Bonsoir à tous et Bonne année !
Le chapitre a été un peu long à venir, je vous l'accorde, mais il est là. J'espère qu'il vous plaira, il m'a donné du mal mais c'est un chapitre important pour l'histoire. Alors je n'ai qu'une chose à dire bonne lecture !
Coupé court et longue retenue.
Elle avait hanté ses cauchemars, l'avait torturé par son absence, ne l'avait jamais quitté, devenant chaque nuit un rêve plus redoutable. Elle était là, maintenant si proche, et si lointaine, différente. Il s'était sentit si vieux, si usé, qu'il en avait presque oublié l'invitation de ses premiers mots. Elle était face à lui, pas encore aussi belle et sensuelle qu'elle le serait bientôt, pas encore nimbé de mystère, comme dans ses songes. Mais c'était elle, moins dure, moins froide, plus vivante, plus joyeuse, merveilleusement femme-enfant, toujours aussi déconcertante. Il comprenait aujourd'hui chacune de ses paroles, bien qu'il ne sache pas comment cela ait pu arriver. Elle vivait, dans une folle fausse joie, faite de rires sonores et d'enthousiasme inutile. Le deuil s'était emparé d'elle, une fois de plus, et sa mélancolie naissante ne se cachait pas encore. Il voyait la tristesse dans ses grands yeux sombres revenir comme une maladie chronique. Elle se lançait sans retenue dans chaque petit instant de répit, car elle était née pour porter des poids trop lourds avec légèreté. Elle était faite pour survivre malgré tout, contre tout. Il lui trouvait une grâce fraîche, qu'il ne reconnaissait pas. Elle ne dormait déjà quasiment plus, il la croisait souvent, la surprenant dans ses lectures tardives, il en était toujours troublé. Dans cette pénombre, il reconnaissait celle qu'il avait connue, le souvenir d'un nœud tendu palpitait entre ses côtes. Il avait peur, peur d'elle, peur de l'envie si forte. Sentait-elle la tension qui l'animait ? Il n'osait pas la toucher, ni même l'observer plus que quelque seconde. Mais l'obsession était mordante. Il ne la voulait pas, il ne l'avait jamais eu et ne l'aurait jamais, elle avait toujours était insaisissable et aujourd'hui elle était l'interdit. L'angoisse affrontait le désir, et la raison s'effaçait peu à peu. La solitude revenait. Il n'en avait parlé à personne, pas même à son vieil ami avec qui il avait partageait la folie de la première fois. Ils étaient deux hommes aujourd'hui vieillis par l'histoire plus que par le temps, et ils ne l'avaient jamais connue si tendre. Ce qui les avait liés à jamais, les éloignaient à nouveau.
Ce dimanche, comme à son habitude, Anastasia s'était levé de bonne heure, elle lisait dans son coin de fauteuil tout proche de l'âtre. C'était un beau dimanche qui s'annonçait, il ferait sans doute un peu froid, sans doute un peu humide aussi, mais le ciel serait beau. Elle n'avait pas du tout l'intention de toucher à ses devoirs. Elle allait rester là toute la matinée, elle lirait jusqu'à ce que les mots ne l'atteignent plus, et alors, elle admirerait le soleil qui inonderait le château et se refléterait dans le lac. Ensuite elle irait manger dans la grande salle avec Lily, Scarlett et June, elles parleraient pendant plusieurs heures en riant au tour du festin. Et puis, il serait l'heure du Quidditch, qu'elle soit prise ou non dans l'équipe lui importait peu, James ne voudrait certainement pas d'elle pour ne pas créer de problème avec son ami. Mais elle pourrait voler, et ça, c'était une perspective séduisante. Peut-être qu'après, elle pourrait s'entraîner avec June, quand elles auraient des moments de libre, peut-être que l'attrapeuse lui prêterait son balai. Oui, elle parlerait à l'attrapeuse de son idée. La semaine avait été longue, il avait fallu assumer qui elle était. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas eu à le faire. C'était plus difficile qu'on aurait pu le croire, ça avait été plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle avait fourni l'effort et elle était épuisée. Cette matinée était son sanctuaire, son havre de paix. L'onde chaleureuse du soleil imbibait le voile froid de la nuit. Le calme de l'aurore jetait sur la vallée un éclat fantastique. Et tout auraient pu se passer comme prévu. Elle lut longtemps et à dix heures elle fut rejointe par Lily, qui s'affaira sur ses devoirs. Puis lassant tomber son livre sur le planché, elle s'alanguit dans son fauteuil, profitant des commentaires de son amie sur la complexité du sujet de sa dissertation. Midi sonna, Scarlett et June sortaient à peine de leurs grasses matinée quand elles prirent toutes les quatre la direction de la grande salle. Elles restèrent longtemps à table après avoir fini de manger pour parler de Quidditch, de garçons et de tout ce qu'elles allaient faire cette année.
