour que ça marche, elle répondait que temps qu'il n'y aurait pas de preuve du contraire, elle prendrait toutes les précautions nécessaires. Scarlett avait fait le pari inverse, craignant de toute évidence un incident de type Emily Archer, elle n'avait pas touché à son assiette. Face à Anastasia qui s'évertuait à lui expliquer que quatre heures de duel risquaient d'être épuisantes, elle rappela que la réussite et la fatigue était une chose mais que l'humiliation en était une autre. A la table des Serdaigles, les cinq filles de leur année discutait avec animation. La fille au visage joufflue, que June avait appelé Alice après la bousculade de la veille, avait un grand sourire sur le visage et écoutait parlait Ariel Adams, la blonde hautaine. Bien droite sur son banc, celle-ci était en plein discours et faisait de grands gestes avec sa baguette, comme si elle mimait un duel dont elle serait sortie vainqueur. Une autre fille à la carrure imposante et la mâchoire carrée lui demandait des précisions à chaque sort imité. Quant aux deux autres, elles les regardaient avec une appréhension fébrile, le teint pâle. Leurs trois homologues masculins, était à quelques mètres d'elles, Douglas Stout avait renversait son jus de citrouille en voulant montrer un mouvement de baguette à John Dawlish, aspergeant royalement Oliver, qui s'évertuait à présent à trouvait le sort adéquate pour se sécher.

- Alors les filles prêtes pour la bagarre ? Fit une voix joviale à l'adresse des filles.

James Potter et ses trois amis venaient de faire leur apparition et s'installaient pour déjeuner. Adamovich ne leur avait pas adressé la parole depuis l'incident du Poudlard Express, elle décida de faire profil bas. Cependant James s'était assis juste à côté d'elle qui était en face de Lily, qui elle-même fut rejointe par Remus. Elles étaient cernées. Anastasia vit la main de Lily se crisper sur sa fourchette. Comme Scarlett était absorbée par la contemplation d'un Oliver maintenant torse nu, et qu'aucune autre de ses amies ne semblaient partante pour répondre, June engagea la conversation.

- Je ne sais pas du tout, qu'est-ce que tu penses de Fog ? demanda-t-elle.

- Il a l'air génial, s'exclama Potter. En tout cas il sait de quoi il parle. Déjà il a gagné le tournoi des trois sorciers alors qu'il avait que dix-sept ans, j'ai demandé à Nick Quasi-Sans-Tête hier soir s'il se souvenait de lui, c'était un Gryffondor et il parait qu'il voulait être auror... Forcément un type bien !

L'enthousiasme du jeune homme se voulait contagieux mais il ne réussit pas à atteindre ses deux voisines. Anastasia se concentrait sur le contenu de son assiette avec trop application pour que ce soit naturel alors que Lily fixait le mur comme si sa vie en dépendait.

- Je me demande ce qu'on va faire aujourd'hui... Reprit June l'air de rien. Il a l'air un peu barbare quand même...

L'inquiétude de l'adolescente se réveilla dès qu'elle eut finit se phrase et elle attrapa vite fait quelques tartines.

- Bof, tu l'as pas entendu, il a dit qu'aujourd'hui, on ferait Expelliarmus, temporisa le brun à lunettes. Tu ne risques pas grand-chose à moins que tu te retrouves en face d'Adamovich, c'est son sort préféré. Elle le réserve pour ces pires ennemis. Elle a une manière assez agressive de se montrer cordiale.

Anastasia lui lança un regard glacial, mais avant qu'elle est pue répliquer, Lily pointa du doigt Peter qui était assis à côté de James.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? interrogea-t-elle d'une voix qui sonnait plus comme un ordre que comme une question.

- Mais voyons Lily, reine de mes jours, c'est Peter, tu sais, il est avec nous depuis la première année ... répondit James

Lily ne releva pas le surnom ridicule, elle pointait l'œil de Peter. La paupière du blond était bizarrement enflée si bien qu'on ne voyait presque plus son œil, mais au lieu de prendre une couleur violette comme n'importe quel coquart, elle avait pris une couleur bleu ciel tout à fait original.

- Comment tu t'es fait ça ? insista la préfète.

- Euh... je me suis cogné... contre... contre... un ... une porte.

Il était difficile à dire si Peter était impressionné par Lily ou s'il cherchait quoi lui répondre.

