Ce chapitre est jumeau du chapitre 58 de « Vers l'avenir »


Journal de bord du capitaine Giacometti. Jour 157, an 18.

Moi qui râlait de n'avoir eu que des missions ennuyeuses cette année, me voilà servi.

Une famille d'Unas, ces étranges reptiliens, a échoué les reines savent comment sur Terre, et c'est donc tout naturellement à moi qu'il incombe de les ramener chez eux, ou du moins de leur trouver un nouveau monde accueillant.

Et pour pimenter le tout, en étant responsable de Zen'kan !

Milena va m'écorcher vif s'il lui arrive quoi que ce soit, mais c'est une occasion extraordinaire de passer du temps ensemble et d'apprendre à se connaître.

Donc globalement, je suis content. Et excité. Et impatient. Bref, ça va être cool – comme dit Zen !

Tom Giacometti, fin d'enregistrement.

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Jiu lui avait conseillé de traiter Zen comme il l'aurait fait avec un autre frère de ruche qu'il ne connaîtrait que de nom.

Il lui avait donc assigné une cabine parmi celles réservées aux passagers, non loin de celle des Unas, puis lui avait fait visiter les ponts pendant que ses hystars préparaient le décollage. Zen'kan avait râlé qu'il connaissait le vaisseau, mais il avait rétorqué que se balader à bord une fois l'an et vivre dedans au quotidien, ce n'était pas la même chose. Ce à quoi son frère n'avait rien trouvé à redire.

Une fois lancés sur leur trajectoire de sortie du système solaire, Tom avait convoqué tout l'équipage.

« Merci à tous d'être venus. Comme vous le savez déjà, nous nous sommes vu confier une mission par les Terriens. Ramener cette famille chez eux ou, si cela n'est pas possible, leur trouver un nouveau monde d'accueil. » expliqua-t-il, désignant les trois Unas qui se tenaient non loin de lui. « Rosanna Gady m'a fait savoir qu'ils parlent et comprennent quelques mots d'anglais et de français et sont capables – dans une certaine mesure – de communiquer télépathiquement. Jusqu'à leur débarquement, ils sont nos invités de marque. »

L'équipage acquiesça. Traiter des primitifs vêtus de peaux de bêtes en hôtes de marque n'était pas la plus étrange demande qu'il leur eût fait.

Satisfait, il poursuivit.

« Nous avons un autre invité de marque avec nous pour ce voyage. Mon petit frère, Zen'kan. Je vous demanderai de lui faire bon accueil et de... »

Liu s'avança, se raclant la gorge.

« Ce que le capitaine essaie de dire, c'est : traitez-le comme vous l'avez fait avec lui quand il avait aussi seize ans. »

Les nouveaux membres d'équipage échangèrent des regards perplexes, les plus anciens ricanèrent.

« Donc, nous avons autorisation de le blaster s'il se conduit mal ? » demanda Léonard avec un étrange rictus.

«Affirmatif ! » assura Liu.
« Jamais de la vie ! » s'offusqua Tom simultanément.

« Il est évident que, si qui que ce soit à bord a une conduite dangereuse pour lui-même ou autrui, vous êtes autorisé à le neutraliser, ingénieur en chef Léonard. Néanmoins, n'oubliez pas que Zen'kan Giacometti n'est pas un membre de l'équipage, mais un invité.» tempéra Jiu.

« Évidemment, Jiu de Sama, je ne l'oublierai pas. » susurra l'ingénieur avec une petite courbette, et toujours ce même sourire étrange.

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La présentation à tout l'équipage avait été humiliante. A son grand soulagement, Tom, en tant que capitaine, avait dû aller s'occuper de quelque chose, et il avait pu s'esquiver.

Il s'était donc enfermé dans la petite cabine qui lui avait été attribuée, et assis sur une des couchettes du haut, il regardait le vide spatial défiler derrière le hublot.

Une cinquantaine d'heures pour sortir incognito du système solaire. Était-il le seul à trouver ça atrocement long ? Probablement. Après tout, son frère et le reste de l'équipage avaient l'habitude de faire deux semaines de voyage rien que pour venir les voir une fois l'an. Un mois aller-retour. Une éternité.

Il allait tendre son esprit vers celui d'Ilinka, qui serait ravie de lui parler, à n'en pas douter, même si sans doute absolument navrée qu'il soit cloîtré dans sa cabine et pas en train de s'amuser avec son frère, mais deux coups secs frappés à sa porte l'interrompirent.

Tom avait déjà fini ? Il soupira, puis hurla :

« Entre ! »

La porte s'ouvrit, mais pas sur son capitaine de frère.

Un guerrier wraithtout de noir vêtu le fixait, la tête légèrement penchée de côté.

« Bonjour, Zen'kan Giacometti. Puis-je entrer ? » demanda-t-il poliment de sa voix riche.

