Hello !
Avant toute chose, je vous souhaite une bonne année 2025, pleine de bonheur et de réussite.
J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes.
Merci à Nemerof91 pour sa review. J'espère que le site ne fait plus des siennes. ;-)
Sur ce, voici la suite.
Bonne lecture !
Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 16 :
Le Festival des Citrouilles
Assise sur un banc, dans l'un des wagons du train, Lowen écoutait Jessie lui parler du club de théâtre.
« Tu devrais tenter ta chance pour rejoindre notre club ! Tes histoires sont toujours cool, comme celle de Luthièn et Beren, dans ta dernière rédaction en cours de littérature. Tu pourrais proposer un scénario pour la prochaine pièce de l'école », dit son amie.
Lowen lui répondit par un sourire poli. Elle n'était pas sûre qu'utiliser une histoire de la Terre du Milieu comme pièce de théâtre soit bien discret. C'était l'une des règles que Sephiroth voulait qu'elle respecte, tant qu'elle vivait avec lui à Midgar. L'enfant avait beau comprendre, elle se sentait parfois triste de ne pas pouvoir pleinement vivre sa nouvelle vie.
C'est comme à Mirkwood. Je cachais sans cesse mes pouvoirs et mes souvenirs. Ici, ce n'est pas si différent…
Non, il y avait quand même de grandes différences. Déjà, elle avait un tuteur qui savait tout d'elle et la traitait normalement, sans oublier trois frères. Elle vivait dans un beau manoir, elle s'était fait de vraies amies… C'était un sacré changement par rapport à avant. Plus d'Elfes méprisants ni méfiants, plus de secrets sur ses origines… Et en plus, elle avait droit à un confort technologique similaire à celui sur Terre : l'électricité, les ordinateurs, le téléphone, l'eau chaude… Oui, vraiment, la vie était bien meilleure !
« Je ne sais pas, j'ai peur que le théâtre me prenne du temps et que mes notes chutent », dit Lowen.
Assis en face d'elle, Kadaj fronça les sourcils.
« Ton retard en histoire-géo est rattrapé depuis longtemps, tu es dans la même classe que nous et les filles aussi. Jessie a raison, tu devrais proposer un scénario. T'as toujours de chouettes histoires ! »
Assis juste à côté de lui, Loz et Yazoo firent oui de la tête. Lowen se tourna vers Jessie et Iruka, assises à côté d'elle. Ces dernières lui firent un sourire encourageant.
Tout le monde semblait déterminé à ce qu'elle tente sa chance, mais… l'enfant n'osait pas avouer qu'en fait, ce qui l'empêchait d'essayer, c'était le trac.
« Bon, la prochaine séance du club a lieu lundi prochain, après ce week-end. Les garçons, je compte sur vous pour qu'elle tente sa chance », dit Jessie.
« Ça marche », dit Kadaj.
Lowen le fusilla du regard. Ne voyait-il pas combien elle était intimidée ?
« Attention : nous arrivons à la zone de contrôle d'identité », dit une voix féminine dans les haut-parleurs du train.
Les six enfants levèrent la tête par réflexe, mais ce n'était qu'un message automatique lancé par le train lorsqu'il arrivait à mi-parcours du Pilier soutenant le Plateau de Midgar.
Lowen regarda des rayons laser rouges balayer le wagon, passant à travers elle comme si elle n'était qu'un fantôme. Sephiroth lui avait expliqué, ainsi qu'aux garçons, que c'était une procédure de la Shinra pour maintenir l'ordre public. Ce système vérifiait toutes les données sur les gens scannés : date de naissance, permis de résidence, antécédents…
Lowen n'aimait guère cela, mais elle ne pouvait pas expliquer à son tuteur qu'elle avait lu 1984 de George Orwell. En plus, même s'il était l'un des meilleurs éléments de la compagnie, la fillette sentait que Sephiroth n'aimait pas la Shinra. Le simple fait qu'il ait désobéi aux ordres et défié Hojo pour les sauver, elle et ses frères adoptifs, en était la preuve. Il valait mieux ne pas faire de vagues et profiter de cette vie autant que possible.
