bonjour à tous,
quand j'ai publié le dernier chapitre je n'ai pas eu le temps de répondre aux rewiews. Je n'ai pas internet chez moi et ce n'est pas toujours facile à vivre.
donc je me rattrape, dans l'ordre chronologique de publication :
Max : merci pour ton commentaire qui m'a vraiment touché. Merci de lire ma fic et d'avoir partagé avec moi ce que tu pensais.
Wendy Potter : ton enthousiasme est contagieux. C'est vrai, Adams est une pimbêche mais bon c'est une sang pur, tout le monde ne peut pas être Sirius Black.
maaa : Je t'adore.
D'ailleurs j'en profite pour vous le dire à vous tous qui commentez ce que j'écris : Je vous adore.
bon, allez, les choses sérieuses maintenant. bonne lecture
Un corps nu dit toujours vrai
Elle s'était réveillée seule. Les tambours grondaient dans le chaos de ses pensées, sa mémoire n'était qu'un magma informe d'où elle avait longtemps été incapable de faire remonter les souvenirs. Il faisait nuit quand elle était sortie de sa léthargie. Voir était difficile, elle ne distinguait rien, et la faible lumière qui venait d'un couloir l'aveuglait. Elle avait mal, dans tous les endroits de son être, une douleur lancinante qui allait et venait comme le sombre écho d'une tragédie oubliée. Elle n'avait pas peur, elle n'était pas triste, elle n'éprouvait rien sinon la douleur. Elle ne savait pas où elle était, comment elle y était arrivé, depuis combien de temps, pourquoi elle avait mal. Elle ne pensait à rien sinon à la douleur. La nuit du réveil paru interminable. Il y avait des bruits, la lumière près de la porte était parfois moins forte. Mais rien ne troublait la douleur. La douleur venait de nulle part, ou elle venait de partout. Elle n'était plus rien d'autre que cette douleur, plus rien d'autre que le tambour qui martelait son esprit.
Puis, après ce qui lui sembla une éternité, le soleil avait fini par faire son apparition. Il y avait eu un mouvement, un bruit de rideau qu'on tire. L'éclat du jour l'avait atteinte comme un coup de poignard et lui avait crevé les yeux. Elle s'était retournée aussi brusquement que possible pour échapper à la brûlure. Mais là, elle avait senti la chose qui était planté dans son bras. Elle ne voyait pas de quoi il s'agissait, elle ne pouvait pas ouvrir les yeux. Elle avait mal dans son bras, un élancement nouveau. Et lentement, elle sentit les autres douleurs, les vraies, remonter dans sa chaire et elle reprit conscience de son corps. Quelque chose la démangeait et la tiraillait à l'un de ses genoux, et aussi sur sa hanche. Elle sentit la lumière disparaître mais elle ne rouvrit pas les yeux. Elle entendit une voix appeler au loin, des bruits de couloirs, des chuchotements, quelqu'un qui vient. Quelqu'un qui la touche.
- Ouvrez les yeux, ordonna une voix d'homme prés de son visage. Il n'y a plus de lumière, vous pouvez les ouvrir.
Elle n'avait pas du tout envie d'ouvrir les yeux mais l'homme la secoua légèrement.
- Donnez-lui une dose de morphine, elle est couverte de sueur, ordonna-t-il à quelqu'un qui devait être derrière lui, puis il revint à elle. Ouvrez les yeux maintenant.
Elle obtempéra et vit un visage soucieux examiner ses pupilles.
- Qui êtes-vous ? Interrogea-t-il sans attendre.
Elle chercha, son crâne bourdonnait. Qui était-elle ? Elle grogna, elle n'avait pas la force de parler. À cet instant il n'y avait dans son esprit que les souvenirs en ruines d'une lutte abominable.
- Est-ce que vous savez comment vous vous appelez ?
Elle grogna encore, l'homme fronça les sourcils. À nouveau, elle perdit connaissance.
