Blessure, perte et douleur. Voilà ce que ressentait le trio d'or. Cela ne faisait que six jours que la guerre était terminée et aucun des trois jeunes n'avait pris le temps de se reposer entre s'occuper des ruines du château, des blessés ainsi que des défunts.

Si Harry et Ron avaient le soutien de la famille Weasley, Hermione, elle, n'arrivait pas à accepter ce soutien. Elle ne se sentait pas capable de l'accepter, pas après avoir effacé la mémoire de ses parents, pas avec cette horrible cicatrice sur son avant-bras, et pas après avoir dû tuer.

Pourtant, elle essayait d'afficher un sourire. Cependant, n'importe qui pouvait voir que la jeune femme se forçait, ce qui faisait mal au cœur à son entourage. Elle n'avait pas pu dormir plus de deux heures par nuit depuis le jour de sa torture et cela commençait à se voir sur son apparence.

Au bout du quatrième jour, Harry en eut marre de voir sa meilleure amie et sœur dépérir de la sorte. Après en avoir discuté avec les Weasley et Ron, le jeune homme contacta la cousine d'Hermione qui vivait en Amérique. Après avoir discuté avec elle et lui avoir expliqué pourquoi Hermione ne l'avait pas contactée, la cousine accepta de venir les rejoindre avec son mari, sa fille et quelques membres de sa famille.

Le sixième jour, alors que tous les Weasley, Harry et Hermione étaient à table, tout le monde mangeait sauf la jeune sorcière qui torturait plus son poulet qu'autre chose, ce qui fit hausser les sourcils de tous. Harry et Ron échangèrent un regard avant de se pencher vers elle en chuchotant :

- Mione, mange un morceau.

- Oui, Mione, maman va penser que ce n'est pas bon si tu ne manges pas un peu.

Hermione releva soudain son regard vers ses deux meilleurs amis, puis vers Molly Weasley qui la regardait. La jeune fille baissa les yeux avant de poser sa fourchette.

- Madame Weasley, c'est délicieux, je suis désolée, mais je n'arrive pas à manger, ça ne passe pas.

- Ma chérie, ne t'excuse pas, même si j'aurais aimé que tu avales un morceau de plus, tu as la peau sur les os. Molly lui fit un sourire triste, mais préféra la laisser tranquille, comprenant que la brune ne mangerait pas plus.

Hermione hocha la tête puis reporta son regard sur son assiette avant de ressentir une montée de nausée. La jeune femme ne ressentait plus rien d'autre qu'une grande fatigue. Une pensée la traversa : elle aurait préféré mourir sur le champ de bataille. Mais elle se ressaisit en songeant qu'elle n'aurait jamais pu infliger cela à Harry et Ron.

Pourtant, depuis six jours, Hermione s'enfonçait chaque jour davantage dans la dépression. Elle devrait être heureuse d'avoir gagné, que le monde magique soit débarrassé de Voldemort, mais ce n'était pas le cas. Elle voulait sa mère, ses bras qui la serrent fort. Elle voulait son père, s'installer près de lui sur leur canapé et lire ensemble. Cependant, la jeune femme savait qu'elle ne pourrait plus jamais faire cela, qu'elle ne reverrait plus jamais sa maman et son père. Elle avait dû choisir entre les sauver en les faisant oublier, ou les garder et risquer qu'ils soient tués.

Bien qu'elle sache qu'elle avait sauvé la vie de ses parents, Hermione ne pouvait s'empêcher de sentir son cœur se briser face à cette réalité. Elle était tellement épuisée, ne pouvant dormir plus de deux heures par nuit avant d'être réveillée par des cauchemars de sa torture, ou des visions des morts qu'elle avait vus ou commis.

Hermione savait qu'elle ne devait pas penser à sa propre douleur. Après tout, Harry avait vécu des épreuves bien plus tragiques et avait perdu bien plus qu'elle. Cependant, elle n'arrivait pas à afficher un sourire heureux. Tout ce qu'elle désirait, c'était dormir et ne jamais se réveiller, espérant que, si elle se réveillait, elle découvrirait que sa vie n'était qu'un cauchemar et non un véritable enfer.

-Bonjour, petite cousine.

