Je remercie Nemerof91 pour sa review au dernier chapitre.

Ceci est le dernier chapitre du mois de janvier. Ensuite, place à février.

Bonne future dégustation de crêpes à ceux qui fêtent la Chandeleur.

Et bonne lecture !

Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.


Chapitre 20 :

L'histoire de l'hôtel

Assis sur son lit de camp, la tête dans les mains, Sephiroth essayait de rester calme.

Immobile et silencieux, on aurait presque cru qu'il l'était, mais le léger tremblement dans ses mains trahissait son trouble.

Cela ne faisait qu'une semaine que la guerre avait commencé, et déjà les morts étaient nombreuses.

Beaucoup de soldats de Wutaï avaient ouvertement combattu les Soldats, débarqués sur leurs terres pour les revendiquer au nom de la Shinra.

Sephiroth avait été en première ligne et avait tué beaucoup de guerriers.

En une journée, le décompte indiquait déjà plus de deux cents morts. Et beaucoup avaient été abattus par sa lame.

Malgré le fait qu'il ait obéi aux ordres, il savait que ses hommes étaient mal à l'aise. Parce qu'il avait combattu avec une force et une rapidité phénoménales. Cela suscitait toujours autant l'admiration, mais aussi la peur dans tous ceux qui le voyaient se battre.

Et même si Sephiroth ne pouvait s'empêcher d'apprécier l'adrénaline du combat, il ressentait toujours un malaise après coup. Bien sûr, s'il ne s'était pas battu, les Wutaïens l'auraient tué. Sans oublier ses hommes, qui seraient tombés avec lui ! Mais cette guerre ne le concernait pas, c'était juste un conflit généré par la Shinra au nom du profit !

Mais le pire avait été les jours suivants. Les Wutaïens avaient compris qu'une attaque frontale ne donnerait rien, aussi étaient-ils passés en mode furtif en déployant des ninjas.

Des éclaireurs avaient repéré une des cachettes où les guerriers s'étaient repliés.

Sephiroth et quelques hommes s'étaient rendus là-bas discrètement. Ils s'étaient séparés pour couvrir toutes les issues.

Sephiroth en avait pris une qui menait à un entrepôt, où se trouvaient les armes, les vivres et les matérias. Quelle n'avait pas été sa surprise en tombant sur une femme. Elle n'avait pas le bandeau des ninjas, et rien qu'à son attitude effrayée et son absence d'armes, il avait compris qu'elle ne savait pas se battre. Pourquoi les Wutaïens autorisaient-ils des civils dans des endroits dangereux, bon sang ?!

Il avait eu l'intention d'endormir la femme avec une matéria Sommeil pour l'empêcher de crier l'alerte, quand un petit garçon avait surgi de derrière une pile de caisses et supplié Sephiroth de ne pas tuer sa mère.

Cela lui avait alors rappelé Lowen et ses frères, lorsqu'ils étaient enfants. Et une phrase qu'Angeal lui avait dite, à l'époque où il commençait à les garder : « Si tu t'engages envers eux, tu devras redoubler de vigilance à chaque mission. Si tu ne rentres pas, qui pourra veiller sur eux ? »

Et en voyant la mère implorer son enfant de fuir, de ne pas rester là, il se sentit encore plus mal. Cet instinct de protection ne lui rappelait que trop celui qu'il éprouvait pour sa famille. Non, pas question qu'il fasse ça.

Il avait alors baissé son arme et ordonné aux deux Wutaïens de fuir sans prévenir personne.

La femme et l'enfant avaient paru surpris, mais soulagés. Il les avait laissés partir, puis avait progressé dans l'entrepôt jusqu'à tomber sur de vrais guerriers avec qui il avait dû se battre.

Sauf qu'une fois le QG pris, lorsqu'on avait ramené tous les corps pour faire le compte, il avait eu la mauvaise surprise de voir un fantassin ramener ceux de la femme et l'enfant. Apparemment, cet homme n'avait pas fait preuve d'autant de clémence que lui et avait tiré dès qu'il les avait vus sortir en courant de l'entrepôt.

Sephiroth n'avait pas réagi, mais intérieurement, il s'était imaginé tuer le fantassin pour le punir. Sauf que cela n'aurait fait qu'une mort inutile de plus.