Elle reprit conscience plus tard dans la journée, ou plus tard dans la semaine, elle ne savait pas. Elle était à nouveau seule dans la pénombre, elle pouvait voir sans trop de peine. La douleur était toujours là mais elle était plus lointaine, plus diffuse. Elle était libérée du tambour et elle pouvait à nouveau penser. D'abord, elle observa l'endroit. Elle était dans une chambre, allongée dans un lit en fer, il y avait d'autres lits, ils étaient tous vides. La pièce était blanche, de grands rideaux marrons masquaient la fenêtre, tout était carrelé, il y avait des paravents à armature en fer blanc un peu partout. Elle pensa à l'infirmerie de Poudlard. Mais ce n'était pas Poudlard. Elle posa sa main sur la chose enfoncée dans son bras. Un fil creux relié à une bouteille en verre pendue à un portant en métal était fixé à une grosse aiguille, enfuie sous sa peau. S'agissait-il d'une forme de torture qui lui était inconnue ? Mais elle n'avait pas vraiment mal, à part lorsqu'elle bougeait. Un moyen pour s'assurer qu'elle ne partirait pas, alors ? Elle prit le bout du tuyau où était fichée l'aiguille et tira dessus pour la retirer. L'aiguille glissa hors de sa peau sans résistance autre que la bande collante qui la retenait. S'il était si facile de l'enlever alors pourquoi l'avoir attachée avec ça ?
Elle tenta de se redresser, mais quand elle s'appuya sur sa main gauche, la douleur refit surface. Elle sentit plusieurs pansements tirer sur sa peau. Elle tâtonna à travers ce qui semblait être un pyjama pour voir de quoi il s'agissait. Il y en avait un bandage sur le genou droit, un autre sur la hanche gauche, un plus petit sur l'omoplate et un autre dans le dos à côté d'une vieille cicatrice. Elle ressentait des démangeaisons et des tiraillements inconnus, pourtant elle avait déjà été blessée. Il semblait aussi que ça faisait longtemps qu'elle était là, ces blessures devaient être graves si elles ne s'étaient toujours pas refermées. Elle se força à s'assoir et, malgré la douleur, avança son genou et commença à enlever le pansement. Il s'agissait d'une bande enroulée autour de la rotule pour maintenir une compresse, imbibée de sang et d'un autre liquide rouge. Quand elle retira la gaze, elle eut un haut le cœur : une longue cicatrice encore à moitié ouverte était retenue à divers endroit par des petits nœuds noirs. Elle avait déjà entendu parler de ça. Une voix revint comme un éclair des abysses de sa mémoire. « Apparemment, ça signifie que tu as essayé de te recoudre la peau ? Mais enfin, même toi, tu n'es pas aussi stupide ... »
Elle était assise sur le lit d'un hôpital moldu.
Elle tenta à nouveau de se lever, elle attrapa la table de chevet pour pouvoir tenir en équilibre quand elle serait debout, mais celle-ci était sur roulette et quand elle s'appuya dessus, elle dérapa et fit tomber avec elle la bassine en porcelaine qui s'y trouvait. Le bruit du choc alerta les infirmières qui pestèrent avec indignation quand elles virent la perfusion pendre dans le vide et le pansement défait. Elles la forcèrent à se recoucher, introduisirent une nouvelle aiguille dans son bras et pansèrent à nouveau le genou. L'homme, celui du premier jour, qui devait être le médecin, apparut plus tard. Elle ne lui donna pas son nom. Elle mentait cette fois. Avec la mémoire, lui était revenue aussi la présence d'esprit de taire son identité. Son nom avait toujours posé problème avant, s'en méfier était devenue un réflexe. Elle allait mieux, l'homme lui fit donc l'inventaire de son état général. Elle avait plusieurs graves coupures qu'il avait suturées, la cicatrisation suivait son cours mais il était important qu'elle bouge le moins possible pour que la peau ne se s'ouvre pas à nouveau. Il remarqua aussi que son corps avait subi des traumatismes antérieurs comme l'étrange brulure qui était dans son dos. Elle dit qu'elle ne se souvenait pas. Il fronça les sourcils encore une fois. Il lui dit qu'elle était là depuis une semaine à cause d'un appel anonyme. Quelqu'un devait la chercher, il y avait sûrement une personne à contacter. Elle dit qu'elle ne savait pas. Les sourcils de l'homme s'étaient rejoints une nouvelle fois, mais il n'avait rien répondu. Enfin il lui avait tendu un miroir. Un miroir dans lequel elle ne se reconnut pas.
