Heya! Désolée pour le retard, j'ai pas d'excuse :c
Grand merci à Chloe33-H pour le follow-fav ! Bienvenue dans la bande !
Cela faisait deux jours depuis la confession d'Emerald auprès de ses amis. Deux jours de calme où elle reçut leur visite et put profiter de se reposer. Ils discutèrent de tout et de rien, des boîtes impossibles à ouvrir et des façons d'y arriver pour se préparer à la Deuxième Tâche, de la façon dont Hermione avait trouvé l'entrée des cuisines du château et de la présence de Dobby à Poudlard…
- Hermione, je sais que tu veux les aider, faire en sorte qu'ils soient mieux traités, mais ta façon de faire est… trop frontale, lui dit Emerald quand les Gryffondor lui eurent raconté.
- Comment ça ?
- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les sorciers et les elfes sont réfractaires à ce changement. Pourquoi ? Parce que pour eux, les choses ont toujours été ainsi. Leur dire d'un seul coup qu'ils ont faux sur toute la ligne va faire tout le contraire de ce que tu veux. Non, il te faut une approche plus… subtile.
La brunette sembla très intéressée.
- Qu'est-ce que tu proposes ?
- Qu'on en reparle quand je serai sortie d'ici et en mesure de faire des recherches, répondit la Serpentard avec un pauvre sourire.
Le lendemain, Madame Pomfresh examina la jeune fille une dernière fois, lui donna un assortiment de potions à prendre quotidiennement, et une canne pour l'aider à se déplacer. Les nerfs prendraient encore quelques temps à se régénérer entièrement et se solidifier, mais elle était au moins en mesure de se déplacer, de cette façon. Avec la condition de ne pas faire trop d'efforts physiques.
Quand elle arriva dans la Grande Salle, elle repéra Harry, Hermione, et assez étonnamment, Ronald qui se trouvait avec eux. Si le rouquin avait enfin retrouvé son cerveau, elle pouvait bien faire un effort. Elle s'approcha du trio, s'appuyant sur sa canne.
- Lady Coldstone ! s'exclama Fred non loin.
- Quel plaisir de vous revoir ! ajouta George.
- Plaisir partagé mes Seigneurs, répondit-elle avec un léger sourire.
Harry et Hermione se retournèrent et lui firent un grand sourire, s'écartant pour lui laisser une place. Elle s'installa avec un certain soulagement. Se remettre à marcher après autant de temps cloué dans un lit était plus difficile qu'on pourrait le penser.
- Je pense qu'on va attendre un peu plus avant d'aller voir les elfes, si ça ne te dérange pas, dit-elle à Hermione. Le temps que je puisse marcher normalement à nouveau.
- Pas de problème, assura la Gryffondor. Tu as quelqu'un pour t'aider à porter ton sac ?
- Je demanderai une autorisation pour le faire léviter, répondit la jeune fille en haussant les épaules. Madame Pomfresh serait la première à protester si on me le refusait. Pas d'efforts physiques trop poussés, m'a-t-elle dit.
Elle tourna le regard vers Ronald qui ne semblait pas vraiment détendu.
- Bonjour Ronald, le salua-t-elle de façon neutre.
- B'jour, répondit-il en marmonnant.
Elle continua de le fixer du regard pendant de longues secondes, jusqu'à ce que le jeune homme finisse par se sentir mal à l'aise.
- Quoi ? finit-il par demander.
Bien, s'il ne comptait pas s'excuser de son comportement exécrable, elle n'avait pas à faire attention à lui. Emerald se tourna donc de nouveau vers ses amis et ils commencèrent à discuter des derniers cours en commun qu'elle avait manqué.
Tout en bavardant, la demoiselle voulut remplir son assiette, et ses yeux se posèrent sur un plateau de tranches de lard. Harry et Hermione suivirent son regard avant d'afficher un air inquiet, puis surpris quand ils la virent se servir dans le plat, accompagné d'œufs, de pain et de champignons frits. La Serpentard planta ensuite sa fourchette dans la viande avec force. C'était terminé. Elle ne laisserait plus jamais Neely prendre le contrôle de sa vie.