A quatorze heure trente, Jimmy Gools, un tout petit garçon empressé, prévient Adamovich que Fog voulait lui parler. Il l'attendait dans son bureau, au premier étage. Fronçant les sourcils, celle-ci quitta ses amies et se dirigea vers le grand escalier. Elle vit de loin James, balai à la main, accompagné par Remus et Peter marchant en direction des grandes portes. Elle pressa le pas se rappelant que l'heure des essais approchait et espérant que Fog ne la retiendrait pas. En arrivant devant le bureau, elle trouva un mot sur la porte "je suis au septième étage, couloir ouest". Anastasia trouvait cette histoire très bizarre et surtout très contrariante, il lui faudrait dix minutes rien que pour monter, elle serait forcément en retard sur le terrain, même si Fog la laissait repartir aussitôt ce qui semblait de moins en moins probable. Elle accéléra encore l'allure et monta les escaliers de pierre quatre à quatre, si bien qu'une fois dans le couloir ouest, elle eut besoin de quelque minute pour reprendre son souffle et elle ne se rendit pas compte tout de suite, que dans ses cheveux, attachés pour le Quidditch, s'enroulaient lentement les tiges vertes d'une couronne de lys blanc. Il y eu un grincement effroyable, son front se mis à la gratter rageusement, a peine eut elle comprit ce qui se passait sur le haut de son crâne, qu'elle aperçut une des armures écarter ses bras métalliques. Elle essaya de retirer la couronne, mais les tiges étaient plus tenaces qu'un filet du diable. L'armure s'avançait vers elle avec une élégance qu'elle n'eut pas crue possible par ce puzzle rouillé. La couronne l'empêchait de partir, elle l'entraînait vers la carcasse vide qui s'avançait maintenant d'un pas chancelant, rythmait par le clinquant du fer qui cogne. Elle sortit sa baguette bien décidé à mettre fin à cette histoire ridicule. Mais sentant la menace l'armure gronda et s'ouvrit d'un coup comme une boite de conserve. Sans savoir si c'était la couronne qui l'entraînait ou l'armure qui l'aspirait, la jeune femme fut littéralement avalée. Elle était piégée à l'intérieur de la carcasse du souvenir d'un chevalier qui tenait absolument à danser avec sa belle perdue. L'armure entama une sarabande, vieille danse médiévale dont elle ne se souvenait pas parfaitement. Anastasia pensa d'abord au maléfice de Videntraille, mais elle eut trop peur de s'en prendre à ses propres viscères et ne fit aucune tentative. Elle imagina aussi faire rouiller le métal grâce à un Aquamenti, mais ça risquer de prendre trop de temps. Elle reprit son souffle, la panique et les secousses lui faisaient perdre l'esprit. Elle réalisa qu'elle devait absolument libérer du gantelet sa main droite, dans le creux de laquelle était nichée sa baguette. Pendant que le chevalier répétait les pas incertains d'une chorégraphie à moitié oubliée, elle s'évertua à faire glisser sa baguette sur son index. Cela lui prit plusieurs minutes, car elle voulait être sûr que quand elle lancerait le sort, elle ne s'arracherait pas la main avec. Quand le bout de sa baguette dépassa de quelque millimètre son doigt, elle lança un sort d'expulsion qui fit voler le gant de fer dans le couloir. La mémoire de Mordrain réagit immédiatement, de peur de voir fuir sa dame, l'armure se contracta. Chaque mouvement était douloureux à présent, chaque articulation pinçait la peau fine d'Anastasia et la danse devient éreintante. Elle tenta tous les sorts qu'elle connaissait pour mettre fin à un enchantement, un sortilège ou un maléfice, mais aucun n'eut d'effet. Au bout d'une heure, de danse sans fin et de de sorts inefficaces, elle décida qu'il fallait tenter la stupéfixtion, après tout, le pire qu'il pouvait lui arriver c'était de se stupéfixer elle-même et quand on la retrouverait, on la sortirait de là. Elle pointa sa baguette en direction du