Néanmoins, lorsque tout le monde avait déserté la pièce, il s'était approché des corps et avait joint la main de la mère à celle de son enfant.

En plus, il n'y avait pas qu'eux ! Combien de ces Wutaïens avaient des parents, des frères et sœurs, des enfants qui ne les verraient jamais revenir ?

Tous ces morts, ces familles détruites… Et tout ça pour que la Shinra s'en mette plein les poches avec la mako !

Lowen lui avait déjà confié à plusieurs reprises qu'elle trouvait la politique de la compagnie mauvaise, pratiquement tyrannique à bien des égards. Elle n'avait jamais été jusqu'à valider les actes de groupes anti-Shinra tels qu'Avalanche. De son point de vue, ils ne valaient pas vraiment mieux que la Shinra, car la destruction des réacteurs et les multiples attentats à la bombe faisaient aussi des victimes, que ce soit à Midgar ou dans les autres villes.

Au fond, ce conflit ne profitait à personne, sauf aux grands dirigeants tels que le Président, Scarlett… et même Hojo, qui adorait tester ces nouveaux monstres sur le terrain, en observant de loin avec des caméras.

Oui, cette guerre était vraiment insensée.

Dépité, Sephiroth sortit son téléphone et retira le mode silencieux. Il vit qu'il avait reçu un message de Lowen. Elle lui disait qu'ils étaient arrivés à Costa Del Sol et avaient rejoint l'hôtel.

Elle avait joint une photo où elle lui souriait en compagnie de ses frères et ses amies, Jessie et Iruka. En voyant les six jeunes gens dessus bras dessous, qui prenaient la pose face à l'entrée de l'hôtel, il sourit.

Cette photo était un rayon de soleil dans une sombre tempête qui durait depuis plus d'une semaine.

Au moins, vous êtes en sécurité, là-bas… avec vos amies.

Il essaya de se consoler en pensant au fait que lui-même n'était pas seul. Il avait Angeal et Genesis pour l'épauler.

Justement, il avait reçu un message d'Angeal, qui indiquait qu'ils avaient vu le reste des troupes wutaïennes se replier beaucoup plus loin au nord. Trop loin pour que des Soldats les rejoignent à pied. Du coup, la Shinra avait dépêché de nombreuses machines de Scarlett pour partir devant et « faire le ménage ».

Bien que rassuré à l'idée de ne pas avoir à se salir davantage les mains ni essuyer d'autres pertes, cela assombrit son humeur.

Quelque chose lui disait que cette guerre allait durer un moment.

XxXxXxXxXxXxXxXxX

Assise à l'ombre d'un palmier, face à la mer, Lowen regardait les vagues descendre et remonter au loin.

Cet endroit était si beau et paisible… Pourtant, elle s'inquiétait. Sephiroth avait beau être fort et doué au combat, elle se doutait que la guerre était une épreuve pénible.

Elle-même, lorsqu'elle était en Terre du Milieu, en avait eu un avant-goût. Elle avait échappé de peu à des araignées et des Orques dans la forêt de Mirkwood. Sans l'aide de Glorfindel et Talion…

Penser à eux raviva une vague de nostalgie dont elle avait presque oublié l'existence. La jeune fille ouvrit son sac de plage et en sortit son carnet de croquis.

Elle fit tourner les pages, regardant les dessins qu'elle avait faits de Legolas, Faelwen, Talion, Celebrimbor, Glorfindel et Galadriel.

Ces personnes n'étaient peut-être que de lointains souvenirs, mais elles avaient marqué son enfance. Parfois, elle aurait aimé les revoir, pour leur montrer combien elle avait changé.

« Toujours en train de songer au passé ? »

Avec un sursaut de panique, Lowen referma le carnet et se tourna vers celle qui avait parlé. Jessie était penchée au-dessus de son épaule.

« Tu m'as fait peur ! » s'écria Lowen.

« Désolée, je ne l'ai pas fait exprès. Tu étais plongée dans tes dessins… Tu pensais à ces gens, pas vrai ? »

« Je… De quoi tu parles ? » balbutia Lowen.