De part l'état de son dos et l'effet des potions calmantes, Emerald ne se réveilla pas à l'aube comme à son habitude, mais un peu plus tard. Elle fut alarmée en voyant que les autres filles avaient déjà quitté le dortoir, mais un œil à sa montre lui permit de voir qu'elle était loin d'être en retard. Néanmoins, étant plus lente avec sa canne, elle ferait mieux de se dépêcher, si elle voulait éviter de s'attirer les foudres de ses professeurs.
La jeune fille prit une douche rapide, enfila son uniforme, prit son sac et remonta dans le hall pour rejoindre la Grande Salle. Elle s'arrêta net, profondément surprise en voyant toutes les têtes se tourner progressivement vers elle et le silence tomber sur l'assemblée quand elle passa la grande porte. Quelle mouche les avait piqué ?
Un peu confuse, elle recommença à s'avancer pour repérer ses amis à la table des Gryffondor, mais alors qu'elle s'en approchait, les élèves les plus proches se levèrent d'un bond, lui lançant des regards pleins de dégoût et de mépris.
En se penchant un peu, elle vit les visages tout aussi surpris et confus que le sien de ses amis. Ne se sentant pas de démarrer de conflit, surtout en l'absence des professeurs qui avaient fini de manger depuis longtemps, elle poussa un soupir et s'avança vers la table des Serpentards où les élèves s'écartèrent sur son passage, lui laissant une place isolée. Au moins une bonne nouvelle.
Emerald devait bien l'admettre, cette ambiance étrange la mettait mal à l'aise. Elle ne s'attarda pas, se contentant de se préparer quelques toasts avant de les emmener avec elle en sortant de la Grande Salle.
Le reste de la matinée fut tout aussi bizarre. Pas d'escortes gênantes de la part de ses camarades de maison, pas non plus d'encouragement, les élèves semblaient vouloir éviter de croiser son passage. Quelques insultes avaient fusé, mais elle ne comprenait vraiment pas pourquoi ils étaient tous si différents de d'habitude…
Seuls les professeurs avaient un comportement normal. Du moins, les seuls professeurs qu'elle avait ce matin-là, à savoir Rogue et le fantôme qui ne sortait jamais de sa classe d'Histoire de la Magie.
La réponse à ce mystère lui vint à l'heure de la pause déjeuner, quand le trio de Gryffondor la rejoignit dans le hall. Un élève lui lança l'édition du jour de La Gazette du Sorcier au visage, qu'Hermione rattrapa avant qu'elle ne retombe, à la fois pour dégager la tête d'Emerald, mais aussi pour lire le titre de la Une.
Ce fut le moment où le monde s'effondra.
La brunette eut une exclamation horrifiée et perdit toutes les couleurs de son visage. Curieux de sa réaction, Harry se pencha par-dessus son épaule avant de faire exactement la même tête. Ronald voulut savoir et se pencha également, mais à la grande incompréhension de la Serpentard, ils refusèrent de donner le journal au rouquin.
- Harry ? Hermione ? fit Emerald, commençant à s'inquiéter sérieusement.
- Je… Je te jure sur tout ce que j'ai de plus cher qu'on a rien dit à qui que ce soit, dit immédiatement Harry.
- Laissez-moi voir ! protesta Ronald alors qu'il essayait toujours d'arracher le journal des mains d'Hermione.
La brunette, elle, semblait toujours sous le choc, les yeux larmoyants alors qu'elle secouait vivement la tête. N'y tenant plus, la Serpentard s'approcha d'elle et tendit la main.
- Donne.
- Non, Emerald, je-
- Je t'ai dit de me donner ça, répéta plus sèchement la jeune fille en lui arrachant le journal des mains.
Elle le déplia et haussa un sourcil en voyant la Une. Une photo d'elle face à l'Opalœil prise au début de son épreuve était en première page. Cependant, en levant les yeux pour lire le titre, elle sentit à son tour les couleurs quitter son visage.
