hello, voici le nouveau chapitre, il a mit un peu de temps arriver mais il est là et il est long.
Quantité n'étant pas un synonyme de qualité, j'espère qu'il vous plaira et vous surprendra.
bonne lecture !
Ma Natacha,
Je m'ennuie de vous, j'aimerai vous rejoindre et m'aventurer avec vous dans ces forêts que vous m'avez décrites dans votre dernière lettre. J'aurais tant aimé vous accompagner dans votre quête et parcourir à vos côté ces terres qui vous ont vu naître. Mais je crains fort vous avoir perdu pour de bon, ma chère camarade, mon père a scellé le pacte. Il n'y a plus d'issue.
Nous connaissons chacune les devoirs respectifs qu'impose le sang. Ils nous gardent sans compassion l'une et l'autre sur nos terres, éloignant cruellement nos corps. C'est ainsi que je pense que le corps n'est rien, il n'est qu'enveloppe de nos esprits qui eux, plus forts et plus libres, sont devenue indissociables. Sentez-vous, comme moi, la force d'une affection inébranlable ? Votre absence me pèse plus qu'il m'est permis.
Mais rassurez-vous, je fais comme vous m'avez appris, je garde la tête haute et froide et j'affronte mon sort. Je suis en tous points celle que je dois être pour mon promis. Je fais signe que je l'écoute, j'approuve ses dires de mes hochement de tête, encense son panache avec mes sourires.
Mais ne vous y trompez pas, mon cousin m'assomme. Il manque d'ambition. Il ne fait que parler de l'importance de se faire une place dans les cercles d'influence, il ne voit pas plus loin que ses risibles rivalités familiales et ne pense qu'à sa petite importance personnelle. Il n'imagine pas à quel point nous pourrions faire plus grand.
Mais je ne suis plus pour lui que le corps de la femme que je dois être. Car mon devoir est d'être ce corps noble qui sera bientôt le corps de la transmission. Vous voyez, je joue mon rôle moi aussi dans la réalisation du plus grand bien. Quand vous courrez libérer la terre, vous jouez le rôle qui vous a été assigné par le destin, ce rôle écrit dans le livre du temps.
C'est votre tour d'œuvrer pour la libération des Sorciers, pour la fin du Secret, pour rétablir l'ordre tel qu'il aurait toujours dû être. Qu'enfin ce soit les faibles qui se cachent des forts. Qu'enfin le monde soit aux mains de ceux qui ont le pouvoir d'en user. Le destin m'a attribué une autre fonction. La lutte ne suffit pas, il faut assurer la pérennité. Quand vous vous occupez du présent, je prépare l'avenir.
Ainsi je vous perd, je vous sacrifie, comme vous le feriez, comme vous le faites, pour ce que vous baptisez le plus grand bien et que j'appelle de tous mes vœux, pour ce présent que vous bâtissez, pour cette avenir que je prépare.
Je garde au fond de moi l'espoir de vous revoir.
Votre Walburga
Le choc
- Non, mais franchement, qu'est ce qui t'as pris ?
- Rien que d'y penser, ça me donne des nausées. Je préfère que tu répondes pas à la question, je voudrais finir mon déjeuner.
- Arrêtez vos inepties, coupa la voix courroucé de Lily. Tu aurais pu réfléchir à deux fois avant de faire ça devant tout le monde. Je suis certaine que les autres idiots vont y voir une bonne raison supplémentaire pour se défouler sur lui.
Combien de fois Anastasia avait-elle entendu ça ce matin ? Et la nuit dernière ? Elle avait à peine bu plus d'un verre pendant la soirée de Slug, mais la gueule de bois résonnait comme un réveil sans fin dans son crâne. Elle n'avait pas encore vu Sirius, elle ne savait si elle devait voir ça comme un bon signe ou si elle devait commencer à s'inquiéter. Rogue était bien à sa table, désinvolte et même, au tant qu'il est possible pour lui, plutôt enjoué. Les trois autres Gryffondors les observaient, elle et lui, du coin de l'œil, en discutant, et ils n'étaient pas les seuls. La rumeur de son baiser était déjà sur toutes les bouches. Dans les couloirs, les filles la regardaient avec des moues dégoutées et des rires moqueurs, les garçons lui lançaient des sourires narquois et peu flatteurs. Peut-être que Lily avait raison, peut-être aurait-elle mieux fait de se retenir. Mais qui contrôle ses impulsions ? Qui cache ses sentiments, qui ne tient pas compte de ses passions prend le risque de les voir ressurgir à la moindre secousse. Comme un vase trop plein qui déborde. Mais il était trop tard, trop tard pour revenir en arrière, trop tard pour réparer quoique ce soit. Et qu'y avait il a réparer ? Elle n'avait rien fait de mal.
