J'ai vu que I...comme Icare était dispo sur prime vidéo, je vais regarder ça bientôt :). Sinon, j'ai un peu réécouté Arctic Monkey - Wanna be yours pour ce chapitre, il est loin d'être aussi bon que la chanson, mais celle ci est très chouette si vous ne connaissez pas :).
Prenez soin de vous.
Le léger claquement de la porte indiqua à Hermione que Draco était revenu s'étendre à ses côtés. Dans la faible lumière de la lune, elle distingua sa silhouette allongée sur le dos, les bras croisés derrière la tête. Sous son calme de surface, elle savait qu'il rongeait son frein dans l'attente de la suite. Sa voix basse fendit alors l'obscurité.
"Tu me fixes, Granger."
Hermione cligna des paupières, comme une enfant prise en faute.
"C'est juste que… je m'inquiétais pour toi. Tu as passé une partie de la nuit debout et…"
"Je ne voulais pas te réveiller, répondit-il simplement. Avec ce qu'on a appris concernant le lien potentiel entre les dagues, il fallait que je m'assure de n'avoir rien manqué. Que je ne sois pas passé à côté de quelque chose dans les notes d'expédition de Misha."
Il essayait de garder le contrôle sur ce qui leur échappait, en ressassant les maigres détails dont il disposait et qu'il connaissait probablement déjà par cœur après les avoir épluchés maintes fois en arpentant son bureau. Elle comprenait cet état mieux que personne.
"Je me suis reposé avant, ne t'en fais pas." poursuivit-t-il.
Si par "avant", il faisait référence aux deux heures grappillées sur le canapé la veille, elle doutait que cela suffise. Mais elle n'en dit rien. Il leur restait encore quelques heures avant la sonnerie du réveil. Demain, peut-être, auraient-ils enfin la chance d'approfondir leur piste. D'y mettre un terme. D'arracher un peu de cette culpabilité criante qui le dévorait.
"Tout se passera bien." Elle voulait y croire.
Attirée par la chaleur de Draco, elle se rapprocha un peu pour combler le vide laissé entre eux. Le bout de ses doigts glissa avec hésitation sur son bras avant de s'y accrocher. Comme s'il avait le pouvoir de dissiper ses propres doutes. Comme si elle pouvait le retenir. Comme s'ils s'appartenaient un peu l'un à l'autre...
Elle ferma les yeux mais c'était trop tard. Le trouble était déjà là. Le silence de l'appartement, sa quiétude trompeuse, l'intimité du lit où ils reposaient. Comme s'ils étaient déjà bien des choses tous les deux. Ce flot de pensées la frappa comme une vague glacée, et elle se détourna, submergée par cet écho brut qui pulsait trop fort au creux de ses veines.
Tout avait semblé si évident. Elle s'était laissée porter par l'instant, convaincue qu'elle pouvait accepter l'incertitude entre eux et tout ce que cela impliquait, qu'ils verraient bien où cela les mènerait.
Mais rien n'était jamais aussi simple.
Le serpent avait perdu ses crochets, et ils s'étaient apprivoisés l'un l'autre, naturellement. Elle n'avait pas choisi de ressentir tout ça. Et il y avait ces chaînes que chacun d'eux avaient préféré oublier. L'idée qu'ils allaient peut-être droit dans le mur la saisit. Serait-elle celle qui le heurterait la première ? Une fleur d'incertitude naquit en son cœur et elle demeura sans bouger, l'esprit encombré de questions agglutinées les unes aux autres.
L'amour. Quelle étrangeté.
Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale lorsqu'elle sentit le bras de Draco trouver son chemin jusqu'à sa taille et la ramener doucement à lui. Son souffle régulier vint se mêler à ses cheveux et la cadence apaisante de son cœur résonna contre elle, l'empêchant de se désagréger un peu plus dans le doute. Son ventre noué d'appréhension se relâcha enfin alors qu'elle se recroquevillait un peu plus contre lui. Ils s'endormirent ainsi, bercés par la nuit et leurs espoirs muets.
Le soleil printanier était déjà haut dans le ciel lorsqu'ils atteignirent enfin le quartier des archives.
"On aurait dû entendre le réveil," maugréa-t-elle, plus pour elle-même que pour Draco.