Mieux vaut faire comme ce train : suivre les rails de notre destin, pensa la fillette.
Enfin, le train les déposa au quartier résidentiel du secteur 7.
« Vous voulez dîner chez moi, ce soir ? Ma mère va faire une pizza, sa Spéciale Midgar », proposa Jessie, tandis qu'ils remontaient la rue.
« Oh, miam, une pizza ! » s'écria Loz, une lueur gourmande dans les yeux.
« Non, on ne peut pas, ce soir. C'est Genesis qui nous garde », dit Yazoo.
« Ah… Sephiroth est encore en mission ? »
« Mission, je ne sais pas, mais travail, oui. »
« C'est fou à quel point la Shinra le demande ! Je pensais qu'il aurait droit à un peu plus de temps libre, avec son statut », dit Iruka.
« Allez, à demain, tout le monde ! » dit Jessie, avant de franchir le seuil de sa maison.
Les enfants la saluèrent, puis Iruka partit vers sa maison, tandis que le quatuor prit le chemin du manoir.
Depuis l'incident qui avait envoyé le car scolaire au cimetière des trains, l'école avait décrété que tout le monde serait conduit soit par sa famille en voiture, soit en train jusqu'à l'établissement.
Lorsque les enfants eurent rejoint le perron du manoir, ils virent Genesis adossé au chambranle de l'entrée. Cela les surprit. D'habitude, il les attendait dans le salon, plongé dans la lecture de Loveless.
« Bonsoir », dit Lowen.
« Ah, vous êtes là ! » dit le Soldat.
Il jeta un coup d'œil de chaque côté de la rue.
« T'attends quelque chose ? » demanda Kadaj.
« Oui, j'ai demandé à ce qu'on me livre un colis à cette adresse. Il est censé arriver aujourd'hui, en fin de journée. »
« Un colis pour quoi ? » demanda Yazoo.
Soudain, ils virent une camionnette se garer deux maisons plus loin. Un homme en tenue de livreur en sortit avec un carton. En voyant Genesis, il parut soulagé, puis s'approcha pour lui donner l'objet.
« Il me faut votre signature, vos initiales et votre empreinte digitale », dit-il en lui tendant un appareil électronique.
Genesis s'exécuta, mais il eut un léger sursaut lorsque l'homme pointa un deuxième appareil vers son visage pour scanner ses yeux. Il parut satisfait, puis lui souhaita une bonne soirée avant de repartir.
Curieux, les enfants suivent le jeune homme dans le salon.
« Qu'est-ce que t'as acheté de si dangereux ? » demanda Lowen, inquiète.
« Des piments. »
« Oh non, ne fiche pas ta vie en l'air pour… Hein ? Attends… Des piments ?! »
Genesis ouvrit le carton, révélant de petits compartiments bourrés de paille dans lesquels étaient posés des piments de différentes tailles et couleurs.
« Oui, les scientifiques de la Shinra ont découvert que les piments modifient mon affinité particulière avec le feu. Regardez… »
Il prit un piment étiqueté « Face en fusion de Costa Del Sol » et en croqua un bout, avant d'armer sa matéria Feu. Il jeta un sort vers la cheminée. Lowen s'attendit à voir une boule de flammes foncer dans l'âtre, mais à la place, il y eut un petit feu d'artifice. Admiratifs, les enfants regardèrent un bouquet d'étincelles bleues, rouges, jaunes et vertes sortir de sa main.
« C'est super ! » s'écria Kadaj.
« Oui ! En voyant ça, les terroristes d'Avalanche ne sauront plus s'ils doivent crier de peur ou dire bonne année ! »
« Mais pourquoi tu voulais te faire livrer ici ? » demanda Yazoo.