Loin de paraître vexée, Jessie eut un sourire malicieux et s'assit près d'elle

« Ce n'est pas la première fois que je te vois regarder ces portraits avec l'air triste. Ils ont l'air de compter pour toi. Tu ne nous as jamais parlé en détail de ton enfance, avant ton arrivée à Midgar. Mais ça semble toujours te rendre triste… comme une blessure qui ne s'est jamais vraiment refermée. Iruka et moi l'avons vite compris. »

À mesure que son amie parlait, Lowen sentit sa culpabilité croître. Quelle idiote elle était ! Comment avait-elle seulement imaginé que ses meilleures amies ne verraient rien ?

Quelle piètre amie je fais !

« Je suis désolée », dit la jeune fille, à court de mots.

Jessie haussa les épaules.

« T'inquiète, on a tous nos démons du passé à affronter. Chacun le fait à son rythme. »

Lowen fit la moue. Si Jessie connaissait son âge véritable, elle la jugerait peut-être un peu trop lente.

Yazoo les rejoignit, son téléphone à la main. Apparemment, il avait été faire un tour de son côté pour prendre quelques photos.

Des cris en provenance de la mer leur parvinrent. Les trois amis se tournèrent vers les vagues et virent Iruka, Loz et Kadaj en sortir. Tous en maillot de bain, ils se dirigèrent vers les serviettes étalées sur le sable près de Lowen.

« Vous ne venez pas vous baigner ? Elle est bonne », dit Iruka.

« Pas aujourd'hui, merci », dit Yazoo.

« Et si on allait manger une glace ? » embraya Loz.

« Bonne idée ! » s'écria Jessie.

Soulagée de changer de sujet, Lowen se leva et suivit ses amies et ses frères vers un chariot ambulant qui proposait des cônes et des sorbets.

Plus tard, tout en savourant leurs glaces, les jeunes gens quittèrent la plage pour rejoindre l'hôtel. Là, une réceptionniste les informa que le spa était libre, si jamais ils voulaient en profiter.

« Oh, quelle bonne idée ! Je vais me faire un petit massage », dit Jessie. « Vous venez ? »

« Pas moi, je monte me doucher », dit Kadaj.

« Pareil pour moi », dit Loz.

« Lowen, si on se faisait un spa entre filles ? » suggéra Iruka.

« Bonne idée ! Mais partez devant », dit Lowen. « J'aimerais poser mon sac dans la chambre, avant. »

« Compris ! On se retrouve au spa », dit son amie avant de s'éloigner.

Lowen et les garçons prirent l'ascenseur pour rejoindre leur suite. Là, tandis que les garçons se dirigeaient vers leur chambre, elle posa son sac sur son lit, puis elle franchit la porte pour rejoindre le salon… quand elle se retrouva dans un endroit vide. Il y avait de la lumière autour d'elle, mais au-delà du cercle lumineux qui l'entourait, tout était sombre.

Inquiète, elle resta sans bouger. Que lui arrivait-il ?

Soudain, il lui sembla entendre une voix.

« Lowen… »

L'interpellée sentit les battements de son cœur s'accélérer. Elle connaissait bien cette voix, c'était celle de Sauron ! Les poings serrés, elle fit quelques pas en avant et vit le décor changer.

Elle se trouvait à présent dans sa chambre, à Mirkwood. Elle reconnut sans mal la grande pièce, avec son lit niché dans une alcôve taillée en forme d'arbre. Les branches se déployaient sur les murs, avec devant chacune d'elles une étagère où étaient placés soit un livre, un jouet ou un vase rempli de fleurs.

Et sur le lit se trouvait elle-même, quand elle avait sept ans. Elle pleurait, roulée en boule au milieu des coussins, la tête cachée sous l'un d'eux pour dissimuler ses larmes à Faelwen.

L'Elfe se tenait à son chevet avec l'air inquiet.

« Que t'arrive-t-il, penneth ? Pourquoi es-tu si triste ? » demanda la jeune femme d'une voix douce.

« Snif ! Rien… »

Lowen reconnut la tenue qu'elle portait : ce pantalon vert sapin et cette chemise blanche toute poussiéreuse… C'était sa tenue d'entraînement. Elle revenait d'une séance avec Tangadion.

La jeune fille se souvint de l'état dans lequel elle revenait après chaque journée de « formation » : blessée physiquement, mais aussi mentalement. Comme si tous les coups qu'elle avait reçus, les moqueries et les injustices, pouvaient la faire craquer à chaque instant.