"EMERALD COLDSTONE, LA CHAMPIONNE MEURTRIÈRE DE POUDLARD"
- Quoi ? s'entendit-elle demander dans un souffle.
"Alors que la totalité du monde sorcier se tournait vers Harry Potter à l'annonce de sa participation au Tournoi des Trois Sorciers, une récente découverte nous a appris que notre attention s'est portée sur la mauvaise personne. En effet, votre serviteur s'est intéressée à cette mystérieuse jeune sorcière anonyme qui a pourtant réussi à détourner les protections de la Coupe de Feu et est entrée dans le tournoi.
Suite à sa démonstration de Magie Noire lors de la Première Tâche, il s'est avéré en faisant quelques recherches, qu'elle ait appris ces arts sombres auprès de son père adoptif au cours de l'été. Le même été où un groupe se faisant passer pour des Mangemorts a semé le chaos à la Coupe du Monde de Quidditch. Mais qui est donc le père de Miss Coldstone ?
Il s'agit de Neely Edath, un criminel reconnu du monde moldu, condamné pour de nombreux meurtres et actes de cannibalisme. Une source anonyme a affirmé qu'il s'est évadé de la prison moldue au cours du mois de février 1993, avec la complicité de sa fille adoptive. Lequel lui aurait d'ailleurs ordonné de sympathiser et de se rapprocher du jeune Harry Potter, et ce, afin de se servir de sa notoriété.
En connaissant la véritable nature de la jeune et talentueuse sorcière, l'objet de son affection, Harry Potter prendra-t-il la décision de donner son cœur à quelqu'un digne de confiance ? Ou bien Emerald Coldstone aurait-elle usé d'un sortilège ou d'une potion pour s'assurer d'avoir le contrôle sur le Survivant ?
Et surtout, la question que tout le monde se pose : Représente-elle un danger pour les élèves de l'école de sorcellerie Poudlard ?"
Emerald ne sentit pas le choc quand ses genoux heurtèrent le sol, de même qu'elle ne sentit pas le journal lui glisser des mains. Elle resta immobile, les yeux dans le vague, sentant le sang lui battre dans les tempes et le désespoir l'envahir.
- Je… murmura-t-elle.
Mais elle fut incapable de formuler la moindre pensée. C'était comme si le monde venait de s'arrêter de tourner. Quelqu'un lui prit les mains avec douceur pour l'aider à se relever et on lui rendit sa canne. Le poids de son sac disparut de ses épaules avant qu'un cri ne retentisse juste devant elle, la sortant brusquement de sa léthargie.
- JE LE SAVAIS !
C'était Ronald qui venait de lire l'article après avoir ramassé le journal sur le sol. L'air outré, il pointa un doigt accusateur en direction d'Emerald.
- J'en étais sûr que tu mentais ! Depuis le début t'es juste une Serpentard !
- Ron ! se mit à crier Hermione en protestation.
- Je savais que c'était pas normal que Harry et toi vous entendiez aussi bien ! C'est pour ça qu'il s'éloignait de moi ! TU M'AS VOLÉ MA PLACE !
Le jeune rouquin avait à peine fini de hurler ces mots qu'il se retrouva à terre. Hermione soutenait Emerald, et Harry… Se trouvait juste devant Ronald, son poing serré reposant le long de sa jambe, démontrant l'origine de la marque rouge qui ornait désormais la joue de celui qu'il appelait son meilleur ami.
Le jeune Weasley adressa à la Serpentard un regard meurtrier.
- Libère-le ! ordonna-t-il. Libère-le tout de suite !
- Viens Emerald, murmura doucement Hermione en l'aidant à marcher. Ne fais pas attention à lui.
- Hermione ! Ne la laisse pas t'avoir aussi ! protesta encore Ronald en se relevant.
La brunette l'ignora totalement.
- T'es vraiment qu'un crétin, grinça Harry.
Sur ces mots, il fit volte-face et suivit les filles, laissant Hermione les guider. Celle-ci les menait dans un couloir que la Serpentard n'avait jamais visité, mais lorsqu'elle aperçut un tableau représentant une nature morte, elle comprit où ils allaient.