Elle avait fait ce qu'elle avait fait. Il n'y avait rien d'autre à dire. Maintenant, il fallait assumer. Ne surtout pas laisser croire qu'on s'est fait surprendre par ses émotions, qu'on a perdu le contrôle par jalousie. La jalousie. Comment avait-elle permit à la jalousie de parler à sa place, comment avait-elle pu perdre le contrôle à cause d'un sentiment si mesquin ? Donc il ne lui restait plus qu'une option, faire comme si tout était normal, pour elle en tout cas, que rien d'important ne s'était passé, qu'elle avait simplement voulu s'amuser, qu'elle n'avait absolument pas, mais absolument pas, fait exprès de faire tomber l'armure. Elle avait déjà essayé de vendre ça à Rogue et ça n'avait pas vraiment réussi. Elle allait devoir se montrer plus convaincante. Et surtout faire comme si elle méprisait l'avis des autres. Elle devait retrouver de toute urgence sa tête de sang-pur insolente et au-dessus de tout le monde.
Et il fallait qu'elle s'y mette maintenant pour pouvoir soutenir les regards assassins que Sirius ne tarderait pas à lui lancer. Donc elle laissait ses amies déblatérer leur consternation et leur répugnance dans le vide et elle faisait comme si tout ça ne l'atteignait pas. Elle se forçait même à manger avec appétit comme si tout allait bien. Parce qu'après tout, tout vas toujours bien quand on fait abstraction de ce que pensent les autres.
Les jours qui suivirent furent rudes. Sirius était hors de lui et ne le cachait pas. Mais ce n'était pas le problème, elle l'avait bien cherché, elle avait eu ce qu'elle voulait. Elle accueillait chacune de ses insultes avec un sourire qui pour le coup n'avait rien de factice. Elle savait ce qu'il cachait inconsciemment derrière chacune d'elle. Cependant, à côté de cela, Rogue lui en voulait à mort. Apparemment, l'effet était également resté coincé en travers de la gorge des Serpentards, et Rogue avait eu quelques difficultés à les convaincre qu'il n'était en rien responsable de ce qui s'était passé. « On a réussi à rassembler les Gryffondors et les Serpentards derrière une même cause, tu devrais être content. C'est un record. » Le détachement ironique de la jeune femme n'avait pas fait rire l'adolescent.
James et Remus faisait tout leur possibles pour essayer de lui parler seul à seul. Pour les éviter, elle passait le plus de temps possible accompagnée par les filles, ou elle se cachait dans son dortoir, la bibliothèque n'étant pas sûre puisque Rémus y allait souvent. Malheureusement, Lily lui en voulait d'être la cause d'autant de problèmes pour son ami, ce qui rendait sa compagnie un peu périlleuse. À tout moment, elle pouvait se mettre à lui faire des reproches, parfois très cinglantes. June et Scarlett n'étaient pas plus agréables, elles passaient leur temps à essayer d'imaginer comment un truc pareil avait pu lui passer par la tête, et comment elle avait fait pour ne pas mourir foudroyée de honte juste après. Elles s'obstinaient à chercher une solution à ce qui leur semblaient un vrai casse-tête et en même temps elles étaient tellement loin de la vérité qu'Anastasia avait fini, par lassitude plus qu'autre chose, par trouver ça drôle. Il fallait aussi être tout le temps vigilant, les sortilègespleuvaient de partout sans qu'on s'y attende, on évitait de prendre certain escalier ou certain couloir parce qu'on savait qu'il était facile de se cacher à la sortie et de lancer un Levicorpus au premier venu. Et puis, il y avait les réflexions des autres, les murmures sur son passage de plus en plus désagréable. Elle passait en fin de compte beaucoup de temps dans le dortoir. Et puis, tout vas toujours bien quand on fait abstraction de ce que pensent les autres.
James parvint à coincer Anastasia une semaine après la soirée de Slug, un matin où il réussit à se lever avant l'aube pour attendre dans la salle commune qu'elle se montre. Il savait qu'elle ne restait plus devant la cheminé pour faire ses devoirs depuis l'incident du cachot. Il se doutait qu'elle se méfiait de Sirius, elle savait qu'avoir des habitudes trop bien établies rend vulnérable. Elle partait, à présent, se promener dans le château. Et il avait fallu à James une bonne dose de volonté pour être avant elle dans la salle commune et avoir l'occasion de lui parler seul à seul discrètement, sans les reproches de Sirius ou le regard lourd de Lily. Et donc il avait attendu et elle était descendue. Elle avait voulu fuir mais il l'avait attrapé par l'épaule et il avait dit qu'elle ne jouerait pas le prochain match si elle ne parlait pas avec lui. Elle avait soupiré mais elle était restée. Il ne l'avait pas lâchée et avait attaqué abruptement.