« Si je me fais livrer au dortoir des Soldats, y'en a sûrement un qui se fera un plaisir de cafter, comme Kunzel. Angeal et Sephiroth ne doivent pas savoir, car ils n'aiment pas que je me serve de ces piments. D'après eux, ça risque de détraquer ma maîtrise des matérias. »
« Ah… et donc, tu veux qu'on garde le secret, hein ? »
« Ce n'est que justice ! » dit le rouquin avec un sourire narquois.
Lowen eut un soupir fatigué. Genesis ne faisait pas référence aux aveux qu'elle avait faits à Sephiroth. Il parlait juste du fait que les quatre enfants venaient des laboratoires Shinra et avaient sans doute des capacités surhumaines.
Bien sûr, elle savait que Genesis n'était pas foncièrement méchant. Il s'était inquiété pour elle et les garçons, après ce qui s'était passé au cimetière des trains. Mais chaque fois qu'une occasion de leur faire une blague ou de les embêter se présentait, il la saisissait, comme un gamin. C'était dans ces moments-là que Lowen se rappelait qu'elle avait encore une âme d'adulte et bien plus d'années en réserve que le Soldat Première Classe.
« Bon, je vais faire mes devoirs », dit Lowen.
« Je te suis », dit Yazoo.
Kadaj et Loz restèrent avec Genesis, désireux de connaître les effets qu'auraient les autres piments.
Yazoo alla dans sa chambre, Lowen dans la sienne. L'endroit avait un peu changé depuis qu'elle s'était installée.
Il y avait désormais une mappemonde et des livres d'école sur le bureau, une couette bleue ornée de motifs de fleurs, quelques posters aux murs qui présentaient un spectacle de dauphins à Costal Del Sol et des balades à dos de chocobo à Kalm.
Il y avait aussi une photo encadrée la montrant avec ses frères, ainsi que Sephiroth, Angeal et Genesis. Tous prenaient la pose devant le manoir.
Ce n'était que de modestes modifications, mais cela plaisait à Lowen. C'était pour elle une preuve de plus qu'elle avait une vraie vie dans ce monde.
Bien sûr, elle gardait aussi un carnet de dessins plus personnels dans un tiroir fermé à clef de son bureau. Dedans, elle avait dessiné des croquis de Faelwen, Radagast, Legolas et des endroits du palais de Mirkwood.
Une fois qu'elle eut fini ses devoirs, Lowen sortit le carnet et se mit à dessiner une esquisse de Talion et Celebrimbor. Elle venait de finir le diadème entourant le front du spectre lorsqu'un bruit lui parvint du salon.
Elle se dépêcha de ranger son carnet, puis elle alla dans le salon. Elle vit que Sephiroth et Angeal étaient là, face à un Genesis passablement énervé. Kadaj et Loz se tenaient à l'entrée de la pièce et regardaient les adultes se chamailler.
« Comment êtes-vous au courant pour les piments ? » demanda le rouquin.
Il lança un regard menaçant à Lowen, qui lui fit signe qu'elle n'y était pour rien.
« Lazard surveille nos comptes bancaires, tu te souviens ? » dit Angeal en brandissant son téléphone. « Il a vu que tu avais acheté des piments à Wutaï et il a eu l'amabilité de nous prévenir, au lieu d'alerter les Turks. »
« Combien de fois on doit te le répéter ? Tu ne dois pas faire ce genre de choses sans nous en parler avant ! » dit Sephiroth.
« Roh, mais si je vous parlais toujours de ce genre de choses, je n'aurais jamais pu me payer mon bateau à Junon ! »
« Tu as un bateau ?! » s'écria Angeal.
« … Ne changez pas de sujet ! »
« Écoute, il y a une raison au fait que tu ne peux pas manger ces piments ! Il y a eu un autre Maître du Feu avant toi, quand le Soldat en était à ses débuts », dit Sephiroth.
« Exact ! Il a mangé des piments et transformé la forêt de Corel en désert de Corel », dit Angeal.
Ah, voilà une info intéressante pour mes cours de géographie, pensa Lowen avec amusement.