Sirius n'avait que peu de souvenir du match. Il se souvenait du début, du moment où tous ce passait bien. Le jeu des poursuiveurs Gryffondors était bien rodé. Fenwick gênait les poursuiveuses adverses, Adamovich récupérait le Souafle, James marquait. Ou Fenwick gênait les poursuiveuses adverses, James récupérait le Souafle, Adamovich marquait. Ou Adamovich récupérait le Souafle, James marquait. Ou James récupérait le Souafle, Adamovich marquait. Ou James récupérait le Souafle et marquait. Flyborn matraquait Oak avec un acharnement discipliné, mais Sirius voulait plus, il ne voulait pas être que la défense, il voulait faire partit de l'attaque. Il ne supportait pas voir son meilleur ami s'éclater comme un fou avec une fille qu'il détestait. Il voulait faire partit du truc.
Le talent de Sirius était primaire, il n'avait pas peur de prendre des risques. La pratique et l'expérience en avaient révélé l'avantage. Il envoyait des cognards sur ses adversaires alors que ceux-ci étaient au coude à coude avec ses coéquipiers. Ils prenaient ainsi ses cibles par surprise et ouvrait la voie à son équipe. Et ça lui réussissez bien, il avait emprunté ce truc-là à Verpey et c'est comme ça qu'à la rentrée ils avaient gagné le match contre les Poufsouffles. Sirius se souvenait qu'il avait cherché à faire pareil contre les Serdaigles. Le rôle qu'il s'était donné consistait souvent à débarrasser Adamovich du marquage poussif de Oak ou de Meadowes ou de lui donner un coup de main pour qu'elle récupère le Souafle. James s'en sortait très bien tout seul, Fenwick avait été très vite mit hors-jeu, il n'était pas utile qu'il s'occupe d'eux. Il ne restait qu'elle. Il n'y avait qu'elle avec qui il pouvait jouer. Avant le match, James lui avait dit de ne pas s'occuper d'elle mais il avait été pris dans le jeu. Il fallait gêner Oak, Oak n'était jamais loin d'Adamovich. Il n'allait pas attendre quelque part dans un coin que le jeu dérive loin de ses joueurs.
Donc il lui dégageait le passage, puisque toute seule, elle avait un peu de mal. C'était gentil. Non ? Parfois, il n'était pas toujours très précis dans ses tirs mais elle n'était pas trop nulle et elle esquivait. C'était le jeu. Elle l'avait regardé un peu de travers au début, pas certaine de ce qu'il était en train de faire, mais quand elle avait vue qu'elle pouvait en tirer avantage, elle en avait fait son affaire. S'il y avait une chose qu'il devait reconnaître à cette fille, c'est qu'elle n'avait pas peur des cognards, elle n'avait jamais peur d'avoir mal. Alors elle se méfiait de lui autant, voire plus que des batteurs adverses mais elle jouait le jeu. James n'avait sûrement même pas remarqué le manège, il était trop exalté par le succès, il ne voyait que les points, que les anneaux, que la victoire qui s'approchait, que le Souafle qui semblait jamais bien long à revenir entre ses mains. Il n'entendait plus que les cris des supporters qui hurlaient son nom. Sirius se souvenait de tout ça, il se souvenait du match avant qu'il ne se détraque.
Ce dont il ne se souvenait pas, c'était à quel moment, l'intention « viser l'adversaire juste à côté d'Adamovich » s'était contractée pour devenir « viser Adamovich » tout court. Ça, il n'en avait conservé aucune trace. Ce qu'il savait par contre c'est que quand il avait envoyé le cognard qui avait démolit le profil de la jeune femme, quand il avait fait ça, elle était seule, elle avait le Souafle et elle allait marquer. Ça il le savait parce que James le lui avait répété un nombre incalculable de fois, que Remus avait confirmé et que même Peter le lui avait reproché. Il le savait parce que sa côte de popularité avait bizarrement baissée et que même les premières années Poufsouffles osaient se moquer de lui. Ce qu'il savait aussi c'est qu'ils avaient perdu par sa faute. Et que James était en colère contre lui. Deux trucs particulièrement désagréables pour un exutoire dont il n'avait pas souvenir. Parce que du dernier but de la rousse au coup de sifflet final, pour lui, c'était le trou noir. Il ne lui restait rien, sinon qu'il s'était fait outrageusement huer par tous les Gryffondors. Ça, il en avait un vague reste, alors que, pour le coup, il aurait pu s'en passer.
