Salut
le voila, enfin, le nouveau chapitre est arrivé, j'espère qu'il vous plaira.
bonne lecture
Après le premier réveil, quand elle avait compris où elle était, quand elle avait cherché une issue à sa situation, quand elle avait choisi de contacter Dumbledore et quand elle avait dû décider de ce qu'elle allait lui dire, elle aurait dû faire avec ce qu'elle était devenue. Elle n'avait pas pu. Et elle n'avait pas eu le temps de prendre du recul. Il avait fallu agir sous l'impulsion, aussi vite que possible, se réinventer sans se perdre, avec ce qui restait d'elle. Mais le reflet était atroce. Elle ne se reconnaissait plus dans le miroir.
En soi, elle aurait pu y voir un avantage, si son image avait tant changée, les autres aussi ne si retrouveraient pas. Mais la vue de se corps vide qui n'était plus qu'un reste, cette image d'elle était insoutenable. En un sens, elle était morte dans cette forêt. L'adolescente discrète, fraîche et libre avait disparue dans la douleur. N'avait survécu qu'une ombre blafarde. Un automate sans vie, un mort vivant.
D'avant il n'y avait qu'une nostalgie froide, la lointaine sensation d'un manque. Il n'aurait pas dû en être ainsi, elle le savait, la séparation brutale aurait dûe être insupportable. Cette nuit-là, avant qu'elle chute de son balai, un homme était mort. Un homme qu'elle estimait, qu'elle appréciait, un homme qu'elle admirait. Et il n'était pas impossible que tous les autres soient morts aussi. Tous les autres, tous ceux qu'elle aimait, tous ceux pour qui elle aurait donné sa vie. Ces amitiés qui lui avaient redonné espoir, qui l'avaient menée au combat, pour qui elle avait couru tout droit dans cette forêt. Ils étaient peut être tous morts eux aussi. En y repensant, il y avait même de grandes chances pour qu'ils soient tous morts eux aussi. Mais après la forêt, elle n'avait plus été capable de ressentir.
L'éloignement de ses proches l'avait à peine effleurée. Rien du monde extérieur n'arrivait vraiment à l'atteindre. Elle vivait heure par heure, instant par instant. Il ne fallait pas qu'elle regarde en arrière, il ne fallait pas qu'elle imagine la suite. Il ne fallait pas et elle ne pouvait pas. Elle n'était plus qu'un pantin au service d'une idée, continuer coûte que coûte. Avancer quoiqu'il arrive. Plus rien d'autre ne l'avait vraiment touché, plus rien d'autre ne l'avait vraiment atteinte. Seul le fantôme d'Anna trouvait encore un écho dans son âme. Anna et la douleur. Mais après tout, ce n'était pas si différent.
Alors elle avait masqué, à elle-même plus qu'aux autres, l'outrage de ses cicatrices, elle avait teint ses cheveux pour avoir l'air différente de tout ce qu'elle avait été avant et elle avait métamorphosé ses yeux, elle leurs avait rendus le gris dont elle se souvenait pour qu'ils puissent supporter la lumière et qu'il y ait quelque part dans le miroir un morceau de ressemblance auquel se raccrocher. C'était son masque, son rempart contre l'affect.
Et elle était allée à Poudlard parce qu'elle n'avait pas eu d'autre idée. Elle avait compris son erreur dans le train quand James avait ouvert la porte de son compartiment. Mais elle n'avait pas fait demi-tour. Elle était restée parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre. Elle avait été incapable de raisonner simplement. Partir, s'éloigner autant que possible d'ici, retourner en Russie aurait été simple et approprié. Mais elle avait été incapable d'entrevoir la situation avec simplicité. Elle avait pris le train pour Poudlard, elle avait joué le jeu de l'école, elle avait fait semblant. Si bien semblant qu'elle avait presque accepté. Qu'elle avait presque cru qu'elle pourrait vivre comme ça, que ça ne lui couterait rien. Elle avait presque oublié que ce n'était que le début. Elle avait presque oublié qu'il y aurait forcément une suite. Elle avait cru à un instant de répit. Mais à sa manière Poudlard est sans pitié. Et lentement l'école l'avait ramené à sa réalité. Il y avait eu l'avalanche des questions. Il y avait eu l'agression de Lily et les rires dans le noir qui lui en avait rappelé d'autres. Il y avait eu Scarlett qui avait posé la même question qu'Anna. Et il y avait eu Sirius. Sirius qui avait fait renaître sa colère en dansant avec Adams. Sirius qui lui avait expédié le cognard qui l'avait renvoyée nue face au miroir.