Se redressant, il opina.

« Oui. Bien sûr. »

Le mâle fit un pas en avant, bouchant de sa massive carrure l'étroite travée entre les lits superposés.

« Heu... Vous êtes là pour... ? » demanda Zen, voyant que l'autre restait planté là, à le fixer, hiératique dans sa posture de guerrier millénaire.

Clignant des yeux comme s'il devait reprendre ses esprits, ce dernier inclina la tête en un salut.

« Je suis Liam'kan de Silla. Markus Lanthian a demandé au capitaine Giacometti qu'un guerrier prenne en charge votre formation durant toute la durée de votre séjour parmi nous. »

L'adolescent soupira. Pourquoi n'était-il même pas étonné ?

« Et c'est vous qui avez été désigné. Je suis désolé pour vous. Mais vous en faites pas. Pas besoin de vous occuper de moi, je me débrouille très bien tout seul. »

Le guerrier eut un rauquement amusé.

« Ne vous méprenez pas. Je me suis porté volontaire. »

Son air surpris fit rire son aîné.

« Il n'y a pas que le capitaine qui ait été navré du massacre du couvain. Nombre de nos frères ont pleuré la mort de nos cadets. »

« Je ne m'en souviens pas. » marmonna-t-il, mal à l'aise.

Il ne voulait être un sujet de pitié pour personne.

« C'est une chance. » nota le guerrier passant de l'anglais au wraith comme si de rien n'était. « Mais je ne suis pas là pour vous parler du passé. Je suis venu m'enquérir de l'état actuel de votre formation. »

Quelque chose lui disait que Liam'kan ne s'intéressait pas à son apprentissage d'employé polyvalent des parcs et domaines. Il changea aussi de langue.

« Heu... Markus m'apprend à me battre. A mains nues ou avec un bâton, surtout. Et heu... je sais pister, poser des collets, chasser, ce genre de chose. »

Le guerrier émit un bruit de gorge dédaigneux.

« D'excellentes compétences pour un traqueur, à n'en pas douter... (Puis il sembla se radoucir un peu.) Au moins, je constate que vous parlez tout à fait couramment le commun et que, malgré l'isolement de votre lieu de vie, vous parlez raisonnablement et de manière convenable notre langue. Avez-vous déjà commencé à apprendre la lecture et l'écriture ? »
« Quoi ? Je suis con, mais quand même ! Je sais lire et écrire ! » s'offusqua-t-il.

Le guerrier eut une grimace impressionnée.

« Peut-être que le capitaine Giacometti n'est pas si exceptionnel que ça, finalement... »

« Parce qu'il sait lire et écrire ? »
« Non, parce qu'il a appris à le faire avant ses cinquante ans. »

« Ah. »

L'exclamation lui avait échappé, platement. Il se sentait comme dans ces rêves tortueux où il retournait à l'école, et soudain, tout le monde était d'une bêtise abyssale, et il était regardé comme un génie pour avoir été capable de répéter l'alphabet sans peine ou de faire une simple addition.

Liam'kan réfléchit quelques instants.

« En ce qui concerne votre éducation académique, je ne doute pas que vous trouverez meilleur professeur auprès des scientifiques de notre équipage. Pour le reste, il est évident que votre formation n'a rien d'orthodoxe. Je vous propose donc que nous allions la tester ensemble. »

« Comment ? » demanda-t-il, perplexe.

Le guerrier eut un large sourire.

« En combattant, évidemment. »

« Oh. Heu, d'accord. Maintenant ? »
« Avez-vous une tâche plus pressante, Zen'kan Giacometti ? »
« Non. Faut juste que je me change. »
« Faites. Je vous attends dans le couloir. » opina le guerrier, sortant avec un salut élégant du menton.

Zen'kan se dépêcha de se changer, troquant son pantalon à sangles et son t-shirt de groupe par un pantalon et un t-shirt plus adapté à la pratique du sport.

Lorsqu'il ressortit, le guerrier lui lança un regard critique.

« N'avez-vous aucune tenue convenant au combat ? »
« Heu... J'ai ce training. »

D'une griffe, le guerrier déchira cinq bons centimètres de son t-shirt.
« On va vous trouver une tenue adéquate. Et enlevez donc cet hologramme. On dirait que vous avez honte de votre nature.» siffla-t-il, dépréciatif.

Mortifié, Zen'kan déposa rapidement le collier, puis, avec l'impression d'être terriblement exposé et ridicule, il suivit le guerrier dans les couloirs, jusqu'à la buanderie.

Là, il fut chaleureusement accueilli par deux femmes et un homme qui, abandonnant qui sa lessive, qui son repassage, se firent un devoir de lui trouver des vêtements à sa taille.