- Vous vous êtes battus ! s'exclama-t-elle. Contre QUI ?

Elle ne s'adressait pas à Peter, elle s'était levée et accusait Sirius et James du regard.

- Eh, ce n'est pas nous qui avons un œil bizarre... se défendit le grand brun qui était assis à côté de James.

- N'abandonnes pas lâchement ton ami, Sirius, pesta Lily. Je sais très bien qui sont les meneurs !

Sirius eu l'air outré et James se gratta la tête comme pour cherchait une bonne excuse à toutes ses histoires. Mais sa manche découvrit son poignée recouvert de petites cicatrices caractéristiques.

- Et ça, c'est quoi ? Lily pointa son doigt inquisiteur dans sa direction.

James tenta de recouvrir sa main mais Anastasia fut plus rapide. Elle lui attrapa le bras et le posa sur la table, découvrant son avant-bras.

- Ce sont des marques du maléfice de chauve-furie, il a du se protéger le visage avec son bras, regarde il en a plein dans le cou aussi, dit-elle sur le ton de l'expertise.

James rangea son bras en vitesse et remonta son col de chemise. Lily jeta un coup d'œil dans la direction de la table Serpentard cherchant une éventuelle victime, elle s'attarda un bref instant sur Rogue.

- Ne cherches pas Lily, fit la rousse avec un sourire moqueur. Ils ne sont pas battus contre quelqu'un.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? lança l'autre interdite.

- Je veux dire, précisa Anastasia. Qu'ils se sont fait ça eux même en s'entraînant au duel.

June et Scarlett explosèrent de rire. Mais Lily se tourna brutalement vers Remus. Celui-ci se recroquevilla légèrement sous son regard de plus en plus sévère.

- Remus Lupin ! fulmina la jeune femme. Tu es préfet, comment as-tu pu laisser faire ça ?

- Mais Lily, protesta-il tout bas. C'était une façon comme une autre de faire nos devoirs ...

- Dois-je comprendre que tu y as participé ?

Lily était effarée. Pour toute réponse, Lupin fit une grimace éloquente.

- Remus Lupin, TU ES PREFET ! Tout ce qui sort de cette bouche-là, elle pointa du doigt Sirius, est SUSPECT !

Elle articula bien chaque mot comme si elle parlait à un enfant particulièrement buté.

- Eh... pourquoi moi ? Sirius poussa le doigt accusateur pointé vers lui.

- Je sais très bien que c'est toi qui a eu cette idée stupide et que c'est toi qui a persuadé Remus, rétorqua-t-elle.

Puis elle se tourna vers ses amies et lança un « venez, on s'en va » et pris la direction du parc puisque c'est là qu'ils avaient rendez-vous pour le cours de défense contre les forces du mal. En partant, Anastasia entendit clairement James dire à Sirius qu'il faisait des progrès puisque les idées stupides ne venaient plus de lui. Cette fois, Lily avait pris la fuite moins vite et avec plus de dignité, les autres eurent moins de mal à la rattraper. Mais il s'en fallut de peu, cependant, que Lily ne renverse le professeur Slughorn qui entrait dans la grande salle au moment même où elle tenta d'en sortir.

- Miss Evans que vous arrive-t-il ?

- Oh ! Professeur Slughorn, je ne vous avez pas vu ! S'excusa Lily en se redressant. Pardonnez-moi...

- Ce n'est pas si grave miss ! répondit aimablement le maître des potions. C'est toujours un plaisir de vous croiser, je vous cherchais justement. Je voulais vous inviter à un petit dîner de début d'année en bonne compagnie cela va sans dire, ce soir.

- Oh oui, j'en serais ravie... opina-t-elle

Slughorn porta alors son intérêt sur Anastasia.

- Je me disais que vous pourrez peut être convaincre votre nouvelle amie de nous rejoindre, ajouta-t-il.

- Oui, bien sûr, assura précipitamment la préfète sans un regard pour l'intéressée. Adamovich va venir.

En disant cela elle avait appuyée douloureusement sur les orteils de sa camarade avec sa chaussure.

- Très bien, à ce soir dans ce cas … conclut Slughorn.

- A ce soir, acquiesça Lily.