Harry chatouilla la poire qui se changea en poignée de porte verte, et le tableau pivota, les laissant entrer dans les cuisines. Il s'agissait d'une immense salle, très haute de plafond, aussi vaste que la Grande Salle qui se trouvait au-dessus, avec des quantités de casseroles, de marmites, de poêles en cuivre entassées le long des murs et une impressionnante cheminée en brique à l'autre bout.
Voyant les trois élèves débarquer, une nuée d'elfes de maison se précipitèrent vers eux.
- Gentille miss ! Harry Potter ! s'écria une voix vaguement familière.
Emerald baissa les yeux pour voir Dobby qui semblait rayonner, dans une tenue des plus excentriques, mais propre. Il semblait en bien meilleure santé. Néanmoins, en voyant la tête des adolescents, l'elfe perdit très vite son sourire.
- Qu'est-ce qui arrive à Gentille miss ? demanda-t-il.
- C'est… compliqué, répondit Hermione avec hésitation.
- Quelqu'un a dit des choses horribles sur Emerald dans le journal, fit Harry. Maintenant, tout le monde s'en prend à elle.
Dobby prit un air parfaitement indigné.
- Ne vous en faites pas, Gentille miss ! Dobby sait que Gentille miss est gentille ! déclara-t-il avec ferveur.
- Merci Dobby, répondit-elle avec un air absent.
Hermione l'amena près d'un banc sur lequel elle se laissa tomber, vidée de toute énergie.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de retourner à la Grande Salle maintenant… Est-ce qu'on pourrait manger ici, s'il vous plaît ? demanda ensuite la brunette.
- Bien sûr ! s'exclama un elfe dans le petit groupe.
- Merci beaucoup.
Les elfes de maison s'affairèrent, Dobby à leur tête, et bientôt, un assortiment de plats se retrouva sur la table entre les adolescents. Harry et Hermione commencèrent à se servir en silence, jetant de temps à autres des regards à la Serpentard qui ne bougeait toujours pas, avachie sur la table, le visage dans ses bras.
- Emerald ? se risqua Harry.
Elle ne lui répondit pas.
- Emerald… tu devrais avaler quelque chose, tenta Hermione. Tu es encore convalescente…
Avec un effort considérable, la jeune fille se redressa lentement, et commença à se servir, mangeant peu et sans grande conviction. Leur repas se déroula en silence, et lorsque l'heure de la reprise des cours s'approcha, les deux Gryffondor hésitaient sur la marche à suivre. Devaient-ils rester avec Emerald pour la soutenir, ou devraient-ils aller en classe et faire profil bas ?
- Allez-y, leur dit simplement la Serpentard de son air absent.
- Tu es sûre que ça ira si on y va ? demanda Hermione.
- N'êtes-vous pas sous mon contrôle, tous les deux ? Faites ce que je vous dis, répondit Emerald d'un ton amer.
Finalement, pour ne pas alimenter les rumeurs, ils décidèrent à contrecœur d'aller en classe lorsque la cloche sonna. Harry confia la mission à Dobby de s'assurer qu'elle irait bien, ce que l'elfe accepta avec ravissement.
Après leur départ, Emerald ne bougeait toujours pas. Les elfes tentèrent de la consoler d'une façon ou d'une autre, lui déposant tasses de chocolats chauds, petits gâteaux en pagaille pour la faire se sentir mieux. La situation fut vite insupportable pour la jeune fille qui se leva.
- Je suis désolée, s'excusa-t-elle.
Et elle se dirigea vers la sortie des cuisines.
- Attendez Gentille miss ! intervint Dobby. Harry Potter a demandé à Dobby de veiller sur son amie !
- … Dites à Harry et Hermione que je leur demande le reste de la journée pour me remettre les idées en place.
Elle n'attendit pas plus longtemps pour ouvrir la porte et avança dans le couloir à l'aide de sa canne. Débouchant dans le hall désert, et silencieux maintenant que le repas était fini, elle fit un rapide crochet par son dortoir tout aussi vide pour remplir son sac avec quelques affaires, et sortit dans la cour.