heaume bien que son bras suive les mouvements imprimés par la sarabande. Elle prit soin d'attendre que le bras de Mordrain se lève et lui ouvre un angle d'attaque. Un "Stupefix !" éclata et une boule rouge frappa le haut du casque, l'armure s'effondra, Adamovich avec. Heureusement, elle n'avait pas perdu connaissance, alors que sa prison semblait avoir perdu vie. Mais le métal était tellement contracté sur elle qu'elle ne pouvait pas se libérer. Pour retirer le heaume elle dut d'abord tordre les bords cabossés qu'elle avait autour du cou. Elle eut beaucoup de mal et faillit abandonner plusieurs fois mais après quinze minutes d'effort, elle put se dégager de la coiffe. Elle réussit encore à s'arracher une genouillère et un protège tibia, avant de réaliser qu'elle pouvait bouger, au prix cependant de pénibles brûlures et pincements là où l'armure la serrait le plus. Elle claudiqua toute en armure jusqu'à de l'infirmerie, lançant des regards féroces à tous ceux qu'elle croisait. Les escaliers furent particulièrement difficiles, il fallut descendre marche par marche en essayant de ne pas tomber.
Quand elle arriva à l'infirmerie, Mme Promfresh eut un sursaut de surprise, elle soignait un gamin qui s'était cassé le nez, et lui fit enfoncer sa baguette dans une narine. Anastasia avait encore sa couronne de lys sur la tête, les tiges étaient tellement emmêlées dans sa tignasse que la seule solution fut de les couper. Sa crinière disparut, laissant place à coupe courte qui lui donner une allure de faucon. Elle refusa la potion de repousse cheveux, prétextant des effets indésirables. Mme Promfresh retira l'armure grâce à un reparo qui lui rendit sa forme d'origine et il fut alors beaucoup plus facile de s'extraire. Anastasia jura intérieurement et se maudit de n'y avoir pas pensé. Il fallut ensuite nettoyer et panser toute les brûlures et les cloques qu'elle avait sur le corps. Mme Promfresh la garda pour la nuit. Les filles lui rendirent visite après le dîner, elles avaient entendus l'histoire par le môme qui l'avait raconté à toute la maison Gryffondor. Elle leurs raconta sa version. Les filles ne se posèrent pas longtemps la question du responsable. Elles savaient très bien qui était derrière tout ça. June raconta les essais, qu'elle était en retard parce qu'elle l'avait cherché au premier étage, que Sirius était arrivé encore plus en retard et que l'équipe était constituée. On se demanda s'il fallait aller voir le professeur McGonagall, ce qu'Adamovich refusa catégoriquement. Elle fut libérée de l'infirmerie après le petit déjeuner du lendemain, elle était reposée grâce aux soins de l'infirmière, mais elle allait encore devoir affronter le regard des autres. Elle rejoignit les Gryffondors dans le couloir de la salle de métamorphose où ils attendaient en compagnie des Serdaigles. Elle arriva la tête haute alors que sur son passage tous les curieux la dévisageaient en faisant des commentaires. L'histoire s'était propagée dans tous le château, sans que personne ne sache ce qu'il était réellement advenue. Pour certain, des premières années surtout, elle s'était battue avec une armée de chevalier de fer mystérieusement revenue à la vie et avait elle-même enfilé une des armures qui gisaient sur le sol. Pour d'autre, les plus nombreux il faut l'avouer, elle avait imaginée toutes cette histoire pour se rendre intéressante. Un seul point concordait, Adamovich avait fait une entrée, triomphale ou pathétique selon les versions, dans l'infirmerie, couronne de fleurs sur la tête, vêtue de fer et baguette au point. En passant devant Sirius, celui-ci lui jeta un : " Pas mal ta nouvelle coupe Adamovich ! ", qui fut suivit d'un rire peu flatteur. Elle se retourna et plongea ses yeux gris glacée dans ceux plein de mesquinerie du garçon. Mais Scarlett désamorça la situation.
