La nuit avait étéchaotique, longue, éprouvante.

Aprèsles crises successives de Kagami, Kuroko et Akashi, le médecin en chef avaittout fait pour stabiliser la situation. Les garçonsavaient fini par s'endormir d'épuisement, leurs corpsépuisés par les douleurs et les émotions.

Quant à lui,il n'avait même plus la force de retourner dans son bureau.

Alors,il s'était effondré sur le canapé de la salle d'attenteles bras croisés, sonpyjama à l'effigie de Teiko légèrement froissé.

Ce n'étaitpas un sommeil profond. Il gardaitune oreille attentive, prêtà bondirà la moindre alerte.

Mais pour la première foisdepuis des semaines, la nuitse passa sans autre catastrophe.

Un matin plus calme

Les premiers rayons du soleilfiltraient à travers les rideaux, projetantune lumière doucesur les visages encorefatiguésdes garçons.

Le médecin en chef,réveillé avant tout le monde, passaune main sur son visageavant de se leveravec un grognement fatigué.

—Bordel... ils me font vieillir plus vite que prévu.

Ils'étira rapidement, puis quitta la salle de repos pourvérifier l'état de ses patients turbulents.

Quand il entra dans la chambre,il constata immédiatement une amélioration générale.

Malgréles événements de la veille,leurs souffles étaient plus stables,leurs visages moins crispés par la douleur.

Le premier à ouvrir les yeux futAomine, qui le regardad'un air encore embrumé de sommeil.

—... Doc ?

Le médecin en chefposa les mains sur ses hanches, haussant un sourcil.

—T'as encore envie de faire une connerie ou tu me laisses souffler deux minutes ?

Aomineeut un petit sourire fatigué.

—Nan, j'crois que j'ai eu ma dose pour la semaine...

Derrière lui,Kise remua légèrement, avant des'étirer en grimaçant.

—Aïe... tout mon corps est en compote...

Le médecinleva les yeux au ciel.

—Tu m'étonnes... après la nuit de merde que vous m'avez fait passer.

Kises'excusa timidement, pendant que le reste du groupecommençait lentement à se réveiller.

Un petit-déjeuner réconfortant

Constatant queleurs états s'étaient stabilisés, le médecin en chef pritune décision rare.

—Bon... vu que vous avez réussi à survivre à cette nuit, je vais vous accorder un truc spécial.

Les garçonslevèrent les yeux vers lui, intrigués.

—J'vous prépare un vrai p'tit-déj.

Il y eutun silence.

Puis—

—Sérieux ?!fit Kagami,les yeux soudain illuminés.

—Un vrai petit-déjeuner... pas du liquide infâme dans une perfusion ?!ajouta Kise avecespoir.

—Tant que c'est pas du porridge d'hôpital, ça me Aomine.

Le médecineut un sourire amusé.

—Tsk. Vous êtes pires que des gamins.

Maisil était sincère. Aprèstout ce qu'ils avaient traversé, ilsméritaient un moment normal, unmoment où la douleur et le stress ne les écrasaient pas.

Il sortitde la chambre, laissant les garçonséchanger des regards pleins d'espoir.

Une vraie table, un vrai repas

Une heure plus tard, il revintavec un plateau chargédevrais aliments.

Destoasts croustillants, desœufs bien cuits, duriz, dessoupes légères, desfruits frais...

L'odeurembauma immédiatement la pièce, et les garçonsse redressèrent autant qu'ils le pouvaient, leurs ventresgargouillant bruyamment.

—Putain, j'vais pleurer...murmura Kagami,fixant son assiette comme si c'était un trésor.

—Ça sent... tellement bon...ajouta Kuroko,même s'il ne pouvait toujours pas voir clairement.

Murasakibara,d'habitude lent à réagir,attrapa son bol et commença à manger immédiatement.

—Mmh... pas mal.

Midorima, lui,plissa légèrement les yeux.

—C'est bien... mais où sont mes légumes verts ?

—Ferme-la et mange.rétorqua le médecin en chef.

Unpetit rire collectif éclatadans la pièce.

Même Akashi,qui n'avait presque pas parlé depuis la veille,attrapa timidement une cuillèreetcommença à manger à son tour.

Et pour la première foisdepuis longtemps, la douleurse fit moins oppressante.

Un instant de répit

Après le repas, le médecin en chefcommença ses vérifications médicales.

Ilretira les perfusionsde ceux quipouvaient s'hydrater seuls, etexamina chaque blessure avec attention.

Quand il arrivaau lit de Kuroko, il sortitun flacon de sérum physiologique.

—Bon, pour tes yeux, on va encore devoir insister un peu.

Il fitpencher doucement la tête de Kuroko en arrière, puis commençaà appliquer les gouttes, veillant à bien hydraterles muqueuses enflammées.

—Est-ce que tu peux voir quelque chose ?demanda-t-il.

Kurokocligna plusieurs fois des yeux, son regardtoujours voilé.

—... C'est encore flou... mais je crois que c'est un peu mieux qu'hier.

—C'est déjà ça.répondit le médecin en chef,tapotant légèrement son épaule.

Il se redressa ensuite etjeta un regard général à ses patients.

Ils étaient encoretrès faibles, mais pour la première foisdepuis des semaines,ils avaient eu un matin normal.

Un matinoù personne n'avait hurlé de douleur.

Un matinoù ils avaient simplement partagé un repas.

Un matinoù l'enfer semblait, pour une fois, reculer un peu.

Et pour le médecin en chef,c'était une victoire.