Sentant que leur dispute allait encore durer longtemps, elle retourna dans sa chambre.
Tandis qu'elle reprenait ses devoirs, elle ne put retenir un sourire amusé en repensant à ce qu'elle avait vu. La vie était ainsi désormais, et elle devait reconnaître qu'elle était bien plus passionnante.
XxXxXxXxXxXxXxX
Deux ans plus tard…
« Eh, les gosses, vous vous magnez ? Ou on risque de partir sans vous ! » cria Genesis.
« On arrive ! » répondit Lowen.
La fillette de neuf ans bondit pour atterrir sur sa valise. Les deux parties enfin collées l'une contre l'autre, Kadaj saisit le mousqueton et ferma la fermeture éclair.
Soulagée, elle s'en détacha, et traîna sa valise dans le couloir. Kadaj se dépêcha de rejoindre la chambre de ses frères pour en tirer sa valise. Loz et Yazoo l'imitèrent, chacun traînant une petite valise.
Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon, ils trouvèrent Sephiroth, Angeal et Genesis avec leur propre valise.
Tout le monde se préparait pour une période de permission qu'ils comptaient passer à Banora, le village natal d'Angeal et Genesis.
Lowen et les garçons étaient heureux de quitter enfin Midgar pour visiter un endroit différent sur Gaïa. En plus, ce serait dans une zone en pleine campagne, sans réacteur mako ni pollution.
« C'est pas trop tôt », bougonna Genesis.
« Relax, nous ne sommes pas en retard », dit Angeal.
« En effet, mais si on tient compte de l'éventualité des embouteillages, on risque de rater l'hélicoptère », dit Sephiroth.
« Ah ? On n'y va pas en voiture ? » demanda Lowen.
« Oh non ! Ça nous prendrait des jours ! Et être un Première Classe a ses petits avantages », dit Genesis.
« Allez, en route ! » dit Angeal.
« Eh, vous nous aidez pas à porter nos valises ? » demanda Kadaj.
« Ah non, chacun la sienne ! » dit Genesis.
Kadaj se tourna vers Loz. Ce dernier protesta.
« Ah non, il a dit chacun la sienne. »
« J'te donnerai 5 gils. »
Loz fit la moue.
« 10 et tu feras mes devoirs vendredi prochain, pour que je puisse jouer à la console. »
« Non, faut choisir : l'argent ou les devoirs ? »
« Bon… Les devoirs. »
« … Ça marche. »
Lowen échangea un regard lourd de sens avec Yazoo. Ces deux-là passaient leur temps à marchander, sauf que Kadaj finissait toujours par arnaquer Loz.
Les enfants suivirent les hommes dehors, où une voiture les attendait.
Au bout d'une demi-heure de route, ils arrivèrent au Bâtiment Shinra. Lowen ne s'y était pas rendue depuis son premier jour sur Gaïa, et elle appréhendait ce passage en ces lieux. Ses frères aussi. Malgré leur attitude visiblement décontractée, leurs pupilles étaient dilatées, signe qu'ils avaient peur.
Heureusement, personne ne fit attention à eux. Ils traversèrent le hall et prirent l'ascenseur. Tandis que l'habitacle de verre montait, Lowen regarda Midgar au-dehors.
Même après deux années passées ici, elle s'émerveillait encore des lumières qui illuminaient la ville. Cet endroit lui rappelait New York, la ville qui ne dort jamais.
Enfin, l'ascenseur déboucha sur la plate-forme de décollage, où un hélicoptère faisait déjà tourner ses pales, prêt à les emmener.
Une fois à bord, tous virent que le pilote était un homme brun en costume de bureau sombre. Un Turk… D'après Sephiroth, ils étaient les agents chargés de recruter de futurs Soldats et d'autres choses moins reluisantes. Des espèces d'agents secrets, en somme.
Lorsque l'hélicoptère s'éleva dans les airs, Lowen s'agrippa en réflexe à sa ceinture. Elle n'était encore jamais montée en hélicoptère, et les secousses se faisaient bien plus sentir qu'en avion.