Maintenant il devait retrouver le pourquoi. Tout le monde n'arrêtait de lui poser la question, mais il n'avait jamais vraiment de bonne réponse à donner. Il ne comprenait pas bien comment il en était arrivé là. Il aurait pu dire qu'il ne l'aimait pas, d'ailleurs c'est ce qu'il renvoyait souvent pour faire taire les curieux. Mais ça ne suffisait pas. Au fond de lui, il savait que ça ne suffisait plus. La déclaration de haine n'était plus à l'ordre du jour. Il n'avait jamais eu l'intention de saboter le match, il ne se serait jamais servi du Quidditch pour mettre en œuvre sa vengeance. Au moins pour James. Aussi parce qu'il aimait vraiment gagner. À un moment donné, il avait dû être dépassé par ses émotions. Peut-être avait il comprit que vu comment elle jouait, il y avait de grande chance pour qu'elle soit maintenant la bienvenue dans l'équipe. Que les solutions pour s'en débarrasser diminuaient rapidement. Peut-être avait-il voulu arrêter ça. Mais maintenant c'était lui qui risquait d'être viré de l'équipe. Heureusement James n'avait pas l'air de croire qu'il avait essayé de la tuer comme certaines rumeurs le racontaient. Les théories de James sur le-pourquoi-du-comment étaient plutôt fumeuses, mais grâce à elle, Sirius n'était pas encore totalement éjecté du groupe.
Il devait encore s'excuser. James tenait à ce qu'il fasse pénitence. Il avait exigé qu'il s'excuse auprès de toute la maison Gryffondor, de l'équipe et auprès d'elle. C'était selon lui seulement à cette condition qu'il pourrait à nouveau jouer. Il s'était occupé des Gryffondors et du reste de l'équipe deux jours après le match. Un soir dans la salle commune, James avait demandé le silence, et il avait dit à haute voix devant tout le monde qu'il regrettait, qu'il ne savait pourquoi il avait fait ça, que ça ne se reproduirait pas, que la coupe n'était pas perdue et qu'il ferait tout ce qu'il faut pour que Gryffondor la gagne. Ce fut un moment difficile, qui fut accueilli avec un silence gêné. Ce fut difficile aussi parce qu'à ce moment-là, il n'était pas sûr de regretter réellement. Il ne savait pas encore exactement ce qu'il avait fait.
À ce moment-là, la fille ne s'était pas encore réveillée. C'était inhabituel, les victimes de cognards surprises étaient assez courantes au Quidditch, lui-même, il avait pris un coup de batte dans la figure lors de son premier match et il avait était réanimé immédiatement. La magie était pratique pour ça, il existait une multitude de potions opérantes, cinq ou six sortilèges efficaces et même un ou deux rituels ancestraux. Mais trois jours après le match, elle était encore inconsciente. Lily et Remus qui l'avait emmené à l'infirmerie avec McGonagall, étaient restés muets. Sirius ne s'en était pas trop inquiété sur le moment, il commençait presque à trouver lassant cette manie de ne rien faire comme tout le monde. Mais la tête de Remus n'avait rien de rassurant, les regards meurtriers de Lily à son encontre non plus.