Hermione se figea soudainement et se raidit, levant les yeux pour voir que tout le monde regardait derrière elle. Une peur intense l'envahit. Cela ne pouvait pas être vrai, elle ne pouvait pas entendre la voix de sa cousine ici. C'était impossible. Isabella ne pouvait pas être dans le monde magique, elle était moldue et devait la haïr pour ce qu'elle avait fait à ses parents.

-Tu comptes me dire bonjour, Mia ?

Hermione écarquilla les yeux, son souffle se coupa et elle se retourna, tombant sur le regard vert, mais devenue doré de sa cousine. Un silence s'installa dans la salle à manger des Weasley alors que tous observaient Hermione, choquée devant la nouvelle venue qui la fixait avec un sourire. Hermione ne réalisa pas immédiatement que l'un des derniers membres de sa famille se tenait devant elle, jusqu'à ce qu'elle sente une main sur son bras et que son regard croise celui d'Harry, inquiet. Soudainement, Hermione se releva précipitamment, faisant basculer sa chaise, et recula d'un pas rapide, évitant le regard d'Isabella qui haussa les sourcils, surprise par le comportement de sa petite cousine.

Les deux filles avaient toujours été proches. Isabella, belle et unique personne en dehors des parents d'Hermione à savoir qu'elle était une sorcière depuis ses douze ans, fut profondément choquée de voir sa cousine reculer ainsi. En observant Hermione, Isabella remarqua que son amie avait raison : sa cousine semblait dépérir rapidement. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, la peau sur les os, avec de grandes poches noires sous les yeux, signe d'une immense fatigue, et un visage reflétant douleur et dépression.

Alors qu'Isabella fit un pas vers elle, Hermione recula brusquement, inspirant profondément et levant les mains tremblantes devant elle. Sa voix brisée résonna comme un écho.

-Isabella, tu ne devrais pas être ici !

Isabella plissa les yeux devant la phrase de sa petite cousine, cette fois réellement inquiète pour la jeune fille en face d'elle.

- Mia, où voudrais-tu que je sois quand ma petite cousine et sœur a besoin de moi ?

Hermione sentit son souffle s'échapper de ses poumons. Elle baissa les épaules et la tête, se refermant sur elle-même. Sa gorge se noua et les larmes menaçaient de déborder de ses yeux.

- Pars.

Cette fois, Isabella écarquilla les yeux devant la voix glaciale et dépourvue de sentiments de sa cousine. Elle voulut avancer encore vers elle, mais Hermione recula brusquement plus loin alors qu'Harry s'était levé pour aller vers sa meilleure amie.

- Pars, Isabella ! Pars et ne reviens plus jamais !

- Ne fais pas ça, Mione…

Hermione tourna son regard vers son meilleur ami et lui lança un regard noir. Elle savait que c'était l'œuvre d'Harry, seul lui connaissait l'existence d'Isabella pour lui en avoir parlé plus d'une fois. Si sa cousine se trouvait ici, c'était à cause de lui.

- Toi, tu n'avais aucun droit de la faire venir ici. Elle n'appartient pas à notre monde !

Tous fixèrent la jeune femme qui perdait pied face à ses émotions. Une crise de panique la prit soudainement et tous pouvaient le voir. Harry leva les mains, montrant qu'il ne lui voulait aucun mal, et la fixa avec un amour fraternel profond.

- Mione, tu es ma sœur, ma meilleure amie, celle qui m'a gardé en vie depuis nos onze ans. Alors, quand je vois ma sœur dépérir, ne plus s'alimenter, ne plus dormir, bien sûr que je m'inquiète. Bien sûr que je contacte le seul membre de ta famille que tu aimes plus que tout depuis l'enfance, car tu m'as parlé de cette cousine avec amour tout au long de nos six ans d'amitié. Tu ne peux pas me reprocher de m'inquiéter pour toi, Hermione. Ce serait injuste. Tu as besoin d'aide, et Isabella et sa famille peuvent t'aider à traverser cela.

- Non !

Sous le cri de la jeune femme, un vase explosa, faisant sursauter et crier Molly Weasley de choc. La jeune brune perdait complètement pied, et sa magie réagissait à sa colère et à sa douleur. Isabella grogna doucement en voyant l'état de sa cousine alors qu'elle entendait Jasper et son mari discuter ensemble derrière elle.