L'appareil s'éleva ans le ciel nocturne et se mit à voler à travers un océan de nuages noirs.
Alors qu'ils s'éloignaient, Loz parut devenir pâle, puis nauséeux.
« Oh non, je le crois pas ! Ne me dis pas que t'as le mal de l'air ? » dit Genesis.
« Si… On pourrait pas atterrir ? »
« Impossible, on survole l'océan », répondit le pilote.
Angeal tira d'un sas des sacs en papier qu'il tendit à Loz.
Bercée par le ronronnement du moteur, Lowen finit par s'endormir.
Cette nuit-là, elle rêva qu'elle était de retour à Mirkwood. Elle évoluait à travers les couloirs du palais, qui était mystérieusement vide.
Cette absence de vie lui procura une sensation d'angoisse. Elle se mit à courir en appelant quiconque pouvait l'entendre.
Soudain, elle heurta quelqu'un au détour d'un couloir et tomba sur les fesses. Levant la tête, elle ressentit de l'angoisse en reconnaissant l'elfe en armure qui se tenait devant elle.
Ces yeux d'un bleu glacial, dépourvus de chaleur… Cet air condescendant…
Lorsqu'il leva la main, Lowen sentit une bouffée de panique qui la fit se réveiller.
« Est-ce que ça va ? » demanda Sephiroth, assis à côté d'elle.
Surprise, Lowen mit quelques secondes à reconnaître l'habitacle où elle se trouvait avec les garçons et les Soldats.
Il faisait jour, les nuages laissaient passer la lumière du soleil à travers les vitres.
« Oui, je… Un mauvais rêve, c'est tout. »
« Au moins, t'as réussi à dormir, toi… » maugréa Loz, toujours nauséeux.
Lowen lui offrit un sourire compatissant, puis réfléchit à son cauchemar. Elle trouvait bizarre d'avoir rêvé de son passé à Mirkwood après si longtemps. Elle avait fini par ne plus beaucoup y penser, tant elle était prise par sa vie normale et paisible sur Gaïa.
Elle avait poursuivi ses études sans problème, réussi à s'intégrer parfaitement au club de théâtre et gardé la moyenne dans toutes les matières.
Pourquoi ce rêve ? Pourquoi maintenant ?
Soudain, elle sentit le mouvement de l'hélicoptère changer. L'appareil se mit à descendre.
Lorsqu'il fendit la couche de nuages, elle aperçut un groupe de maisons au milieu d'un océan de verdure.
Face à l'immense étendue d'herbe et les arbres qui parsemaient la région, Lowen étouffa un cri admiratif. Après deux années passées à Midgar, elle avait presque oublié à quoi ressemblait la vie en pleine nature.
L'hélicoptère se posa aux abords de la ville. Tandis que Sephiroth discutait avec le pilote et que ses amis déchargeaient les valises, Lowen lâcha la sienne pour s'approcher d'un arbre.
Il avait une forme bizarre. Bien que pourvu d'écorce et de feuilles, il était courbé de telle sorte que le tronc formait une arche et son feuillage touchait le sol.
Elle rejoignit le plus proche et posa la main sur son tronc. En sentant la vie qui palpitait en lui, un sourire fleurit sur ses lèvres. Cela lui rappelait ses leçons avec Radagast, qui lui avait appris à s'ouvrir aux plantes et aux animaux.
« Terre ! Enfin, la terre chérie ! » s'écria Loz en tombant de tout son long par terre.
« Pfffft, tu exagères ! » se moqua Kadaj.
Une fois l'hélicoptère parti, Angeal et Genesis menèrent tout le monde vers l'auberge de la ville.
Les maisons de Banora étaient à colombage, avec des murs blancs et des poutres brunes.
L'intérieur de l'auberge était pittoresque : des murs et des meubles en bois sombre, des tapis colorés couvrant le sol et des lampes à abat-jour en verre couleur émeraude. Cet endroit plaisait à Lowen, cela lui rappelait les petites villes en pleine campagne, sur Terre.