- Pourquoi as-tu fais ça l'autre soir ? Avec Rogue.
Elle avait écarquillé les yeux légèrement surprise. Elle n'avait pas cherché à s'écarter de la poigne de fer du poursuiveur.
- C'est encore ça le problème ? Avait-elle répondu avec lassitude. C'est arrivé, c'est tout.
- C'est tout ? James était effaré. Tu sais qui est ce type ?
- Je n'ai pas réfléchit sinon je l'aurais pas fait, avait-elle continué sans l'écouter. Tu veux mes excuses, tu les as.
- Tu l'as regardé ? Comment as-tu pu faire ça avec lui ?
Elle avait fermé les yeux, et mis la paume de ses mains sur son front.
- Tu ne peux pas comprendre, avait-elle alors chuchoté sans le voir.
- Je ne peux pas comprendre quoi ? s'énerva-t-il alors. Que tu es envie d'embrasser Servilus, non ça c'est vrai, je ne peux pas le comprendre. Je veux savoir s'il y a un truc entre lui et toi. Parce que s'il y un truc, tu ne peux pas faire partit de mon équipe. Mais surtout ne me donnes pas de détail, ce que j'ai vu l'autre fois suffit.
Elle avait relevé la tête pour regarder James plus attentivement. Elle hésita.
- Il y a rien, avait-elle soufflé. C'est un ami.
- Tu embrasses tes amis avec la langue ?
La respiration d'Anastasia s'était faite plus lourde. Mais sa fierté était déjà au plus mal, alors elle décida de dire la vérité.
- Ça n'a rien à voir avec lui, finit elle par avouer tout bas. Je voulais … énerver … quelqu'un …
James ne sut pas quoi répondre à ça. Un tel aveu de sa part ne pouvait être qu'une preuve de bonne foi. En même temps, il en avait des vertiges. Il n'était pas tout à fait certain d'avoir envie de mettre du sens sur ce qu'elle venait de dire.
- Il y avait sûrement un autre moyen, la pressa-t-il après un long silence.
- Non, il n'y en avait pas, confia-t-elle avec un drôle de sourire.
- Et ça à marcher ? Tu as énervé la bonne personne ? fustigea-t-il en pressant un peu plus encore sur son épaule.
Elle se dégagea brusquement de la main pourtant ferme du jeune homme.
- Je ne vais pas répondre à cette question, rétorqua-t-elle avec fermeté.
- Tu …
- Ce que je viens de te dire, Potter, c'est comme si je m'étais mise à genoux devant toi, coupa-t-elle plus fortement. Ça ne te suffit pas ? Tu veux plus ?
Il ne répondit pas.
- Si tu ne veux pas que je joue dans ton équipe parce que je te dégoute, dis-moi que je suis virée.
James ne toujours dit rien, interloqué par le ton autoritaire de sa poursuiveuse. Il n'avait jamais apprécié qu'on lui dise ce qu'il avait à faire.
- Fais-le, cracha-t-elle.
De toute façon, il n'avait personne d'autre.
- Non.
- Bien. Merci. Je peux partir ? Maugréa-t-elle.
- Il y a une dernière petite chose que je voudrais savoir, réclama-t-il. Juste pour être certain.
Elle fronça les sourcils et attendit qu'il en dise plus.
- Tu n'as jamais touché à la magie noire, n'est-ce pas ?
Elle se raidi et regarda attentivement le visage fermé du jeune homme.
- Pourquoi cette question, James ?
- On m'a dit deux choses qui mises côte à côte me gêne, commenta-t-il. Tu as dit que tu étais l'héritière d'un clan au premier diner de Slug.
- Tu es bien renseigné, répondit-elle de plus en plus mal à l'aise.
- On m'a dit aussi que pour devenir l'héritier du clan, continua-t-il. Il fallait pratiquer la magie noire.
Anastasia dévisagea James avec appréhension, elle faisait presque la même taille que lui, mais à ce moment précis elle se sentit toute petit.
- De qui tu tiens ça ? Demanda-t-elle stupéfaite.
