Salut, dsl pour le retard, j'ai été trés occupé ses derniers temps, et je n'ai pas pu publier avant.
j'implore votre pardon. Mais j'espère que ce petit chapitre vous plaira.


Peter, le garçon qui voulait être un autre.

Sirius était fou de rage et ces explications assez confuses. « À quoi elle joue l'autre ? » « Elle a embrassé un Serpentard et tu veux la garder dans ton équipe ? » « Elle a embrassé Servilus, SERVILUS et tu dis rien. » « Bien sûr que non ce n'est pas personnel. » « Bien sûr que non je le prend pas pour moi ! »

James était trop ahuri par la réaction de son ami pour pouvoir réagir, il lui avait fallu toute sa force pour l'arracher au cachot de Slughorn. L'expression qui s'était logé sur le visage du jeune homme face au spectacle avait eu l'effet d'un signal d'alarme, il ne savait pas pourquoi mais il savait qu'il fallait l'éloigner de la zone de turbulence. Et maintenant qu'ils étaient revenus à la tour Gryffondor, bien tranquille dans leur dortoir et qu'il avait raconté la scène à ses autres amis, il dévisageait l'adolescent avec incompréhension. Remus observait la scène avec scepticisme, comme s'il avait du mal à croire la nouvelle. Peter répétait que, comme il l'avait toujours dit, cette fille était bizarre et que ce n'était pas surprenant qu'elle fasse des trucs incompréhensibles.

Peter n'avait jamais aimée Adamovich, dès qu'il l'avait vu entrer dans le train, elle l'avait mis mal à l'aise. L'assurance impressionnait l'adolescent plus que tout autre chose, il suffisait de voir comment il regardait ses amis, comment il admirait la prestance de James et l'allure de Sirius. Ou même la perçante malice de Remus, qui comprenait tout plus vite que tout le monde. Adamovich aussi était comme ça, certaine de ce qu'elle était, n'ayant aucun doute sur ses capacités. Peter ne voyait chez elle, que sa façon de défier Rogue pendant les cours de potion avec ce sourire amusée qui faisait enrager l'autre, ou comment elle écoutait Fog avec un sourcil relevé prête à bondir quand elle considérait qu'il avait tort. Il voyait ça et sa gêne. Cette toute petite gène, qu'elle s'efforçait de masquer mais qu'il ne manquait jamais de déceler. On aurait pu croire que c'était de la paranoïa, ce qui n'aurait pas été impossible de la part de Peter, c'était un garçon craintif et encombré par les doutes. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose clochait.

Elle ne lui parlait jamais, mais bon, il y avait un nombre incalculable de fille qui ne lui parlait pas. Et puis lui non plus ne faisait pas beaucoup d'effort. Elle l'intimidait et il ne savait jamais quoi lui dire. Quant à elle, elle ne cherchait même pas. Mais c'était plus qu'une absence de sujet de conversation, elle l'ignorait. Pas comme les autres filles, tellement concentrées sur James ou Sirius, qu'elles en oubliaient tout le reste. Pas comme Lily ignorait James, en se concentrant sur tout ce qui n'était pas James. Au contraire, dans le monde d'Adamovich, Peter n'existait pas et ce, pour aucune raison apparente. Ce qui était étrange parce que d'autre part, elle semblait porter une grande attention à tout ce qui l'entourait. Il était, pour elle, l'ami imaginaire de ses camarades de classes. C'est ce qui énervait le plus Peter, ce qui froissait son amour propre. Les autres au moins faisaient un effort, même par hypocrisie. Pas elle.

Il y avait aussi ces situations où sa position était intenable. Ces moments où elle ne pouvait feindre de ne pas le voir. Quand ils étaient ensemble pour un travail, quand ils mangeaient côte à côte, ce qui était arrivé assez rarement mais qui avait donné lieu à une étrange comédie. Là, elle faisait semblant d'être elle-même.