"Mmh," fit-il en bâillant discrètement pendant qu'il vérifiait leur itinéraire. "Nous ne sommes pas en retard."
Elle plissa les yeux vers lui, sceptique. "Pas vraiment en avance non plus."
D'ordinaire aux aguets, il n'y avait pas eu de réveil en tension, ce matin-là. Pas d'alerte, pas de sursaut. Juste le poids d'un sommeil trop lourd qui les avait happés. Le rendez-vous était crucial. Il le savait, elle aussi. Mais ils étaient encore dans les temps, et il refusait de céder à cette fébrilité qui menaçait de les gagner tous les deux.
"On arrive bientôt."
Sur la place principale, l'odeur du pain chaud et des viennoiseries qui s'échappait d'une boulangerie insufflait à l'air autour d'eux un parfum sucré, scandaleusement tentateur. Draco vit la vit hésiter. Il aurait pu jurer avoir vu sa langue passer discrètement sur ses lèvres.
"Tu vas survivre, Granger ?" lança-t-il, taquin.
Faussement offusquée, Hermione leva les yeux au ciel avant de laisser le soleil lui réchauffer les joues.
Ils atteignirent enfin les archives. Un ancien bâtiment à l'allure vertigineuse qui trônait au fond de la place et autour duquel tout semblait s'être organisé.
Dans l'ascenseur, en route vers le sixième et dernier étage, Draco baissa les yeux sur Hermione. Elle était très jolie dans cette petite robe à fleurs, et il lui avait fallut arriver jusqu'ici avant qu'il ne s'en rende enfin compte, trop précipités qu'ils étaient. Son regard s'attarda à la lisière de son col, un peu trop longtemps pour être raisonnable. Lorsque la jeune femme s'avança tout près de lui, une main tendue vers son cou, ses pommettes chauffèrent et colorèrent légèrement ses traits. Est-ce qu'elle allait...
Il ne savait pas exactement à quoi il s'était attendu, mais sûrement pas à ce qu'elle se hisse sur la pointe des pieds pour réajuster son nœud de cravate.
Cerveau idiot.
"Un problème ?" souffla-t-elle, concentrée sur son geste.
"…Non."
Elle lissa le tissu de son col avant de reculer, amusée : "Nous ne sommes peut-être pas en retard, mais il faut voir à quel prix."
La cabine ralentit, les ramenant au sérieux que requérait la situation. À peine étaient-ils entrés dans le vestibule qu'un jeune homme les rejoignit, une épaisse monture noire juchée sur son nez.
" Hermione ! Ça fait si longtemps, tu nous as manqué !"
Malefoy observa le supposé archiviste l'enlacer sans une once d'hésitation. Le genre de type aux allures de golden retriever, qui aurait pu se fondre dans la masse des Monsieur Tout-le-Monde s'il n'avait pas cette carrure de sportif planquée sous son pull de bibliothécaire bien trop sage, jaugea-t-il. Il se détourna pour contempler les petites fenêtres ovales qui bordaient la façade afin de ne pas paraître trop appuyé.
"Je suis heureuse de te revoir," déclara la sorcière en lui tenant la main. "Désolée de t'avoir prévenu si tardivement, je sais que ça peut prendre des semaines avant d'avoir un rendez-vous."
" Tu plaisantes ? J'ai sauté sur l'occasion pour éplucher les références que tu voulais. Je t'ai mis tout ça de côté, dans la salle d'étude."
La sorcière le remercia chaleureusement avant de procéder aux présentations.
"Alexandre, je te présente Draco Malefoy, mon…"
Ami ? Amant ? Acolyte ? Elle buta sur le dernier mot, mais déjà son ancien collègue se tournait vers Malefoy.
"Enchanté," salua-t-il courtoisement avant de lui serrer la main, puis de reporter à nouveau toute son attention sur Hermione, comme s'il préférait éluder le moment.
Glissant ses mains dans les poches de son manteau, Draco prit un ton détaché: "J'espère que vous avez trouvé de quoi satisfaire son insatiable curiosité."
En réponse à ce défi implicite, le fameux Alexandre esquissa un sourire puis indiqua la salle de consultation d'un geste de la main.
"Vous me direz ça vous-même. Suivez-moi."