- Moi je trouve qu'elle te va très bien cette nouvelle coupe.
- Oui, c'est vrai, ça te donne une allure vraiment original, renchérit Lily.
Tous les élèves présents étudièrent en détail la coiffure de la rousse pour déterminer si oui ou non, elle lui allait. Sirius perdit la partie quand Douglas déclara qu'il aimait beaucoup cette nouvelle Anastasia, accompagnée par Alice qui pensait à se couper les cheveux elle aussi. Oliver allait signaler son approbation quand Ariel lui marcha sur le pied. Adamovich se dit que finalement, le changement lui allait bien.
A vingt heures, ce soir-là, James et Sirius se présentèrent au bureau du professeur Fog. Ils n'avaient pas du tout envie de la faire cette retenue. Ils étaient maussades tous les deux et ne se parlaient pas. James en voulait à Sirius d'avoir court-circuité ses essais pour une petite vengeance mesquine. Anastasia les attendait devant la porte du prof, avec son habituel air détaché, aucun d'eux ne savaient ce qui les attendaient, mais pour elle ça n'avait strictement aucune importance et ça se voyait. Elle les arrêta quand ils s'apprêtèrent à frapper à la porte du bureau.
- McGonagall est à l'intérieur, ils m'ont dit d'attendre dehors, renseigna-t-elle.
James opinas d'un mouvement de tête et ils s'adossèrent sur le mur d'en face, attendant en silence que la porte s'ouvre. La directrice de la maison Gryffondor avait l'air particulièrement contrariée quand elle apparut.
- Messieurs Black et Potter, invectiva-t-elle d'un ton acerbe. Ne m'avez-vous pas promis l'année dernière que vous seriez plus sensible au fait qu'en quatre années que vous avez passé dans ses murs, Gryffondor n'ai jamais gagné la coupe des quatre maisons ? Dois-je en conclure que vos promesses n'ont aucune valeur ?
- Pas du tout...
McGonagall leva un sourcil et James se tut. Elle n'avait pas l'intention de le laisser essayer de se justifier, le professeur Fog, derrière elle, attendait patiemment.
- Je vous retire vingt-cinq points de plus pour parjure, aboya-t-elle. Et à partir de maintenant je doublerai chaque points que vous perdrez, pour que vous compreniez quel rôle vous jouez dans la victoire des Serpentards.
Elle ne laissa pas le temps aux deux adolescents de répliquer, ils avaient l'air de deux petits garçons pris en faute. Fog leur fit signe d'entrer et adressa son bonsoir au professeur McGonagall qui tourna les talons.
- Mr Potter vous voyez les aquariums à Strangulos, qui sont posés sur l'étagère ? demanda-t-il avec un sourire aimable.
James adressa un regard de dégoût aux huit bocaux rectangulaire assez grands pour contenir une bestiole chacun. Ils étaient particulièrement sales, remplis d'eau croupie, d'algues gluantes et d'autres choses dont personne ne voudrait connaître l'origine.
- C'est pour vous, nettoyez les moi et vous pourrez retourner dans votre salle commune, informa le professeur avec flegme.
James fit une grimace évocatrice mais ne dis rien et ce mis au travail. Fog s'assit à son bureau et indiqua aux deux autres de faire de même. Ils s'exécutèrent sans se regarder.