Je ne sais pas si vous avez déjà vu quelqu'un qui fait semblant d'être lui-même. Il y a un moyen simple de concevoir cela. Imaginez, par exemple, que votre petit(e) ami(e) vous ait trompé (je sais c'est désagréable mais c'est pour de faux), votre meilleur ami est au courant mais ne veux pas vous le dire (quel idiot !). Dans ses moments-là, généralement, ses blagues sont moins drôles, il rit trop fort, il vous regarde de loin, et vous tape sur l'épaule alors qu'il n'a pas l'habitude de le faire. Il fait semblant d'être lui-même, c'est à dire qu'il donne à voir une version de lui-même qu'il imagine ressemblante mais qui est expurgé de sa spontanéité. Car cette spontanéité est dangereuse, elle pourrait le trahir. Adamovich était comme ça avec Peter, expurgée de sa spontanéité, sauf qu'elle n'était pas sa meilleure amie, qu'il n'avait pas de copine. C'était cette bizarrerie là qu'il pointait constamment du doigt quand il disait : « elle est bizarre. »

Alors que ses amis, qu'il admirait tant, tournent en rond comme des lions en cage parce qu'ils sont surprit de la voir embrasser un type comme Rogue, Peter trouvait ça ridicule. Certes l'action était cocasse mais, après tout, Rogue aussi était bizarre, et, comme dit l'adage, qui se ressemble s'assemble. Il y voyait plus matière à rire et à faire des blagues qu'à faire exploser sa fureur en hurlant sur ses amis comme Sirius à ce moment-là. Mais Peter n'était pas prêt à voir le courroux du jeune homme se retourner contre lui. Alors il observait la scène et répéter la seul chose qu'il pouvait dire sans risque : « elle est bizarre. »

Peter pensait que la crise passerait, une petite vengeance personnel viendrait adoucir les humeurs, on rigolerait un bon coup et ça passerait. Mais Sirius avait dit : « La vengeance est un plat qui se mange froid. » et Peter jugea qu'il n'avait pas bien saisi le sens de l'expression. La vengeance de Sirius se mangea froide parce qu'il ne prit pas le temps de la cuire.

D'ailleurs, à ce propos, Peter ne comprenait pas bien pourquoi il était question de vengeance. Cette fille avait embrassé le type le plus horrible de toute l'école, c'était un sujet de moquerie, pas de vengeance. Pourquoi Sirius en faisait-il un problème personnel ? James et Remus semblait comprendre un truc qui lui échappait. Tous les deux observaient le spectacle avec circonspection mais ils n'essayaient pas de calmer leur ami. À un moment, Peter cru même voir James sourire. Il avait jeté coup d'œil connivence vers Remus et Peter s'était sentit complètement perdu. Quelque chose brillait dans leurs regards. Mais aucun des deux ne voulaient formuler sa pensé à haute voix. Ils laissaient Sirius se déchainer tout seul, et Peter ne rien comprendre.

Au bout d'un moment, James crut bon de prévenir le jeune homme en colère qu'il préférait que sa poursuiveuse soit en état de voler pendant le match contre les Serdaigles. Sirius ne comprenait pas que James tienne à la garder dans l'équipe.

- Elle a embrassé Servilus ! Et toi, ça ne te déranges pas ! Tu crois vraiment qu'on peut lui faire confiance ? Qu'on peut la laisser jouer avec nous ?

- J'avoue que son attitude m'étonne mais si je n'ai pas de poursuiveur on va perdre le match à coup sûr, rétorqua James calmement. C'est dégueu, et j'aurais surement une petite discussion avec elle d'ici peu, mais je veux gagner la coupe.

- Ce n'est pas qu'une question de Quidditch, assena Sirius avec colère. Les Gryffondors et les Serpentards ne se …

- Elle s'en moque des trucs de maisons, coupa Remus.

- Vous savez pas d'où elle vient, vous ne savez pas ce qu'on raconte sur sa famille, continua Sirius. Cette fille, il faut s'en méfier comme de la peste, qu'elle fricote avec les plus glauques de tous les Serpentards ce n'est pas bizarre, ça confirme ce qu'elle est.

- Lily est amie avec Rogue, intervint Rémus. Et ça nous …

- Je ne juge pas les gens sur leur nom de famille, trancha James.

La pièce se refroidit brusquement. James n'était pas en colère mais l'amusement avait disparu de ses traits.