Harry soupira et inspira profondément. Il savait que sa meilleure amie n'allait pas aimer ce qu'il venait de faire, mais il n'avait pensé qu'à son bien-être. La voir perdre le contrôle de sa magie confirmait que la brune était trop loin dans sa douleur. Il redressa les épaules, lança un regard à tous, puis à Isabella qui fixait les deux jeunes ensemble. Elle haussa les sourcils en direction de Harry qui secoua la tête vers elle, reportant son regard sur Hermione.

- Oui, Hermione. Oui, nous avons vécu l'enfer. Oui, tu as vécu l'enfer. Oui, notre enfance a été gâchée. Oui, tu as dû faire un acte que tu ne te pardonnes pas. Oui, on a été pourchassés. Oui, on a perdu des proches dans cette guerre. Oui, nous étions trop jeunes pour devenir des soldats à onze ans. Mais Hermione, tu es un soldat ! Tu es notre soldat, notre stratagème, celle qui nous a sauvés à plusieurs reprises, celle sans qui nous n'aurions pas pu gagner cette guerre. Mais Hermione, la guerre est terminée. Nous avons gagné. Il est temps d'avancer, d'honorer nos défunts, de célébrer. Tu ne peux pas te laisser mourir, Hermione. Je ne peux pas te perdre. Ron ne peut pas te perdre, pas après tout ce que l'on a vécu.

Isabella écarquilla les yeux à l'aveu du jeune homme et tourna son regard vers sa cousine. Sa petite cousine, sa petite sœur tant aimée, avait été torturée ? Elle avait tellement souffert que si Isabella pouvait pleurer, elle pleurerait pour elle. Derrière elle, Isabella entendit Jasper haleter en entendant ce qu'ils venaient d'apprendre, mais elle préféra se concentrer sur Hermione qui avait ramené son bras contre sa poitrine et fixait le jeune homme d'un regard noir.

- Je vais très bien, Harry, laisse-moi tranquille !

Cette fois, un roux qu'Isabella pensa être Ronald se leva, s'approcha du brun et fixa la brune d'un regard triste mais déterminé.

- Tu vas tellement bien, Hermione, que tu ne manges plus, tu ne dors plus, tu ne réagis plus, tu es un robot qui fait ce qu'on attend de toi, mais en dehors de cela, tu n'es plus là, Hermione. Laisse-nous t'aider, laisse-nous te soutenir et partager ta douleur. Tu repousses tellement tout le monde que tu te lances un sort de silence la nuit pour ne pas nous réveiller quand tu te réveilles en hurlant de terreur, revivant ta torture et ta quasi-mort en cinquième année. Alors dis-nous, Hermione, que devons-nous faire ? Te laisser sombrer ? Je suis désolé, aucun de nous ne le veut. Tu es notre Hermione Granger, notre soldat, notre ange, et il n'est pas question que ma mère perde sa fille adoptive, que je perde ma sœur et meilleure amie, et qu'Harry perde sa sœur, car tu oublies, Hermione, qu'Harry n'est pas seulement ton meilleur ami, il est ton frère, plus que le mien ! Reprends-toi, femme, car aucun de nous ne te laissera tomber au point que tu ne puisses plus jamais te relever !

Un long silence se fit entendre alors que tous furent sous le choc des paroles des garçons. Hermione émit un hoquet, et des larmes coulèrent le long de ses joues. Elle ferma fortement les yeux avant de les rouvrir, puis tourna le dos à tout le monde et s'enfuit, laissant derrière elle une phrase qui allait tous les accabler de douleur :

- Je suis déjà morte, Ron.

Alors que la jeune sorcière prenait la fuite, tous restèrent pétrifiés par ses mots. Molly laissa échapper des larmes de tristesse, immédiatement réconfortée par son mari. Ginny pleura ouvertement, ressentant la douleur de la jeune fille, et fut prise dans les bras de George qui serra les dents. Chaque Weasley fut impacté par la douleur de la brune, qu'ils considéraient tous comme leur famille. Ron et Harry avaient les yeux écarquillés avant que Ron ne se donne un coup de pied dans la chaise, surprenant tout le monde.

- Ronald !

- Désolé maman. Quelle fille têtue, pourquoi ne veut-elle pas qu'on l'aide ? Pourquoi refuse-t-elle le soutien de sa cousine qu'elle aime plus que tout ?

- Parce qu'elle est persuadée qu'elle ne le mérite pas.