Des dizaines d'ouvrages les attendaient, paisiblement empilés sur la grande table en bois sombre qui occupait la pièce.
"Tout est là. Je vous laisse prendre le temps qu'il faut." Tandis qu'il disparaissait hors de la pièce aux tons pastels, il ajouta à l'intention d'Hermione: "N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit."
Sans perdre plus de temps, ils s'installèrent pour passer les nombreux livres en revue, éclairés par la lumière trop vive des plafonniers. Beaucoup d'entre eux leur étaient déjà familiers, si ce n'était la plupart, et Draco ne put cacher la déception qui transparaissait à travers ses mâchoires crispées. Néanmoins, ils continuèrent pendant plus de deux heures jusqu'à ce qu'un épais volume en cuir sur les légendes anciennes et dont les pages étaient jaunies par le temps, retienne leur attention.
" Draco, regarde celui-ci."
Hermione tourna précautionneusement les pages du grimoire, dont les écritures ternies disparaissaient complètement par endroit.
" Là," s'exclama-t-elle en pointant une page illustrée par deux dagues et de somptueux ornements floraux.
La Légende du Forgeron d'Assynt
Draco se pencha au-dessus d'elle, parcourant les lignes rédigées dans une calligraphie anguleuse et difficile à lire. Le texte était en moyen anglais, mais restait tout de même accessible.
Il était un forgeron réputé parmi les siens pour ses œuvres d'exception. Un jour, il forgea une lame en tout point différente de celles qu'il avait réalisées jusqu'alors. Non pas une arme, mais un présent. Une offrande née de son âme, taillée dans l'obsidienne et l'acier enchanté. Elle était infusée de la plus pure expression de son amour, et destinée à celle qui faisait battre son cœur. Mais l'amour du forgeron n'était qu'un mirage. Lorsqu'il offrit son présent, sa bien-aimée se détourna de lui. Elle le rejeta, tout comme elle rejetait celui qui l'avait façonné.
Une hésitation teintée d'impatience agita les doigts d'Hermione lorsqu'elle tourna la page pour continuer la lecture.
Consumé par son propre désespoir, il retourna à sa forge une dernière fois. Nul ne peut vivre privé d'amour. Alors, dans un rituel interdit, il retira de son cœur tout ce qu'il avait de plus sombre, pour ne plus rien ressentir. Ni amour, ni colère, ni désespoir.
Draco passa une main sur son visage. "C'est comme ça qu'il a créé la deuxième lame… Un fragment de lui-même, déformé par le chagrin."
Le partie qui suivait était effacée, mais le texte reprenait un peu plus bas.
Ne pouvant plus supporter ce qu'il était devenu, ni ce trou béant dans son âme, le forgeron se condamna lui-même. Il enferma la lame vile et impure loin des vivants, dans un tombeau scellé pour que nul ne la trouve.
"Il a dissimulé la deuxième lame," constata Hermione, les sourcils froncés. "Mais où ?"
Elle tourna fébrilement les pages, cherchant un indice plus précis. Ses yeux s'arrêtèrent sur la dernière ligne lisible du passage :
Et à la surface, il ne laissa qu'un mensonge réconfortant.
"C'est forcément là, sous l'autel de la lame pure" s'écria-t-elle en se tournant vers Draco. Ce dernier se redressa, pensif. Le forgeron avait essayé de racheter ses erreurs en s'enterrant avec la lame maudite pour ne laisser derrière lui qu'un symbole d'amour. Mais il n'avait pas compris. Les deux lames ne pouvaient pas exister séparées et elle s'appelaient à présent l'une l'autre dans une passion destructrice.
"On sait où chercher," conclut-il. Il décrocha son regard du livre avec lenteur. Pour obtenir la vérité complète, il devrait se rendre à nouveau sur place et voir de quoi il retournait. La solution commençait déjà à tracer un chemin dans son esprit, alignant les bribes d'un plan incertain.
Leurs regards se croisèrent avant de bifurquer conjointement vers le manuscrit.
"Il nous le faut," chuchota-t-elle d'une voix si basse qu'il eut presque du mal à l'entendre. Il s'accouda alors contre le rebord de la table, le corps dangereusement penché vers elle.