- Quelle importance ? Renvoya-t-il innocemment.
- Tout le monde ne … Elle s'interrompit alors qu'elle comprenait pourquoi James posait cette question.
- Tout le monde ne … ? Répéta-t-il tandis qu'il attendait la suite.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Non attends, je sais : « Sa mère à du tuer un homme pour avoir le clan, imagines ce qu'elle dut faire, elle. » devina-t-elle en colère.
- En substance, oui, c'est ce qu'il a dit, mais … commença-t-il.
- Ne fait pas cette tête, là, il y a que sa mère qui peux savoir ça, sermonna-t-elle.
Elle n'avait plus rien de la gamine prit en faute de la minute d'avant, elle était dans tous ses états.
- Comment … commença James surprit par sa réaction mais elle ne l'écoutait plus.
- Je n'arrive pas à croire qu'elle lui ait dit. Comment a-t-elle pu lui dire ?
- Arrête ! Tu délires ou quoi ? stoppa le jeune homme en la secouant par les épaules.
Elle resta un instant coite, James relâcha doucement sa prise avec une expression dubitative qui laissait entendre qu'il n'accepterait aucune fuite.
- J'ai hérité du clan quand j'avais dix ans, lâcha-t-elle. Si tu crois qu'une fille de dix ans peut faire un Avada Kedavra et tuer un homme, alors crois ce que tu veux, je ne te convaincrais pas. Mais je ne suis pas Natacha Adamovich, OK. J'en ai marre de me justifier tout le temps, il faut que tu décides maintenant si tu me détestes ou non.
- Pourquoi as-tu dit que seule la mère de Sirius pouvait savoir ça ? Demanda-t-il.
- Walburga Black était une amie de Natacha Adamovich quand elle était jeune, expliqua-t-elle. Natacha Adamovich a, en effet, du tuer un homme pour avoir le clan, c'est des secrets de famille qui se racontent à personne normalement. L'épisode a été traumatique, j'imagine qu'elle a cherché un soutient là où elle pouvait en trouver.
- Comment tu le sais ?
- J'ai lu les lettres.
- Qu'est ce …
- Ne me poses plus de questions, coupa-t-elle. Soit, tu me crois, tu me fais confiance et nous sommes amis. Soit tu ne me crois pas, tu penses que je suis une horrible meurtrière qui pratique la magie noire, dans ce cas je quitte ton équipe, et nous nous envoyons des insultes, des sorts et des pétards à longueur de journée comme avec Sirius. Quoiqu'il en soit, tu arrêtes de poser des questions. Qu'est-ce que tu choisis ?
La diatribe le fit sourire, il l'observa un temps, sans rien dire.
- Il faut dire que tu nous caches beaucoup de chose, contesta-t-il.
- Il faut dire que tu poses beaucoup de question, renvoya-t-elle du tac au tac.
- Tout le monde n'a pas une histoire aussi passionnante que la tienne, ironisa-t-il.
- On ne choisit pas sa famille, fit-elle remarquer. Il y en a pour qui c'est simple, d'autre non.
Il sourit. Ça, il le savait bien sûr. C'était un pari cette fille, un pari sur son instinct, un pari sur l'incroyable mauvaise foi de Sirius. Et il avait besoin d'une poursuiveuse.
- Amis ? Finit-il par accorder en esquissant un sourire.
- Amis, sourit-elle à son tour.
Enfin, James s'inclina pour la laisser passer. Et elle, sans un mot de plus, prit la direction de la porte qui menait aux escaliers.
- Au fait, en tant qu'ami, tu peux peut-être répondre à cette question : qu'est-ce que vous avez toutes avec lui ? lâcha James avant qu'elle n'atteigne la porte.
En posant la main sur la porte, elle se retourna, lui fit une moue candide.
- Je ne sais pas... éluda-t-elle toujours en souriant. À ton avis ?
- Justement, je te demande, siffla-t-il.
Elle ne répondit pas tout de suite. Aussi étrange que cela puisse paraître, il venait de perdre son sens de l'humour.
- Qu'est-ce que vous avez toutes à être amie avec ce type ? Renchérit-il.
Anastasia se reprit en comprenant sa question et s'assit dans un fauteuil en soupirant.
- Je ne suis pas certaine que Lily accepterait que je te réponde, commença-t-elle.
- Je voudrais comprendre, marmonna-t-il en s'asseyant à son tour. On est ami maintenant, non ?
Elle fit une grimace mais finit pas répondre.
- Lily connait Rogue depuis suffisamment longtemps pour savoir que tout au fond de lui, c'est un type bien.