Le miroir dans lequel elle s'était vue ses cinq derniers jours passer du corps cadavre au corps fantôme. Elle avait vu disparaître, sous les couches de la pâte orange et gluante de Mme Pomfresh, les cicatrices mal refermées qui parcourraient ses membres. Elle avait contemplé l'hématome de sa tempe se résorber lentement en passant par toute les gammes de couleur du noir au bleu en passant par le violet et le rouge. Chaque matin elle l'avait vu se réduire et prendre une couleur différente. Elle avait observé ses joues retrouver leurs rondeurs d'origine, ses côtes doucement s'effacer sous la chaire, ses muscles reprendre de l'ampleur. Elle avait retrouvé son corps d'adolescente en cinq jours d'une cure intensive de potion revigorante. Elle avait retrouvé sa peau lisse de jeune femme après des tartines et des tartines de baume cicatrisant. Il restait juste la brulure toujours aussi laide parcourant la moitié de son dos. La brulure de ses quinze ans. La brulure qui ne disparaîtrait pas. Elle avait presque retrouvé son corps d'avant la forêt sauf qu'il était toujours blanc. Elle n'avait plus l'apparence d'une mourante, mais elle n'avait toujours pas l'air d'une vivante. C'était un fantôme qu'elle voyait dans le miroir, sans transparence, incapable de traverser un mur, bien ancré dans le sol, mais elle était ce spectre opaque ou ce fantôme de chair. Il y avait dans ce miroir le sinistre reflet d'une revenante.
Mais il fallait continuer, donc il fallait vivre. Si elle pouvait encore avoir mal, si elle pouvait encore tomber ça voulait dire qu'elle pouvait se relever et avancer. Et elle devait le faire, elle devait saisir cette deuxième chance. Elle devait vivre parce qu'elle était encore de celle qui restait. Et que ce genre de privilège ne se gaspille pas.
Docteur Lupin, Mister Lunard
Il ne restait rien de la nuit sinon le halo bleu qui disparaissait à l'horizon. Pour le reste, la lumière était claire, le ciel était blanc. Et la pièce n'avait plus de nom. Dans les débris qui s'étalaient sur le sol, on reconnaissait un pied sculpté, un morceau de bois ouvragé, un vieux ressort. Allongé, ventre à terre, sur le planché de la cabane hurlante, Remus observait son œuvre. La veille, il était encore dans une chambre, la veille, il y avait encore un lit dans la pièce. Un lit au matelas éventré depuis des années, un lit avec deux pieds arrachés des mois auparavant. Un cadre de lit plutôt qu'un lit. La veille, il y avait encore une place pour un lit dans la pièce qui était encore une chambre. Ce matin, il n'y avait plus qu'un tas de bois. Remus ressentait une satisfaction amère en admirant son travail. Il avait enfin détruit tous les meubles de la pièce. Il s'agissait d'un cadre de lit en bois de chêne renforcé, lourd et solide. Il n'en restait rien, à peine un tas de bois informe. Il y a cinq ans, la pièce lui avait paru presque chaleureuse, il aurait presque pu s'y installer pour lire un livre. Presque, l'endroit puait une odeur d'abandon, et les murs humides suintaient le cafard. Mais c'était encore trop, trop agréable pour la bête. Maintenant tout était fini. La vieille chambre n'était plus, à la place, dans le tas de ruine, la bête avait fait son antre. Tout ici, avait été mordu, griffé, arraché, déchiqueté. La pièce avait été réduite en miette. Elle n'était plus que l'effroyable nid de la fureur qui l'habitait.