- Toi, tu es content parce que si elle détourne l'attention de Servilus, ça te laisse le champ libre avec Lily, devina Sirius non sans ironie.

- Et alors Sirius ? Tu es jaloux ? Tu aurais préféré qu'elle t'embrasse toi ? glissa James en toisant son ami avec curiosité.

Sirius resta muet de surprise un instant. Peter trouvait les insinuations de James sans fondement, Sirius n'était-il pas constamment en train de s'énerver contre elle ? Remus, lui, dévisageait l'adolescent aux cheveux noirs et son expression choqué.

- Tu n'as rien compris, tu es complétement à côté de la plaque, éclata Sirius. Je te dis qu'on ne peut pas lui faire confiance et toi, tu…

- Je ?

- Tu… commença-t-il mais il croisa les yeux de Remus. Ne me regarde pas comme ça.

Ce dernier haussa les épaules comme s'il ne savait pas de quoi il parlait.

- Ne me regarde pas comme si tu allais pouvoir déduire de mes réactions une quelconque vérité !

Remus sourit, apparemment c'était trop tard.

- C'est bon, je veux rien entendre de plus, je me casse.

Joignant le geste à la parole, Sirius s'échappa des regards à la fois narquois et curieux de ses amis.

- Au moins on sait que ne t'es pas amoureux d'Ariel, vu comment tu l'as abandonné pour admirer le spectacle ! S'exclama James au moment où la porte du dortoir claquait.

Et c'est sans réfléchir et dès le lendemain de la soirée que Sirius fonça dans le tas. Après une nuit sans sommeil, passé à faire les cent pas dans la salle commune, abandonné à sa colère, il partit en quête d'un exutoire dans les couloirs du château. Il trouva Rogue, au petit matin, dans un des couloirs qui menaient au cachot. L'adolescent s'attendait aux représailles, il n'avait que trop bien vu l'expression du visage de Sirius quand elle s'était détachée de lui. Peut-être fut-il surprit qu'elles lui tombent dessus aussi tôt. Peut-être s'était-il dit : je vais faire ce que j'ai à faire maintenant, le crétin doit être en train de dormir, plus tard ce sera plus compliqué. Personne ne savait ce qu'il faisait lui aussi si tôt le matin hors du dortoir. Quoi qu'il en soit quand le Gryffondor fit exploser la gargouille pierre qui était à côté de lui, il ne fut pas lent à répondre. Peter ne savait pas exactement ce qui s'était produit à ce moment-là, Sirius s'étendait peu sur ses échecs. Ce qu'il savait, c'est qu'ils l'avaient retrouvé seul, dans un couloir désert et à moitié en ruine des sous-sols de l'école, pendu dans les airs à une de ses chevilles. Le Serpentard avait marqué sur son front en grosses lettres capitales rouges le mot « crétin sans cervelle ». C'est Remus qui avait fini par le trouver après le déjeuner, se tordant dans tous les sens et s'époumonant comme pas possible, écumant encore plus la rage qu'avant.

C'est comme ça qu'ils avaient découvert le Levicorpus. Où Rogue avait trouvé ce sort, ils n'en avaient aucune idée, mais il fallait reconnaître qu'il était incontestablement remarquable. Il avait fallu faire intervenir McGonagall qui avait dû prévenir Slughorn pour convaincre Rogue de lever le sortilège. Car c'est cette subtilité qui faisait tout le sel de la situation, seul le lanceur pouvait y mettre un terme. Sirius était resté toute la journée suspendu dans les airs et bien qu'il est encore sa baguette avec lui quand Rogue avait fui, il n'avait eu aucun moyen de venir à bout du sort. On ne savait pas si c'était le duel qui avait détruit le couloir, ou si c'était seulement l'expression de la colère de Sirius. Ce qui était certain, c'est qu'il avait dut tout reconstruire pendant sa retenue. Le Levicorpus devint un sort très apprécié.