- Tu veux dire sous la grosse couche de graisse et derrière son nez crochu, persiffla-t-il.
- Tu me poses la question, je te réponds, soupira-t-elle.
Ils restèrent un instant là tous les deux en silence, fixant le feu qui crépitait dans l'âtre et se perdant chacun dans leurs pensées.
- Et toi, qu'est-ce que tu lui trouves ? hasarda-t-il au bout d'un moment.
- Il fait pour moi une chose qui inspire le respect, répondit-elle machinalement.
Le regard curieux de James fut si lourd sur le profil de la jeune femme qu'elle en frémit. Qu'avait bien pu faire Rogue pour mériter son estime ? Mais Anastasia se reprit et il vit qu'elle en avait dit plus qu'elle ne l'aurait voulu.
- Ce baiser, c'était une sorte de remerciement alors ? Ironisa-t-il.
Elle se tourna vers lui avec une expression atterrée, leva les yeux au ciel, se redressa de son fauteuil et sortit de la salle commune d'un pas qui se voulait digne. James ne put s'empêcher de rire devant sa consternation. Au moins, il avait retrouvé sa bonne humeur.
Il neigeait le jour du match contre les Serdaigles, une neige dense, cotonneuse et opaque. Le vent soufflait en grosse bourrasque et les flocons dansaient dans l'air un ballet aussi frénétique que chaotique. Tout était blanc, le terrain semblait irréel. Il n'y avait plus de couleur dans les tribunes, les blasons rendus invisibles par le dépôt de glace qui les recouvraient. De la masse d'élèves, emmitouflés dans leurs capes noires, s'échappait parfois le rouge d'une écharpe Gryffondor ou le bleu d'un fanion Serdaigle. On ne savait plus qui était qui, aucune bannière n'avait survécu au vent, la foule n'était plus que la clameur des encouragements ou les sifflets gueulards emportés par les rafales.
Les Serdaigles étaient déterminés, ils avaient perdu leur premier match de peu, dans des conditions pires que celle qu'ils allaient affronter là, contre des adversaires coriaces. Ils s'étaient montrés soudés et efficaces. James les avait vus manger tous ensembles la veille et le matin du match, il les avait vus rire ensemble, se prendre par l'épaule, trinquer avec leur jus de citrouille, taper ensemble sur la table. Ils avaient leurs traditions de groupe, leurs rites d'avant match, leurs chants, leurs surnoms. Douglas Stout était leur capitaine et il avait su créer une équipe équilibrée et solidaire. Il avait organisé son groupe comme une bande de pote. Traditionnellement, Serdaigle était une équipe technique et stratège, Stout avait apporté une bonne dose d'autodérision et de bonne humeur. Il avait rendu le Quidditch aux joueurs. S'il continuait les entrainements précis et l'étude approfondie des failles de ses adversaires, il avait réussi à faire de ce truc rébarbatif un vrai jeu. Et ça se voyait. La défaite précédente n'avait en rien entamé leur plaisir, au contraire ils étaient plus résolus encore que contre les Serpentards.
C'est pour cette raison que quand James entra dans le vestiaire et qu'il vit son équipe en train de préparer en silence, il ne put s'empêcher de grimacer.
Il était clair qu'il n'y avait pas la même ambiance chez eux. Il faut dire qu'il avait eu bien du mal à réunir son équipe et que ceux qui la constituée n'étaient pas forcément en très bon terme. Déjà, il y avait le cas Caradoc Dearborn. Dearborn était toujours à l'écart. Il n'était pas dupe au point d'ignorer que James rêvait de le voir partir. Le coup du remplacement de Prewett l'avait passablement inquiété. Il était de plus en plus nerveux pendant les entrainements, de fait, il jouait encore moins bien qu'avant, si c'était possible. Qui plus est, maintenant tout le monde, dans les couloirs, l'appelait la baleine volante, et qu'il avait bien vu le remord derrière la mauvaise foi des dénégations de James. Tout ce qu'avait dit Berta Jorkins n'était pas vrai, mais ce point-là avait été vérifié. Forcément, il n'était pas toujours très à l'aise avec les autres, bien qu'il fut toujours là, tout aussi morne que ventripotent et toujours aussi constant dans l'échec.