L'air froid du début d'hiver glissant sur son visage lui fit un peu de bien. Elle continua à marcher, descendant la pente herbeuse. Au loin, elle pouvait voir le cours de Hagrid près de sa cabane. Mais elle ne s'approcha pas. Ses pas la menèrent plutôt devant le Saule Cogneur.
Un sort de lévitation et elle usa d'une pierre pour appuyer sur le nœud de la racine qui immobilisait l'arbre, avant de se glisser dans le tunnel. Malgré l'air sinistre des lieux, la Cabane Hurlante semblait assez différente de l'intérieur, éclairée par la lumière du jour qui filtrait à travers les planches barricadant les fenêtres. Un endroit où elle pourrait avoir toute la solitude dont elle avait cruellement besoin à ce moment précis.
La demoiselle se rendit à l'étage de la petite maison et dans la chambre où le quatuor s'était confronté à Sirius Black à peine quelques mois plus tôt. La forte odeur de poussière et de moisissure restait la même. Avec quelques sorts simples, elle nettoya un peu le lit à baldaquin poussiéreux et se laissa tomber dessus, ne prenant pas la peine de retirer ses chaussures pour s'y allonger. Un sort d'attraction et la boîte à musique bondit hors de son sac et jusque dans sa main.
Elle passa son doigt sur le couvercle et elle s'ouvrit, révélant son cristal qui se mit immédiatement à diffuser ses mélodies apaisantes. Emerald posa la boîte sur la vieille table de chevet, avant de lui tourner le dos. Au bout de quelques minutes, cependant, un poids s'ajouta sur le matelas. La jeune fille se retourna vivement, baguette à la main, mais il ne s'agissait que de Pattenrond qui se mit à ronronner avec force. L'animal vint se blottir contre le ventre d'Emerald et resta là, tranquillement installé. La demoiselle sentit comme une bulle éclater et commença à renifler, les yeux larmoyants alors qu'elle enfonçait ses doigts dans les longs poils du chat pour le caresser.
Le soleil était couché depuis une ou deux heures quand elle se décida à bouger. Tout l'après-midi elle était restée immobile sur le baldaquin, laissant la musique et les ronronnements de Pattenrond la bercer pendant qu'elle remettait de l'ordre dans ses pensées.
Aussi fou que ça puisse paraître, elle connaissait suffisamment Harry et Hermione pour n'avoir aucun mal à les croire lorsqu'ils disaient qu'ils n'avaient rien révélé de son histoire à qui que ce soit. Mais Rita Skeeter avait tout entendu, et elle devait découvrir comment. Détruire ce qu'il restait de son anonymat avait attiré les foudres de l'adolescente sur la journaliste, et elle comptait bien lui montrer qu'il y aurait des conséquences pour ses actes.
Emerald se leva, referma la boîte et la remit dans son sac avant de ressortir dans le parc. Elle se dirigea vers le château, où les fenêtres de la Grande Salle brillaient de mille feux. Poussant un soupir, elle passa la grande porte et une fois dans le hall, elle se dirigea directement en direction des cuisines. Hermione avait raison, il fallait qu'elle mange quelque chose, mais elle ne se sentait pas encore prête à affronter le château entier.
Juste avant de partir pour se coucher tôt, elle demanda à Dobby de lui rendre un dernier service et de dire aux professeurs qu'elle s'excusait pour avoir manqué leurs cours, et qu'elle serait de retour dès le lendemain.
Emerald se réveilla à peu près au même moment que ses camarades de dortoir. Elle se leva sans se préoccuper des regards et des chuchotements. Elle passa à la salle de bain pour se préparer, revint dans le dortoir une fois habillée et se contenta de réparer les rideaux lacérés de son lit à baldaquin d'un simple "reparo". Elle prit son sac avec ses affaires pour la journée et devant toutes les filles du dortoir, elle dessina un cercle sur sa malle, accompagné de runes. Elle y rangea tous ses biens précieux, et sortit en sachant que personne à part elle ne pourrait fouiller dans ses affaires.
