Je m'appelle Hermione Granger. Oui, je suis – j'étais – la meilleure amie d'Harry Potter et de Ron Weasley. Mais ils ne sont plus là... La guerre est finie, nous avons gagné, mais à quel prix ? J'ai tout perdu. Ma famille, mes amis… J'aurais voulu mourir avec eux, mais ils m'ont abandonnée. Je suis seule...

Revenez, je vous en supplie ! Revenez pour moi ! Je vous aime, je ne veux pas être seule !

Les larmes coulent sur mon visage. Le vent souffle, glacial. J'ai froid. J'ai mal. À travers le voile de mes pleurs, je distingue Fred, effondré sur le corps sans vie de Ron. Mais à quoi bon ? Plus rien n'a d'importance.

Je veux qu'ils reviennent. Je veux rire avec eux, comme avant. J'ai besoin d'eux.

Une main se pose doucement sur mon épaule. Je tourne la tête et croise le regard de Ginny. Elle pleure, elle aussi, mais parvient tout de même à me sourire.

— Hermione… nous avons gagné !

Je la fixe, incrédule, avant de murmurer d'une voix brisée :

— À quel prix, Ginny ? Ils ne sont plus là… J'ai tout perdu.

Derrière elle, une foule se rassemble. Des visages familiers et d'autres que je ne connais que de vue. Mais qu'importe ?

— Ils auraient voulu que tu te relèves et que tu continues à vivre, Hermione, murmure Ginny. Ils sont morts pour nous. Alors, lève-toi.

— Non, Ginny… Je n'en peux plus. Je n'ai plus la force. Je voulais gagner, mais pas sans eux. Je voulais qu'ils soient là, à mes côtés, qu'on fête ça ensemble… comme avant. Mais ils m'ont abandonnée… ILS M'ONT ABANDONNÉE ICI !

Ma voix se brise dans un hurlement déchirant.

— JE SUIS SEULE SANS EUX ! ILS DOIVENT REVENIR ! TU ENTENDS ? ILS DOIVENT REVENIR POUR MOI ! ILS N'AVAIENT PAS LE DROIT ! HORS DE QUESTION QU'ILS NE SOIENT PAS LÀ !

Ma magie crépite autour de moi, incontrôlable, dévorante. Fred attrape Ginny et la tire en arrière, les éloignant de moi. Je sens mes forces se décupler. Je vais les faire revenir.

Je me redresse lentement. Mes cheveux volent sous l'effet du vent, mes larmes continuent de couler, mais peu importe. Ils doivent revenir. Je lève les mains vers le ciel, prête à invoquer l'impossible.

— ARRÊTE, HERMIONE !

Fred hurle, désespéré.

— TU NE PEUX PAS FAIRE ÇA ! ON N'A PAS LE DROIT DE RAMENER LES MORTS ! ARRÊTE, TU VAS MOURIR, HERMIONE !

Autour de nous, les sorciers accourent, paniqués, même ceux que je ne connais pas. Je les balaie d'un geste, les repoussant sans effort.

Je récite l'incantation. Une mélodie me traverse l'esprit, s'impose à moi. Je me mets à chanter :

Suki dakara
Jaa mata ne te wo futta
Ushiro sugata anna ni mou…

Ma voix s'élève dans l'air chargé de magie. Ils doivent revenir.

Je vois tous les sorciers courir vers moi, même ceux que je ne connais pas. Mais je m'en fiche. D'un geste, je les envoie voler plus loin. Ils ne m'arrêteront pas.

Je récite l'incantation, et soudain, une chanson me vient en tête. Elle s'impose à moi, comme un écho lointain, une prière murmurée dans le vent. Je me mets à chanter :

Suki dakara
Jaa mata ne te wo futta
Ushiro sugata anna ni mou…

Ma voix s'élève, portée par la magie qui crépite autour de moi.

Ils doivent revenir.

Je sens mes forces vaciller, mon corps faiblir, mais je refuse d'abandonner. Je vais les ramener !

Autour de moi, les cris s'élèvent. Ils hurlent tous pour que j'arrête. Mais il en est hors de question.

— JAMAIS, VOUS M'ENTENDEZ ? JAMAIS JE NE VIVRAI SANS EUX !

Mon cri résonne dans la nuit, brisé par le désespoir.

— JE PRÉFÈRE MOURIR ICI, MAINTENANT ! JE LEUR INTERDIS DE ME LAISSER ! JAMAIS !