James avait essayé de la voir, il avait été écarté. Il avait interrogé Remus avec acharnement, l'autre avait résisté avec une étonnante détermination. Il avait été voir McGonagall, elle avait paru outré de son insistance. « Je vous dis qu'elle est entre de bonnes mains et qu'elle va se remettre. C'est tout ce qu'il y a à savoir. » « Mais, professeur, quatre jours sans nouvelle pour un coup de cognard, c'est inquiétant ! » « Elle va s'en remettre. » Mais se remettre de quoi ? Il s'épancha sur les épaules de June et de Scarlett, mais elles avouèrent qu'elle n'en savait pas plus que lui. En désespoir de cause, il avait interrogé Lily, et elle lui avait seulement dit, avec une expression contrite déconcertante, que, pour l'instant, il devait attendre. Sirius suivait ça de loin, l'air de rien. Et l'air de rien, la question s'inscrivait dans ses pensées. Non seulement il ne savait pas le pourquoi mais maintenant, il ne savait plus ce qu'il avait fait. Cette fille troublait toujours tout. Un cognard dans la figure, c'est un truc simple normalement, ça fait mal sur le coup, ça énerve après, mais sans plus. Mais on s'en remet. Le coup du coma mystère, il ne l'avait pas prévu. Il n'avait pas prévu non plus le coup du cognard surprise, mais maintenant il se demandait si elle n'avait pas manigancé elle-même tout ça pour le mettre dans le pétrin. Non, Pomfresh n'aurait pas joué le jeu. Ou alors, elle était vraiment très forte. Ou alors, il délirait.
Au cinquième jour, James n'y tenait plus, il tournait ce qu'il avait vu dans tous les sens pour déjouer la panique. Un nœud d'angoisse faisait son trou dans l'estomac de Sirius. Et s'il l'avait vraiment tué. Non, si elle était morte, tout le monde serait au courant et il aurait été renvoyé. Ou au moins il aurait été convoqué chez le directeur. La colère de Lily s'exprimerait avec moins de retenue, elle aurait sûrement les yeux rougis par les larmes. En tout cas, si elle était morte, quelqu'un lui aurait dit. Il était concerné quand même. Oui, maintenant il en était certain, il délirait. Alors quand James prit sa cape au milieu de la nuit, Sirius comprit tout de suite son intention et sortit de son lit pour le rejoindre.
- Je ne crois pas que tu devrais venir, souffla la voix de James quand il le vit se lever.
- Je vais y aller James, avec ou sans toi, avec ou sans ta cape, renvoya l'autre tout bas.
Ils se toisèrent un instant dans le noir, l'instant qu'il fallut à James pour peser le pour et le contre et consentir. Et sans un bruit, chaussés sans chaussettes dans leurs chaussures, emmitouflés dans leurs robes de chambre, recouverts par la cape, ils se faufilèrent hors de leur tour. Leurs craintes semblaient redoubler dans la sérénité du château, ils marchaient en silence, remuant leurs questions et leurs hypothèses, appréhendant ce qu'ils allaient découvrir. Le chemin leur parut long, mais ils ne croisèrent personne, pas même un fantôme, pas même Peeves. Quand ils atteignirent leur but, ils hésitèrent un moment. Ce n'était pas dans leurs habitudes mais tous deux savaient qu'ils ne transgressaient pas qu'un règlement, ils pressentaient qu'ils allaient entrer dans l'intimité de la jeune femme. Rien de ce qui était arrivé n'était anodin. Ils allaient la surprendre dans son refuge, au moment où elle se cachait des regards. James savait qu'il violait sa promesse d'amitié. Sirius savait qu'il n'avait pas le droit d'être là. Mais ils y étaient, et il n'y avait qu'une porte qui les séparait d'elle. Leur curiosité fut la plus forte.
La porte blanche de l'infirmerie céda au premier coup de baguette de Sirius mais s'ouvrit avec un grincement démesuré qui aurait réveillé un mort. Ils perçurent l'écho d'un Lumos dans la pièce adjacente à la chambre des malades, et, sur le coup de la panique, ils se faufilèrent précipitamment sous le premier lit venu. La petite porte s'ouvrit d'un coup et Me Promfresh apparut en chemise et bonnet de nuit à fleur, vasouillarde et baguette en main illuminant toute la pièce avec une expression peu aimable. Les deux garçons recouverts par la cape, protégés par l'ombre du sommier, l'observèrent faire le tour de la pièce et refermer la porte avec suspicion. Elle alla aussi faire un tour vers les derniers lits de la salle, derrière un grand rideau blanc. Elle y resta quelques minutes, revient vers l'entrée, sortit une potion de l'armoire et retourna auprès de la malade. Il ne faisait aucun doute pour les deux garçons que la personne derrière ce rideaux était Adamovich, il n'y avait personne d'autre dans l'infirmerie. L'infirmière couva sa patiente un long moment, on entendait que sa respiration et le bruit de ses pas dans le silence de la nuit, de temps en temps aussi le bruit d'un corps qui bouge et de drap qui se froissent. Puis doucement, la femme regagna ses quartiers, et éteignit toutes les lumières. Tout fut encore plus noir. Mais les garçons attendirent encore avant de bouger, que les ronflements caractéristiques de la gardienne viennent recouvrir le faible souffle qui s'échappait du fond de la pièce.