Remus fit le premier effort du premier matin du cycle. Il tenta de se lever. Son premier geste d'homme après la nuit du loup. Il devait se lever seul. Mais après une pleine lune, ses muscles étaient vides, ses membres étaient engourdis et souvent il avait mal. Il n'avait pas besoin de le voir pour savoir que cette nuit il s'était mordu lui-même. Il ne s'en formalisa pas. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'en formalisait plus. Dans une heure, il ne resterait rien des traces de la nuit. Remus posa ses paumes à plat prés de sa poitrine et poussa aussi fort qu'il put. Mais il ne put pas grand-chose. À peine n'effleurait-il plus le bois du sol, à peine s'écrasait-il à nouveau en exprimant sa grogne d'un souffle. Son bras ensanglanté lui faisait affreusement mal. Il n'avait plus de force. Remus sourit de lassitude, le premier essai n'était jamais le bon. Ça faisait partit du rituel d'échouer avant de réussir. Ce n'était pas rassurant pour autant. Ça ne marchait pas toujours. Mais s'il se levait, il pourrait récupérer les vêtements qui se trouvaient dans le tunnel, boire d'une traite la fiole du Tonic qui était dans la poche de sa vieille cape et il pourrait rejoindre sans trop de mal l'infirmerie. Le garçon refit un essai, qui fut aussi vain que le premier.
Il devait se lever. S'il ne se levait pas, dans une heure Mme Pomfresh viendrait, elle le trouverait là, étendue par terre, nu comme un vers, tremblant dans le froid comme un petit animal blessé. C'était déjà arrivé. Il ne voulait pas être cette petite chose qu'on ramasse. Il voulait être un homme. Et au plus vite. Tout le temps qui lui était impartit, il voulait être un homme. Pour ça, il fallait qu'il se lève.
La troisième tentative fut la bonne. Après un effort qui lui sembla colossal il réussit à soulever sa poitrine et à faire glisser ses genoux vers son nombril. Une fois à quatre pattes, il s'agrippa au mur et finalement se retrouva debout sur ses deux jambes. Il avait réussi au bout de la troisième fois, c'était une belle performance, la journée ne commençait pas si mal. Remus fit son premier pas d'homme de la journée. Il avait vingt-neuf jours de répit devant lui, vingt-neuf jour où il serait seulement lui-même.
Le retour vers le château était toujours un moment agréable. Il n'y avait personne dans le parc à cette heure-là, la grande majorité des élèves déjeunaient dans la grande salle, les autres dormaient surement encore. Remus aimait se moment car il retrouvait ses sens. Le Tonic lui avait redonné de la force et avait ralenti les douleurs. Il avait demandé à Mme Pomfresh de le laisser revenir seul au début de la deuxième année. C'était important pour lui. D'une part, malgré les difficultés du réveil, il tenait à conserver son intimité, la pudeur selon lui était un sentiment profondément humain et sa dignité passait par là. Ensuite, le chemin du retour était l'occasion de faire revenir ses souvenirs. Il y avait peu de choses, des flashs, des odeurs, des bruits. Il ne se souvenait jamais s'être mordu par exemple, mais il se rappelait le bruit qu'avait fait le bois lorsqu'il avait arraché le cadre de la fenêtre. Il se souvenait qu'il avait essayé l'extraire du mur après en avoir fini avec le lit. Il n'avait pas réussi, alors il s'était mordu lui-même. Il se mordait toujours par dépit, il ne s'en rappelait jamais surement parce que c'était le moment où il perdait totalement le contrôle.