"Peut-être que ton ami pourrait faire une exception pour toi si tu lui demandais. Il n'avait pas l'air... insensible tout à l'heure."
Hermione roula des yeux, alors qu'il terminait :
"J'ai mes charmes, mais je crois qu'il ne m'apprécie pas trop, donc je doute que ça fonctionne aussi bien que toi."
"Tu es impossible."
" Fais attention, tu rougis."
Elle frotta ses joues comme pour en chasser la couleur qui les imprégnaient et décida de l'ignorer, se concentrant sur son sac. Le fermoir ouvert, elle en tira un livre de cuisine, qui changeait déjà de forme entre ses mains.
"Granger ?"
"Quoi ? Tu vois, il ne sert pas qu'à transporter des jeux de société."
"Certes. Mais tu comptes vraiment le lui voler sous le nez ? C'est terriblement peu Gryffondor de ta part." Sa voix était teintée d'un mélange de surprise et d'amusement.
- Oh, je dirais plutôt que c'est un emprunt. Je le rapporterai.
Elle tapota le faux livre, désormais complètement transmogrifié en une copie parfaite de l'original.
" Petit rat de bibliothèque chapardeur," lâcha Draco avec un sourire narquois. "Mais je suis impressionné," concéda-t-il, sans la quitter des yeux.
D'un geste rapide, elle intervertit les livres avant de glisser leur butin tout au fond de son sac.
"Maintenant, sortons d'ici avant que quelqu'un ne se rende compte de ce qu'on trame."
Après la promesse d'une autre visite et une pensée repentante pour Alexandre, de la part d'Hermione tout du moins, une brise fraîche les accueillit à l'extérieur. L'adrénaline palpitait délicieusement dans leurs veines, alimentant leurs cœurs de cette allégresse qui donne l'impression que l'avenir vous appartient. Dans l'euphorie du moment, Draco glissa sa main dans la sienne, sans se soucier du monde autour, et l'entraîna vers la boulangerie.
"Attends-moi ici, je reviens tout de suite."
Il disparut dans la boutique et elle s'adossa contre la façade, les yeux levés vers le ciel. Le monde était un peu plus beau aujourd'hui.
Lorsque Draco revint, il tenait un petit sac en papier. Hermione s'en empara pour en inspecter le contenu. Des tartelettes à la myrtille.
"Bonne pioche."
"Évidemment. Je suis un homme de goût."
Elle éclata de rire. Un rire léger, insouciant, et ils poursuivirent leur route en direction du parc voisin, où ils s'installèrent au pied d'un grand chêne.
Draco croqua le premier dans sa tartelette. Les myrtilles éclatèrent sur sa langue et leur fraîcheur acidulée se mêla aux notes beurrées de la pâte sablée. C'était doux. Un petit goût de bonheur et de soulagement. Il retira son manteau et s'adossa contre le tronc, manches de chemise remontées, avant de fermer les yeux et d'inspirer profondément. Pendant un instant, il sembla à Hermione que la dureté de ses traits avait quitté son visage et elle sourit malgré elle en posant la tête sur son épaule. Puis elle se demanda ce qui allait se passer, à présent. Combien de fois il la serrerait encore dans ses bras. La sorcière prit une nouvelle bouchée, le regard lointain, perdu dans les massifs en pleine floraison. Des pensées... Le nom des fleurs la frappa comme une évidence amère. Si seulement elle pouvait les taire.
"Je vais devoir retourner au Bazar, Carmine s'entraîne avec Blaise cet après-midi, alors je ne vais pas pouvoir m'absenter. Qu'est-ce que tu as prévu de ton côté ?" s'enquit-elle.
Draco, d'abord silencieux, reposa sa tartelette à moitié entamée.
"Je dois voir Astoria."
La petit bulle d'insouciance explosa. Elle ouvrit la bouche pour répondre quelque chose d'un tant soit peu élaboré, mais il n'en sortit qu'un simple "Oh." Et sur ce simple petit mot, elle détesta la manière dont sa voix vacilla.
"Je ne l'ai pas revue après l'avoir abandonnée au gala. C'est Blaise qui l'a informée que j'étais "parti". Il faut que je lui parle, à ma famille aussi," reprit Draco.
