Bonjour à tous !
J'espère que vous passez de bonnes fêtes.
Et aussi qu'en dépit de la longueur de ces chapitres et du temps que met l'histoire à se développer, vous prenez toujours autant de plaisir à la lire.
N'hésitez pas à me partager vos impressions en review.
Ceci est le dernier chapitre de l'année 2024. Bonne lecture !
Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 15 :
Confidences
Isolé dans l'obscurité de Barad-dûr, l'esprit de Sauron s'agitait.
Sa dernière tentative de récupérer Lowen avait échoué.
Il avait tant attendu qu'un nouveau portail se forme pour s'y introduire, afin de manifester sa volonté !
Les portails… Il n'avait pas prévu leur apparition, au départ. Mais à force de lutter contre les Valars et d'interférer avec les forces qui régissaient ce monde, cela s'était étendu à l'équilibre même de l'univers, si bien que des failles s'étaient formées.
À quand remontait la première faille ? Peu avant la naissance de Lowen. Avec le recul, il se demandait si le fait qu'une âme ait réussi à prendre ce corps, conçu au départ pour lui, n'était pas justement l'œuvre des Valars. Comme s'ils avaient anticipé la formation de ces failles pour y glisser cette petite âme innocente.
L'idée qu'une simple enfant ait pu le faire échouer dans l'un de ses projets le mit de forte mauvaise humeur.
Ce n'est même pas une enfant, c'est une anomalie ! Elle ne peut pas m'arrêter.
Pourtant, elle avait réussi. Lorsqu'il avait pris le contrôle de cet étrange véhicule en métal jaune et poussé le conducteur à en descendre avant d'amener les derniers enfants chez eux, il avait cru triompher.
Sitôt l'adulte éjecté du car, il avait réussi à manœuvrer le véhicule et tenté de l'amener sur Arda. Mais un tel engin était difficile à téléporter, d'autant que sans l'Unique, Sauron n'était plus aussi fort qu'autrefois.
Mais il avait fallu que Lowen s'en mêle. L'enfant avait réussi à repousser sa magie et ramené le car dans son monde d'origine.
Mais la partie n'était pas encore finie. La faille ne s'était pas refermée. Elle flottait à proximité de l'endroit où Lowen se trouvait.
Il tendit son esprit et la vit, au milieu d'une espèce de cimetière rempli d'autres étranges véhicules en métal. Elle était avec d'autres enfants.
Il pouvait encore essayer de la récupérer. Mais pour cela, il allait devoir marchander avec un esprit qui régnait sur cet endroit.
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Tandis qu'ils avançaient à travers le brouillard, les enfants ne cessaient de lancer des regards nerveux autour d'eux.
Surtout les filles, en réalité. Les garçons étant plus habitués au danger, ils arrivaient à demeurer calmes et marchaient en lançant des regards vigilants.
Soudain, Yazoo s'arrêta et fut pris d'un frisson.
« Ça va pas, Yazoo ? » demanda Loz.
« Non, je… J'ai l'impression qu'on nous observe. »
Il porta la main à son front en gémissant. Lowen s'approcha pour lui serrer l'épaule, quand le garçon lui lança un regard soutenu.
Tandis que le groupe reprenait la marche, Yazoo se pencha vers elle pour lui chuchoter : « L'Œil nous observe ! »
Lowen se crispa. Sauron les observait ? Oh non, ce n'était pas bon du tout !
« Eh, vous deux, restez près de nous ! » dit Iruka. « Il faut surtout pas se séparer. »
« Pourquoi ? Qu'est-ce qui pourrait nous arriver ? » demanda Jessie.
« Il paraît qu'il y a une espèce de vent noir qui souffle, la nuit. Et s'il emporte des enfants avec lui, ils ne sortiront jamais du cimetière des trains. »
Avec un soupir, Kadaj se mit face au groupe et prit l'air autoritaire.
« Arrêtez de vous affoler, on va tous sortir d'ici et rentrer chez nous ! D'accord ? »
Tous acquiescèrent et se remirent en route à travers les sentiers brumeux du cimetière.
Bientôt, Kadaj leur fit signe de s'arrêter, puis de se cacher derrière un wagon. Un monstre passa devant eux. Il s'agissait d'une espèce de rongeur avec des oreilles de gremlin et une longue queue de reptile.
« Si seulement on avait des armes ! » grommela Yazoo, une fois la bestiole partie.