Tous tournèrent leur regard vers l'un des hommes derrière Isabella. Celle-ci fixa Jasper avec des yeux plissés avant de lui adresser la parole.

- Que veux-tu dire ?

- Bella, n'as-tu pas remarqué que ta cousine se distance de tout le monde ? Elle souffre de SSPT et est persuadée qu'elle n'aurait pas dû survivre à leur guerre. Pourtant, elle est là, bien vivante, après avoir vu des gens qu'elle aimait mourir. Elle refuse l'aide parce qu'elle pense ne pas la mériter.

Jasper expliqua cela doucement, son regard restant fixé sur l'endroit où la brune avait fui.

- Par ailleurs, nous avons un autre souci, ou du moins j'ai un souci.

- Tu es en train de dire que si ma petite cousine refuse de l'aide, c'est parce qu'elle aurait préféré mourir ? C'est de la folie ! Hermione n'est pas du genre à vouloir la mort, au contraire, c'est une fille courageuse et combattante, jamais elle ne penserait cela ! Et de quel souci parles-tu ?

Isabella perdait patience ; tout ce dont elle venait d'être témoin était trop dur pour elle. Voir sa petite cousine dans cet état était une torture pour le vampire.

- Elle l'était, Bella. Mais as-tu entendu ces deux garçons ? Tous les trois sont devenus soldats dans une guerre à l'âge de onze ans. Une guerre n'est pas anodine, Bella, et elle a subi des choses terribles, comme la torture et une mort imminente, à ce que j'ai compris.

Jasper essayait de rester calme alors que son vampire en lui grondait pour courir après la brune là où elle était sortie précipitamment.

- Bella, ta cousine… Elle est ma compagne.

D'un coup, tout le monde écarquilla les yeux et Isabella grogna, faisant reculer Ron et Harry, surpris par la colère de la brune. Tous avaient compris dès la minute où les trois personnes étaient entrées qu'ils étaient des vampires.

— Non.

— Bella chérie… essaya de raisonner Edward.

— Non, Edward, ils ne le sont pas !

Jasper plissa les yeux et porta son regard sur la femme de son frère, ressentant sa colère. Il passa une main dans ses cheveux en essayant de rester très calme.

— Bella, tu sais que nous ne contrôlons pas ce genre de choses. Je ne vais pas te dire que je ne le voulais pas, car je ne peux pas penser ainsi de ma compagne. Si elle est à moi, c'est qu'elle a été faite pour moi. Mais je suis désolé que cela ne te plaise pas. Cependant, c'est la réalité : ta cousine est ma compagne, et si elle continue ainsi, elle va se laisser mourir. Tu perdras ta cousine et sœur, et moi, je perdrai ma compagne, ce que je refuse !

Un silence se fit et tout le monde fixa les deux vampires avant qu'Harry ne se racle la gorge, attirant tous les regards. D'un visage perplexe, il prit la parole.

— Compagne ? Que veux-tu dire en disant qu'Hermione est ta compagne ?

Jasper fixa le garçon, puis le roux à ses côtés avant de baisser les yeux quelques instants et de plonger son regard doré dans celui du brun. Jasper savait que ce garçon comptait beaucoup pour sa compagne. Il l'avait ressenti dès qu'il était entré et qu'il l'avait touché au bras, tout comme il savait que cette famille était celle de la brune, même si elle refusait actuellement leurs approches. Il ne voulait ni mentir ni cacher quoi que ce soit, car sa compagne était tout pour lui.

— Comme vous avez dû le comprendre, nous sommes des vampires, me trompé-je ?

Tous hochèrent la tête et Jasper ne ressentit aucune peur, haine ou dégoût de leur part, ce qui faillit le faire sourire. Cependant, il se rappela que sa compagne et ses proches étaient des sorciers, ce qui expliquait leur réaction.

— Chez les vampires, nous avons des compagnons. C'est l'équivalent d'une âme sœur, si vous préférez, et votre amie est la mienne. Elle a été faite pour moi, comme moi pour elle. Mon vampire la veut comme je la veux.

Tous écarquillèrent les yeux sous les explications du vampire et Ron s'étouffa légèrement avant de s'asseoir, choqué. Il devint blanc d'un coup et Harry eut le souffle coupé avant de se reprendre.

— Es-tu sûr ?