Il remontait ainsi le fil de la nuit pour qu'elle lui appartienne un peu quand même. Car s'il avait peu de réminiscence, tenter de reconstituer les événements était sa façon à lui d'avoir encore le contrôle sur la bête. Il aimait ce petit moment où il redevenait lui-même, comme un sas entre les deux états de son être. Un détour avant de retrouver sa vie.
Il ne passait jamais par la grande porte, il contournait les serres, et entrait dans le château pas le couloir Est. Puis il remontait l'escalier Nord et rejoignait l'infirmerie, où il redevenait l'adolescent posé et amical qu'il était, il discutait poliment avec Mme Pomfresh pendant qu'elle soignait ses plaies, et il s'écroulait sur un lit pour un sommeil bien mérité qui durait généralement toute la matinée. Puis ses amis venaient le chercher et il retournait à son quotidien d'élève comme si tout ça n'était qu'une petite parenthèse.
Mais ce matin-là, James avait bousculé ses habitudes. Il l'avait pris par surprise et le rattrapant juste avant qu'il ne s'engage dans l'escalier. L'adolescent avait sûrement couru comme un fou furieux parce qu'il lui fallut au moins une minute pour reprendre son souffle et pouvoir parler. Il était aussi surexcité et au début Remus ne comprit pas de quoi il était question.
- Remus ! Tu ne peux pas savoir … haleta James. Il faut que je te dise …
Il dut encore reprendre son souffle et Remus attendit quelque instant, trop surpris et interloqué pour pouvoir réagir.
- On va le faire, ça va vraiment marcher, s'exclama son ami.
James avait un sourire lumineux, sa course ou l'exaltation l'avait mis au bord de l'apoplexie. Il reprenait sa respiration entre chaque phrase.
- Je sais … s'emporta-t-il, je sais, Remus, je sais. Tu te rends compte ?
- Non, pas vraiment … répondit lentement Remus. Précises pour voir.
James sourit de plus belle, il reprit son souffle pour de bon et se lança.
- Je sais, tu sais pour le truc qu'on a dit qu'on ferait pour que ton truc soit un peu moins … comment dire … je ne sais pas … un peu moins … comme tu veux. Pour ça, on va vraiment le faire … parce que je sais … et Peter aussi. Parce que j'ai fait un rêve avec une biche dans une forêt … c'était Lily … Je sais pas comment je le sais mais je sais … Et je lui courais après mais elle m'échappait tout le temps … Mais je courais pas, je galopais … parce que j'avais quatre pattes … et j'avais la tête lourde et parfois elle était retenue en arrière par le haut de mon crane ... finalement Lily, ou plutôt la biche, a disparu dans la foret et je suis retrouvé face au lac … je sais pas pourquoi … ni comment … mais je me suis vu et j'ai compris. Je me suis réveillé, j'ai tout raconté à Sirius et Peter qui à finit par me dire que lui aussi il savait.
James s'arrêta aussi brusquement qu'il était arrivé et observa son ami. Remus avait une grimace éloquente sur le visage qui signifiait clairement qu'il n'avait pas compris.
- Dois-je te rappeler que j'ai passé la nuit à chahuter tout seul dans une cabane, souffla tout bas le jeune homme. J'ai mal au bras et j'ai envie de dormir. Mon cerveau est un peu lent. Sois plus clair ou reviens dans quatre heures.
- Je suis un cerf, annonça l'autre fièrement.
Remus ouvrit les yeux.
- Peter est une souris, conclu James.
- Tu veux rire ?
- Pas le moins du monde.
Pour la première fois de la matinée, Remus fit un vrai sourire.
- J'ai traversé tout le château en courant parce que je voulais te dire que c'était la dernière fois que tu passais une nuit à chahuter tout seul dans une cabane, informa son ami. J'ai pensé que ça ne pouvait pas attendre ce midi.
Le sourire de Remus s'élargit un peu plus, il resta silencieux trop interloqué pour pouvoir parler.
- Tu vas aller faire ton petit somme, te remettre de tes émotions et après le cours de défense contre les forces du mal, que je reviendrais avec les deux autres et on fera la danse de la victoire. C'est compris ?