« Moi, ça va, je peux me servir de mes poings », dit Loz.
« Oui, mais des armes seraient quand même mieux pour nous », soupira Kadaj.
« Eh ! Regardez ! » dit Jessie.
Elle leur fit signe d'approcher d'un tas de débris et leur désigna des tiges en métal. Bien que rouillées pour la plupart, les enfants en trouvèrent six en assez bon état.
Chacun armé d'une tige, ils poursuivirent leur route. Alors qu'ils traversaient un wagon ouvert des deux côtés, les lumières du plafond s'allumèrent, puis une voix retentit dans les haut-parleurs.
« Ce train s'arrêtera à la gare du bidonville du secteur 7 avant d'arriver au terminus, le cimetière des trains. Les portes vont se refermer. Attention au départ. »
Ces paroles se finirent par un rire aigu, qui évoquait celui d'un enfant.
« Je n'aime pas ça », dit Lowen.
« Moi non plus », admit Kadaj.
Ils arrivèrent devant un bâtiment. Une lampe clignota au-dessus d'une porte entrouverte. Alors qu'ils s'en approchaient, le battant se referma d'un coup sec, ponctué d'un rire inquiétant.
« C'était quoi, ça ?! » s'écria Jessie.
Les mains bien serrées autour de son arme, Kadaj s'avança avec ses frères.
Soudain, la porte s'ouvrit, laissant s'échapper deux monstres. Lowen n'en avait jamais vu de tel. De la taille d'un chat, chacun semblait issu d'un croisement entre une araignée, un crabe et un scorpion.
Kadaj tua le premier d'un coup sec de son bâton, qui l'envoya contre le mur.
Tandis que Yazoo distrayait le second, Loz bondit dans son dos et l'empala avec son arme.
« Waouh ! Vous êtes doués », dit Jessie.
Iruka et Lowen approuvèrent sa déclaration d'un hochement de tête admiratif.
Tous ensemble, les enfants entrèrent dans le bâtiment. Il était désert, avec une autre porte au bout.
Ils la franchirent et arrivèrent dans un nouveau défilé de trains à l'abandon.
« Quand est-ce qu'on atteint la sortie ? » gémit Jessie.
« Je voudrais être à la maison ! Mes parents doivent s'inquiéter », dit Iruka. « On aurait peut-être mieux fait de rester dans le car et d'attendre que des adultes viennent nous chercher… »
« Comment ils sauraient qu'on est là ? On ne sait même pas comment on est arrivés ici. Il y avait cet étrange brouillard et cette… voix », dit Kadaj.
« C'est vrai, d'ailleurs j'ai pas compris ce qu'elle disait », dit Loz.
Moi, si, pensa Lowen avec gêne.
S'ils étaient tous coincés ici, c'était à cause d'elle. Parce que Sauron en avait après elle.
Au bout d'un moment, ils firent une pause à l'intérieur d'un wagon. Alors qu'ils se reposaient, Lowen crut sentir un courant d'air l'effleurer dans le dos.
Prise d'un frisson, elle se retourna et vit une petite silhouette trapue contre le mur. Plissant les yeux, elle réalisa que cela ressemblait à… un chat ?
La forme se densifia, laissant apparaître le corps d'une femelle à la fourrure argentée. Lowen n'en revenait pas, elle connaissait bien ce chat !
« Perle ?! »
Les enfants se tournèrent vers la source de sa surprise et virent qu'en effet, il y avait bien un chat.
« Eh, coucou, minou ! » dit Jessie.
Elle tendit la main vers le chat, mais il l'ignora royalement. D'un pas assuré, il s'approcha de Lowen et frotta sa tête contre son bras. Elle passa à travers son corps, lui arrachant un léger tremblement.
Lowen ne comprenait rien. Que faisait le fantôme de son chat ici ? Était-ce seulement possible, ou bien une illusion ? Elle se rappela la dernière fois qu'elle l'avait vue. Elle n'était alors qu'un esprit récemment décédé sur Terre, à cause de cette voiture qui l'avait percutée.
Lorsque Varda et Yavanna lui étaient apparues, la Valar de la nature lui avait assuré qu'elle prendrait soin de l'esprit de son chat.
Et si jamais Yavanna l'avait envoyée pour m'aider ?
Priant pour que cet espoir soit fondé, elle se leva et suivit le chat vers la sortie du wagon.