Le cours pratique de défense avait lieu dans le parc. C'était le début du mois de septembre mais le temps était humide et le ciel déjà gris. Heureusement, il ne pleuvait pas. Le professeur Fog attendait devant les grandes portes du château quand elles arrivèrent. Il leurs fit un signe de tête. Les autres, les rejoignirent peu de temps après, le pas parfois précipité, parfois traînant. Ils suivirent alors leur professeur vers un espace dégagé du parc et il leur indiqua de se mettre en ligne deux par deux et de s'espacer suffisamment.

- Bien, nous allons donc commencer par le sortilège de désarmement, ça me permettra de voir où vous en êtes. Nous allons faire ça sous forme de tournois. Celui qui réussit le sort monte d'un cran, celui qui perd descend d'un cran.

Ils s'étaient en effet positionnés en colonne sur une pente douce, et l'une des extrémités, celle où se trouvait Remus et Peter, surplombait les autres.

- Mais avant tout, je pense qu'une petite démonstration rafraîchirait la mémoire de tout le monde. Miss Adamovich, vous qui connaissez l'importance de ce sort, j'imagine que vous le maîtrisez. Voulez-vous bien nous montrer.

C'était à lui de l'évaluer. Elle caressa un instant l'idée plaisante que ce serait sur lui qu'elle prouverait l'efficacité du sortilège.

- Qui dois-je désarmer, Professeur ?

- Votre partenaire Miss Evans se prêtera au jeu.

- Bien...

La déception pointa dans sa voie mais elle se tourna vers Lily et lui demanda si elle était prête, celle-ci se mit en position de défense et acquiesça.

- Expelliarmus !

Anastasia avait seulement tendue le bras, à peine bougé le poignet mais prononcé la formule d'une voix sonore. La baguette de Lily vola dans son autre main sans que celle-ci ait pu faire un seule mouvement pour la retenir. La rattrapant au vol Adamovich, la lui renvoya.

- Excellent exemple, mais le but est de désarmer un adversaire qui ne se laisse pas faire ! Maintenant la partie commence vraiment. Préparez-vous ...

Tous les étudiants se positionnèrent avec plus ou moins d'appréhension ou de concentration.

- Allez-y !

Les formules vibrèrent dans le vent, mais le résultat ne fut pas à la hauteur de ce qu'aurait pu espérer Fog, c'était un sort qu'on apprenait généralement en deuxième année après tout. Sirius, James, Anastasia et Ariel avaient réussi à désarmer leur adversaire sans grande difficulté bien qu'il n'est pas tous les baguettes de leurs partenaires dans les mains, mais les choses n'étaient pas aussi claires chez les autres. Voyant que ni lui ni son adversaire n'arrivait à lancer le sort, Oliver avait récupéré la baguette de John par un sortilège d'attraction, il fut donc déclaré vainqueur, le sortilège d'attraction étant plus difficile que le désarmement. June avait obtenu une faible détonation contrairement à Scarlett qui avait laissé glisser sa baguette à cause de l'amplitude de son mouvement. Alice avait réussi faire dresser sur sa tête tous les cheveux de Wendy sans qu'on sut pourquoi. Quant à Victoria Thiklegs, il était clair qu'elle avait lâché sa baguette quand elle avait croisé le regard flamboyant d'Amelia Bones.

- Nous avons du travail... commenta le professeur. Mettez-vous en place pour la seconde manche... Allez, monsieur Pettigrow, dépêchez-vous de récupérer votre baguette... tout le monde est en position... allez-y

Il fallut attendre la quatrième manche pour que Sirius et Anastasia se rencontrent tout en haut de la colonne, celui-ci regardait la jeune femme avec sourire de carnassier, auquel la jeune femme répondait par une expression de commisération qu'on eut dit réservé aux demeurés. A côté d'eux, Douglas Stout observait Ariel Adams avec conviction, elle l'avait eu une fois pas deux. Remus et Lily se souriaient aimablement en attendant de pouvoir en découdre, tandis qu'un Peter plein d'appréhension faisait face à Knight. James, lui, bougonnait, il avait perdu tous ses duels et ils étaient maintenant en binôme avec une Alice concentrée. Ambroise Fog passait dans les rangs, corrigeant des positions, donnant des conseils. Bien évidemment il se concentrait sur les perdants, laissant les plus habiles s'exerçait seul.

- Anastasia, ça va être un plaisir... Sirius appuya sur le prénom avec délectation.