Soudain, la voix douce et mélodieuse de Faelwen s'éleva.

« My everlasting heart's delight,

You are the fairest girl of the land,

The brightest star in the darkest night.

You'll be alright, my darling… »

Cette berceuse… Lowen l'avait pratiquement oubliée ! Faelwen la lui chantait quand elle allait vraiment mal. D'habitude, l'Elfe lui récitait des chants en sindarin, mais parfois, elle usait de cette berceuse qui, selon ses dires, était un chant du Rohan. Elle l'avait appris lors d'un de ses rares voyages, lorsqu'elle était encore en formation pour devenir une vraie guérisseuse.

Selon elle, il était important que Lowen sache des choses sur les Hommes. À l'époque, elle pensait que l'Elfe voulait juste lui apprendre des choses sur son véritable peuple. Sauf qu'elle n'était pas humaine. Elle ne l'avait jamais été, elle était une créature à moitié végétale ! Le peuple de Mirkwood le lui avait toujours caché.

Pourquoi m'avoir caché tout ça, Faelwen ? Tu étais presque une mère, pour moi ! Alors pourquoi tous ces secrets et ces mensonges… ?

La jeune fille voulut s'approcher de l'Elfe, mais à peine eut-elle fait un pas que la chambre et ses occupants s'évanouirent.

De nouveau seule dans ce vide angoissant, Lowen se frictionna les bras. Elle en avait assez ! Quoi qu'il se passe, elle ne voulait plus endurer cette épreuve.

« Hého ? Y'a quelqu'un ? Galadriel… ? »

Mais rien ni personne ne lui répondit. Lowen agrippa son collier et fit un nouveau pas, qui la fit passer dans un tout nouveau décor.

Elle se trouvait à présent dans une vaste prairie, sous un splendide clair de lune.

Des tables et des bancs avaient été installés, sur lesquels étaient assises de nombreuses personnes. Toutes avaient les cheveux bouclés et des oreilles pointues, mais leur visage présentait des rondeurs qui les distinguaient des Elfes. Certains étaient vraiment gros, d'autres biens gras. Et tous avaient les pieds poilus.

Tous observaient un vieux monsieur, petit et frisé comme eux, avec des pieds tout aussi poilus. Il se tenait perché sur un tonneau et citait des noms de famille : Sacquet, Boffin, Touque, Brandebouc et d'autres encore plus bizarres… À chaque nom, les applaudissements de la foule retentissaient et des cris de joie s'élevaient.

« Eh bien, aujourd'hui est le jour de mon 111e anniversaire… »

« JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » cria la foule.

Cent onze ans ? Lowen ignorait qu'il existait d'autres peuples dotés d'une telle longévité, en dehors des Nains. Faelwen avait laissé entendre une fois qu'ils pouvaient vivre plus de deux cents ans, mais elle ne s'était jamais attardée sur le sujet puisqu'elle n'aimait pas ce peuple.

« Mais hélas, 111 ans, ce fut un temps trop court passé en compagnie de si excellents et admirables Hobbits. Je ne connais pas la moitié d'entre vous aussi bien que je le voudrais et j'aime moins de la moitié de vous à moitié moins que vous ne le méritez. »

En entendant cela, un silence confus et méfiant parcourut la foule.

« Je… J'ai des choses à faire… » reprit le vieil homme.

Malgré la distance, la jeune fille le vit plonger discrètement la main dans la poche de sa veste et en sortir quelque chose qu'il glissa dans son dos.

« Je les ai mises trop longtemps de côté ! J'ai le regret de vous annoncer que c'est la fin. Je m'en vais. Je vous dis adieu du fond du cœur… Au revoir ! »

Et sur ces mots, il disparut. Une vague de cris surpris et choqués s'éleva, tandis que tous contemplaient l'espace où s'était trouvé le vieil homme.

Lowen était tout aussi surprise qu'eux, mais plus encore lorsqu'elle vit le décor changer. La clairière et la foule étaient toujours là, mais un brouillard glacial semblait s'être abattu sur eux.

Pourtant, personne ne semblait l'avoir remarqué. Tout le monde scandait le nom du disparu : Bilbon.

Lowen réalisa que l'objet de leurs recherches n'avait pas complètement disparu. Enveloppé d'un manteau de brume, il quitta la clairière pour rejoindre une colline.