Hermione détourna les yeux et fixa à nouveau les fleurs bleues qui inondaient la pelouse par millier. Elle ne serait pas une maîtresse. Elle ne le dit pas mais le pensa si fort que cela lui fit mal.
Alors qu'elle ravalait son poison, il ajouta, d'un ton plus ferme : "Ça ne changera rien. Je vais régler ça."
L'espace d'un instant, elle se demanda ce que cela voulait dire exactement. Ce que "régler ça" impliquait. Pourtant, une part d'elle respira.
"Passe nous retrouver nous ce soir à la boutique, si tu en as le temps," offrit-elle alors qu'ils rassemblaient leurs affaires.
17h30
Draco rassura sa mère une dernière fois, lui répétant qu'il allait bien.
Narcissa avait fondu en larmes dès qu'il était apparu sur le seuil, après deux jours sans nouvelles et il l'avait laissée l'étreindre encore et encore, lui offrant cette maigre consolation contre l'inquiétude qui lui avait causée.
"Un léger différend avec Nott, un excès d'alcool mal géré. Rien d'important," avait-il assuré d'un ton calme. Tout était rentré dans l'ordre. Son père ne l'avait pas contredit.
Il savait qu'elle n'y croyait pas vraiment, mais elle n'avait rien dit de plus, essuyant ses joues d'un geste tremblant. Alors, il avait simplement déposé un baiser sur sa joue, ajouté un dernier "Ne t'inquiète pas" avant de quitter l'atmosphère poisseuse du manoir et rejoindre son appartement.
Draco déposa les épais ouvrages empruntés à la bibliothèque familiale dans un coffre dissimulé au fond de son bureau et, sans perdre plus de temps, ressorti en direction du café où Astoria l'attendait. Lorsqu'il poussa la porte, elle était déjà là, assise à une petite table près de la fenêtre.
"Tu voulais me voir," commença la jeune femme en reposant sa tasse de thé. Elle inspira lentement, comme si elle savait déjà ce qui se jouait entre eux.
"Oui." Le ton grave de Draco et le regard qu'il posa sur elle ne laissèrent plus de place au doute.
Après un bref silence, elle esquissa une petite moue tandis qu'elle se relevait.
"Alors, tu as fait ton choix. Allons marcher un peu, je te prie. Je crois que je ne vivrais pas très bien le fait d'être quittée dans mon café préféré."
Il hocha la tête avec politesse avant de lui tendre son bras, qu'elle saisit avec grâce. Parfaitement conscient qu'elle n'avait jamais été naïve, la vigueur avec laquelle elle s'y accrocha lui laissa entendre qu'elle avait toutefois espéré autre chose.
Le vent au bord de la Tamise balayait doucement ses magnifiques cheveux bruns quand elle se risqua:
"Je suppose que ça ne changerait rien si je te demandais si c'était parce que tu es amoureux."
La remarque resta sans réponse.
"Je voulais simplement clarifier cela avec toi avant d'en parler à ma famille."
Elle passa une main sur sa nuque, réfléchit une seconde avant de demander :
"Tu te rends compte de ce que tu pourrais perdre ?"
Cette fois, il trouva le courage de ne pas détourner les yeux.
"J'en ai parfaitement conscience. Mais pour toi, c'est peut être l'opportunité de vivre une vie que tu auras choisie."
Sa voix était calme, empreinte de sincérité. Il n'avait jamais voulu la blesser et il était conscient de ce que cette rupture signifiait pour elle.
Cette fois ce fut Astoria qui s'arracha à son regard, un sourire tendre et triste sur les lèvres.
"Mais c'est celle-ci que j'avais décidé de choisir." Ses doigts effleurèrent une dernière fois le bras de Draco, légers comme un adieu.
"Je crois que nos chemins se séparent ici. Bonne chance, Draco."
Elle s'éloigna avec élégance et Draco la regarda disparaître dans la foule.
Ce mariage était une alliance. Chacun devait y trouver son compte. Lui, laver sa réputation. Elle, une stabilité financière. Ensemble ils auraient assuré la pérennité de leur héritage. Mais cela n'arriverait pas. A cette pensée, il se sentit irrémédiablement soulagé, même si le pire restait à venir.
Il tourna les talons à son tour. Il lui restait une dernière chose à faire avant de rejoindre le Bazar.