Soudain, un fracas assourdissant déchire l'air. Toute ma magie explose d'un coup. Une lumière aveuglante fend le ciel et s'abat sur le sol, enveloppant les corps inertes de Ron et Harry.

L'impact me projette violemment en arrière.

Je m'attends à heurter durement le sol, mais au dernier instant, des bras puissants m'attrapent. Son parfum m'est inconnu. Je lève la tête et croise le regard perçant d'un blond à l'aura sombre. Un vampire.

Avant que je puisse le remercier, un bruit me fait sursauter. Une toux rauque.

Je me fige. Mon cœur manque un battement.

Je me retourne brusquement et…

Harry et Ron.

VIVANTS.

Mon souffle se coupe. Mon esprit refuse d'y croire.

— H… Harry ? Ron ?

Leurs yeux parcourent la foule, déboussolés, avant de se poser sur moi.

Alors Harry me sourit. Ce sourire que j'aime tant.

Tout autour, les murmures enflent, incrédules :

— Impossible… Elle a réussi… Et elle n'est même pas morte ?!

Mais je ne les écoute pas.

Je cours.

— HARRY ! RON !

Je leur saute dessus, les larmes brouillant ma vision.

Leurs bras m'enveloppent, me serrent avec force.

Alors, pour la première fois depuis la fin de la guerre, je pleure. Vraiment.

Pas de tristesse. Mais de soulagement.

POV Hermione

— Chut, Hermione… On est là, calme-toi.

Harry resserre son étreinte autour de moi.

— On est désolés de t'avoir abandonnée… Mais on est revenus. Arrête de pleurer, s'il te plaît… Allez.

Ron pose une main sur ma joue et me sourit doucement.

— Allez, Hermione, fais-nous ce sourire qu'on aime tant.

Je lève les yeux vers eux, bouleversée. Un sourire.

C'est ce qu'ils veulent ?

Alors, malgré les larmes qui continuent de couler, je leur offre le plus beau sourire que j'ai jamais fait.

D'un coup, Fred nous saute dessus, entraînant Ginny avec lui. Nous nous retrouvons tous enlacés dans un amas de bras tremblants et de larmes silencieuses.

Nous restons ainsi un long moment.

Quand enfin l'émotion se calme, je m'écarte légèrement pour reprendre mon souffle.

Nous reprenons la route vers le château, avançant à travers les ruines et les cendres encore fumantes de la bataille.

Puis, soudain, une silhouette se dresse devant moi.

Madame Weasley.

Avant que je ne puisse prononcer un mot, sa main s'abat violemment sur ma joue.

Un coup sec, cinglant.

Je vacille sous l'impact, trop surprise pour réagir.

POV …

Je me redresse lentement.

Nous avons gagné.

Ma famille et moi sommes là pour les aider, et nous avons gagné.

Mais alors que je savoure cette victoire, un bruit attire mon attention.

Des sanglots.

Je me retourne et mon regard se pose sur elle.

Hermione.

Elle est magnifique. Oui, je l'admets, depuis mon arrivée ici, je suis tombé amoureux d'elle.

Elle est courageuse, forte, incroyablement fidèle à ses amis.

Mais en cet instant, elle n'est qu'un corps brisé par la douleur.

Elle parle à cette fille rousse, mais ses mots sont noyés dans les pleurs. Puis, soudain, elle se relève.

Et sa magie explose.

Un roux se précipite vers elle, hurlant, mais elle ne l'écoute pas. Elle est ailleurs.

Puis, elle se met à chanter.

Une voix envoûtante, hypnotique. Je reste figé.

Quand elle termine, une lumière dorée fend le ciel et s'abat sur les corps inertes de ses amis.

L'impact la projette violemment en arrière.

Sans réfléchir, je me précipite et la rattrape avant qu'elle ne touche le sol. Mon Dieu…

L'avoir dans mes bras est un pur bonheur. Elle relève la tête, ses grands yeux noisette plantés dans les miens. Elle ouvre la bouche, prête à parler, mais un bruit l'interrompt.

Une toux rauque.

Nous nous tournons en même temps. Et là…

Harry et Ron.

VIVANTS.

Elle a réussi.

Autour de nous, les murmures s'élèvent, abasourdis.

— Impossible… Elle a réussi… Et elle n'est même pas morte ?!

Mais elle ne les entend pas. Elle court.

Elle se jette dans leurs bras, pleurant à chaudes larmes. Je serre les poings.

Je n'aime pas voir d'autres hommes la toucher. Mais je n'ai pas le choix.

Je le sais, elle ne se séparera jamais d'eux. Elle l'a prouvé aujourd'hui.