- Il faudrait encore que tu sois plus efficace que la dernière fois. Black.

Un "Allez-y" sonore résonna pour la quatrième fois dans le parc.

- Expelliarmus ! lança Anastasia mais Sirius était préparé cette fois.

- Protego !

Le sort de la jeune femme ricocha contre le bouclier et la manqua de peu. Avant même qu'elle est eu le temps de réalisé ce qui se passait, il jeta le maléfice de Jambencoton. En s'effondrant sur l'herbe, elle hurla à s'en percer les tympans un Expulso bien sentit et Sirius, projeté à cinq mettre de là, se brisa le poignet gauche en retombant. Il étouffa un cris sous le choc, mais ça ne l'empêcha pas de se relever.

- Diffindo, aboya-t-il.

Un éclaire de lumière entailla la joue sa rivale, mais elle avait eu le temps de mettre fin au maléfice qui l'avait touchait et elle sauta sur ses deux jambes libérées, au moment où un second éclaire lacérait ses côtes mais elle ne s'en soucia pas.

- Pétrificus Totalus.

Sirius tomba raide dans l'herbe et ne se releva pas.

- Qu'est-ce que...

Fog s'arrêta net incrédule et courût voir dans quel état se trouvait son élève. Le duel n'avait duré que quelque secondes, personne n'avait eu le temps d'intervenir. Lily, June et Scarlett se précipitèrent vers Adamovich, qui les repoussa en titubant. Elle était couverte de sang.

- Tu vas me le payer... AÏE ! protesta son adversaire quand Fog lui rendit sa liberté de mouvement.

Dans sa fureur, Sirius avait essayait se relever sur sa main brisée. Fog le contraignit à rester à terre, et examina sa blessure.

- Vous allez arrêter ça tout de suite... ordonna-t-il. Vous aurez une retenue, vous et miss Adamovich, j'enlève 25 points à Gryffondor chacun. Le professeur McGonagall sera mis au courant. Votre comportement est inadmissible. Lupin vous êtes préfets ? Emmenez les tous les deux à l'infirmerie et empêchais les de se battre.

- Mais professeur c'est un cours sur le duel, ils sont juste un peu en avance... intervint James. Vous avez dit " Tout peut arriver ".

- Monsieur Potter, vous qui êtes si malin, vous les accompagnerez pendant leur colle, rétorqua l'homme.

Les trois adolescents prirent la route du château la tête basse. Remus n'osait pas dire quoi que ce soit. Les deux autres se lançaient des regards mauvais chaque fois qu'ils le pouvaient. Le silence était orageux quand ils arrivèrent à l'infirmerie.

- Monsieur Black, pourquoi je ne suis pas surprise de vous voir ?

Personne ne répondit, Mme Pomfresh ne posa pas plus de question, elle prit le poignet que Sirius lui tendait et régla le problème d'un coup de baguette magique.

- Essayez d'attendre la semaine prochaine pour revenir me voir, dit-elle en le laissant partir.

Remus allait le suivre mais l'infirmière le retient et lui fit signe d'attendre. La situation d'Anastasia était plus sérieuse car elle avait perdu beaucoup de sang.

- Comment tu vas, Remus, cette semaine ? demanda-t-elle en préparant des compresses avec une pâte orange vif.

Remus se crispa et lança un regard inquiet à la jeune femme qui se préoccupait plus de l'état de ses plaies que de la conversation.

- Parfaitement bien, répondit-il d'un flegme étudié. Et vous ?

Elle lui sourit aimablement:

- Tant mieux...

Pendant ce temps, elle posa deux pansements sur les plaies ensanglantées et donna à la fille un filtre de régénération de sang.

- Il faut que vous vous reposiez au moins jusqu'au repas du midi, prévint l'infirmière. Ne bougez pas je reviens.

Elle fit signe à Remus de la surveiller et sortit de la pièce. Celui-ci sauta sur l'occasion.

- Qu'est-ce qui vous a pris de vous battre comme ça ?

Remus se retourna dans la direction de la fille, pour lui demander les explications qu'il n'obtiendrait pas de Sirius. Elle était assise sur le lit en fer blanc, le dos courbé pour soulagé sa blessure, elle avait retirait son pull et sa chemine ensanglantée était retroussée sur son ventre exposant sa peau nacrée au regard de l'adolescent. Il se dit qu'il n'avait jamais vu le ventre d'une fille auparavant. Elle ne devait pas avoir remarqué son regard, car elle ne fit aucun geste pour s'en détacher, et seule l'exaspération pointait dans sa voix.