Puis lentement, ils firent glisser la cape pour la ranger et sortirent de leur cachette. Sirius verrouilla la porte qui menait au bureau et James insonorisa la pièce. Et tous les deux, sans savoir à quoi s'attendre, se dirigèrent vers le lit du fond, le lit des invisibles au long court comme l'appelait Remus, celui où on avait mis Peter, quand recouvert d'écaille à cause d'une métamorphose raté, Mme Pomfresh avait mis dix jours pour trouver un remède. Dix jours où on l'avait caché du reste de l'école derrière ce rideau. C'était le lit où elle mettait ceux qui était là pour un bout de temps et qui n'était pas beau à voir. Et sans aucun doute, Adamovich n'était pas belle à voir.
D'abord ils ne la reconnurent pas, il est vrai qu'à la lumière de la lune, il n'était pas difficile de voir une inconnue. Mais une fois que Lumos fut murmuré et que les yeux furent accoutumés à la demi-obscurité, une fois qu'ils y virent plus clair, leurs incertitudes disparurent pour laisser place à l'effarement. C'était elle. Elle sans aucun doute. Elle, oui, mais différente.
Elle était sur le dos dans des couvertures légèrement défaites, elle semblait calme. Ses cheveux coupé n'importe comment depuis l'épisode de l'armure n'était plus roux, ils étaient devenus blanc comme ceux d'une vieille femme. Ils se confondaient avec sa peau toujours aussi pale. Un hématome noir et gros comme le poing lui dévorait le visage là où le cognard avait frappé et embarrassait ses cernes creusées. Sa joue était barrée par une cicatrice nette et fine. Sirius reconnue immédiatement la marque du Diffindo qu'il lui avait lancé lors du premier cours pratique de Fog. Mais cette cicatrice avait disparue depuis, pourquoi le coup l'avait-il fait revenir ? Sirius releva la tête et trouva le regard de James qui l'observait avec incompréhension. Ils étaient debout chacun d'un côté du lit, face à face, incapable de dire ce qu'il voyait. Ils restèrent là, longtemps, à l'observer.
La potion que l'infirmière avait sortie après qu'ils soient entrés, était une potion sommeil. Son coma était donc factice. James était en train de montrer le flacon à Sirius quand elle bougea. Elle se retourna sur le ventre laissant voir le haut de son dos, découvert par la chemise de nuit. Sous les bretelles, une cicatrice parcourrait son omoplate. Elle ne s'étirait pas avec finesse comme celle de sa joue, elle était encore rouge et gonflée, la peau neuve brillait en pointillé. Sirius n'avait vu les épaules découvertes d'Adamovich qu'une seule fois, pendant la soirée de Slug, alors qu'elle portait une robe dénudée dans le dos. Il n'avait pas souvenir d'y avoir vu une tel cicatrice. Il ne voyait pas à quel moment entre le bal et le match elle aurait pu se faire une blessure pareille. Et elle aurait été mieux soignée à Poudlard. Elle était forcément plus ancienne et elle l'avait surement caché. Il y avait aussi sur sa colonne vertébrale, le début d'une plaque de peau racornie et laide qui devait s'étendre sous le vêtement. Comme la face immergée de l'iceberg.