Nous reprenons la route vers le château, mais alors que nous approchons, une femme rousse s'avance vers Hermione.

Et sans prévenir… elle la gifle.

Je m'élance, prêt à la défendre, mais mon frère Edward m'arrête, posant une main ferme sur mon épaule.

— Regarde.

Je fronce les sourcils, puis reporte mon attention sur la scène. Hermione est figée.

Lentement, la femme rousse éclate en sanglots. Puis, elle hurle.

— HERMIONE JEAN GRANGER, TU ES STUPIDE OU QUOI ?!

La voix de Molly Weasley résonne dans les ruines du château.

— TU AURAIS PU MOURIR ! J'AVAIS DÉJÀ PERDU DEUX FILS… SI J'AVAIS PERDU MON AUTRE FILLE, J'AURAIS MOURU DE CHAGRIN !

Les larmes roulent sur ses joues tandis qu'elle attrape Hermione et la serre contre elle avec force.

Un instant, Hermione reste figée.

Puis, lentement, elle referme ses bras autour de Molly et s'accroche à elle, tremblante.

Autour d'elles, tout le monde observe la scène en silence, un sourire ému aux lèvres.

Enfin, elles se détachent l'une de l'autre et se dirigent vers le château.

Je les regarde s'éloigner, puis je me mets moi aussi en marche.

Mais à peine ai-je fait quelques pas qu'Hermione se poste devant moi. Elle me sourit.

Un sourire éclatant, sincère… À couper le souffle.

Si mon cœur battait encore, il serait en train de tambouriner follement dans ma poitrine.

— Euh… Je ne connais même pas votre prénom.

Elle me fixe, légèrement gênée.

Un sourire s'étire sur mes lèvres en la voyant rougir. Mon Dieu, qu'elle est belle ainsi.

Je m'incline légèrement devant elle, amusé.

— Jasper. Jasper Hale, pour te servir.

Elle éclate de rire, un son cristallin qui me fait frissonner.

Je me redresse, un sourire au coin des lèvres.

— Bien… Eh bien, Jasper Hale, merci pour tout à l'heure. Si vous ne m'aviez pas rattrapée, je serais probablement à l'infirmerie avec plusieurs côtes cassées.

Elle sourit doucement, les joues encore roses. Je ris avec elle, un rire léger, sincère.

C'est si bon… d'être près de sa moitié. Sans même y réfléchir, je m'approche et prends délicatement sa main.

Je la lui baisse doucement, plongeant mon regard dans le sien. Elle rougit davantage.

— De rien, Princesse. Ce serait dommage qu'une aussi belle jeune femme se retrouve à l'infirmerie, tu ne crois pas ?

Elle relève la tête et me fixe dans les yeux. À cet instant, plus rien n'existe autour de nous.

Je me perds dans ses prunelles noisette, envoûté.

Le vampire en moi hurle de la prendre, de la garder pour moi seul, mais je me retiens.

Si je la brusque, je la perdrai à jamais. Mon Dieu… Pourquoi elle ? Pourquoi suis-je tombé amoureux de cette femme-là ? Elle est bien trop parfaite pour moi…

— Oui, c'est sûr… murmure-t-elle avant d'ajouter d'une voix plus forte : Bon, eh bien, je vous laisse. J'espère vous voir à la fête de la victoire… avec votre femme. Au revoir.

Elle tourne les talons et disparaît rapidement dans le château. Je reste figé sur place.

Ma femme ? Mais… Je n'ai pas de femme ! Pourquoi croit-elle ça ? Oh non…

Elle pense que je suis marié à Alice ! Je fais un pas en avant, prêt à la rattraper et à lui expliquer, mais il est déjà trop tard. Elle est entrée.

Pff… Génial. Cette fois, c'est sûr, je vais en baver. Je rejoins ma famille, la mine sombre.

Edward m'observe, les bras croisés, un sourire amusé au coin des lèvres.

— Qu'est-ce qu'il y a, Jasper ? Tu n'es pas heureux d'avoir parlé à ta princesse ?

Tous les autres se tournent vers moi. Je lâche un soupir avant d'avouer :

— Elle pense que je suis marié à Alice…

Alice s'immobilise avant d'éclater de rire. Je lui lance un regard noir, mais elle ne se calme pas pour autant.

— Toi et moi ?! s'exclame-t-elle en riant de plus belle. Pourquoi est-ce qu'elle pense ça ?

Je ne réponds pas et m'éloigne, agacé. Pourquoi la seule femme qui est faite pour moi croit-elle que je suis déjà pris ? Et pire encore… Je vois bien qu'elle est méfiante envers moi.