« Bien le bonjour, messieurs ! C'est un honneur de recevoir des héros de la Shinra… Une minute ! Angeal et Genesis ? Waouh, vous êtes devenus des Premières Classes ? » dit l'aubergiste, une femme rousse d'une cinquantaine d'années.
Les deux derniers répondirent par un hochement de tête, mais leur sourire trahissait leur amusement face à la réaction de l'aubergiste.
« On a réservé pour nos amis, Sonja », dit Angeal.
« Oh oui ! Monsieur Sephiroth et les enfants. »
Lowen fit la grimace. Dit comme ça, on aurait cru qu'elle était vraiment de la même famille que lui. Quand il était devenu son tuteur, Sephiroth l'avait prévenue : il était une star aux yeux des gens et elle risquait d'en faire les frais, comme les garçons. Des magazines et des journaux avaient beaucoup écrit à leur sujet. On avait beaucoup débattu au sujet du statut de fille adoptive de Lowen. Certains avaient émis l'hypothèse qu'elle était le fruit d'une liaison secrète entre le Soldat et une inconnue, que peut-être les garçons n'étaient pas les frères de Sephiroth, mais aussi ses fils.
« Voici les clefs de vos chambres. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à nous le demander », dit l'aubergiste.
En voyant la femme tendre deux clefs vers les enfants, Kadaj écarquilla les yeux.
« On a une chambre à nous ? »
« Une pour les garçons, une autre pour la fille », confirma Sonja.
Excité, Kadaj saisit la clef et courut vers l'escalier. Loz se dépêcha de le suivre, tandis que Yazoo monta tranquillement les marches.
Lowen remercia la femme en prenant sa clef. Cette dernière lui offrit un sourire rayonnant, apparemment flattée qu'elle lui adresse la parole.
Une heure plus tard, Lowen quitta l'auberge avec l'intention de visiter Banora. Sephiroth avait dit aux enfants qu'ils pouvaient sortir sans la surveillance d'un adulte, mais qu'ils ne devaient surtout pas quitter la zone habitée, car les monstres pullulaient en pleine nature.
L'enfant regarda autour d'elle avec ravissement. On était à la fin du mois d'octobre, les gens préparaient la Récole d'Automne.
Des citrouilles grimaçantes jalonnaient les rues, certaines placées à l'entrée des maisons, d'autres au pied des arbres. Des gens montés sur des escabeaux s'occupaient d'attacher des guirlandes lumineuses et des lampions dans les rues.
On se croirait à une fête d'Halloween, pensa Lowen avec nostalgie.
Comme à chaque fois qu'elle était triste, elle porta la main à son collier, qui ne l'avait jamais quitté. Même si elle s'était faite à l'idée de ne jamais revoir la Terre, le souvenir de sa famille humaine n'avait jamais quitté son esprit.
« Alors, prête à faire la fête ? »
Lowen se tourna vers la source de cette voix et vit qu'il s'agissait de Genesis.
Elle se rappela ce qu'elle avait appris sur cette fête, qu'on appelait aussi le Festival des Citrouilles.
Elle servait à se préparer pour l'arrivée de l'Armée des Ténèbres, qui annonçait la venue de l'hiver. L'Armée venait tuer des gens, aussi la population se déguisait en monstres pour tromper les vraies créatures.
Mais cela faisait des années qu'on n'avait pas vu cette Armée. La fête était devenue une tradition basée sur de vieilles légendes.
« Vous comptez vous déguiser, toi et les garçons ? » demanda le Soldat.
Lowen fit la moue.
« Non, on n'a pas pris de costume. Et toi ? Tu vas te déguiser ? »
« Non. »
Face au ton sec de sa réponse, Lowen fut inquiète. Il semblait sur les nerfs depuis leur arrivée. Il n'avait pas été enchanté déjà, il y a une semaine, quand Angeal avait proposé qu'ils viennent tous passer leurs vacances ici. Mais Lowen et les garçons avaient paru si enthousiastes à l'idée de passer du temps à la campagne qu'il avait cédé.