La semaine qui suivit-il ne fut pas rare de croiser au détour d'un couloir ou au sortir d'un escalier un imbécile suspendu dans les airs par l'une de ses chevilles. Il devint aussi assez courant de croiser Sirius et Rogue au milieu de feux d'artifice dévastateurs. Les premières années évitaient de rester dans un couloir où l'un deux se trouvaient. Tout le monde s'écartait quand ils se rencontraient. James, toujours avide de mauvais coup, prêtait souvent main forte à son ami. Jamais il n'aurait raté une occasion d'embêter Servilus. Les cours que partageaient les Serpentards et les Gryffondors étaient plus agités que jamais. En potion, Rogue avait pris pour habitude de lancer un sortilège d'impassibilité au tour de son chaudron pour éviter la pluie de pétard dont il était la cible, ce qui n'empêcha pas sa robe de prendre feu quand l'un d'entre eux explosa à ces pieds.

Sirius ne s'attaqua pas vraiment à Adamovich, peut-être parce que James le lui avait demandé, peut-être parce qu'il ne savait pas comment le faire. Mais il ne perdait jamais une occasion d'être désobligeant, de lancer des réflexions désagréables, de se montrer cruel. Cependant rien n'atteignait la jeune femme, rien ne la troublait. Elle le défiait avec son sourire, elle le cherchait du regard. Plus il se mettait en colère, plus elle semblait sûre d'elle. L'épisode de Noël l'avait apparemment renforcée. Elle ne s'énervait plus, elle n'était plus en colère, et son sourire ne cessait de s'élargir. Tout ce que tentait Sirius pour qu'elle s'énerve ou qu'elle s'attriste, tout cela semblait la combler.

Et il y avait ce regard. Peter aurai été incapable de décrire ce regard, mais chaque fois qu'il le voyait, il pensait la même chose, chaque fois qu'il le voyait, il réveillait le même malaise. Le regard que posait Adamovich sur Sirius, ce regard qui rendait le jeune homme furieux, Peter aurait rêvé que quelqu'un le pose sur lui. Il y avait dans ce regard un mystère qu'il enviait, qu'aucune autre fille n'avait porté sur Sirius, et pourtant des filles qui observaient l'adolescent, il y en avait. Ce n'était pas une caresse rêveuse ou une admiration baveuse ou même un désire naissant. Adamovich le regardait comme si elle retrouvait un vieil ami, comme si la colère de Sirius à son encontre lui avait manqué. Comme si elle avait attendu ce moment, comme si elle touchait du doigt son Graal. Peter ne pouvait plus nier qu'il y avait avec cette fille, un truc qui lui échappait totalement. Il n'avait jamais remarqué ce regard avant mais à présent il ne pouvait plus l'ignorer.

C'est alors que Remus, ne sachant pas comment calmer ses amis, décida qu'il était temps de détourner leur attention. Il remit sur le tapis la question des Animagus. Il faut dire qu'ils avaient un peu abandonné le sujet, arriver à la métamorphose est un long processus et ils avaient un peu perdu patience. Et Peter était bien content que la situation en reste là. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas aider Remus. Mais l'Animagus, c'était l'idée de James, il était fasciné par ça, la première fois qu'il avait vu McGonagall se transformer, il n'avait pas pu se retenir de siffler d'admiration. Alors quand il avait découvert que Remus était un loup-garou, et qu'il n'était dangereux que pour les humains, devinez la première idée qui à surgit dans son esprit. Sirius avait suivi direct, les trucs dangereux et interdits, il disait jamais non. Remus avait protesté, faiblement, très faiblement. Alors quand Peter avait dit que, peut-être, et il avait bien dit peut-être, ce serait trop dur et qu'ils pourraient avoir des ennuis, St Mangouste ou pire, Azkaban. James avait dit, je cite : « Mais non, il y a pas de problème, on va regarder comment ça marche, on va s'entrainer, et si t'as du mal, on t'aidera. »

Bien sûr, James, qui cette année-là, avait à peine douze ans, croyait déjà suffisamment en lui pour penser qu'il pouvait surpasser McGonagall. Dit comme ça tout est possible, James lui aurait expliqué qu'ils allaient construire un balai pour voler jusqu'à la lune, Peter aurait répondu exactement la même chose : « On commence quand ? »