Lorsqu'elle arriva dans la Grande Salle, les regards se tournèrent à nouveau dans sa direction alors que la distribution du courrier débutait. La tête haute, la Serpentard s'approcha de la table des Gryffondor, à la recherche de ses amis, ignorant ceux qui tentaient à nouveau de lui faire barrage, comme s'ils n'existaient pas.
Harry, Hermione, Fred et George lui avaient réservé une place qu'ils encadraient à eux quatre. Avec un sourire reconnaissant, elle s'installa, au moment où une nuée de hiboux et chouettes survolait la table. Une multitude de lettres tomba devant la jeune fille qui se leva immédiatement de la place qu'elle venait de prendre, tant il lui en tombait également sur les genoux. Elle plissa les yeux alors que ses amis grimacèrent en voyant deux ou trois enveloppes rouges dans le tas. Des beuglantes.
Sachant que ce genre de courrier explosait quand on ne les ouvrait pas, elle poussa un soupir et les prit pour les ouvrir toutes les trois en même temps. On eut l'impression que l'Enfer se déchaînait alors que les trois voix combinées se chevauchaient et empêchaient qui que ce soit de comprendre un traître mot des lettres qui ne devaient sans doute pas être des poèmes. Quand le torrent d'insultes et menaces prit fin, tous les regards étaient fixés sur la jeune fille.
- Si vous n'avez rien de plus à ajouter, se contenta-t-elle de dire nonchalamment, jetant les beuglantes à terre avant qu'elles ne prennent feu.
Elle se réinstalla donc alors que le silence régnait toujours, uniquement entrecoupé de murmures des conversations qui reprenaient lentement.
- Je disais donc avant d'être désagréablement interrompue, bonjour à vous quatre, déclara-t-elle.
Les jumeaux Weasley ne tinrent plus et éclatèrent de rire.
- Tu te sens mieux on dirait, fit Harry avec un air amusé, bien qu'une lueur inquiète reste dans son regard.
- Je n'ai pas l'intention de laisser Skeeter gagner, répondit la Serpentard avec calme. Je sais qui je suis, je sais de quoi je suis coupable et de quoi je suis innocente, et ça, personne ne pourra me le retirer.
- Bien dit ! fit Hermione.
- Maintenant… Qu'est-ce que je vais faire de tout ça ?
Emerald regarda le tas de lettres devant elle. Ce n'était sans doute pas du courrier de fan.
- Est-ce que l'un de vous a cours de botanique aujourd'hui ?
- George et moi, répondit Fred.
- Et nous, cet après-midi, fit Harry.
- Je peux emprunter vos gants en peau de dragon ?
- Bien sûr Lady Coldstone, sourit George.
La demoiselle leva les yeux au ciel, mais accepta la paire de gants un peu grande pour elle avec un hochement de tête en guise de remerciement. Elle se mit ensuite à ouvrir les lettres une par une. Comme elle le pensait, il s'agissait bien de lettres d'insultes et de menaces, de la part de nombreux sorciers inconnus, adultes, et visiblement sans emploi.
Lorsqu'elle arriva à la moitié de la pile, allant plus vite grâce à l'aide des quatre Gryffondor, deux autres hiboux débarquèrent, laissant tomber deux lettres de plus devant elle. Les noms lui firent cligner des yeux. "Sniffle" et "Lupin". L'adolescente les prit et les glissa rapidement dans son sac.
- Je les lirai plus tard, souffla-t-elle à ses amis.
Ils finirent par arriver à bout de la pile de courrier, qui fort heureusement, n'avait pas l'air de comporter de malédiction ou mauvaise blague. Ou bien ils y avaient échappé grâce au gants qui les empêchaient d'entrer directement en contact avec le papier. Hermione agita sa baguette et toutes les lettres haineuses disparurent.
- Hm. Il faudra que tu m'apprennes, fit Emerald alors qu'elle pouvait enfin commencer à se servir.