Ensuite, venait le problème des batteurs. Ce n'était pas un vrai problème, mais l'année précédente Sirius avait piqué la place d'Hector au terme d'une série d'essais serrés. Sirius n'avait en réalité du sa place qu'a la chance, même s'il prétendait le contraire. Il restait de se souvenir une petite querelle intestine et un esprit de compétition très affirmé. C'était un avantage parce qu'ils s'entrainaient sans relâche pour être toujours meilleur que l'autre. Mais, bien qu'il soit en général assez fairplay, ce n'était pas terrible pour fonder un esprit de camaraderie. Toutes ces difficultés étaient inhérentes à toutes les équipes et James savait que Stout avait dut en rencontrer lui aussi, il aurait facilement put les régler s'il n'avait pas passé tout son temps à constituer l'équipe qui serait à la hauteur de son jeu.
Parce que techniquement, l'équipière qu'il lui fallait pour que son talent à lui se déploie totalement et qu'il puisse lui jouer au maximum de ses possibilités, cette équipière-là se trouvait dans le corps de la mauvaise personne. L'arrivée d'Anastasia avait créé un schisme dans l'équipe. Et je ne parle pas que de Sirius, bien qu'il ne soit pas innocent dans cette affaire. Il y avait d'un seul coup eu d'un côté ceux qui pensait que c'était bien d'avoir une bonne joueuse dans l'équipe, en tête James, qui tenait à sa coupe plus qu'à la jeune femme, June, bien sûr, en bonne copine solidaire, et Hector, toujours contre Sirius. Et puis l'autre, sous prétexte qu'on aurait dû laisser une chance de plus à Fabian Prewett, qu'on aurait dû lui laisser le temps d'apprendre, Fenwick, qui du coup sentait un peu mis de côté et Sirius, évidemment. Caradoc, quant à lui, jouait la Suisse à merveille.
Dans ces conditions, et surtout parce que Sirius était imprévisible, James avait passé plus de temps à les séparer qu'à les réconcilier. Il avait bien étudié avec qu'elle finesse Fog évitait que les deux ennemis se retrouve face à face pendant ces cours en évitant le plus possible l'affrontement direct. Il faisait donc travailler son équipe par petit groupe séparé par poste. Et quand ils s'entrainaient tous ensembles, car ils étaient forcé par moment de le faire, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces moments-là étaient, pour Adamovich, l'entrainement idéal pour apprendre à éviter les cognards. Mais James ne s'en formalisait pas. Il se disait qu'après avoir gagné le match contre les Serdaigles, car il ne faisait aucun doute pour James qu'ils allaient gagner, les autres comprendraient l'atout que représentait Adamovich et qu'ils l'accepteraient mieux. Maintenant qu'ils y étaient, il espérait que son calcul était le bon, il espérait que le match les galvaniserait, qu'après avoir volé et vaincu ensemble les échauffements s'apaiseraient. Ils allaient gagner car ils devaient à tout prix gagner ce match.
Le capitaine observa encore une fois son équipe. Sirius était de mauvaise humeur. Il attendait dans un coin adossé contre le mur balai en main, attendant que les autres aient finis de se préparer comme d'habitude. Il essayait d'avoir l'air naturel et détaché mais il transpirait la nervosité. Il serrait si fort son balai avec sa main gauche que la jointure de ses articulation était blanche. C'était d'autant plus inquiétant que ce n'était pas dans ses habitudes. Fenwick, quant à lui, était vert pâle et il avait mis son pull à l'envers. Il tremblait. Dearborn laçait ses chaussures avec lenteur et application, égale à lui-même. Flyborn était fébrile, il s'habillait avec empressement et ne pouvait s'empêcher de souffler entre chaque action. June était prête, elle était assise sur son banc la tête dans les mains pour se concentrer. À ses côtés, tournée vers la cloison, un pied sur le banc en bois, Adamovich fixait son protège tibia. Elle semblait calme.
- Bon, je l'ai pas fait la dernière fois, commença James après avoir pris une grande inspiration. Parce que l'année dernière je trouvais que Clarks était ridicule. Mais, là, je crois que vous avez besoin d'un bon discours d'avant match.
Tous ses joueurs se tournèrent vers lui. June sortit de sa bulle en fronçant les sourcils, et même Sirius abandonna son expression maussade pour laisser place à la surprise. Il avait l'attention de tout le monde. Bien, maintenant, il devait trouver quelque chose à dire.