- Alors, expliquez-moi ?
Aucun d'eux ne répondit. Se tournant machinalement les pouces, Sirius évitait tout contact visuel avec qui que ce soit. Anastasia, elle regardait son professeur avec une indifférence qu'il aurait facilement pu confondre avec de l'insolence.
- Miss Adamovich, fit-t-il en se tournant vers la jeune femme. Qu'avez-vous à dire ?
- Je n'ai rien à dire, répondit-elle nonchalamment.
Sirius s'interrompit dans son décompte, surprit qu'elle ne cherche pas à se défendre en l'accusant. Après tout, c'est lui qui l'avait cherché.
- Vraiment ? Il se tourna vers l'adolescent. Et vous, Mr Black, alors ?
- Rien à ajouter, marmonna-t-il sans se détourner de son bout de bureau.
Fog n'avait pas du tout l'air en colère, au contraire, il s'amusait.
- Nous allons rester ici, assit à ce bureau jusqu'à ce que l'un de vous m'explique le problème, déclara-t-il.
James leva la tête, s'arrêtant un instant de décrasser son premier bocal, et considéra la scène qui se jouait sous ses yeux. Sirius était la personne la plus obstinée qu'il connaissait, et il boudait dans son coin de bureau n'ayant aucune envie de s'expliquer. Anastasia, elle, dévisageait Fog avec une curiosité mal placé. L'homme avait certainement l'intention d'enrayer la crise qui s'annoncer, en le faisant signer symboliquement sinon un traité de paix, au moins un accord de non-agression. Mais Sirius n'était pas vraiment prêt pour ça, sa blague avec l'armure n'avait pas aussi bien marché qu'il l'avait espéré, si elle avait passé un sale quart d'heure, elle n'en était pas moins sortit presque victorieuse et personne ne se moquait plus de ses cheveux courts. Fog tenta une nouvelle fois d'ouvrir le dialogue.
- Miss Adamovich pouvez-vous répondre à ma question ? repris l'homme.
- Je crains que non, répliqua-t-elle.
- Etrange, d'ordinaire vous avez réponse à tout, remarqua-t-il.
Anastasia se mordit les lèvres pour ne pas rire. Les yeux de Fog brillaient de malice, il devait s'estimer drôle. Ils se toisaient tous les deux, réservant leur jugement pour la fin de l'épreuve. Elle aussi s'amusait. Les deux garçons eurent la nette impression que tout cela avait été organisé pour la tester elle. Pas un mot de plus ne fut prononcé pendant que James vida, récura, essuya et rangea les huit bocaux. Il lui fallut deux heures pour en venir à bout. Quand il eut finit son front était couvert de sueur et sa robe été taché à divers endroit incongrue d'une substance verte et visqueuse qui ressemblait beaucoup à de la morve. Fog le remercia aimablement et lui fit signe qu'il pouvait s'en aller. Quand il partit, la rousse était en train d'explorer chaque recoin de la pièce qui lui était accessible de sa chaise. Le garçon lui, n'avait pas levé la tête. Fog qui avait fini par ouvrir un livre, prenait des notes dans un carnet en cuir. James n'estima pas utile d'attendre son ami. L'homme étudia discrètement l'adolescent au départ du brun, il ne bougeait pas, attendait que sa passe. Il avait compris qu'il était inutile de n'énerver, il n'était pas aussi bête que le professeur l'avait pensé au premier abord. Anastasia scrutait chaque parcelle du mur qu'elle avait en face d'elle. Le bureau d'Ambroise Fog n'était pas particulièrement bien ordonné, les murs étaient recouverts de divers cartes et dessins de plantes et animaux rares, tous parsemés de notes et de symboles inconnus. Ici et là, on trouvait les reproductions d'un temple égyptien ou d'une calligraphie chinoise. Sur le sol et le bureau étaient jonchés de toutes sortes d'objets mystérieux et exotiques. La bibliothèque était remplie de livre sur des formes de magies venus de loin et