La jeune fille le suivit, intriguée par la lumière à sa main. Elle courut pour le rejoindre et vit qu'il portait au doigt un anneau qui semblait flamboyer.

Soudain, la jeune fille se tendit. L'air semblait plus lourd. Elle eut la sensation très nette que quelqu'un l'observait.

Elle se retourna et vit une lumière rougeoyante qui se rapprochait à toute vitesse. C'était comme si ce Bilbon attirait le regard de cette sombre entité…

Lowen porta la main à son collier en gémissant. Elle reconnaissait parfaitement la puissance oppressante de celui qui approchait : Sauron.

Avec un cri de panique, elle bascula en arrière… et atterrit sur le canapé du salon, dans la suite de Costa del Sol.

Stupéfaite, elle cligna des yeux. Après ces quelques instants passés dans le brouillard et l'obscurité, la luminosité de la suite lui parut aveuglante.

Que venait-il de se passer ? Pourquoi avait-elle vu tout ça ? Qui était ce drôle de petit monsieur ? Et cet anneau à son doigt… Elle avait ressenti quelque chose de bizarre dès qu'il l'avait mis. Un peu comme si elle pouvait sentir l'humeur de Bilbon, mais aussi le fait qu'il était fier de l'effet qu'il avait eu sur les gens présents à sa fête d'anniversaire. Mais plus encore, elle avait senti que Sauron aussi avait conscience de ce petit homme et qu'il était fort intéressé par lui.

Mais pourquoi ? Qu'est-ce que ce Bilbon a de si intéressant ? Et POURQUOI j'ai vu ça, bon sang ?!

Elle n'aimait pas ça. Depuis son arrivée à l'hôtel, quelque chose semblait s'être déclenché. Et si Iruka avait raison ? Des fantômes hantaient-ils cet endroit ? Sauron avait-il contacté les revenants pour tenter de l'atteindre, encore une fois ?

Oh non, elle ne voulait plus revivre ça ! Et elle ne pouvait pas en parler à Sephiroth, il avait bien assez de problèmes avec la guerre au Wutaï ! Quant à ses frères, ils passaient de super vacances. Elle avait failli tout gâcher avec son examen de combat à Midgar. Elle n'allait pas leur parler de Sauron et risquer de noyer les vacances.

Bon, surtout… ne pas paniquer !

Elle se leva et retourna dans sa chambre pour récupérer son sabre. Sitôt dans ses mains, elle se sentit un peu mieux.

Ensuite, elle réfléchit. Si jamais elle avait de nouveau une vision en présence de ses amis, que se passerait-il ? Si jamais elle affichait un comportement bizarre en leur présence…

Elle ignorait quoi faire, mais une chose était sûre : elle n'allait pas lâcher son sabre pendant le reste des vacances.

Aussi, quand elle rejoignit les filles au spa, ces dernières furent étonnées de la voir avec son arme dans son dos.

Lowen le posa quand même dans un casier, avant de s'installer à une table pour recevoir un massage, comme ses amies.

Le reste de la journée s'écoula sans que rien d'anormal ne survienne.

Le soir, après le dîner, filles et garçons se rendirent sur la plage pour admirer le coucher de soleil.

Iruka guida ses amis jusqu'à une dune où du bois avait été préparé pour faire un feu. Des rochers avaient été placés autour, ainsi qu'un cageot comportant des sacs de marshmallows et des tiges en métal sur lesquelles les embrocher.

Lowen profita de la matéria Feu glissée dans le manche de son sabre pour allumer le feu, puis tous s'assirent autour et commencèrent à griller des marshmallows.

« Mmmmm… C'est trop bon ! » dit Jessie en se léchant les doigts.

« Des vacances entre nous, sans adulte pour nous encadrer. Le pied ! » dit Kadaj.

« Ouais ! Rien à voir avec notre première escapade au cimetière des trains, à Midgar », dit Iruka. « Vous vous rappelez cette époque ? On se connaissait à peine ! Qui aurait cru qu'on allait devenir les meilleurs amis du monde ? »

« C'est clair ! » dit Lowen.

Iruka eut un sourire malicieux.

