Salut à tous, le précédent chapitre n'a pas eu beaucoup de rewiew, je suis un peu triste parce que je pensais qu'il était bien. Mais c'est pas grave, je vais m'en remettre.
J'espère que celui là vous plaira. J'ai eu bien du mal à l'écrire (les bals et les truc un fleur bleue ça me dépasse un peu alors quand je me suis mis à l'écrire je me suis dit "mais pourquoi tu t'es embarquée la dedans") mais j'espère que vous ne serez pas déçu.
Alors bonne lecture.
Le baiser de la discorde
Maintenant que j'ai vécu ma vie, maintenant que j'ai fait toutes les erreurs possibles, je peux dire que j'ai eu deux grands privilèges : j'ai connu de grandes amitiés et de grands amours. J'ai croisé toutes les misères, toutes les souffrances, j'ai grandi dans la violence. La femme que je suis aujourd'hui est la femme d'un passé trouble et chaotique. Mais je vois dans le monde tranquille que nous avons su construire, des enfants bien plus malheureux que ceux que nous étions. J'ai perdu plus d'êtres chers, qu'il est permis à certain d'en connaître. S'il y eut un temps où les tourments furent si insurmontables que je m'y perdais, même cette douleur a été ma fortune. Je n'ai jamais été riche que des gens que j'aimais, et si chaque belle facette de ma destiné à connue son pendant de chagrin, je reste fidèle et reconnaissante. Nous marchions pieds nus sur les braises. Et le feu qui consumait nos chaires rendait chaque sentiment plus vif et plus beau. Si aimer était vital, nous étions des funambules sur des lames de rasoir. Si on me demandait de raconter cette époque, je commencerais par dire qu'à cette époque j'ai vraiment aimé. Et chacun de ces amours a commencé par un baiser.
Dire qu'Anastasia s'ennuyait aurait été un euphémisme. Le dos collé contre le mur de pierre, elle regardait les autres rires bêtement. Elle en était malade. Un cachot, même maquillé pour avoir l'air agréable, restait un cachot. La soirée de Noël de Slug battait son plein et elle nageait dans un parfait cauchemar. Le spectacle de Malefoy et Black, l'autre, la fille, riant et dansant leur espèce de quadrille grotesque aurait suffi à la faire vomir. Encore s'il n'y avait eu que ça peut-être qu'elle les aurait trouvés drôles. Mais il n'y avait pas eu que ça.
Tout avait commencé dans le dortoir avec Scarlett quand cette folle avait voulu qu'elle soit « présentable pour la soirée ». Et puis quoi encore, une Adamovich est toujours présentable. Même quand elle revient d'un entrainement de Quidditch qui s'est déroulé sous le déluge. Anastasia ne pensait pas possible qu'un jour quelqu'un pourrait lui imposer quelque chose. Elle ne connaissait pas si bien Scarlett, et maintenant qu'elle était seule abandonnée de tous à sa mauvaise humeur, elle regrettait d'avoir rejeté l'idée Dawlish. À sa décharge, Scarlett lui avait laissé le choix. Mini-jupe ou hauts talons. Que doit-on penser d'une époque où les filles se baladent soit sur des échasses, soit les fesses à l'air ? Anastasia avait choisi les talons, pensant naïvement qu'elle serait plus à l'aise si elle était sûre que personne n'apercevrait son postérieur. Mauvais choix. D'abord, elle avait failli s'étaler dans la salle commune. Elle avait relevé la tête après s'être massé sommairement sa cheville endolorie et elle avait croisé le regard incrédule de Remus. Un regard doré, pénétrant de perplexité qui se s'était vite transformé en une expression moqueuse. Elle s'était figée, mortifiée et s'était composé un masque placide qui, en des temps normaux, aurait inquiété n'importe qui. Mais, à sa grande horreur, Remus avait éclaté dans un rire joyeux qu'il avait communiqué à Peter qui l'avait lui-même refilé à tous les élèves présents dans la salle commune. Il n'y avait aucun doute possible, elle était ridicule. « Mais non tu n'es pas ridicule, marches normalement et ai l'air sûr de toi. » Elle détestait que Remus se moque d'elle. Et elle aurait tué Scarlett juste pour les inepties de ses réflexions. Mais ce n'était que le début.