- C'est compris, répondit machinalement le loup garou.
- Vas-y !
Remus entama la monté de l'escalier lentement, l'esprit sonné par la nouvelle, mais à la cinquième marches il se retourna pour voir James, toujours en bas avec le même sourire radieux.
- Merci, dit-il simplement.
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, s'exclama le jeune homme avant de disparaître de son champs de vision.
Jamais Remus n'avait cru cela possible. Il les avait encouragés dans leur entreprise parce qu'il était impossible de décourager James ou Sirius quand ils avaient une idée en tête. Il avait très vite comprit que plus il tenterait de les détourner de leur quête plus les autres s'acharneraient dessus. Mais jamais il n'avait vraiment cru qu'ils réussiraient. Peut-être parce qu'il doutait que James y croit lui-même. Remus était presque certain que James avait lancé l'idée, parce qu'il était inconcevable pour lui de ne rien faire. L'injustice de la situation de Remus lui avait paru révoltante. Pour lui, il valait mieux échouer que de ne rien tenter. Remus leur en était extrêmement reconnaissant d'essayer et d'essayer encore après quatre ans d'efforts pas toujours couronnés de succès. Mais jamais, jamais il n'aurait cru leur réussite possible. Mais ils y étaient, ils allaient réussir, ils avaient fait le plus difficile, les derniers sortilèges étaient incroyablement compliqués mais rien maintenant ne pourrait les empêcher de réussir. Maintenant qu'ils savaient tous les trois, ils iraient jusqu'au bout. Ils avaient été au-delà d'eux-mêmes, ils avaient dépassé leur capacité, ils touchaient au but. Et ils avaient fait ça pour lui. Remus ne doutait plus depuis longtemps de l'amitié de ses amis, le fait qu'ils ne l'aient pas rejeté quand ils avaient su la vérité, lui aurait suffi pour leur en être éternellement redevable. Mais il avait fait beaucoup plus. Il était fier et heureux d'avoir trouvé des amis comme eux. Il n'en revenait pas d'avoir eu autant de chance. Et il avait un sourire béat quand il entra dans l'infirmerie, et quand il l'eut refermé, il s'adossa contre la porte, pour savourer le moment. Il avait les meilleurs amis qu'on puisse avoir.
- Tu me sembles de bien heureuse humeur pour un malade, l'interrompit une voix amusée.
Adamovich sortait de la petite salle de bain de l'infirmerie, ses cheveux étaient mouillés et brossés vers l'arrière, ses yeux étaient masqués une paire de lunette de soleil à montures en plastique noir et elle était emmitouflée dans un peignoir blanc qui se confondait avec sa peau. Remus ne put s'empêcher de penser qu'elle était nue en dessous. On aurait dit qu'elle se la jouait moldue-rebelle. La dernière fois qu'il l'avait vu, cela faisait presque quinze jours, elle était dans un état pitoyable. Quand il l'avait porté avec Lily jusqu'à l'infirmerie, il avait senti à quel point elle était légère, comment sa peau touchait ses os. Il avait eu peur de la casser. Le contraste avec la femme qu'il avait sous les yeux était saisissant. Elle avait l'air fraiche, pimpante même. Il n'y avait plus aucune trace de cicatrice sur sa joue. Il ne pouvait pas voir si c'était le cas des autres. Remus savait que James et Sirius était allé la voir en douce pour savoir ce qui se passait et qu'ils en étaient revenu encore plus perturbés par ce qu'il avait vu que quand il imaginait le pire. Sirius était resté mutique sur le sujet et James n'avais cessé de poser des questions à Remus. Remus finalement n'en savait pas plus que lui, il avait passé pas mal de temps à essayer d'imaginer ce qui avait pu lui arriver. Et leur imagination les menait toujours vers des horreurs. Et cette fille maintenant était devant lui, elle souriait et se moquait de lui. Ils avaient convenu avec Sirius qu'ils la laisseraient tranquille. Il était évident qu'il ne savait rien de cette fille.