Quand il devint évident qu'il était trop petit pour espérer entrer dans une taille wraith, sans se départir de leurs sourires, ils lui dégottèrent un pantalon de cuir, une veste assortie, et un genre de blouse de toile renforcée de la même matière, puis lui indiquèrent un réduit dans lequel il pouvait se changer.

Ces autres affaires sous le bras, le poids et la relative rigidité des vêtements étranges contre sa peau, il suivit Liam'kan jusqu'à une vaste salle, dont une moitié accueillait incongrûment un assortiment de machines de musculation terriennes, quelques autres assemblages étranges, et l'autre moitié deux zones délimitées par des marquages au sol, faisant office de zone de combat – s'il en jugeait par les râteliers d'armes d'entraînement alignés contre le mur du fond.

Liam'kan le fit s'avancer sur une des deux zones puis, avec un ton suffisant qui l'agaça au plus haut point, lui ordonna de « tenter » de le toucher.

Le guerrier se tenait devant lui, les mains vaguement levées, même pas sur ses gardes.

Ravalant un rictus mauvais et la rage sourde d'être sous-estimé, Zen'kan lui fit face, détaillant son adversaire. Liam'kan était grand. Pas autant que son oncle, mais beaucoup plus que lui-même. Il était massif, les muscles de ses cuisses saillant sous le cuir patiné de son pantalon.
A sa manière presque lourde de marcher, il avait soupçonné que le guerrier, tel un mastodonte, pariait plus sur sa capacité à encaisser et à charger que sur toute autre compétence.
Essayer donc de l'avoir sur ce plan était, au mieux, stupide.

Mais il avait deux avantages pour lui. Il était petit – à peine plus grand que Milena. Toujours plus petit que Rosanna, et même que Filymn, le plus chétif wraithadulte qu'il ait jamais rencontré. Et surtout, le guerrier le sous-estimait. A cause de son âge.

Des avantages pour tenter de passer sous la garde du guerrier.

Il releva les poings en un genre de garde de boxe, et fit un bond en avant. Juste une approche, sans tentative de coup.

En un éclair, la garde relâchée devint une interception. Vaine, puisqu'il n'avait pas frappé.

Il recula prestement. Tenta une nouvelle approche par la droite. Nouvelle interception.

Il retint difficilement un sourire. Markus aurait répliqué à une telle tentative par un coup de pied tournant. Liam'kan avait à peine pivoté le tronc, les deux pieds fermement vissés au sol.

Il plongea à gauche pour tester sa théorie. Les griffes du guerrier manquèrent à peine ses cheveux, mais ses pieds ne bougèrent pas d'un centimètre.

Voilà qui était bon à savoir.

Se remettant en garde, il bondit. Feintant à la dernière seconde. Son attaque frontale devint une esquive coulante. Il passa sous la main tendue pour l'intercepter, décochant deux coups de poing dans le flanc, au niveau du foie, avant de se mettre en sécurité, hors de portée de son opposant, dans son dos.

Liam'kan grogna d'une douleur surprise, avant de le détailler par derrière, une lueur intéressée au fond des yeux.

« Pas mal, larve. Pas mal. »

Zen'kan acquiesça vaguement, toujours en garde.

Le guerrier, semblable à un anaconda déroulant ses anneaux, se tourna pour lui faire face à nouveau. Alors qu'il bougeait encore, suivant le même sens de rotation, Zen'kan fondit en avant, touchant une fois encore les côtes.

Liam'kan eut un grondement mauvais. Il ne se laisserait pas avoir une troisième fois.

« Encore ! » rugit-t-il.

Avec un grondement sourd, Zen'kan s'exécuta volontiers, se ramassant, prêt à bondir.
Le temps sembla se figer un instant, puis il partit en avant, se baissant avec l'intention de plonger sous la garde du guerrier, qui le cueillit brutalement d'une main en pleine gorge.

Avec un gargouillis étouffé, il se mit à se débattre, alors qu'il se retrouvait soulevé du sol, son cerveau privé d'oxygène de plus en plus paniqué.

Des deux mains, il tenta de faire lâcher prise à son ennemi, qui rit simplement de ses vaines tentatives.

Il sentait son visage, congestionné et gonflé, qui lui brûlait, alors que des larmes sèches lui brûlaient les yeux.

Ses pieds battaient le vide, loin, si loin au-dessus du sol. Il tenta de crier sa peur, sa colère, son outrage d'être ainsi maltraité. Seul un borborygme humide passa ses lèvres, accompagné de salive. Son cri télépathique fut plus primal encore. Émotions brutes, sans aucun filtre.

Loin, derrière le voile de la panique et de l'anoxie, il sentit des consciences se tourner vers lui.

Les ignorant, il tâcha de coordonner ses gestes. De mobiliser ses muscles correctement. Il avait besoin d'oxygène maintenant, et tout de suite !
Assurant sa prise sur le poignet inflexible qui l'étranglait, il lança ses jambes en l'air, prenant appui sur le torse de Liam'kan qui recula de quelques pas, surpris par l'impact.