« Eh, attends ! Où tu vas ? » demanda Kadaj en la rattrapant.
« Je la suis. Peut-être qu'elle sait où est la sortie ? »
« Elle ? » répéta Kadaj. « Quoi, tu connais cette chatte ? Ou ce… fantôme ? »
« Oui, je la connais ! Et ça ne coûte rien d'essayer, non ? »
Comme personne n'avait une autre idée à suggérer, ils optèrent pour suivre le chat.
Ce dernier les fit marcher entre les trains, grimper sur certains d'entre eux grâce aux échelles et passer sous des piles de plaques de tôle en équilibre précaire.
Tandis qu'ils avançaient, de nouveaux graffitis se formèrent sur les murs. Certains disaient « Pas par-là », d'autres « Mauvaise direction ». Lowen jugea cela bon signe. Peut-être que le fantôme de Perle allait vraiment les sortir de là ?
« Eh, regardez ! » dit Jessie.
Elle pointa l'horizon du doigt. Levant le nez, tous aperçurent des bâtiments aux fenêtres éclairées au loin.
« Je vois des gens aux fenêtres… » dit Kadaj, les yeux plissés.
« Ce qui veut dire qu'on approche de la fin du cimetière », conclut Iruka avec un sourire rassuré.
Reprenant espoir, les enfants accélérèrent le pas, quand Perle s'arrêta. Le dos rond, elle se mit à gronder.
« Qu'est-ce que tu as, ma belle ? » demanda Lowen.
Le vent se leva, faisant s'envoler des papiers et des détritus autour d'eux. Sentant le danger, les enfants se regroupèrent et tendirent leurs tiges de métal devant eux.
Le vent se concentra, jusqu'à former un sombre tourbillon noir.
Soudain, Perle partit sur la gauche. Elle s'arrêta devant un wagon et tourna la tête vers les enfants en miaulant, comme pour les enjoindre à la suivre.
Lowen se dépêcha de la rejoindre, suivie des enfants. Tous se cachèrent sous un wagon et regardèrent le vent scanner la zone qu'ils avaient occupée quelques secondes plus tôt, avant de disparaître.
« Ouf ! Merci, le chat fantôme », dit Loz.
Perle lui accorda un vague regard, avant de reprendre la marche vers une autre allée.
Désormais plus confiants, les enfants suivirent le félin fantôme à travers la brume, quand Perle s'arrêta. Elle parut secouer la tête et tenter de chasser quelque chose d'invisible avec sa patte. Son image se brouilla, puis disparut.
« Oh non ! Où elle est passée ? » demanda Kadaj.
« Perle ? Minou, t'es où ? » appela Lowen.
« Inutile de l'appeler, elle ne reviendra pas. »
Lowen se tendit. Lentement, elle se tourna vers la source de cette voix. Elle reconnut avec horreur le fantôme de Sauron : grand, vêtu de blanc, une chevelure blonde encadrant un visage au sourire angélique… Mais ses yeux brillaient de cet éclat doré qu'elle haïssait, même si son propre œil gauche arborait la même couleur.
En le voyant, Yazoo pâlit. Ses mains autour de sa barre en métal tremblèrent.
« Vous êtes qui, vous ? » demanda Kadaj, méfiant.
Lui accordant à peine un regard, Sauron s'avança vers Lowen.
« Alors, prête à rentrer à la maison ? »
« Quelle maison ? Jamais je n'irai au Mordor. Jamais ! » répliqua Lowen.
Contrarié par sa réponse, Sauron croisa les bras.
« Est-ce là une façon de parler à ton père ? »
« TON PÈRE ?! » s'écrièrent les autres enfants.
« Ce n'est pas mon père ! Je n'ai qu'une mère, elle s'appelle Galadriel et jamais elle ne voudrait que je vous suive. »
« … Je vois. Dans ce cas, tu ne me laisses pas le choix. »
Il leva le bras. Le vent se leva, laissant apparaître la tornade de ténèbres.
Les enfants reculèrent jusqu'à se retrouver acculés contre un wagon, quand celui-ci s'éleva dans les airs. Aspiré par la tornade, il tournoya dedans, avant de voler dans leur direction.
« À TERRE ! » cria Kadaj.
Tout le monde tomba à plat ventre sur le sol, évitant de justesse le projectile.
La tornade se tendit brusquement vers Lowen. Cette dernière sentit son corps s'élever dans les airs.