Certain abordent l'ascension de l'Everest avec appréhension, c'est qu'ils n'ont pas descendu un escalier avec des talons aiguilles. Anastasia n'avait jamais marché avec ce genre de chaussure auparavant et Poudlard comportait un nombre de marche inimaginable. Des marches qu'il faut descendre pour aller de la tour Gryffondor au cachot. Pour arranger le tout, la robe noire que lui avait prêtée Scarlett était loin d'être confortable. La jupe en fourreau, qui couvrait ses jambes jusqu'à la naissance des mollets, contraignait ses pas à de petits mouvements malaisés. Une camisole de force conçue pour l'empêcher de courir. De quelle folie était-elle atteinte pour qu'elle soit statufiée ainsi dans la gabardine ? Le chemin qui la mena au cachot fut sa lente descente vers le martyr, l'interminable traversée du Styx en direction du Tartare. Aux Portes de l'Enfer, la rousse avait déjà les pieds en feu, elle marchait avec une lenteur extrême, oscillant constamment en quête d'équilibre et le visage grimaçant à chaque pas, sa démarche n'avait rien de féminin. Elle enviait les bottes noires vernis aux petits talons épais de Scarlett qui allait si bien avec sa robe trapèze blanche, elle rêvait du costume trois pièces que June avait piqué à son cousin Liam pour l'occasion, elle jalousait les sandales plates de Lily si bien assortie avec sa robe à frange. Comment avait-elle put laisser la blonde tenter de la transformer en femme fatale. C'était risible. La seule chose qui était fatale chez elle, c'était le risque qu'elle prenait à chacun de ses pas.
Leur hôte les accueillit, tel Cerbère en sa demeure, un sourire septique sur les lèvres. Elle avait imaginé en compagnie de Scarlett, tout ce qu'aurait pu être ce moment, l'expression choqué du prof, son sourcil désapprobateur, même un sourire crispé. Il fut charmant mais sans plus, comme si elles n'étaient que deux cruches négligeables qui cherchaient à faire leur intéressantes. Scarlett s'en moquait, elle ne fut pas surprise outre mesure, mais Anastasia n'était pas habituée à ce qu'on la traite de la sorte. Elle faillit une fois de plus s'étaler par terre. Quelque centimètre de plus et en même temps que sa stabilité, elle avait perdu tout l'aplomb de son assurance.
Il y avait plus d'élève que d'habitude, même si on ne comptait pas les cavaliers, absents des réunions dans le bureau de Slug. James et Sirius n'étaient pas les seuls à éviter les dîners hebdomadaires mais à profiter de la soirée de Noël. Anastasia reconnut Quirrell et Sandarta dans un coin de la pièce quand Scarlett gloussa à ses côtés. Bellatrix Black était là elle aussi en compagnie du frère ainé des Lestrange alors qu'Anastasia ne les avaient jamais croisés aux séances du club. Elle identifia des deuxièmes années Serpentards à leur taille et à leur écusson et aperçut Wendy Oak et Meredith Stone qui se servait au buffet. Lily, June, Douglas et James discutaient tranquillement non loin de là. En fait, c'était surtout June et Douglas qui s'enthousiasmaient tous les deux, apparemment ça causait vif d'or, ce qui semblait ennuyer considérablement Lily. C'était avec une mauvaise foi que seul lui pouvait assumer avec autant d'aplomb que James soupirait de lassitude et lançait des clins d'œil faussement complices à la jeune femme. Mais Lily ne semblait pas se prendre au jeu, et affichait une mine de plus en plus dégoutée.
Anastasia et Scarlett, ne voulant rien avoir à faire dans cette histoire, se détournèrent avant que l'un d'entre eux les aperçoivent. Elles rejoignirent l'autre côté de la pièce, non sans difficultés pour la rousse. C'est alors qu'une autre vision leur souleva le cœur. Ariel était là, divine comme le jour dans les ténèbres, une reine dans sa robe de bal rose parsemée de fleurs brodées aux fils d'or. Allégorie maniérée de la délicatesse et de la grâce. Perséphone en personne illuminant son royaume. Un verre de liqueur de violette à la main, elle bavardait avec animation avec un Oliver fasciné, faignant d'ignorer tous les garçons qui l'observaient avec envie.
- Scarlett ! Je t'en prie, débarrasses moi de ce mec.
Sirius apparut sans prévenir derrière elles. Elles sursautèrent de surprise et se retournèrent d'un seul geste. Il était beau dans son costume noir. Il ébouriffa ses cheveux un peu trop longs et fit un sourire enjôleur. Il dégageait une élégance sensuelle dont il ne mesurait pas encore toute la portée.
- S'il te plait, si quelqu'un peut le faire, c'est bien toi.
La voix de l'adolescent était suppliante, mais l'argent de ses iris brillait avec malice. Sur son menton et ses joues, le duvet naissant annoncé l'homme qu'il serait bientôt. Le cœur d'Anastasia manqua un battement. Scarlett rendit à Sirius son sourire et vérifia que son chignon et son bandeau noir étaient toujours en place.
- Et comment veux-tu que je m'y prenne ? Chuchotèrent ses lèvres roses à l'oreille du jeune homme.