- Salut, dit-il platement.
- Bonjour, répondit-elle le plus normalement du monde.
- C'est pourquoi les lunettes ? Demanda-t-il d'un ton dégagé.
- Si tu ne poses pas de question, je n'en poserais pas non plus, déclara-t-elle en se dirigeant vers son lit.
- Qui te dis que j'ai quelque chose à cacher, rétorqua-t-il un plus sur la défensive.
- Forcément les grands mots ! s'amusa-t-elle en se retournant. Il y a sûrement des choses dont tu n'as pas envie de parler avec moi. Comme j'imagine par exemple, la raison qui t'amène de si bon matin à l'infirmerie avec la tête d'un type qui a découché.
Remus marqua un temps d'arrêt.
- Attends, tu insinues quoi là ?
- Que tu as la tête du type le plus heureux du monde qui n'a pas dormi de la nuit. Tu n'as peut-être pas envie que je sache pourquoi.
Peut-être qu'il rêvait, mais une fille, sûrement presque nue, le prenait pour un tombeur. Ou alors il n'avait rien comprit et son cerveau était vraiment lent. Mais quelle que soit la suite de cette journée, rien ne pourrait plus venir la gâcher. Elle lui sourit et se retourna pour tirer le rideau qui séparait son lit des autres. Puis elle disparue derrière. Malgré la lumière le rideau était totalement opaque, mais d'après les bruits de froissement qu'il entendait Remus savait qu'elle était en train de s'habiller. Son pouls s'accéléra.
- Remus ? Tu es déjà là ?
Mme Pomfresh sortait à peine de son bureau, elle avait une bouteille de Tonic à la main et un sourire surprit sur le visage. Remus réalisa qu'il était toujours à l'entrée de la pièce, il portait toujours sa cape et il tenait toujours la clenche de la porte d'entrée dans la main. Il fit un signe de tête pour désigner le rideau derrière lequel il imaginait la jeune femme en train de mettre sa jupe et Mme Pomfresh comprit qu'elle s'était montrée indiscrète. Elle lui désigna un lit proche de l'entrée et se dirigea vers le fond de la salle.
- Miss Adamovich, vous êtes réveillée ? Appela-t-elle.
- Oui, je m'habille, je pensais que je pourrais aller assister au cours aujourd'hui, annonça la voie de la jeune femme.
L'infirmière leva les yeux ciel, Remus savait qu'elle n'appréciait pas que ses patients décident par eux-mêmes du moment où ils pouvaient sortir de l'infirmerie mais elle jeta un coup d'œil au jeune homme et soupira.
- Quel cours avez-vous normalement ce matin ? Fit-elle à l'attention de la jeune femme en restant derrière le rideau.
- Défense contre les forces du mal.
Mme Pomfresh soupira de plus belle mais elle observa à nouveau Remus et contre toute attente donna son accord.
- Mais dites bien au professeur Fog, qu'il est hors de question que vous participiez à ces idioties de cours pratiques, et qu'il aura à faire à moi si je vous revois avant la fin de son cours, menaça la femme tandis que sa patiente se présentait devant elle. Et je veux vous voir ce midi, en un seul morceau.
Elle avait revêtu son uniforme, il lui allait mieux qu'avant, elle semblait moins plate. Son pull baillait moins, ses cuisses s'étaient arrondies, le creux de ses joues avait disparue. Elle avait l'air en pleine forme, sauf qu'elle était pâle et qu'elle avait toujours ses lunettes de soleil qui dans Poudlard lui donnait l'air d'une extraterrestre.
- Vous n'aurez aucun reproche à faire au professeur Fog, promis la jeune femme en récupérant son sac.
