Une fois le chemin jusqu'au pont dégagé, les quatre coéquipiers reprennent la route en direction de la plage en contrebas de la forêt de Permobscur. Le terrain se révèle être assez accidenté, ce qui pousse l'équipe à ralentir le rythme pour éviter aux skells une chute aux conséquences désastreuses.
Finalement, en fin de journée, ils arrivent au pied d'un immense arbre creux qui pousse sur la plage qu'ils souhaitaient atteindre. Ils décident de s'installer au pied de l'arbre pour passer la nuit, après avoir profité d'un repas bien mérité.
« On a bien avancé aujourd'hui, non ? souligne Mimir. On devrait pouvoir rentrer bientôt à N.L.A.
- Idéalement, dans deux jours, répond H. Lin. Nous serions alors à trois semaines de voyage, très précisément.
- C'est pas encore fait, nuance Baldr. Il faut encore qu'on trouve un moyen de remonter au niveau du pont.
- On escalade l'arbre, non ? propose Mimir. C'est un arbre spirale, comme celui dans lequel on avait laissé les skells pour explorer la corniche au-dessus des plaines bleues. C'est probable qu'il nous permettre de rejoindre la forêt de Permobscur.
- Nous, oui, mais qu'en est-il des skells ? demande H. Lin.
- On va avoir du mal à les faire monter là-haut, appuie Baldr. Et la paroi est un peu trop lisse pour se risquer à l'escalade avec les skells.
- On sait pas, répond Mimir. Si ça se trouve, les branches sont assez larges pour supporter le poids des skells. Il faudra faire un peu de repérage demain.
- En effet, approuve H. Lin. Il est certain que nous devons trouver un moyen de remonter sur le pont de pierre qui nous mène à la partie sud de Noctilum. Nous devrons de toutes manières consacrer la matinée de demain à la recherche d'un chemin d'accès. »
Un peu plus loin, sur le bord de l'eau, Skoll est plongé dans ses pensées.
La suite de l'expédition n'est pas vraiment au sommet de sa liste de préoccupations, ni même le besoin crucial de nourriture qui était pourtant l'excuse qu'il avait donnée pour pouvoir s'isoler un peu, au point où il n'a même pas mis d'appât au bout de la ligne qu'il fixe avec un regard absent.
Il est… ailleurs.
Il repense au paysage du sommet de Noctilum. Cette friche déserte noyée, surplombée par ce bulbe géant autour duquel tournoyait cette créature aux ailes étincelantes. C'est quoi exactement, d'ailleurs ?
Cela dit, ça n'a pas vraiment d'importance. Plus grand-chose n'en a en fin de compte.
Un curieux objet traverse son champ de vision. Une sorte de baignoire miniature en bois, qu'il ne remarque que lorsqu'elle vient perturber sa ligne de pêche. Qu'est-ce que ça peut bien être ?
En se concentrant un peu plus sur l'objet, il remarque qu'il semble être pourvu d'encoches sur chaque côté, comme pour y placer des sortes de rames. Ce serait un prototype de bateau ? Il est plutôt archaïque…
« Ou alors on passe par la mer ! propose subitement Mimir.
- Comment ça ? demande H. Lin.
- Ben… Dans la partie sud de Noctilum, il y a une grande baie, vous vous souvenez ?
- Oui, répond Baldr. Et je n'aime pas beaucoup ce que tu suggères…
- Cette baie est justement connectée à l'océan auquel on fait face, poursuit Mimir. On peut même voir un bout de l'ouverture dans la falaise depuis ici.
- Tu proposes qu'on s'y rende par la voie maritime, comprend H. Lin.
- Une fois là-bas, on pourra remonter par la racine qu'on avait vue au début de notre aventure, termine Mimir. De cette façon, on arrive au niveau de l'oasis avant la nuit.
- Ce n'est pas une mauvaise idée… réfléchit H. Lin.
- Au contraire ! intervient Baldr. C'est une terrible idée !
- Pourquoi ? demande Mimir.
- Les skells sont équipés d'un module de flottaison, commente H. Lin. Cette option est donc valable.
- Le module de flottaison est extrêmement expérimental, précise Baldr. Basiquement, il s'agit de les transformer en pédalos géants en gonflant des bouées tout autour pour qu'ils flottent à peu près correctement, puis de se servir des roues pour se propulser.
- Cette méthode à en effet l'air très… rudimentaire, commente H. Lin.
- On s'en fiche, tant que ça marche, répond Mimir.
- Justement, on est pas à l'abri que ça foire, rétorque Baldr. Et si une seule bouée se perce pendant la traversée, le skell est déséquilibré et on coule à pic.
- Quelles sont les probabilités que cela arrive ? demande H. Lin.
- Je… Je sais pas, avoue Baldr. J'ai pas toutes les infos en tête.
- … Tu serais pas ablutophobe, par hasard ? demande Mimir.
- Absolument pas, répond brusquement Baldr. C'est juste que c'est trop risqué.
- Et pendant combien de temps serions-nous en danger ? demande H. Lin.
- Toute la durée du trajet, répond Baldr. Si le skell coule, même si on arrive à sortir du véhicule, on sera entrainé dans le fond avec lui à cause des courants.
- Et combien durerait la traversée ? questionne H. Lin.
- Probablement une demi-journée, répond Baldr. Probablement plus.
- C'est trop long… marmonne H. Lin. Mais si c'est notre seule option…
- Sans compter qu'il faut une autre grosse demi-journée pour gonfler les bouées, ajoute Baldr. Et quand je dis « demi-journée », je veux dire « douze heures » et pas juste « matinée ».
- Ouch ! On perd une journée complète si on fait ça, grimace Mimir.
- Mais il s'agit pour l'instant de notre meilleure option, marmonne H. Lin en se plongeant dans ses pensées.
- On peut aussi faire demi-tour, propose Baldr. On remonte la cascade, on traverse le cours d'eau et on arrive aux plaines bleues.
- Ce sera trop long, répond H. Lin. Sans compter que la traversée du fleuve sera très risquée.
- Les courants étaient très puissants et les eaux étaient infestées de dilus, explique Mimir.
- Donc vous êtes en train de me dire que notre meilleure option, pour le moment, c'est de traverser la mer sur des radeaux de plusieurs tonnes… soupire Baldr.
- Je pense que nous allons devoir prendre la journée de demain pour repérer une autre voie et préparer les skells si nous devons traverser la mer, réfléchit H. Lin.
- On devrait faire deux équipes, propose Mimir. L'une pour aller voir si on peut monter cet arbre et l'autre pour trouver un autre chemin en faisant le tour de la falaise.
- Ce n'est pas une mauvaise idée, répond H. Lin. Il nous faudrait discuter de la répartition avec Skoll cependant. Où est-il ?
- Toujours en train de fixer le bouchon de sa ligne, on dirait, répond Mimir.
- Je vais aller lui parler, annonce Baldr en se relevant.
- Dis-lui que son expertise serait la bienvenue dans notre situation, lance sèchement H. Lin.
- Je lui ferai passer le message. »
Bateau de bois flotté : Un bateau nopon en forme de baignoire fait en bois flotté, anciennement utilisé par les Nopons pour explorer les océans.
Exploration de Mira : 17,73 %