« Tu veux jouer avec moi, avant le dîner ? » proposa Lowen.
« Jouer à quoi ? »
« Cache-cache, en dehors de la ville ? »
L'idée de s'éloigner des maisons parut plaire au Soldat, qui accepta de la conduire au verger.
« Bon, je veux bien jouer avec toi, mais c'est toi qui commences à compter », dit le Soldat.
« Ça marche », dit Lowen.
Elle s'approcha d'un arbre et enfouit son visage dans ses bras.
« Un… deux… trois… »
Profitant de son entraînement de Soldat, Genesis s'éloigna sans un bruit et grimpa dans un arbre. Là, perché sur une branche, il sauta pour rejoindre un autre arbre, plus éloigné. Il doutait que Lowen ait appris à pister quelqu'un, mais même si elle parvenait à suivre ses traces, elle ne trouverait pas l'arbre puisqu'il s'était déplacé en sautant. Cela rendrait le jeu plus amusant.
De toute façon, il ne portait pas son uniforme de soldat, mais un jean noir et une chemise rouge, ce qui le rendait encore repérable.
Enfin, Lowen cessa de compter. Il la regarda fouiller derrière les buissons et les arbres. Il crut qu'elle allait abandonner, quand il fut surpris de la voir coller son oreille à un tronc, puis un autre, comme si elle écoutait quelque chose. Il la regarda répéter son manège jusqu'à s'arrêter sous son arbre. Elle leva les yeux vers lui et sourit.
« Trouvé ! »
Genesis sauta de l'arbre et la regarda avec curiosité.
« Comment tu as su ? Je ne t'ai pas vue examiner les arbres avant de me repérer. »
L'enfant parut gênée. Elle regarda autour d'elle avec embarras, quand une voix les héla tous les deux.
« Genesis ! Lowen ! Où êtes-vous ? »
Ils se tournèrent vers Angeal et Yazoo qui s'approchaient d'eux.
« Que faites-vous là ? » demanda Angeal.
« On jouait », dit Lowen.
Gênée par ce qui venait de se passer, elle courut pour rejoindre l'auberge, mais Yazoo la rattrapa.
« Ça va ? T'as l'air gênée », dit le garçon.
« … Je crois que j'ai fait une bêtise. »
Elle lui raconta la partie de cache-cache. Lorsqu'elle eut fini, Yazoo écarquilla les yeux.
« Faut pas faire ça ! Imagine qu'il en parle à quelqu'un qui le répète à un employé de la Shinra ? Si Hojo l'apprend… »
« Oui, je sais ! » soupira Lowen.
Elle s'en voulait déjà suffisamment sans qu'il en rajoute. Quelle idiote ! Elle avait utilisé ses pouvoirs sans réfléchir.
Quelle idiote !
Pourtant, depuis qu'elle était rentrée en contact avec la nature, elle se sentait différente. C'était comme si, en vivant à Midgar, un de ses organes s'était atrophié. Mais à peine arrivée, il avait retrouvé toute sa vitalité et l'obligeait à se réadapter à ce changement.
Elle porta la main à son collier, mais n'en tira aucun réconfort. Être ici lui rappelait des choses qu'elle avait aimées à Mirkwood : le chant des oiseaux dans les jardins des Elfes, le parfum des fleurs, le chant des ruisseaux et des cascades…
En arrivant à Midgar, elle avait fait des efforts pour s'adapter à cette nouvelle vie. Petit à petit, elle avait oublié cette part magique et végétale en elle. Mais voilà qu'ici, tout lui revenait en pleine figure.
Une fois dans sa chambre, elle alla prendre une douche. Une fois propre, elle enfila une robe chaude et des bottines, puis elle alla à la fenêtre.