- Je vais l'envoyer chercher à boire et toi, tu vas le retenir au bar, lui murmura-t-il sur le ton de la conspiration.
En prononçant ses mots, il fit disparaître d'un coup de baguette le contenu du verre de la Serdaigle. Ariel, surprise par la soudaine légèreté de sa coupe, esquissa un froncement de sourcil, mais Oliver réagissant aussitôt, lui murmura quelque chose et s'éloigna vers le bar. Les yeux de biche de Scarlett croisèrent la moue goguenarde du Gryffondor. Et dans un battement de cils, elle disparue dans la foule. Sirius observa un instant Ariel seule, légèrement décontenancée. Il admira la beauté glacée de l'adolescente, étudia les trais du doute si rarement inscrit sur son visage de poupée. Il jeta un vif coup d'œil vers le bar, y vit, au loin, Scarlett renverser, tout fait volontairement, une chope entière de Bière-au-Beurre dans le dos innocent de Knight. Il garda son rire prisonnier de sa gorge, fit volte-face et se dirigea vers sa proie avant qu'un autre ne reprenne la main.
Anastasia se retrouva seule. Pas un moment, il n'avait porté son attention sur elle et, dès son apparition, Scarlett avait oublié sa partenaire. La mauvaise humeur de la rousse était croissante. En s'avançant d'un pas dansant, attirant l'attention de l'adolescente qui l'inspirait, Sirius fit apparaître deux coupes d'hydromel de cerise. Le coup du sortilège d'apparition, rien de mieux qu'une petite prouesse magique quand le rival est partit chercher à boire avec ses mains. La jeune femme soupira d'exaspération. Elle vit Ariel examiner le garçon avec circonspection, elle savait ce qu'il était en train de faire. Allait-elle accepter le verre qu'il lui tendait ? Il était difficile de dire non, mais Ariel n'était pas une petite cruche facile à embobiner avec des tours de passe-passe. En vain, elle chercha des yeux son cavalier officiel. Inspectant la foule, elle croisa les prunelles foudroyantes d'Anastasia, elle vit sa mâchoire serrée. La Serdaigle comprit immédiatement ce qui se jouait dans la tête de la Gryffondor. Elle lui envoya un sourire aussi fugace que venimeux qui disparut aussi vite pour se reporter sur le jeune homme qui s'impatientait. Son attitude ne fut plus alors que séduction et désinvolture à l'adresse de son nouveau prétendant. Elle saisit le verre qu'il lui tendait et trinqua avec le garçon tout heureux de voir la chance tourner à son avantage.
Une aigreur dévorante s'insinua dans les pensées d'Anastasia. Autour d'elle, comme dans un manège enchanté, des amis s'esclaffaient sans raison, trinquaient pour un rien, des inconnus se serraient la main sous le regard bienveillant et intéressé de Slughorn, des couples dansaient plus ou moins bien mais avec ce plaisir d'être ensemble, avec la fougue de l'exutoire. Les violons pleuraient leur valse, le cristal sonnait et les conversations enjouées bourdonnaient dans l'air. Un serveur passa avec un plateau, la jeune femme vola une coupe d'un breuvage inconnu qu'elle vida d'une traite. Rien de l'inconscience du moment, aucune euphorie ne pouvait l'atteindre. À cet instant, Anastasia était, tout à la fois : Prométhée, Sisyphe et Tantale. À peine cicatrisé de ses blessures antérieures, ses entrailles étaient à nouveau lacérées par la peine. Son interminable fardeau pesait plus lourd que jamais sur ses épaules lasses. Et que dire de la faim, de la soif. Elle était affamée par un désir inaccessible. Elle aurait voulu crier. Mais ses lèvres restaient closes. Sirius faisait rire Ariel. Les joues de porcelaine de la jeune fille s'empourpraient de plaisir. Il l'entrainait dans ses pitreries et elle se laissait faire avec sourire de complicité perfide. Elle semblait se laisser aller à son charme sans retenue et s'aventurer avec plaisir dans les méandres ses invitations.
Il fallait détourner le regard, ne pas voir ça. L'écœurement prit la gorge d'Anastasia. Elle se cala contre la roche abrupte de la paroi la plus proche et ferma les yeux. Sa respiration se faisait plus saccadée, la chaleur infernale des lieux l'étouffait. Elle reporta son attention à la soirée et vit Scarlett contempler Knight avec une avidité goulue tandis que celui-ci cherchait un sort pour sécher se veste bleue ciel. Plus loin, June, James, Ludo et Douglas écoutaient avec attention le monologue d'un grand type dont la stature taillée dans la masse dominait toute l'assemblée. Lily en avait profité pour discuter gaiment avec Severus un peu plus loin. Narcissa et Lucius dansaient avec plaisir, Regulus écoutait, morose, les tirades excitées d'Ursula, Bellatrix mangeait les petits fours que lui avait rapporté Rabastan. Sirius et Ariel dansaient doucement, les yeux dans les yeux. Pour lui, il n'y avait plus qu'elle. On ne voyait qu'eux.