— Oui. Tout vampire ressent le lien avec son compagnon dès qu'il le croise. Je l'ai ressenti dès l'instant où j'ai senti l'odeur de votre amie.

— Par les couilles de Merlin !

Harry était essoufflé devant ces révélations. Savoir que sa sœur était la compagne d'un vampire le laissa profondément choqué. Jamais il n'aurait imaginé que la brune pouvait être l'âme sœur d'un vampire, surtout que par le passé, la brune ne s'était intéressée qu'à un seul homme : Viktor Krum.

Apprendre qu'un vampire déclarait qu'elle était son âme sœur laissait Harry profondément choqué. Il ne savait sincèrement pas quoi en penser ; il ne voulait pas que sa sœur se laisse mourir, mais il ne voulait pas non plus que quelqu'un lui impose quoi que ce soit. Elle avait trop souffert pour cela.

Harry planta son regard dans celui de Jasper, serrant les poings tandis que le vampire le fixait sans ciller un seul instant.

— Vas-tu t'imposer à elle ?

Jasper grogna immédiatement, et son frère posa aussitôt la main sur son épaule pour lui demander de se calmer. Harry, cependant, ne bougea pas, faisant face à la menace du vampire en colère. Jasper ferma les yeux et les rouvrit quelques instants plus tard, fixant le brun avec une légère colère encore perceptible.

— Jamais. Nous avons des règles dans le monde des vampires : si un vampire force un compagnon, nous sommes tués. Nous ne nous imposons pas, et jamais je ne le ferai, non par peur de mourir, mais parce que je ne forcerais jamais ma compagne à faire ce qu'elle ne souhaite pas.

Harry soupira doucement et se détendit en voyant le regard sincère de Jasper. Le sorcier lui sourit et tourna son regard vers Ron, qui fixa Jasper avant de sourire à son tour, comprenant que ce vampire ne ferait pas de mal à leur meilleure amie et sœur.

— Que se passera-t-il si elle refuse le lien entre vous ?

Jasper grimaça immédiatement en sentant son vampire se mettre en colère à l'idée que leur compagne les refuse. Il porta sa main à son cœur mort et jura qu'il avait ressenti une douleur profonde en imaginant cela.

Jasper n'aurait jamais pensé trouver sa compagne un jour. S'il devait être honnête, après plus de 150 ans de solitude, il n'aurait jamais imaginé trouver sa compagne en la petite cousine de sa belle-sœur, pour qui il était venu afin d'aider. Savoir que sa compagne était une soldate, qu'elle avait fait la guerre et que maintenant elle souhaitait la mort lui faisait mal. Il ne voulait qu'une chose : courir là où elle s'était enfuie, la prendre dans ses bras et ne jamais la lâcher.

Cependant, il savait qu'il avait deux choses à faire avant cela : l'aider à guérir et la faire tomber amoureuse de lui. Après cela, il pourrait la réclamer et la marquer comme sienne.

— Je demanderais à nos rois la mort, car je serais brisé de ne jamais avoir mon compagnon avec moi.

Tous haletèrent dans la pièce devant la déclaration du vampire, et Harry et Ron ouvrirent grand la bouche et les yeux en comprenant la vérité. Cet homme demanderait réellement la mort si Hermione ne lui donnait pas une chance ; ils voyaient bien que le vampire ne mentait pas du tout.

Après un échange de regards entre les deux garçons, Harry hocha la tête en souriant et reporta son regard sur Jasper, toujours souriant.

-Nous t'acceptons, cependant sache, vampire, que nous sommes des sorciers. Je suis l'élu qui vient de tuer le seigneur des ténèbres. Ce n'est pas un vampire qui va me faire peur. Je n'hésiterai pas à te tuer si tu fais du mal à ma sœur. Déclara-t-il.

Jasper écarquilla légèrement les yeux avant de se reprendre, ressentant sérieusement la menace. Il sourit enfin et hocha la tête.

-J'accepterai mon sort sans broncher. Cependant, je ne peux pas lui faire de mal. Je veux juste son bonheur. dit Jasper en tournant la tête vers sa belle-sœur, qui se tenait aux côtés d'Edward, les bras croisés. Elle le fixa avant de baisser les bras et de le regarder droit dans les yeux.