Remus pensa qu'il n'y avait pas meilleur jours que celui-ci pour soutirer une matinée de liberté à cette gardienne intraitable qu'était Mme Pomfresh. Il s'agissait surement d'une pure coïncidence mais s'il n'avait pas fallu à Remus autant de discrétion, l'infirmière n'aurait certainement jamais donné son accord surtout pour un cours pratique de défense. Mais voilà, on était le matin de la pleine lune et Remus avait besoin qu'on le soigne et que personne ne pose de question. Elle prit la direction de la sortit, passa devant le garçon qui n'avait pas bougé et lui lança un sourire intrigué.
- Un problème ? Demanda-t-elle avant de partir.
- Tu as grossi, fut tout ce qu'il trouva comme réponse.
Mme Pomfresh toussa bruyamment, et la jeune femme se mordit la lèvre pour ne pas sourire. Remus ne sut pas comment interpréter son geste.
- Miss, vous devriez partir, vous êtes déjà en retard, rappela l'infirmière.
Adamovich acquiesça et disparue dans les couloirs de l'école. Remus se tourna vers la gardienne des lieux.
- Peut-être pourrais-tu montrer un peu plus de tact, sermonna-t-elle. Dois-je te rappeler l'état dans lequel tu me l'as amené.
- C'est sorti tout seul, se défendit-il.
- S'il y a un top dix des choses qu'on ne dit pas à une fille, celle-là est la première, grogna-t-elle. Va sur le lit, tu as mal quelque part ?
Avec tout ça Remus avait totalement oublié son bras, mais la question réveilla la douleur, il retira sa cape et son pull et retroussa la manche ensanglanté de sa chemise pour montrer sa blessure. Mme Pomfresh soupira encore et partit chercher le baume cicatrisant.
- Vous savez je ne crois pas qu'elle l'ait mal pris, lui avoua-t-il quand elle revint pour lui étaler la pâte orange sur le bras. Je ne voulais pas être grossier. Je suis sûr qu'elle a compris.
- Tu en aurais de la chance si c'était le cas.
- Je voulais juste lui dire que …
- Quoique tu ais voulu dire, c'était mal dit, coupa la femme. Maintenant, tais-toi et essaye de dormir.
Remus retrouva ses amis à midi dans la grande salle. La discussion était animée. Apparemment, il n'y avait pas eu de cours pratique, Fog avait fait venir un de ses amis ayant récemment intégré le bureau des aurors. L'homme avait expliqué en quoi consistait son métier et quelles étaient les difficultés qu'il rencontrait dans la lutte contre les forces du mal. Il avait donné aussi des directives à suivre en cas d'attaque.
- Pourquoi veulent-ils toujours nous obliger à fuir ? Disait James.
- Tu ne devrais pas être à l'infirmerie ? S'étonna Rémus à l'adresse d'Anastasia.
- Parce que tu ne peux rien faire contre eux, expliquait Scarlett au poursuiveur. Tu as entendu ce qu'il a dit « nous ne sommes pas préparés à affronter ce genre de magie ».
- Pour qu'elle m'enferme quinze jours de plus, elle attendra treize heures, répondit la jeune femme qui portait toujours ses lunettes de soleil.
- Oui, mais quand même, objectait Sirius pour Scarlett. Qu'est-ce qu'on fait dans le cours de Fog si on ne se prépare pas à ce genre de magie ? On étudie les duels, pas la chasse aux vampires à ce que je sache.
- C'est vrai, en plus ce n'est même pas au programme, fit remarquer June.
- Quoi ? Cracha Lily prise par surprise. Qu'est-ce que tu connais du programme ? Tu n'ouvres même pas t'es livres de cours.
- N'exagères pas non plus, commenta Peter avec malice. Elle a bien dû les ouvrir, au moins pour écrire son nom à intérieur.
- Non, ça c'est sa mère, précisa Scarlett.
- J'entends tout ce que vous dites, signala l'attrapeuse. Ma mère, justement, a tenu à ce que je connaisse les programmes des BUSE avant le début de l'année, parce que c'est, selon elle, un bon moyen de se préparer à une année d'examen. Qu'elle ait raison ou qu'elle ait tort, je peux vous affirmer que le duel magique n'est pas au programme des BUSE.