Plus facile à dire qu'à faire. À l'origine Peter était nul en métamorphose, c'est à peine s'il avait réussi l'examen de première année. Alors cette histoire, bien qu'au début elle se soit avéré assez ludique, était vite devenu son chemin de croix. D'abord il avait sué sang et eau pour être capable de métamorphoser des êtres vivants, capacité élémentaire qui devait soit disant être acquise si on voulait toucher à la métamorphose humaine. Ça paraît logique, mais sur le moment on prie pour que ce soit faux ou alors, que ce soit l'étape la plus difficile à franchir. En vérité comme tous les débuts, ça n'avait été qu'un début. Ensuite, il s'était acharné sur la métamorphose corporelle. Combien de fois Peter s'était-il retrouvé à l'infirmerie avec un bec à la place de la bouche ou parce qu'il était recouvert d'écaille, et qu'il ne savait pas comment faire pour s'en débarrasser. Au début, Sirius et James n'avait pas lâché le morceau, ils s'étaient entrainés comme des fous et avaient forcé Peter à en faire plus encore. Enfin forcé, c'est pas vraiment le mot, mais Peter n'osait pas dire non et il avait peur de les décevoir. Ils étaient tous tellement enthousiaste au début qu'il prenait la fatigue de Peter pour du découragement.

La vérité c'est que Peter ne comprenait pas très bien ce qui allait changer quand il serait transformé en animal. Pour lui un loup-garou était une bête féroce, quand il verrait qu'il n'y pas d'humain dans la cachette, il s'attaquerait forcement à ce qu'il trouverait, en l'occurrence eux. Animaux ou Humain, pour Peter c'était pareil, s'il allait dans la cabane avec Remus une nuit de pleine lune, ils allaient se faire bouffer. Mais Peter ne voulait pas décevoir ses amis, alors il se forçait à les suivre et surtout il ne disait rien. Et ils y étaient arrivés. Ils avaient maintenant le niveau pour réaliser correctement l'Animagus. Ils avaient réussi tous les sortilèges qu'il faillait connaître, ils avaient atteint un tel niveau en métamorphose en fin de quatrième année que même Peter avait obtenu un optimal à son examen de passage.

Cependant, la véritable épreuve était arrivée après. Il avait fallu se trouver. Et pour se trouver, il avait fallu tendre un miroir vers leur âme. Comment trouver l'animal qui était en eux, alors qu'ils ne savaient même pas qui ils étaient vraiment. Ils avaient passé de longues heures à imaginer en quoi il se transformerait. James parlait souvent de lion ou d'aigle. Se voir roi de la savane ou maître du ciel était du James tout craché. Sirius avait commencé par imaginer un ours mais finalement il avait pensé au chien. Étrangement, il s'était vite trouvé, une fois que le chien s'était installé, il n'était plus repartit. Et c'est vrai que ça lui allait bien le chien. Joueur, bagarreur, fidèle, ces mots lui allaient bien. Pour Peter se fut différent. Peter s'était rêvé, comme James, en grande bête sauvage. Il s'était vu puissant comme le tigre du Bengale, il avait cru sentir l'agilité du singe, ou peut-être que c'était lui l'ours. Il avait rêvé du lion, du chien, du loup et de l'ours. C'était bien dans son esprit.

À ce moment-là, il y croyait, il n'avait même plus vraiment peur du moment où il faudrait affronter Remus-transformé parce qu'il se disait qu'il serait assez fort pour le combattre. Mais le problème c'est qu'il ne savait jamais si c'était son imagination ou s'il était sur le bon chemin. Même Sirius, qui ne se voyait plus autrement qu'en chien, n'était toujours pas sûr de lui. Qui plus est, ils avaient décidés dès le début qu'ils ne passeraient à l'étape suivante que quand tous les trois auraient réussi celle qu'ils entreprenaient. Sirius devait donc attendre avant de tenter la transformation, que les deux autres aient trouvé leur moi.