Elle garde ses distances. Elle ne voudrait sûrement pas d'un monstre comme compagnon…

Je lève les yeux vers le ciel et pousse un long soupir. Je sais que cette bataille-là sera plus difficile que toutes celles que j'ai menées jusqu'à présent.

POV Hermione

Je rentre dans le château en essayant de reprendre mon souffle. Merlin, qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

Pourquoi, chaque fois que je suis près de lui, j'ai ce besoin viscéral de l'avoir à mes côtés ? De l'embrasser ? C'est impossible !

Je ne peux pas être amoureuse de lui. D'abord, il est marié. Ensuite… c'est un vampire.

Je secoue la tête pour chasser ces pensées absurdes, mais une douleur sourde serre ma poitrine. Pourquoi ça me fait autant de mal de penser qu'il appartient à une autre ?

Je suis en train de devenir folle. En arrivant dans la salle commune des Gryffondor, je repère immédiatement Harry et Ron affalés sur un fauteuil. Ils ont l'air en meilleure forme. Merci, Merlin, de me les avoir rendus.

Sans réfléchir, je m'approche et me laisse tomber sur le canapé, posant ma tête sur les genoux d'Harry et mes jambes sur celles de Ron.

Harry passe une main dans mes cheveux et commence à les caresser doucement.

Que serais-je devenue sans eux ? Ils ne sont pas seulement mes meilleurs amis… Ils sont ma famille. Mes frères.

— Mione? murmure Harry.

— Oui ?

— Tu es complètement folle, on te l'a déjà dit ?! lâche-t-il avec une pointe d'agacement. Ne fais plus jamais ça. Ramener quelqu'un d'entre les morts… Tu aurais pu mourir, Hermione ! Tu le sais au moins ?

Je ferme les yeux et pousse un soupir. Les larmes menacent de remonter.

— Je sais, Harry… Je marque une pause avant d'ajouter, la voix tremblante : Mais vivre sans vous n'aurait pas été pareil. Vous êtes mes grands frères, ma seule famille. Je… Je ne pouvais pas rester là en sachant que je vous avais perdus. Comprenez-moi…

Les garçons se redressent aussitôt et me serrent dans leurs bras. Je me laisse aller contre eux, savourant leur présence, leur chaleur. Ron finit par relâcher son étreinte et se redresse avec un grand sourire.

— Mione, tu crois que je n'ai pas remarqué comment tu regardais le vampire, dehors ? dit-il d'un ton taquin. Comment il s'appelle déjà ?

Je détourne les yeux.

— Jasper Hale…

— Oui, voilà ! Jasper. Tu crois qu'on n'a pas vu comment vous vous êtes regardés ?

Je me crispe légèrement avant de répondre, d'un ton que j'espère détacher :

— Il n'y a rien à dire. Il est marié. Et c'est un vampire.

Ron hausse un sourcil, amusé.

— Oh, donc le problème, ce n'est pas qu'il soit un vampire… Mais qu'il soit marié.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée, ce qui le fait rire.

— Dommage, alors. ajoute-t-il avant de me tendre la main. En attendant, ce soir, c'est notre soirée. Hermione, tu m'accompagnes ?

Je souris et accepte son invitation.

— Avec plaisir, Ron.

— Et toi, Harry ? Tu y vas avec Ginny ? je demande en me tournant vers lui.

Harry se met immédiatement à rougir, déclenchant un éclat de rire géné continuons à discuter et plaisanter jusqu'au moment de nous préparer.

Dans ma chambre, j'ouvre mon armoire et en sors ma robe. Elle est magnifique.

Je l'enfile, ajuste mes talons, puis relève mes cheveux en un élégant chignon, laissant quelques mèches encadrer mon visage. Un soupçon de maquillage vient compléter ma tenue. Lorsque je me tourne vers le miroir, je suis frappée par mon propre ne me reconnais pas.

Je descends rejoindre Ron qui m'attend devant les grandes portes du château. En me voyant, il ouvre grand la bouche, totalement bouche bée. Un sourire amusé éclaire mon visage.

Il se reprend rapidement et me tend galamment la main, que je prends sans hésiter.

— Vous êtes magnifique, Lady Granger.

Je ris doucement face à son ton guindé, qu'il n'utilise jamais.

— Merci bien, très cher. je réponds avec un sourire taquin.

Prenant une profonde inspiration, je m'avance à ses côtés.