Un pied fermement campé contre le plexus de son adversaire, Zen'kan lui décocha un coup montant brutal qui fit claquer sa mâchoire. Un bruit sec, qui lui fit penser à du verre qui se brise, retentit.

La prise sur sa gorge se renforça. Avec un grondement mauvais, Liam'kan cracha quelques dents.

La vue de Zen devenait trouble, il décocha un second coup de pied, puis un troisième. Puis sa jambe fut interceptée par une poigne d'acier.

Avec un misérable glapissement qui se voulait un rugissement furieux, il se mit à marteler de son autre pied, gestes chaotiques et désespérés. Soudain frais et tranchant comme mille rasoirs, l'air entra à nouveau dans ses poumons, un instant seulement avant d'en être brutalement expulsé alors qu'il tombait douloureusement par terre.

A moitié sonné, a bout de souffle, il se redressa en grognant, prêt à se battre malgré tout.

Mais son adversaire reculait, levant une main apaisante, tenant sa mâchoire de l'autre.

« C'est bon, larve. C'est bon. Terminé. C'est terminé. »
Le cœur battant à tout rompre, il mit de longues secondes à se calmer assez pour laisser tomber sa garde.

Liam'kan s'était laissé tomber sur un banc depuis un moment déjà, quand enfin il baissa les bras.

« Qu'est ce qu'il se passe ici ? » exigea de savoir Tom, qui déboula du couloir, hors d'haleine.

Liam'kan eut un geste vague de la main, l'autre tâtant toujours sa mâchoire.

« Tout va bien, capitaine. La larve a définitivement plus de répartie que je ne l'aurais cru. » répondit télépathiquement le guerrier.
Tom, qui s'était précipité vers Zen pour l'examiner, lui tourna la tête de droite à gauche.

« Qu'est-ce que ça signifie ? » siffla-t-il, d'un ton dur que son frère ne lui avait jamais entendu.

Liam'kan tenta de rire, mais s'interrompit immédiatement avec une exclamation de douleur.

« Je voulais tester les compétences de ce jeune mâle. Il s'avère qu'il est bien plus doué que je ne le pensais et disons que... la fièvre du combat nous a peut-être un peu emporté... »

Interrompant son examen, Tom se retourna vers le guerrier.

« Mais ça va pas ?! Il a seize ans ! Il a pas encore commencé sa transition ! Il a pas encore la moitié de sa force ! Si vous n'êtes pas foutu de vous contrôler, vous allez le tuer ! » siffla Tom, mauvais.

Liam'kan ricana, avec un peu plus de succès cette fois.

« Il a quand même réussi à me casser la mâchoire, capitaine. » nota-t-il, acerbe.

« Tant mieux ! Ça vous apprendra ! »
Le guerrier se redressa.

« En effet, ça m'apprendra. Je ne le sous-estimerai, pas la prochaine fois... »

« Mais il n'y aura pas de prochaine fois ! Zen'kan n'a pas besoin de se faire tabasser. Il a besoin d'un mentor ! » cracha Tom.

Liam'kan parut se dégonfler un peu. Il avait endossé une mission, et y avait échoué.

Zen'kan s'avança.

« Tom. C'est pas que de sa faute. Je suis sûr que si je lui avais demandé de me lâcher, il l'aurait fait. »
« Mais il ne l'a pas fait, de toute évidence ! »
« Je le lui ai pas demandé. »

« Quoi ? Mais pourquoi ? » Les arcades sourcilières de Tom s'envolèrent.
« J'y ai pas pensé sur le moment. C'était un combat. Ton adversaire, il arrête pas de se battre si tu lui demandes gentiment... » nota-t-il avec un haussement d'épaules.

Son frère se passa une main sur le visage, l'air soudain très fatigué.

« Donc, si je comprends bien, tu étais en train de te faire étrangler, et toi, tu n'as pas pensé à dire stop. Tu as juste pensé que lui défoncer la tronche serait une bonne idée ? »
Zen'kan opina, l'air contrit.

Tom eut un grincement exaspéré.

« Et c'est moi qui suis tête brûlée... Par toutes les reines ! Faites ce que vous voulez. Mais je vous préviens, tous les deux : s'il arrive quelque chose de grave à Zen, je ne me mettrai pas entre Milena et vos petits cul osseux ! »

Ils acquiescèrent de concert.

Tom les fixa encore de longs instants, l'air soupçonneux, puis avec un dernier soupir exaspéré, il quitta les lieux.

Une fois qu'ils furent à nouveau seuls, Liam'kan s'approcha de lui.

« Je comprends mieux pourquoi il est si fier que tu sois le dernier fils de Silla, petit. » souffla-t-il dans l'Esprit, lui secouant l'épaule avec une certaine morgue.