Les huit Gryffondors de cinquième année se regardèrent tous. Lily était outrée, Remus semblait passablement perplexe, James et Sirius se retenaient de rire, Peter regardait June sans comprendre, Scarlett fronçait les sourcils et Anastasia se grattait la tête.
- Si c'est une blague, elle est bonne ! S'exclama James.
- Tu aurais peut-être pu le dire plus tôt, coupa Scarlett.
Elle savait que si son amie avait voulu faire une blague, elle n'aurait pu se retenir de rire or June était on ne peut plus sérieuse et même surprise par les réactions de ses amis.
- Je croyais que vous le saviez, argumenta-t-elle.
- Tu croyais que Lily n'aurait pas fait un scandale en apprenant qu'on ne suivait pas le programme une année d'examen ? Ironisa Sirius. C'est sûr c'est une blague.
Lily lança un regard noir au garçon mais se tourna vivement vers June.
- Passons outre tout cela, c'est quoi le Programme ?
- Il a dit clairement au début de l'année qu'il s'en fichait des examens, rappela l'autre sans l'entendre. Ce n'est pas surprenant qu'il ne suive...
- June, coupa la rousse. On aurait dû faire quoi ?
- On aurait dû revoir ce qu'on a fait en troisième et quatrième année, les animaux magiques et comment on reconnaît la magie noire, ce genre de chose en approfondissant.
Tous les autres, même Sirius et James, soupirèrent de soulagement. June se détendit et mangea un morceau de corned-beef pour se remettre.
- Donc on a tout fait, même vaguement, demanda Peter.
- En gros, il y a deux trois trucs qui manquent, baragouina-t-elle en mâchant. Mais je pense que Fog va revenir dessus plus tard.
- Tu es écœurante parfois, tu sais ça, observa Scarlett.
- Il manque quoi ? Interrogea Lily.
- On n'a pas fait le chapitre sur les créatures hybrides.
- Les créatures hybrides, répéta lentement Remus.
- Oui, tu sais les vampires, les loups garous, les trucs comme ça quoi.
Peter laissa tomber sa fourchette, Sirius et James se raidirent immédiatement sur leur sièges, Remus devint blanc comme un linge. Mais aucune des filles ne s'en rendit comptes. Elle était trop occupée par le problème que posait June. Et cette dernière cherchait s'il ne manquait pas autre chose.
- On a fait les vampires en troisième année, rappela Lily.
- Mais c'est vrai qu'on n'a jamais abordé les loups garous, ajouta Scarlett.
- Il faut en parler à Fog, décida Lily. Il ne peut pas ne pas faire le programme, il a le devoir de nous préparer à l'examen.
- S'il n'y a que ça qui vous manque, ce n'est pas très grave, intervint Anastasia. Il n'y a pas grand-chose à savoir sur les loups garous.
- Pourquoi tu dis ça ? S'emporta Sirius.
James posa sa main sur le bras de l'adolescent pour lui rappeler de rester calme. La jeune femme releva la tête dans sa direction, il était difficile de savoir à quoi elle pensé, ses lunettes cachaient la moitié de son visage, mais elle semblait calme et elle dit d'une voie apaisée :
- Il n'y a qu'une chose à savoir : « on ne se promène pas une nuit de pleine lune dans un bois qu'on ne connait pas. » Ce n'est pas très compliqué. Pas besoin de Fog pour ça.
Elle disait ça avec beaucoup de sérieux, elle était presque un peu sombre.
- Oui, d'accord, admit Scarlett. Mais si on en croise un quand même comment on fait pour le reconnaître ?
La question fit sourire Anastasia, mais se fut Remus qui répondit.
- Crois-moi sur parole, si tu en croises un, tu le reconnaîtras.
alors ?
à bientôt pour la suite !