Et puis, quand ils étaient revenu à Poudlard en septembre dernier, James avait rapporté un livre de sa mère dans lequel il avait trouvé une potion qui pouvait les aider. Cette potion avait pour vertu de donner l'illusion à celui qui la buvait, de ressentir son être sauvage, de se ressentir à l'état d'animal. C'était une potion assez peu commune, inventé par un sombre inconnu apparemment passablement dérangé qui l'avait appelée Liqueur d'Alice, allait savoir pourquoi. Elle était aujourd'hui utilisé essentiellement par ceux qui cherchaient à mieux se connaître, un truc à midinette et à ménagère de moins de cinquante ans. Le livre était d'ailleurs un vieux supplément de Sorcière Hebdo. Cela avait fait beaucoup rire James de trouver un truc pareil dans les affaires de sa mère, cette si éminente spécialiste des Sortilèges de Permanence Spéculative. Enfin bon, autant dire que l'utilisation de la potion n'avait rien de canonique dans le processus de l'Animagus. Une puriste comme McGonagall aurait sûrement hurlé, si elle avait su qu'ils avaient rompu le lent chemin méditatif qui mène à la découverte de soi, avec une potion gadget digne d'un horoscope de Girly. Mais après quatre mois d'effort et aucun vrai résultat, James et Sirius étaient prêts à tout, Peter étant toujours prêt à les suivre et Remus incapable de les arrêter. Maintenant, ils donnaient dans l'expérimental. En plus, aucun d'entre eux n'était vraiment bon en potion. Heureusement elle n'avait pas été difficile à faire (le niveau Sorcière Hebdo est assez accessible).

Donc, au début du mois de septembre, ils avaient bu leur verre de Liqueur d'Alice et donc, ils avaient sentit plus ou moins précisément leur moi sauvage. Ils avaient eu tous les trois une sorte d'hallucination. Pour Sirius rien n'avait été plus simple. Il s'était vu grand chien noir gambadant dans une plaine, il l'avait raconté avec des yeux brillant de gamin à qui on offre son premier balai. C'était presque touchant. James avait été moins précis, il avait senti un poids lourd sur sa tête mais il était incapable de dire de quoi il s'agissait vraiment. Il savait qu'il était grand, rapide, il se sentait majestueux, marchant d'un pas tranquille et noble dans une forêt dense et belle. S'imaginer une couronne sur la tête, impressionnant tout le monde sur son passage, il n'avait surpris personne.

Mais Peter n'avait pas vu ses espoirs être comblés. Il n'était pas l'imposante bête sauvage qu'il aurait aimée. Peter était petit, minuscule même. Autour de lui, tout paraissait gigantesque, les ombres dansantes l'effrayaient, la lumière des torches lui brulait les yeux. Mais petit n'était pas le pire. Il courrait dans un caniveau abrité par la pénombre et rejoignait ses congénères. C'est là qu'il se reconnu dans le miroir de son espèce. Peter était un rat. Un gros rat blanc qui courrait se réfugier dans les égouts.

Bien sûr, ce n'est pas l'histoire qu'il raconta. Comment aurait il put dire ça ? Il resta évasif, ne donna que quelques détails sommaires : « Je suis petit. » « Petit comment ? » « Petit » « Comme un lapin ou comme un insecte ? » « Entre les deux, je crois. ». Les autres ne posèrent pas plus de questions, il n'en avait pas dit beaucoup moins que James et il ne leur fut pas difficile de croire que lui non plus n'avait pas beaucoup avancé.

Et s'en était resté là. Depuis septembre, il y avait eu les bizarreries d'Adamovich, les essais de Quidditch, les attaques de mangemorts, les cours de duels, la colère incompréhensible de Sirius, ils en avaient même oublié de se venger de Berta Jorkins. L'impatience, la frustration, les aléas les avaient détournés de leur défi. Il n'y avait plus pensé. Cependant à présent, Remus y voyait un bon moyen de soustraire Sirius et James de leurs nouvelles activités singulièrement rentables en matière de perte de point et de retenue. Mais pour Peter, ça signifiait que le jour approchait où il allait devoir dire à ses amis majestueux, forts et féroces, quel être misérable il était au fond de lui.


Sincèrement je trouve que le personnage de Peter est très difficile à cerner et à utiliser dans le texte. Donc la question est : est ce qu'on y croit ?

a+

juillet