Lorsque nous franchissons les portes de la grande salle, un silence soudain s'abat sur la pièce. Tous les regards se tournent vers nous.

POV Jasper

Je m'ennuie à mourir. Voilà vingt minutes que je suis dans cette salle et toujours aucune trace d'Hermione. A-t-elle décidé de ne pas venir ?

Je jette un coup d'œil à ma famille. Ils s'amusent tous, riant et dansant. Ça me fait plaisir pour eux, mais moi… Je ne peux pas. Pas tant qu'elle n'est pas là. Puis, soudain, un silence s'installe. Tous les regards se tournent vers l'entrée. Je remarque que tous les hommes dans la pièce ont la mâchoire décrochée, y compris mes propres frères et même mes sœurs. Intrigué, je me retourne et… Si mon cœur battait encore, il s'arrêterait net.

Mon dieu… Elle est là. Et elle est magnifique.

Non… plus que ça. Il n'existe aucun mot capable de décrire ce que je ressens en la voyant.

Sa robe épouse parfaitement ses courbes, ses cheveux encadrent son visage avec une grâce envoûtante et son sourire… Merlin, ce sourire…

Elle marche aux côtés de son meilleur ami. Ils avancent vers leur groupe d'amis, et je l'observe, hypnotisé. Elle rayonne. Tout le monde se met à danser, elle aussi.

Je la fixe, incapable de détourner le regard alors qu'elle virevolte de bras en bras. Son rire résonne dans la salle, léger, cristallin. Elle est heureuse. Je le vois.

Elle les a retrouvés. Je devrais être satisfait de la voir ainsi… mais une part de moi est rongée par la jalousie. Puis, je vois Edward s'approcher d'elle. Il lui tend la main.

Elle accepte. Je me raidis aussitôt. Ils avancent vers la piste sous les regards de la foule.

Edward me jette un regard en coin, un sourire amusé sur les lèvres. Je grogne intérieurement. Je vais regretter de lui avoir tout raconté, c'est sûr… Mon regard revient sur elle. J'aimerais être à sa place.

J'aimerais la tenir dans mes bras, sentir son corps contre le mien, son parfum envoûtant m'entourer… J'aimerais l'embrasser. Je pousse un soupir, résigné. Et c'est là que je les sens. Deux paires d'yeux braquées sur moi. Je tourne légèrement la tête et tombe sur les deux meilleurs amis d'Hermione. Harry et Ron. Ils me fixent avec un sourire étrange.

Comme s'ils savaient quelque chose. Comme s'ils attendaient quelque chose.

Se doutent-ils de ce que je ressens pour elle ? Je détourne les yeux, mal à l'aise.

La partie va être bien plus compliquée que je ne le pensais…

POV Hermione

Je le vois dans son costume, et Merlin… il est encore plus beau que je ne le pensais. On dirait un ange blond, et il rayonne. Mais tout à coup, une chaleur me prend. Je danse avec beaucoup de gens ce soir, mais lui… il ne m'invite même pas.

Qu'est-ce que je raconte ?

Il est marié, et je n'ai absolument pas le droit de le regarder comme ça. Mon cœur se serre. Pourquoi faut-il que ce soit lui ? Pourquoi lui ? Je crois que je suis tombée amoureuse de lui, mais c'est impossible. Je n'ai pas le droit de ressentir ça.

Merlin, c'est un désastre.

Je détourne les yeux et continue de danser, mais ma tête est ailleurs. Et puis…

« Mademoiselle, puis-je vous inviter à danser ? »

Je relève la tête et… c'est lui. Edward, le frère d'un certain Jasper Hale. Si je n'étais pas encore perdue dans mes pensées, c'est désormais une certitude. Cette famille a un don pour me faire tourner la tête.

Je cherche une réponse, un peu anxieuse. « Euh… je ne sais pas. Votre femme ne risque pas de me tuer, rassurez-moi ? »

Il éclate de rire, un rire doux et agréable qui m'apporte une certaine tranquillité. Je remarque toute la famille Cullen nous observer du coin de l'œil, avec des sourires malicieux. Génial, tout le monde nous entend. Mais bon, la femme d'Edward me sourit, alors je suppose qu'il ne doit pas y avoir de mal.

Je me lève et prends sa main. Nous nous dirigeons vers la piste de danse. Une valse commence à résonner, et je me laisse guider.

« Tu t'appelles Hermione, c'est ça ? Je peux t'appeler ainsi ? »

Surprise, je relève la tête et lui adresse un sourire.