Avec un cri de panique, elle tendit les bras vers les autres enfants. Le plus rapide, Loz, la saisit par les mains et la retint.
Kadaj, Yazoo, Jessie et Iruka se joignirent à lui. Tous agrippèrent un bras de Lowen et se mirent à tirer en arrière.
Mais tandis qu'ils luttaient, ils virent le fantôme du mystérieux individu blond réapparaître et les fixer avec l'air agacé.
Ses yeux virèrent au jaune lumineux, puis il se tourna vers la tornade et tendit la main. Ses ténèbres furent parcourues de flammes.
La force qui aspirait Lowen se fit plus forte. Les pieds des enfants glissèrent le sol. Ils allaient tous finir aspirés dans la tornade, quand un éclair jaillit de l'obscurité pour la frapper.
Quelque chose à l'intérieur de la colonne de vent émit un grondement menaçant. Tel un animal blessé, la tornade recula et disparut dans la brume.
Lowen et ses amis tombèrent de tout leur long sur le sol. Se relevant avec difficulté, ils virent trois personnes émerger de la brume.
Armés de leurs épées, Sephiroth, Angeal et Sephiroth s'approchèrent d'eux.
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Tapie dans la brume, Perle regarda avec soulagement les enfants rejoindre les adultes.
La chatte fantomatique regarda sa petite maîtresse s'éloigner avec un mélange de regret et d'envie. Bien que réduite à l'état de fantôme, elle sentait que quelque chose avait changé. Elle ne pouvait plus toucher son amie. Ce n'était pas le seul changement étrange. Depuis quelques temps, elle n'avait jamais faim, ni froid ni sommeil.
Bien que n'ayant pas le concept de l'au-delà ni des règles séparant les morts des vivants, elle sentait qu'elle ne pouvait pas rester. Sa petite maîtresse était en sécurité, c'était le plus important.
La belle femme blonde en robe verte apparut dans la brume et lui fit signe de venir. Contente de rejoindre l'endroit où son esprit pouvait dormir en paix, Perle se dépêcha de rejoindre Yavanna.
La brume les enveloppa toutes les deux, les faisant disparaître dans l'obscurité du cimetière des trains.
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Le retour au manoir de Sephiroth s'écoula dans un silence fatigué.
Angeal et Genesis s'étaient chargés d'emmener Jessie et Iruka dans une autre voiture, pour les ramener chez elles.
Sephiroth se chargeait donc des garçons et de Lowen.
Fatigués, crasseux et échevelés, les enfants somnolaient sur la banquette arrière de la voiture.
Lorsque le véhicule se gara devant la porte du manoir, ils firent l'effort de se lever et de suivre Sephiroth à l'intérieur.
Arrivés dans le salon, ils se laissèrent tomber sur le canapé en soufflant de soulagement.
Haneki les rejoignit avec un sourire soulagé, en portant un plateau où reposaient des verres d'eau et des sandwichs.
Réalisant qu'ils n'avaient rien mangé depuis des heures, les enfants se jetèrent sur l'eau et la nourriture avec soulagement.
Sephiroth les regarda manger en silence, hésitant sur la marche à suivre. Bien que sales et affamés, les enfants ne présentaient aucune blessure. Il aurait aimé les interroger sur ce qui s'était passé, mais Angeal lui avait conseillé de les laisser souffler après ce qu'ils avaient vécu dans le cimetière des trains.
Tandis qu'ils mangeaient, il repensa aux dernières heures écoulées.
Il était en plein entraînement au bâtiment Shinra avec Angeal et Genesis, quand Lazard l'avait convoqué. Ce dernier avait reçu un appel paniqué de l'école où étudiaient les enfants. Le chauffeur de leur car aurait été attaqué par une entité inconnue, qui l'aurait obligé à quitter le véhicule en marche avec les enfants à l'intérieur.
Heureusement, ce type de car disposait d'un système de localisation qui leur avait permis de le situer dans le cimetière des trains.
Pourtant, certaines choses n'étaient pas cohérentes. Les données informatiques sur le parcours du véhicule indiquaient qu'il avait brusquement quitté le quartier résidentiel des employés de la Shinra pour atterrir dans le cimetière des trains. Comme s'il s'était téléporté !