Elle regarda les gens qui allaient et venaient dehors, déguisés en monstres. Il y avait de tout : des épouvantails avec une tête de citrouille, des gens vêtus de noir avec des cornes de démon sur la tête, d'autres vêtus de longues capes…
Elle n'eut guère envie de sortir. Et si jamais elle faisait à nouveau quelque chose de bizarre et gâchait le festival de ses amis ?
Non, mieux valait rester ici… Ou bien sortir déguisée ? Ainsi, même si elle commettait une bourde, personne ne pourrait l'identifier. Sauf qu'elle n'avait pas de déguisement.
Mais si elle restait à l'intérieur, les autres trouveraient bizarre qu'elle les délaisse. Et si jamais Genesis reparlait de la partie de cache-cache… Non, mieux valait agir aussi normalement que possible.
Décidée, elle enfila un manteau, sortit de l'auberge et se mêla à la foule. Elle fut heureuse de voir que certaines personnes étaient déguisées, mais d'autres non.
Elle cherchait ses amis des yeux, quand une délicieuse odeur de soupe au potiron lui parvint. Elle réalisa qu'elle n'avait rien mangé depuis plusieurs heures.
Elle se dirigea donc vers une table où des gens servaient des bols de soupe. Elle vit ses frères, qui faisaient la queue. Elle les rejoignit et attendit avec eux.
« Pourquoi c'est si long ? J'ai faim ! » geignit Loz.
« Attends ton tour, faut être poli », dit Yazoo.
Kadaj se tourna vers Lowen et parut inquiet.
« Yazoo nous a raconté. C'est vrai que Genesis t'a vu parler aux arbres ? »
« Non, je ne leur ai pas parlé, j'ai juste écouté. »
Le garçon fit la moue.
« Vaudrait mieux que tu ne sortes pas seule, à l'avenir. »
Lowen voulut protester, quand quelqu'un la bouscula.
« Eh ! » dit Kadaj à l'impoli, qui s'éloignait sans s'excuser.
Il s'arrêta au son de sa voix et se tourna vers les enfants. En voyant son visage maigre et ses traits tirés, ils eurent un geste de recul. Que lui arrivait-il ? Cet homme semblait en proie à un terrible désespoir.
Lowen baissa les yeux et vit qu'il saignait aux bras. Lorsqu'il leur tourna le dos, elle vit avec horreur qu'il s'était taillé les veines.
Paralysée par la surprise et la peur, elle le regarda tomber par terre. Des gens s'approchèrent aussitôt pour lui venir en aide, quand ils reculèrent face à une étrange créature.
Lowen n'en avait jamais vu de telle. On aurait dit une citrouille dotée de tentacules violets. La créature les agitait comme des ailes, ce qui lui permettait de voler.
Elle s'arrêta devant le malheureux, puis planta ses tentacules dans ses plaies, pour aspirer son sang.
Aussitôt, un mouvement de panique prit la foule. Tout le monde se mit à courir dans tous les sens.
Kadaj saisit aussitôt Lowen par la main, tandis que ses deux autres frères se rapprochèrent. Ainsi regroupés, ils regardèrent les adultes courir autour d'eux, évitant de justesse des gens qui manquèrent de les bousculer, quand il y eut un éclat de lumière et un bruit de métal.
Les enfants se tournèrent vers la source du bruit et virent, avec soulagement, Sephiroth armé de Masamune. Le monstre gisait à ses pieds, coupé en deux.
En voyant cela, la foule se calma et cessa lentement son mouvement de panique.
Un mouvement de soulagement et d'allégresse se forma, tandis que les gens applaudissaient le héros de la Shinra.
Lowen et les garçons fendirent la foule pour le rejoindre. Ignorant les remerciements et les félicitations des habitants, Sephiroth leur fit signe de le suivre.
Tous les cinq se dirigèrent vers l'auberge, où Genesis et Angeal les attendaient. Ils avaient aussi pris leurs épées, dont la lame était tachée de sang de monstre.
Lowen comprit que le festival était annulé. À la place, la chasse aux monstres était ouverte.