« Vous vous rappelez les histoires qu'on se racontait ? Et si on faisait pareil ? Des histoires effrayantes ! »

« Oh non, pitié, pas à Costa del Sol ! On est là pour bronzer et se relaxer, pas pour flipper ! Non, je propose plutôt qu'on parle affaires de cœur », dit Jessie.

Kadaj fit la moue.

« Je vois pas ce qu'on pourrait dire sur le sujet. »

« Oh oui, bien sûr, toi, tu n'as aucun problème, Don Juan ! » ironisa Yazoo.

« Eh ! J'y peux rien si je suis né avec un physique de tombeur », ricana son frère.

Iruka fit la moue.

« Personnellement, si je suis venue ici, c'est aussi pour oublier que j'ai rompu avec ce pauvre naze d'Adrien. »

Adrien était un garçon de leur classe, un beau brun qui avait trompé Iruka en sortant avec une autre fille en dehors de l'école.

Jessie prit l'air gêné.

« Oh, j'avais oublié ! Tu sais, ce type était nul. Nous l'avons compris au premier regard. »

« Et on lui a bien fait comprendre que s'il t'embêtait, il aurait affaire à nous », dit Loz en tendant le poing.

« Ouais, et puis t'es trop bien pour lui », enchaîna Lowen. « T'inquiète, je suis sûre que tu trouveras quelqu'un de bien, un jour. Qui sait ? Peut-être que ton âme sœur se trouve à Costa del Sol ! »

« Mouais… Pour l'instant, je préfère oublier les garçons et profiter de notre séjour. »

« Et toi, Lowen ? » enchaîna Jessie.

« Moi ? »

« Iruka et moi sommes déjà sorties avec un garçon, mais toi, tu n'as toujours pas eu le moindre flirt ? »

Lowen se crispa, tout comme ses frères. Les garçons étaient un sujet délicat pour elle. D'une part, il y avait les demandes pressantes des fils de familles influentes. Et les rares fois où un garçon de son école lui avait demandé si elle voulait bien sortir avec lui, la nouvelle avait vite remonté jusqu'aux oreilles de Sephiroth et ses frères. À chaque fois, Sephiroth avait demandé à Reeve des renseignements sur son passé. Lorsque Lowen avait appris ce qu'il faisait, cela l'avait profondément agacée.

Mais en plus, il y avait un autre souci : ses souvenirs de vie antérieure. Dans son ancienne vie, elle avait été un rat de bibliothèque, elle ne s'intéressait pas aux garçons. Tout l'opposé de Tina, qui adorait papillonner d'un garçon à l'autre. De toute façon, aux yeux de son entourage, Lowen paraissait trop sérieuse. Elle n'avait jamais craqué pour un garçon dans cette vie-ci. Ils lui apparaissaient tous trop jeunes. Et puis, si jamais ça devenait sérieux entre elle et un garçon, elle devrait forcément lui confier des choses privées sur elle, comme le fait qu'elle n'avait pas de parents biologiques humains, qu'elle était née d'une fleur et qu'elle venait d'un autre monde.

« Lowen est trop bien pour qui que ce soit », dit Kadaj sur un ton sec.

« Euh, Kadaj, merci, mais je crois que ta sœur peut décider seule si elle veut sortir avec quelqu'un », dit Iruka.

« Pas question ! »

« Kadaj, calme-toi », intervint Yazoo.

« Vous êtes tous adorables », dit Lowen. « Mais pour moi, c'est compliqué. »

« Oh non, arrête ! L'amour, ce n'est jamais compliqué. Soit on aime quelqu'un, soit on ne l'aime pas », dit Jessie.

Lowen eut un sourire attendri. Ah, son amie avait une vision de la vie si simple et naïve, parfois !

Comment lui en vouloir ? Je ne lui ai jamais rien révélé sur moi.

« Ça va, Lowen ? » s'inquiéta Iruka.

« Hein ? Oui, bien sûr ! Je… Je m'endors, c'est tout. »

« Avec tout le sucre que t'as avalé ? Tu me surprends ! » dit Jessie.

« Au fait, Jessie, que devient ce garçon avec qui tu dois jouer ton rôle pour la pièce de Loveless, au Gold Saucer ? Il paraît qu'il est beau gosse », embraya Yazoo.

« Oh oui, un beau blond bien musclé », soupira Iruka sur un ton rêveur.