Mais qui avait pu accomplir une telle chose ? Et pourquoi ? Était-ce un coup d'Avalanche, pour enlever les enfants sous la garde de Sephiroth et les garder en otages contre une rançon ? Il en doutait, le groupe d'écoterroristes n'avait pas les moyens pour accomplir une telle chose.
Alors qui… ou quoi ?
« Vous allez bien ? » finit par demander le Soldat.
« Maintenant, oui », dit Kadaj.
« Merci de nous avoir sauvés, grand frère », dit Loz.
Lorsqu'ils eurent fini de manger, le Soldat leur conseilla de rejoindre leurs chambres, pour se décrasser et se reposer.
En silence, Lowen suivit les garçons à l'étage. Mais une fois seule dans sa chambre, elle réfléchit. Ce qui s'était passé la hantait encore.
Sauron avait le pouvoir de l'atteindre ici. Et il avait failli la reprendre ! Pire encore, les autres enfants avaient été mis en danger, juste parce qu'ils étaient avec elle lorsque l'ennemi avait tenté de l'enlever.
Une douloureuse conclusion s'imposa à Lowen : elle ne pouvait pas rester ici. Elle devait s'en aller. Mais pour aller où ? Elle ne connaissait rien de ce monde !
Peu importe, je ne peux pas remettre mes amis en danger !
Résolue, elle se dirigea vers son armoire. Elle l'ouvrit et vit avec un pincement de cœur qu'on l'avait remplie de vêtements de filles, à sa taille. Apparemment, la compagnie Shinra avait rempli ses engagements aujourd'hui et livré des articles pour lui constituer une garde-robe. Il devait en être de même pour les garçons.
Lowen vida son sac à dos de ses livres d'école et le remplit de vêtements. Elle activa ensuite son pouvoir d'invisibilité et sortit.
Il fallait qu'elle rejoigne la cuisine pour prendre de la nourriture, avant de partir.
Alors qu'elle passait dans le couloir, elle entendit une voix s'élever d'une porte entrouverte.
« Lowen ? »
L'enfant se crispa. Oh non, Sephiroth se tenait de l'autre côté. Il l'avait entendue !
Avec un soupir, l'enfant redevint visible. Les mains moites autour des lanières de son sac, elle entra dans le bureau.
« Tu t'en allais ? » demanda le Soldat en voyant son sac.
« Je… Oui, il vaut mieux que je m'en aille », dit l'enfant, la tête basse.
« Pourquoi ça ? »
Lowen poussa un soupir. Elle en avait assez des secrets et des mensonges. À cause de ça, sa famille d'adoption et ses deux nouvelles amies d'école avaient failli mourir.
Elle pouvait bien raconter la vérité à Sephiroth. Ensuite, qu'il la croie ou non, elle redeviendrait invisible et s'enfuirait.
« Je… J'ai quelque chose à vous avouer. »
D'un geste, Sephiroth lui montra le fauteuil devant son bureau.
Tête basse, Lowen alla s'y asseoir.
« Je suis désolée pour ce qui s'est passé, avec le car. »
« Pourquoi t'excuses-tu ? Tu n'y étais pour rien. »
« … Indirectement, si. C'est… C'est quelqu'un que je connais qui a fait ça. C'était moi qu'il visait. Il voulait m'enlever, encore une fois. »
« Et si tu m'expliquais tout depuis le début ? »
Le début ? Mais même le début était compliqué ! La gorge nouée, Lowen lui avoua alors d'où elle venait : Arda, ou la Terre du Milieu, un autre monde régi par des divinités connues sous le nom de Valars. Elle lui parla brièvement de sa vie à Mirkwood, le rejet des Elfes qui avaient voulu l'abandonner dans la forêt, comment un étrange rôdeur puis un Elfe, plus généreux que les autres, l'avaient sauvée. Ses découvertes sur ses origines, comment Sauron et Galadriel l'avaient « créée », ses souvenirs de son ancienne vie sur Terre, quand elle s'appelait Jodie Bennett, pourquoi Sauron souhaitait la récupérer, puis comment elle avait atterri dans la cellule des garçons, aux laboratoires de la Shinra.
Tandis qu'elle parlait, elle guettait avec angoisse les réactions de son interlocuteur. Mais Sephiroth n'affichait qu'un air concentré. Parfois, il paraissait légèrement surpris, mais ses expressions étaient si brèves que Lowen se demandait si elle n'avait pas rêvé.
Lorsqu'elle eut fini, Sephiroth resta silencieux un long moment, l'air songeur.