-Bien, Jasper. Je sais que je n'ai pas le choix. Retiens bien mes paroles : je t'aime comme un frère. Mais si tu fais quoi que ce soit à Hermione, je ne te choisirai jamais. Ma cousine passe avant tout. Et même si tu es plus vieux que moi, j'aiderai ces deux garçons à te tuer pour la venger. Déclara-t-elle.

Jasper la fixa puis regarda son frère, qui hocha légèrement la tête en souriant à Jasper. Soudain, le vampire ressentit une vague de joie qu'il partagea sans le contrôler, provoquant le rire de tous.

-Je suis désolé, je suis empathique. Je n'ai pas voulu vous partager mes émotions. Mais mon vampire était trop heureux d'un coup", s'excusa Jasper, gêné par la perte de contrôle de son don. Tout le monde lui sourit et rit doucement. Il tourna son regard vers sa belle-sœur en hochant la tête. -Merci, Bella. Maintenant, pouvons-nous discuter de comment aider ma compagne avant qu'elle ne fasse quelque chose que je ne souhaite même pas penser ?

Pendant ce temps, Hermione avait couru sans se retourner en direction du verger des Weasley. Elle s'était réfugiée au bord d'un petit étang, assise à terre, les genoux remontés contre sa poitrine et la tête plongée dans ses genoux. Enfin, elle laissa échapper toute sa douleur, les larmes coulant sans pouvoir s'arrêter, faisant hoqueter la jeune femme.

Elle en voulait au monde entier. À Voldemort pour la mort des parents d'Harry, à Voldemort pour avoir voulu la mort d'un enfant, à Dumbledore pour avoir envoyé Harry et eux à l'abattoir, à se battre dès l'âge de onze ans sans leur permettre de profiter de leur jeunesse. Elle en voulait au monde magique pour sa haine envers les nés-moldus, aux sorciers de sang pur pour être des êtres humains stupides. Mais surtout, elle s'en voulait à elle-même de ne pas avoir pu protéger sa famille et ses amis. Si elle avait été plus forte, Remus, Tonks, Severus et tous les autres seraient encore en vie. Si elle avait été plus forte, ses parents sauraient qui elle est au lieu de tout cela. Elle avait tout perdu.

Elle craignait de voir Isabella dans son monde. Lorsque sa cousine apprendrait ce qu'elle avait fait, celle-ci la haïrait comme elle le méritait. À cet instant, elle voulait lancer un sort à Harry pour le punir de son geste stupide. N'avait-il pas compris que sa cousine allait la détester parce qu'elle avait du sang sur les mains et qu'elle avait oublié ses parents ?

Elle comprenait ce que Ron et Harry avaient voulu faire, mais personne ne pouvait rien pour elle. Elle était perdue. Jamais elle ne pourrait être sauvée. Elle ne le méritait pas. Tout ce qu'elle méritait, c'était de souffrir pour le reste de sa vie afin de ne pas oublier ses délits. De ne jamais oublier qu'elle n'avait pas pu sauver Remus et Tonks, qu'elle avait laissé le petit Teddy Lupin orphelin alors qu'il n'avait que quelques mois.

Elle était une meurtrière, un monstre. Elle ne valait pas mieux que les partisans de Voldemort à cet instant. Si elle n'avait pas hésité à tuer Greyback, Scabior, Remus, Tonks, Dolohov et bien d'autres, cela montrait bien qu'elle était un monstre. Et pourtant, elle était lâche car elle n'arrivait même pas à mettre fin à sa désespérée vie.

Hermione ferma les yeux, tremblante. Le souvenir de Bellatrix résonnait dans sa tête. La sorcière folle avait raison : elle n'était rien, juste un déchet dans la société. Elle ne méritait pas le titre de sorcière. Elle n'était qu'une intruse dans un monde qui n'était pas pour elle.

Elle aurait dû écouter Drago Malfoy en première année lorsqu'il lui avait dit qu'elle n'était qu'une sang-de-bourbe et qu'elle n'avait rien à faire dans le monde magique. Ce petit abruti avait eu raison : elle n'appartenait pas à ce monde, comme elle n'appartenait à aucun monde.

Sous une impulsion, la jeune femme sortit une fiole d'alcool de sa cape, la fixa un moment, puis la déboucha et la porta à sa bouche.

-Cela n'est pas une bonne idée de se réfugier dans l'alcool. Ça n'effacera pas ta douleur, je t'assure.