« Bien sûr, et toi, tu t'appelles comment ? »

« Edward Cullen. Ravis de te rencontrer. »

« Merci, moi de même. » Je souris encore. « Alors, Poudlard vous plaît en dehors de cette guerre ? »

« Oui, énormément. Avant de venir ici, nous ne connaissions rien à la magie, on ne savait même pas que ça existait. Puis nous sommes venus pour vous aider, même si, je dois avouer, ce sont tes meilleurs amis et toi qui avez fait le plus. J'ai été impressionné par ton courage. Toi, si jeune, portant un fardeau aussi lourd. Ça a dû être difficile… Et toi qui venais de perdre tes meilleurs amis… tu les as ramenés à la vie. Je pensais que cela était impossible. Mais quand je t'ai vue à l'œuvre, je suis resté cloué sur place ! Comment une jeune fille comme toi a-t-elle pu accomplir un tel prodige ? »

Il me parle de tout ce que j'ai traversé, et à ses mots, mon cœur se serre. Je me sens complètement inappropriée, comme si je ne méritais pas tout ce qu'il dit. Je n'ai pas fait grand-chose, après tout.

Je baisse les yeux, touchée par ses paroles. Il a raison, ça a été difficile. Mais je n'ai fait que ce qu'il fallait. J'aurais été prête à tout pour eux.

Pourquoi est-ce que je me sens si vulnérable en sa présence ?

Je souris, mais une légère tristesse dans mon regard.

« Je ne suis pas si courageuse que ça… »

Je baisse un peu la tête, incapable de lui dire que je doute moi-même de mes choix parfois. Merlin, je me sens tellement perdue. Mais en même temps, dans ses yeux, je vois une admiration sincère… Et ça me fait plus de bien que je ne peux l'exprimer.

POV Hermione

Je sens une douleur sourde dans ma poitrine, comme si tout ce que j'avais retenu pendant des mois allait éclater en une explosion de mots que je ne pouvais plus retenir. Edward me regarde, attentif, mais je n'ai plus de filtre. Je veux que quelqu'un comprenne ce que je ressens, que quelqu'un entende ma souffrance, même si c'est la première fois que je laisse tout sortir ainsi.

Je me détache de lui, l'air grave. Les murmures dans la salle s'éteignent, tout le monde semble suspendu à chaque mot qui va suivre.

« Non… » C'est tout ce que je peux dire, mais je sais que c'est déjà trop.

Je lève la tête vers lui, puis je vois tous les yeux braqués sur nous. Ça me fait encore plus de mal, mais c'est nécessaire.

« Non, tu te trompes, Edward. Je ne suis pas celle que tout le monde pense ! » Je parle fort maintenant, je veux qu'il entende. « Je ne suis ni courageuse, ni extraordinaire, mon rôle dans cette guerre n'était rien comparé à la souffrance de mes amis. Moi ? Je suis juste une gamine égoïste, qui a ramené ses deux meilleurs amis parce qu'elle ne pouvait pas vivre sans eux. »

Je sens le poids de chaque mot. C'est dur de les dire, mais c'est encore plus dur de les garder pour moi.

« Tu parles de magie, que c'est magnifique et tout ça, mais je t'envie. Tu as beau être un vampire, tu vis là où il n'y avait pas de guerre. J'aurais voulu être comme toi, mais moi, mon rôle, c'était sur mon propre champ de bataille. »

Je vois les regards choqués autour de moi, mais je ne m'arrête pas. J'ai trop de choses à dire.

« Tu sais à quoi je pensais pendant cette fichue guerre ? Je me disais que si je mourrais maintenant, ce n'était pas grave, parce que j'aurais accompli ce que je devais accomplir. Je croyais qu'on ne pouvait pas mourir, qu'on était invincibles, à cause de tout ce qu'on vivait ensemble. Mais ça, c'était juste de l'orgueil. Mes deux meilleurs amis sont morts pour moi ce soir, parce que j'étais trop naïve pour me protéger seule. »

Les larmes me montent aux yeux, mais je continue, déterminée à tout sortir.

« J'étais faible. C'est moi qui aurais dû mourir, pas eux. Mais non, le sort en a voulu autrement. Tu dis que c'est un prodige de ramener quelqu'un à la vie, mais je ne le pense pas. On n'a pas le droit de faire ça. J'ai agi par égoïsme, je ne pouvais pas vivre sans eux à mes côtés ! »

Je sens que mes mots résonnent dans la salle, tout le monde me regarde. Certains pleurent, mais je n'arrête pas.