qui n'étaient pas enseignées à Poudlard. Anastasia se doutait que si on cherchait bien on trouverait de la magie noire la dedans. Ils y avaient aussi tout un rang de l'étagère réservé aux carnets de Fog, apparemment il écrivait frénétiquement et sur n'importe quoi, ses carnets avaient toutes les formes et toutes les tailles. Certain avaient été réalisé manuellement avec des feuilles trouvées au hasard pliées et reliées avec des fils de cuir ou des lacets, parfois il s'agissait juste de bout de papier rangés ensemble. Il en avait bien une cinquantaine, souvent tachés, presque toujours cornés et recouvert par une écriture fine et vive qui s'enfilait sur le papier comme un ruban sans fin. Il y avait là tous les voyages d'Ambroise Fog, la curiosité ébranla Anastasia un instant, mais elle se retient de dire quoi que ce soit. Et puis elle posa son regard sur une pile de petits livres qui ne ressemblaient en rien à des grimoires de magie. Ils étaient reliés avec du carton et de la colle, c'était des livres moldus. Anastasia adorait les livres, elle lisait constamment, le soir quand elle n'arrivait pas à dormir, ou le matin quand elle se réveillait trop tôt, le midi quand elle avait le temps, à dix-huit heure quand les cours était terminés. Mais Anastasia n'avait jamais ouvert un livre moldu, elle avait eu trop à faire avec les livres de magie. Mais là, en haut de la pile, sur la couverture du premier livre, on pouvait lire : " Jack London ", puis plus bas : " Martin Eden ". Elle n'avait jamais su lequel des deux était l'auteur, mais elle avait déjà vu ce livre, dans une autre bibliothèque, sur un rayon qu'elle n'avait pas pu atteindre. L'intérêt qu'elle portait à l'homme assis en face d'elle grandit. Ambroise Fog avait beaucoup voyagé, Ambroise Fog lisait des livres moldus, Ambroise Fog devenait particulièrement intéressant. Il n'était plus question pour elle de tenir tête à son professeur mais bien de savoir qui il était.
- Vous avez beaucoup voyagé... dit-elle sur le ton d'une conversation qu'ils n'avaient pas engagé.
- Miss, vous êtes en retenue, rappela le professeur. Pas dans un salon de thé.
- Vous devriez quand même faire bouillir l'eau, on va y passez toute la nuit.
Il se pencha vers elle.
- Pas si vous vous expliquez, déclara-t-il.
- Je n'ai rien à expliquer, répéta-t-elle.
- Dans ce cas ...
- Pas de thé ?
Il choisit d'ignorer l'effronterie, comme s'il était au-dessus de tel échauffement.
- Vous avez compris, accorda Fog. J'imagine que Mr Black n'a toujours rien à dire.
Sirius ne broncha pas.
- C'est bien ce que je pensais, commenta l'homme.
Mais Anastasia n'avait plus envie de se taire. Le petit réveil posé sur l'étagèrent indiquait minuit et quart.
- Vous avez surtout voyagé dans le sud, d'après les cartes, observa la jeune femme. L'Egypte, le Congo, le Brésil ...
- Miss Adamovich ...
- Vous n'avez pas dit, qu'il fallait se taire.
Anastasia était très calme, Fog lui adressa un regard curieux.
- Vous vous ennuyez à ce point, miss, avez-vous envie de nettoyer les aquariums à Strangulos ? Ironisa le professeur.
- J'essayais de faire connaissance, expliqua l'élève avec un haussement d'épaule.
- Comme je vous l'ai déjà dit vous n'êtes pas dans un salon de thé.
- Tout le monde n'a pas la chance d'un tel confort. Mais après tout, pourquoi s'embarrasser de politesse ? Qu'avez-vous fait pendant tous ses voyages ?
Le ton d'Anastasia s'était soudain fait plus tranché, plus inquisiteur.
- C'est un interrogatoire ? Questionna le professeur surprit par le tour que prenait la conversation.
- Vous l'avez déjà dit, vous n'êtes pas dans un salon de thé, répondit elle simplement.