- Si on regarde le papier, on n'a pas l'avantage, dit-il pour se lancer. Ils ont trois poursuiveuses efficaces, leur gardien est une muraille, et Stout est un vrai rapace. C'est vrai et ce n'est pas tout. La météo est dégueulasse, le terrain impraticable et les trois quarts des supporters sont contre nous. C'est vrai et c'est tant mieux. Parce que nous sommes Gryffondors. Nous sommes les lions, et ils vont nous entendre rugir. Et quand on aura gagné ce match personne ne pourra dire qu'on a volé cette victoire. Aucune conquête n'est belle si elle n'a pas le goût du sang. Vous allez avoir mal mais ça en vaut la peine. Sirius, Hector, (les deux batteurs froncèrent les sourcils) je veux que vous monopolisiez les cognards, et que vous concentriez vos efforts sur Oak. C'est elle qui marque les buts, c'est elle qu'il faut canarder. Ne vous occupez pas trop de leurs batteurs, Follet et Miller ne sont que des gamins, vous ne devriez pas avoir de problème avec eux. Dearborn ! (ce dernier sursauta sur le banc) Tu veux qu'on arrête de t'appeler la baleine volante ? Alors stoppe-moi leurs tirs ! Elusiver, (cette dernière leva au moment où son fut appelé par James) tu as stupéfixié Stout pendant le cours de Fog, alors n'est pas peur de lui parce que tu vas en faire de la purée, c'est clair ? Vous deux (il désigne du doigt ses poursuiveurs) vous faites comme à l'entrainement et tout ira bien. Leur trio est fort mais pas autant que moi. Fenwick tu me colles Stone comme si tu voulais voir son cul de plus près, je ne veux pas qu'elle puisse jouer. Ça va déstabiliser leur rang et nous ont aura un boulevard. Au Quidditch, on gagne le match en marquant des buts et c'est ce qu'on va faire ! Ok ?
La voix de James était exalté, tous les autres restèrent bouche bée devant la tirade.
- On va gagner ce match ! Reprit-il encore plus enthousiaste. Je veux vous l'entendre dire.
- On va gagner ce match, dirent-ils pour lui faire plaisir.
- Non, plus fort.
- On va gagner ce match, reprirent ils plus fort.
- Non, encore plus fort. ON VA GAGNER CE MATCH, cria-t-il de tout son cœur.
- ON VA GAGNER CE MATCH ! Crièrent-ils tous ensembles.
- Bien, maintenant on y va, Benjy met ton pull à l'endroit, qu'on ait l'air sérieux.
Sur ces mots, il sortit du vestiaire et courut vers le centre du terrain en levant son balai vers le ciel comme un trophée sous les hurlements des autres élèves Gryffondors. Son équipe le rejoint rapidement, s'engouffrant avec détermination dans le désordre mou de l'hiver. Les Serdaigles étaient déjà en place et les noms déjà annoncés. Le temps pour une brève poignée de main, le coffre était déjà ouvert. Le vif d'or disparut d'un battement d'aile, les cognards filèrent hargneusement vers le ciel et l'arbitre lança le Souafle avec force. Le sifflet résonna, et enfin les deux équipes s'élevèrent dans le vent et la neige.
Le monde était blanc, il n'y avait plus ni haut ni bas, lentement le blizzard prenait possession du terrain.
- Et c'est parti ! Entonna une voix masculine dans le microphone. Le match risque d'être intéressant. Les Gryffondors ont un petit contentieux à régler avec les Serdaigles depuis que ces derniers leur ont ravi la coupe sous le nez. Il sera intéressant à voir ce que donne la nouvelle poursuiveuse des rouges … Attention ! Potter attrape le Souafle, il file vers les anneaux … Oh ! Il évite un cognard, … il a perdu la balle … Meadowes rattrape, elle lance à Oak qui se dirige vers Dearborn … ELLE MARQUE ! Dix points pour Serdaigle ! Très beaux tire de la part de Wendy.
- J'ai dit qu'on allait gagner ce match ! Hurla James de dépit puis il se tourna vers Anastasia avec un regard sévère. Adamovich ! Attrapes moi ce Souafle et ramènes le moi !
- À vos ordre, mon capitaine ! Rétorqua-t-elle en déviant dans la direction de la plus petite des Serdaigles qui était maintenant en possession de la balle.
Et elle abandonna James. Son balai volait vite et l'emportait dans des embardées qui la bousculaient à chaque rafale, Stone était moins rapide et moins assurée mais elle était habile et le vent la brusquait moins. La Gryffondor lui fonça dessus alors qu'elle tentait d'atteindre un endroit où elle pourrait passer la balle de cuir sans risque. James prit la direction des anneaux adverses par l'autre côté du terrain.