« Ce soir, il y a eu des morts. Des enfants, des mères, des pères. On a perdu des amis, des professeurs. Et moi, je suis là à sourire, à danser. Qui suis-je pour être heureuse ? Tout le monde souffre. Harry a perdu son parrain. Ron a perdu son frère. Molly a perdu un fils. Et moi, je suis là, à m'amuser. Je me trouve égoïste. »

Les mots me brulent, mais je sais que je dois les dire.

« J'aurais dû mourir ce soir. Mais je suis là. Et je ne comprends pas pourquoi. On a vaincu le plus grand sorcier noir, mais je ne ressens aucune satisfaction. Il a pris tout, il nous a pris notre jeunesse, notre adolescence, tout ça à cause de son idéal. » Je laisse échapper un rire amer. « Non, je ne suis ni courageuse, ni forte, je suis juste une fille qui se cache toujours derrière ses amis ou derrière des livres ! Mais ça… ça s'arrête ce soir ! »

Je sens la colère m'envahir, mais c'est une colère saine, celle de la libération.

« Je vais devenir plus forte. Je ne vais plus me cacher derrière eux ! »

Je regarde Edward, les yeux pleins de détermination. Il n'y a plus de doute, plus de peur. Je sais ce que je dois faire. C'est fini de fuir. Je vais avancer.

POV Hermione

Les larmes ne cessent de couler, emportant avec elles la douleur accumulée depuis si longtemps. Mais cette fois, je n'ai pas peur de pleurer. Mes bras autour de Ron et Harry sont comme un ancrage, ils sont mon port d'attache dans cette mer de sentiments incontrôlables.

Les mots de Ron me frappent comme une vague. Je les écoute, mais c'est difficile à accepter. Lui, Harry, ils ne voient pas ce que je ressens au fond de moi. Ils ne voient pas à quel point je me sens insuffisante, faible. Mais ils me disent que je suis forte, qu'ils ont besoin de moi. Ces mots me percutent, et je me sens à la fois reconnaissante et coupable.

« Tu es forte, Mia. » Le surnom qu'il me donne, c'est comme une caresse douce. Il me le répète encore et encore, mais une partie de moi doute. Je n'arrive pas à le croire, même si je veux le croire. Mais je me sens trop brisée pour accepter tout ça.

Puis, une autre voix, celle de Malefoy. Je le vois s'avancer, un sourire en coin, ses mots me frappent de plein fouet. Il me dit que je suis forte, qu'il a toujours vu en moi une force qu'il n'a jamais comprise. Je le regarde, choquée par ce qu'il vient de dire. C'est difficile de le croire, de croire que lui, l'ennemi de tant d'années, me dit ça. Mais quelque chose dans son regard, dans son ton, me fait l'entendre, même si je ne veux pas l'admettre.

Il me dit que je n'ai pas le droit de porter le fardeau des autres. Que j'ai le droit de vivre pour moi. Je n'ai pas l'habitude de ça. Et j'ai mal, terriblement mal, à l'idée de tout ce que j'ai mis de côté pour les autres. Mais c'est vrai, pourquoi ai-je toujours tout sacrifié ?

Mes larmes coulent à nouveau, mais elles ne sont plus que la partie visible d'un océan intérieur. Un cri de douleur m'échappe, ma magie explose autour de moi, mais cette fois-ci, je m'en fiche. Les garçons me serrent encore plus fort. J'ai besoin de cette force qu'ils me donnent, et en même temps, je sens qu'une partie de moi se brise à chaque seconde.

Je crie ma douleur, je hurle tout ce que j'ai enfoui si longtemps. Mais soudain, la voix de Harry me ramène à la réalité. Son regard est sérieux. Il me dit que j'ai le droit de ressentir ça. Que c'est bien d'avoir mal, que ça prouve que je suis en vie. Une part de moi se sent un peu apaisée par ces mots, mais une autre me dit que ça ne suffit pas. Je n'ai pas envie de juste "être vivante". Je veux plus que ça.

Et puis, Malefoy. Il me tend la main. C'est absurde, mais je le fixe, interloquée. Et puis, il lâche une remarque, un de ces commentaires typiques de Malefoy. Il me taquine, et j'aperçois enfin cette touche d'humour qu'il a toujours eue, même si ça a souvent été caché sous des couches de sarcasme.

Je lui lance une réplique, froide, mais je vois que ça l'amuse. C'est étrange de le voir rire, presque comme s'il me comprenait. Je le défie, et ça le fait rire encore plus. Je me sens un peu plus légère, comme si l'air autour de moi devenait un peu moins oppressant.