Un vent de panique assiégea Anastasia. Était-il possible qu'elle se soit trompée ? Elle avait cru le connaître, elle avait cru le comprendre. Elle avait cru tout saisir. Mais maintenant, elle ne savait plus rien. Il n'avait pas le droit de faire ça. Il n'avait pas le droit de lui faire ça. Elle sentit la rage monter en elle. La rage et le dégoût. Est-il possible que ce qu'elle avait eu de plus beau dans sa vie fut, en fait, aussi laid ? Non, il y avait erreur, elle ne voyait pas ce qu'elle voyait. Non, tout ceci était un cauchemar. Le rythme de la musique s'accélérait, Sirius et Ariel tournoyaient de plus en plus vite. Ils ne suivaient plus la chorégraphie, ils étaient emportés par la musique. Anastasia ne pouvait pas croire ça, elle ne pouvait pas voir ça. Non. Ils faisaient ça tous les deux pour l'atteindre elle. Ils cherchaient tous les deux à lui faire du mal à elle. Ça n'avait aucun sens. Mais elle devait savoir. L'urgence vibra dans ses tympans.
Elle aurait voulu envoyer valser cette fille le plus loin possible et embrasser Sirius, y mettre toutes son envie, toute sa soif, toute sa faim. Qu'il se réveille. Elle ne pouvait pas faire ça. Il lui aurait ri au nez en la rejetant, et il aurait embrassé Adams pour l'accabler. Il était borné et stupide. Il avait pris le pouvoir sur elle. Mais l'aveuglement du jeune homme les entrainait en pente douce vers un déchirement irréparable. Elle devait le réveiller, avant le coup fatal, le geste qui salirait tout. Elle retira ses chaussures, les pierres froides du sol soulagèrent ses pieds endoloris. Elle soupira et se mit en marche le plus assurément possible. Elle traversa la pièce, la tête haute, lentement. Elle était comme un automate, se dirigeant imperturbable et sans détour vers son but. Sa respiration était lente et son souffle court.
Un vacarme terrible vibra dans la pièce. Une avalanche de métal arrêta tout. Puis, un silence aigu s'empara des lieux. Sirius se sépara brusquement d'Ariel. Tous les visages de la pièce se tournèrent d'un même geste vers l'origine du désordre. Les leurs aussi. Une armure de décoration s'était effondrée, laissant sur le sol un amas de fer informe. Mais personne ne s'intéressait au reste de la carcasse, personne même ne l'avait vue. Par l'étrange phénomène de la contiguïté, le tapage qui avait fait taire la mécanique du bal ne fut pas reproché à la fixation mal entretenue de l'armure. Juste à côté et comme si de rien était, une jeune femme que Sirius reconnue immédiatement embrassait un garçon qu'il ne pouvait pas voir. Elle l'avait plaqué contre le mur et s'était accrochée d'une main à veste de l'inconnu tandis que l'autre s'agrippait à sa nuque. L'étreinte était fiévreuse, nécessaire. Le garçon osait à peine bouger par crainte, peut-être, que tout s'arrête. Il ne voyait que le dos contracté de l'adolescente, que sa nuque se balancer à chaque respiration, que ses omoplates dénudées par la robe dansant au rythme du baiser. Il vit son bassin contre le bassin de l'autre, il vit ses pieds nus à côté des vieux bottillons usés du garçon. Et sans qu'il comprenne pourquoi, la rage fleurit quelque part aux creux de son estomac.
- Voyons jeunes gens, soyez plus discrets !
La voix altière mi-outrée-mi-amusée de Slughorn résonna lointaine dans les oreilles du jeune homme. La surprise frappa Sirius comme un coup entre les côtes. Alertée par la voix du professeur, elle se dégagea de l'étreinte et dans un sourire faussement embarrassé, elle mima la surprise. Mais il ne voyait pas le jeu absurde et ampoulé de la jeune femme. Il ne voyait que le garçon, qui venait d'apparaître, abandonné contre son mur, jeté en pâture aux curieux, perdu et penaud, sans doute heureux du baiser, sans doute irrité d'avoir perdu le contrôle. Anastasia Adamovich venait d'embrasser Severus Rogue. Et au regard horrifié et dégouté que la grande majorité des invités lui renvoyèrent elle leva la tête par défis et planta son regard brillant dans les iris gris devenus pierre de Sirius. Œil pour œil, dent pour dent.
Alors ? un petit avis ?
le prochain chapitre sera plus long, c'est promis.
a+
juillet