Le reste du petit-déjeuner fut plutôt calme, personne ne semblait vouloir faire quoi que ce soit contre elle devant les professeurs, et elle en profita au maximum, se laissant aller à bavarder avec les quatre Gryffondor comme si de rien n'était.
Malheureusement, il semblerait que le destin ne lui autorise pas une matinée tranquille. Alors qu'ils avaient fini de manger depuis quelques minutes, un dernier hibou arriva, ne passant pas inaperçu de part son retard. Il avait une lettre rouge attachée à la patte.
- Laissez-moi deviner, elle est pour moi, soupira la Serpentard.
Effectivement, le rapace se posa devant elle et tendit la patte. La jeune fille décrocha la lettre, et laissa repartir le hibou. Cependant, dès qu'elle vit le nom sur l'enveloppe, elle se leva de son siège, comme montée sur ressort.
Canari.
Se mettant à respirer profondément pour rester calme, elle voulut prendre la lettre et partir loin avant qu'il ne soit trop tard, mais des étincelles commençaient déjà à se former. Entre prendre le risque que ses amis se fassent brûler, ou qu'ils n'entendent quoi que son père ait à lui dire, son choix fut vite fait. Avec un dernier soupir, elle afficha sa poker face et ouvrit l'enveloppe. La voix calme, mais menaçante de Neely retentit immédiatement, parfaitement audible dans toute la Grande Salle.
- BONJOUR CANARI… JE NE PENSAIS PAS AVOIR ÉLEVÉ UNE FILLE AUSSI SOTTE ET INSOLENTE. PEUT-ÊTRE PENSAIS-TU QUE JE NE VERRAI JAMAIS CET ARTICLE ?
Emerald resta aussi neutre que possible alors qu'elle sentait son cœur battre avec force dans sa poitrine. Entendre la voix de son père avait un effet qu'elle n'aurait jamais imaginé.
- TOUTES CES ANNÉES À M'OCCUPER DE TOI, À T'APPRENDRE TOUT CE DONT TU AS BESOIN, À T'HABILLER ET TE NOURRIR… ET C'EST AINSI QUE TU ME REMERCIE ?
Les poings de la jeune fille se serrèrent sur la lettre alors qu'elle ressentit une bouffée de colère l'envahir.
- TU ME DÉSOBÉIS, TU M'INSULTE, TU FAIS UNE FUGUE… ET MAINTENANT TU ME TRAHIS EN PARLANT A LA PRESSE ? QUE VAIS-JE FAIRE DE TOI…
Les verres en cristal et les vitraux de la Grande Salle commencèrent à se fissurer alors que la colère montait toujours plus à chaque mot.
- VISIBLEMENT JE VAIS DEVOIR RENFORCER LA DISCIPLINE LORSQUE TU SERAS DE RETOUR. PEUT-ÊTRE DEVRAIS-JE M'INTÉRESSER À CES GÊNEURS QUE TU APPELLES "AMIS". APRÈS TOUT, MAINTENANT QUE JE SUIS SORTI, CE GARÇON POTTER NE M'EST PLUS D'AUCUN INTÉRÊT… ET IL EST GRAND TEMPS QUE TU RETIENNES LA LEÇON.
La colère se changea en rage à ces mots. Deux vitres explosèrent soudainement alors que les verres continuaient de se fissurer sur les tables.
- JE T'EN FAIS LA PROMESSE, CANARI. TU-
Mais la beuglante ne put jamais finir sa phrase. Elle venait de s'enflammer dans les mains de la jeune fille qui la laissa immédiatement tomber à terre, avant de regarder en direction de la table des professeurs. Tous avaient les yeux rivés sur elle, mais Lise avait sa baguette levée dans sa direction.
Elle respira profondément, et après avoir adressé un hochement de tête reconnaissant à l'apprentie Auror aux cheveux bleus, elle ramassa son sac, prit sa canne, et sortit de la Grande Salle.
Merci aux mécènes qui me soutiennent : Andromeda, Clixia, Linewhirosa, Mariam Pizette, portgas yuwine et tactisim !