« Je te crois », dit-il.
Lowen cligna des yeux. Avait-elle bien entendu ?
« Vous… Vous me croyez ? »
« Oui. Le soir où Yazoo t'a apporté à manger, je vous ai rejoints devant la porte de ta chambre. Je voulais te parler, quand j'ai surpris votre discussion. Et… j'ai lu le rapport scientifique te concernant. Tes vêtements, ces choses que tu ignores d'un côté, tes pouvoirs, sans parler de tous ces noms d'endroits si précis… Je ne crois pas qu'une simple enfant pourrait inventer un scénario aussi élaboré rien que pour s'amuser. Et je sais aussi que Yazoo a un don lié aux visions. Les scientifiques l'avaient déjà observé, en laboratoire. »
Lowen n'en revenait pas. Il la croyait ! Un rire nerveux s'échappa de sa gorge, laissant s'échapper tout son stress.
« Donc, ce… Sauron veut te reprendre pour te voler ton corps », résuma Sephiroth.
« Oui, ou bien me recruter, pour utiliser mes pouvoirs. »
« Et pourquoi as-tu voulu sortir en douce, ce soir ? Tu comptais céder et le laisser te capturer ? »
« Non ! Je voulais m'enfuir, pour que personne ne soit en danger. C'est de ma faute si les autres ont été piégés dans le car avec moi. »
Sephiroth secoua la tête. Décidément, cette fillette ne pensait qu'aux autres, jamais à elle ! Encore une fois, elle était prête à se sacrifier pour que d'autres soient à l'abri.
« C'est une très mauvaise stratégie. En faisant cela, tu te rends vulnérable et donnes à l'ennemi une chance de te capturer. »
« Pas sûr ! Je pourrais peut-être trouver une cachette isolée… »
« Ah oui ? Où ? »
« … J'y travaillais, jusqu'à ce que j'entre dans ce bureau pour tout vous révéler », admit Lowen avec une moue boudeuse.
Avec un sourire amusé, Sephiroth voulut répondre, quand il se tendit.
D'un pas vif, il marcha jusqu'à la porte et l'ouvrit en grand. Lowen vit avec stupeur Kadaj, Yazoo et Loz tomber en tas par terre, au pied du Soldat.
« Qu'est-ce que vous faites ici ? » s'énerva Sephiroth.
« Euh… Nous étions en train de… chercher… » balbutia Yazoo, à court d'idées.
Il supplia ses frères du regard de l'aider, mais ces derniers fixaient Lowen avec fascination.
« Waouh, tu viens d'un autre monde ! » dit Loz.
« Oh non ! » gémit Yazoo.
« Et tu te souviens de ta vie d'avant ! » rajouta Kadaj.
« Là, on est mal », soupira Yazoo, défait.
« Tout juste », dit Sephiroth. « Ça ne se fait pas d'écouter aux portes, vous savez ? »
« Mais on ne faisait rien de mal », s'écria Kadaj. « On a entendu Lowen sortir de sa chambre, alors on était inquiets. On la cherchait quand on vous a entendus discuter. »
Sephiroth interrogea Lowen du regard. Celle-ci lui offrit un sourire désolé.
« Bon… Au moins, vous êtes déjà au courant, inutile de tout raconter une deuxième fois », soupira le Soldat. « Lowen, as-tu autre chose à ajouter, ou as-tu fini de tout me raconter ? »
« Euh… Oui, j'ai fini. »
« Bien. Dans ce cas, allez vous coucher. Demain, c'est le week-end, vous aurez tout le temps de vous reposer après cette épreuve. »
Surprise, Lowen resta quelques secondes dans son fauteuil, avant de finalement se lever pour rejoindre les garçons à la porte.
« Bonne nuit », dit Sephiroth.
Lowen regarda son tuteur. Il avait un léger sourire, rien de malicieux ou d'hypocrite, c'était plutôt un sourire rassurant. Elle n'en revenait toujours pas qu'il la croie, mais pourtant… en regardant du côté des garçons, elle vit que Yazoo paraissait apaisé, comme si les secrets qu'il partageait avec Lowen ne pesaient plus sur ses épaules. Loz la regardait toujours avec fascination. Kadaj aussi, mais il souriait. Toute trace de méfiance ou d'animosité avait déserté son visage, maintenant qu'il connaissait le passé de Lowen.