Jessie recula en espérant que l'obscurité ambiante suffirait à cacher ses joues rouges. En effet, l'acteur choisi pour interpréter le héros de Loveless était fort séduisant. Et à l'idée de jouer le rôle de la Déesse avec lui, elle se sentit encore plus embarrassée.

Face à sa réaction, ses amis échangèrent un regard, puis ils éclatèrent de rire.

« Grillée ! » dirent-ils en chœur.

Jessie leva les yeux au ciel, mais se garda de leur répondre.

Lorsqu'enfin le sac de marshmallows fut vide et le feu réduit à un tas de braises, les garçons le recouvrirent avec du sable, puis tous regagnèrent l'hôtel.

Lowen alla dans la salle de bains pour se mettre en pyjama et se laver les dents, quand elle sentit à nouveau un malaise la gagner.

Encore cette maudite présence qui gagnait en force ! Elle guetta le brouillard et les visions, mais rien ne vint.

Avec un soupir, elle se lava les dents. Tout en les brossant, elle jeta un coup d'œil à son sabre, posé sur le rebord de la baignoire.

Cette arme ne lui servirait sans doute à rien face aux visions, mais au moins ça la rassurait d'être armée.

Soudain, elle ressentit une douleur à la tête. Avec un gémissement, elle ouvrit le robinet pour s'asperger le visage, quand un détail dans le miroir l'arrêta.

Au lieu de contempler son reflet, elle vit un paysage qui évoquait une forêt en pleine nuit. Il y avait du brouillard, mais elle distinguait la silhouette des arbres dans le lointain.

Des formes se mouvaient au loin, se rapprochant d'elle peu à peu. Lowen distingua bientôt des cavaliers. Drapés de capes noires, montés sur des étalons sombres, ils galopaient à toute allure vers elle.

Soudain, un homme apparut. Coiffé d'un haut-de-forme, vêtu comme les gens à la fête de Bilbon, il tendit une lanterne devant lui.

« Qui va là ? » demanda-t-il.

Les cavaliers ne répondirent pas. Au contraire, ils forcèrent l'allure. Arrivé à son niveau, l'un d'eux dégaina son épée et lui coupa la tête.

Horrifiée, Lowen bondit en arrière. La vision s'effaça aussi sec.

« Eh ! Tout va bien ? » cria Iruka, derrière la porte.

« Euh… Oui, oui, c'est rien ! » balbutia Lowen.

Elle passa la main sur le miroir, mais rien ne se produisit. Il ne reflétait que la salle de bains et son visage affolé.

L'adolescente en eut assez. Pourquoi toutes ces visions et ces sensations bizarres ? Ça faisait trop de coïncidences en si peu de temps. Quelque chose allait bientôt se produire, elle le sentait. Mais quoi ?

Il fallait qu'elle prenne les devants, mais comment ?

Téléphoner à Sephiroth pour lui parler de ses visions ? Non, ça ne servirait à rien de l'embêter avec ça. Et puis, que pourrait-il faire ?

Elle fut tentée d'en parler à Yazoo. Peut-être avait-il des visons aussi ? Mais depuis leur visite à Banora quand ils étaient enfants, il n'avait plus eu la moindre crise ni réabordé le sujet.

Lowen paniquait. Allait-elle être victime d'une nouvelle tentative d'enlèvement ? Si tel était le cas, elle ferait mieux de laisser des traces, au cas où il lui arriverait quelque chose.

Déterminée, elle quitta la salle de bains et regagna sa chambre. Là, elle sortit du papier à lettres et un stylo de son sac, puis elle se mit à écrire.

Lorsqu'elle eut fini sa lettre, elle la glissa dans une enveloppe et nota simplement dessus : « Pour Sephiroth et les garçons ». Elle la glissa sous son oreiller, puis elle réfléchit. Que faire, maintenant ?

Tout le monde déjà. Jessie et Iruka étaient au lit. Elle entendait les ronflements de Loz à travers la porte de la chambre des garçons, ce qui signifiait qu'eux aussi s'étaient couchés. Elle finit par les imiter et se mit au lit.

Pourtant, allongée seule dans le noir, elle ne parvint pas à trouver le sommeil. Et si jamais d'autres visions venaient hanter ses rêves ?

Elle essaya de se détendre, de s'endormir… mais elle était trop stressée !