Ambroise Fog resta un moment à l'observer, l'air interloqué par tant d'impertinence. Sirius avait relevé la tête et considérait la scène sans comprendre. Puis Ambroise Fog éclata en un rire sonore qui résonna dans la pièce.
- Quelle superbe ! Une telle outrecuidance vous vaudra des ennuis.
Anastasia sourit.
- Ce n'est pas comme si ce n'était pas déjà le cas, remarqua-t-elle.
Ambroise Fog se tourna vers Sirius et croisa son regard.
- Il serait peut-être temps de vous expliquer, jeune homme.
Sirius ne pouvait plus échapper au regard inquisiteur de Fog. A ce moment-là, l'adolescent aurait donné tout ce qu'il avait pour nettoyer les aquariums de n'importe quel truc bien dégoûtant. Mais Fog attendait et ne le lâchait pas, il baissa les yeux encore une fois. Fog estima qu'il était temps d'en finir.
- Êtes-vous un lâche, monsieur Black ?
- Pardon ? Sirius ne comprenait pas et le ton charmant de Fog ne lui plut pas du tout.
- Êtes-vous le genre de personne qui n'assument pas leurs actes et qui se cachent pour éviter d'avoir à s'expliquer ? développa l'homme au nez cassé.
Sirius était de plus en plus mal à l'aise, et commençait clairement à s'énerver.
- De quoi vous parler, et pourquoi se serait moi qui me cacherait, objecta-t-il.
- Vous, miss Adamovich et moi-même savons que c'est vous qui avait engagé le duel, expliqua l'homme. J'aimerai comprendre pourquoi.
- Je n'ai strictement rien à dire.
Sirius n'avait aucunement envie de parler, il regardait fixement le mur derrière Fog. Celui-ci se fit plus ferme et plus brutal.
- Vous vous cachez derrière une fierté mal placée. Cessez de vous comporter comme un petit garçon et ayez le courage de vous expliquer. Cessez d'agir comme un lâche.
- JE NE SUIS PAS UN LACHE !
Sirius s'était levé, il regardait Fog avec fureur. Anastasia observait la scène avec circonspection. Elle n'appréciait pas vraiment les méthodes de son professeur. Mais elles étaient efficaces.
- Expliquez-vous alors, répéta Fog encore une fois.
- Je n'ai pas réfléchit, ça s'est passé comme ça, cracha l'adolescent.
- Pourquoi êtes-vous en colère contre elle ?
- Elle... elle m'a désarmé dans le train, je n'avais pas envie qu'elle recommence.
- Parce que vous en êtes déjà arrivé là, avant même d'être arrivé à Poudlard, s'effara Fog. Où est le problème ?
- Elle m'a énervé, dit simplement Sirius.
- Soyez plus clair, rétorqua le professeur.
Sirius était toujours debout, les deux autres voyaient bien son hésitation.
- Il ne fallait pas dire ce qu'elle a dit.
Il s'interrompit, il savait qu'il ne pourrait pas se justifier. En réalité, il ignorait pourquoi, il ne pouvait pas la supporter. Il ne l'aimait pas, et c'était tout.
- Alors, la voix du professeur résonna dans la pièce.
- Elle a dit que je devais me haïr vu comment je m'appelais.
- Pourquoi avez-vous dit ça, miss ?
- Sirius a dit en parlant de ma famille, je cite : une bande de mendiants dégénérés assoiffés de magie noire.
Fog soupira.
- Monsieur Black ?
- C'est vrai, non?
Sirius avait retrouvait toute sa superbe, il était en tort et ça ne s'arrangerait pas, alors bon, pourquoi se défilait. Mais Anastasia ne régit pas comme il l'avait imaginé. Elle resta calme et il n'y eut aucun poison dans sa réponse.
- Non ce n'est pas vrai, ces histoires sont des balivernes qui se sont propagé juste après l'arrestation de Natacha Adamovich.
- Tu vas me dire que ta mère n'a pas torturé et tuée plein de pauvres gens.
- Monsieur Black !
