Un pas.

Un sourire effrayant.

Un pas.

Un serpent rampant sur le sol.

Un pas.

Ce même sourire aux dents jaunes.

Un pas.

Le bruit du pas résonnant encore et toujours dans un couloir sans fin. Un rire un souffle un pas qui résonne encore entre les pierres. Le blason de Serpentard, une main sur mon épaule, un autre pas, quelqu'un chuchote à mon oreille, j'avance encore d'un pas, mon ventre gargouille, j'ai faim. Le serpent rampe et passe entre mes jambes. Ce sourire, il se transforme, les canines s'allongent, deviennent des crocs longs et aiguisés, les autres dents s'affinent, deviennent aussi pointues que leurs sœurs.

Un pas. Le gargouillement de mon ventre. Non, ça ne vient pas de moi.
Quelqu'un me réveille alors. Lyo penchée sur moi, me parle mais je n'entends pas.
«Manger» susurre une voix dans ma tête, une voix sifflante et profonde.
-Qu'est-ce que tu dis? demandai-je à mon amie.
-Il est 20h, tu dormais tout ce temps? tu n'as pas mangé?
-J'ai loupé le dîner, me dis-je à moi-même
-Oui, on vient de rentrer avec Chloé, on se demandait où tu étais. Tu vas avoir faim cette nuit.
-Venez voir! s'exclama alors un troisième année en déboulant dans la salle commune. Potter a encore fait des siennes.
Lyo, Chloé, moi et les quelques Serpentard de la salle nous précipitèrent à sa suite, dans les couloirs menant aux toilettes.
Un attroupement bloquait le passage, presque tout le château semblait s'être rassemblé au même point. Les professeurs aussi.
Sur un mur de pierre était écrit en lettres de sang «la chambre des Secrets a été ouverte, ennemi de l'héritier prenez garde»
Je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cette chambre des Secrets mais je savais que le château regorgeait de pièces secrètes et encore inexplorées.
-Les premiers seront les sang-de-bourbe, nargua alors Malfoy.
Je lançais un regard interrogateur à Lyo. Après tout ça, elle n'aura plus d'autre choix que de m'expliquer ce que sang-de-bourbe voulait dire.
-Ma chatte a été pétrifiée ! Hurla Rusard et je prie soudain conscience de la masse de fourrure pendant à côté du message. Miss teigne pendait à une pique par la queue, inerte mais rigide
-Merde, elle est morte ? Demandai-je à mes amis.
-Non, tu te rappelles ? On a vu en cours de Botanique qu'on pouvait ramener les pétrifiés à leur état normal, m'expliqua Chloé.
-Ah bah ça va alors.
-Que tous les élèves regagnent leur chambre ! Ordonna Dumbledore et les directeurs de maison rassemblèrent les troupes. Excepté, vous trois.
Il pointa le trio infernal du doigt.
Alors que la foule m'emportait au dortoir je captais le regard Hermione. J'aurais voulu savoir dans quel pétrin elle s'était encore fourrée à cause de Potter.
-Faim! j'ai faim.
-Calme-toi voyons, s'impatienta Lyo après ma énième plainte.
-Mais je meurs de faim, me plaignis-je en me tenant le ventre pour accentuer la situation.
-Ce n'est pourtant pas la première fois que tu te retrouves sans manger de la nuit et tu ne t'en es jamais plainte comme ça !
-Rien à faire, j'ai que cette pensée en tête!
Je me levai et enfilai un peignoir aux couleurs de ma maison et des chaussons verts.
-Où est-ce que tu vas? il est une heure du matin. Si quelqu'un te voit il t'enlèvera des points et tu seras punie.
-Personne ne me verra, répondis-je sur un clin d'œil.
Je me dirigeais donc, en pleine nuit, aux cuisines du château. Je scrutais le moindre recoin, les couloirs, les tableaux, les portes. Je n'utilisais pas le sortilège Lumos pour plus de discrétion et me repérais aux ombres et au fin filet d'argent que dégager la lune à travers les grandes fenêtres. Mais il n'y avait pas de fenêtres à tous les couloirs, je longeais donc les murs, manquant de tomber de temps en temps en me prenant les pieds dans des coffres, des pots de plantes ou autres meubles futiles destinés à me ralentir.
J'avais une vague idée de l'entrée des cuisines. Un cinquième année avait une fois pensé très fort qu'elle était derrière un tableau de fruits et qu'il fallait chatouiller la poire. Pour le couloir, j'avais suivi des Poufsouffle qui s'étaient vantés de dormir à côté d'un garde-manger illimité.
«FAIM»
J'aperçus de la lumière bleue, de la lumière de Lumos. Je me plaquai derrière un coffre plutôt imposant et me fit toute petite. Un Poufsouffle en robe de sorcier sortait de derrière un grand tableau rectangulaire, un sandwich à la main !

Quand il fut parti et que sa lumière disparaissait derrière un mur, je me précipitais devant le tableau du panier de fruits. Il était gigantesque. Difficile de le louper.
«FAIM»
Sans vraiment réfléchir, je chatouillai la poire à hauteur d'épaule. Le fruit se tortilla et éclata de rire. Je m'arrêtai en sursaut et jetai un œil autour de moi. Personne. Et le tableau s'ouvrait déjà.
«FAIM»
Oui, j'allais pouvoir m'enfiler un bon petit steak bien juteux. Ou un sandwich.
À l'intérieur de longues tables se succédaient, remplies d'ustensiles de cuisine, de chaudrons et plats prêts pour le petit-déjeuner. La salle était vide. Du moins je le croyais. Car quand j'attrapai une tranche de jambon, un petit elfe de maison apparu devant moi.
-Que faites-vous là, jeune maitre ?
-Heu, je, j'ai faim et...
-Oh! vous avez une petite fringale nocturne, finit-il à ma place devant mon mutisme. Servez-vous ! Prenez à emporter dans votre dortoir ! Mais vous devriez vous dépêcher et ne pas traîner dans les couloirs la nuit.
-Oui, oui! Vous n'auriez pas quelque chose de plus... Saignant, demandais-je contre toute attente.
L'elfe hésita un moment, me servit un steak cru et me poussa jusqu'à la sortie.
Je rentrai dans la salle commune, satisfaite. Mais maintenant que j'avais l'esprit reposé je ne comprenais pas mon choix et la viande rouge froide me dégoûta. Je la jetai dans les toilettes et me couchai.
J'aimais la viande saignante mais là... C'était à n'y rien comprendre.
Lyo me regardait sans détourner les yeux. Elle me regardait manger comme si ma vie en dépendait.
-Mais qu'est-ce que tu as en ce moment ? Demanda-t-elle exaspérée.
-J'ai faim !
-Mais tu as le ténia ou quoi? se moqua Chloé. Blague que seuls les nés moldus pouvez comprendre
-J'ai juste faim.

Une araignée passa devant moi sur la table. Ma main réagit avant que je ne puisse penser et l'écrasa dans gros BANG. Plusieurs têtes se retournèrent pour trouver l'origine du bruit.
-Hé beh, remarqua Chloé qui n'avait pas sursauter comme lyo. Heureusement que les Poufsouffle ne te voient pas
Je fixais le cadavre un moment, de drôles de sensations me parcouraient.
-Ho hé !
Lyo me sorti de ma trans en claquant des doigts.

-J'ai horreur de faire ça mais tu me fais peur là.