N'y tenant plus, elle quitta la chambre et traversa le salon pour gagner la terrasse.

Elle fut surprise de trouver Yazoo et Iruka sur le balcon, admirant l'océan au clair de lune.

« Tu ne dors pas ? » demanda Yazoo.

« Non », soupira Lowen.

« C'est cette histoire de garçons qui te préoccupe ? Tu sais, ce n'est pas grave ! Rien ne t'oblige à sortir avec quelqu'un pour l'instant », dit Iruka.

« Je sais, merci… En fait, j'aurais une question à te poser au sujet d'autre chose. »

« Oui, quoi ? »

« Pourquoi on dit que l'hôtel est hanté ? »

« J'ai cru que tu ne me le demanderais jamais ! On raconte que le maire de Costa del Sol, Kapono, aurait trempé dans des rituels obscurs pour qu'on ne vote que pour lui à chaque nouvelle élection. Et que pour ça, il aurait tenté de contacter les forces obscures. »

« Les forces obscures ? » répéta Yazoo.

« Oui ! Des gens qui séjournaient dans cet hôtel affirment avoir vu des choses étranges. Des ombres qui semblaient se mouvoir toutes seules, des images étranges dans les miroirs : des monstres grimaçants, un grand œil enflammé… »

Lowen écarquilla les yeux. Elle n'avait jamais entendu cette histoire ! Si elle avait su, elle aurait demandé à Sephiroth d'utiliser ses relations pour leur réserver des chambres au Costa del Sol Resort ! Était-ce pour cela qu'elle avait des visions ? Des traces de la magie de Sauron traînaient-elles encore dans cet hôtel ?

En voyant Yazoo la regarder avec l'air inquiet, elle comprit qu'il se posait les mêmes questions.

« On dit qu'il y aurait même eu un sacrifice humain », poursuivit Iruka. « La victime était dans sa chambre, en train de boire un cocktail, quand l'œil est sorti du miroir accroché au mur. Il l'a brûlée vive et a emprisonné son âme dans la glace », continua Iruka, inconsciente de l'effet qu'elle avait sur ses amis. « Et Kapono aurait gagné les faveurs d'un esprit mauvais, qui lui aurait accordé le pouvoir en échange de ce sacrifice. »

« Et ce… miroir, où est-il ? »

« Oh, on l'a jeté ! Qui voudrait garder un objet pareil, après ça ? »

Lowen fit la moue. N'avait-elle pas eu une vision en se regardant dans le miroir de la salle de bains ?

Mais Iruka affirmait qu'on s'était débarrassé de ce miroir. Ce qui serait plus logique. Personne ne voudrait d'un objet souillé de sang humain dans un hôtel ! Ce serait trop glauque.

Alors pourquoi est-ce que j'ai un mauvais pressentiment ?

En y réfléchissant, les visions avaient commencé à l'instant où elle était entrée dans cette suite.

Nerveuse, elle retourna dans la salle de bains. Elle dégaina son sabre et s'approcha lentement du miroir.

Elle tendit sa lame et tapota le verre avec son extrémité… mais rien ne se produisit.

Soudain, on frappa à la porte, ce qui la fit sursauter. Elle ouvrit et trouva Yazoo, qui la regardait avec inquiétude.

« Ça va, Lowen ? »

« Pas vraiment. L'histoire d'Iruka m'a filé les jetons. »

Son frère haussa un sourcil.

« C'est tout ? Tu n'as pas… vu quoi que ce soit de suspect depuis qu'on est ici ? »

Lowen lui rendit son regard méfiant.

« Non, et toi ? »

« Non », lui répondit le jeune homme, trop vite à son goût.

Lowen comprit qu'il mentait. Il avait sûrement eu des visions, lui aussi. Mais puisqu'il ne disait rien, elle ne dirait rien non plus.

Sans rien ajouter de plus, elle quitta la salle de bains.

Yazoo jeta un regard méfiant à la pièce, puis la referma avant de regagner sa chambre.

Personne ne vit, peu après la fermeture de la porte, la surface du miroir se recouvrir de brume. L'œil enflammé apparut à l'intérieur.

Il scanna la pièce de son faisceau rougeâtre, puis voyant qu'il n'y avait personne, il disparut, plongeant la pièce dans l'obscurité.