La fillette réalisa alors que la tension, qui régnait depuis son arrivée au manoir, avait pratiquement disparu.
Enfin, elle avait trouvé une famille et un foyer.
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Resté seul dans son bureau, Sephiroth réfléchissait aux aveux de Lowen.
Jamais il ne se serait douté d'une telle histoire. En temps normal, il n'y aurait pas cru. Mais trop de faits et de découvertes coïncidaient avec le récit de Lowen.
Cela faisait plus d'un mois que des portails sauvages avaient été signalés sur Gaïa, à différents endroits. Parfois, des témoins oculaires affirmaient avoir vu d'étranges choses, comme des cités de marbre brillant ou des maisons étincelantes dans des arbres. Et parfois même, des monstres horribles, noirs et voûtés, aux yeux rouges et aux dents jaunâtres.
Yazoo l'ignorait, mais les scientifiques savaient pour ses « visions ». Dans son dossier, on parlait d'expériences où on l'avait drogué et forcé à parler de ce qu'il voyait. Hojo avait longtemps pensé qu'il était peut-être l'auteur de ces portails, avant d'en venir à la conclusion que non, car certaines heures où les portails apparaissaient ne coïncidaient pas avec ses visions.
Mais Sephiroth avait eu une preuve flagrante que Lowen disait vrai lorsque, alors qu'il parcourait le cimetière des trains avec Angeal et Genesis, il avait vu un nouveau portail s'ouvrir et le fantôme d'un homme en sortir.
Lorsqu'il avait croisé son regard, il avait été surpris de voir que ses yeux étaient dorés comme le gauche de Lowen. L'air mécontent qu'on le voie, l'homme l'avait fixé. Sephiroth avait alors ressenti une violente migraine et vu en flash un œil enflammé.
Lorsqu'il avait rouvert les yeux, le fantôme avait disparu. Les cris des enfants avaient retenti peu après, les guidant jusqu'à la tornade noire qui avait essayé d'enlever Lowen.
Avec un soupir, Sephiroth pensa à la fillette. Une âme coincée dans un corps créé lors d'une expérience magique. Le regard si adulte de l'enfant prenait tout son sens. Elle avait déjà treize ans de vie antérieure en mémoire. Ce qui lui faisait donc vingt ans, compte tenu des sept années dans cette vie-ci.
Penser qu'il existait d'autres mondes, d'autres magies et d'autres dieux… C'était troublant, mais aussi intrigant.
Élevée par des gens, des Elfes, avant d'être abandonnée dans une forêt remplie de monstres parce qu'elle était différente des autres. Qu'elle n'était pas humaine. Il ne connaissait que trop bien cela. Le fait d'être différent et craint pour cela. Lui-même, malgré le fait qu'il soit un héros aux yeux de la société, n'avait que peu d'amis.
Et pourtant, malgré tout ce que Lowen avait vécu, elle s'accrochait encore au bien.
Pourtant, cette situation l'inquiétait. La fillette était-elle vraiment en sécurité, ici, avec lui ? Si ce Sauron tentait à nouveau de l'enlever, pourrait-il intervenir ?
Ils avaient frôlé la catastrophe ce soir, dans le cimetière des trains.
Et ses frères aussi s'étaient retrouvés en danger. Lowen avait beau se sentir coupable, Sephiroth ne lui en voulait pas. Elle était peut-être liée à une entité sombre et maléfique, son âme n'en demeurait pas moins animée du désir de faire le bien. Elle avait même pensé à tous les quitter, pour tenter de les protéger.
Rien que pour cela, elle méritait qu'il l'aide. Il allait donc continuer de la protéger. Après tout, personne n'était mieux placé que lui pour ça, dans ce monde.
Animé d'une nouvelle détermination, il quitta le bureau pour rejoindre sa chambre.
Demain, il devrait retourner au bâtiment Shinra pour faire son rapport sur le détournement du car scolaire.
Il devrait mentir, affirmer qu'il ignorait ce qui avait causé cela. Angeal et Genesis n'avaient pas vu le fantôme aux yeux dorés. Lorsqu'il leur en avait parlé, ils avaient affirmé n'avoir rien vu.
Peu importait qu'il n'ait pas d'explication à donner, la Shinra continuerait de se servir de lui, il était trop précieux aux yeux de la compagnie.
Et il avait bien l'intention d'en profiter pour protéger ses frères et Lowen.