Fog était outré. Sirius se moquait de savoir si ça lui ferait du mal, il déchargeait sa colère. Il ne savait pas pourquoi mais cette fille l'irritait royalement. Anastasia eut un frisson mais se laissa pas démonter. Elle se leva à son tour.
- Non, je ne te dirai pas ça, mais Natacha n'est pas ma famille, elle a renié son nom. Et ma mère est morte !
Elle appuya sur les derniers mots, tout le monde oubliait toujours qu'à chaque fois qu'on parlait de sa mère, on parlait de quelqu'un qu'elle n'avait pas connu. Sa mère n'était qu'un nom auquel elle ne s'était jamais identifiée.
- Pourquoi devrais-je porter le poids de ses crimes ? J'ai choisi mon chemin. Est-ce si différent de ce que tu as fait ?
Sirius observa la femme qu'il avait en face de lui, il était troublé. C'était comme si Fog n'était plus là. Une révélation le traversa comme un éclair mais il ne put la saisir et elle disparut aussi vite qu'elle était venue. Un besoin impérieux se fit sentir, il fallait dire toute suite l'évidence.
- Je ne t'aime pas, Anastasia.
La jeune femme sentit le vent tourner. Pour la première fois depuis longtemps, le prénom ne lui fit aucun mal. Elle sourit soudainement apaisé, comme si ces mots la soulageaient. Elle se sentit pleine d'une énergie qui lui manquait. Elle se sentit si forte que le poids qu'elle portait sur ses épaules depuis qu'elle était arrivée s'envola. Elle ne quitta pas Sirius du regard. Mais sa voix se fit tendre presque douce.
- Donc nous y sommes.
Il y eut un silence. Ambroise Fog ne savait pas ce qu'il pouvait faire, il ne comprenait les réactions, ni de l'un, ni de l'autre. Anastasia tendit sa main vers Sirius.
- Serrons-nous la main, car moi, autant que toi, je ne t'aime pas, Black.
Ils se serrèrent la main. Une poigne sans rudesse et un peu longue. Leurs respirations se firent plus lentes et une tension nouvelle pris la pièce en otage. Fog ne savait pas s'ils venaient de faire la paix ou s'ils s'étaient déclarés de guerre. Sirius était hypnotisé, il la regardait comme s'il la voyait pour la première fois, sans comprendre. Puis elle s'adressa au professeur.
- Je crois que vous avez réussi votre coup ! dit-elle d'un ton enjoué.
- Vraiment ?
Fog était impressionné. Il n'était pas du tout sûr d'avoir réussi quoi que ce soit, mais c'était elle qui dominait tout à présent.
- Au-delà de toute espérance.
- Vous croyez ?
- C'est évident.
- Bien, répondit-il lentement, vous pouvez y aller, dans ce cas.
Fog ne contrôlait plus rien, les propos de la jeune femme étaient sibyllins mais il faisait autorité même sur lui son professeur. Il ne savait plus quoi faire d'autre, et puis son but n'était-il pas qu'ils se serrent la main. Les deux adolescents s'échappèrent sans demander leurs restes. L'homme qui avait vu sa vie durant bien des événements et à qui on avait raconté bien des histoires, se perdit dans ses pensées. Il tentait de se remémorer un épisode semblable, mais aucun de ses souvenirs ne lui donna de clef pour comprendre. La tension rageuse qui avait conduit aux péripéties de la semaine, avait mis à nu le lien qui unissait les deux jeunes. Elle avait toute suite comprit de quoi il retournait, mais pas lui. Black, lui avait ressenti sans saisir. Les paroles de Black auraient dû la blesser mais au contraire elle s'était sentit plus forte. Elle avait pris le dessus, mure d'un savoir qu'elle seule possédait, car c'est de là que venait ce qu'il avait pris pour de l'insolence, elle savait. Elle savait ce que lui-même, l'homme plus âgé et plus expérimenté, ne savait pas. A la lumière de cette révélation, le mystère de la jeune femme se fit plus épais et plus attirant.
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Bonne année encore et à très vite !