C'est à ce moment-là, quand il vit ce corps et ces traces qui le parcouraient, que Sirius commença à culpabiliser. Envoyer un cognard sur une fille qu'il n'aimait pas, c'était stupide et ridicule mais ça il s'en fichait. Depuis le début, il s'acharnait sans pitié sur une fille recouverte de plaies atroces, qui n'avait pas pu être effacées, ce qui voulait dire qu'elle avait subi des formes de magie puissantes et profondes. Elle avait dû avoir mal. Son corps entier semblait blessure, cicatrice d'un passé infâme. Et il l'avait torturé, depuis le début, il n'avait cessé inlassablement de remuer sa douleur comme le couteau dans la plaie, et maintenant son corps devait être tellement faible qu'il ne pouvait plus être soigné normalement. Il avait battu une femme à terre, il l'avait terminé. La nausée lui serra la gorge. Elle était vulnérable. Elle qui avait toujours joué le jeu de la force, elle était vulnérable. Il n'avait pas vraiment comprit quand James lui avait demandé si elle était malade, ou quand Remus disait qu'elle avait l'air faible. Il n'avait vu que l'affront, il n'avait vu que le jeu, il avait cru lire derrière un masque. Et il n'avait rien comprit. Elle ne cachait pas des pulsions perverses ou un goût prononcé pour l'obscurité. Elle cachait ses cicatrices, elle ne cachait pas sa violence mais celle qu'elle avait subi. Il posa une main sur la tête de lit et l'autre sur le matelas, il devait se retenir à quelque chose où sinon il tomberait. Il n'aurait pas dû aller la voir.
- Ça va ? Chuchota James avec inquiétude.
Sirius releva la tête vers son ami et se reprit. Il aperçut derrière l'épaule du jeune homme, par la fenêtre, les premiers rayons du soleil percer l'opacité de la nuit.
- On devrait partir, l'aurore se lève, annonça-t-il d'une voix rauque.
Mais à ses mots, elle bougea. Elle se retourna encore une fois et, dans le mouvement, posa sa main sur le bras de Sirius. Ils ne s'étaient pas touchés depuis la retenue dans le bureau de Fog. Il frémit. Sa main était complètement détendue, la paume vers le plafond, les doigts légèrement repliés sur eux-mêmes, le pli du poignet contre le poignet du jeune homme qui s'agrippait toujours au matelas. Il prit le temps pour contempler cette main qui s'était posé sur son bras comme si elle y avait trouvé sa place. Elle été longue et froide, les ongles était coupés courts, sa peau fine se pliait dans sa paume. Mais il ne pouvait pas, il ne voulait qu'elle le touche. Lentement, de son autre main, le jeune homme se dégagea du lien. Mais, peut-être parce qu'il avait été tout de même trop brusque, peut-être parce que leur voix l'avait sortie de son sommeil, peut-être la lumière de la baguette avait-elle finalement traversé ses paupières clauses, quoiqu'il en soit, c'est à ce moment-là qu'elle s'éveilla vraiment. Et, brusquement, elle ouvrit les yeux. Elle cligna des paupières gênée par la lumière et James baissa sa baguette. Alors, doucement elle se tourna vers Sirius et sourit. Puis, elle réalisa. Les deux garçons restèrent là, hypnotisés par la situation, paralysés par le regard qui venait de se poser sur l'adolescent. L'effroi s'inscrit sur le visage de la jeune femme, la surprise prit de court les deux adolescents. Sirius fut désarmé, fasciné par les yeux qui le scrutaient. Interdit par ce qu'il voyait, aveuglé par ce qu'ils étaient devenus.
Elle prit son inspiration pour parler, mais sa voix mourut dans sa gorge. Le souffle brisa l'instant et alarma les garçons, qui réalisant ce qu'ils faisaient, prirent la fuite à toutes jambes. La portes de la pièce grinça à nouveau son alarme et ils coururent à sans rompre le cou, dévalant les couloirs, s'agrippant au mur pour ne pas perdre l'équilibre dans les virages, leurs chaussures claquant contre la pierre et résonnant dans les murs. Ils ne reprirent leurs souffles qu'une fois loin, dans les escaliers qui menaient à la tour Gryffondor. Mais ils attendirent d'être dans la sécurité de la salle commune pour pouvoir à nouveau s'adresser la parole.
- Tu l'as vu, toi aussi ?
- Quoi ?
- Ses yeux, ils étaient rouges. Rouges sang.
Alors un avis ?
a bientôt