Mais, bien sûr, il ne s'arrête pas là. Malefoy ne fait jamais les choses à moitié. Il se rapproche, il tente de jouer un autre coup, mais je me rebelle, avec une réplique cinglante. Ce n'est pas le genre de taquinerie auquel je m'attendais de sa part, mais je dois avouer que ça m'amuse. Tout ça est tellement déroutant. Malefoy me fait sourire. C'est bizarre, mais je me sens soudainement un peu plus légère, un peu moins alourdie par tout ce que j'ai porté sur mes épaules.

Et puis, Harry. Harry... Je lui lance un regard noir, furieuse qu'il vienne gâcher ce moment. Pourquoi a-t-il fallu qu'il intervienne ? Mais je sais au fond que ses intentions sont bonnes. Il veut protéger mes sentiments, il veut me protéger, comme toujours. Mais je n'ai pas besoin de ça, pas maintenant. Pas avec Malefoy, de toute façon.

Je me retire lentement, me dégageant de la prise de Malefoy. Je souffle, un peu fatiguée, mais aussi étrangement apaisée. La soirée continue, mais je sais que quelque chose a changé en moi. Peu importe ce qui viendra, je sais que je vais continuer à avancer, à m'ouvrir et à grandir. Parce que, pour la première fois depuis longtemps, je commence à croire que j'en ai le droit.

POV Jasper

Je marche rapidement, mon cœur battant plus fort à chaque pas, mais il n'y a pas de doute : je dois partir. Je ne peux pas rester là, pas après avoir vu Hermione danser et rire. Son sourire, sa lumière, tout ce qu'elle incarne m'écrase. Je suis trop faible face à elle, trop perdu dans ce que je ressens.

Ma tête me dit de partir, de me cacher dans l'ombre, loin de tout ça. Mais une partie de moi veut courir vers elle, la prendre dans mes bras et tout lui dire. Mais c'est impossible, elle mérite quelqu'un qui peut lui offrir plus. Pas moi, pas dans cette situation.

Alors, je m'éloigne, chaque pas m'éloignant d'elle, mais je ressens un pincement au cœur. C'est stupide, c'est sûrement la meilleure décision. Mais pourtant… je ne peux m'empêcher de penser à elle, à sa gentillesse, sa beauté, et à ce que j'aurais aimé qu'elle soit celle que je peux avoir près de moi.

Je me retourne une dernière fois, pour une fraction de seconde, mais Alice m'appelle.

« Jasper ! »

Je me fige. Alice… toujours là pour me comprendre. Elle ne dit rien, mais son regard en dit long. Elle sait ce que je ressens. Et je sais ce qu'elle va dire. « Vas-la retrouver, tu es un idiot si tu fuis. »

Je soupire, fermant les yeux, avant de tourner les talons et de la voir courir dans ma direction. Elle me trouve toujours. Je n'avais même pas remarqué qu'elle m'avait suivi. Un sourire joue sur mes lèvres, mais il est douloureux. Je suis un idiot, je le sais. Pourtant, c'est trop tard pour regretter quoi que ce soit.

Je l'attends, sentant mon cœur s'emballer, encore une fois. Il n'y a plus de retour en arrière.

POV Hermione

Je suis allongée dans l'herbe, contre lui, et tout semble avoir changé en un instant. Je suis en sécurité, mais plus que ça, je me sens complète. Quand ses lèvres se sont posées sur les miennes, tout a disparu, les peurs, les doutes, tout. Il m'a choisie, et moi aussi, je l'ai choisi. Ce moment est plus que magique, c'est une promesse, une vérité.

Quand il me dit qu'il m'aime, quelque chose en moi se brise, mais c'est une brèche de bonheur, une ouverture qui m'invite à respirer, à aimer de tout mon cœur. Il a raison. Nous avons le droit au bonheur, à cette douceur que l'on mérite après tout ce que nous avons vécu. Ce n'est plus une guerre qui nous définit, mais l'amour qui renaît entre nous.

Je le serre plus fort, un sourire qui s'étend d'un coin à l'autre de mon visage, une chaleur douce qui envahit tout mon être.

"Pour l'éternité", me dit-il, et je réponds, un souffle presque imperceptible entre nous : "Oui, Jasper, pour l'éternité."

Je n'ai jamais cru en un amour aussi fort, mais avec lui, tout devient possible. Tout ce que j'ai vécu avant semble loin, effacé par cet instant parfait.

La vie m'a donné une chance, et je ne la laisserai pas filer. Ensemble, nous affronterons tout. Ensemble, nous serons invincibles.