Stone attaque, Meadowes et Oak sont aux aguets mais Adamovich et Fenwick lui colle au train. Merlin … Adamovich n'est plus qu'à quelque mètre … Que fait Potter ? … Oak tente de récupérer le Souafle mais la Gryffondor est trop proche … Les anneaux de Dearborn sont à portée de tir … OUCHT … Black vient d'envoyer un cognard qui a balayé Stone, heureusement que sa coéquipière s'est écartée parce qu'elle n'est pas passée loin … Mais l'action était parfaite, le jeu est au Gryffondor !
Anastasia avait récupéré la balle au moment où Stone avait été déstabilisée par le coup. Elle filait, à présent, en direction des anneaux Serdaigles en esquivant tout ce qui se trouvait sur son chemin. James était en position, il l'attendait, il voyait Fenwick suivre Stone et l'empêcher de rejoindre ses coéquipières. Meadowes et Oak étaient maintenant sur les côtés de la rousse et ne la lâchaient plus, quand soudain, celle-ci fit une culbute vers l'avant et remonta en piquet vers le ciel et, avant que ses opposantes ne comprennent la manœuvre, elle renvoya la Souafle à James qui était parfaitement positionné pour marquer.
- Égalisation des Gryffondors ! Le spectacle s'annonce des plus réjouissants ! Leurs attaques se sont considérablement améliorées depuis le match contre les Poufsouffles !
En effet, Anastasia et James avait trouvé une harmonie dans leur jeu. Ils s'amusaient vraiment et les Serdaigles étaient à la peine. Ils prenaient un malin plaisir à tromper la vigilance de Knight, qui était le gardien, ou à semer par tous les moyens possibles les attaques des poursuiteuses. Ils avaient oublié la neige, ils avaient oublié Fenwick, ils avaient oublié les cognards. Rien ne pouvait les arrêter. Ils riaient comme des fous et volaient à toute allure. La poursuiveuse suivait son capitaine comme elle pouvait, et ça marchait. Ils marquèrent vite cent points d'avance, les Serdaigles ayant bien du mal à récupérer ou à garder la balle. Leur bonne humeur minait l'équipe adverse, et ils avaient de plus en plus d'espace pour jouer. Les cognards cherchaient le corps à corps mais ne semblaient jamais les trouver. Ils gagnaient, à la trentième minutes de jeu, ils avaient déjà suffisamment d'avance pour ne plus craindre que Stout attrape le vif avant June. Ils se sentaient libres, enivrés par le sport.
Jusqu'au choc. C'est là tout le piment du Quidditch, une équipe peut prendre l'avantage au jeu des anneaux, tant que le vif n'a pas retrouvé son coffre, tout peut arriver. En l'occurrence, il arriva ce qu'il arrive souvent aux joueurs débutants qui se laissent distraire par la réussite. L'impitoyable coup du cognard sur la tempe. Et la chute qui va avec. L'irréversible rencontre du projectile et du cœur de sa cible. Le choc avait fracassé le crane d'Anastasia au moment où elle s'y attendait le moins. Et James avait vu dans un ralentit effroyable, ses espoirs anéantit par le choc. Et James avait vu, sans comprendre parce qu'il savait où se trouvait les deux batteurs Serdaigles et que le cognard ne pouvait pas venir d'eux, sa réussite s'écrouler. Il avait vu l'instant qui dure une heure parce qu'on ne peut pas y croire. Il avait ressenti le choc en le voyant. D'abord le douloureux balancement de la tête emporté par la force du coup. Le visage qui pivote aussi loin que possible, la colonne vertébrale qui se tord, la mâchoire qui craque, les yeux qui sont stupéfiés et extatiques. L'organisme est bouleversé, l'esprit s'arrête. La main lâche. Tout le corps lâche, tout le corps vacille, tout le corps tombe. Et, pendant cette seconde qui parait une heure, le monde disparait lentement dans les abysses de l'inconscience. Et James avait vu Adamovich expulsée de son balai par le coup. L'équipière qu'il lui fallait éjectée du match par le choc.
- Ça ce n'est pas croyable ! Black vient d'expédier un cognard sur sa coéquipière ! Le commentateur hurlait comme un fou dans le microphone pour percer les cris de surprise qui s'élevait des tribunes. On n'a jamais vu ça ! Mais elle est en train de tomber ! Les Gryffondors semblent paralysés. Que quelqu'un fasse quelque chose !
Alors ? qu'est ce que ça fait ?
à oui, j'allais oublier, je n'ai plus d'avance sur ce que j'écrit, normalement il devrait y avoir un chapitre toutes les semaines ou tous les quinze jours pas plus normalement, mais si j'ai un gros trou (comme j'ai eu pour la Slugparty), je vous préviendrez.