- Demandes à Black, il est devenue fou... dit-elle en tentant de se redresser.

- Ne bouge pas ! il la prit part l'épaule pour la forcer à s'immobiliser. Je ne sais pas quel est le problème, il fait une fixation... et pourquoi tu t'es mis à coté de Rogue en potion. C'est un Serpentard. Tu n'agis pas vraiment comme une Gryffondor.

C'était plus facile de lui faire des reproches, ça lui donnait un air détaché. Avait-il déjà touché une fille avant elle ? Il ne s'en souvenait pas. Il avait une épaule frêle dans la main, l'épaule d'une fille, une fille pâle, maigre et fragile. Elle fixait le mur la mine crispé, comme si ses neurones travaillaient à toutes vitesse, mais pas seulement. Il comprit que derrière l'apparente assurance et décontraction dont elle faisait preuve, elle était en colère. Une colère contenue et profonde, mais soudainement mise à nue. Il n'eut plus aucun mal à la regarder dans le blanc des yeux. Mais elle s'obstinait à ne pas le voir.

- C'est quoi agir comme un Gryffondor ? demanda-t-elle.

- Les Gryffondors et les Serpentard ne se mélangent pas, allégua-t-il. C'est un principe.

- C'est un principe stupide, répliqua-t-elle.

Remus ne jugea pas nécessaire de relever. A présent, Il voulait saisir sa foudre, la comprendre. Il décida d'entrer dans le vif du sujet. L'expression résolument neutre de ses yeux était maintenant le centre de son attention.

- Tu as dit exactement les mots qu'il ne fallait pas. Dans le train.

- Lui aussi, répondit-elle.

- Tu ne comprends pas... Ne bouge pas !

Anastasia avait attrapé Remus par le col avec sa main gauche car sa main droite était occupée à tenir le pansement de sa plaie aux côtes. Elle le tirait vers elle, leurs visages n'étaient qu'à quelque centimètre. Elle le transperçait de ses prunelle grise, sa voix était dur comme l'acier. Le masque s'était fissuré.

- Je crois, moi, que c'est toi qui ne comprends pas. Le problème de Sirius, c'est que je lui ressemble trop. Je suis une sang pure, Remus, et c'est un petit monde, je sais de quoi je parle. Vous ne savez rien de moi, vous n'avez aucune idée de la vie que j'ai pu avoir avant de venir ici. Il croit savoir qui je suis parce qu'il connaît mon nom, j'en sais plus sur lui qu'il n'en saura jamais sur moi. Alors, tu vas lui dire de baisser la queue et de rentrer dans sa niche, parce que la prochaine fois qu'il aura affaire à moi, il s'en tira pas avec une simple foulure au poignet.

Elle relâcha un Remus confus. Il s'écarta comme si elle l'avait brûlé.

- Ça ne l'arrêtera pas, garantit le jeune homme aux yeux cernés.

- Débrouilles-toi comme tu veux, rétorqua-t-elle. Ce n'est pas une menace. C'est toi que je préviens. Je t'aime bien Remus, mais c'est ton ami et ça ne peut pas continuer. Je pourrai reprocher à Sirius tout ce qu'il me reproche. On se connaît depuis quatre jours et je suis déjà couverte de sang, ça va mal finir.

- Je suis certain qu'il n'a pas voulu te faire mal, objecta Remus.

- Diffindo c'est fait pour trancher, tu crois qu'il voulait faire quoi ?

- ...

Remus était soucieux et il n'avait pas de réponse qui aurait pu défendre son ami. Les plaies d'Anastasia s'étaient à nouveau ouvertes, les pansements étaient imbibés de sang. Quand Mme Pomfresh fut de retour, elle lança un regard accusateur au jeune homme. Elle glissa discrètement dans sa main une petite fiole et lui ordonna de partir. Elle dut refaire les deux pansements de l'adolescente, qui fut finalement coincé dans son lit de malade jusqu'à seize heures. Quand elle sortit de l'infirmerie et qu'elle se dirigea vers les cachots pour le dernier cours de la journée, la cicatrice de sa joue n'était plus qu'une fine ligne blanche qui devait se résorber dans la nuit.